Chémot 21 Décembre 2013 18 Tévet 5774 |
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La victoire spirituelle d’Israël dans la servitude de l’Egypte (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) « Plus on les opprimait, plus ils augmentaient et se multipliaient » (Chemot 1, 12) C’est comme cela que procède le mauvais penchant. Quand il veut faire tomber l’homme et couper le lien de confiance qui le relie à Hachem, il se rapproche de lui comme quelqu’un qui a besoin de son aide, et alors l’homme s’incline. A ce moment-là, le mauvais penchant lui permet de faire le mal tout seul, et cherche de nouveaux moyens de le contraindre à pécher par des comportements répréhensibles. Lorsque l’homme se réveille et comprend que tout ce qui lui arrive vient de ce qu’il a abandonné la voie droite, immédiatement il s’humilie, a le cœur brisé et se repent. Alors, quand le mauvais penchant voit qu’il n’a aucun succès, il l’abandonne avec mépris. C’est pourquoi nous devons nous renforcer dans la Torah au lieu de nous laisser entraîner par lui, car dans les termes du Zohar (I 27a), la Torah est douce pour les bnei Israël et amère pour le mauvais penchant, et alors en vérité il nous dédaignera et cessera de nous tourmenter et de chercher à nous faire trébucher. Quand un juif s’obstine à étudier la Torah pour lutter contre le mauvais penchant, en fin de compte celui-ci finit par le quitter, d’autant plus qu’il ne peut pas supporter la douceur de la Torah. Il y a une allusion à cela dans ce qui est dit à propos des Egyptiens, « ils eurent les bnei Israël en horreur ». En effet, les Egyptiens ressemblent au mauvais penchant, ils avaient en horreur la vie spirituelle et l’obstination des bnei Israël. C’est pourquoi le Saint, béni soit-Il a puni les Egyptiens. En effet, la promesse était que les bnei Israël soient esclaves pendant quatre cents ans, et eux les ont asservis le double du temps, le jour et la nuit, c’est pourquoi ils sont sortis au bout de la moitié du temps, au bout de deux-cent dix ans au lieu de quatre cents. Les dix années supplémentaires correspondent au temps pendant lequel ils ont dormi pendant ces années-là. Ce chiffre est la valeur numérique du mot « kets » (la fin), deux-cent dix. Comme nous le disons dans la Haggada de Pessa’h, « le Saint, béni soit-Il a calculé la fin ». C’est-à-dire qu’Il a enlevé cent quatre-vingt dix ans au compte de quatre cents ans, et il est resté deux-cent dix ans. Mais apparemment, cela reste très difficile à comprendre. On sait que la meilleure façon de réussir à soumettre des esclaves est de leur parler doucement au début, et s’ils n’obéissent pas, alors on passe aux paroles dures. Et si cela aussi s’avère inutile, alors on passe aux coups. Et si absolument rien ne marche, alors on les prend en horreur et on les déteste. Alors qu’ici, d’après l’ordre des versets, on voit que les Egyptiens se sont conduits de manière absolument inverse, ce qui est très curieux. Au début, « Plus on les opprimait, plus ils augmentaient et se multipliaient », c’est la méthode des coups, et ensuite « ils eurent les bnei Israël en horreur ». Et en fin de compte ils leur ont parlé doucement, comme dans l’explication des Sages selon laquelle le mot « befarekh » (un dur travail) peut être lu « befeh rakh » (avec des paroles douces). En vérité, pourquoi les Egyptiens se sont-ils comportés d’une façon aussi bizarre et contraire à la logique et à l’habitude ? Voici comment on peut l’expliquer. En Egypte, les bnei Israël étaient brisés spirituellement, parce qu’ils étaient en exil et voyaient comment vivaient les non-juifs qui reniaient Hachem. Effectivement, après la mort de Yossef et de toute sa génération, qui était un symbole de la foi en D., les Egyptiens