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paracha de la semaine

HAYEI SARAH

26 Octobre 2013

22 Hechvan 5774

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

18:24

19:29

Lyon

18:19

19:22

Marseille

18:21

19:22

 

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Un Chidoukh avec la foi

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

Au moment où Avraham dit à Eliezer de prendre une femme pour son fils Yitz’hak, il lui ordonne (Béréchit 24, 3, 4) : « Je t’adjure par Hachem le D. du ciel de ne pas prendre une femme pour mon fils chez les filles des Cananéens parmi lesquels je demeure, mais va vers mon pays et ma ville natale prendre une femme pour mon fils Yitz’hak. »

Cela doit nous étonner considérablement qu’Avraham ait mis en garde Eliezer contre le fait de prendre une femme à Yitz’hak dans sa famille et non chez les Cananéens. Même dans la famille d’Avraham, il y avait des idolâtres, et même pires que les Cananéens. En effet, les descendants de Canaan s’étaient repentis pendant les années où Avraham avait habité parmi eux, car il les convertissait (Béréchit Rabba 39, 14), alors pourquoi ne voulait-il pas prendre chez eux une épouse pour Yitz’hak ?

Il faut également se poser la question suivante : ensuite, Avraham dit à Eliezer : « Si la femme ne veut pas te suivre, tu seras libéré de ce serment », et Rachi ajoute : « Prends-lui une femme chez les filles d’Aner, Eshkol et Mamré. » Or Aner, Eshkol et Mamré étaient eux aussi des Cananéens, alors qu’est-ce que cela change qu’Avraham aient refusé les Cananéennes au début, mais qu’a posteriori, si on ne trouve personne d’autre, il devienne possible d’épouser une Cananéenne ?

Nous allons tenter de l’expliquer. Avraham préférait prendre une femme pour Yitz’hak chez les filles de sa famille dans son pays, mlgré leur idolâtrie, car en fin de compte, elles portaient en elles-mêmes la foi dans le Créateur du monde, et dès qu’elles verraient un miracle, la foi et la crainte de D. se réveilleraient en leur cœur et elles ne refuseraient pas de changer de conduite de façon spectaculaire. C’est d’ailleurs ce qui est effectivement arrivé à Tera’h, qui s’est repenti.

Il y a plus. On sait qu’avant qu’ils quittent tous le pays sur l’ordre de D., ils étaient idolâtres et ne connaissaient pas du tout l’existence du Créateur, jusqu’à ce qu’arrive Avraham, qui a fait proclamé Hachem roi dans tout le pays. Il a fait des milliers de convertis, avec son épouse Sarah, et a provoqué le repentir de son père Tera’h. C’est bien qu’au fond d’eux-mêmes, ils croyaient en Hachem.

Lavan lui-même s’exprime en disant « Viens, béni de Hachem » (Béréchit 24, 31), ou encore (Ibid. 50) « C’est de D. que la chose est venue. » De plus, ils savaient que Rivka allait épouser le tsaddik de la génération, qui incarnait la mida de la justice dans le service de D. avec une totale abnégation, et ils lui ont donné au nom de Hachem la bénédiction « Que ta descendance hérite de la porte de ses ennemis. » S’ils n’avaient pas cru en D., comment auraient-ils donné leur fille et leur sœur à une famille de tsaddikim, détachée des vanités de ce monde, et dont toute la pensée était de s’attacher à Hachem ?

Par conséquent, c’est cela que voulait Avraham : prendre une épouse pour Yitz’hak dans sa famille, parce qu’ils croyaient en D. Quand Lavan a dit à Eliezer « Viens, béni de Hachem », Eliezer est sorti de son statut de « maudit » pour passer à celui de « béni » (Béréchit Rabba 9, 7). Tout cela à cause de l’immense influence d’Avraham sur sa famille, les habitants de ‘Haran, parce que tout le monde voyait qu’il était sorti vivant de la fournaise d’Ur en Chaldée, et avait victorieusement combattu les rois. C’est pourquoi ils ont cru en Hachem, et c’est pourquoi Avraham les préférait.

