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paracha de la semaine

TOLDOT

2 Novembre 2013

29 Hechvan 5774

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

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Quand ma conduite sera-t-elle l’égale de celle de mes ancêtres ?

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

 « Voici les engendrements d’Yitz’hak fils d’Avraham, Avraham a engendré Yitz’hak » (Béréchit 25, 19)

C’est très difficile à comprendre. Si la Torah veut écrire les engendrements d’Yitz’hak, elle aurait dû écrire immédiatement « Voici les engendrements d’Yitz’hak fils d’Avraham, Yitz’hak a engendré Essav et Ya'akov », car ce sont eux les engendrements d’Yitz’hak. Pourquoi écrit-elle immédiatement « Avraham a engendré Yitz’hak » ?

De plus, comme on le sait Yitz’hak et Rivka étaient stériles, et selon la nature ils ne pouvaient pas mettre d’enfants au monde, comme on nous le rapporte effectivement dans la suite des versets. Par conséquent, il aurait été logique de ne pas écrire immédiatement au début de la paracha « Voici les engendrements d’Yitz’hak fils d’Avraham, puisqu’ils n’avaient pas d’engendrements. Et si dans la suite la Torah indique qu’ils n’avaient pas d’enfants, pourquoi au début parle-t-elle de leurs engendrements, il aurait mieux valu écrire « Voici les engendrements d’Yitz’hak » seulement après l’histoire de la naissance de Ya'akov et Essav.

Je vais tenter d’expliquer tout cela. Le but de l’homme en ce monde est de croire fermement dans le Créateur, et de savoir que tout ce que fait le Miséricordieux est pour le bien (Berakhot 60b). Et il lui est interdit de contester ce que fait D. Le deuxième principe, qui est l’essentiel : l’homme doit toujours être inquiet et se demander « Quand ma conduite sera-t-elle l’égale de la conduite de mes ancêtres ? » (Yalkout Chimoni VaEt’hanan 830). Même celui qui est un grand tsaddik doit être inquiet toute sa vie car il est encore loin de la perfection, et il doit encore beaucoup travailler pour arriver à l’idéal atteint par ses ancêtres.

Même quelqu’un dont les ancêtres n’étaient pas des justes descend d’Avraham, Yitz’hak et Ya'akov, qui sont ses véritables ancêtres, et c’est vers eux qu’il doit tourner sa pensée, en aspirant à les imiter.

La question se pose donc de savoir comment Yitz’hak a réussi à surmonter avec tant de dévouement l’épreuve de la akeida, au point qu’on puisse dire de lui (Béréchit 22, 6) : « Ils marchaient tous deux ensemble. » Comment a-t-il accepté de se livrer en sacrifice sur l’autel ? C’est uniquement parce que son père Avraham, qui incarne la bonté, avait fait entrer dans le cœur de son fils un véritable amour pour D., sans aucune scorie d’un quelconque intérêt personnel ou désir de recevoir une récompense pour l’accomplissement de la mitsva, au point que le cœur d’Yitz’hak ressemblait totalement à celui de son père Avraham, à l’intérieur comme à l’extérieur, et il avait encore rajouté à la mida de ‘hessed de son père la mida de din qui lui était spécifique. Qu’est-ce qui a fait qu’Yitz’hak arrive à un niveau aussi élevé ? Son père Avraham.

Ce qui explique le verset « Voici les engendrements d’Yitz’hak fils d’Avraham » : au lieu d’écrire directement les noms des descendants d’Yitz’hak, qui sont l’essentiel pour un homme, car lorsqu’il épouse une femme c’est pour en avoir des enfants et servir Hachem avec joie sans être dérangé par le mauvais penchant, la Torah écrit plutôt « Avraham a engendré Yitz’hak. » De plus, immédiatement après elle souligne qu’Yitz’hak et Rivka étaient stériles et ne pouvaient pas engendrer.

Cela signifie que c’est justement cela la raison. Bien qu’Yitz’hak ait vu par l’esprit saint qu’il ne pouvait pas mettre des enfants au monde de façon naturelle, il voulait tout de même accomplir la mitsva de croître et multiplier, et il s’est même entièrement dévoué pour cette mitsva. Même si c’était impossible de façon naturelle, il a agi en fonction du but essentiel de l’homme dans le monde, en se disant que tout ce que Hachem fait est pour le bien. Il n’a pas protesté contre Lui et il a tout de même épousé Rivka.