se sont mis à mépriser de plus en plus la providence divine, ce que les bnei Israël avaient beaucoup de peine à constater. De plus, ils voyaient que les Egyptiens regardaient des choses mauvaises et pensaient à des choses négatives, et c’était pour eux très difficile à supporter. Sans compter qu’ils se disaient : Ya'akov était ici, il a certainement insufflé une certaine sainteté à l’Egypte, et pourtant les Egyptiens continuent à se comporter de cette façon. Alors que de leur côté, les Egyptiens se disaient : Comme leur père Ya'akov est déjà mort, comment les bnei Israël peuvent-ils continuer à se comporter comme lui, sans apprendre de nous ? Tout cela était pénible spirituellement pour les bnei Israël, et pour ne pas désespérer, ils voulaient étudier la Torah, mais alors les Egyptiens leur ont imposé des afflictions spirituelles, dès le début « ils leur ont rendu la vie amère », et quand ils n’ont pas réussi à les abattre, ils sont passés aux châtiments corporels, « par des travaux pénibles sur l’argile et la brique ». Quand cela non plus n’a pas réussi, ils se sont mis à leur parler avec des paroles douces, dans l’espoir qu’ainsi ils allaient les écouter. Il s’est d’ailleurs passé quelque chose du même genre dans la guerre entre Ya'akov et Essav. Au début, l’ange d’Essav est venu mener contre Ya'akov un combat spirituel, et ensuite, quand il n’a pas réussi, Essav est venu lui-même pour lutter physiquement. Cela non plus n’a rien donné, si bien qu’en fin de compte il a embrassé Ya'akov et l’a laissé partir devant lui. On peut aussi expliquer que les juifs sont forts dans leur foi, alors que les non-juifs sont des philosophes qui cherchent constamment à discuter de la vérité. Mais tant qu’on essaie de leur dire quelque chose, ils ne font que s’éloigner de la vérité, alors que le juif a choisi sa foi et sait dès sa naissance Qui a créé tout l’univers. C’est pourquoi les autres peuples tentent de briser les juifs et commencent directement par la force et les coups, mais sans réussir à ébranler leur foi. Alors ils leur infligent des travaux forcés, mais cela ne réussit pas non plus, car pour le juif il n’y a rien de meilleur que la Torah, c’est pourquoi aucun d’eux ne se laisse briser ni détourner de sa foi, malgré les difficultés qui s’accumulent contre lui, si bien qu’il s’efforcera toujours de vaincre le mauvais penchant. Nous pouvons en trouver des indications chez Ya'akov. A la fin de la parachat Véyé’hi, il est dit qu’il a été enterré dans le caveau de Makhpela, et on connaît l’enseignement des Sages (Midrach Sekhel To Béréchit 25, 33) selon lequel Ya'akov avait donné sa part de ce monde-ci à son frère Essav pour recevoir une part dans le caveau de Makhpela. Mais on sait également (Sota 13a) qu’au moment de l’enterrement de Ya'akov il y a eu un grand combat, car Essav ne voulait pas permettre qu’on l’enterre là, alors ‘Houchim fils de Dan l’a tué, si bien que même dans sa mort, Ya'akov a vaincu le mauvais penchant, qui est Essav. C’est ce qui est écrit ici au début de la paracha, « Et voici les noms ». L’expression « Véelé » (et voici) ajoute à ce qui a déjà été dit, à savoir que tous les bnei Israël en Egypte ont continué à suivre la voie tracée par les Patriarches en ce qui concerne les noms : ils ont donné à leurs fils des noms qui avaient été acceptés par eux. Ils ont également tout donné pour la Torah, pour lutter contre le mauvais penchant, parce que c’était leur façon de vivre : suivre la voie tracée par leurs ancêtres dans le service de Hachem et dans la guerre contre le mauvais penchant, sans se laisser détourner de leur foi. LES PAROLES DES SAGES Quand avons-nous vérifié l’état de nos freins ? « Quand tu auras fait sortir ce peuple d’Egypte, vous adorerez D. sur cette montagne » (Chemot 3, 12) Quand Moché a demandé à Hachem par quel mérite les bnei Israël seraient délivrés d’Egypte, Il lui a répondu qu’en réalité, ils n’avaient pas de mitsvot à leur actif, et seraient donc délivrés par le mérite de la Torah qu’ils accepteraient dans l’avenir : « Quand tu auras fait sortir ce peuple d’Egypte, vous adorerez D. sur cette montagne. » Par ailleurs, il est mentionné dans la prophétie de Ye’hézkel (Ye’hézkel 16, 6) : « Je te dis ‘‘Vis dans ton sang !’’ Je te dis ‘‘Vis dans ton sang !’’ » On explique la redondance du verset en disant qu’ils ont été sauvés par le sang de l’agneau pascal, ainsi que par celui de la circoncision. Or une question se pose : pourquoi avaient-ils besoin de ces deux mitsvot si l’on dit qu’ils ont été sauvés par le mérite de la Torah qu’ils accepteront dans l’avenir ? Rabbi Ya’akov Galinski répond à cela, comme à son habitude, à l’aide d’une histoire : « Alors que je me rendais de Tel-Aviv à Re’hovot pour étudier, j’ai remarqué, à côté du siège du conducteur, un autocollant qui disait : ‘‘Monsieur le chauffeur, vérifiez vos freins avant de prendre la route. La Commission de prévention des accidents de la route.’’ J’ai questionné le chauffeur : ‘‘Excusez-moi Monsieur, qu’est-il écrit ici ?’’ ‘‘Vous ne comprenez pas l’hébreu ?’’ a-t-il demandé à son tour. J’ai répondu : ‘‘Vous savez, les gens de Bnei Brak connaissent l’hébreu de la Torah. Or le mot ‘frein’ n’y apparaît pas, qu’est-ce que cela signifie ?’’ Le chauffeur se fit un plaisir de me l’expliquer : ‘‘Chaque voiture est équipée de freins. Ah, pardon : des choses qui arrêtent, des « brakes ». Parfois, ils s’usent ou tombent en panne et il est alors impossible de freiner, c’est-à-dire d’arrêter la voiture. Ce qui peut causer un accident : heurter une autre voiture ou, D. préserve, renverser un piéton.’’ ‘‘Maintenant je comprends, ai-je déclaré. Dites-moi, ont-ils déjà fait usage de ce genre d’étiquette pour les hommes, en les collant, par exemple, sur la chemise ?’’ ‘‘Pour les hommes ?’’ a-t-il répété, interloqué. ‘‘Laissez-moi vous expliquer : nous aussi, nous prenons la route. Une longue route, depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse. Mais nos freins sont-ils en bon état ? Nos freins pour dominer nos envies, réfréner nos désirs, réprimer nos penchants ? Savez-vous combien d’accidents nous faisons parce que nos freins sont détériorés ? Parce que nous ne les avons pas vérifiés avant de prendre la route ?’’ ‘‘C’est la première fois que j’entends un tel discours ! s’est exclamé le chauffeur en soupirant. Dites, vous saviez ce qu’étaient des freins, n’est-ce pas ? Vous vous êtes moqué de moi (‘avadta alaï) ?’’ ‘‘Je continue à penser que je dois me travailler moi-même (la’avod ‘al atsmi), ai-je répondu. Afin de renforcer mes freins.’’ » Voici l’histoire qui renferme l’explication des deux interprétations que nous avons mentionnées plus haut. Celles-ci ne se contredisent pas : au contraire, elles se complètent. En réalité, les bnei Israël ont été sauvés par le mérite de la Torah qu’ils ont acceptée ultérieurement. Mais avant de la recevoir, et afin de pouvoir l’accomplir, ils étaient obligés de vérifier l’état de leurs freins ! Et par quels moyens ? En accomplissant ces deux mitsvot qui prouveraient leur force d’aller contre nature et de refouler la peur et la crainte : réaliser la circoncision, et offrir en sacrifice l’agneau pascal sans redouter les Egyptiens. En agissant ainsi, ils ont prouvé que leurs freins étaient de qualité et qu’ils étaient donc aptes à entamer le chemin et à recevoir la Torah. C’est par le mérite de l’étude de la Torah que nous pourrons être sauvés du dernier exil. Il est rapporté dans la Guemara (Traité