VAYICHLA'H 16 Novembre 2013 13 KISLEV 5774 |
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Se préserver des méchants en temps de paix (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) « Ya’akov envoya des messagers en avant, vers Essav son frère, au pays de Séïr, dans la campagne d’Edom. » (Béréchit 32, 4) Dans son livre « Pitou’hei ‘Hotam », le saint kabbaliste Rav Ya’akov Abou’hatsira souligne que le mot « en avant » (lefanav) semble ici superflu et qu’on aurait pu dire simplement « Ya’akov envoya des messagers vers Essav son frère. » Que vient donc nous apprendre ici l’expression « en avant » ? Ya’akov s’était préparé de trois manières à la rencontre avec Essav son frère : en lui réservant un cadeau, en priant et en se préparant à la guerre (Yalkout Chim’oni Vayichla’h, paragraphe 131). En d’autres termes, il a tracé le chemin pour ses enfants afin que, dans chaque situation, en période de paix comme en temps de guerre ou même quand leur prière sera écoutée, ils se trouvent prêts à combattre Essav l’impie et les non-juifs qui cherchent à nous anéantir et à nous exterminer. Tel est le sens de l’expression « en avant » : nous devons toujours être avant l’ennemi, laisser une grande distance entre les bnei Israël et le mauvais penchant qui occupe le cœur des impies. Nous devons être constamment en état de guerre contre l’ennemi, non seulement lorsque celui-ci se prépare au combat, mais aussi en temps de paix, lorsque les impies cherchent à se lier à nous. Il nous incombe de toujours rester éloignés de l’influence des goyim qui, par différents stratagèmes, cherchent à nous attirer vers leur mode, leurs actes et leurs chemins de vie pervers. Ainsi, nous accomplirons en nous le verset (Bemidbar 23, 9) « Ce peuple vit solitaire, il ne se confondra point avec les nations », et dans le même esprit : « Nulle puissance étrangère ne le seconde » (Devarim 32, 12), tout cela afin de ne pas nous assimiler aux peuples étrangers. Comment y parviendrons-nous ? En accomplissant la Torah et les mitsvot, en étudiant davantage et en redoublant de crainte divine. En effet, en agissant ainsi, nous créons des anges positifs qui nous protègent, car on sait (Avot 4, 11) que de chaque mitsva est créé un ange défenseur qui nous protège, et ces anges font office de barrière entre la descendance de Ya’akov et celle d’Essav l’impie. Cependant, il nous est interdit de compter exclusivement sur les mitsvot à partir desquelles des anges ont déjà été créés. Il faudra continuer à accomplir des mitsvot avec encore plus d’énergie et de détermination. En effet, plus les anges sont nombreux, plus nous serons protégés de l’influence des nations du monde qui ne faiblissent jamais et dont tout le but est de défier les bnei Israël et de les anéantir. Il est dit ici « Ya’akov envoya des messagers (malakhim) en avant » (Béréchit 32, 4), et nos Sages expliquent (Béréchit Rabba 75, 4) : « ce sont réellement des anges (malakhim) ». En d’autres termes, Ya’akov a envoyé à Essav des anges créés à partir des mitsvot qu’il avait accomplies. Il les a envoyés « en avant », dans l’esprit du verset « ta vertu marchera devant toi » (Isaïe 58, 8), afin qu’ils servent de séparation entre lui et Essav. C’est ce que Ya’akov a envoyé dire à Essav : « J’ai séjourné chez Lavan et prolongé mon séjour jusqu’à présent », verset sur lequel nos Sages expliquent (Midrach Aggada) « Et j’ai observé les 613 mitsvot ». En d’autres termes, Ya’akov dit « Je ne me suis pas contenté des mitsvot que j’avais accomplies dans la maison de mon père. J’ai continué à en réaliser et à créer des anges, même à ‘Haran, chez Lavan l’Araméen. Et si là-bas les anges m’ont gardé, a fortiori me protègeront-ils maintenant de ta mauvaise influence. Je n’ai donc plus qu’à me reposer sur mon père du Ciel. » Ainsi, Ya’akov ne voulait pas s’attacher à Essav, même en temps de paix. La preuve en est