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paracha de la semaine

Yitro

18 Janvier 2014

17 Chvat 5774

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

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17:06

18:18

Lyon

17:07

18:16

Marseille

17:12

18:19

 

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L’amour de la vérité chez le prêtre de Midian

 (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

 « Yitro le prêtre de Midian, gendre de Moché, entendit » (Chemot 18, 1)

Qu’a-t-il entendu ? Rachi répond au nom des Sages (Zeva’him 116a) : l’ouverture de la mer des Joncs et la guerre d’Amalek.

Or c’est difficile à comprendre. Si Yitro avait déjà décidé par lui-même de venir rejoindre Israël pour recevoir la Torah à cause des miracles dont il avait entendu parler, pourquoi est-il encore appelé prêtre de Midian ? Apparemment, ce titre aurait dû lui être enlevé à ce moment-là.

Nous allons tenter de l’expliquer au mieux. Avant d’entendre parler de tout cela, Yitro se trouvait encore dans sa ville, il n’était pas chez les bnei Israël, bien qu’il ait déjà cessé d’être prêtre de Midian. Par conséquent, comme il n’était pas allé chez son gendre l’homme de D. et ne s’était pas joint à lui, le titre de « prêtre de Midian » restait attaché à lui.

Pourquoi ? Parce qu’on ne peut pas rester avec deux visages, celui du juste et celui de l’impie, être à la fois prêtre idolâtre et se joindre au peuple juif. C’est une chose impossible.

Par conséquent, bien qu’il ait déjà quitté l’idolâtrie après avoir pratiqué tous les cultes existants, tant qu’il n’avait pas quitté même sa ville pour venir au désert recevoir la Torah et s’attacher à son gendre Moché, il porte encore le nom de « prêtre de Midian ». Et bien que la Torah fasse son éloge, ici elle en parle encore négativement et continue à l’appeler « prêtre de Midian », parce qu’il était resté chez lui, où c’était encore son titre officiel.

Nous connaissons l’enseignement des Sages (Avot 6, 9) selon lequel on ne doit habiter que dans un lieu de Torah, c’est pourquoi Yitro, qui vivait encore dans un lieu idolâtre, s’appelle encore leur prêtre. A priori, il est possible que les Midianites n’aient pas trouvé quelqu’un d’aussi apte que lui pour pratiquer leur culte, et tant qu’il se trouvait encore sur place, ils espéraient le voir renoncer au judaïsme et redevenir leur prêtre, même si en principe il n’officiait déjà plus en cette qualité.

Mais maintenant, il avait entendu les miracles que Hachem avait fait à Son peuple Israël, l’ouverture de la mer et la guerre d’Amalek, où Hachem avait lutté pour Israël dans une guerre physique, ainsi qu’il est dit (Chemot 14, 14) : « Hachem luttera pour vous et vous vous tairez », ainsi que dans la guerre spirituelle contre Amalek, ainsi qu’il est dit (Ibid. 17, 16) : « Il y a une guerre entre Hachem et Amalek dans toutes les générations », qui est une guerre contre le doute (car la valeur numérique de « Amalek » est la même que celle de « safek » (doute)), le doute que le mauvais penchant souffle au cœur de l’homme pour le faire trébucher. Et comme les bnei Israël étaient à présent protégés à la fois physiquement et matériellement, Yitro a décidé de tout quitter et de partir au désert pour s’attacher à son gendre Moché.

Et effectivement, c’est lorsque Yitro a quitté sa ville qu’il a été débarrassé du titre de « prêtre de Midian », car les habitants de sa ville n’avaient plus alors aucun espoir qu’il y revienne en tant que prêtre, tandis que lorsqu’il s’y trouvait encore, le doute avait continué à le ronger. Il est vrai que sa fille Tsipora et ses fils étaient avec lui, et l’encourageaient par leur sainteté, il se renforçait donc dans la foi en Hachem, mais il n’avait pas encore quitté sa ville ni le doute qui s’y attachait, et cela portait gravement atteinte à son service divin.