Les habitants de Canaan, à l’inverse, étaient mauvais, pécheurs et remplis de fautes, comme par exemple le vol (Sanhédrin 108a). Ils n’avaient absolument aucune crainte du Ciel. Comme le dit Avraham lui-même (Béréchit 20, 11) : « Il n’y a aucune crainte de D. en ce lieu et ils me tueront. » Sans compter qu’ils n’avaient absolument pas en bouche le nom de D. Et malgré tous les miracles qu’ils ont vu se produire pour Avraham, ils n’y ont pas fait attention et ne se sont pas repentis. C’est pourquoi Hachem les avait en horreur.

En réfléchissant, on s’aperçoit que la corruption des Cananéens s’est étendue sur toutes les générations. Le roi de Sdom, malgré toute la générosité d’Avraham envers lui, lui qui n’avait pas pris fût-ce un fil ou un lacet et lui avait rendu les personnes et les biens, a oublié cette bonté, et a voulu tuer son neveu Lot. Non seulement cela, mais ils ont oublié que sans Avraham, Sdom et ‘Amora auraient déjà été totalement détruites. Et effectivement, leur méchanceté et leur impiété sont montées jusqu’en haut et elles ont été détruites, mais seulement cinq villes et non toute la région.

De plus, les Cananéens avaient volé Sarah, la femme d’Avraham, et c’est seulement grâce à la bonté de Hachem qu’ils l’ont rendue. Ephron le ‘Hethéen était lui aussi un voleur, car au début il a dit qu’il voulait donner le caveau de Makhpela à Avraham gratuitement, et ensuite il le lui a fait payer très cher, quatre cents chékels, parce qu’il parlait bien mais faisait peu.

De même, en ce qui concerne les puits creusés par Avraham, ils les ont volés et bouchés. La même chose chez Yitz’hak : ils ont jalousé sa richesse et l’ont chassé, en lui disant (Ibid. 26, 16) : « Va t’en de chez nous car tu es devenu beaucoup plus riche que nous. » C’est pour cela qu’Avraham n’a pas voulu se rapprocher d’eux, et n’a pas voulu prendre une femme pour son fils parmi les filles de Canaan.

A posteriori, Avraham a dit à Eliezer que s’il ne trouvait personne, il aille prendre une fille d’Aner, Echkol ou Mamré, parce que chez eux, il y avait un peu de crainte du Ciel. Mais a priori, bien qu’ils aient été différents des autres Cananéens, il ne souhaitait pas prendre une femme de chez eux, parce qu’Aner et Eshkol ne lui avaient pas donné un bon conseil à propos de la circoncision, même s’ils avaient eu de bonnes intentions. Et bien que Mamré lui ait donné un bon conseil, comme il était resté ami avec Aner et Echkol, il avait fauté autant qu’eux, car un homme bon a le devoir de s’écarter d’un homme mauvais, comme l’ont dit les Sages : « Eloigne-toi d’un mauvais voisin » (Avot 1, 7).

Et si l’on s’étonne qu’Avraham lui-même soit resté leur ami, c’est qu’il savait se méfier et éviter d’être influencé par eux. Nous trouvons la même chose chez Rabbi Méïr, qui était le disciple de A’her (‘Haguiga 15b) : il avait trouvé une grenade, mangé l’intérieur et jeté l’écorce. Quoi qu’il en soit, a priori il ne voulait pas que son fils se marie chez eux, parce qu’il y avait un doute quant à leur piété.