C’est donc ce que signifie le verset « Voici les engendrements d’Yitz’hak fils d’Avraham. » L’essentiel des engendrements d’Yitz’hak était de ressembler à Avraham, d’être jusqu’au bout le fils d’Avraham, d’aspirer à adopter la même conduite que lui, c’est pourquoi la Torah continue en disant : « Avraham a engendré Yitz’hak. » C’était cela les engendrements d’Yitz’hak, qu’Avraham ait « engendré » Yitz’hak, c’est-à-dire qu’il a fait rentrer dans le cœur de son fils l’amour de Hachem, pour qu’il lui ressemble et ajoute la puissance de la justice, attribut d’Yitz’hak, à son propre attribut de bonté. Yitz’hak lui non plus n’a pas protesté contre les décisions de D., à l’instar d’Avraham qui L’avait aimé et servi sans objections et sans que ce soit dans l’espoir d’engendrer des enfants, si la volonté du Saint, béni soit-Il n’était pas qu’il en ait, et tout cela malgré la promesse que le peuple d’Israël viendrait d’Yitz’hak.

En y réfléchissant, nous voyons qu’Yitz’hak traversait maintenant une épreuve plus grande que celle de la akeida, qui était celle de la stérilité. Eliezer était parti afin de lui amener Rivka pour épouse, il l’avait écoutée parce qu’elle était une grande tsaddéket, digne de la maison d’Avraham, sans compter que lorsqu’elle était arrivée chez lui, dans la tente, on avait vu immédiatement qu’elle était aussi grande que notre mère Sarah : la nuée était revenue, il y avait une bénédiction dans la pâte et la bougie avait recommencé à brûler (Béréchit Rabba). C’était donc vraiment un chidoukh donné par le Ciel qui convenait parfaitement.

Que restait-il à faire ? Uniquement à attendre que des enfants leur naissent. Et que se passe-t-il à ce moment-là ? Il s’avère qu’Yitz’hak et Rivka sont stériles. Ils ne peuvent pas avoir d’enfants. Y a-t-il une épreuve plus grande que cela ? Mais Yitz’hak l’a supportée avec courage et dévouement, il a ajouté sa force à sa bonté et a continué son service divin.

Comment ? Par le fait qu’« Avraham a engendré Yitz’hak ». Avraham a engendré un fils aussi juste que lui, qui avait le même visage que lui. Il lui ressemblait intérieurement comme extérieurement. Cela signifie qu’Avraham a insufflé à Yitz’hak des forces de sainteté et d’amour de D., et alors lui aussi a engendré. C’est ce que la Torah demande : comment Yitz’hak a-t-il réussi à atteindre des niveaux aussi élevés ? Sur ce point, elle répond qu’« Avraham a engendré Yitz’hak. » Quand on investit dans ses enfants une bonne éducation, cette investissement se manifeste automatiquement plus tard, et les parents ont de la satisfaction de leurs enfants.

Ainsi, par les forces qu’Avraham avait constamment insufflées à son fils, lui aussi a pu surmonter toutes les épreuves, sans protester contre Hachem, tout son souci étant uniquement d’aider les autres, car pendant toute sa vie il a aspiré à imiter la conduite de son père.

LES PAROLES DES SAGES

En faisant la queue a l’épicerie

« L’homme grandit et continua à grandir jusqu’à être très grand » (Béréchit 26, 13)

Rachi : « On disait que le fumier des mules d’Yitz’hak valait mieux que l’argent et l’or d’Avimélekh. »

Ces paroles, disent les commentateurs, se rattachent au verset précédent, où il est dit : « Yitz’hak sema dans ce pays et cette année-là il trouva une récolte au centuple et Hachem le bénit. »

Les Philistins étaient idolâtres. Quand ils se sont aperçus de ce miracle de l’agriculture d’une récolte qui avait un rendement au double, ils étaient certains qu’Yitz’hak avait un fumier particulier comportant un secret agronomique bien gardé, qui provoquait une bénédiction abondante. C’est pourquoi ils disaient : « le fumier des mules d’Yitz’hak », c’est-à-dire le fumier qui lui était spécial, c’est lui la cause de toute cette abondance.

Naturellement, cela paraît ridicule, étant donné qu’il n’y avait aucun secret dans le fumier d’Yitz’hak.