Mais à présent, il avait compris que pour s’attacher à Hachem il fallait éliminer totalement les doutes (représentés par Amalek). Et bien qu’il n’y ait eu en son cœur aucune incertitude sur la vérité de l’existence de D., comme il était resté chez lui au lieu de partir au désert avec sa fille Tsipora et ses enfants, il donnait l’impression de douter, ce qui constitue une profanation du Nom de D. vis-à-vis des habitants de Midian, qui constataient qu’il n’avait pas envie d’aller au désert pour recevoir le joug de la Torah.

Et si l’on répond qu’il craignait que les habitants de Midian le combattent, ce n’est pas exact, puisqu’il est écrit (Chemot 14, 14) : « Hachem luttera pour vous. » Maintenant qu’il avait quitté Midian, il devenait visible qu’il avait totalement ôté le doute de son cœur, c’est pourquoi il avait décidé de sortir au désert pour recevoir la Torah et les Dix Paroles à cause des nouvelles qu’il avait entendues, qui l’avaient encouragé dans ce sens.

On peut encore expliquer ce passage par le niveau spirituel d’Yitro. Rachi écrit sur le verset « Yitro entendit » : « Qu’a-t-il entendu pour venir (ouba) ? » Le mot « ouba » (pour venir) a la valeur numérique de dix (avec le mot lui-même), ce qui correspond aux dix commandements que D. a donnés à Israël, c’est-à-dire que l’essentiel de ce qu’a entendu Yitro pour le pousser à venir et sa volonté de confirmer en son cœur la foi en Hachem était qu’il voulait venir recevoir la Torah.

En effet, Yitro n’est pas venu se convertir parce qu’il avait un intérêt personnel, par exemple d’être le beau-père du roi, puisque lui-même était roi et prêtre de Midian et pouvait rester un personnage plus important dans son pays sans aller au désert recevoir la Torah. C’est pourquoi il est écrit « prêtre de Midian », pour faire remarquer que bien qu’il ait été prêtre de Midian et roi, il a négligé sa position et les honneurs y attenant pour venir au désert recevoir la Torah sans le moindre intérêt personnel.

Cela constitue un grand éloge pour Yitro, c’est pourquoi la Torah le complimente au point de donner son nom à toute une paracha (Chemot Rabba 27, 8), parce qu’il s’est converti pour l’amour du ciel, et non pour recevoir une récompense ou pour utiliser la Torah à des fins personnelles.

C’est ce que la Torah veut nous faire entendre lorsqu’elle écrit qu’il était le « prêtre de Midian », à qui il ne manquait ni renommée ni honneurs ni royauté, et qui pourtant a tout quitté pour venir dans le désert, parce qu’il avait entendu parler des miracles de l’ouverture de la mer et de la guerre d’Amalek. Cela signifie qu’il a tout fait sans intérêt personnel, non pour être appelé le gendre du roi, mais uniquement pour l’amour du ciel. C’est cela le merveilleux niveau d’Yitro.

LES PAROLES DES SAGES

Les segoulot des jours et des nuits

La plus grande partie de la période des Chovavim (les parachiot de Chemot, Vaera, Bo, Bechala’h, Yitro et Michpatim) est déjà derrière nous : il nous reste Yitro et Michpatim. Nous avons entendu à plusieurs occasions de la bouche de Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita que ces jours-là sont particulièrement propices au repentir et au rapprochement avec le Créateur. Nombre de communautés récitent des supplications spécifiques pendant la période des Chovavim. On trouve une allusion à la particularité de ces jours-là dans le verset : « Revenez, enfants rebelles (chovavim) » (Yirmiyah 3, 14), que l’on peut lire : « Revenez, enfants, pendant la période des Chovavim. »

Les hommes particulièrement pieux ont la coutume de faire preuve de plus d’abstinence et de précautions pendant cette période-là. Dans son livre « Birkei Yossef » (Siman 785), le ‘Hida y fait allusion : « Pendant ces jours-là, nous sanctifier par ce qui nous est autorisé peut être une grande réparation. » De même, les ouvrages de moussar et de ‘hassidout racontent que de nombreuses personnes éminentes jeûnent d’un Chabbat à l’autre entre Chemot et Michpatim, et s’abstiennent de manger de la viande ou du poulet pendant toute la période des Chovavim. D’autres se mortifient en se privant de toute nourriture d’origine animale le soir après le jeûne, et se trempent de nombreuses fois au mikvé chaque jour. Chacun suit sa coutume.