que même après leur rencontre, quand Essav court pour enlacer et embrasser son frère, celui-ci réagit en montrant à ses descendants qu’il ne faut pas se mêler aux nations du monde. De quelle façon ? Essav a proposé à Ya’akov « Partons et marchons ensemble ; je me conformerai à ton pas » (ibid. 33, 12) afin de se lier à lui, mais son frère a immédiatement répondu « Mon seigneur sait que ces enfants sont délicats… si on les surmène un seul jour, tout le jeune bétail périra » (ibid. 13). En d’autres termes, « Mes enfants ne sont pas habitués à être attirés par ce monde-ci, car leur chemin est de suivre uniquement la Torah et les mitsvot. ‘‘Si on les surmène un seul jour’’, c’est-à-dire si tu t’associes à eux un seul jour, tu les influenceras en mal, et alors ‘‘tout le jeune bétail périra.’’ C’est pourquoi, nous devons garder nos distances et ne même pas être voisins, car un mauvais voisin est susceptible de mener à une dégradation dans le service divin. » C’est ce que Ya’akov a ensuite dit à Essav : « selon le pas (réguel) de la suite qui m’accompagne et selon le pas (réguel) des enfants ». Or, le service divin est appelé « réguel », comme il est dit (Chemot 23, 14) « Trois fois l’an, tu célèbreras des fêtes (régalim) en Mon honneur. » « Puisque toi, Essav, tu habites le mont Séïr, mon lieu à moi est Jérusalem, loin de toi, là où je pourrai monter et être présent pour servir D. » J’ai trouvé un soutien à mes propos dans le livre « Beer Mé’hokek » qui rapporte les paroles du Ramban au début de la paracha : « Cela nous enseigne qu’il ne s’est pas reposé sur sa piété et a essayé, par tous les moyens, de se protéger. Il y a ici une allusion pour les générations suivantes. Nous devrions donc adopter la façon de faire du tsaddik en nous préparant, nous aussi, de trois manières, à la confrontation avec l’impie : en priant, en lui réservant un cadeau, et en envisageant une guerre. » Il y a lieu d’approfondir plus longuement les paroles du Ramban. Quand j’ai lu ce merveilleux commentaire, j’ai été transporté de joie, car il s’agit vraiment d’une preuve à tout ce que nous venons de dire. Ya’akov a tracé le chemin pour toutes les générations à venir, en montrant clairement qu’il ne faut pas se rapprocher de l’impie. Nous devons toujours nous tenir prêts à l’affronter, tant en temps de paix qu’en temps de guerre, et même quand il veut se lier à nous. En effet, nous devons garder nos distances en toute situation, car sa proximité ne peut être que destructrice. Et même quand il nous montre des signes d’affection, nous devons adopter l’attitude « Respecte-le, mais reste méfiant », augmenter notre temps d’étude et redoubler de crainte divine. HISTOIRE VECUE « Il appela ses frères pour manger » (Béréchit 31, 54) Ceux qui entraient au beit hamidrach de Rabbi Chemouël Eliezer Eidels, le Maharcha, commentateur de la Guemara, en ressentaient une joie toute particulière. Sa noblesse et sa grandeur faisaient constamment régner autour de lui une atmosphère de détente et de sérénité, si bien que beaucoup des habitants de la ville venaient prier chez lui régulièrement. Il n’est pas étonnant que lorsque Reb Chemouël le boulanger arriva un jour au beit hamidrach avec le visage triste, cela attira immédiatement l’attention du Maharcha. Au moment de se préparer à la prière, il scrutait le visage des fidèles à la dérobée, et cela lui suffisait pour comprendre de quelle humeur ils étaient et ce qui se passait en eux. « Il y a déjà longtemps que Reb Chemouël arrive à la prière au beit hamidrach, et il n’a jamais fait pareille figure. Il lui est peut-être arrivé quelque chose. Je vais aller le lui demander », se dit le Maharcha, et au moment de vérifier les fils des tsitsit, il s’approcha de la place de Reb Chemouël. En voyant le Maharcha en personne s’approcher de lui, Reb Chemouël se leva respectueusement et tenta de prendre une contenance ordinaire