Sanhédrin 99b), au nom de Rabbi Lévi, que quiconque étudie la Torah avec sincérité rapproche la délivrance. De même, le Zohar ‘Hadach Parachat Béréchit raconte que Rabbi Yossi ben ‘Halafta a une fois demandé à Rabbi Yitz’hak : « Savez-vous pourquoi cet exil s’allonge dans l’attente du machia’h ? » et celui-ci a répondu : « Le machia’h tarde à venir uniquement à cause du manque d’étude de la Torah. » Qu’elles sont belles, les paroles du Zohar sur la parachat Vaet’hanan ! Hachem a dit « Le jour est encore long, il n’est pas l’heure de faire rentrer le troupeau », sans qu’il ait de mérite ni de bonnes actions. Mais il y a un remède : allez et « abreuvez le troupeau », étudiez la Torah afin de vous en abreuver, « menez-les paître » vers un lieu serein, un bon endroit auquel vous aspirez être. Les paroles du Or Ha’haïm sur la profondeur de ce long exil sont bien connues : « L’exil est long, car tant qu’on n’étudie pas la Torah et qu’on n’accomplit pas les mitsvot, Moché ne veut pas sauver un peuple qui délaisse la Torah. » Le machia’h veut venir Le ‘Hafets ‘Haïm raconte que lorsque le gaon Rabbi Yossef Duber a quitté Slotzk pour s’installer à Varsovie, des émissaires sont venus de Brisk pour lui apporter un écrit rabbinique lui demandant de venir officier comme Rav chez eux. Le gaon a refusé en disant qu’il ne voulait plus travailler dans la rabbanout. Lorsque les émissaires sont revenus « les mains vides », les autorités ont décidé d’envoyer à nouveau chez le Rav des hommes de plus haut rang. Ils les ont alors prévenus explicitement que si le Rav refusait encore une fois, il faudrait lui dire : « Sachez, notre maître, qu’une communauté de trente-mille personnes vous attend. » Et c’est ce qu’ils ont fait. En entendant cela, le Rav a immédiatement répondu : « Si trente-mille personnes m’attendent, je me dois d’aller à Brisk, même si je ne le veux pas. » Sans plus tarder, il a demandé à son assistant de lui apporter son manteau et de le préparer pour le voyage vers Brisk. Voici les paroles du ‘Hafets ‘Haïm au sujet de cette histoire : « Si, en apprenant que trente-mille personnes l’attendaient, le gaon de Brisk a revêtu ses habits de Chabbat pour se rendre à Brisk malgré lui, à combien plus forte raison si le machia’h voit que tout le peuple d’Israël l’attend, il viendra, même si le moment n’est pas encore arrivé ! » Le ‘Hafets ‘Haïm a très souvent précisé : « Encore plus que nous ne le désirons, il veut, lui, venir ! Mais il ne viendra que si tous les bnei Israël l’attendent et l’espèrent. » Avant de s’installer en Israël, le ‘Hafets ‘Haïm s’est adressé en ces termes aux familles juives : « La dernière demande que je formulerai avant de vous quitter porte sur le renforcement de la Torah et des yéchivot. Je vous rappelle que dans sa dernière prophétie, le dernier des prophètes a fait précéder la promesse ‘‘Je vous enverrai Elie, le prophète’’ de la requête ‘‘Souvenez-vous de la loi de Moché, Mon serviteur’’, car c’est la base essentielle de leur vie et leur moyen de mériter la rédemption. » A une autre occasion, il a dit « Je m’adresse à quiconque a été touché par la crainte du Ciel et qui croit fermement en la venue du machia’h. Nous devons nous y préparer de toute notre force, chacun selon ses capacités : en étudiant la Torah, la michna, ou la Guemara, afin de mériter une rédemption finale authentique et de pouvoir accueillir le machia’h dans la joie. » GARDE TA LANGUE Profaner l’honneur de D. Il est interdit de raconter du lachon hara sur un juif devant un autre juif, et plus encore devant un non-juif. En effet, en plus de profaner l’honneur de D. et du peuple d’Israël, on causerait ainsi un grand tort à son prochain, car le non-juif s’empressera de croire ce qu’il a entendu et de le diffuser. Quiconque dit du lachon hara d’Israël devant des goyim est considéré comme un renégat. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Les vêtements qui font l’homme « Ils accompagnèrent Ya'akov, chacun avec sa famille » (Chemot 1, 1) Les initiales de « Ich Oubeito Baou » (chacun avec sa famille) ont la même valeur numérique que le mot « bégued » (vêtement), ainsi que le mot « baou » lui-même, pour nous dire que c’était la grandeur et la gloire des bnei Israël d’avoir gardé vivants les enseignements de Ya'akov et de s’être attachés à ses voies, sans avoir du tout modifié leurs vêtements. L’image de Ya'akov se dressait encore devant eux comme un souvenir lumineux. Cela faisait d’eux des tsaddikim et des hommes droits qui aimaient Hachem et étudiaient la Torah, grâce à leurs noms et leurs vêtements qui étaient restés traditionnels. J’ai vu dans l’un des ouvrages de Rabbi Sim’ha Bounam de Peschis’ha qu’un fois, celui-ci avait vu un grand talmid ‘hakham habillé d’une façon qui ne convenait pas à un talmid ‘hakham. Il a dit à ses disciples : « Cet homme va mal finir. » Et malheureusement, c’est exactement ce qui est arrivé. Tout cela parce que le mot « begued » (vêtement) est de la même racine que « beguida » (trahison). Cela signifie que les vêtements des bnei Israël ont la faculté de leur insuffler une abondance spirituelle, parce qu’ils ne s’habillent pas comme les autres peuples. De même qu’ils ne leur ressemblent pas dans leur façon de s’habiller, ils ne leur ressemblent pas non plus dans leur conduite. Mais si par malheur les juifs se mettaient à s’habiller comme les autres, ils adopteraient facilement aussi la même conduite. C’était ce que voulait dire le Rav de Peschis’ha. La stabilité et l’audace des bnei Israël en Egypte sont ce qui les ont empêchés de se laisser entraîner par la façon de vivre de Par’o et de ses serviteurs, dont l’instabilité même était menaçante, car un fils de justes devenait juste, mais un fils de méchants faisait l’inverse, et il était entraîné et balloté par tous les vents. Ils trompaient également leurs dieux, car Par’o disait à son peuple : « Si vous adorez des bêtes, je suis un homme, et c’est moi qu’il vaut mieux adorer », les faisant ainsi hésiter, si bien qu’ils finissaient par le servir. Mais ensuite Par’o lui-même adorait des animaux, alors que son peuple le prenait pour un dieu, et ainsi, les Egyptiens vivaient dans la licence et la sottise. Mais ce n’était pas le cas des bnei Israël, pour qui « Ecoute, Israël, Hachem notre D., Hachem est Un », suivant ainsi la voie de Ya'akov, être attaché à l’unicité de D. et à Sa Torah, sans se laisser entraîner par les tempêtes qui menacent de déraciner le juif de sa foi pure. C’est à cela que fait allusion le verset « Ils accompagnèrent Ya'akov, chacun avec sa famille », ils n’ont pas changé leurs vêtements, n’ont pas bougé de la foi de leurs ancêtres, ils se sont renforcés et ont établi des barrières dans leur façon de vivre, leur gloire était de n’avoir pas modifié leur judaïsme et c’est par ce mérite qu’ils ont été sauvés. A LA SOURCE « Et voici les noms des bnei Israël qui sont venus en Egypte » (1, 1) Comme les bnei Israël ont déjà été évoqués dans la parachat Vayigach lorsqu’ils sont descendus en Egypte, apparemment il n’y a pas lieu de les énumérer de nouveau ici, sans compter que les soixante-dix personnes sont détaillées là-bas, alors qu’ici seules les douze tribus le sont. Notre maître Rabbi Yochiyahou Pinto, que son mérite nous protège, l’explique ainsi dans son livre « Kessef Niv’har » : Il est écrit « Et voici les noms », chacun est évoqué en particulier, Réouven, Chimon, Lévi, parce qu’auparavant, au moment où ils sont venus avec leur père Ya'akov, ses fils