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paracha de la semaine

Bechalah

11 Janvier 2014

10 Chvat 5774

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

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FIN

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La manne mène au repentir

 (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

On sait que les bnei Israël ont connu de nombreux miracles à travers la tombée de la manne. En effet, il est dit dans la Mekhilta (Béchala’h 16) : « Pour les tsaddikim, la manne descendait dans leur maison et même dans leur bouche. Quant aux impies, ils devaient se fatiguer pour aller la ramasser. » De même, nos Sages ont dit (Yoma 75 b) : « La manne révélait ce que les bnei Israël avaient au fond d’eux-mêmes, et elle pouvait même devenir l’aliment qu’ils désiraient manger » (Tan’houma Béha’alotkha 16). Enfin, il est rapporté (Pessikta Rabbati Béchala’h) que plus un individu était empreint de crainte divine, plus la manne qu’il recevait avait un bon goût et était belle d’aspect.

Ainsi, certains bnei Israël étaient probablement très contrariés par la tombée de la manne, car ils étaient humiliés lorsque leurs voisins voyaient à l’entrée de leur tente une manne qui n’était pas belle d’aspect, ou pire encore, qui contenait des vers. Cela prouvait en effet que les propriétaires n’étaient pas des gens sincères. Il y a lieu de comprendre pourquoi D. a choisi de les réprimander en public, et non en cachette, afin de ne pas les humilier.

Tentons d’expliquer les choses. Un homme qui sert D. a l’impression d’accomplir des actes beaux et nobles. Ses voisins et ses connaissances ne perçoivent rien de mal non plus dans son service divin. Mais en réalité, seul D., qui sonde les cœurs, sait si ce service est sincère et authentique ou s’il est entaché d’intérêt ou de profit personnel. En effet, on se sent toujours proche de soi-même, et les autres se sentent également proches quand il leur convient, pour une raison quelconque, d’imiter cette conduite.

C’est pourquoi il ne faut jamais réprimander quelqu’un qui pense bien agir, car il n’acceptera pas les reproches. Les paroles de nos Sages (Avot 4, 4) sont d’ailleurs bien connues : « Quiconque commet une faute en cachette, on lui en demandera compte en public. » C’est cela le secret de la manne, et j’ai pu constater des choses du même genre de mes propres yeux.

Ainsi, la manne entrait dans les entrailles et dans le cœur, car elle n’était donnée qu’à ceux qui acceptaient le joug de la Torah. En ce cas, elle sentait elle-même comment elle était perçue en eux et comment elle prenait différents goûts, tout comme nos Sages ont dit que la Torah a soixante-dix facettes.

C’est pourquoi seule la manne avait la capacité de réprimander ceux qui ne suivaient pas le droit chemin. Elle n’était donnée qu’en fonction de la manière dont les bnei Israël servaient Hachem et de ce qu’ils voulaient devenir. Ainsi, quand certains se sont révoltés contre elle en disant « Maintenant, nous sommes exténués, nous manquons de tout : pas d’autre perspective que la manne ! » (Bemidbar 11, 6), ils ont prouvé qu’ils ne cherchaient pas à s’améliorer, et c’est pourquoi la manne les a humiliés.

Or il est bien connu que le mauvais penchant ne peut pas venir se confronter à un ben Torah qui connaît la vérité. Il l’atteint par la ruse et feint d’être d’accord avec lui, puis il commence à introduire imperceptiblement dans son service divin un peu d’orgueil et de recherche des honneurs.

Mais à nous de savoir que telle est la façon de procéder du mauvais penchant. Il ne viendra pas nous traiter d’impies. Au contraire il viendra, avec ruse, comparer nos bonnes actions à celles des grands et nous fera croire que nos actes ont atteint le niveau de ceux de nos maîtres. En même temps, il ne nous laisse pas le loisir de réfléchir à la manière dont nous avons agi et ne nous montre pas la différence entre deux actes qui se ressemblent certes extérieurement, mais n’ont en fait rien à voir du point de vue de la sainteté et de la pureté de la pensée et du cœur. C’est comme cela qu’agit le yetser hara.

