VAYEITSEI 9 Novembre 2013 6 KISLEV 5774 |
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Profiter de l’influence de la sainteté du lieu (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) « Ya'akov sortit de Beershéva et alla à ‘Haran. Et il rencontra le lieu et y dormit, car le soleil s’était couché » (28, 10-11) Rachi traite de la question du fait que le verset nous informe d’abord que Ya'akov est allé à ‘Haran avant de nous dire qu’il a rencontré le mont Moria et y a prié, alors que le mont Moria se trouve sur la route de ‘Haran. Selon lui, « il alla à ‘Haran » signifie qu’il est sorti de Beershéva avec l’intention d’arriver à ‘Haran, c’était cela son programme, et la Torah continue en écrivant ce qui lui est arrivé sur le chemin de ‘Haran et sa prière au mont Moria. Mais les Sages dans la Guemara (‘Houlin 91b) ont expliqué qu’au début, Ya'akov a dépassé le mont Moria sans y prier. Quand il est arrivé à ‘Haran, il a dit : « Est-il possible que je sois passé par l’endroit où ont prié mes pères sans y avoir prié ? » Quand il a décidé de revenir, il y est arrivé de façon miraculeuse, et immédiatement « il a rencontré le lieu ». D’après cela, « il alla à ‘Haran » signifie exactement cela, qu’il est arrivé à ‘Haran, et ensuite il est revenu au mont Moria par un miracle et il y a prié. En vérité, il y a lieu de s’étonner : comment Ya'akov est-il passé à côté du mont Moria, l’endroit saint où se ancêtres avaient prié et où Yitz’hak avait été lié, sans qu’il lui vienne à l’idée de s’attarder un peu et de prier le Créateur de le faire réussir et de le protéger d’Essav et de Lavan, comme il l’a fait quand il y est revenu ? Sur le verset « il rencontra le lieu », les Sages ont expliqué (Yalkout Chimoni) : « Il a voulu passer, et le monde s’est dressé devant lui comme une muraille. » Cela se comprend selon l’explication de Rachi selon laquelle dès sa route vers ‘Haran il avait prié au mont Moria ; dans ce cas, on comprend que le monde s’est dressé devant lui comme un mur afin de lui insinuer qu’il s’attarde en ce lieu saint pour y prier. Mais d’après ce que disent nos Sages dans la Guemara, que c’est seulement après être arrivé à ‘Haran qu’il a pensé à retourner pour prier au mont Moria, et que c’est lui-même qui y a pensé, pourquoi le monde serait-il devenu comme un mur devant lui quand il est arrivé au mont Moria ? (On ne peut pas dire que c’est pour qu’il s’attarde à y dormir, car le soleil s’est couché brusquement avant son temps dans ce but, ce que nous apprenons du verset « car le soleil s’était couché ».) La vérité éclaire ses pas Pour l’expliquer, on peut dire que lorsque Ya'akov est sorti du beit hamidrach de Chem et Ever après y être resté pendant 14 ans, pratiquement sans se permettre de dormir, en étudiant la Torah jour et nuit dans un détachement total de ce monde-ci, il est certain qu’en chemin pour ‘Haran il était plongé dans de saintes pensées. Ses pieds étaient sur la terre, mais sa tête arrivait jusqu’au ciel. Lorsqu’il est arrivé pour la première fois à proximité du mont Moria, il n’a pas pensé à y prier, parce que toutes ses pensées étaient attachées à Hachem, c’est pourquoi il ne prêtait aucune attention à tout ce qui l’entourait et n’a pas remarqué qu’il était passé par le mont Moria. C’est seulement ensuite, en arrivant à ‘Haran, qu’il s’en est souvenu, seulement quand il est sorti d’Erets Israël, se coupant ainsi de la sainteté, et qu’il est entré dans l’impureté d’un autre pays, que ses sens les plus grossiers se sont éveillés et lui ont rappelé qu’il était passé par le mont Moria et n’y avait pas prié. Quand Ya'akov l’a senti et a prêté attention au fait qu’il était passé à l’endroit où avaient prié ses pères sans le faire, il a immédiatement décidé de revenir sur ses pas et de refaire tout le chemin depuis ‘Haran pour prier au mont Moria, sans tenir compte de la fatigue ni des dangers de la route (en effet, à ce moment-là il était poursuivi à cause de son frère Essav qui cherchait à le tuer). Comme il s’était aperçu qu’il s’était