et d’amener un sourire sur ses lèvres, mais avec grande difficulté. Avec douceur et amour, le Maharcha s’adressa à lui et lui demanda : « Mon cher Reb Chemouël, peut-être qu’il vous est arrivé quelque chose, pourquoi avez-vous l’air tellement triste ? Si c’est à cause des préparations à la prière, c’est justement dans la joie qu’une prière est le mieux acceptée. » Reb Chemouël fut incapable de cacher ce qui le tourmentait, et les larmes aux yeux, il se mit à parler sans pouvoir s’arrêter : « Rabbeinou, vous savez qu’il y a quelques années, notre famille est venue habiter ici, à Ostra. Jusqu’à présent, ma femme gagnait sa vie en faisant de la couture et des retouches, et moi en cuisant du pain et des petits pains pour les habitants de la ville. Nous n’avons jamais connu la prospérité, mais nous ne nous plaignions pas et nous nous contentions de peu. « Depuis quelque temps, ma femme souffre des articulations de la main et elle ne peut plus travailler comme avant. De plus, elle a besoin de médicaments chers. Tout le poids de notre subsistance est tombé sur moi. Pour compléter ce que ma femme ne gagne plus, je travaille deux nuits par semaine pour préparer une double quantité de pain, afin de le vendre le jour du grand marché. « La plupart de ceux qui viennent au marché habitent des villages plus ou moins lointains. Je croyais innocemment qu’après un jour épuisant, ils seraient certainement heureux de trouver du pain frais, et que je ferais un bon bénéfice. « Mais cette semaine, j’ai été cruellement déçu. Cette fois aussi j’ai travaillé dur pendant longtemps, avec beaucoup de frais, à pétrir et cuire une grande quantité de pain pour le vendre au marché. Hier, après avoir passé un jour entier derrière mon étal, je me suis aperçu que je n’avais vendu en tout et pour tout que quelques pains. Je suis rentré à la maison avec presque toute ma marchandise et les poches vides. « Mes enfants, qui espéraient qu’ils allaient pouvoir acheter des chaussures neuves parce que les leurs étaient déchirées, ont compris qu’ils avaient intérêt à arrêter de rêver. Et pendant ce temps-là, mes dettes ne cessent de gonfler, et je n’ai même pas de quoi payer le loyer. « Dites-moi, Rabbeinou, comment est-ce que je vais pouvoir tenir, qu’est-ce que je vais faire ? » termina Reb Chemouël en un cri désespéré. Le Maharcha réfléchissait intensément. Il était impossible de laisser cela pour après la prière, sans compter que peut-être, grâce à lui, Reb Chemouël pourrait prier avec joie, comme à son habitude. Tout à coup, ses yeux se mirent à briller et il s’écria : « C’est vraiment providentiel ! Justement aujourd’hui, ma femme m’a dit qu’elle ne savait pas comment il était possible de commander une grande quantité de pain pour le repas de yahrzeit de son père, car tous les membres de la famille se rassemblent chez nous à cette occasion. « Je vous en prie, si vous pouvez nous rendre le service d’amener toute la marchandise que vous avez à la maison, je vous paierai bien. » Le boulanger était éperdu d’émotion. Son visage brillait, et après avoir promis au Maharcha de répondre à sa demande immédiatement après la prière, il se mit à prier avec joie et allégresse comme à son habitude. La femme du Maharcha fut stupéfaite à la vue de cet hôte inattendu, lorsqu’il frappa à sa porte et se mit à livrer énergiquement l’un après l’autre de lourds paniers chargés de pains, mais elle eut la finesse de se taire. Le boulanger reçut l’argent du Maharcha et rentra chez lui rayonnant de bonheur. Le Maharcha lui-même n’était pas encore tranquille. Il s’efforçait de trouver un moyen de fournir à ce pauvre juif une solution permanente, sans qu’il ait besoin d’avoir recours à l’aumône. Après réflexion, il eut une idée. Doucement et discrètement, il fit ce qu’il fit, dit ce qu’il dit, et alors seulement il se tranquillisa et rentra chez lui. Le lendemain matin, on