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Tsav

15 Mars 2014

13 Adar II 5774

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

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L’HOLOCAUSTE – ÉLÉVATION APRES ÉLÉVATION

(par Rabbi David Hanania Pinto Chlita)

Ordonne à Aharon et à ses fils en leur disant : ceci est la règle de l’holocauste, c’est le sacrifice qui se consume sur le brasier de l’autel toute la nuit jusqu’au matin, le feu de l’autel doit y brûler de même. » Rachi cite le Midrach (Torat Cohanim Tsav 1, 1) :

l’Ecriture doit particulièrement encourager là où il y a une perte financière. Les commentateurs ont expliqué (voir Siftei ‘Hakhamim) que comme les cohanim ne tirent aucun profit du sacrifice de l’holocauste, puisqu’il est entièrement consumé pour Hachem, la Torah a craint qu’ils ne mettent pas assez d’empressement à le sacrifier, c’est pourquoi elle a éprouvé le besoin de dire « ordonne », ce qui est une façon d’encourager à ne pas tarder. Il faut s’étonner : est-ce que les cohanim ne faisaient donc tout leur service dans le Temple que pour recevoir une récompense, pour que l’Ecriture doive les encourager quand ils n’ont pas de part dans le sacrifice ? Il faut aussi comprendre pourquoi l’Ecriture fait passer le passage sur l’holocauste, qui ne comporte pas de profit pour les cohanim, avant celui sur le sacrifice expiatoire, dans lequel ils ont une part. Habituellement, quand un roi de chair et de sang donne un ordre à ses serviteurs, il commence à leur dire ce qui est facile pour en arriver au plus difficile, afin qu’il leur soit aisé d’accomplir ses ordres. Alors pourquoi Hachem ne Se conduit-il pas de cette façon avec les cohanim, mais commence-t-Il par ce qui est difficile, l’holocauste dont ils ne profitent pas, pour ensuite seulement leur faire part des sacrifices plus faciles dans lesquels ils ont une part ?

On peut l’expliquer d’après ce que dit le Ramban (Vayikra 1, 9) sur la raison pour laquelle Hachem a ordonné aux bnei Israël de Lui offrir des sacrifices : « Au moment où il offre un sacrifice, l’homme doit penser qu’il aurait été juste que son sang soit versé et son corps brûlé, sans la bonté du Créateur qui accepte à sa place ce sacrifice en rachat, son sang pour son sang, sa vie pour sa vie, les organes du sacrifice pour ses organes. » Maintenant qu’à cause de nos fautes le Temple a été détruit ainsi que l’autel, qu’est-ce qui vient racheter l’homme pour remplacer sa vie ? La réponse est que lorsque l’homme sanctifie pour Hachem ses sens, ses actions et ses pensées, l’Ecriture le lui compte comme s’il avait offert un holocauste dans le Temple et que son sang ait été jeté sur l’autel, car quand le Temple était là, c’était le but du sacrifice, d’élever les sens et de les sanctifier, c’est ce qui rachète la faute.

Etant donné que tout homme qui s’élève dans le service de D. doit offrir à Hachem et sanctifier pour Lui tout son être, y compris ses pensées les plus secrètes, la Torah a écrit pour l’holocauste : « Si un homme d’entre vous offre un sacrifice à Hachem, vous pourrez choisir votre offrande de bétail dans le petit ou le gros bétail. » Que signifie « Si un homme d’entre vous offre » ? Cela nous enseigne que même quand il n’y a plus de Temple, l’homme peut être racheté de ses fautes de la même façon que l’holocauste le rachetait dans le Temple. Comment ? En se sacrifiant soi-même totalement pour Hachem, on mérite de monter dans les degrés de la Torah et de la crainte du Ciel, et les fautes sont pardonnées. Comme la Torah a écrit « si un homme d’entre vous offre » à propos de l’holocauste, et que l’holocauste vient racheter les pensées du cœur (Yérouchalmi Yoma 8, 7), il s’ensuit que l’holocauste ne rachète que lorsqu’il s’accompagne de repentir.

