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paracha de la semaine

Ki Tissa

15 Fevrier 2014

15 Adar I 5774

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

17:51

19:00

Lyon

17:47

18:53

Marseille

17:49

18:53

 

Acceuil ARCHIVES

La perfection de l’homme

 (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

Commentant le verset «Je vois que ce peuple est un peuple au cou raide...» (Exode 32:9), Rachi explique: «les enfants d’Israël raidissent leur cou contre ceux qui les réprimandent et ne consentent même pas à les entendre.» Le Séforno en conclut, qu’il n’y a aucune chance qu’ils fassent pénitence.

Une telle conduite sied-elle vraiment à la génération de la connaissance? Certains commentateurs expliquent que, pensant avoir accédé à la perfection, les enfants d’Israël estimaient qu’ils n’avaient plus rien à apprendre, et comme on le sait, dans ce cas on se gonfle d’orgueil et on ne prête plus attention à la réprimande.

Il n’en demeure pas moins que nous n’avons pas affaire à des gens simples, mais à une génération de la connaissance. Comment ont-ils pu en arriver là?

Le Or Ha’haïm écrit à cet effet: «Comment peut-on concevoir que des gens de cette envergure aient été assez insensés pour dire d’un objet inanimé: «Voici tes dieux, ô Israël!»? «Ne savaient-ils pas, ajoute à son tour le Rachbam, que ce veau, né d’aujourd’hui, n’a pas fait monter d’Egypte les enfants d’Israël?»

C’est qu’après avoir assisté à tant de miracles, au point que même la servante la plus humble a vu sur la Mer Rouge ce que n’avait pas vu Yéhezquel. Après s’être complètement débarrassés de leur souillure (Zohar I, 63b; II, 94a), «après avoir été couronnés par les anges pour avoir proclamé: «Nous ferons, puis nous comprendrons» (Chabath 88a; Midrach Cho’her Tov 103:8), les enfants d’Israël se sont gonflés d’orgueil, comme nous l’avons vu plus haut. Or, on le sait, l’orgueil n’appartient qu’à Dieu, comme il est écrit: «L’Eternel règne, Il est revêtu de majesté» (Psaumes 93:1; voir Iguéreth HaRambam)... Cet orgueil n’était constitué que béchéker, de mensonge, qui a la même valeur numérique (602) que bochech «Moïse qui tardait à venir» (Exode 32:1), qui conduisit à son tour à l’arrêt de l’étude de la Torah, cause d’une chute spirituelle inéluctable qui peut engendrer la folie. Or, comme on l’a vu, la Torah ne peut subsister chez les impudents, qui croient tout savoir et avoir accédé à la perfection.

Ainsi peut-on comprendre la Michnah (Avoth 3:7; Zohar III, 80a): «Celui qui marche seul dans un chemin et répète ce qu’il a étudié puis s’arrête en s’extasiant: «Comme cet arbre est beau, que ce sillon est bien fait», la Torah le considère coupable de la peine capitale.» Pourquoi une sentence si rigoureuse? Parce que celui qui est chonéh, répète son étude et considère qu’il ne doit que répéter ce qu’il a étudié, car il a assez appris et qu’il est déjà parfait — ce qui lui donne l’illusion qu’il peut s’arrêter de l’apprendre — est passible de la peine de mort...

La manne qui descendait dans le désert avait un tel pouvoir que grâce à sa consommation, on pouvait distinguer entre le Tsadik, l’homme moyen et le mécréant. Cet éclaircissement minutieux faisait comprendre aux enfants d’Israël qu’ils n’avaient pas encore atteint la perfection et qu’ils devaient encore s’arranger pour arriver au tikoun grâce à l’étude constante de la Torah.

Ainsi, si le Peuple juif devait être anéanti au temps d’A’hachvéroch, c’est qu’ils étaient devenus orgueilleux et pouvaient se permettre de ne pas étudier et de s’asseoir au festin du mécréant roi de Perse. Car la Torah est aussi un festin; elle est appelée du pain (Proverbes 9:5). Et c’est la raison pour laquelle Mardochée dut réunir tous les enfants qui étudiaient la Torah et prier avec eux pour faire pardonner cette faute d’orgueil et de manque de Torah (Esther 8:7).