entendit frapper des coups à la porte de la maison du boulanger. Reb Chemouël ouvrit la porte et resta bouche bée. Avec des yeux émerveillés, il regardait l’homme qui se tenait à la porte. C’était l’envoyé du duc, qui vivait dans un château royal aux environs de la ville, avec une requête : après avoir entendu parler de la qualité du pain fait par Reb Chemouël, il voulait commander régulièrement cent miches par jour pour tout le personnel du château. Pour Reb Chemouël, c’était vraiment un cadeau du ciel. A partir de ce moment-là, sa situation changea radicalement. Au bout de peu de temps, le boulanger concurrent quitta la ville, et tous ses clients s’adressèrent à Reb Chemouël. Sa petite boutique, qui était jusqu’alors presque vide, était bourdonnante de monde à toute heure de la journée. Peu de temps après, sa femme guérit de sa maladie et reprit son travail. Il ne savait pas combien le Maharcha avait prié afin d’éveiller pour lui-même et sa femme la miséricorde divine, mais quand sa femme elle aussi fut totalement guérie, il courut chez lui avec joie pour lui annoncer la bonne nouvelle. Après tout, le Maharcha était le seul qui avait vu sa détresse, il convenait donc qu’il voie aussi sa joie… GARDE TA LANGUE Sans être d’accord Quand on entend de quelqu’un une histoire dont on sait qu’elle est vraie, qu’il est possible de juger favorablement, mais que le locuteur voit du mauvais côté et juge défavorablement, si l’auditeur manifeste son accord, il transgresse l’interdiction de croire du lachon hara. Cela s’applique même à quelqu’un d’ordinaire, et à plus forte raison si on juge défavorablement un homme pieux. Dans ce cas, en acceptant l’interprétation du locuteur, on transgresse l’interdiction de croire du lachon hara. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Ya'akov sait se contenter de peu « Ya'akov envoa des anges devant lui » (Béréchit 32, 4) Les anges que Ya'akov a envoyés à son frère Essav étaient les mêmes qui avaient été créés par ses bonnes intentions de faire des mitsvot, et c’étaient des envoyés destinés à faire prendre à Essav le droit chemin et à le ramener à D. Mais comme Essav n’en avait pas l’intention, ils se sont transformés en ennemis pour lui, et ont vraiment cherché à le tuer, comme les Sages nous le racontent (Tan’houma Vayichla’h 3). Ya'akov lui-même, voyant qu’aucun moyen n’était bon pour mener Essav à la techouva, a décidé de partir en guerre contre lui, et effectivement il l’a vaincu, à l’époque et pour toutes les générations. C’est ici le lieu de raconter ce que j’ai vu de mes propres yeux au moment où j’écrivais cela. J’étais en voyage pour aller d’Erets Israël en France, et à côté de moi dans l’avion était assis un homme qui a reçu du steward un morceau de gâteau dans un sachet en plastique. Quand il n’a pas réussi à l’ouvrir, il a donné le sachet à mon secrétaire, mais lui non plus n’a pas réussi. Alors, je lui ai proposé de partager mes biscuits cashers. Mais à ce moment-là, il a sauté de joie car il avait réussi à ouvrir son sachet, et il a mangé le gâteau avec un plaisir extrême. Toute sa physionomie exprimait un éclat céleste… En voyant cela, je me suis mis moi aussi à sourire, mais cela m’a immédiatement attristé, quand je me suis rappelé que lorsque je rentre chez moi pour manger, moi aussi j’ai un visage radieux. Alors, je me suis dit : pourquoi le visage ne sourit-il que pour des choses matérielles et non pour des choses spirituelles, comme l’étude de la Torah, la prière, l’accomplissement des mitsvot et ainsi de suite, puisqu’il est dit (Téhilim 100, 2) : « Servez Hachem dans la joie » ? Et effectivement, c’est ce qui s’est passé avec Ya'akov. Quand il vu que seules des choses matérielles rendaient Essav heureux, qu’il ne se réjouissait que des vanités de ce monde, il a décidé de s’éloigner de lui le plus possible, c’est pourquoi il lui a envoyé dire que toute sa