Il se produit souvent un phénomène du même genre dans les usines qui n’observent pas le Chabbat, et qui subissent des pertes financières d’une ampleur qui les oblige à se déclarer en faillite, ce qui nécessite l’intervention d’un liquidateur judiciaire. Or dès qu’elles se mettent à observer le Chabbat, la chance leur sourit dans des conditions « mystérieuses » dont personne n’arrive à percer le secret.

Voici une histoire concernant une réussite de ce genre, racontée par le Rav Zilberstein chelita dans son livre « Aleinou Léchabea’h » :

Les gens qui se trouvaient dans l’épicerie du quartier de Kyriat Moché à Jérusalem furent stupéfaits du spectacle qui s’offrait à leurs yeux : un homme respectable qui faisait la queue, Monsieur Elie Chimon, directeur de l’usine « Niyar Yérouchalaïm 2000 » à Kyriat Gat, connu par tout le monde comme un homme d’action et comme quelqu’un qui a les deux pieds sur terre, déposa tout à coup son panier à provisions et annonça à haute voix :

« J’ai l’impression qu’en ce moment se déroule un vol considérable dans mon usine à Kyriat Gat. Je dois y aller rapidement pour voir ce qui se passe. »

L’homme laissa le panier par terre, et tout en s’excusant auprès de l’épicier de lui laisser la peine de ranger le pain et le lait à leur place, il prit sa voiture pour se rendre à Kyriat Gat au sud du pays.

Alors qu’il était en route, le directeur téléphona à l’un de ses fidèles employés et lui fit part de ses intuitions. Il lui demanda de se tenir à l’entrée de l’usine en laissant sa ligne de téléphone libre pour qu’il ait la possibilité de recevoir un compte-rendu de ce qui se passait.

L’employé remplit la tâche qui lui avait été confiée, et au bout d’une minute et demi à peine, un camion se présenta à la sortie de l’usine, puis un autre, les deux remplis de marchandise dont le contenu valait une fortune. Le gardien demanda au chauffeur du premier camion un certificat de transfert, selon la coutume, et alors il s’avéra qu’il n’avait aucun certificat.

On apprit rapidement que bien qu’il se soit agi de chauffeurs qui travaillaient régulièrement à l’usine, cette fois-ci c’était un complot ourdi entre deux chauffeurs qui avaient projeté de faire sortir la marchandise de l’usine et de la vendre au rabais. La police, qui fut appelée sur les lieux, découvrit d’autres complots organisés qui auraient dû être exécutés peu de temps après.

Entre temps, le directeur était arrivé à l’usine, et se rendit compte du grand miracle qui lui était arrivé. L’intuition qu’il avait eue à l’épicerie était juste !

Maintenant, réfléchissons : si quelqu’un d’autre, dans l’usine de qui il y a également un vol, arrive et se dise : « Peut-être que moi aussi je vais aller… à cette épicerie pour y faire mes courses, et alors tout à coup un « esprit de prophétie » va venir sur moi et je saurai quand les voleurs rentrent dans l’usine… », ne le considérerions-nous pas comme un grand imbécile ?

Contrairement à beaucoup d’autres personnes qui se seraient attribué cette réussite, Monsieur Elie Chimon savait que le vol avait été empêché uniquement parce que la nouvelle usine qui avait rouvert à Kyriat Gat après avoir fait faillite et être passée par une liquidation judiciaire observait totalement le Chabbat. Les directeurs précédents, qui avaient subi de très lourdes pertes, ouvraient l’usine le Chabbat, alors que Chimon, quand il avait été nommé directeur, avait naturellement décidé de fermer les portes de l’usine le Chabbat.

Il y a plus.

« Quand j’ai regardé le calendrier, dit Monsieur Elie Chimon, j’ai vu et j’ai remarqué que cet incident de la tentative de vol était arrivée exactement après deux Chabbats pendant lesquels l’usine avait observé le Chabbat. Alors je me suis rappelé un enseignement des Sages selon lequel si les bnei Israël observaient deux Chabbats, ils seraient immédiatement sauvés… »

Les policiers qui étaient arrivés sur les lieux n’ont pas cru que le directeur était venu de Jérusalem à Kyriat Gat uniquement à cause d’une intuition qu’il avait eue sur le vol qui se passait à l’usine.

Il faut remarquer que cette réussite d’avoir empêché le vol n’est qu’une parmi un large éventail d’histoires des réussites qui ont accompagné cette usine à partir du moment où elle s’est mise à observer le Chabbat.