n’étaient pas considérés comme l’essentiel : tant que leur vieux père était vivant, ils étaient secondaires par rapport à lui. « Chacun est venu avec sa maison » signifie que depuis la venue de Ya'akov et sa maison, tout le monde était considéré comme secondaire par rapport à Ya'akov. Mais ce n’était plus le cas après sa mort, parce que chacun d’entre eux était devenu l’essentiel, il n’était pas secondaire par rapport à ses frères. Réouven est le principal et il en va de même de Chimon et de tous les autres. « Un nouveau roi se leva » (1, 8) Rabbi Chemouël de Sokhotchov Zatsal, auteur de « Chem MiChemouël », s’étonne du commentaire de Rachi « dont les décrets ont été renouvelés » : jusqu’à présent aucun décret ne pesait sur eux, donc automatiquement tout décret qui serait pris serait nouveau ! Il l’explique d’après le Midrach. En effet, tout ce qu’un juif arrivait à faire de briques le premier jour, on l’obligeait à en faire autant chaque jour, et naturellement, le premier jour les bnei Israël faisaient leur travail avec enthousiasme et beaucoup d’entrain, puisque Par’o était avec eux pendant le travail. C’est ce que dit Rachi, « dont les décrets ont été renouvelés ». Le décret était que tous les jours, le travail soit comme nouveau, avec le même zèle et la même production qu’au début. « Ote tes chaussures de tes pieds car l’endroit sur lequel tu te trouves est une terre sainte » (3, 5) Il est dangereux de marcher nu-pied dans le désert, endroit de serpents venimeux, et le faire est considéré, d’après les Sages, comme une forme de suicide. Mais dans un endroit saint, le serpent n’est pas nuisible. Comme l’ont dit les Sages, un serpent n’a jamais mordu à Jérusalem, à cause de la sainteté du lieu. Le livre « Edout Beyehossef » estime que c’est ce que le Saint, béni soit-Il a dit à Moché : « Ote tes chaussures de tes pieds », tu n’as rien à craindre des serpents et des scorpions et pourquoi ? « car l’endroit sur lequel tu te trouves est une terre sainte ». « Pourquoi as-Tu fait du mal à ce peuple, pourquoi m’as-Tu envoyé ? » (5, 22) Moché a deux questions, comme le montre Rabbeinou Ovadia Sforno : D’abord, il proteste contre le fait même de l’aggravation de la situation des bnei Israël. Et de plus « pourquoi m’as-Tu envoyé », car même s’ils avaient mérité cette catastrophe, pourquoi l’as-Tu amenée justement par mon intermédiaire ? LA VIE DANS LA PARACHA A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar « Et maintenant, partons je te prie à une distance de trois jours dans le désert » (3, 18) Il faut se demander pourquoi Hachem a ordonné des choses qui ne sont pas morales, comme de faire croire des choses fausses, à la fois à propos du départ et dans l’emprunt d’ustensiles. La vérité est que tout cela correspond à la justice, car comme les Egyptiens avaient asservi les bnei Israël, ils devaient leur payer des gages. On peut l’apprendre de la réponse du juif à l’Egyptien (Sanhédrin 91) quand les Egyptiens ont réclamé les ustensiles que les bnei Israël avaient empruntés. Mais pourquoi Hachem amènerait-il ce résultat par une ruse, comme s’Il ne pouvait pas sauver les bnei Israël malgré les Egyptiens et leur faire donner leur argent devant leurs yeux ? On peut dire que Hachem voulait par là les tromper pour qu’ils les poursuivent, afin qu’Il manifeste Sa puissance à Par’o, or s’ils n’avaient pas emprunté et s’ils n’étaient pas partis dans l’intention de revenir, les Egyptiens ne les auraient pas pourchassés. En ce qui concerne l’acte en lui-même d’avoir pris leur argent, il n’y a pas d’interdiction de prendre ce qui vous appartient de celui qui veut vous en priver, on l’apprend entre autres de Ya'akov qui a usé de ruse pour sauver ce qui était à lui des mains de