richesse et toute sa matérialité ne valaient pas davantage pour lui qu’un seul taureau, un seul âne, un seul mouton, un seul serviteur et une seule servante, car tout cela dépend uniquement du Saint, béni soit-Il, de sa Torah et de ses mitsvot. Mais Essav n’était pas disposé à accepter ces reproches, il voulait continuer à vivre de son épée, en accord avec la bénédiction de son père (Béréchit 27, 40), c’est pourquoi il est tombé devant Ya'akov. Nous voyons de là combien les désirs de ce monde-ci peuvent aveugler les gens, et de plus, ils ne se repentent pas le moins du monde, comme l’ont dit les Sages (Erouvin 19a) : Les impies ne se repentent pas même à la porte du Guéhénom. En effet Essav, bien qu’étant conscient que la vérité était chez Ya'akov, ne s’est pas repenti, parce que le désir de l’argent et des honneurs lui a fait perdre la tête et oublier son Créateur. Il ne voulait pas étudier la Torah ni se contenter de peu, parce qu’il aspirait à tout ce que peut donner ce monde-ci. Et il ne voulait pas acquérir de l’argent légalement, comme l’a fait Ya'akov, qui a mérité les deux mondes, parce qu’Essav était entièrement convoitise pour les biens de ce monde-ci. A LA SOURCE « Je suis trop petit pour toutes les bontés et toute la vérité » (32, 11) Rabbi Tsvi Elimélekh de Dinow a expliqué que la voie d’un véritable tsaddik est que tant qu’il sent qu’il attire à lui la bonté de D., et que du Ciel on lui envoie toutes sortes de bonnes choses, il se fait immédiatement du souci : peut-être que le Saint, béni soit-Il lui donne sa récompense en ce monde pour le perdre, et souhaite ainsi le chasser ? Immédiatement, le tsaddik ouvre la bouche et supplie le maître du monde : « Je suis trop petit pour toutes les bontés. » Qu’est-ce que j’ai fait comme mitsvot et bonnes actions, qu’est-ce que Hachem me fait… « C’est pourquoi les bnei Israël ne mangent pas le nerf sciatique » (32, 33) Pendant l’année, chaque juif doit jeûner six fois : le jeûne de Guedalia qui a lieu le 3 Tichri, Yom Kippour le 10 Tichri, le 10 Tévet, le jeûne d’Esther le 3 Adar, le 17 Tamouz et le 9 Av. Et tous ces jeûnes font allusion, d’après le « Siftei Cohen », au paroles du verset « c’est pourquoi les bnei Israël ne mangent pas le nerf sciatique » (« ett guid hanaché ») : « Ett » est un acronyme de « ta’anit Esther » et de « ticha Be’Av ». « Guid » est un acronyme de « guimel tichri », « youd tichri », « youd tévet », et « youd guimel » (13), c’est-à-dire le jeûne d’Esther. « Guid » a également la valeur numérique de 17, ce qui correspond au 17 Tamouz. « Hanaché » est un anagramme de « hachana », car en ces jours de l’année, les bnei Israël ne mangent pas, parce que ce sont des jours de jeûne. « Voici les engendrements d’Essav, qui est Edom » (36, 1) Dans son livre « Torat Haparacha », Rabbi Aharon Zakaï chelita explique ce verset de la façon suivante : Essav, qui était un homme de désir, a dit « Fais-moi avaler de ce rouge, ce rouge », et il a légué ses désirs à ses descendants après lui. C’est ce que dit le verset : « Voici les engendrements d’Essav, qui est Edom », pour nous enseigner que les descendants d’Essav ont hérité de lui ses désirs, manifestés par l’envie de manger du « rouge » (adom, Edom). La vie dans la paracha A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar « Les anges revinrent vers Ya'akov en disant » Cela signifie qu’ils lui ont donné une réponse et lui ont dit « nous sommes allés trouver ton frère », à savoir qu’il fait montre de se comporter en frère, alors qu’en vérité il est Essav qui est rempli de haine. « Et il vient à ta rencontre » : il vient vers toi avec fraternité « accompagné de quatre cents hommes », avec de mauvaises pensées. « Nous sommes allés trouver ton frère » en faisant bonne contenance, mais nous lui avons montré également un visage de colère, car selon la vérité il est Essav, sans aucun fraternité. C’est