trompé, il a immédiatement voulu rétablir la situation et réparer l’absence de prière au mont Moria. C’était cela la vérité de Ya'akov. Quand Hachem a vu qu’il voulait retourner en Erets Israël, il n’a pas voulu lui donner toute cette peine, un miracle lui a été fait et il s’y est trouvé tout de suite. En quoi cela consistait-il ? Comme le dit Rachi, le mont Moria s’est déraciné et est venu à sa rencontre, pour répondre à son désir d’y prier (ce n’est pas Ya'akov qui est arrivé miraculeusement au mont Moria, mais l’inverse). Mais Ya'akov, qui avait compris qu’il avait commis une erreur, n’a pas voulu profiter du miracle et a cherché à continuer pour retrouver le mont Moria à son emplacement véritable. Lui qui était entièrement vérité, il ne s’est pas contenté de ce que le mont soit venu à sa rencontre, il a voulu réparer totalement, et a décidé de se conduire en fonction de la pure vérité et de retourner à l’endroit véritable du mont Moria, selon son intention première. Alors, quand Hachem a vu qu’il était absolument décidé à refaire tout le chemin, Il a dressé le monde comme un mur pour qu’il ne puisse pas continuer sa route. C’est ici le lieu de remarquer un point supplémentaire à propos de la caractéristique de vérité de Ya'akov. Quand il est arrivé à ‘Haran après les fatigues de la route, il s’est rappelé qu’il n’avait pas prié au mont Moria, et lui qui avait senti à ‘Haran le besoin de prier Hachem de le sauver de Lavan qui faisait partie de la bande d’impies qui l’entourait, il a immédiatement eu l’intention de revenir au mont Moria pour y prier à ce propos, même s’il aurait pu se dire que s’étant déjà préparé pendant quatorze ans dans le beit hamidrach de Chem et Ever, il était protégé de l’influence des méchants par le mérite de la Torah qu’il avait apprise. Sans compter que son père Yitz’hak l’avait envoyé et lui avait donné sa bénédiction avant son départ pour ‘Haran. Malgré tout cela, Ya'akov a surmonté son désir naturel de rester à ‘Haran sans se fatiguer à refaire la route jusqu’au mont Moria, et il est immédiatement revenu sur ses pas. Ici se dévoile devant nous dans toute sa puissance l’amour de la vérité de Ya'akov, en cela qu’il a fait abstraction de tout intérêt personnel. Il a recherché la vérité à l’état pur et a cherché à la manifester à tout prix. LES PAROLES DES SAGES Faire de ses nuits des jours « Il prit des pierres de l’endroit, les plaça sous sa tête et il se coucha à cet endroit » (Béréchit 28, 11) Les Sages observent qu’il est écrit « à cet endroit », ce qui nous enseigne que pendant les quatorze ans pendant lesquels il avait étudié la Torah chez Chem et Ever, il ne s’était pas couché pendant la nuit. Combien sont merveilleuses et encourageantes les paroles de nos Sages, qui ont estimé bon de préciser les choses pour décrire pour toutes les générations l’assiduité dans la Torah du saint d’Israël, qui était bien sur terre mais dont la tête arrivait jusqu’au ciel ! Pendant les quatorze ans qu’il a passés à étudier la Torah, il ne s’est pas couché pendant la nuit, et ce dévouement, c’est cela qui soutient ses descendants après lui, cette race sainte, dans leur consécration totale à l’étude et à l’accomplissement de l’ordre du Créateur « Tu l’étudieras jour et nuit ». Dans notre génération, nous méritons de voir de nos propres yeux des grands de la Torah qui renoncent au sommeil et dont toute l’aspiration pendant la nuit est uniquement d’étudier la Torah. (Et d’après des personnes de confiance qui ont accompagné dans ses voyages notre maître Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita, ils ont constaté des choses de ce genre sur son assiduité dans l’étude de la Torah sans se permettre la moindre somnolence.) L’amour de la Torah qui brûle en eux ne leur permet pas de se reposer tant que la souguia qu’ils étudient n’est pas parfaitement éclaircie, et tant qu’ils ne sont pas arrivés à une halakha claire dans la pratique. Chers enfants, allez dormir Ceux qui ont adopté ces coutumes remarquables sont, comme nous l’avons