Les Sages ont dit (Pessa’him 49b) : On doit toujours épouser la fille d’un talmid ‘hakham, ou à tout le moins la fille d’un homme qui croit en Hachem, et qui peut facilement s’éveiller à des sentiments d’amour pour Hachem et de repentir. Ce qui n’est pas le cas d’un homme obstiné, qui ne croit pas à ce qu’il voit, qui a des opinions vides et ne fait pas d’examen de conscience. De celui-là il faut s’écarter et ne prendre ses filles qu’en cas de nécessité absolue.

LES PAROLES DES SAGES

Le chidoukh et la recherche

Le premier chidoukh relaté par la Torah est celui qui a été conclu grâce à Eliezer de Damas, serviteur d’Avraham. Il renferme tous les principes fondamentaux qui peuvent aider à trouver un bon chidoukh. Quiconque se trouve en cette période de recherche d’un conjoint sait combien l’aide divine est indispensable à ce moment-là. Il est surprenant de constater que cet épisode où Eliezer cherche une femme pour Yitz’hak contient en réalité toutes sortes d’idées et de suggestions pour choisir un chidoukh.

Nous ne nous concentrerons pas ici sur cet aspect, car de nombreux livres ont été écrits sur le sujet (comme, entre autres, l’ouvrage « Chidoukhim et Zivouguim » du Rav Leibovitz). Nous avons donc plutôt choisi d’éclairer différents angles de ce vaste domaine selon la vision des hommes de mérite qui se sont penchés sur le sujet du mariage.

La recherche

Un Samedi soir après havdala, un des amis de Rav Chemouël Kovalski l’a rencontré en ville. Il lui a demandé « Où allez-vous ? » « Je recherche un chidoukh » a répondu le Rav.

« Un chidoukh pour qui ? » a poursuivi l’ami. « Pour ma fille » lui a-t-il précisé.

« Quel âge a-t-elle ? » a-t-il insisté. « Quatorze ans » a été la réponse du Rav.

Surpris, l’ami a haussé les sourcils en demandant « On cherche déjà un chidoukh à cet âge-là ? »

Alors Rav Kovalski s’est arrêté au coin de la rue et lui a expliqué :

« Ecoutez mon ami, si D. veut, quand ma fille atteindra l’âge du mariage, je voudrai pour elle un fiancé ben Torah et érudit. Mais comment saurai-je alors si le prétendant est quelqu’un d’assidu dans l’étude ? Je devrai certainement observer attentivement son attitude à la yéchiva. Mais même là, comment saurai-je s’il est réellement assidu ou s’il s’agit juste d’une phase temporaire chez lui ? Peut-être se laisse-t-il simplement entraîner par son entourage : il étudie quand il y a ‘‘séder’’ à la yéchiva, mais lorsqu’il n’est plus encadré, il perd son temps ! Alors dites-moi, comment pourrai-je réellement percevoir qui est ce jeune homme et analyser sans fard sa persévérance ? »

L’ami a observé Rabbi Chemouël avec admiration en attendant qu’il continue.

« Donc, a poursuivi Rav Kovalski, à la sortie des Chabbats et des jours de fête, qui sont des moments de détente pour les étudiants en Torah, je passe dans les maisons d’étude et dans les yéchivot de la ville, et je repère les jeunes gens sérieux qui étudient. Je cherche un jeune de quatorze ou quinze ans qui se montre assidu dans l’étude justement à ces moments-là. Lorsque je l’aurai trouvé, je l’observerai et si je découvre que la persévérance est un trait naturel et stable chez lui, je le choisirai comme fiancé pour ma fille ! »

Le chadkhan

Notons ici ce qui se raconte chez les ‘hassidim de Gour :

Rabbi Chim’on Alter a voulu organiser un mariage entre un de ses enfants et un enfant de son frère, l’Admour auteur du « Sfat Emet ». Il a tenté d’aborder le sujet directement avec son frère.

Voici ce que lui a répondu le Sfat Emet : il craignait qu’un chidoukh sans chadkhan (intermédiaire) ne reçoive pas l’aide du Ciel. Il a même apporté un argument pour appuyer sa position : « C’est ce qui s’est passé avec le don de la Torah. On a proposé la Torah à Israël par l’intermédiaire d’un chadkhan, qui est Moché. Et ce chidoukh s’est bien terminé sur place, au bon moment.