ce qu’ont dit les Sages (Béréchit Rabba) qu’ils lui ont montré des camps de cavaliers de feu, pour lui faire peur s’il ne se conduisait pas avec fraternité. La raison pour laquelle ils ont donné différents aspects à leur mission est qu’il montrait extérieurement de la fraternité alors qu’il était différent dans son cœur, c’est pourquoi ils ont accompli leur mission de deux façons, correspondant à son comportement. » LES SENTIERS DES JUSTES POUR ACQUERIR LES VALEURS ET LES BONNES MIDOT « Rabbi Alexandri a dit au nom de Rabbi Chimon ben Lakich : voyez combien grand est le mérite de celui qui respecte ses parents. Quiconque respecte ses parents, cela le soutient. Non seulement cela, mais il rapproche la délivrance d’Israël, ainsi qu’il est dit : « Voici que je vous envoie le prophète Elie avant le grand et terrible jour, et il ramènera le cœur de pères vers les enfants et le cœur des enfants vers leur père » (Midrach cité dans le livre « Mea Chéarim » de Rabbeinou Eliahou fils de Rabbi Elkana Capsali, ch. 9). Voici ce qu’a raconté le gaon Rabbi Aharon Leib Steinman chelita : J’ai réfléchi, toutes les grandes personnalités ont mérité ce qu’ils ont mérité grâce au respect tout particulier qu’ils portaient à leurs parents. Le respect que le Rav ‘Haïm de Brisk Zatsal portait à ses parents est indescriptible. Il tremblait littéralement devant eux. A chaque fois que la mère du ‘Hazon Ich Zatsal venait chez lui, il s’asseyait avec elle pendant une demi-heure pour parler avec elle de tout ce qui l’intéressait, et se promenait beaucoup avec elle. Comme les lois de la fête pendant la fête Le livre « Ana Avda », biographie du gaon Rabbi Chemouël Tsvi Kowalski, raconte que lorsqu’il était jeune, avant de rentrer à la maison pour la période de « bein hazemanim », le ‘Hazon Ich Zatsal lui avait dit qu’un garçon qui s’apprêtait à partir pour « bein hazemanim » devait étudier les halakhot du respect aux parents dans le Choul’han Aroukh Yoré Dea. Ce n’est pas différent de l’ordre des Sages selon lequel trente jours avant la fête, on doit étudier les halakhot de la fête. Plus tard, Rabbi Chemouël Tsvi Kowalski enseignait à ses élèves que s’ils n’avaient pas étudié les halakhot du respect dû aux parents trente jours avant « bein hazemanim », ils avaient un double devoir de les étudier pendant « bein hazemanim », selon le décret de Moché d’étudier les lois de la fête pendant la fête… Le ‘Hazon Ich attribuait beaucoup d’importance au sujet des frictions entre le fils et ses parents. Il soulignait qu’il ne devait pas manifester ouvertement chez ses parents de « frumkeit » susceptible de les choquer. Il conseillait, par exemple, que s’il allait au mikvé avant la prière, il dise qu’il allait se promener, tout simplement. En ce qui concerne l’usage de l’électricité le Chabbat, comme on le sait le ‘Hazon Ich l’interdisait absolument, mais il disait au garçon : « Ne les laisse pas s’apercevoir que tu n’utilises pas l’électricité le Chabbat. A la table de Chabbat, comporte-toi comme d’habitude. Mais pour étudier, efforce-toi d’étudier par cœur, et non dans un livre. » Le gaon Av beit din de Buczacz, auteur de « Da’at Kedochim », sur les halakhot concernant le séfer Torah et les mezouzot, « Ma’hazé Avraham » sur la Torah, « Eshel Avraham » et d’autres, écrit sur lui-même qu’avant de partir rendre visite à ses parents, il étudiait pendant trente jours auparavant les halakhot du respect dû aux parents pour les connaître parfaitement, et ceci pour savoir comment se comporter et prendre garde à cette très grande mitsva. Un appareil auditif pour sa mère A cette époque, une très grande pauvreté régnait à Jérusalem, en particulier dans la famille de Rabbi ‘Haïm Leib Auerbach. Mais ce dénuement n’empêchait nullement l’enfant Chelomo Zalman d’être remarquablement assidu dans l’étude. Il étudiait de toutes ses forces, et même au-delà de ses forces. Il