MIKETS 30 Novembre 2013 27 KISLEV 5774 |
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La lumière de la sainteté écarte l’impureté (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) Lorsque Yossef a interprété le rêve de Par’o, ce dernier et ses serviteurs ont décidé à l’unanimité de le nommer gouverneur de l’Egypte, ainsi qu’il est écrit (Béréchit 41, 39-40) : « Par’o dit à Yossef (…) il n’y a personne d’aussi intelligent et sage que toi, tu gouverneras ma maison et tout mon peuple obéira à tes ordres. » Et bien que Yossef ait été esclave, et que d’après les coutumes égyptiennes un esclave ne pouvait pas régner (Béréchit Rabba 89, 13), ils ont tout de même décidé de le faire roi, parce qu’ils croyaient dans son interprétation du rêve, d’après laquelle l’Egypte se trouvait en danger à cause des sept années de famine ; ils ont compris qu’ils étaient obligés d’élever Yossef à la grandeur et de lui donner le gouvernement s’ils ne voulaient pas mourir de faim. De même, quand les années de famine ont commencé à arriver, il est écrit (Béréchit 41, 55) : « Par’o dit à tous les Egyptiens : allez trouver Yossef, ce qu’il vous dira, faites-le. » Les Sages ont expliqué là-dessus (Béréchit Rabba 91, 5) que Yossef leur avait dit de se circoncire, et ils étaient obligés de lui obéir, car sans lui, toute l’Egypte aurait été effacée de la face de la terre pendant les sept années de famine. Mais nous devons comprendre ce qui s’est passé pour Par’o, le roi d’Egypte, qui était impie et rempli d’impureté, qui disait de lui-même (Yé’hezkel 29, 3) « Mon fleuve est à moi et c’est moi qui me suis fait », qui était totalement loin de la foi en D. Or même les sorciers et magiciens impurs croyaient les paroles de sainteté de Yossef, qui disait que le rêve de Par’o avait pour origine la providence divine qui voulait apporter le remède avant le mal pour les sept années de famine, afin que l’Egypte ne disparaisse pas. Comme le dit le verset (Béréchit 41, 28) : « Ce que D. fait, Il l’a montré à Par’o. » Comment est-il donc possible que Par’o l’impie, qui faisait de lui-même un dieu tout-puissant créateur du monde et disait à son peuple qu’il ne pouvait pas les aider, ordonnait néanmoins : « Allez trouver Yossef, et ce qu’il vous dira, faites-le » ? Il y a encore autre chose à comprendre. Pourquoi Par’o n’a-t-il pas soupçonné que toute l’intention de Yossef dans son interprétation du rêve n’ait eu pour but que de rechercher la grandeur pour lui-même ? On pourrait en voir une preuve dans le fait que dès qu’il a terminé d’interpréter le rêve, il continue en disant (Béréchit 41, 33) : « Et maintenant, que Par’o cherche un homme intelligent et sage. » Apparemment, cela paraît le désigner lui-même, puisqu’il est le seul sage de toute l’Egypte qui a réussi à interpréter le rêve ! Et bien qu’il ait commencé par dire (Béréchit 41, 16) : « Ce n’est pas moi, c’est D. qui saura tranquilliser Par’o », même cela n’est pas une preuve de sa droiture, car il est possible qu’il parle bien et affiche de la piété pour qu’on accepte ce qu’il dit. Et par-dessus tout, nous devons comprendre pourquoi, quand Yossef a terminé l’explication du rêve de Par’o, il s’est mis à lui conseiller (Béréchit 41, 33) : « Et maintenant, que Par’o cherche un homme intelligent et sage. » Par’o lui a demandé d’interpréter le rêve, il ne lui a pas du tout demandé de lui donner un conseil sur ce qu’il convient de faire ! On peut l’expliquer de la manière suivante. Les Sages ont dit (Roch Hachana 10b) : A Roch Hachana, Yossef est sorti de prison. C’était le jour du jugement (Ibid. 16b), le jour où nous proclamons la royauté du Saint, béni soit-Il, et il est évident que ce jour-là, Yossef était dans un état de très grande sainteté, et que sa prière est montée au ciel au point que la Chekhina a reposé sur lui. Il ressemblait à un ange de D., et même son apparence extérieure lui ajoutait de la splendeur et de la gloire, ainsi qu’il est dit (Béréchit 41, 14) : « Il se rasa et changea de vêtements. » Alors, la providence