Le premier du mois d’Adar, on rappelle la mitsvah de donner les chékalim. La mitsvah de donner la moitié d’un chékel montre à l’homme qu’il n’est qu’une moitié et que ce monde avec tous ses plaisirs n’est que futilité (cf. Kohéleth 1:2). Dieu n’aime que l’humble et hait le vaniteux, Il apprécie celui qui a le coeur brisé, qui ne se sent qu’une moitié (cf. Psaumes 51:19; Proverbes 16:5). Cette mitsvah a lieu au début du mois d’Adar pour rappeler la faute du peuple Juif à Suze où ils se sentaient parfaits et pensaient qu’ils pouvaient accepter l’invitation d’A’hachvéroch sans fauter...

Cette mitsvah s’applique aussi de nos jours pour nous remémorer ce précepte de l’époque du Temple qui est valable aussi de nos jours, car il faut se rappeler que nous ne sommes pas parfaits et qu’il faut beaucoup travailler sur soi pour arriver à la perfection.

A ce stade nous pouvons comprendre pourquoi la section hebdomadaire Ki Tissa traite de l’offrande des chékalim pour la construction du sanctuaire. Comme nous l’avons vu plus haut, le péché du veau d’or a été provoqué par l’orgueil des enfants d’Israël: on ne peut corriger cette faute que si l’on se sent incomplet sans autrui. L’offrande du demi-chékel est prescrite avant la faute du veau d’or car elle constitue en fin de compte un remède qui précède la blessure (Méguilah 13b).

Rabbi Akiva enseigne: «l’homme est aimé de Dieu, puisqu’il a été créé à son image...» (Avoth 3:18), comme il est écrit: «car l’homme a été fait à l’image de Dieu» (Genèse 9:6), mais ce n’est pas une raison pour lui de s’élever, de faire preuve d’impudence...

C’est cette impression de perfection qui a, comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, mené à la perversion Elicha’ ben Avouya, maître de Rabbi Méir (’Haguigah 14b).

A Guivon, relate la Bible (Rois I, 3:5), l’Eternel apparut en songe à Salomon pendant la nuit, et lui dit: «Demande-Moi ce que tu veux.» Salomon répondit: «Accorde à ton serviteur un cœur intelligent pour juger ton peuple...» (id. 9). Cette demande du Roi Salomon plut au Seigneur: puisqu’il ne demandait pour lui ni longue vie ni richesses, Il lui donna tout. A cet effet, on peut se poser une question: Dieu qui sonde les cœurs savait bien ce qui manquait à Salomon. Pourquoi lui a-t-Il alors demandé ce qu’il voulait?

En fait Salomon ne manquait de rien: son père, le Roi David lui avait fait hériter d’or et d’argent. Le royaume était à lui. Il aimait l’Eternel et suivait les coutumes de son père. Dès son plus jeune âge, il était doué de sagesse, comme il est écrit «Je t’ai donné (au passé) un cœur sage et intelligent» (id. 3:12)... S’il a donc demandé la sagesse, c’est qu’il en était déjà suffisamment pourvu. Car le Saint, béni soit-Il, n’accorde la sagesse qu’à celui qui en est déjà pourvu (Bérakhoth 55a; Zohar II, 223b), comme il est écrit: «C’est lui qui donne la sagesse aux sages» (Daniel 2:21); «Dans un cœur intelligent repose la sagesse» (Proverbes 14:33); «Le creuset est pour l’argent et le fourneau pour l’or, mais un homme est jugé d’après sa renommée» (id. 27:21)... Dieu a donc demandé à Salomon ce qui lui manquait, pour le mettre à l’épreuve: s’il Lui répond qu’il ne lui manque rien, c’est qu’il a d’ores et déjà accédé à la perfection. Mais, dans sa sagesse, Salomon répondit qu’il en voulait plus, pour son plus grand bien, ainsi que pour celui de toute la communauté d’Israël. C’est pourquoi l’Eternel lui répondit: «Voici, J’agirai selon ta parole» (Rois I, 3:12), car Je t’ai créé intelligent...