Mais malheur à celui qui croit vraiment avoir réussi et être fort ! Il finira par subir une série d’échecs qui le feront chuter sans même qu’il s’en aperçoive, en accord avec la façon de procéder du mauvais penchant, qui dit aujourd’hui « Fais ceci », le lendemain « Fais cela », jusqu’à dire « Adore les idoles » (Chabbat 105b). En réfléchissant un peu, on se rend compte du travail à fournir en ce monde pour atteindre le niveau de nos ancêtres.

A l’époque de la manne, personne d’autre que Moché n’était en mesure de révéler le déshonneur des impies en public, mais il ne le faisait pas, à cause de sa grande humilité et de l’amour qu’il portait à tous les bnei Israël. C’est pourquoi Hachem a donné à la manne la tâche de montrer à chacun de quoi avaient l’air ses actions, et si elles étaient accomplies uniquement de manière extérieure, ou se trouvaient en accord avec sa pensée et ses idées. Il est en effet naturel et humain d’être induit en erreur : on peut croire avoir bien agi, ce qui d’ailleurs transparaît dans la réalité, alors qu’en fait, on n’a agi qu’extérieurement.

Ainsi, certains bnei Israël, qui se considéraient et étaient considérés par les autres comme de grands hommes, ont été humiliés en découvrant soudain que leur manne n’avait pas un bel aspect, ou pire encore, qu’elle était véreuse. Ils ont alors compris qu’ils dépendaient encore de leurs désirs et se trouvaient soumis à leur mauvais penchant, qui avait toujours une certaine emprise sur eux. Or au lieu de se repentir et de réparer le mal causé, ils se sont rebellés contre la manne.

Il va sans dire qu’il y avait également dans le désert des tsaddikim qui se sont réjouis de découvrir leurs manquements, par le biais de la manne. Ils n’ont certainement ressenti aucune honte, mais y ont plutôt perçu un moyen de s’améliorer. J’ai d’ailleurs déjà pensé que la manne était comparable à un livre de moussar à l’aide duquel les bnei Israël procédaient à un examen de conscience : ils évaluaient leur niveau, leur élévation ou leur chute spirituelle.

C’est ainsi que les choses se passaient au temps de la génération du désert. Mais de nos jours, c’est uniquement à travers l’étude des livres de moussar, des livres de ‘hassidout et des livres d’histoires de tsaddikim que nous percevrons quel est notre état spirituel. Ainsi, pour parer à nos manquements dans le service divin, il nous faut étudier les livres saints.

LA CONFIANCE DANS LES SAGES

Qui prend conseil des Anciens n’y perdra pas

« Ils crurent en Hachem et en Son serviteur Moché » (Chemot 11, 32)

Voici une magnifique histoire racontée par Rabbi Ya'akov Galinsky chelita sur la confiance dans les sages.

Cela se passe en 5709. Nous étions de nouveaux immigrants et terriblement pauvres. Il n’y avait pas de pain à satiété, et le fils de mon ami Rabbi Na’hman Grodke a attrapé la diphtérie, une grave maladie des entrailles, et a été hospitalisé à l’hôpital Assouta.

Malgré les soins, l’état de l’enfant allait en empirant, au point que les médecins insinuèrent au père qu’il devrait se préparer au pire.

Je me suis adressé au père et je lui ai dit : « Va chez le ‘Hazon Ich pour qu’il bénisse l’enfant et prie pour sa guérison ! »

Le père s’est rendu chez le Rav, et le ‘Hazon Ich lui a dit : « Allez chez le Professeur Weinberg à l’hôpital Assouta. »

Le père lui rappela que l’enfant se trouvait déjà à Assouta.

Il s’expliqua : « Effectivement. Mais vous devez aller le trouver en privé, dans son dispensaire de Tel-Aviv. »

Comme on n’allait pas chez le Professeur les mains vides, Rabbi Na’hman Grodke emprunta de l’argent et partit pour Tel-Aviv. Il arriva au dispensaire du Professeur Weinberg, qui était rempli de gens attendant leur tour.

« Oui ? » lui demanda la secrétaire.

« Je suis venu voir le Professeur », répondit Rabbi Na’hman.