Le Ari zal rapporte qu’outre les jeûnes observés pendant cette période, il existe un autre tikoun : la lecture du Chema du soir avec concentration. Cette mitsva a en effet le pouvoir de tuer les anges destructeurs que nous avons créés par nos fautes.

Enfin, signalons ce qui est rapporté au nom du Rav de Tchernobyl dans le livre « Or HaNer » : le prophète Eliahou nous a révélé trois choses susceptibles de réparer les émissions nocturnes :

a) Rester réveillé toutes les veilles de Chabbat.

b) Jeûner chaque vendredi pendant la période des Chovavim, sans avoir la possibilité de rattraper.

c) Lire entièrement le livre de Psaumes sans interruption le Chabbat matin.

Quiconque agit ainsi sera sauvé

Dans les saintes yéchivot, le jeudi soir est consacré à l’étude. Elle dure jusqu’à minuit, et les plus persévérants la poursuivent même après, particulièrement en cette période des Chovavim propice à la réparation des émissions nocturnes, surtout la veille de Chabbat.

Le kabbaliste Rabbi Meïr Papirsch, disciple du Rav Tsema’h, nous parle de l’habitude observée en terre sainte : « Dans tout Israël, on a l’habitude de rester éveillé le jeudi, puis toute la nuit du jeudi au vendredi, à étudier, en s’abstenant de parler de choses futiles. Et quiconque agit ainsi sera sauvé. »

Une autre preuve de cette coutume nous est rapportée dans le livre Cha’arei Tsion (Cha’ar 4) : « Dans toute les régions d’Erets Israël, en Turquie et en Italie, les personnes très pieuses ont l’habitude d’étudier toutes les nuits du jeudi au vendredi. Ils commencent par les michnaïot et le midrach avant de réciter le tikoun ‘hatsot à minuit, puis ils abordent le saint Zohar jusqu’au matin. »

Le livre « Aleph Ktav » raconte que le ‘Hatam Sofer avait l’habitude d’organiser, chaque jeudi soir, un tikoun ‘hatsot avec les élèves de sa yéchiva de renom, Presbourg. Son fils, le Ktav Sofer, et son petit fils, le Chévet Sofer, ont ensuite adopté cette coutume à leur tour.

Dans ses vieux jours, le « Chévet Sofer » s’est affaibli au point de ne plus pouvoir étudier avec les jeunes gens, si bien que la récitation du tikoun ‘hatsot s’est peu à peu éteinte.

Le Rav Weiss de Werbovy raconte dans ce livre ce que la fille du ‘Hatam Sofer lui a raconté : « Cela fait environ dix ans que la tsadéket respectée et connue Madame Sarah Lehmann, fille du ‘Hatam Sofer, m’a dit en pleurant que depuis plusieurs nuits, le Rav lui demandait en rêve pourquoi on ne récitait plus tikoun ‘hatsot en commun dans sa communauté et dans sa yéchiva de Presbourg. Je lui ai raconté en me lamentant qu’en effet, un petit groupe organisait tikoun ‘hatsot, mais que celui-ci était trop peu nombreux et qu’il y avait lieu de remédier à cette situation. »

Plus que mille jeûnes

Soulignons les paroles de Rabbeinou Yossef ‘Haim de Bagdad, le Ben Ich ‘Haï, rapportées dans son ouvrage « Torah Lichma » (Responsa Siman 459) : « Quiconque veille pendant toute la nuit accomplit certes une grande mitsva susceptible de racheter et de réparer une faute passible de retranchement. Cependant, il y a un inconvénient d’un autre côté, car selon la Torah cachée, le sommeil a le pouvoir de renouveler l’âme et le cerveau. »

Le Ben Ich ‘Haï conseille donc de « ne pas faire ce tikoun chaque semaine, mais une seule fois par mois, soit chaque veille de Roch ‘Hodech ».

A ce propos, le livre « Ohel Elimelekh » raconte au nom de Rabbi Arié d’Opoli que le prophète Elie est allé trouver Rabbi Elimélekh de Lizensk. Il lui a révélé que la yéchiva céleste avait tranché que la génération devait s’abstenir de jeûnes et de mortifications du fait de sa faiblesse. Il valait donc mieux les remplacer en étudiant davantage et en améliorant notre service divin.