Que disait le précédent directeur ? « Je ne sais pas ce qui s’est passé quand je dirigeais l’usine. Rien de ce que je faisais ne réussissait. Tout ce que je touchais allait à sa perte. Je ne sais pas pourquoi… La situation est arrivée à tel point que personne ne voulait plus traiter avec nous… »

Et qu’est-ce qui se passe là-bas aujourd’hui ?

Tout autour, dans la zone industrielle de Kyriat Gat, des usines ferment l’une après l’autre, alors qu’à « Niyar Yérouchalaïm 2000 » on embauche de nouveaux employés. C’est un spectacle tout à fait incroyable en une période où le chômage frappe le Néguev.

Plus encore. Les machines de fabrication du papier ne peuvent pas traiter plus de cent soixante-dix tonnes par semaine. Quand les propriétaires précédents avaient essayé de produire, dans les bonnes années de l’usine, cent quatre-vingts tonnes, les machines avaient cessé de fonctionner.

Alors qu’aujourd’hui, dans l’usine qui observe le Chabbat, on fabrique plus de quatre cent trente tonnes de papier par semaine, et les machines continuent à fonctionner comme si rien ne s’était passé…

Ceci pour nous enseigner et nous faire toucher du doigt la foi simple qui a accompagné nos ancêtres et les ancêtres de nos ancêtres pendant toutes les générations : de même que ce n’est pas la vipère qui tue, mais la faute, ce n’est pas le brio ou la sagesse de quelqu’un ni toute autre cause extérieure qui provoque sa réussite, mais uniquement l’accomplissement de la volonté du Créateur.

GARDE TA LANGUE

C’est une mitsva d’écouter

C’est une mitsva d’écouter le lachon hara si cela permet de prouver au locuteur et aux auditeurs que ce discours est faux, ou si le fait qu’on ait écouté peut calmer celui qui raconte, si bien qu’il s’arrête, et à condition que soi-même on se contente d’écouter, mais sans rien croire.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Qu’une bénédiction ne soit jamais légère à tes yeux « Si par hasard mon père me tâte, je serai à ses yeux comme un trompeur, et, au lieu de bénédiction, c’est une malédiction que j’aurai attirée sur moi ! » (Béréchit 27, 12)

Le Ramban pose une question : « Je suis surpris que Ya’akov n’ait pas craint que son père reconnaisse sa voix. Nous sommes tous reconnaissables au timbre de notre voix ! Pourquoi n’a-t-il donc pas mentionné cet aspect-là ? »

Ya’akov a dit à sa mère : « Je suis un homme lisse (‘halak). » Le terme « ‘halak » est composé des mêmes lettres que le mot « léka’h », que l’on trouve dans le verset (Proverbes 4, 2) : « Car je vous donne un bon cadeau (léka’h) », où il désigne la Torah. Ya’akov voulait dire par là qu’il étudiait la Torah, et qu’il n’avait donc pas besoin de bénédictions supplémentaires. En effet, nos maîtres disent (Berakhot 6a) : « La Chekhina se trouve avec quiconque étudie la Torah », comme il est dit « En quelque lieu que Je fasse invoquer Mon nom, Je viendrai à toi pour te bénir » (Chemot 20, 20). En d’autres termes, Ya’akov argumente : « Puisque D. me bénit, je n’ai pas besoin d’autres bénédictions. » Par contre, Essav est un « homme velu (ich saïr) », « saïr » étant composé des mêmes lettres que « racha’ (impie) ».

Alors que lui a répondu sa mère ? « Même si tu étudies la Torah et que tu es attaché à la présence divine, que la bénédiction d’un tsaddik ne soit jamais légère à tes yeux. Ne prends pas à la légère une bénédiction venant de ton père. En effet, chaque bénédiction que nous recevons nous renforce dans le service divin et l’étude. »

C’est pourquoi il n’a pas du tout mentionné la question de la voix et s’est contenté de dire « Je serai à ses yeux comme un trompeur. » En d’autres termes, « Je n’ai pas besoin des bénédictions de mon père puisque j’étudie déjà la Torah. Je suis donc en train de le tromper en venant lui en demander une. » Il ne craignait pas que son père le reconnaisse, mais avait juste peur de le duper et de s’attirer une malédiction au lieu d’une bénédiction.