Par contre, pour les nations du monde, c’est Hachem Lui-même qui a essayé de leur proposer la Torah sans passer par un intermédiaire, comme il est dit dans le midrach ‘‘D. l’a présentée à chaque peuple et à chaque langue.’’ Lui-même et non un intermédiaire.

Et comment cela a-t-il fini ?

‘‘Ils ne l’ont pas acceptée.’’ »

Celui qui complimente

A ‘hol hamoed Pessa’h, de nombreux invités, dont des sages réputés, se sont réunis chez Rabbi Isser Zalman Meltzer, le Roch yéchiva d’« Etz ‘Haïm », pour échanger des paroles de Torah.

Un des présents, un élève très doué, a pris part à la discussion de ces érudits. Il a rapporté, comme preuve au sujet débattu, les paroles du Chakh au sujet d’une bête blessée qui est vivante et qui ne transmet donc pas l’impureté d’une carcasse. En entendant ceci, Rabbi Isser Zalman Meltser s’est empressé de lui dire : « Tes paroles sont vraiment extraordinaires, elles révèlent du génie et une grande intelligence. » Le Roch yéchiva a continué à louer les paroles prononcées par le ben yéchiva et les a répétées avec admiration en soulignant qu’elles démontraient le grand talent de ce jeune homme.

Une fois que tous les invités ont quitté la maison, le jeune homme a confié au Roch yéchiva que tous les éloges sur son intervention l’avaient mis mal à l’aise. En effet, il n’avait fait que répéter ce que dit le Chakh, sans rien y ajouter. Seulement, il n’avait pas eu le temps de citer sa source lorsque Rabbi Isser Zalman avait commencé à le complimenter.

Alors le Roch yéchiva lui a répondu : « Je connais aussi l’explication du Chakh dans ‘‘Yoré Dé’a’’, Hilkhot Treifot, Siman 33 Séif Katan 4, et toute la discussion sur l’explication des paroles du Rambam à ce sujet. Mais tu n’es plus tout jeune et tu dois trouver un bon chidoukh. Or, puisque se trouvaient ici de nombreux sages et grands en Torah, il était important que je te félicite publiquement.

Je ne suis pas chadkhan, mais j’ai voulu t’aider, et c’est pourquoi j’ai profité de ce qu’il y avait beaucoup de monde ici pour louer tes paroles et tes dons. Comme tu le sais, ‘‘ton ami a des amis’’ et puisque je t’ai tant complimenté, cela va se répandre. »

C’est le jeune homme lui-même qui a raconté cette histoire au gaon Rabbi Chelomo Zalman Auerbakh, le Roch yéchiva de « Kol Torah », comme il est rapporté dans le livre « Derekh Ets Ha’haïm ». Il a été émerveillé par la présence d’esprit de Rabbi Isser Zalman qui avait pensé à l’avenir du jeune homme, puis il a ajouté : « Regarde à quel point le Rav n’a pas prêté attention à son honneur personnel et s’est soucié de son prochain ! En effet, peut-être qu’un des présents avait déjà entendu ces paroles du Chakh et aurait pu penser que le Roch Yéchiva ne les connaissait pas. Mais cela ne l’a pas dérangé, car tout ce qui le préoccupait était de faire du bien à autrui. »

GARDE TA LANGUE

Se méfier, mais ne pas croire

Il est interdit d’accepter et de croire des paroles de médisance, et la punition de celui qui accepte, même s’il ne le dit pas explicitement, est plus grande que celle de celui qui raconte. Même celui qui ne croit pas le lachon hara n’aura pas le droit de l’écouter, sauf si cela a une utilité. Par exemple, s’il compte faire affaire avec cet homme et qu’il apprend qu’il est incorrect, il se méfiera et ne s’engagera pas. Mais même dans ce cas-là, il aura uniquement le droit d’écouter et de craindre, mais non de croire.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