La secrétaire sourit et expliqua : « On ne vient pas chez le Professeur comme cela. Il faut fixer un rendez-vous. Vous voyez tous ces gens ? Ils ont pris rendez-vous depuis déjà plusieurs semaines. Si vous voulez prendre rendez-vous, nous allons voir. » Elle se mit à feuilleter l’agenda du médecin, semaine après semaine, tout était rempli.

Le père lui dit : « Ne vous fatiguez pas, ne perdez pas votre temps. J’entre ! »

On entendit des voix de protestation, et la secrétaire lui dit : « Non, vous n’entrez pas ! »

Mais lui insista : « J’entre ! »

Et elle : « Je vais veiller à ce que vous n’entriez pas ! »

Cette altercation bruyante alerta le professeur Weinberg, qui sortit de son bureau :

« Qu’est-ce qui se passe ici ? » demanda-t-il.

« Il veut rentrer sans rendez-vous ! » annonça la secrétaire.

« Qu’est-ce que cela veut dire ? » demanda le professeur.

« Mon enfant, dit Rabbi Na’hman Grodke au médecin, mon enfant est à l’agonie, c’est vraiment un cas de vie ou de mort. Le ‘Hazon Ich m’a dit de venir vous trouver. Je ne bougerai pas d’ici avant d’être entré ! »

« Où est l’enfant ? » demanda le professeur Weinberg.

« Il est à l’hôpital Assouta », répondit Rabbi Na’hman.

On entendit des ricanements.

« Alors à quoi cela sert-il que vous entriez me voir ? J’ai besoin de voir l’enfant. Attendez ici ! »

Au bout de quelques minutes, le professeur sortit de son bureau : « Vous pouvez rentrer chez vous, tout va bien. »

Qu’est-ce qui allait bien ? Il ne le comprenait pas, mais avait confiance dans l’affirmation du médecin.

Il se leva et partit à l’hôpital. Sa femme attendait à côté du lit de son fils et lui raconta que son état s’était aggravé, il était entre la vie et la mort. Et tout à coup, il s’était produit un changement radical. Les médecins avaient été appelés et étaient venus, les infirmières se tenaient là, tout le personnel murmurait autour du lit.

Rabbi Na’hman et sa femme comparèrent les heures, et il comprit qu’au moment où il était à Tel-Aviv chez le médecin, le professeur était rentré dans son bureau et avait téléphoné au service. Il avait fulminé contre qui de droit, et avait aiguillonné toute l’équipe médicale. Ils étaient alors entrés en action, avaient équilibré la situation, et avec l’aide du Ciel, en peu de temps l’enfant se rétablit.

Pour lui, Weinberg. Pour vous, Deutsch.

Quinze jours plus tard, raconte le Rav Galinsky, l’un de mes enfants attrapa la diphtérie. Je savais ce que j’avais à faire, alerter le professeur Weinberg de l’hôpital Assouta. Mais sans faire confiance à ce savoir, je suis allé trouver le ‘Hazon Ich.

Il a écouté la situation médicale de mon fils, puis m’a dit : « Allez chez le professeur Deutsch à Guivat Rokea’h. »

Je ne connaissais pas le professeur Deutsch, et j’ai fait au ‘Hazon Ich la réflexion : « Il y a quelque temps, le Rav a envoyé Grodke au professeur Weinberg à Assouta. »

Il répondit : « Pour lui, Weinberg. Pour vous, Deutsch. »

Bon. J’avais un nom et une adresse. J’ai vérifié auprès de mes connaissances qui était le professeur Deutsch, et les gens ricanaient. Il s’agissait d’un vieux médecin qui avait pris sa retraite depuis déjà longtemps. Il habitait seul dans une villa isolée à Guivat Rokea’h, et il cultivait son jardin et s’occupait de ses deux chiens. On me dit : « Autrefois, le ‘Hazon Ich a habité Guivat Rokea’h. Peut-être qu’il connaît le médecin de cette époque-là, alors qu’il était encore en activité. Aujourd’hui, il n’est déjà plus dans le coup. » Mais le ‘Hazon Ich m’avait envoyé à lui, et j’ai suivi ses ordres. Je suis allé à Guivat Rokea’h à Bnei Brak, les chiens m’ont accueilli en aboyant et le vieux professeur est sorti pour les calmer.