Salomon comprit cependant que, malgré le supplément de sagesse dont Dieu l’avait pourvu, il n’avait pas encore accédé à la sagesse parfaite, comme il est écrit: «J’ai dit: je serai sage, et la sagesse est restée loin de moi» (Ecclésiaste 7:23) et «Je suis plus stupide que personne» (Proverbes 30:2).

Ne nous faisons donc guère d’illusion, nous sommes tous loin de la perfection: déployons donc tous nos efforts pour y accéder.

HISTOIRE VECUE

Le chèque et la promesse

« Il saura combiner des tissus [ou encore : faire de savants calculs] et mettre en œuvre l’or, l’argent et le cuivre » (Chemot 31, 4)

Comme on le sait, l’intelligence juive excelle dans de nombreux domaines. Dans l’étude, dans les activités communautaires, dans le développement et le renouvellement, dans le commerce et l’industrie, dans la médecine et la science, la liste est longue. Il est intéressant de constater à quel point les hommes de ‘hessed et de tsedaka savent calculer où et en quoi investir leur argent et leur or. A ce propos, l’ouvrage « Sippour LeChabbat » raconte l’histoire suivante :

L’Admor de Papa zatsal est arrivé après l’Holocauste à Williamsburg, où il a reconstruit une génération pouvant assumer la transmission de la magnifique ‘hassidout de Hongrie. Au fil du temps, la communauté s’est élargie et les ‘hassidim sont passés à Borough Park avec l’encouragement du Rabbi. L’une des premières démarches nécessaires en ce nouvel endroit était d’ouvrir un Talmud Torah pour éduquer les jeunes enfants. Mais comme cela exigeait beaucoup d’argent, et que les ‘hassidim n’avaient pas de moyens financiers suffisants, les responsables communautaires décidèrent d’organiser une soirée de gala avec la participation du Rabbi, au cours de laquelle il y aurait un appel de fonds parmi les personnes les plus aisées de l’endroit. Et pour que le temps précieux du Rabbi et la grande fatigue de l’Admor qui était déjà un vieillard ne soient pas en vain, il fut décidé que la condition préliminaire pour avoir l’honneur de l’invitation était une contribution de mille dollars au minimum.

Au jour fixé, le Rabbi se leva et fit un discours devant un auditoire fortuné, ensuite de quoi il appela par son nom chacun des participants pour entendre de lui le montant de la contribution qu’il lui était possible de faire. Le premier donna mille dollars, le deuxième mille deux cents dollars, le troisième mille cinq cents et ainsi de suite. Parmi les présents se trouvait un homme très riche qui était connu comme un ‘hassid, et quand son tour arriva, tout le monde s’attendait à entendre une somme élevée, mais à la stupéfaction du public, l’homme ne donna que deux cents dollars. Le Rabbi lui dit : « Nous avons posé la condition d’un don de mille dollars au moins ! », mais le ‘hassid répondit : « Je n’ai eu que des filles, c’est pourquoi je ne peux pas profiter de la création de ce Talmud Torah, et je ne trouve pas juste de donner davantage. » Immédiatement, le Rabbi répliqua : « Nou, si vous donnez, peut-être mériterez-vous un fils… »

Les yeux du ‘hassid s’allumèrent et il demanda : « Est-ce que le Rabbi me promet un fils ? »

« Non, répondit le Rabbi, je ne peux pas le promettre. Mais il est certain que si vous donnez, cela procurera de la satisfaction au Saint, béni soit-Il. Et je vous donne ma bénédiction que par ce mérite, vous puissiez avoir un fils. »

Le ‘hassid répondit : « Dans ce cas, je donne dix-mille dollars. »

« Quand ? » demanda le Rabbi, et le ‘hassid enflammé répondit : « Immédiatement. »

Il se hâta de rentrer chez lui, revint avec en main la somme en question, et le Rabbi lui donna une bénédiction pour avoir un fils.

Neuf mois seulement s’écoulèrent avant qu’un fils naisse chez cet homme. Naturellement, son émotion était immense, et il voulut demander au Admor d’être le sandak. Bien que la circoncision ait eu lieu en été, et qu’à cette époque-là le Rabbi se soit trouvé dans les montagnes Catskill, comme il en avait l’habitude tous les ans, le ‘hassid s’y rendit, avec son fils nouveau-né et la mère qui venait d’accoucher, pour que la circoncision ait lieu chez l’Admor.