dit, les grands de la Torah qui sont parvenus à des niveaux très élevés dans l’étude de la Torah. Mais en ce qui concerne les élèves, les jeunes du troupeau, leur attitude est totalement différente. Il faut veiller à la santé du corps et de l’âme, et donner au corps ce dont il a besoin sans le pousser à des excès. Tout doit être dans la juste mesure. Le livre « Ha’Hafets ‘Haïm OuPoalo » (Le ‘Hafets ‘Haïm et son œuvre) rapporte l’histoire de Rabbi Yitz’hak Méïr ben Mena’hem (Patchiner) זצ''ל, qui a eu la chance d’étudier dans la yéchiva du ‘Hafets ‘Haïm à Radin pendant cinq ans, à partir de 5670. Il raconte : Une nuit, nous étions un groupe d’élèves important dans le hall de la yéchiva, en train d’étudier avec une immense assiduité. Il était déjà minuit passé, mais à cette merveilleuse époque, qui regardait la montre ? Qui écoutait ses sonneries, alors que tout notre intérêt et toute notre attention étaient d’écouter les voix des Tannaïm et des Amoraïm qui montaient des pages de la Guemara ! Tout à coup, la porte du hall s’ouvrit, et notre maître le ‘Hafets ‘Haïm entra avec son gendre le Rav Tsvi. Ces deux saintes personnalités, ces monuments de Torah et de crainte du Ciel, nous accordaient une visite à minuit, l’heure où les portes de la miséricorde sont largement ouvertes pour accueillir les voix de l’étude de la Torah qui montent vers les cieux. L’heure où la harpe se met à jouer d’elle-même. Cet événement imprévu provoqua chez nous un enthousiasme supplémentaire dans l’étude, et notre assiduité se renforça d’autant. Mais voici que le ‘Hafets ‘Haïm fit un signe de la main pour indiquer qu’il désirait nous dire quelque chose. Naturellement, le silence régna immédiatement, et nous tendîmes tous l’oreille pour écouter ce que le gaon d’Israël avait à dire à ses élèves au milieu de la nuit. Et voici que sa voix s’éleva : « Chers enfants ! Allez dormir, il est déjà minuit. Il vous est interdit de trop vous fatiguer et de vous affaiblir, allez dormir, c’est ce que la Torah vous ordonne. Mes chers enfants, allez dormir. » C’était cela le chant de la nuit que nous avons entendu de sa bouche dans le silence de la nuit. Mais il est étrange que ce que nous avons entendu alors a eu sur nous l’effet exactement inverse. Nous avions l’impression d’avoir entendu des paroles d’éveil pour nous renforcer dans l’étude de la Torah et ajouter encore à notre assiduité. C’est pourquoi non seulement nous n’avons pas cessé d’étudier, mais nous avons continué avec encore plus d’énergie et d’enthousiasme, bien que toute parole sortie de la bouche du ‘Hafets ‘Haïm ait toujours été sacrée pour nous. Mais nous étions presque des enfants, ajoute Rabbi Yitz’hak Méïr, des enfants purs et innocents, et notre cœur était rempli de l’enthousiasme de la pureté et de la jeunesse. Quand le ‘Hafets ‘Haïm vit que non seulement nous n’avions pas arrêté d’étudier mais que nous continuions avec encore plus d’enthousiasme, il grimpa lui-même sur un banc pour réduire la lumière de la lampe (à cette époque, il n’y avait pas encore l’électricité à Radin, et on éclairait la yéchiva avec de grandes lampes à pétrole). Il passa ainsi de lampe en lampe, en montant et en descendant du banc, jusqu’à ce qu’il ait baissé toutes les lumières, puis il répéta sa requête : « Mes chers enfants, allez dormir. » Qu’est ce que c’est que « le lever du soir » ? Rabbi Avraham Mordekhaï זצ''ל, le Admor de Gour, avait l’habitude de louer l’habitude de se lever tôt, et veillait aussi à aller dormir la nuit en fonction des besoins, à partir d’une heure précise (cité dans le livre « Roch Goulat Ariel »). Par ailleurs, même quand il arrivait qu’il n’ait presque pas dormi de la nuit, il se réveillait avec l’aube, au moment fixé. Il avait l’habitude de citer la michna qui commence par : « Voici les choses dont on mange les fruits en ce monde et dont le capital vous est gardé pour le monde à venir », où les Sages évoquent entre autres « se lever pour aller étudier le matin et le soir ». Le Rabbi a posé la question suivante, et y a