Lavan. Ici, c’est encore plus nettement permis, car j’ai bien examiné tout ce qui est dit, et il n’y a aucune parole de mensonge. En effet les bnei Israël n’évoquent pas du tout un retour, et de plus en ce qui concerne la sainteté du D. d’Israël, Il n’a pas voulu que ces choses se rapportent à Lui, mais plutôt que ce soient les bnei Israël qui parlent ainsi. LES SENTIERS DES JUSTES Pour acquérir les valeurs et les bonnes Midot Le Midrach raconte que Ya'akov est arrivé chez Lavan les mains vides, parce qu’Eliphaz fils d’Essav, sur l’ordre de son père, l’avait poursuivi pour le tuer et l’avait rattrapé. Comme Eliphaz avait grandi chez Yitz’hak, il n’a pas voulu attaquer Ya'akov, et quand il lui a demandé ce qu’il devait faire pour accomplir l’ordre de son père, Ya'akov lui a répondu : « Prends tout ce que je possède, car un pauvre est considéré comme mort. » La question se pose de savoir pourquoi Ya'akov n’a pas essayé de faire comprendre à Eliphaz qu’il lui était interdit d’accomplir l’ordre de son père parce qu’il était contraire à l’ordre supérieur du Saint, béni soit-Il, qui interdit de tuer qui que ce soit. Mais dès que Ya'akov a entendu que la mitsva de respecter son père était si chère à Eliphaz, il s’est dit : il vaut mieux que je lui donne tout ce que possède plutôt que de l’empêcher d’accomplir cette unique mitsva, à laquelle il est attaché de tout son être. C’est en citant cet exemple que le gaon Rabbi Chemouël Salant Zatsal a consolé un vieux juif qui était venu le trouver pour lui raconter ses malheurs. Il avait un fils unique qui vivait à l’étranger. Il venait de recevoir de lui une belle somme d’argent, qui suffirait pour le faire vivre dans sa vieillesse. Mais il savait, à sa grande tristesse, que ce fils n’observait pas le Chabbat, c’est pourquoi il était troublé et craignait de ne pas avoir le droit de profiter de cet argent, qui avait certainement été gagné de façon interdite, et il avait l’intention de le lui rendre. Rabbi Chemouël décida que ce pauvre homme perplexe devait se conduire de la même façon que Ya'akov. Son fils était encore attaché à la mitsva de respecter son père, il ne fallait pas l’empêcher d’accomplir comme il convient cette grande mitsva. Il pouvait utiliser l’argent que son fils lui avait envoyé sans aucune hésitation (Parperaot LaTorah). Sa mère était arrivée Voici une description bouleversante tirée du livre « Kol ‘Hotsev » sur la vie de Rabbi Chalom Schwadron Zatsal, en ce qui concerne sa façon de respecter ses parents : La salle était comble. Tous les gens qui étaient venus pour participer à la sim’ha allaient vers Rabbi Chalom Schwadron Zatsal, qui prodiguait de bonnes paroles. Tout à coup, il s’arrêta net au milieu de ce qu’il était en train de dire. Que s’était-il passé ? Il quitta la salle en courant. Sa mère était arrivée ! Avec une crainte révérencielle, il s’approcha d’elle, se pencha et s’inclina vers elle en prenant ses deux mains pour les embrasser. Sa mère était arrivée ! Ainsi à chaque occasion, en particulier pendant les sema’hot, le public s’émerveillait de ce spectacle. Naturellement, il se conduisait ainsi dans toute visite chez elle, il lui embrassait les mains en s’inclinant avec humilité. Le premier devoir Un villageois s’adressa au Rabbi d’Alexander Zatsal pour lui raconter qu’il vivait dans un village dans un grand appartement et qu’il avait des moyens corrects. Son vieux père vivait avec lui dans l’appartement, mais il y avait peu de juifs dans ce village et pas de minyan pour la prière, ce qui lui faisait de la peine tous les jours. Il voulait demander s’il était souhaitable qu’il aille vivre dans une ville où il y a de nombreux juifs et une synagogue, un mikvé et un Talmud Torah pour ses fils, mais où il devrait