Le frère du ‘hassid apprit ce voyage insolite, et devant son étonnement de faire subir un pareil voyage à un nouveau-né après la circoncision, le ‘hassid lui raconta tout ce qui était arrivé.

Le frère, dont la fortune se comptait en millions, n’avait pas eu la chance d’avoir d’enfants, et quand il entendit que son frère avait mérité un fils à la suite de la bénédiction extraordinaire du Rabbi, il s’empressa dès le lendemain à l’aube de se rendre dans la demeure d’été du Rabbi. Il rentra chez lui et lui dit : « J’ai entendu que le Rabbi donnait une bénédiction pour avoir des enfants à celui qui fait un don. Par conséquent, qu’il me dise ce que je dois donner et je le donnerai tout de suite. »

« Est-ce que je suis un entrepreneur ? » s’étonna l’Admor, et il expliqua ce qui s’était passé : ce moment-là avait été un moment de grâce devant D., et il avait eu besoin d’argent pour le Talmud Torah, donc c’était un grand mérite, et le Saint, béni soit-Il avait accordé Son aide. Mais en ce moment, il n’avait pas besoin d’argent. »

Le riche, qui avait mis de grands espoirs dans ce don, s’en alla, mais il ne désespérait pas encore.

Il s’adressa aux collecteurs de fonds et leur dit : « Je vous demande une chose : si jamais vous entendez dire que le Rabbi a besoin d’argent, prenez immédiatement contact avec moi. Je vous en prie, n’hésitez pas à me faire venir chez le Rav même en pleine nuit, si tard que ce soit, ou de l’endroit le plus lointain où je me trouve. Même de l’autre bout du monde, je viendrai pour faire un don et recevoir la bénédiction du Rabbi ! »

Et voici que quelques mois plus tard, le Rabbi dit aux collecteurs de fonds qu’il aurait voulu construire un quartier pour les jeunes avrekhim, mais que cela devrait être retardé parce qu’il n’y avait pas assez d’argent pour entreprendre un pareil projet, et que les plus riches avaient déjà donné leur participation pour la construction du Talmud Torah. Lorsqu’ils entendirent cela, ils alertèrent immédiatement l’homme en question. Celui-ci se dépêcha d’arriver, et avec une grande émotion il entra chez le Rabbi et lui dit : « Rabbi, je suis prêt à donner toute somme qui me sera demandée, mais pour cela je veux la promesse que j’aurai un enfant. » Au lieu de lui donner tout de suite sa bénédiction comme il s’y attendait, le Rabbi répliqua : « Est-ce que je suis à la place de D. ? Donnez ce que vous pouvez, et Hachem vous aidera. »

Le riche s’empressa de sortir son carnet de chèques et tendit au Rabbi un chèque en blanc, en disant : « Le Rabbi peut écrire n’importe quelle somme jusqu’à sept chiffres. »

Le Rabbi prit le chèque, et sous les yeux du riche il écrivit uniquement cent quatre-vingts dollars.

L’homme s’étonna : « Pourquoi ? » Et le Rabbi répondit avec simplicité : « Cent quatre-vingts, c’est dix fois la valeur de « ‘haï » (« vivant », mot dont la valeur numérique est de dix-huit), vous voulez des enfants, que Hachem vous aide à avoir des enfants… »

Pourtant, l’homme ne renonça pas à l’occasion en or qui lui était donnée de pouvoir aider le Rabbi par sa participation, il s’empressa de lui donner un autre chèque d’une somme de dix millions de dollars et il quitta les lieux rempli d’espoir.

Au bout de quelques mois, voyant qu’il ne se passait rien, dans sa peine il alla trouver l’Admor de Papa et lui demanda : « Rabbi, qu’en est-il de votre promesse ? Quand est-ce que je mériterai enfin d’avoir un enfant ? » Le Rabbi répondit : « Je n’ai rien promis, mais je prie pour vous. »

Ainsi, partagé entre l’espoir et le désespoir, l’homme rentra chez lui, attendant d’être exaucé. Mais peu de temps après, quand se répandit la triste nouvelle du décès du vieil Admor, il tomba dans l’accablement.