divine lui a donné un charme particulier, et a fait régner autour de lui un esprit de sainteté et de pureté, si bien que les forces impures ont été chassées de cet endroit, au point que sont sorties de la bouche de Par’o des paroles de vérité, et qu’il a reconnu l’existence de Hachem et de Sa providence, Lui Qui est assis sur Son trône élevé et veille sur Ses créatures. Il a compris qu’Il avait justement envoyé ces rêves en tant que remède avant le mal pour les sept années de famine qui allaient venir. C’est pourquoi Par’o et ses serviteurs ont accepté à l’unanimité de reconnaître Yossef comme gouverneur, et de faire ce qu’il leur dirait. Et Yossef lui aussi, quand il a vu que l’impureté avait disparu des lieux, a profité de cette occasion que lui donnait Hachem de sortir de prison, et a poursuivi en disant : « Et maintenant, que Par’o cherche un homme intelligent et sage » (Béréchit 41, 33). Nous apprenons de là combien le fait de voir le visage d’un tsaddik et de l’entendre parler ont une influence sur la foi du prochain, et qu’un peu de lumière repousse beaucoup d’obscurité. En effet, quand on s’habitue à la lumière, toute l’impureté disparaît immédiatement. Et quand la foi s’éveille dans le cœur de l’homme, l’incrédulité en disparaît, il écoute les paroles du tsaddik, et celles-ci agissent dans son âme pour lui faire adopter une meilleure conduite. [Effectivement, des gens qui ne croient en rien et sont loin de la Torah viennent parfois me trouver, et quand ils sont chez moi et voient la bibliothèque avec les livres de Torah et les portraits des tsaddikim accrochés au mur et qu’ils ressentent une atmosphère de sainteté, alors immédiatement, dans la conversation, ils se mettent à pleurer d’émotion, ou bien ils baissent les yeux de honte et de regret. La raison en est qu’ils se trouvent en face d’un homme qui connaît la vérité, c’est-à-dire qui croit en D., et s’efforce dans la mesure de ses moyens de pousser les autres à la reconnaître également, si bien que l’atmosphère de la pièce est une atmosphère de sainteté. Et comme le mensonge ne s’appuie sur rien de solide, dès qu’ils voient la vérité fermement affirmée même à une époque difficile, la techouva s’éveille immédiatement dans leur cœur.] Cette idée s’appuie sur la Guemara (Berakhot 10a) qui raconte que Rabbi Méïr avait des voisins mauvais qui le tourmentaient. Il voulait prier pour qu’ils meurent, mais sa femme Berouria lui a dit : Pourquoi prier pour qu’ils meurent ? Le verset dit (Téhilim 104, 35) : « Que les péchés disparaissent de la terre ! » Il n’est pas dit « les pécheurs » mais « les péchés » ! Prie pour qu’ils se repentent et que leurs péchés disparaissent, alors la fin du verset, « et il n’y a plus de méchants », s’accomplira aussi. Et c’est effectivement ce qui s’est passé, Rabbi Méïr a prié pour qu’ils se repentent et sa prière a été exaucée. Ainsi, nous voyons qu’au moyen de la prière et des manifestations de sainteté, il est possible de repousser l’obscurité et l’impureté. LES PAROLES DES SAGES En ces jours-là en ce temps-ci Cela fait une semaine que nous remercions Hachem plusieurs fois par jour « pour les miracles » (al hanissim) qu’Il nous a faits en ces jours-là en ce temps-ci. Le maguid Rabbi Reouven Carlenstein chelita fait remarquer dans ses cours les miracles dont nos contemporains sont les témoins. A notre époque aussi il y a des miracles, et ils sont quelque peu cachés. Mais celui qui a du discernement les voit clairement, bien qu’ils soient dissimulés. Le « Steipler » avait un médicament contre l’asthme. Quel était ce médicament, qui opérait des merveilles ? Simplement de l’iode bleue. Après sa mort, le médicament perdit de sa puissance, et n’apporta plus, sans qu’on sache pourquoi, ni guérison ni amélioration. Même lorsque le Steipler était en vie, le médicament ne guérissait que lorsqu’il ordonnait de le prendre, et disait qu’on allait guérir de cette façon. On allait à une certaine pharmacie de la rue du Rav Dessler à Bnei Brak avec une recommandation du Steipler, et là