se contenter d’un petit appartement, si bien que son père n’y serait pas à l’aise. Le Rabbi entendit la question, réfléchit pendant de longues minutes, ensuite il se leva, leva les mains vers le ciel et dit : « Bien qu’il soit plus facile d’être un bon juif à la ville, vous devez rester dans votre village, car votre premier devoir et le plus important est de veiller sur votre père. Je n’avais pas pensé à cela C’est une histoire sur un avrekh de Jérusalem qui gagnait difficilement sa vie, c’est pourquoi il envisageait de déménager dans une autre ville où les loyers étaient beaucoup moins chers, si bien qu’il serait un peu plus à l’aise. Mais avant d’exécuter ce projet, il décida de prendre conseil, et alla demander l’avis du Roch Yéchiva de Porat Yossef, le gaon Rabbi Ben Tsion Aba Chaoul Zatsal. Voici ce que le Rav lui répondit : « Votre père commence à vieillir, et c’est justement maintenant qu’il va avoir besoin de votre aide. Alors comment pouvez-vous envisager de déménager maintenant, qui s’occupera de votre père lorsqu’il sera vieux ? » L’avrekh reconnut qu’il n’avait pas pensé à cela. Il changea donc d’avis, resta à Jérusalem et se mit à aider ses parents encore plus. Toute la journée dans des calculs Le gaon Rabbi Baroukh Ber Leibowitz s’est spécialisé et rendu célèbre par la minutie qu’il mettait dans l’accomplissement de la mitsva de respecter ses parents, et ses élèves racontaient beaucoup de choses sur son extrême attention envers cette mitsva. Les élèves de la yéchiva le ressentaient en particulier à l’époque où ses parents vivaient chez lui, et où ils voyaient de leurs yeux comment il se comportait avec eux. Ils avaient l’impression que Rabbi Baroukh Ber passait tout son temps à s’occuper des besoins de ses parents. De temps en temps, il allait voir s’il leur fallait quoi que ce soit. Et à la moindre petite allusion dont il concluait qu’ils avaient besoin de quelque chose, il veillait immédiatement à ce qu’ils l’obtiennent et s’assurait qu’ils étaient satisfaits. Le gaon Rabbi Eizik Scherr Zatsal a appliqué à cette époque-là ce qu’il avait entendu de l’un des grands de la génération lorsqu’il s’était étonné « quand Rabbi Baroukh Ber a-t-il le temps d’étudier, s’il passe toute la journée à faire des calculs pour la mitsva du respect des parents ? » Rabbi Baroukh Ber lui-même a une fois parlé (cité dans le livre « HaRav HaDomé LéMalakh ») de l’éducation au respect des parents qu’il avait vue chez l’auteur de « Beit HaLévi » : Un jour, le « Beit Halévi » était venu à Brisk, au moment où le Maharil Diskin Zatsal était Rav, avec son jeune fils ‘Haïmke. Lorsqu’il était à la synagogue, l’enfant s’était assis sur la chaise du Rav de la ville, le Maharil. Quand ce dernier arriva et vit un petit enfant à sa place, il lui demanda : « Petit, est-ce que tu sais étudier ? » Il répondit : « Bien sûr ! » Le Maharil lui demanda de nouveau : « Mieux que ton père ? » L’enfant répondit à cela : « Personne ne peut mieux que mon père. » Les lois de la vie Lois et coutumes de la mitsva de respecter ses parents Voici la nature des limites du respect dû aux parents : On doit se conduire avec son père et sa mère de la même façon que devant un roi et une reine (Séfer HaMitsvot du Rambam). Le fils ne doit pas se tenir à l’endroit spécifique où son père a l’habitude de se tenir, ni à l’endroit spécifique où il a l’habitude de se tenir pour prier ou pour étudier, ou pour toute autre chose. Et il ne doit pas s’asseoir à la place où son père a l’habitude de s’asseoir à la maison ou dans sa boutique, ou ailleurs. Il est interdit au fils de s’asseoir sur la chaise spécifique à son père, même si elle ne se trouve pas à l’endroit habituel
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