Pourtant, il ne fut pas prisonnier de son découragement pendant longtemps, parce que neuf mois après le décès du Rav lui naquit une première fille. Le Rabbi n’était pas resté endetté envers lui, et il avait réglé l’affaire de là-bas…

Mais ce n’est que deux jours plus tard que les responsables découvrirent un peu de l’immense grandeur du Rabbi : son fils, le nouvel Admor, leur remit une enveloppe sur laquelle était écrit de la main du vieil Admor : « Le jour où le Saint, béni soit-Il aura accordé un enfant à ce couple, vous pourrez utiliser l’argent qu’il a donné en faveur du projet. » Le Rabbi ne s’était pas servi de cet argent avant d’avoir payé la part de son engagement…

GARDE TA LANGUE

Une interdiction plus grave

Il est interdit de médire même quand c’est la vérité, même si on dirait la même chose devant l’intéressé et même si on le dit effectivement devant lui. Au contraire, cela comporte une interdiction encore plus grave, car on fait entrer une grande animosité dans le cœur de celui qui écoute et qui le croit totalement, et on risque aussi d’en arriver de cette façon à plusieurs fautes.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Les actes de l’homme dans le Sanctuaire

Dans notre paracha, qui traite de la construction du Sanctuaire, on trouve le passage qui concerne la cuve et son pied. Elle servait aux cohanim à se purifier en se lavant les mains et les pieds pour préparer leur corps à servir Hachem en sainteté et en pureté. Or chaque juif est comparable à un cohen qui sert Hachem par sa conduite et sa prière. En effet, tout ce que nous faisons en ce monde consiste à se conduire comme des serviteurs qui servent le maître en faisant Sa volonté. A cause de la grandeur de cette tâche, nous avons le devoir de nous garder en sainteté et en pureté par la pensée et par l’action, dans une grande propreté, pour être dignes de nous tenir devant le Roi des rois, le Saint, béni soit-Il, car on ne peut pas se présenter devant le Roi en tenue négligée.

Nous avons un autre point à apprendre de la cuve, qui était faite des miroirs de cuivre des femmes. Quand on se tient devant une glace et qu’on se dessine sous ses propres yeux, on peut en venir à se rappeler qu’il y a un œil qui voit, une oreille qui entend, et que tous les actes sont inscrits dans un livre. Et quand on arrive au niveau d’avoir sans cesse Hachem devant les yeux, de « voir » le livre ouvert et la main qui écrit, alors on se gardera certainement en pureté, on veillera à se préserver de toute faute et de toute tache, et on méritera par là que la Chekhina repose en soi.

Dans la suite de la paracha, la Torah ordonne de fabriquer l’huile d’onction et d’en oindre le Sanctuaire et les ustensiles. L’huile fait allusion aux bonnes actions – une bonne renommée est supérieure à de la bonne huile – et il est également dit dans Tanna DeBei Eliahou Rabba que l’huile n’est autre que les bonnes actions, ainsi qu’il est dit « ton nom est semblable à une huile aromatique qui se répand ». L’homme doit se perfectionner dans le travail sur son caractère et les bonnes actions, pour qu’elles soient plus importantes que sa sagesse, et s’acquérir une bonne renommée, être aimé en-haut et apprécié en bas. Et de même que l’huile a sanctifié le Sanctuaire et les ustensiles, les bonnes actions de l’homme transforment son corps pour le rendre saint, et alors la Présence de Sa force et de Sa gloire reposera sur lui.

A LA SOURCE

« Pour donner l’offrande de Hachem afin de racheter vos âmes » (30, 15)

En vérité, pourquoi est-ce que le pauvre et le riche doivent donner la même chose ?

Voici comment l’explique le ilouï d’Ouzda :

Les Sages ont dit dans le Guemara que lorsqu’une caravane se faite attaquer par des brigands, si c’est de l’argent qu’ils veulent, chacun paie selon ses moyens (c’est-à-dire que le riche paie plus et le pauvre moins), mais s’ils en veulent à leur vie, tout le monde paie la même chose.