le pharmacien préparait de l’iode bleue et la donnait pour le malade. Cette iode bleue ne restait en bon état que pendant un mois, en tant que médicament contre l’asthme, et ensuite perdait totalement toute efficacité. Mais voici que quelque chose arriva chez une famille de Bnei Brak. A deux heures du matin à peu près, on s’aperçut qu’un membre de cette grande famille, qui se trouvait à la maison, avait une crise d’asthme sévère. On fit venir un taxi et on partit à l’hôpital, mais en demandant au chauffeur de passer par la rue Rachbam. Comme on le sait, chez le Steipler il n’y avait pas d’heures de réception, il étudiait jusqu’à ce qu’il s’endorme sur le stender, et ensuite se réveillait et continuait à étudier, jusqu’à ce qu’il s’endorme de nouveau. On pouvait venir à dix heures du matin et le trouver endormi, ou à deux heures du matin et le trouver éveillé. On passa donc en taxi par la rue Rachbam. D. merci le Steipler était éveillé, et on entra chez lui. « L’enfant étouffe ! », lui dit-on précipitamment, « je vous en prie, que le Rav lui donne sa bénédiction ! » Mais le Steipler répondit : « Il n’est pas nécessaire d’aller à l’hôpital, il y a l’iode bleue. » On était stupéfait. De l’iode bleue à la place de l’hôpital ? Mais ces gens avaient une profonde confiance dans les sages. Pourtant, ils dirent au Steipler : « Il est maintenant deux heures du matin, comment le Rav pense-t-il que nous allons trouver de l’iode bleue ? » « J’en ai ici », répondit le Steipler, et il alla chercher de l’iode bleue, qui avait passé chez lui au moins un an depuis sa fabrication. Ils lui dirent : « Mais le Rav voit bien qu’elle est périmée. Ce n’est pas un mois qui est passé, mais une année entière ! » « Cela ne fait rien, prenez cela, et Hachem enverra une guérison totale. » Ils prirent l’iode bleue périmée, et naturellement, la crise d’asthme disparut comme si elle n’avait jamais existé. Est-ce qu’il y a vraiment dans l’iode bleue des ingrédients qui guérissent de l’asthme ? Et pourquoi est-il impossible de l’utiliser depuis la mort du Steipler ? Et comment la date de péremption a-t-elle changé de façon aussi radicale ? Mais quand le Steipler a dit que l’iode guérissait, l’iode est devenue un médicament, grâce à la force du Saint, béni soit-Il par l’intermédiaire de ceux qui font Sa volonté. Le maguid Rabbi Chelomo Lewinstein cite également l’histoire suivante, qui vient du livre « OuMatok HaOr » : On a également pu voir un phénomène du même genre chez son fils, le gaon Rabbi ‘Haïm Kaniewsky chelita, bien qu’il ne s’agisse pas d’iode bleue. Quelqu’un a raconté que son fils, un jeune homme de la ville, s’était trouvé tout à coup paralysé de la moitié du visage. C’est un phénomène extrêmement désagréable et très gênant socialement. A la sortie du Chabbat, au bout de deux semaines pendant lesquelles on avait été obligé de constater qu’aucun traitement n’était efficace, on avait décidé d’aller trouver Rabbi ‘Haïm Kaniewsky. Celui-ci avait regardé le garçon et lui avait demandé : « Es-tu prêt à te laisser pousser la barbe ? » Le garçon n’avait pas répondu immédiatement, il lui était difficile de prendre cela sur lui, mais après quelques hésitations, il avait fini par acquiescer : « D’accord, je vais me laisser pousser la barbe. » Le Rav lui avait dit : « Dans ce cas, porte-toi bien. » Ils étaient à peine dans les escaliers, a raconté le père, que le garçon avait commencé à avoir des sensations dans le côté paralysé. Le père et le fils étaient rentrés un court instant chez un des amis du père, où ils avaient bu un verre de café. Quand ils étaient sortis de cette maison dix minutes plus tard, le visage du garçon était parfaitement normal, sans aucune trace de paralysie. Au bout d’un certain temps, l’histoire est parvenu aux oreilles du petit-fils de Rabbi ‘Haïm, Rabbi Mordekhaï Tsivion, qui a demandé à son grand-père : « Quel rapport y a-t-il entre la barbe et la guérison d’une paralysie faciale ? Pourquoi lui as-tu dit de se faire pousser la barbe ? » Rabbi ‘Haïm lui a répondu : « Tu ne sais pas que la barbe est la beauté du visage ? La beauté du visage de ce garçon avait été abîmée par la paralysie, qu’il se laisse pousser la barbe, il aura une véritable beauté et il sera guéri de la paralysie qui avait abîmé cette beauté. » Dans un autre cas, le Dr Herth, médecin de sa profession, a raconté à un ami qu’il traitait un couple non-pratiquant qui voulait absolument avoir des enfants, mais en vain, depuis très longtemps. Un jour, il dit au mari : « Pour le moment, nous n’avons pas tellement réussi, malgré tous les moyens que nous avons employés. Il y a à Bnei Brak un juif qui donne des bénédictions, et souvent cela aide, pourquoi ne pas aller chez lui ? » L’homme répondit : « Vous voyez bien vous-même à quoi je ressemble, non ? Moi, je vais aller chez un Rav à Bnei Brak ? Si vous venez avec moi, je veux bien y aller ! » Le docteur est parti avec lui, il est entré chez Rabbi ‘Haïm, et il lui a raconté qu’il y avait là un homme marié depuis plusieurs années qui n’avait pas d’enfant. Rabbi ‘Haïm a levé ses yeux purs, regardé cet homme et vu qu’il portait ses cheveux longs en queue de cheval. Il lui a dit : « Deux femmes, ça ne va pas…(ce qui signifiait : vous avez des cheveux longs comme une femme, alors comment serait-il possible que deux femmes engendrent ?) Coupez-vous les cheveux et vous serez exaucé. » Le médecin intervint : « Mais c’est la sefirat haomer en ce moment, comment peut-il se couper les cheveux ? » « D’accord, répondit Rabbi ‘Haïm, à Lag Baomer. » L’homme s’est coupé les cheveux à Lag Baomer, et peu de temps après, il avait déjà une bonne nouvelle à annoncer. Quel rapport y a-t-il entre une coupe de cheveux et la naissance d’un bébé ? Parfois, le Saint, béni soit-Il fait des miracles par l’intermédiaire des tsaddikim, mais parfois il faut qu’il y ait un effort de la part de l’homme pour qu’il mérite un miracle. Pourtant, le véritable secret de ces miracles est la prière des tsaddikim pour celui qui vient les trouver. Elle a le pouvoir de modifier la nature et de couvrir le demandeur de bénédiction et de réussite. GARDE TA LANGUE La vérité se reconnaît Quand on entend du lachon hara de quelqu’un d’autre, et qu’il y a des preuves manifestes que l’histoire est vraie, s’il ne s’agit pas de défauts mais d’un acte véritablement mauvais que la personne a commis, et qu’il est impossible de juger favorablement, il est permis de croire ces paroles. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Hachem a fait oublier l’identité de Yossef « Yossef reconnut ses frères, mais eux ne le reconnurent point. » (Béréchit 42, 8) Il y a lieu de comprendre comment ils ont pu ne pas reconnaître leur propre frère alors que Yossef, lui, les a immédiatement reconnus. Nos maîtres ont expliqué (Yebamot 88a, Béréchit Rabba 91, 7) que Yossef avait laissé pousser sa barbe, alors que lorsqu’il avait quitté ses frères, il était imberbe. Mais cela reste étonnant : comment n’ont-ils pas imaginé qu’ils étaient peut-être face à leur frère, étant donné qu’il s’était joint à eux de manière injustifiée ? De plus, il leur a montré qu’il connaissait le prénom de chacun d’eux, et enfin, il ressemblait physiquement à Ya’akov ! En réalité, ils ne l’ont pas reconnu parce qu’ils s’étaient promis de ne rien révéler à leur père et avaient même inclus D. dans leur serment (Tan’houma Vayéchev 2). Ainsi, du fait de ce serment, Hachem leur a fait oublier l’identité de Yossef afin qu’ils ne le reconnaissent pas, jusqu’à qu’ils soient prêts à s’annuler devant lui. Contrairement à eux, Yossef les a reconnus, mais il ne s’est pas révélé à eux à cause du serment. En effet, il s’était apparemment engagé à ne pas dévoiler à son père qu’il était en vie, car le temps n’était pas encore venu de se révéler. Par contre, même quand il les a reconnus, il n’éprouvait plus aucune rancune envers eux et son amour pour eux s’est même intensifié quand il a su qu’ils n’avaient pas du tout fauté envers lui. Comment a-t-il su que ses frères n’étaient pas coupables ? Nos Sages racontent (Sota 36b), au sujet de l’épisode avec la femme de Putiphar, que son père lui était alors apparu en disant : « Yossef, les noms de tes frères ainsi que le tien sont destinés à être inscrits sur les pierres du ephod à l’avenir. Veux-tu que ton nom en soit effacé ? » En apprenant que les noms de ses frères étaient censés apparaître sur les pierres du ephod, Yossef a compris qu’ils étaient innocents, car sinon, ils n’auraient jamais mérité d’atteindre un tel niveau. Pourtant, à ce moment-là, Yossef éprouvait encore de la colère contre ses frères pour le tort qu’ils lui avaient causé. Un petit instant aurait suffi pour qu’il désespère. C’est pourquoi il a fallu que son père lui apparaisse pour l’encourager et le dissuader de tomber dans le désespoir et la faute. Cet encouragement lui a d’ailleurs permis de se révéler et de reconnaître la droiture de ses frères. A LA SOURCE « Autrement, par Par’o ! Vous êtes des espions. » (42, 16) Comment Yossef a-t-il pu mentir ouvertement au sujet de ses frères en prétendant qu’ils étaient des espions ? Le « Chévet Moussar » explique sur le mode allusif que le mot « méraguelim (espions) » est composé des initiales de la phrase « Mizéra’ Ra’hel Ganavtem Léor’hat Ichmaëlim Makhartem (Vous avez volé un descendant de Ra’hel pour le vendre à une caravane d’Ichmaëlim). » « Il donna à tous, individuellement, des habits de rechange ; pour Binyamin, il lui fit présent de trois cents pièces d’argent et de cinq habits de rechange. » (45, 22) Nos maîtres dans la Guemara s’étonnent (Meguila16b) : en faisant une différence entre ses fils, Ya’akov avait éveillé la jalousie entre eux, ce qui lui a causé de terribles souffrances. Comment alors Yossef a-t-il pu reproduire la même erreur en offrant à Binyamin cinq habits de rechange alors qu’il n’en a donné qu’un seul aux autres frères ? On répond qu’il a voulu ici faire allusion à Mordekhaï, un de ses futurs descendants, qui sortirait de chez le roi avec cinq vêtements de royauté. Par ailleurs, le Gaon de Vilna s’interroge : Yossef a fini par causer du tort à Binyamin en le distinguant de ses frères. Alors à quoi bon avoir agi ainsi, d’autant plus que ses frères n’avaient pas connaissance de sa bonne intention ? Le ‘Hida rapporte au nom du Rokéa’h ce que le ‘Hizkouni explique également et que nos Sages avaient déjà dit (Guittin 44a) : dans le cas d’un serviteur qui est vendu à un non-juif, le maître a l’obligation de venir le racheter jusqu’à dix fois son prix. Nous voyons dans la Torah (Chemot 21, 32) que le prix d’un simple serviteur s’élève à trente sicles. Or, puisque les frères de Yossef l’avaient vendu à des non-juifs, il incombait à chacun d’entre eux de le racheter, selon la loi, jusqu’à dix fois son prix, c’est-à-dire trois cents sicles d’argent. Mais lorsque Yossef leur a accordé son pardon, chacun des frères a donc gagné une somme de trois cents pièces d’argent. Quant à Binyamin, il n’avait pas participé à la vente et c’est pourquoi Yossef lui a réellement fait présent de trois cents pièces d’argent, sans éveiller de jalousie. « Pareillement, il envoya à son père dix ânes chargés des meilleurs produits de l’Egypte » (45, 23) Selon l’explication de Rachi, « il a envoyé à son père du vin vieux, spécialement salutaire aux vieillards. » Rabbi Avraham Avli de Vilna demande : L’Egypte était-elle un pays loué pour son vin ? Au contraire, le raisin est un des sept fruits caractéristiques de la terre d’Israël ! En réalité, nos Sages ont dit (Baba Batra 98a) : « Quiconque se montre prétentieux, son vin devient aigre. » Ainsi il n’y avait pas de chance de trouver en Egypte, pays rempli d’arrogance, un bon vin, et encore moins un vin vieux. De cette manière, en envoyant à son père un vin vieux, Yossef voulait lui prouver qu’il n’avait pas appris des mauvaises midot des Egyptiens et qu’il était resté droit. Preuve en est que son vin n’était pas devenu aigre. On comprend d’ici que ce que le texte appelle « meilleurs produits de l’Egypte » ne désigne pas une ressource que l’on y trouvait