La perfection spirituelle et la perfection matérielle

« La vie de Sarah fut de cent vingt-sept ans, années de la vie de Sarah » (Béréchit 23, 1)

Rachi explique : « Années de la vie de Sarah – elles étaient toutes égales en bien. » Il a été obligé d’expliquer de cette façon, parce qu’il est difficile de comprendre pourquoi la Torah a écrit « années de la vie de Sarah » alors qu’il a déjà été dit au début du verset « la vie de Sarah fut… »

On peut élargir cette idée et ajouter que cela comporte une allusion morale : chacun doit se frayer deux chemins, l’un matériel et l’autre spirituel, et lorsqu’il s’occupe de l’un il ne doit pas s’occuper de l’autre. Ainsi, il est dit à propos des fêtes dans un verset (Devarim 16, 8) « c’est une assemblée pour Hachem ton D. », et dans l’autre (Bemidbar 29, 35) : « c’est une assemblée pour vous ». On a partagé : la moitié pour Hachem et la moitié pour vous. Lorsqu’on s’occupe de choses matérielles, on doit en profiter et se réjouir pendant la fête, et lorsqu’on s’occupe de choses spirituelles, on étudie, par exemple, sans s’occuper de quoi que ce soit d’autre. Si on mélangeait les domaines, on ne réussirait à rien, ni dans l’un ni dans l’autre.

Chelomo a dit (Kohélet 3, 1) : « Il y a un temps pour chaque chose. » Et la Guemara ajoute (Yoma 75b) : « Au début, les bnei Israël ressemblaient à des poules qui picorent dans les détritus, jusqu’à ce que vienne Moché et leur fixe le moment du repas. » De plus, on doit faire attention à ne pas mélanger deux choses, et même lorsqu’on doit faire les deux, chaque chose doit avoir son moment propre, comme l’ont dit les Sages (Chabbat 10a) : le moment de la prière est une chose, et le moment de l’étude en est une autre.

Dans le même ordre d’idées, Rabbeinou Yona a expliqué l’enseignement de Rabban Yo’hanan Ben Zakaï à ses élèves (Avot 2, 9) : « Voyez quelle est la bonne voie à laquelle on doit s’attacher » en disant que parmi toutes les belles qualités, on doit s’attacher à une en particulier dans laquelle on sera parfait, car il est mieux de s’attacher à une qualité dans la perfection que d’en avoir plusieurs sans être parfait dans rien.

C’était la façon d’être de Sarah. Pendant toute sa vie elle a eu deux domaines, l’un matériel et l’autre spirituel, et elle a très soigneusement fait la séparation entre les deux, à plus forte raison ne les a-t-elle pas mélangés. C’est pourquoi une fois que le verset a donné le décompte de ses années, il a de nouveau écrit « années (chnei) de la vie de Sarah », que l’on peut également lire « les deux (chnei) vies de Sarah », pour nous apprendre que pendant toute sa vie elle a eu deux terrains qu’elle n’a pas mélangés, et dans chacun desquels elle a été parfaite.

Et qu’il ne nous vienne pas à l’esprit de dire que Sarah n’accomplissait pas les actes matériels pour l’amour du Ciel ! Bien qu’elle ait eu deux domaines, spirituel et matériel, la tsaddéket continuait à se sanctifier même dans les choses matérielles, et elle les accomplissait pour Hachem. Comme l’écrit le Ramban dans son « Iggéret HaKodech » : la pensée des saints Patriarches ne se détachait pas de la lumière supérieure même lorsqu’ils mangeaient et buvaient, c’est pourquoi Rachi écrit ici que ses années étaient égales en bien, le bien désignant toujours le Saint, béni soit-Il, ainsi qu’il est dit (Téhilim 34, 9) « Goûtez et voyez que Hachem est bon », c’est-à-dire que chacun de ses deux domaines avait la même valeur, du fait qu’elle avait l’intention que ce soit pour l’amour du Ciel.