De même, Rabbi Moché Leib de Sassov écrit : « Quiconque retient sa colère est considéré comme ayant observé plus de mille jeûnes, comme le dit la Guemara : ‘‘Quiconque travaille ses midot verra ses fautes expiées.’’ Et le monde ne se maintient que grâce à ceux qui se contiennent en période de dispute. »

Enfin, les paroles de nos Sages sont rapportées dans le livre « Yessod Ha’Avoda » : La Torah rachète, protège et sauve, et le feu du Guéhénom n’atteindra pas un homme sage. Je pense que quiconque se fixe d’étudier environ cinq heures consécutives sans parler d’autre chose accomplit un acte extraordinaire qui a un pouvoir purificateur et expiatoire susceptible de le mener vers un repentir parfait.

GARDE TA LANGUE

C’est une grande faute

Quiconque rapporte les actions de son prochain transgresse l’interdit « Ne va pas colportant le mal parmi les tiens. » Or il s’agit d’une grande faute qui peut tuer des âmes au sein du peuple d’Israël. Un « colporteur » est un homme qui raconte à autrui ce qu’Untel a dit à son sujet ou lui a fait, même si ses propos ne sont pas critiques en eux-mêmes, et même si l’intéressé n’aurait pas nié, car il avait raison ou avait une autre intention en parlant.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

La grandeur d’Yitro : effacement et humilité devant Hachem

Sur le verset « Yitro entendit » (Chemot 18, 1), Rachi explique au nom des Sages (Zeva’him 116a) : « Qu’a-t-il entendu pour venir ? L’ouverture de la mer des Joncs et la guerre d’Amalek. » Et il faut comprendre : le monde entier avait entendu les mêmes rumeurs qu’Yitro, alors pourquoi est-ce seulement lui qui est venu ?

Essayons de l’expliquer au mieux. Le monde entier avait entendu une seule fois, et cette rumeur ne s’était pas répétée, parce que chacun se disait : Attendons jusqu’à ce que les bnei Israël viennent vers nous et nous enseignent la Torah. Entre temps, ils ont oublié ce qu’ils avaient entendu et perdu intérêt, n’ont ressenti aucune élévation spirituelle et sont restés avec leur orgueil.

Ce qui n’est pas le cas d’Yitro. Quand il a entendu parler des miracles, il a continué par ses propres forces à raviver ces nouvelles pour les avoir bien présentes aux oreilles, et cela même est un signe qu’il voulait changer, car plus l’homme cherche à écouter ce qui l’interpelle, plus il se fait petit. En effet, d’un côté il prend conscience de sa propre insignifiance, et de l’autre il perçoit de mieux en mieux la grandeur de Hachem.

Or c’est difficile à comprendre : est-ce que les autres n’avaient pas entendu la même chose ? Alors pourquoi ne sont-ils pas venus ? Il faut dire que même si l’on entend une chose vraie, on doit investir ses propres forces pour se la répéter et la faire pénétrer profondément dans le cœur, pour qu’elle puisse avoir une influence. C’est ce qu’a fait Yitro.

Il s’ensuit donc que lorsqu’on entend quelque chose et qu’on sent que cela vous pénètre dans le cœur, on doit venir immédiatement au beit hamidrach pendant qu’on est encore chaud, et travailler sur soi-même pour ne pas se refroidir. Car si par malheur on oubliait ce qu’on a entendu, on se refroidirait, même si la chose est vraie. C’est effectivement ce qui est arrivé aux bnei Israël : non seulement ils ont entendu, mais ils ont aussi vu de leurs yeux la grandeur de Hachem, au point d’arriver à un très haut niveau de foi, et pourtant, quand ils se sont affaiblis dans la Torah, ils ont immédiatement dit (Chemot 17, 7) : « Hachem est-Il parmi nous ou non ? »

C’est le sens de l’enseignement des Sages (Chabbat 88a) : « Le Saint, béni soit-Il a retourné la montagne sur eux comme une cuve, et leur a dit : si vous acceptez la Torah, c’est parfait, et sinon, ce sera votre tombe. » La raison en est de leur donner à sentir que la Torah ne peut exister que lorsque l’homme se penche sur elle comme une cuve, et lui consacre tout son être avec dévouement, pour ne pas être la victime du mauvais penchant. Il doit continuer ainsi tous les jours, en s’effaçant et en se faisant petit.