spécialement. Au contraire, le vin vieux était une denrée rare en Egypte et c’est pourquoi elle pouvait faire partie des « meilleurs produits » du pays. La vie dans la paracha A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben ‘Attar « Yossef ouvrit tous les greniers et vendit du blé aux Egyptiens. La famine persista dans le pays d’Egypte. » (41, 56) Pourquoi Yossef a-t-il ouvert tous les greniers et ne s’est-il pas contenté du nécessaire ? En réalité, il voulait vérifier le contenu de tous afin de savoir quoi vendre en premier et quoi laisser pour plus tard, sans subir de pertes. De plus, il avait mis dans les greniers de chaque ville la nourriture des champs qui étaient autour d’elle. C’est pourquoi il a eu l’intelligence d’ouvrir tous les greniers de chaque endroit, afin que chaque ville conserve ses productions à proximité du lieu où elles avaient été récoltées, car il est important de savoir qu’on dispose de nourriture. De cette manière, il n’était pas nécessaire de tout rapporter d’un seul et même endroit. Peut-être aussi a-t-il voulu ouvrir tous les greniers afin qu’en voyant cette abondance, les habitants de la ville ressentent moins la faim. En effet, le sentiment de faim s’accentue lorsque le manque devient perceptible. Ainsi, en voyant les greniers ouverts, leur sentiment brûlant de faim s’atténuera. Et malgré tout, le texte dit « La famine persista » : cela ne les a pas aidés, vu la puissance de cette famine. LES SENTIERS DES JUSTES POUR ACQUERIR LES VALEURS ET LES BONNES MIDOT On a raconté (Ma’ayanot HaNetsa’h, parachat Yitro) sur l’auteur de « Yessod VéChorech Ha’Avoda », Rabbi Alexander Ziskind Zatsal, qu’il disait trois fois « Léchem Yi’houd » avant de faire une mitsva, la première fois pour la mitsva elle-même, la deuxième fois pour la mitsva de respecter son père, et la troisième fois pour la mitsva de respecter sa mère. Il avait adopté cette coutume d’après le Zohar, selon qui dans toute mitsva ou bonne action que fait l’homme, il ajoute à l’honneur porté à son père et sa mère au gan Eden, et il recevra une récompense complète pour les trois mitsvot qui n’en font qu’une. Une double récompense Dans la brochure « Betsror Ha’Haïm », publiée en mémoire de Rabbi ‘Haïm Erlanger Zatsal, de Suisse, son fils raconte des choses extraordinaires en ce qui concerne la mitsva du respect du père, racontées par son père au moment de sa bar mitsva : la nuit où il est devenu bar mitsva, son père l’a appelé et a fermé la porte derrière lui. Il avait un aspect imposant, comme lorsqu’il le bénissait la veille de Yom Kippour après la séouda mafséket, et il lui dit : « Mon cher fils ! Je veux te faire un cadeau pour toute ta vie ! Chaque mitsva que tu feras et que tu accompliras pendant toute ta vie s’accompagnera pour toi de la mitsva supplémentaire de respecter ton père, et de cette façon tu mériteras toujours que tes mitsvot soient doubles. » Un jour, le « Imrei Emet » de Gour Zatsal raconta qu’il est écrit que tout juif doit choisir au moins une mitsva positive et une mitsva négative à accomplir dans toute sa perfection, en toutes circonstances et avec un dévouement absolu. Il avait pris sur lui-même la mitsva positive de respecter ses parents, et la mitsva négative de s’éloigner de tout mensonge. Quand on lui demandait pourquoi il avait choisi justement ces mitsvot-là, il répondait : « Parce que ce sont les plus difficiles. » Même pour des ordres simples Dans le même esprit, on raconte sur le Rav Aharon de Belz Zatsal que lorsqu’il était jeune, son père lui avait ordonné que tout au moins quand il serait dans la ville d’eaux, il s’approche de la fenêtre et respire un air pur pour vivifier son corps faible. Il fit ce qui lui avait été ordonné. Tous les jours, quand il s’approchait de la fenêtre pour respirer l’air pur, Rabbi Aharon de Belz commençait par dire qu’il le faisait pour accomplir la mitsva de respecter ses parents. Le livre « Beito Na’ava Kodech » ajoute « Nous avons entendu qu’il a continué à s’approcher de la fenêtre pour respirer l’air, comme