Quand il m’a vu, il m’a demandé ce que je voulais. J’ai répondu que mon enfant avait été frappé d’une grave diphtérie et que le ‘Hazon Ich m’avait envoyé à lui. Je lui ai donc demandé de venir faire une visite à domicile. J’étais d’une grande pauvreté, mais j’avais emprunté de l’argent pour la visite et les médicaments.

Le vieux professeur m’écouta, et me dit : « Il n’y a aucun besoin d’une visite à domicile. Cette maladie est connue et son traitement l’est aussi. J’ai les médicaments ici à la maison. Et comme c’est le ‘Hazon Ich qui vous a envoyé vers moi, je vais vous les donner gratuitement. »

Une grosse pierre avait été ôtée de mon cœur. Je suis rentré chez moi, je me suis dépêché de donner les médicaments à l’enfant et de rendre l’argent à ceux qui me l’avaient prêté. Et grâce à D., l’enfant guérit et reprit ses forces, que D. soit loué.

J’ai appris de là un grand principe de la confiance dans les Sages : de ne pas compter le moins du monde sur notre intelligence, et de ne pas tirer de conclusions d’une situation à une autre. Demander aux Sages de la Torah en toute chose, et faire ce qu’ils vous ordonnent, car « qui prend conseil des Anciens n’y perdra pas ».

GARDE TA LANGUE

Ne pas causer de perte

A cause de la « poussière de lachon hara », il est interdit de louer quelqu’un des services qu’il vous a rendus, par exemple en vous donnant à manger ou à boire ou un prêt, car cela peut envoyer chez lui des gens mauvais et lui causer des pertes.

De même, si quelqu’un est la cause que d’autres le soupçonnent de dire du lachon hara, c’est de la « poussière de lachon hara ».

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Celui qui l’a aidé est jugé avec le destructeur

« Alors Moché chanta avec les bnei Israël ce cantique pour Hachem et ils dirent : Je chanterai pour Hachem car Il est extrêmement grand, il a jeté à l’eau cheval et cavalier » (Chemot 15, 1)

Au moment où la mer s’est fendue, quand l’eau a englouti les Egyptiens, les chevaux qu’ils montaient ont été balayés par la mer et ont sombré, ainsi qu’il est dit dans la chirat hayam : « Je chanterai à Hachem car Il est extrêmement grand, il a jeté à l’eau cheval et cavalier », ce qui signifie que ce n’est pas seulement le cavalier qui a été puni par la noyade, mais également le cheval qu’il montait.

Or cela ne peut qu’éveiller l’étonnement : pourquoi les chevaux ont-ils eux aussi été punis et ont-ils connu cette mort violente, alors que ce sont les Egyptiens qui poursuivaient les bnei Israël ?

Les ouvrages de moussar répondent à cela que comme ces chevaux avaient aidé les Egyptiens qui asservissaient cruellement les bnei Israël, et que nous savons qu’on amène une mauvaise chose par l’intermédiaire d’un mauvais, ils ont été punis eux aussi et se sont noyés dans la mer.

Cela comporte donc une grande leçon et un raisonnement a fortiori en ce qui concerne la participation à une faute. Bien que l’homme lui-même n’ait commis aucune faute dans les faits, s’il a aidé d’autres à le faire, qu’il sache que lui aussi devra rendre des comptes sur cette faute.

En particulier, si nous voyons comment les chevaux, qui sont des animaux et n’avaient aucune intention de faire du mal aux hommes, ont eux aussi subi la justice et ont été noyés avec leurs cavaliers, à plus forte raison l’homme, qui comprend et sent, devra répondre de sa part, s’il avait participé à une faute.

D’ailleurs, même dans la législation des non-juifs, on juge sévèrement les complices d’une crime. Bien que l’homme lui-même n’ait pas provoqué de dégâts, le fait qu’il ait aidé celui qui a frappé à l’endroit des événements, ou qu’il lui ait donné asile chez lui, le rend déjà passible d’un châtiment.