De plus, même du gros bétail, c’est-à-dire même la bestialité qu’il y a dans l’âme humaine, l’homme doit sacrifier à Hachem, ainsi que l’ont dit les Sages (Yébamot 20a) : « Sanctifie-toi par ce qui t’est permis », c’est-à-dire au-delà de tes obligations. Quand l’homme se conduit ainsi, il mérite d’être entièrement pour Hachem, alors ses fautes sont rachetées et on le préserve de la faute, car il ne tombe dans la faute que s’il y a d’abord pensé, ainsi qu’ont dit les Sages (Ketoubot 46a) au nom de Rabbi Pin’has ben Yaïr : « L’homme ne doit pas avoir de mauvaises pensées dans la journée, pour ne pas tomber dans l’impureté la nuit. » Nous avons appris plus encore (Yoma 29a), à savoir que les intentions de faute sont plus graves que la faute elle-même. Par conséquent, quand on sanctifie ses pensées pour D., à la façon d’un holocauste, on ne tombe pas dans la faute.

Cela explique pourquoi la Torah a parlé de l’holocauste avant tous les autres sacrifices. En effet, l’homme n’est préservé de la faute que s’il se sacrifie et se sanctifie entièrement pour Hachem, au point de ne pas détourner sa pensée de Lui, c’est pourquoi le sacrifice de l’holocauste a plus d’importance que les autres, car par l’holocauste l’homme peut être entièrement à Hachem, et élever même sa matérialité en se sanctifiant dans ce qui lui est permis, au-delà de ses obligations, afin de monter très haut. S’il vit à ce niveau, il ne pèchera pas et n’aura pas besoin de sacrifice expiatoire.

Comment l’homme saura-t-il s’il est arrivé à se sanctifier et à devenir un holocauste pour Hachem ? Quand il s’efforce continuellement de monter et de continuer à monter encore sans se contenter de ce qu’il a fait hier, mais en ajoutant sans cesse. C’est ce que la Torah suggère par « ceci est la règle de l’holocauste, c’est l’holocauste (ola) », c’est-à-dire que toute la nature du sacrifice est de monter (olé), que ce soit une montée vers Hachem. Si l’homme ne sent pas d’élévation spirituelle, et au lieu de se demander s’il a véritablement servi Hachem hier comme il convient et s’il faut ajouter aujourd’hui se dit plutôt : « Qu’ai-je besoin de me sanctifier plus qu’il ne faut, est-ce que cela n’a pas de fin ? J’ai prié, j’ai étudié, je me garde de la faute, cela suffit ! » Celui qui se dit cela doit savoir qu’il n’est pas encore arrivé à être un holocauste pour Hachem et n’a pas sacrifié au Ciel la bestialité qui est en lui. En effet, si elle avait été transformée pour devenir spirituelle, elle ne l’aurait évidemment pas empêché de s’élever dans le service de Hachem même dans les choses qui sont au-delà de ses obligations. De plus, comme celui qui se dit cela néglige son service et ne se renouvelle pas chaque jour, cela va devenir pour lui une habitude, et il ne va pas monter de niveau dans la crainte du Ciel, car il est impossible d’arriver à un niveau élevé d’un seul coup, il faut le faire petit à petit. C’est pourquoi il est dit « ceci est la loi de l’holocauste (ola), c’est l’holocauste (ola), une élévation (aliya) après l’autre, jusqu’à ce qu’on atteigne le niveau supérieur.

Les Sages ont dit (‘Haguiga 9b) : « Que signifie le verset (Malakhi 3, 18) : « Vous verrez la différence entre le juste et le méchant, celui qui sert D. et celui qui ne Le sert pas » ? Le tsadik est-il celui qui sert D. et le méchant celui qui ne Le sert pas ? En réalité, celui qui Le sert et celui qui ne Le sert pas sont tous deux des justes parfaits, mais celui qui étudie un passage cent fois n’est pas semblable à celui qui l’étudie cent et une fois. » Celui qui étudie cent fois n’étudie que pour se rappeler son étude, alors que celui qui l’étudie davantage le fait nécessairement par amour du Ciel, il se donne du mal pour la Torah, c’est pourquoi il s’appelle serviteur de D. Le mot mikem (« d’entre vous ») a la valeur numérique de cent un avec le mot lui-même, pour nous dire : quand est-ce que l’homme peut arriver à être un holocauste pour Hachem ? Quand il se donne du mal pour étudier la Torah. S’il le fait, il mérite de transformer la bestialité et la matérialité qui sont en lui en spiritualité, et elles montent comme un sacrifice devant Hachem, car la Torah vient modifier le mauvais penchant (Kidouchin 30b), et même quand l’autel est détruit et qu’il n’y a plus de cohanim pour offrir un sacrifice, une agréable odeur monte vers Lui de l’homme qui offre et sanctifie son corps et tous ses sens pour servir son créateur. Alors le Saint béni soit-Il est rempli de miséricorde envers lui, et rachète toutes ses fautes.