le lui avait ordonné son père, pendant des années. » Non seulement cela, mais toute chose, petite ou grande, qu’il entendait de son père, il se dépêchait de l’accomplir avec crainte et amour, et veillait, lorsqu’il disait des paroles de Torah à table, à les faire précéder des paroles de son père. Même dans les cas où son père ne faisait que citer Rachi, il disait que son père avait dit que Rachi avait dit. Cela portait même sur les instructions de son père dans des choses qui paraissent très simples, par exemple le cas suivant : « Il y avait chez mon père Rabbi Issakhar Dov Zatsal une coutume que tous ses descendants se rassemblent après le tish du vendredi soir et discutent ensemble. Quand Rabbi Issakhar Dov voulait mettre fin à cette réunion, il faisait signe de quitter la pièce. Le grand fils, Rabbi Aharon de Belz Zatsal, se tenait tout le temps à l’extrémité de la table de son père avec une crainte révérencielle indescriptible. Quand son père faisait signe, par la nature des choses ses descendants restaient encore un certain temps et continuaient à parler de Torah. Mais Rabbi Aharon, lui, courait immédiatement dehors sans s’attarder le moins du monde, afin d’accomplir à la vitesse de l’éclair l’ordre de son père avec une crainte respectueuse. » Il n’y a pas de témoignage plus grand que celui du Admor de Zanz Zatsal, qui a raconté que lorsqu’il était chez Rabbi Issakhar Dov de Belz Zatsal, à Helschitz, il avait vu comment son fils Rabbi Aharon Zatsal se tenait devant son père avec une crainte respectueuse et attendait ce qu’il allait dire en tremblant. Quand il parlait de son père, tous ses membres tremblaient et il accomplissait la mitsva de craindre son père sans fioritures, d’une façon indescriptible. A ce propos, il faut signaler ce qu’écrit le Maguid de Jérusalem Rabbi Ben Tsion Yadler Zatsal dans son livre « Betouv Yérouchalaïm » : une fois, son père lui avait raconté que dans son enfance, quand il avait voulu rentrer dans la pièce où se trouvait son père et avait posé la main sur le verrou, ses doigts avaient tremblé, et quand il était entré tous ses os frémissaient, ainsi qu’il est écrit « chacun craindra sa mère et son père ». C’était cela la crainte du ciel qui l’animait. On se souvient de lui A propos de la juxtaposition des deux mitsvot, le Chabbat et le respect dû aux parents, il y a eu beaucoup de commentaires. Il est dit dans le Tanna DeBei Eliahou Rabba : « Souviens-toi du jour du Chabbat pour le sanctifier » et « Respecte ton père et ta mère », quel rapport y a-t-il entre ces deux choses ? C’est pour t’apprendre que tant que l’homme respecte son père et sa mère, il ne tombe ni dans la profanation du Chabbat ni dans aucune autre faute. Le livre « Mea Chearim » de Rabbi Eliahou fils de Rabbi Elkana Kapchali Zatsal parle longuement de cette mitsva : « Respecte » et « souviens-toi », quel rapport y a-t-il entre les deux ? Pour t’enseigner que quiconque respecte ses parents, le Saint, béni soit-Il Se souvient de lui en bien et ne l’oublie jamais. Rafraîchir le guéhénom Le gaon Rabbi Baroukh Dov Povarski chelita, Roch Yéchiva de Poniewitz, a raconté que l’un des élèves de la yéchiva lui avait fait part d’un rêve terrifiant. Le garçon avait vu sa mère, qui était déjà morte, venir à lui en rêve et lui dire : « Sache que j’ai beaucoup de mal dans le monde d’en-haut. J’ai mal. Ce n’est pas facile là-bas. Ne t’imagine pas, mon fils, que ce soit simple. Mais ce qui m’a un peu soulagée des douleurs du guéhénom a été la mitsva de respecter ses parents, que j’avais accomplie de tout cœur. » Les lois de la vie Lois et coutumes autour de la mitsva du respect des parents On doit se lever devant son père et sa mère, à cause de la mitsva de respecter ses parents, et c’est une obligation de la Torah. Le fils qui habite dans la même maison que ses parents ne se lève devant eux que lorsqu’ils arrivent de l’extérieur. La fille doit également se lever devant ses parents, de la même façon que le fils.
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