A quoi est-ce que cela ressemble ? A un homme qui veut se jeter du dernier étage, alors on l’oblige à ne pas le faire, on l’empêche de se suicider. Ainsi, le Saint, béni soit-Il leur a montré à ce moment-là le mauvais penchant qui les attirait, et les a contraints pour leur bien à ne pas le suivre. Ils doivent continuer dans cette voie en se contraignant eux-mêmes et en s’inclinant en l’honneur de la Torah. C’était cela la grandeur d’Yitro, qu’il s’est soumis aux paroles de la Torah, et dès qu’il en a entendu parler, il est venu dans le désert pour écouter ce que Hachem avait à dire.

A LA SOURCE

« Ce n’est pas une bonne chose que tu fais » (18, 17)

Hachem ne voulait pas dire ce passage à Moché, mais plutôt que ce soit Yitro qui vienne le proposer. Rabbi Avraham Saba explique dans son livre « Tsror HaMor » que c’était pour que les bnei Israël connaissent l’intelligence d’Yitro et reconnaissent que ce n’était pas pour rien que Moché avait épousé sa fille, mais parce que c’était un sage comme lui.

 « Tu leur feras connaître la voie » (18, 20)

L’auteur de « Méïl Tsedaka » explique ce verset sur le mode de l’allusion :

Le verset dit « tu leur feras connaître », il s’agit au début de leur enseigner un métier, et ensuite « la voie », qui est la générosité. L’allusion est que lorsqu’on apprend un métier, il faut que ce soit dans l’intention de pouvoir en profiter pour faire du bien autour de soi, et de cette façon Hachem donnera la réussite et on gagnera de quoi vivre soi-même et faire du bien autant qu’on le désire, car le Saint, béni soit-Il joint une bonne pensée pour qu’elle se réalise dans les faits.

 « Ils arrivèrent au désert du Sinaï et campèrent dans le désert » (19, 20)

Le Midrach Tan’houma demande pourquoi la Torah a été donnée dans le désert, et répond : pour nous dire que de même que le désert appartient à tout le monde, les paroles de Torah sont à la disposition de quiconque veut étudier.

Le Mabit ajoute encore que l’essentiel est que l’homme soit heureux de son sort et ne recherche pas du superflu qui n’a pas de fin, mais se contente de ce qu’il a. Qu’il s’imagine qu’il se trouve dans le désert, car un homme qui se trouve dans le désert ne pense qu’aux choses qui sont les plus essentielles, l’essentiel étant de faire vivre le corps pour pouvoir servir Hachem.

 « D. prononça toutes ces paroles, en disant » (20, 1)

Ce verset contient sept mots et vingt-huit lettres, ainsi que le premier verset de Béréchit, ainsi que la réponse au kadich (Amen, yehé chemé rabba mevorakh lealam oulealmei almaya). Les Ba’alei HaTossefot trouvent là-dedans un appui à ce qu’ont dit les Sages, que quiconque répond Amen de toutes ses forces devient pour ainsi dire l’associé du Saint, béni soit-Il dans l’acte de la création et le don de la Torah.

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Moché raconta à son beau-père » (18, 8)

Bien que le verset dise « Yitro avait entendu (…) tout ce que Hachem avait fait… », il y avait peut-être des détails que personne n’avait jamais entendus, ou bien il est possible qu’il ait eu un doute sur ces miracles tant ils sont extraordinaires, ou bien, en dépit du fait qu’il soit venu en le sachant déjà, il doutait encore qu’ils soient totalement libérés de l’Egypte.

Moché lui a raconté quelque chose qu’il n’aurait pas pu entendre de quelqu’un d’autre, et qui est la mort du génie de l’Egypte, comme l’ont dit les Sages (Tan’houma Béchala’h 13) : les bnei Israël l’ont vu mort, et alors, Yitro a décidé qu’ils étaient véritablement libérés.