A LA SOURCE

« Ordonne à Aharon et à ses fils pour dire : voici la loi sur l’holocauste » (6, 2)

L’holocauste vient racheter la négligence d’une mitsva positive (Yoma 36a), et en général, ce sont des choses sans importance qui entraînent cette négligence. Quand on remplit son temps à des conversations oiseuses et des futilités, on en vient automatiquement à négliger les mitsvot positives dont on a l’obligation.

Voici ce qu’a dit le roi Chelomo dans sa sagesse : « Qui parle beaucoup ne saurait éviter le péché » (Michlei 10, 19), « et les vaines paroles ne causent que des pertes » (Ibid. 14, 23). Et les Sages ont enseigné : « Celui qui tient une conversation profane transgresse une mitsva positive, ainsi qu’il est dit « et tu en parleras » (Yoma 19b). »

Le ‘Hida explique que c’est donc le sens du verset « ordonne à Aharon et à ses fils pour dire » : parce qu’on a prononcé des paroles inutiles, « voici les lois sur l’holocauste », il faut offrir un holocauste, pour racheter la faute d’avoir négligé une mitsva positive que cela a provoqué.

« C’est le sacrifice qui se consume sur le brasier de l’autel » (6, 2)

Pourquoi la lettre « mem » de « mokda » (le brasier) est-elle petite ? Voici ce qu’explique à ce propos Rabbi Yossef ‘Haïm Sonnenfeld :

La lettre « mem » fait allusion à un défaut (« moum »), comme l’écrit le Ba’al HaTourim sur le verset « deux cents chèvres et vingt boucs, deux cents brebis et vingt béliers » (Béréchit 32, 15) : « Le verset se termine par un « mem » parce que toutes les bêtes qu’il lui a envoyées avaient un défaut, si bien qu’il ne pouvait pas les offrir en sacrifice.»

Or les Sages ont enseigné (Zeva’him 63b) que si une bête a été désignée comme sacrifice, elle ne peut plus redevenir profane, ainsi qu’il est dit « c’est le sacrifice qui se consume sur le brasier », et par ailleurs Rabbi Akiva estime que les animaux présentant un défaut peuvent être sacrifiés. Mais pour Rabbi Yo’hanan, Rabbi Akiva n’a rendu possibles à sacrifier que ceux dont le défaut est superficiel, alors qu’un animal à qui il manque un membre, par exemple, n’est pas apte.

« C’est le sacrifice qui se consume sur le brasier » – un petit « mem », pour enseigner que même s’il y a un petit défaut, une fois que l’animal a été choisi, il ne redevient plus profane.

« Il enlèvera sur l’autel la cendre de l’holocauste consumé par le feu, et la déposera à côté de l’autel » (6, 3)

La Torah nous insinue que de la même façon que la cendre était conservée à côté de l’autel, le mérite des sacrifices était conservé, restait éternellement et défendait les bnei Israël pendant toutes les générations.

Voici ce qu’écrit le Sefat Emet, et qu’on trouve également en allusion dans les psaumes avec le verset « Il Se rappellera toutes tes offrandes et tes holocaustes et verra la cendre de tes holocaustes à jamais », c’est-à-dire que la cendre de l’holocauste qui est conservée à côté de l’autel nous défendra et fera monter notre souvenir pour toutes les générations.

« Si c’est par remerciement que l’on offre » (7, 12)

Le ‘Hida écrit dans « Chem HaGuedolim » que son grand-père, Rabbi Avraham Azoulaï, faisait partie d’une famille de sages de Castille qui étaient venus à Fès immédiatement après l’expulsion d’Espagne. Quand ils ont débarqué, ils ont laissé tout ce qu’ils possédaient dans le bateau, et peu de temps après une tempête s’est levée et a fait couler le bateau avec tout ce qu’il contenait.