Ici aussi, la Torah a dit aux bnei Israël : « Le riche ne donnera pas plus et le pauvre ne donnera pas moins d’un demi-chékel, à donner comme offrande pour Hachem. » Comme cet argent sert à « racheter vos âmes », il est juste que tout le monde donne la même chose.

« Ce sera l’huile d’onction sainte pour toutes vos générations » (30, 31)

D’après le principe de l’explication de nos Sages selon lequel cette huile existera à jamais, le Abrabanel ajoute:

« Il est possible que cette huile faite par Moché dans le désert ait subsisté pendant tant de temps qu’on peut déjà estimer que Hachem ait fait un miracle par l’intermédiaire du prophète même après sa mort, car nous constatons que la manne n’a pas disparu à la mort de Moché, comme il est exposé dans le livre de Yéhochoua. En effet, le prophète, par la grâce de Hachem envers lui, donne aux choses une nature qui comporte la pérennité et l’éternité.

« C’est pourquoi la manne qui se trouvait dans la jarre est restée en bon état pendant près de mille ans dans le Temple, cette même manne dont les restes pourrissaient au bout d’un jour et fondait à a chaleur du soleil. Mais Moché, de façon miraculeuse, lui a donné une force naturelle qui la protégeait des éléments extérieurs, c’est pourquoi elle est restée en bon état après la mort du prophète.

« C’est ce qui s’est passé en ce qui concerne cette huile d’onction, dans laquelle Moché avait mis une force de nature miraculeuse qui lui a permis de rester en bon état et de modifier ce qui s’attachait à elle de l’air qui l’entourait pour lui faire conserver sa nature. »

 « Les caractères étaient des caractères divins, gravés sur les Tables » (32, 16)

Voici ce qu’a expliqué à ce propos Rabbi ‘Haïm de Volojine dans « Néfech Ha’Haïm » :

« Les Tables étaient l’œuvre de D. ». Le cœur porte le surnom de « loua’h » (Table), comme dans le verset : « Inscris-les sur les tables de ton cœur » (Michlei 3, 3). La « Table » d’un cœur désirant est l’œuvre de D. Le Saint, béni soit-Il l’a fait, et c’est Lui qui connaît ses difficultés et les façons de le guérir. Comment peut-on le guérir ?

« Les caractères étaient des caractères divins » : en contrepartie du mauvais penchant, le Saint, béni soit-Il a créé la Torah, qui est un remède contre lui. Ceci, quand les caractères sont « gravés sur les Tables », quand la Torah est écrite et gravée sur la « Table » du cœur. En effet, il n’y a d’homme libre du mauvais penchant qui celui qui étudie la Torah.

 « Va, descends, car ton peuple s’est perverti » (32, 7)

Dans le verset « Tu ne te prosternas pas à un autre dieu » (Chemot 34, 34), le mot « a’her » (autre) est écrit avec un grand « rech », pour qu’on ne se trompe pas et qu’on ne le prenne pas pour un « dalet » (ce qui donnerait « e’had » (un)).

En contrepartie, dans le verset « Chema Israël », il y a dans le mot « e’had » un grand « dalet », pour qu’on ne le confonde pas avec la lettre « rech » (ce qui donnerait « a’her », (autre)).

Le livre « Siftei Da’at » en donne une jolie allusion dans les paroles de Hachem à Moché :

« Va, descends (red), car ton peuple s’est perverti », avec le Veau d’Or, les bnei Israël se sont pervertis en intervertissant les lettres « rech » et « dalet » (qui forment le mot « red »), le « rech » de « a’her » à la place du « dalet » de « e’had »

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Vois, j’ai désigné par leur nom » (31, 2)

Il s’agit peut-être là d’une allusion à son nom et au nom de ses pères : Betsalel, qui a fait de l’ombre (tsel) à D. (E-l)., fils d’Ouri, qui a fait de la place à Celui qui possède la lumière (or), fils de ‘Hour, qui a rendu les bnei Israël libres (bnei ‘horin) de la faute du Veau d’Or.