Et il est possible que ce soit l’allusion du verset « toutes les tribulations qu’ils avaient subies en chemin et Il les avait sauvés », qui parle de la poursuite de l’ange tutélaire, car Yitro était le prêtre de Midian, et a priori il savait que chaque peuple a en haut un ange tutélaire. Il lui a raconté que celui-ci les avait pourchassés personnellement, ainsi qu’il est écrit (Ibid. 14, 10) : « Voici que l’Egypte les poursuit », et c’est cela que les bnei Israël craignaient, comme nous l’avons expliqué sur ce verset. Quand Yitro a entendu cela, il a dit « Béni soit Hachem qui vous a sauvés de la main de l’Egypte (Mitsraïm) », à savoir l’ange de l’Egypte, qui s’appelle Mitsraïm.

LES SENTIERS DES JUSTES

Pour acquérir les valeurs et les bonnes midot

Rabbi Yéhonathan Eibeschütz זצ''ל avait l’habitude de donner tous les Chabbats d’été, au moment de séouda chelichit, un cours sur Pirkei Avot. Beaucoup de gens importants venaient au beit hamidrach l’écouter.

Son fils Rabbi Tsvi Hirsch זצ''ל décrit longuement comment des grands et des tsaddikim venaient eux aussi en foule écouter le cours de son père sur Pirkei Avot. Il décrit également comment le saint Ari, quand il était à Tsfat, allait régulièrement tous les Chabbats à la synagogue pour écouter le sermon de Rabbi Moché Alchikh sur Pirkei Avot, afin de montrer au peuple de D. la beauté de la sainte Torah, et l’étude de la voie des pères, dont l’essentiel est le travail sur les midot.

Voici ce que raconte Rabbi Tsvi Hirsch : « Un Chabbat est arrivé chez moi un invité de passage, un homme pieux et talmid ‘hakham. Je lui ai dit que j’allais écouter le cours du Rav local sur Pirkei Avot, et cet homme se vanta de ne pas y aller, car il n’avait jamais entendu un cours d’un Rav local, parce qu’il se considérait comme n’étant pas moins talmid ‘hakham et pieux que le Rav, alors qu’avait-il à faire de son cours ! Je lui ai répondu par le mépris, c’était une véritable honte. »

D’abord, le Rav Tsvi Hirsch le réprimanda et lui montra ce que disait son père sur l’enseignement selon lequel « celui qui refuse d’écouter la Torah, sa prière est en horreur à D. » Il objecta qu’il n’y avait aucun rapport entre le fait qu’une prière soit acceptée et le fait d’écouter des paroles de Torah, mais que cela signifiait qu’il y a une difficulté : comment est-il possible qu’un homme ne veuille pas écouter des paroles de Torah, plus précieuses que l’or et plus douces que le miel, qui viennent de Hachem ? C’est nécessairement parce qu’il estime que celui qui les prononce a moins de valeur que lui, et que quelqu’un de grand n’a pas besoin d’écouter un plus petit que lui.

Mais c’est une erreur considérable. En effet, dans cette optique, si celui qui est grand n’a pas besoin d’écouter un plus petit que lui, comment le Saint, béni soit-Il écouterait-il sa prière, lui qui est infiniment plus petit ? C’est le sens de la phrase « celui qui refuse d’écouter la Torah enseignée par quelqu’un de plus petit que lui, sa prière est aussi en horreur à D. », le Saint, béni soit-Il est bien entendu des millions de fois plus grand que lui, et n’écoutera pas sa prière…

Par conséquent c’est une merveilleuse segoula pour que la prière soit acceptée de tendre l’oreille pour écouter des enseignements de Torah même de quelqu’un de plus petit que soi, et pour cela il faut tendre l’oreille, parce que le mauvais penchant dit le contraire. Il faut donc le dominer et tendre l’oreille pour écouter celui qui est plus petit, et en contrepartie, mesure pour mesure, le Saint, béni soit-Il écoutera aussi sa prière.

Cet homme a accepté humblement ces reproches et a décidé qu’à partir de ce jour-là, il irait au cours du Rav Eibeschütz sur Pirkei Avot.

Ce Chabbat-là, il alla donc écouter le Rav Eibeschütz, qui posa la question suivante : Pourquoi, parmi tout ce qui concerne les rapports des hommes entre eux, la Michna a-t-elle consacré un traité entier à Pirkei Avot, qui contient les principes essentiels nécessaires à l’homme pour bien se conduire avec son prochain, ce que nous ne trouvons pas pour d’autres mitsvot ? Ainsi, la tsedaka et le ‘hessed ne concernent pas toute la communauté, car c’est seulement une toute petite minorité dans chaque ville qui ont besoin d’aide et de soutien, alors pourquoi enseigner ces michnaïot à tout Israël en s’étendant si longuement sur elles ?