En souvenir du miracle qui leur avait été fait et pour ne pas oublier la chose avec le temps, à partir de ce moment-là il a signé par un dessin en forme de bateau.

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Sur le brasier sur l’autel toute la nuit » (6, 2)

Il est dit « sur l’autel », ce qui peut s’expliquer d’après une discussion entre le Rambam et le Raavad (dans Hilkhot Techouva chapitre 6 halakha 5) à propos de la justice des peuples qui oppriment notre nation. Le Raavad estime qu’ils seront jugés parce qu’ils ont fait plus de mal qu’il n’avait été décidé, car ils possèdent le libre arbitre. Et le Rambam estime qu’ils seront également jugés sur l’essentiel.

J’ai déjà écrit (Béréchit 15, 14) dans le passage de l’alliance d’Avraham et D. entre les morceaux qu’en vérité, ils seront jugés sur la totalité en toute justice.

J’introduis ici une notion nouvelle, à savoir que lorsque quelque chose est ajouté, cela constitue une preuve concernant la chose principale, à savoir que si l’intention des peuples avait été d’accomplir l’ordre de D., ils n’auraient rien dû ajouter. Le fait qu’ils l’aient fait révèle que leur intention n’était pas d’obéir à un ordre. C’est pourquoi il est dit « sur (al) l’autel », ce qui signifie « en supplément » (al) de ce que Hachem a fixé comme nécessaire pour obtenir le pardon : qu’ils fassent plus que ce qui est fixé, « et ils placeront auprès de l’autel », qui représente ce qui a été fixé pour le pardon. Cela permet de juger qu’ils n’avaient pas l’intention d’exécuter un ordre de Hachem, car ce qui reste révèlera ce qu’il en est de ce qui avait été fixé pour l’expiation, si c’était cela l’intention ou uniquement la haine, et il s’avérera qu’ils sont coupables pour l’ensemble des deux.

A LA LUMIERE DE LA PARACHA

(par Rabbi David Hanania Pinto Chlita)

La joie d’un homme d’Israël

L’un de mes fils a donné deux raisons pour lesquelles Hachem a ordonné d’apporter un sacrifice :

La première est pour que les cohanim se nourrissent de la viande des sacrifices. La deuxième est que du fait que l’homme doit apporter des sacrifices pour ses fautes, les bêtes lui coûteront très cher, et toute chose qui implique une dépense, il ne se dépêche pas de la faire, donc avant de fauter, il réfléchira qu’à cause de cette faute, il va être obligé d’apporter un sacrifice qui va lui coûter cher, et ainsi il s’écartera de la faute.

Je dis que ces deux raisons se contredisent, car si l’homme fait attention à s’écarter de la faute, il n’apportera pas de sacrifices, alors d’où les cohanim auront-ils leur subsistance ? Si l’on parle des sacrifices volontaires et de remerciement, est-ce que l’homme apporte tous les jours un sacrifice de remerciement ? Il ne l’apporte que lorsqu’il a eu un malheur dont il a été sauvé.

Mais du fait qu’il s’écarte de la faute, son cœur s’ouvre et il se remplit entièrement d’un grand bonheur de vivre une vie de sainteté, séparé de la faute, alors il en remerciera Hachem chaque jour, de joie il apportera beaucoup de sacrifices de remerciement et d’offrandes à Hachem Qui lui a fait mériter d’être séparé de la faute, et de ces sacrifices les cohanim pourront vivre.

Ainsi, le roi David a dit (Téhilim 100, 1-4) : « Chant de remerciement, sonnez (hariou) pour Hachem toute la terre et servez Hachem dans la joie, venez devant lui en exultant… venez vers ses portes, avec remerciement, vers ses cours avec louanges. » Quel rapport y a-t-il entre le fait de servir Hachem dans la joie et le sacrifice de remerciement ? Du fait que l’homme est séparé de la faute, le mot hariou peut être compris comme de la racine de ra (mauvais). Du fait que la matérialité est mauvaise aux yeux de l’homme et qu’il s’en est séparé, il en vient immédiatement à la joie. Et quand la joie est entrée en lui, il va tout de suite au Temple afin d’apporter un sacrifice de remerciement à Hachem pour lui avoir fait mériter d’être séparé de la faute et de Le servir dans la joie.