A LA SOURCE

« Avraham dit à son serviteur » (24, 2)

Avraham a transmis cela à Eliezer et non à Yitz’hak à cause de la pudeur implantée même chez le moindre de ses disciples et de la gêne à évoquer le mariage. Avraham craignait donc qu’Yitz’hak ne rencontre ce qui avait été fixé pour lui mais soit embarrassé pour parler de mariage, alors Eliezer s’est proposé à faire pour Yitz’hak ce qui le rendrait confus. (Rabbeinou Avraham fils du Rambam)

 « Elle descendit à la source et remplit sa cruche » (24, 16)

Sur le commentaire des Sages (Béréchit Rabba 60, 5) selon lequel l’eau est montée vers elle, le Ramban a expliqué qu’ils l’ont tiré du fait qu’il n’est pas dit « elle puisa », ce qui est un signe qu’elle n’a pas eu besoin de puiser, parce que l’eau est montée à sa rencontre. Et le Ramban ajoute que ce miracle lui a été fait une seule fois seulement, parce qu’ensuite, quand elle a abreuvé les chameaux, il est dit « elle puisa ».

En vérité, pourquoi le miracle ne lui a-t-il été fait qu’une seule fois ?

Dans le livre « Oznaïm LaTorah », le Rav Sorotskine זצ''ל écrit : « J’ai entendu une belle explication. La première fois, Rivka est allée puiser de l’eau pour sa maison, et comme c’était une tsaddéket, l’eau est montée vers elle, pour qu’elle ne se donne pas la peine de puiser. Mais ensuite elle a puisé de l’eau par ‘hessed, si bien que s’est appliqué à elle le principe « la récompense est fonction de la difficulté » (Avot 5, 23), c’est pourquoi l’eau n’est pas montée à ce moment-là, pour qu’elle se donne plus de mal et qu’elle ait une double récompense.

 « Appelons la jeune fille et demandons son avis [littéralement : sa bouche] » (24, 57)

Le ‘Hida, dans son livre « Na’hal Kedoumim », fait remarquer qu’il aurait fallu dire « demandons-lui » au lieu de « demandons sa bouche » !

Il se peut qu’ils aient été intéressés à lui mettre des mots dans la bouche par magie, pour que ce soient les mots qu’elle prononce. Dans un domaine tout à fait différent, la Guemara dit (Berakhot 34a) : « Si ma prière coule facilement, elle est acceptée », c’est pourquoi ils ont fait dépendre la chose de sa bouche et non de son opinion.

Mais Rivka, qui était intelligente et connaissait leur méchanceté, a rusé en disant un seul mot clair : « J’irai. » Rien de plus, pour qu’ils n’aient rien à quoi s’accrocher, et quand ils l’ont entendue leur intention s’est trouvée annulée et ils n’ont rien pu dire. « Ils envoyèrent Rivka », sans ouvrir la bouche.

 « Il s’étendit à la face de tous ses frères » (25, 18)

Et immédiatement après : « Voici les engendrements d’Yitz’hak. Pour nous dire qu’à la fin des temps, lorsque Yichmaël tombera, le fils de David, qui descend d’Yitz’hak, se révèlera. (Ba’al HaTourim)

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« La vie de Sarah fut… »

Il faut savoir pourquoi il est dit « vaïhiyou » (fut), et non de la même façon qu’il est dit pour tous les tsaddikim Adam vécut (vayé’hi), il vécut là-bas, ou alors « voici les années », comme à propos d’Avraham.