A LA SOURCE

« La nuit dans une colonne de feu pour leur éclairer le chemin jour et nuit » (13, 21)

Certains expliquent que la peur de Par’o l’impie a mené le peuple à « marcher jour et nuit », même à l’heure où les gens dorment ordinairement, pour reprendre des forces pour le lendemain.

Rabbeinou Be’hayé זצ''ל explique selon le sens littéral qu’à cause de leur grand désir de recevoir la Torah le cinquantième jour, ils se pressaient et marchaient jour et nuit, contrairement aux voyageurs ordinaires qui se donnent du mal le jour et se reposent la nuit.

 « Pourquoi cries-tu vers Moi, parle aux bnei Israël et qu’ils partent » (14, 15)

Cela dépend uniquement d’eux, des bnei Israël. Si eux sont au maximum de leur foi et de leur confiance, et marchent sans hésiter vers la mer, certains qu’elle va sûrement s’ouvrir devant eux, alors cela provoquera nécessairement un éveil d’en-haut pour que leur soit fait un miracle et que la mer se fende devant eux.

C’est le sens littéral du verset dans l’enseignement de Rabbi ‘Haïm de Volojineזצ''ל  « Pourquoi cries-tu vers moi » : Est-ce que leur réussite ne dépend pas des bnei Israël ? C’est seulement d’eux que cela dépend ! Et par conséquent, « Parle aux bnei Israël et qu’ils partent », avec une confiance et une foi totales.

 « Israël vit les Egyptiens morts au bord de la mer » (14, 30)

Le livre « Talelei Orot » rapporte au nom de Rabbi Chemouël Aharon Rubin זצ''ל, Av Beit Din de Kortschin, une explication sur la Mekhilta qui appelle les Egyptiens « morts et pas morts ». En effet, la raison pour laquelle la mer les a rejetés est le butin dont ils étaient chargés, l’argent et l’or qu’il portaient sur eux.

Or le Rambam explique dans les Hilkhot Toumat Met (chapitre 1 halakha 12) que même un non-juif rend impur quand on le touche ou qu’on le porte, c’est pourquoi il leur est resté de la vie, pour ne pas rendre impurs les bnei Israël.

 « Ils crurent en Hachem et en Son serviteur Moché » (14, 31)

Rabbi Avraham Ibn Ezra fait remarquer sur ce verset que la confiance en Moché ne peut pas être comparée à la confiance en Hachem.

Les bnei Israël croyaient que Hachem est vérité, que Moché était son fidèle serviteur et qu’il ne ferait rien de sa propre initiative, mais uniquement ce que Hachem lui ordonnerait.

 « Voici que Je fais pleuvoir pour vous » (16, 4)

Le livre « Midrach Akhbir » amène une merveilleuse précision :

Le « pain » que le Créateur du monde a fait pleuvoir du ciel était spécial, et s’adressait uniquement au peuple d’Israël, ainsi qu’il est dit : « Voici que Je fais pleuvoir pour vous ». C’est pour vous qu’il est donné, et non pour n’importe quel peuple. En effet, si n’importe quel autre peuple voulait venir profiter même d’un tout petit peu de la manne, il ne le pourrait pas.

Et le Midrach ajoute que cette attitude se manifeste également dans le puits de Myriam, dont les autres peuples ne pouvaient pas jouir, ainsi qu’il est écrit : « des princes ont creusé le puits » (Moché et Aharon, uniquement pour le peuple d’Israël), ce qui nous enseigne que si toutes les nations du monde venaient remplir une cruche au puits, elles ne le pourraient pas.

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Il arriva au petit matin » (14, 24)

Il faut savoir pourquoi Hachem a fait ce grand jugement le matin et non la nuit, qui est le moment où la rigueur se renforce. J’ai vu chez les Sages (Yalkout Chimoni 235) que l’ange Gabriel avait exposé cette objection à D., Qui lui a répondu : « Attends jusqu’au moment où leur ancêtre a fait quelque chose pour Moi, ainsi qu’il est dit (Béréchit 22, 3) : « Avraham se leva de bonne heure. »

La réponse de Hachem signifie que même si ce n’était pas le moment de la vengeance, Il modifierait l’ordre des choses pour les descendants d’Avraham, de la même façon qu’Avraham avait changé sa nature miséricordieuse, et de plus pour son fils bien-aimé. Il Se comporterait de la même façon.