répondu au nom de son père le Sefat Emet : « Qu’est-ce que c’est que se lever le soir ? Le soir on va se coucher, et on ne se lève pas ! C’est pour nous enseigner que le lever du matin commence dès le soir. Si on ne va pas dormir tôt, on ne pourra pas se lever tôt. » A ce propos, son fils l’Admor Rabbi Pin’has Mena’hem זצ''ל a raconté ce qu’il a entendu d’un juif qui vivait à Varsovie dans le voisinage de Rabbi Avraham Mordekhaï à l’époque de la Première guerre mondiale, et observait dans la mesure du possible les faits et gestes de l’Admor. Il s’était aperçu que toutes les nuits à la même heure la lumière s’éteignait dans la chambre du Rabbi, et aussi que dès l’aube elle se rallumait à heure fixe. Cette régularité s’était maintenue pendant toute la période en question, avec une précision qui le stupéfiait. Une nuit, il y eut une réunion chez Rabbi Avraham Mordekhaï, où beaucoup d’Admorim arrivèrent en cabriolets. Ce voisin se dit : Ce soir, la lumière ne va certainement pas s’éteindre chez le Rabbi à l’heure habituelle. Mais à sa grande surprise, il vit par la fenêtre qu’à l’approche de l’heure habituelle de l’extinction des feux, les invités quittèrent la maison, et quand les aiguilles de la montre indiquèrent exactement le moment habituel, la lumière s’éteignit. GARDE TA LANGUE Se méfier sans croire Si quelqu’un vient vous raconter du lachon hara, il faut commencer par lui demander si cela comporte une quelconque utilité, et s’il répond qu’oui, il est permis d’écouter ce qu’il a à dire et d’en tenir compte, mais pas de le croire. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita « Il rencontra le lieu et y dormit car le soleil s’était couché » (Béréchit 28, 11) Les Sages, cités par Rachi sur le mot « vayifga » (il rencontra) ont dit là-dessus (Berakhot 26b), qu’il s’agit d’un terme qui désigne la prière. Cela nous enseigne que Ya'akov a institué une prière. Et effectivement, les Sages ont dit dans la Guemara que les Patriarches ont institué les trois prières. Avraham a institué la prière de cha’harit, Yitz’hak celle de min’ha et Ya'akov celle d’arvit. J’ai pensé expliquer pourquoi Ya'akov a institué justement la prière d’arvit, et quelle est la grandeur de cette prière de la nuit par rapport aux deux prières qu’ont institué Avraham et Yitz’hak, cha’harit et min’ha. Tant que Ya'akov était dans la maison de son père et de sa mère les tsaddikim, Yitz’hak et Rivka, il priait comme ses ancêtres, Avraham et Yitz’hak, mais maintenant, quand il a dû quitter la maison pour partir à ‘Haran, il s’est rappelé que Lavan y habitait, alors il a su que ces deux prières par jour ne suffisaient pas et qu’il devait donc ajouter une autre prière aux deux qui existaient déjà. C’est pourquoi il a envisagé de retourner, en se disant : « L’endroit où ont prié mes ancêtres, où ils ont institué des prières, est-ce que je ne dois pas y instituer la prière supplémentaire d’arvit, afin d’être préservé des forces impures de la nuit ? » De plus, il a ajouté : il est vrai que c’est ici que le mérite de mes pères m’a aidé et que j’ai été sauvé d’Essav le mauvais, ici que le mérite de la Torah m’a aidé à être sauvé, mais là-bas, à ‘Haran, dans cet endroit impie, sans Torah et sans bonnes actions, il est certain que ces deux prières ne suffiront pas à me protéger. C’est pourquoi il a décidé de revenir, afin d’instituer une prière supplémentaire. Et alors, immédiatement, le Saint, béni soit-Il a déraciné le mont Moria pour l’amener vers lui, et il y a prié et a institué la prière d’arvit comme protection. Il s’est dévoué entièrement pour cette prière, qui a une grande puissance et que l’on peut dire toute la nuit, en particulier pendant les longues nuits d’hiver. En effet, arvit a la force de protéger de l’obscurité de la nuit, car en hiver les jours sont courts et comprennent deux prières, cha’harit et min’ha, alors que la prière d’arvit protège dans les moments sombres. Cela m’a fait réfléchir à la grandeur de la prière. En effet, nous ne trouvons presque aucun juif que l’on rapproche