Les Sages nous disent qu’elle est morte à cause d’une mauvaise nouvelle, sans laquelle elle aurait continué à vivre. C’est pourquoi le verset dit « vaïhiyou », ce qui dénote quelque chose de nouveau, différent du nombre de jours qui lui avait été alloué, mais à cause de l’événement en question [le sacrifice d’Yitz’hak], c’est ce nombre-là qui a été celui de ses années. Et on parle de « la vie de Sarah » parce que les justes font vivre leurs jours, alors que pour les impies, ce sont leurs jours qui les font vivre.

Le fait qu’à cause de cette mauvaise nouvelle sa vie se soit trouvée raccourcie vient manifester la bonté avec laquelle Hachem juge ceux qui L’aiment, car tout tsaddik qui est mort prématurément pour une raison connue, Hachem ne lui enlève pas ce qu’il aurait gagné s’il avait vécu toutes les années qui lui étaient destinées, il a la récompense des années pendant lesquelles il n’a rien accompli, parce que s’il les avaient vécues, il aurait désiré en faire quelque chose de bon. C’est pourquoi il est écrit « les années de la vie de Sarah », cela désigne toutes ces autres années aussi, car elles auraient eu une vie véritable grâce à elle.

LES SENTIERS DES JUSTES

Le gaon auteur de « ‘Hayé Adam » proteste lui aussi contre les ingrats qui contestent la reconnaissance qu’ils doivent à leurs parents, sous prétexte que ceux-ci n’ont agi que pour leur propre satisfaction : « Que s’obstrue la bouche de ceux qui parlent faussement en disant qu’ils n’ont pas besoin d’être reconnaissants à leurs parents, puisque leur naissance est dû uniquement à la recherche du propre plaisir de ces derniers, et qu’après sa naissance, le Saint, béni soit-Il a donné au père et à la mère l’instinct d’élever leur enfant, comme n’importe quel animal qui veille sur ses petits, lesquels ne leur en sont nullement reconnaissants. « Que les lèvres mensongères deviennent muettes », car ils témoignent sur eux-mêmes qu’ils sont comme des animaux et que Hachem ne leur a pas accordé l’intelligence de comprendre. Les Sages ont dit à ce propos : « Quiconque renie les bienfaits qu’il a reçus d’autrui renie les bienfaits du Saint, béni soit-Il. » D’après eux, ils n’ont pas non plus besoin d’honorer ni de craindre D., car étant donné que nous sommes l’œuvre de Ses mains, Il lui sied d’être bon avec Ses créatures et d’avoir pitié d’elles. Et il n’y a aucun doute que ceux qui parlent de cette façon sont des incroyants au fond d’eux-mêmes. »

Contre les enfants qui ne sont pas reconnaissants à leurs parents, l’auteur de « ‘Hayé Adam » écrit des choses graves : « Les Sages ont dit que toute la mitsva du fils envers son père et sa mère n’est que le remboursement d’une dette envers eux, pour le bien qu’ils lui ont fait. Celui qui ne les respecte pas s’appelle un mauvais, ainsi qu’il est écrit : « Le mauvais emprunte et ne rembourse pas. » Cela fait partie du remboursement de leur porter un puissant amour, comme eux l’ont aimé, sans que cela lui paraisse lourd et pénible. Si quelqu’un ne respecte pas son père et sa mère, des décrets sévères sont pris contre lui. Et comme le respect envers eux est comparé au respect envers D., le châtiment est également comparable. C’est pourquoi de même que celui qui maudit Hachem est passible de lapidation, celui qui maudit son père ou sa mère l’est aussi…

Un dévouement total

En 5714 est mort le gaon Rabbi Avraham Yitz’hak Guershonowitz, père du gaon Rabbi Yossef Réouven זצ''ל. Malgré la pauvreté qui régnait dans la maison, Rabbi Yossef était attaché au mérite d’accomplir la mitsva d’honorer ses parents, et sa mère la tsadkanit est venue habiter chez lui. Il lui a donné son lit, et lui dormait sur une chaise longue dans la cuisine.