Il y a en cela un profit pour les bnei Israël : le mérite d’Avraham est entré en jeu aujourd’hui et Hachem a accompli Sa parole en personne, comme l’a fait Avraham quand il a sanglé son âne lui-même. C’est le sens de « Hachem regarda ».

LES SENTIERS DES JUSTES

Pour acquérir les valeurs et les bonnes midot

Le traité « Derekh Erets » (« bonnes façons de se comporter envers les autres », oui, il y a dans notre Talmud un tel traité) énumère un certain nombre de qualités concernant la conduite à tenir à la maison. L’une d’elle est qu’il faut être « humble envers les habitants de la maison ».

Tout père et mari sait combien c’est difficile. On peut être discret et effacé, humble et sans importance, uniquement lorsqu’on se trouve à l’extérieur, mais dès que l’on rentre chez soi, on risque de se transformer totalement, de s’énerver à propos de tout et de n’importe quoi, on ne ménage pas ses critiques aux habitants de la maison, même lorsque cela n’est pas justifié ; maintenant, on ne sera plus effacé ni humble, on montrera sa force.

Or les Sages viennent nous enseigner que la grandeur d’un homme se mesure uniquement au fait qu’il soit « humble envers les habitants de la maison ». C’est seulement s’il est capable de s’incliner et de s’abaisser, lui et ses qualités, à l’intérieur de son domaine privé, c’est cela la plus grande sagesse et le plus grand courage. Alors seulement, on peut considérer son humilité comme véritable.

Le Chla écrit dans la parachat Vayetsé : « Il ne convient pas à l’homme, quand il veut quelque chose des personnes de sa famille, de les y obliger par la force, même si c’est lui qui gouverne. Il s’efforcera plutôt de les convaincre de ce qu’il désire afin qu’ils y arrivent d’eux-mêmes, car cela vaut mieux que de le leur faire faire par la contrainte. Voyez combien Ya'akov a parlé à Ra’hel et Léa pour qu’elles acceptent son départ de bon cœur, bien que ce soit Hachem Lui-Même Qui lui ait ordonné de retourner en Erets Israël !

Rabbeinou Yossef ‘Haïm de Bagdad cite une terrible histoire dans son livre « Ben Yéhoyada » sur le traité Guittin (6a), à propos de quelqu’un qui était très dur envers sa femme et qui la battait même sans aucune pitié.

Un jour, la femme a vu un serpent qui pénétrait dans un verre de lait qu’il y avait à la maison et y déposait son venin. Elle voulait s’approcher du verre pour jeter le lait qu’il contenait, mais exactement à ce moment-là son mari est rentré à la maison, si bien qu’elle n’a pas eu le temps de le faire.

Le mari avait soif, il s’est approché du lait et s’est mis à le boire avidement… sa femme, qui se tenait de côté, avait peur de lui parler du venin que le serpent avait laissé dans le verre, parce qu’alors il l’aurait battue pour ne pas avoir surveillé le lait.

En fin de compte, le mari a bu tout le lait qu’il y avait dans le verre et a rendu l’âme.

Le Rav Zilberstein chelita demande dans son livre « Aleinou Lechabea’h » : Pourquoi a-t-il mérité un châtiment aussi sévère ? Où est-il écrit dans la Torah que si un homme se met en colère contre sa femme, et même s’il est arrivé à un niveau tellement bas qu’il est trop dur avec elle, il mérite un châtiment aussi terrible que la mort ?

Cela signifie que ce mauvais mari est celui qui s’est préparé à lui-même l’instrument de sa mort. En effet, comme il avait frappé sa pauvre femme elle versait des larmes, et c’est de ces larmes-là qu’a été créé le serpent qui a tué le mari.