A LA SOURCE

« Ya’akov servit à Essav du pain et un plat de lentilles, et il mangea et but » (25, 34)

Essav avait seulement demandé le plat de lentilles, pourquoi Ya’akov a-t-il ajouté du pain ? De plus, selon l’avis de ceux qui estiment qu’il a dit « je vais mourir » parce qu’il était malade de fatigue et de faim, de quelle utilité sera son serment, puisque la halakha est qu’un serment prononcé sous la contrainte n’a aucune validité, et puisqu’il était sous la contrainte, son serment n’était donc pas valable ?

Le gaon Rabbi Yéhochoua Leib Diskin explique que c’est la raison pour laquelle Ya’akov lui a donné du pain : il fallait le rassasier avant le plat de lentilles, qu’il mange d’abord et calme sa faim, afin que son serment ne soit pas prononcé sous la contrainte de la faim. C’est alors seulement qu’il lui a acheté le droit d’aînesse contre le plat de lentilles, alors qu’il était déjà en bonne santé et en possession de toutes ses facultés.

« En récompense de ce qu’Avraham a écouté Ma voix et suivi Mon observance, exécutant Mes préceptes, Mes lois et Mes doctrines. » (26, 5)

Le midrach raconte qu’Avraham respectait toute la Torah avant qu’elle ait été donnée. Comment la connaissait-il ? Il l’avait étudiée de lui-même. Mais comment est-ce possible ?

Rabbi Yerou’ham Levovitz de Mir répond à cette question à travers une merveilleuse parabole.

« Cela ressemble à une vision que j’ai eue d’un non-juif qui avait tatoué sur son bras gauche le visage d’un homme. J’ai demandé ce que cela signifiait, et on m’a expliqué qu’il s’agissait là d’un homme qu’il admirait beaucoup et que, pour s’en rappeler constamment, il avait tatoué son visage sur son bras.

Alors j’ai pensé : si déjà un homme simple a eu l’idée de graver sur son bras, en guise de souvenir, quelque chose qui lui était cher, est-ce étonnant qu’un homme parfait comme Avraham ait compris que, pour ne pas oublier le Créateur, il fallait mettre les tefilin au bras gauche pour se souvenir constamment du grand amour qu’on Lui porte ? Il en est de même pour les autres mitsvot : ayant une âme si propre et si pure, il a pu les accomplir comme quelque chose qui va de soi. »

« Si par hasard mon père me tâte, je serai à ses yeux comme un trompeur » (27, 12)

Le ‘Hazon Ich cite la Guemara Sanhédrin (92b) : « Quiconque profère un mensonge est considéré comme un idolâtre. » Il est écrit ici : « Je serai à ses yeux comme un trompeur » et ailleurs (Yirmiyah 10) il est écrit : « Ce sont des néants, des œuvres d’aberration. » Il en déduit que si cela n’avait pas été permis à Ya’akov par l’esprit prophétique qui reposait sur Rivka, tromper son père était si grave qu’il aurait pu être considéré comme un idolâtre.

En effet, le mensonge est quelque chose de répugnant et d’indécent, non seulement lorsqu’il s’agit d’une ruse pour tirer un profit sur le compte d’autrui, mais même une modification dans le récit d’une simple histoire est incluse dans la faute du mensonge. De plus, quiconque a menti une fois a certes fauté, mais « il reste un homme ». En revanche, « quiconque s’enlise dans ses mensonges devient un menteur et toute sa personnalité disparaît ! »

« Puisse D. t’enrichir de la rosée des cieux. » (27, 28)

Le Rav Chakh déduisait des bénédictions d’Yitz’hak un grand principe.

Dans la bénédiction qu’Yitz’hak a donnée à Essav, le don de D. n’est pas du tout mentionné : tout ce qu’Essav aura viendra de lui-même. Même la bénédiction « Tu vivras à la pointe de ton épée » entre dans ce principe : dès qu’il le voudra, il pourra s’emparer de son épée et frapper comme il le désire. Il n’en est pas de même pour Ya’akov, qui a reçu des bénédictions, mais aussi des ordres, de la part de D. « Puisse D. t’enrichir de la rosée des cieux et des sucs de la terre » : il s’agit d’un don direct provenant de Hachem. De même pour la guerre : les bnei Israël ne peuvent pas partir d’eux-mêmes, à n’importe quel moment. Ils doivent d’abord consulter le Sanhédrin, et c’est seulement selon la parole de D. qu’ils décideront s’ils doivent partir en guerre ou non.