Son respect pour sa mère était extraordinaire. Lui et son épouse, la rabbanit qui partageait toutes ses activités, se consacrèrent entièrement à lui rendre la vie agréable et à lui éviter tout souci. Sa mère souffrait beaucoup, et il restait de longues heures assis à côté de son lit, en essayant de toutes ses forces d’apaiser ses douleurs ne fût-ce qu’un petit peu, le tout avec un respect profond rempli de crainte.

Il y a des histoires et des coutumes merveilleuses autour de cette mitsva qu’il accomplissait avec tant de perfection, et qui constituent un chapitre à étudier dans cette précieuse mitsva. Voici l’une d’elles :

Sa mère devait recevoir une somme d’argent tous les mois d’une certaine institution qui ne veillait pas à accomplir son devoir, et pendant de nombreux mois, on ne lui donna pas ce qui lui revenait. Sachant que cela lui ferait de la peine de ne pas avoir d’argent, et de devoir vivre des ressources de son fils, tous les mois il prenait de son salaire de la yéchiva de Lomza toute la somme qu’elle était censée recevoir et l’apportait à sa mère, de telle façon qu’elle croyait que c’était l’argent qui était arrivé pour elle, et ainsi il la réjouissait d’avoir de l’argent pour pouvoir soutenir ses enfants. Elle mettait de côté une partie de cette somme pour lui, comme aide parce qu’elle habitait chez lui, et en distribuait une partie à diverses œuvres de charité. De cette manière, il s’efforçait de ne lui causer aucun souci pour quelques raisons que ce soit, et il recherchait toutes sortes de ruses pour lui cacher les choses qui auraient pu lui faire de la peine, ou il les présentait de façon à ce qu’elle n’en souffre pas. Rabbi Yossef avait un frère qui habitait outre-mer. La mère, qui n’avait pas vu son fils depuis des années, s’inquiétait de sa santé et attendait impatiemment une lettre de lui (à cette époque, il n’y avait pas d’autre lien que les lettres avec les pays lointains). Rabbi Yossef Réouven, dans son grand désir de la réjouir, allait souvent à la poste centrale et parcourait le courrier pour voir si une lettre de son frère était arrivée, car s’il la prenait de là-bas, il avancerait de plusieurs jours le moment où elle arriverait, et réjouirait ainsi sa mère.

Pour respecter ses parents, il n’y a pas de ‘houmrot

Dans le dernier numéro, nous avons parlé de l’indignation du Rav Chelomo Zalman Auerbach זצ''ל quand il avait vu un fils se montrer strict dans une halakha sur le compte du respect envers les parents. A ce propos, rappelons ce qu’a raconté le frère du gaon Rabbi Daniel Frisch זצ''ל, auteur de « Matok MiDevach » sur le Zohar : Rabbi Daniel était tellement pieux qu’il ne mangeait chez personne ni dans aucune fête publique. Partout où il était invité, il arrivait avec sa propre nourriture. Tous les Roch ‘Hodech, il descendait à Bnei Brak où habitaient ses parents, il y restait longuement pour s’enquérir de leur santé et vérifier qu’ils avaient tout ce qu’il leur fallait, et il buvait un verre de thé chaud accompagné d’un morceau de gâteau.

Nous, les membres de la famille, savions qu’il ne mangeait nulle part, même pas chez la famille, et quand nous lui avons demandé pourquoi il mangeait chez les parents, il a répondu : « Pour respecter ses parents, il n’y a pas de ‘houmrot. »

LES LOIS DE LA VIE

Halakhot et coutumes de la mitsva de respecter ses parents

Les enfants pour lesquels les parents n’ont rien fait ont tout de même le devoir de les respecter. De même, les enfants auxquels les parents n’ont pas enseigné la Torah ont le devoir de les respecter. Et même les enfants dont les parents ne les ont pas élevés et les ont fait adopter doivent tout de même les respecter.

 

 

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