s’investissait entièrement dans l’étude, au point que ses amis d’alors racontent : Arriva à Jérusalem la première voiture, que tout le monde appelait « le carrosse sans chevaux ». Le plupart des gens sortirent dans la rue pour voir cette merveille. Mais il y en avait un qui n’est pas sorti de la porte du Talmud Torah « Ets ‘Haïm » pour voir la voiture extraordinaire, c’était l’enfant Chelomo Zalman Auerbach… Dans les examens qui avaient lieu au Talmud Torah Ets ‘Haïm, il savait mieux que tous les autres, il connaissait par cœur des traités entiers. Les autres enfants qui passaient les examens voulaient des livres comme prix, mais lui voulait de l’argent. Pourquoi préférait-il l’argent aux livres ? Personne ne le savait. Mais au bout d’un certain temps, après avoir accumulé beaucoup d’argent, il l’a utilisé pour acheter à appareil auditif à sa mère, qui n’entendait plus très bien. Alors, on comprit pourquoi ce ilouï, qui n’avait rien de commun avec les plaisirs de ce monde, voulait de l’argent. Il voulait rendre service à sa mère la tsadkanit en lui rendant amour pour amour et en la préservant d’une grande souffrance. Pour ne pas faire de peine au père La mitsva de respecter ses parents telle qu’elle était accomplie par le gaon Rabbi Sim’ha Waldenberg Zatsal, le Rav du quartier Ezrat Torah à Jérusalem, était extraordinaire. C’était la circoncision de l’un de ses petits-enfants. Rabbi Sim’ha se dépêcha de rentrer du collel pour arriver à temps à la cérémonie, et en chemin il trébucha et se cassa la cuisse. L’un de ses enfants, qui se précipita pour le relever, voulut appeler une ambulance, mais il refusa : « Non, je veux maintenant aller à la circoncision. Mon père se trouve là-bas et cela lui fera de la peine s’il voit que je suis absent parce que je ne me sens pas bien ! » Le fils lui répondit : « Papa, mais c’est vrai que tu ne te sens pas bien ! » Il continua pourtant à refuser en expliquant : « Je ne veux pas faire de la peine à mon père. » Les fils durent se plier à cette requête, et il resta assis sur un fauteuil roulant avec ses douleurs jusqu’à la fin du repas de fête. Il rencontra son père, et c’est seulement quand le repas fut terminé qu’il partit à l’hôpital. Là, il s’avéra que ce n’était pas une simple fracture, ce qui n’aurait déjà pas été si simple que cela, mais une fracture grave qui exigea qu’on lui place plusieurs vis et pivots en métal. Tout l’argent du monde Rabbi Ya'akov Halperin Zatsal recherchait « les mitsvot de la pauvreté », et en particulier les mitsvot qui lui manquaient, comme celle de respecter son père, qu’il n’avait pas eu le mérite d’accomplir puisqu’il avait perdu son père à l’âge de six ans. Le livre « Peer HaDor » raconte sur lui qu’une fois, il a rencontré un Rav de Tel-Aviv qui se plaignit devant lui de ce que ses parents venaient d’arriver de Russie dans un dénuement total, et qu’il n’avait pas de quoi les prendre en charge. Le Rav Halperin lui demanda de faire le calcul de ce que coûterait l’entretien de ses parents et se dit prêt à lui payer cette somme tous les mois, à la condition qu’il serait partenaire dans la récompense de la mitsva d’honorer son père. Ce Rav s’adressa au ‘Hazon Ich pour lui demander s’il lui était permis de renoncer à la moitié de la récompense de la mitsva. (La réponse fut que pour les parents, il fallait être prêt à renoncer même à la totalité de la récompense.) LES LOIS DE LA VIE Même quand les parents ne l’ordonnent pas et ne le demandent pas, c’est une mitsva de veiller à les respecter. Et même quand d’autres veillent sur l’honneur des parents, cela ne dispense pas les fils de cette mitsva (Mechiv Devarim). C’est une mitsva pour les fils plus que pour leurs délégués (Kidouchin 31b). Mais quoi qu’il en soit, celui qui réalise la mitsva de respecter ses parents par un intermédiaire l’a accomplie.
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