GARDE TA LANGUE

Même en cas de grande perte

Même si le fait de s’habituer à ne jamais dire du mal d’un juif doit provoquer de grandes pertes d’argent, par exemple si l’on se trouve sous l’autorité d’autres personnes, qui n’ont rien de religieux du tout, au point que s’ils voient quelqu’un dont la bouche n’est pas aussi ouverte que la leur, ils le prendront pour un sot et risquent de le renvoyer, si bien qu’il n’aura plus de quoi nourrir sa famille, même ainsi c’est interdit. Comme toutes les autres interdictions, qui nous obligent à donner tout ce que nous avons pour ne pas les transgresser.

(‘Hafets ‘Haïm)

LES SENTIERS DES JUSTES

Pour acquérir les valeurs et les bonnes midot

Un certain proverbe populaire décrit comment « la vie est l’école de l’homme ». Et bien qu’il nous soit difficile d’être absolument certain de l’intention de son auteur, on ne peut pas faire abstraction du fait que la vie de l’homme est remplie d’épreuves et d’obstacles dressés par le mauvais penchant, et que « sans l’aide du Saint, béni soit-Il, l’homme ne pourrait pas triompher ». Comment est-il possible de mériter l’aide du Saint, béni soit-Il ? En étudiant la Torah, qui guide l’homme pour l’aider à vivre de façon raffinée et à se conduire moralement, en prenant ses responsabilités. La vie, la vie selon la Torah, représente certainement une « école » pour quiconque cherche à améliorer sa conduite personnelle, « normative », comme on dit habituellement.

Ainsi par exemple, les Sages ont mis en garde contre l’ingratitude envers le prochain, qui finit par l’ingratitude envers D. (Chemot Rabba 1, 8). C’est une conduite morale entre les hommes (les hommes entre eux) qui a un lien direct avec une conduite juive selon la Torah (entre les hommes et D.). A l’autre extrémité, le Séfer Ha’Hinoukh (mitsva 33), enseigne que l’homme qui mérite d’acquérir la qualité de la reconnaissance envers le prochain s’élève ensuite au point d’être également reconnaissant envers D.

Le Machguia’h Rabbi Eliahou Dessler zatsal ajoute dans son « Mikhtav MeEliahou »: « L’homme doit s’efforcer d’acquérir cette qualité à la perfection, car ainsi il apprendra à reconnaître l’ampleur de la générosité divine avec toute la création, et par là à s’attacher au Créateur. Et dans la mesure où il Lui sera attaché, il pourra jouir de l’éclat de Sa Présence dans le monde à venir. En effet, la reconnaissance, que ce soit envers l’homme ou envers D., a une même racine, et si cette qualité de la reconnaissance envers autrui est défectueuse, il n’y aura pas non plus de reconnaissance envers le Saint, béni soit-Il. »

Faisons une petite remarque sur le sentiment de reconnaissance (tirée de « Cha’arei Chemouot Tovot »). Cette histoire est arrivée à quelqu’un d’Erets Israël qui avait envoyé une lettre au Admor de Loubavitch zatsal sur un point qui lui était difficile, et qui ne lui donnait vraiment aucun repos. Sa vie n’était plus une vie et le monde s’était obscurci pour lui, car il avait une maison de trois pièces et dix enfants, et bien qu’il ait de quoi vivre, il n’avait pas d’argent pour acheter un grand appartement et il se sentait vraiment étouffé et ne savait plus que faire.

L’Admor lui avait répondu: « Avant tout, mazal tov pour votre mariage, D. merci vous avez trouvé une bonne épouse. Et dans votre lettre, vous m’écrivez aussi que vous possédez un appartement, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de gens, or vous avez mérité que Hachem vous accorde aussi un appartement à vous ! De plus, mazal tov pour les fils et les filles que Hachem vous a donnés, car il y a beaucoup de gens qui attendent cela ardemment ! Et quand vous aurez fini de remercier Hachem de tous les nombreux bienfaits dont Il vous a comblé, alors vous pourrez commencer à réfléchir s’il vous manque encore quelque chose. »

Une mine d’or

Le gaon Rabbi Eizik Scherr zatsal, Roch Yéchiva de Slobodka, était plongé dans ses réflexions au moment du crépuscule, alors qu’il se trouvait dans la prière de min’ha, et il y avait à côté de lui un élève de yéchiva dont l’oreille se tendait pour entendre des paroles de Torah de la bouche de son Rav.