La vie dans la paracha

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben ‘Attar

« Fille de Betouël l’Araméen, du territoire d’Aram » (25, 20)

La répétition, dans ce verset, n’a pas pour but de nous informer de l’ascendance de Rivka, elle vient uniquement plaider en sa faveur. En effet, juste après il est dit « Hachem accueillit sa prière », en parlant de celle d’Yitz’hak et non de celle de Rivka. Nous risquions d’interpréter ce fait, à D. ne plaise, comme la preuve d’une infériorité de Rivka, dont la prière n’aurait pas mérité d’être écoutée par D. Le verset vient alors nous préciser que Hachem a écouté le fils d’Avraham, et non Rivka, car elle était « la fille de Betouël. »

Dans la répétition « l’Araméen (Arami), du territoire d’Aram », la deuxième partie nous informe sur l’origine géographique de Betouël, tandis que le premier mot, « Arami », qui est composé des mêmes lettres que « Ramaï (rusé) », vient, lui, noter le caractère rusé du personnage. Pourquoi la Torah veut-elle le signaler ? Parce qu’il était ignoré du monde, et pourtant c’est uniquement du fait de l’impiété de son père que la prière de Rivka, contrairement à celle d’Yitz’hak, n’a pas été écoutée !

LES SENTIERS DES JUSTES

POUR ACQUERIR LES VALEURS ET LES BONNES MIDOT

La semaine dernière, nous avons cité ici les paroles bouleversantes des A’haronim à l’encontre des enfants qui ne respectent pas convenablement leurs parents, sous prétexte que les parents qui les ont élevés et ont veillé sur tous leurs besoins corporels, nourriture, boisson, habillement etc., ainsi que spirituels, par l’éducation et l’enseignement de la Torah et de la crainte du Ciel, ne l’ont fait que pour leur plaisir personnel.

Dans ce contexte, il faut se demander quelle est la loi quand un père a véritablement négligé ses enfants et n’a veillé à ses besoins ni corporels ni spirituels. Est-ce que ses enfants lui doivent le respect ? Il n’y a là aucune « dette » à rembourser, alors peut-être ne lui doivent-ils rien ?

L’auteur de Mechekh ‘Hokhma, Rabbi Sim’ha Hacohen de Dvinsk זצ''ל, répond à cela dans son commentaire sur le verset « Honore ton père et ta mère comme te l’a ordonné Hachem ton D. » (Devarim 5, 16). D’après lui, même dans un cas où les parents ne se sont donnés aucun mal et ne se sont pas occupés d’élever leurs enfants, si bien que de ce point de vue-là il ne se sentent absolument pas redevable envers eux, même alors le fils a le devoir de respecter son père et sa mère à cause de « comme te l’a ordonné Hachem ton D. », car cet ordre a été donné dans le désert, « où les pères n’avaient pas à se donner beaucoup de mal pour élever leurs enfants, puisque la manne tombait du ciel, l’eau venait du puits, la viande des cailles et la nuée entretenait les vêtements. Malgré tout, Hachem a ordonné de respecter son père et sa mère. »

En ce qui concerne le second devoir des parents, « ils transmettent les mitsvot non-rationnelles et la tradition de génération en génération, il faut dire que même si le père ne lui transmet pas les opinions correctes, il doit tout de même le respecter, comme l’a ordonné Hachem ton D. » Etant donné que pour la génération du désert, les enfants ont entendu la Torah de la bouche de D. et de Moché, « et pourtant Hachem ton D. a ordonné de respecter ton père et ta mère ».

A quoi est due la longévité ?

Dans un cours donné par le gaon Rabbi Yitz’hak Zilberstein chelita à des psychiatres, la question s’est posée par rapport aux parents qui ont perdu la raison, et qui de ce fait causent à leurs enfants de grands soucis et les dérangent gravement, au point que les enfants ne sont plus capables de supporter cette douleur. Les médecins étaient intéressés à savoir jusqu’où le fils doit se sacrifier pour ses parents.

Le Rav a posé la question à l’un des grands décisionnaires de notre génération, qui lui a répondu que le devoir du fils envers son père est exactement le même que ce qu’il serait prêt à sacrifier pour ses propres enfants. Tout le dévouement dont les parents seraient capables pour leurs enfants, ils doivent le manifester dans la même mesure pour leurs propres parents. Le Rav Eliashiv זצ''ל a repoussé cette opinion, disant qu’en vérité, le devoir du fils va même au-delà de cela, comme il découle de ce que dit le Rambam à ce propos : « aller jusqu’où vont les forces du fils », c’est-à-dire tout ce que nos forces nous permettent de supporter.