du judaïsme en lui enseignant les halakhot de Chabbat, les halakhot de la pureté les halakhot des divers prélèvements, et ainsi de suite, car un juif qui est éloigné de la Torah et des mitsvot ne comprend pas que cela va le rapprocher du judaïsme. Au contraire, il va encore se moquer de tout ce qu’il entend. Alors comment l’attire-t-on ? En lui enseignant la prière, croire dans le Créateur du monde, ce qui ouvre son cœur à l’amour et à la crainte de Hachem. C’est seulement comme cela, par la force de la prière et l’aide du Ciel, qu’il est possible de rapprocher un juif de son Créateur. A LA SOURCE « Voici que des anges de D. y montent et en descendent » (28, 12) Comme les anges ont leur demeure chez les êtres célestes, ils auraient dû d’abord descendre et ensuite seulement remonter, alors pourquoi ici est-il dit « y montent et en descendent » ? Rachi explique que les anges d’Erets Israël qui l’avaient accompagné jusque là sont remontés au ciel, et que les anges de l’extérieur sont descendus. Mais Rabbi ‘Haïm Berlin a expliqué que même si le verset parle des mêmes anges, il n’y a pas lieu de s’étonner. A quoi est-ce que cela ressemble ? Au « mizra’h » (le côté est) de la synagogue, qui, parce que l’Arche s’y trouve, est considéré comme un lieu supérieur, si bien qu’on considère que ceux qui viennent de ce côté « montent ». Mais si l’on transporte l’Arche à l’ouest, c’est ce côté-là qui prendra de l’importance, et ceux qui s’y trouvent qui seront considérés comme supérieurs. C’est pourquoi comme il est dit ici « Voici que Hachem Se dresse au-dessus de lui », à ce moment-là la terre a pris une importance supérieure et est considérée comme un côté élevé, donc pour les anges qui sont venus de leur résidence dans les cieux, il est important d’y « monter », et pour ceux qui sont montés dans le ciel, c’est considéré comme s’ils y étaient « descendus ». « Et il dit : le jour est encore haut, ce n’est pas le moment de rassembler le troupeau » (29, 7) D’après le commentaire de Rachi, comme il les a vus couchés avec le troupeau, il a pensé qu’ils avaient terminé leur travail, c’est pourquoi il leur a fait remarquer qu’ils étaient employés à la journée, que « le jour est encore haut » et qu’ils n’avaient pas encore accompli leur devoir. Et si les bêtes étaient à eux, malgré tout « ce n’est pas le moment de rassembler le troupeau ». Le Rav de Poniewitz זצ''ל s’étonnait : C’est extraordinaire, comment est-ce qu’un étranger à la ville, que personne ne connaît, se permet de venir les juger ? Il les réprimande ouvertement et leur reproche leur conduite, et de plus ils acceptent ces critiques avec compréhension, et au lieu de le renvoyer de là, ils s’excusent devant lui : « Nous ne le pouvons pas avant que tous les troupeaux soient rassemblés et qu’on puisse rouler la pierre » ! L’explication en est que nous trouvons plus haut qu’au début de son discours, « Ya'akov leur dit : mes frères, d’où êtes-vous ? », ce sont des mots de fraternité et d’amitié. Et comme ils ont immédiatement perçu en lui l’amour du prochain et la chaleur humaine, ils ont compris qu’il les aimait sincèrement. C’est pourquoi ils ont accepté ce qu’il disait. Car les reproches qui viennent d’un cœur aimant sont immédiatement acceptés. « Ya'akov dit : tu ne me donneras rien » (30, 31) Lavan a voulu lui fixer d’avance un salaire régulier, explique Rabbi David Kim’hi, mais Ya'akov lui a répondu : « Tu ne me donneras rien », parce que s’il y a un salaire fixe et certain d’avance, je risque de détourner ma pensée de la confiance en D., or moi je souhaite recevoir ma subsistance directement de Sa main, en fonction de ce qu’Il m’attribuera parmi ce qui naîtra dans le troupeau, que je ne sois pas certain d’avance du moindre sou, et ainsi j’aurai les yeux tournés vers Lui Qui me donne ma nourriture en son temps. Je ne veux certainement pas recevoir un salaire fixe. LA VIE DANS LA PARACHA A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar « Ya'akov sortit de Beershéva et alla vers ‘Haran » (28, 14) Cette