Ce ne sont pas là des propos de kabbala, mais plutôt de moussar, qui figurent dans tous les livres de nos maîtres, Richonim et A’haronim, qui éveillent l’homme au fait que c’est lui-même qui crée et se prépare à lui-même la façon dont on se comporte avec lui.

S’il se montre bon envers les autre, on se montrera bon envers lui, mais s’il se conduit avec cruauté envers ceux qui l’entourent, et en particulier envers sa femme, il se prépare de ses propres mains les instrument de sa mort.

On ne parle pas comme cela à un mari

Le respect dont nous allons parler dans cette série est réciproque. Il est du devoir de la femme de respecter son mari et il est du devoir du mari d’honorer et d’apprécier sa femme. Nous apprenons à quel point la femme doit respecter son mari de ce que raconte la Torah dans la parachat Toldot (Béréchit 27, 42) sur Rivka, qui a appelé Ya'akov son jeune fils pour lui révéler : « Voici que ton frère Essav cherche le moyen de te tuer », c’est pourquoi elle lui ordonne de s’enfuir chez Lavan à ‘Haran.

Or lorsque Rivka fait part à Yitz’hak de son désir que Ya'akov aille à ‘Haran, elle ne le fait pas dépendre de la crainte qu’Essav ne l’attaque, mais trouve une autre raison : « Les filles de ‘Het me rendent la vie amère ».

Pourquoi n’a-t-elle pas donné à Yitz’hak la véritable raison, à savoir qu’elle redoutait Essav, et en a-t-elle cherché une autre ?

Il y a une explication merveilleuse à cette attitude :

Comment Rivka savait-elle qu’Essav cherchait à le tuer ?

Les Sages disent qu’elle le savait par prophétie. Et maintenant, quand elle doit dévoiler à son mari qu’elle a vu par prophétie le danger qui menace son jeune fils Ya'akov, elle se rend compte qu’il n’est pas convenable qu’une femme vienne révéler à son mari ce que lui-même ne sait pas encore, comme si elle était plus importante que lui.

C’est ce que Rivka savait : ce n’est pas une chose convenable à dire, ce n’est pas ainsi qu’on parle à son mari. Alors elle modifie la raison et la fait dépendre de son désir que Ya'akov trouve un bon chidoukh, et ainsi tout le monde y gagne.

Elle a embrassé les chaussures

On raconte sur la rabbanit tsadkanit du gaon Rabbi Yé’hezkel Abramsky זצ''ל une histoire extraordinaire qui fait une grande impression sur tous ceux qui l’entendent. Cela se passe à l’époque du communisme en Russie, quand les juifs étaient emprisonnés pour avoir servi leur Créateur.

Rabbi Yé’hezkel Abramsky זצ''ל avait naturellement continué à étudier, et il n’interrompait pas son étude fût-ce un seul instant. Cela parvint aux oreilles des communistes, qui vinrent chez lui pour l’emprisonner et l’envoyer en Sibérie.

Quand les policiers frappèrent à la porte de la maison, la rabbanit comprit la gravité de la situation et cacha son mari dans un endroit secret. Lorsqu’elle ouvrit la porte et que les policiers lui demandèrent où était le maître de maison, elle répondit : « C’est mon mari que vous cherchez ? Il n’est pas à la maison. Il y a longtemps qu’il m’a quittée et m’a laissée seule. Vous n’avez pas à le chercher ici dans cette maison. »

Ces paroles, prononcées d’un ton décisif, firent aux policiers l’impression d’être véridiques, et ils quittèrent les lieux sans avoir porté atteinte au Rav d’Israël.

Ensuite, la rabbanit Abramsky, comme elle l’a raconté elle-même, a pris les chaussures de son mari et les a embrassées avec émotion. Elle dit qu’elle éprouvait le besoin d’obtenir le pardon de son mari pour les choses graves qui étaient sorties de sa bouche, comme s’il l’avait abandonnée.

Bien qu’elle ait dit ces choses dans un moment de véritable danger de mort, une femme vertueuse comme elle a senti que pour ainsi dire elle n’avait pas bien agi, et elle a embrassé les chaussures de son mari pour se concilier l’honneur de la Torah et de ceux qui l’étudient.

 

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