Comme l’ont dit les Sages (Tan’houma Pekoudei 6) sur le verset « le Sanctuaire du témoignage », c’est un témoignage pour tous que la faute du Veau d’or leur avait été pardonnée, la chose était inscrite dans son nom et le nom de ses pères.

Et on comprendra ainsi le « et Je l’ai rempli d’une inspiration divine », avec un « vav » (et), pour nous dire qu’outre cela, Je lui ajoute une quantité de sagesse, ainsi que le « avec sagesse » qui suit (au lieu de dire simplement « de sagesse »), et il est possible que cela ressorte de ce qu’ont dit les Sages (Berakhot 55) sur le verset « C’est Lui qui donne la sagesse aux sages » : le Saint, béni soit-Il ne donne la sagesse qu’à celui qui possède la sagesse. C’est le sens du verset « Et Je l’ai rempli d’une inspiration divine », en faisant que la sagesse qui est en lui continue à se remplir encore plus, et ainsi de suite pour l’intelligence.

LES SENTIERS DES JUSTES

Pour acquérir les valeurs et les bonnes Midot

Le livre « Emek HaMélekh » raconte que lorsque le Ari a emmené chez lui son disciple le Rav ‘Haïm Vital, il s’était engagé par serment à ne rien lui cacher. Un jour, le Rav ‘Haïm Vital a demandé au Ari de lui expliquer la Tossefta du Zohar, qui constitue un profond secret, et le Ari lui dit avec un sourire : « Permets-moi de ne pas t’expliquer cette Tossefta. »

Il a répondu : « Vous êtes absolument obligé de me le dévoiler. »

Il a dit : « Si je te le révèle, tu finiras par le regretter amèrement, mais je suis obligé de te dévoiler tout ce que tu me demanderas, c’est pourquoi je te mets en garde. »

Il a répété : « Je veux que vous m’expliquiez la Tossefta, et que vous me dévoiliez son secret. » Après l’avoir révélé, il l’informa qu’il avait été décrété contre lui qu’il meure cette année-là parce qu’il avait révélé le mystère. « C’est toi qui a provoqué ce malheur, et certes je me soucie de moi-même et de ma famille, mais pour vous aussi, je suis malheureux de vous abandonner sans que votre tikoun soit achevé. »

Les disciples furent très bouleversés. Ensuite il leur dit : « Tant qu’il y a la paix entre vous et vos familles, sans aucune dissension, l’ange de la mort ne peut pas avoir d’emprise sur moi », et le Ari réunit dix personnes et organisa pour les femmes et les enfants des chambres dans cette maison. Il avait l’habitude de les mettre en garde de s’éloigner de tout conflit et de toute dissension comme si c’était du feu, et que règne entre eux uniquement l’unité et la paix.

Mais le Satan réussit son œuvre. Au bout de cinq mois, une dispute éclata entre les femmes une veille de Chabbat, et elles en parlèrent à leur mari, si bien qu’eux aussi se disputèrent, transgressant ainsi les paroles du Rav.

Vers le soir, le Ari zal sortit avec ses disciples pour accueillir le Chabbat, il revint à la synagogue très irrité et s’assit pendant toute la tefila comme en deuil. Quand le Rav ‘Haïm Vital le vit ainsi, il eut très peur, car ce n’était pas l’habitude du Rav de se comporter ainsi. Quand il lui demanda de lui expliquer sa grande peine, il répondit : « J’ai vu pendant l’accueil du Chabbat le Satan qui disait le verset : « Vous serez perdus, vous et votre roi. » Il semble donc qu’à cause de nos fautes, le décret soit scellé, et il ne l’a été qu’à cause de la dispute qu’il y a eu aujourd’hui entre vous, car tant qu’il y avait la paix entre vous, le défenseur pouvait agir.

Le vendredi de la parachat Matot-Massei, qui était aussi Roch ‘Hodech Av, le Ari fut atteint par l’épidémie qui sévissait à Tsfat. Ses disciples et les responsables de la ville multiplièrent les prières et les supplications, et quand ils entrèrent pour lui rendre visite, il demanda des nouvelles de son disciples Rabbi ‘Haïm Vital. On lui dit qu’il allait de synagogue en synagogue pour prier pour le Rav. Le Ari hocha la tête et dit : « Dites-lui qu’il ne peut pas annuler le décret, car c’est un décret qui s’accompagne d’un serment qu’il est impossible d’annuler », et il ordonna qu’on l’appelle pour qu’il reçoive sa bénédiction. A ce moment-là, il mit de nouveau en garde ses disciples, et leur ordonna de prêter la plus grande attention à vivre désormais en paix entre eux et à se respecter mutuellement.