paracha fait allusion à l’homme, comme l’ont dit nos Sages (Zohar I 147a). « Ya'akov sortit », c’est l’âme lorsqu’elle sort du monde supérieur. Elle s’appelle Ya'akov à cause du mauvais penchant qui est attaché à ses talons (akevav). « De Beershéva », l’endroit d’où sortent les âmes s’appelle un puits (Beer) d’eau vive, et « shéva » fait allusion au serment (shevoua) de Hachem qui fait jurer à l’âme, lorsqu’elle sort, de ne pas transgresser la Torah (Nida 30b). « Alla vers ‘Haran », selon ce qu’ont dit les Sages (Sanhédrin 91b), que le mauvais penchant rentre en l’homme lorsqu’il sort de la matrice de sa mère, ainsi qu’il est écrit (ci-dessus 4, 7) : « Le péché est tapi à la porte ». « Il rencontra le lieu », parce que l’homme doit prier Hachem, qui est le lieu du monde, de ne pas l’abandonner au yetser hara. « Il dormit là car le soleil s’était couché », il faut se conduire ainsi jusqu’à ce qu’on quitte ce monde lorsque le soleil de l’homme se couche, et c’est ce que disent les Sages (Avot ch. 2 michna 5) : « Ne crois pas en toi-même jusqu’au jour de ta mort. » LES SENTIERS DES JUSTES Dans les biographies des sages d’Israël, on découvre à quel point ces derniers étaient sensibles à la mitsva du respect dû aux parents. Ils veillaient particulièrement à ne leur provoquer ni souffrance ni le moindre chagrin. On raconte par exemple que lorsqu’il était âgé de trois ans, le « Divrei ‘Haïm » de Zanz a reçu un coup violent à la jambe. Il en a d’ailleurs souffert jusque dans ses vieux jours. Quelques temps après, le gaon a confié qu’il n’avait pas parlé à sa mère de cet accident et s’était efforcé de lui dissimuler sa douleur. En effet, sachant qu’elle le chérissait beaucoup, il ne voulait pas lui faire de peine. Mais son pied a fini par enfler, l’empêchant ainsi de marcher. Ils se sont donc rendus chez le médecin, mais il était déjà trop tard pour agir. Le ‘Hazon Ich aussi, qui souffrait de douleurs intestinales depuis son jeune âge, veillait à ce que ses parents ne remarquent jamais ses spasmes. Pas une fois il n’a gémi, même un petit peu, en leur présence, afin de ne pas les attrister. Parfois, quand il étudiait avec son père au beit hamidrach et qu’il était pris de maux intenses, il se réfugiait dans l’oratoire pour femmes pour pouvoir se lamenter et se tordre de douleur. Dans le livre « Ana ‘Avda », l’auteur raconte que le tsaddik Rabbi Tsvi Kovalski accomplissait scrupuleusement la mitsva de respecter ses parents et avait coutume de rendre visite à sa mère régulièrement. Même quand il était malade, il ne renonçait pas à cette visite et surmontait sa grande faiblesse au prix de gros efforts. En agissant ainsi, il ne cherchait pas uniquement à accomplir la mitsva de respect des parents, mais il voulait aussi ne pas inquiéter sa mère. D’ailleurs, même quand il était retenu au lit à cause de sa maladie et qu’il ne pouvait pas aller la voir, il veillait à ce qu’elle n’ait pas connaissance de son état de santé. Il lui téléphonait et justifiait son absence pour qu’elle ne se doute pas que la santé de son fils s’était dégradée. Pour ne pas causer de peine à mon père Dès sa prime jeunesse, on a repéré chez le tsaddik Rabbi Baroukh Toledano des valeurs nobles et spirituelles qui le distinguaient des autres enfants de son âge. Alors qu’il était encore très jeune, sa tendre âme était déjà imprégnée d’une crainte divine authentique et pure, et la vérité était un phare qui guidait ses pas. Très sensible depuis son enfance, il était plein de compassion pour son prochain et cherchait toujours à lui faire du bien. Il respectait ses parents en alliant une grande sensibilité, de la réflexion et du sérieux qui émerveillaient tous ceux qui le connaissaient. Alors qu’il était âgé de neuf ans, Baroukh est tombé gravement malade. Alité, il pleurait et gémissait de douleur. Soudain, son père le gaon Rabbi Ya’akov est entré dans la chambre pour voir comment il allait. Mais dès que Baroukh l’a aperçu, il a cessé immédiatement de pleurer. S’armant de courage et de détermination, il a serré