Et Rabbi Yéhonathan développa l’idée qu’il ne s’agissait pas des nécessiteux de notre peuple qui avaient besoin de la générosité des autres, mais de ceux qui avaient besoin du ‘hessed du Créateur, à savoir n’importe lequel d’entre nous. Nous avons tous besoin de recevoir une véritable générosité et une véritable aumône du Créateur. Si nous ne connaissons pas les halakhot et le détail de ce ‘hessed, comment pourrions-nous attendre du Créateur qu’il écoute nos demandes ?

Ces propos étaient extraordinaires pour ce talmid ‘hakham. Comment, du ciel, s’adressait-on à lui, pour qu’il étudie régulièrement même Pirkei Avot et prenne sur lui ce qu’il contient, méritant ainsi lui aussi qu’on le traite d’en-haut mesure pour mesure ?

Ma femme a certainement faim

On dit au nom de Rabbeinou ‘Haïm Vital זצ''ל que les midot de quelqu’un se mesurent essentiellement à son rapport avec sa femme et les habitants de sa maison. Effectivement, on constate que ceux qui ont de bonnes midot les mettent en œuvre d’abord et avant tout à l’intérieur de la maison, et en deuxième position seulement envers l’extérieur.

Le Saba de Slobodka, Rabbi Nathan Tsvi Finkel זצ''ל, exigeait de ses élèves mariés qu’ils manifestent de la politesse et du respect envers leur femme, et qu’ils fassent preuve de ‘hessed en tout premier lieu envers leur femme et les habitants de la maison, ce que l’on néglige en général parce qu’on a l’habitude de se trouver avec eux.

Voici une histoire qui lui était arrivée : dans sa vieillesse, alors que l’été il se trouvait à Tel-Aviv, Rabbi Nathan Tsvi Finkel avait l’habitude de donner des cours de moussar dans son hôtel le vendredi soir au crépuscule devant des érudits en Torah et des anciens élèves.

Un jour, le cours se prolongea plus qu’à l’habitude, jusqu’au moment de la prière de ma’ariv, et son épouse, qui était imprégnée de l’esprit de Rabbi Nathan Tsvi et qui connaissait bien ses habitudes, ouvrit la porte et chuchota : « Ce ne sont pas des élèves de yéchiva, ils ont des femmes ! » Immédiatement, Rabbi Nathan Tsvi interrompit le cours au sommet de son enthousiasme et ordonna de commencer la prière.

Lorsque l’un des présents observa : « Nos femmes ne nous en veulent pas », Rabbi Nathan Tsvi répondit : « D’abord, je ne vous crois pas, et vous n’avez pas le droit de vous le permettre sur leur compte. Ensuite, ma femme a certainement faim et je n’ai pas le droit de la retarder. » Toutes les supplications des présents, qui voulaient absolument entendre la fin de l’idée qui sous-tendait le cours, ne servirent à rien, et il insista pour commencer la prière, puis immédiatement après la prière il se dépêcha de dire « Chabbat Chalom » à chacun et de les renvoyer chez eux.

Je téléphone toujours à la rabbanit

On raconte sur le gaon Rabbi Moché Feinsteint זצ''ל qu’un fois, un homme jeune vint le trouver pour se plaindre de ce que sa femme protestait qu’il ne lui téléphonait pas pendant la journée. Rabbi Moché lui dit avec surprise : « Il n’y a pas de doute que vous devez lui téléphoner pendant la journée, moi-même je téléphone toujours à la rabbanit. »

Son petit-fils, le Rav Mordekhaï Tendler, qui ne le quittait presque pas pendant ses dernières années, se souvient comment Rabbi Moché le poussait à rendre les coups de téléphone de sa femme sans délai. Il ne lui permettait pas non plus de rester avec lui au-delà du temps prévu, en disant : « Il est plus important que tu sois chez toi au moment où ta femme t’attend, que de rester avec moi ici.

 

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