De là, ses disciples apprirent que même si la mort avait été décrétée contre lui par D., s’il y avait la paix sans aucune dissension, la stricte justice ne pouvait pas dominer.

Ne pas nuire

On raconte sur le gaon Rabbi Yossef ‘Haïm Sonnenfeld qu’un jour, l’un des collelim reçut une grosse somme d’argent d’une femme, qui demandait dans une lettre jointe au chèque de ne lui envoyer en aucun cas un reçu de cette somme.

Les dirigeants du collel délibérèrent, et se dirent : si Rabbeinou statue, pour la contribution d’une femme quelconque, qu’il faut lui rendre la plus grande partie de l’argent, de peur qu’il n’ait pas été donné avec l’assentiment du mari, à combien plus forte raison dans le cas qui se présente à nous, où le femme a manifestement caché à son mari qu’elle offrait cette somme, il doit statuer de lui en rendre la plus grande partie.

Quand les gabaïm de Rabbi Yossef ‘Haïm lui racontèrent le détail de l’incident, le Rav statua sans aucune hésitation : « Ne renvoyez pas à cette femme l’argent qu’elle a donné ! »

Quand il comprit, par l’expression des présents, qu’ils étaient stupéfaits de cette décision inhabituelle, il continua : « Dans le cas présent, il vaut mieux transgresser un paragraphe du Choul’han Aroukh que de mettre en péril la paix d’un foyer juif… »

Retrousser ses manches

L’un des disciples du Saba de Slobodka, Rabbi Nathan Tsvi Finkel זצ''ל, a raconté que peu de temps après son mariage, Rabbi Nathan Tsvi l’avait étonné en lui demandant s’il aidait sa femme à la maison le vendredi.

Le disciple répondit immédiatement par l’affirmative, et ajouta que les Sages nous enjoignent de faire quelque chose en l’honneur du Chabbat, et qu’eux-mêmes se conduisaient ainsi : « Rav Safra flambait la tête de la volaille, Rabba salait un poisson, Rav Houna allumait les bougies, Rav Pappa préparait la mèche, Rav ‘Hisda coupait des betteraves. »

Rabbi Nathan Tsvi sourit et dit : « Tsaddik, est-ce que c’est uniquement à cause de l’honneur du Chabbat et seulement pour accomplir les paroles des Sages qu’on doit aider sa femme ? N’est-ce pas une mitsva positive explicite de la Torah : « Ne manque pas de l’aider », à combien plus forte raison quand il s’agit de son épouse, envers qui l’on a des devoirs particuliers, et de plus une veille de Chabbat, où il y a beaucoup de travail et où la femme est fatiguée et se dépêche de terminer avant l’allumage des bougies, y a-t-il une plus grande mitsva que cela dans les rapports des hommes entre eux ? »

A ce propos, le livre « Marbitsei Torah OuMoussar » raconte l’histoire suivante sur Rabbi Eizik Scherr זצ''ל :

Un certain homme s’était plaint à lui que toutes les veilles de Chabbat il y avait une dispute dans la maison.

De son côté, il complétait tous les préparatifs du Chabbat assez tôt, mais sa femme travaillait toujours jusqu’à la dernière minute.

– Et comment vous préparez-vous à accueillir le Chabbat ? demanda Rabbi Eizik.

– D. merci, répondit l’homme, depuis le vendredi midi je suis assis dans mon vêtement de Chabbat, bien propre, je lis la paracha de la semaine et je me sanctifie pour accueillir la reine Chabbat.

– Dans ce cas, dit Rabbi Eizik, je vous donne un bon conseil : enlevez vos vêtements de Chabbat pour un moment, allez aider votre épouse efficacement en travaillant effectivement, et quand arrivera l’heure voulue, grondez-la doucement, et vous aurez la paix chez vous.

 

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