les dents pour s’empêcher de gémir afin que son père ne remarque pas sa souffrance. Au même moment, son ami Rabbi Yossef Messas, qui deviendra plus tard le Rav de la communauté séfarade de ‘Haïfa, lui tenait compagnie. Ebahi par la réaction de Rabbi Baroukh, il a attendu que son père quitte la chambre pour lui demander : « Comment as-tu réussi à te taire alors que tu souffres tellement ? » Le jeune Baroukh, âgé de neuf ans, a répondu : « Je ne voulais pas causer de peine à mon père. Je souffre déjà assez pour ne pas le faire souffrir aussi. » L’importance qu’il donnait au respect de son père et sa détermination se sont également exprimées dans l’histoire suivante : Dans l’ancienne synagogue de la famille Toledano, toute la famille au complet avait l’habitude de prier : les oncles, les cousins, les parents de la troisième et de la quatrième génération. Un jour, un des proches s’est montré insolent envers Rabbi Ya’akov Toledano. Son fils, Rabbi Baroukh, en a été profondément ébranlé. Une fois rentré chez lui, il a déclaré explicitement qu’il ne laisserait plus entrer cet homme à la synagogue tant qu’il ne se serait pas excusé auprès de son père. En entendant cette affirmation résolue, sa mère a tenté de l’en dissuader et lui a même dévoilé que cet homme allait bientôt être de leur famille par alliance et qu’il ne fallait donc pas le contrarier. Mais Rabbi Baroukh, qui se laissait guider par la vérité, ne s’est pas autorisé à renoncer à l’honneur de son père, même si cela devait annuler un chidoukh. « Si la chose provient de D., a-t-il dit, et que leur zivoug est prévu par le Ciel, le mariage aura lieu quoi qu’il en soit. Mais nous ne renoncerons pas à l’honneur de notre père ! » Et effectivement, Rabbi Baroukh ne s’est pas accordé de répit jusqu’à ce que cette personne se soit excusée auprès de son père. A une époque plus tardive, lors d’un repas de mitsva en l’honneur de la clôture d’un traité, Rabbi Baroukh s’est installé à une table avec son ami. Mais alors que tous mangeaient, lui n’a goûté à rien. Quand on lui a demandé « Pourquoi ne mangez-vous pas ? C’est pourtant un repas de mitsva ! », il a répondu qu’il jeûnait. Cédant à l’insistance de ses amis qui voulaient en connaître la raison, il leur a raconté : « Hier, j’ai accompagné mon père au beit din. Soudain, un des plaignants que mon père avait estimé coupable s’est mis à discuter avec lui avec colère pour prouver son innocence, et dans la discussion enflammée, il a usé de paroles mordantes à l’encontre de mon père. Je n’ai pas pu me taire et je l’ai réprimandé, malgré le désaccord de mon père qui a été contrarié que je vexe quelqu’un. Donc après avoir quitté le beit din, j’ai pris sur moi de jeûner pour être pardonné de la tristesse que j’ai causée à mon père. » Bien manger Voici un bon conseil pour mettre du baume au cœur des parents : Le machguia’h Rabbi Dan Segal a raconté qu’avant les vacances, les étudiants de la yéchiva Poniewitz ont demandé au machguia’h le gaon et tsaddik Rabbi Ye’hezkel Lewinstein quelle résolution ils pourraient prendre en rentrant à la maison. Voici quelle a été la réponse du machguia’h : « Efforcez-vous de bien manger à la maison. Cela réjouira votre mère. » LES LOIS DE LA VIE Lois et coutumes de la mitsva de respecter ses parents En ce qui concerne les enfants dont les parents sont des impies qui commettent des transgressions, Rabbi Yossef Caro estime dans le Choul’han Aroukh qu’ils ont le devoir de les respecter et de les craindre. D’autres (Rema) estiment qu’ils n’ont pas ce devoir jusqu’à ce qu’ils se soient repentis. Mais pour tout le monde, il est interdit de leur causer de la peine. De l’avis du Or Ha’Haïm, même dans la première opinion, si les parents manifestent une révolte ouverte contre D., ou s’ils transgressent toute la Torah, par exemple en profanant le Chabbat, les enfants n’ont pas le devoir de les respecter. Un fils adoptif doit manifester un certain respect à ses parents adoptifs par reconnaissance.
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