Sur le même sujet, il faut parler de Rabbi ‘Haïm Falagi זצ''ל, qui avait mérité une longévité extraordinaire avec de grands honneurs. Ses élèves lui ont une fois demandé ce qui lui avait valu cette longévité. Il leur a répondu par une longue liste de dix choses qui font obtenir une longue vie, l’une d’elles étant « celui qui s’occupe de ses parents bien qu’ils soient gâteux et lourds. » (« Touvkha Yabiou »)

Ma mère me l’a ordonné

L’Admor de Gour, auteur de « Imrei Emet » זצ''ל, avait pris sur lui d’accomplir à la perfection la mitsva de respecter ses parents. Les histoires suivantes témoignent jusqu’où il est allé dans l’accomplissement de cette mitsva. On raconte qu’une fois, il voyageait en train avec sa mère, Madame Yokheved Rivka. Il était assis dans un compartiment avec des hommes de la famille, et elle dans un autre compartiment avec d’autres femmes. A midi, il s’est lavé les mains pour déjeuner et a dit le birkat hamazon. Peu de temps après, sa mère est entrée, sans savoir qu’il avait déjà mangé, et lui a dit : « Tu dois manger maintenant. » Immédiatement, il s’est levé, a sorti du pain de sa valise, s’est lavé les mains une deuxième fois, a mangé et dit le birkat hamazon, sans raconter à sa mère qu’il avait déjà mangé, tant il accomplissait les ordres de ses parents sans aucune discussion (cité dans le livre « Miguedolei Hatorah Véha’hassidout », du Rav Bomberg).

Il y est encore raconté qu’un jour, alors qu’il allait en train de Varsovie à Biala, il était assis pendant tout le trajet avec une Guemara et il étudiait avec beaucoup de concentration. Sur le banc en face de lui se trouvait un juif « mitnagued » (un opposant au ‘hassidisme) qui était très étonné de son assiduité. A minuit, le « Imrei Emet » regarda sa montre, posa rapidement sa Guemara, ouvrit sa valise, en sortit des sandwiches et les mangea rapidement. Devant l’étonnement du juif assis en face de lui, Rabbi Avraham expliqua : « En fait, je n’ai absolument pas faim, mais avant le voyage ma mère m’a donné de la nourriture et m’a ordonné de tout finir encore aujourd’hui, c’est pourquoi je me suis dépêché. » En complément à cette histoire, les ‘hassidim ont ajouté : « Les actes des pères sont un signe pour les enfants. » Et ils ont raconté que son grand-père Rabbi Avraham Mordekhaï זצ''ל, dont il porte le nom, se trouvait un jour au cours de son père le ‘Hidouchei HaRim, et les élèves avaient du mal à comprendre la profondeur de ses paroles. Son père se tourna vers lui et demanda : « Est-ce que toi non plus tu n’as pas compris ? »Le fils ne répondit rien, mais quand le ‘Hidouchei HaRim sortit de la pièce, son fils Rabbi Avraham Mordekhaï se leva et expliqua aux élèves ce qu’ils n’avaient pas compris dans le cours.

Plus tard, cela parvint aux oreilles de son père, qui s’étonna de ce qu’il ne lui ait rien répondu quand il lui avait demandé s’il avait compris. Rabbi Avraham s’excusa et répondit à son père : « Si mon père avait demandé si j’avais compris ses paroles, je le lui aurais confirmé. Mais comme il m’a demandé si moi non plus je n’avais pas compris, je n’ai pas voulu le contredire en disant le contraire. »

Les lois de la vie

Une femme mariée doit également craindre ses parents, de telle façon que cela ne dérange pas le travail de la maison (Séfer ‘Hassidim).

Les mitsvot de respecter et craindre ses parents doivent être accompagnées de l’intention d’accomplir une mitsva du Créateur (Midrach Talpiot).

On ne doit pas avoir l’intention de les accomplir en vue de l’héritage ou d’une récompense de la part des parents (Ramban sur Chemot). Et pas non plus parce que la logique et la bonne conduite l’impliquent nécessairement (Aroukh HaChoul’han).

 

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