Une neige légère planait sur les quartiers paisibles de Jérusalem, enveloppée dans le silence alors que le soir tombait. Un froid perçant pénétrait jusqu’aux os, et personne ne sortait de chez soi. Par la fenêtre d’une maison de Jérusalem typique, on entendait la voix d’un enfant malade qui toussait lourdement et pleurait. Ce n’était pas rare à cette époque-là, car beaucoup d’enfants de la ville prenaient froid en cette saison, si bien qu’ils devaient rester couchés en toussant de toute leur gorge.

Et voici que le père de famille sortit de la cour de sa maison avec ses enfants qui s’accrochaient à lui pour se réchauffer. Il marchait rapidement vers la rue gelée. Rabbi Eizik le regarda attentivement et reconnut tout de suite le gaon Rabbi Chalom Schwadron זצ’ל.

En voyant son vieil ami, Rabbi Eizik allongea le pas afin de le rattraper, en appelant : « Rabbi Chalom, Rabbi Chalom ! » Rabbi Chalom se retourna, et quand il aperçut Rabbi Eizik Scherr devant lui, il s’écria avec joie de sa voix forte : « Chalom aleikhem, Rabbi ! »

Rabbi Eizik lui demanda : « Où vas-tu par un temps pareil ? » Rabbi Chalom lui répondit tout en marchant : « Nous allons chez ma mère. »

« Et pourquoi ? demanda Rabbi Eizik, est-ce que votre maison a été submergée par la pluie pour que vous soyez obligés de l’abandonner ? »

Rabbi Chalom montra sa maison du doigt, une buée montant de sa bouche, et répondit : « Mon fils malade est resté à la maison, c’est pourquoi j’emmène les autres petits jusque chez leur grand-mère. »

Rav Eizik demanda de nouveau : « Bon, et puis après ? »

Plus tard, Rabbi Chalom Schwadron a raconté la suite dans l’un de ses cours :

« Je n’ai pas compris ce qu’il voulait dire par « Bon, et puis après ? » J’ai continué à rester dans le froid mordant comme un bonhomme de neige, à attendre qu’il explique sa question.

Rabbi Eizik ne l’a pas laissé tranquille et a répété sa question, en s’expliquant : « Bon, et puis après ? C’est-à-dire qu’il n’y a aucune différence entre nous et les animaux qui eux aussi veillent sur leurs petits. Seulement toi, tu vas pour rendre service à un enfant malade qui se trouve par hasard être ton fils ! »

Rabbi Chalom a fixé les yeux sur son auditoire passionné et frappé le pupitre de la main en s’exclamant : « Aïe aïe aïe, est-ce que vous avez compris ? Droit au but ! On va pour rendre un service. A partir de cet instant, quand j’ai continué à marcher avec mes enfants, c’était une marche totalement différente. »

Il continua à raconter :

« Le lendemain matin, lorsque je suis rentré de la prière de cha’harit, ma femme est venue vers moi et je lui ai murmuré : « Je suis prêt à faire un acte de bonté envers une femme juive qui est mon épouse », et je lui ai pris les enfants des mains. En fait, continua Rabbi Chalom, six mois plus tard je continuais à marcher avec les paroles de Rabbi Eizik et je disais tout haut  quand je faisais quelque chose avec la famille : « Je suis prêt à faire un acte de bonté », comme cela en chaque chose j’agissais en fonction de ses paroles. Tout ce qu’on fait dans la maison peut être interprété de cette façon ! »

Rabbi Chalom éleva la voix : « Il y a des femmes qui s’imaginent qu’elles ne font rien, et qui se disent en elles-mêmes : nous ne faisons qu’élever les enfants. Mais elles oublient que chaque pas dans la maison avec une bonne intention est une « mine d’or ». Elever des enfants pour qu’ils aient la force et la santé et les aider à acquérir la Torah et la crainte du Ciel, c’est le ‘hessed et la Torah en même temps », termina-t-il.

TES YEUX VERRONT TES MAITRES

LE GAON RABBI CHALOM MESSAS ZATSAL

Comme une pierre brillante sertie parmi des pierres précieuses qui éclaire tous les alentours d’une belle lumière, se détachait la figure lumineuse et extraordinaire du « Rav de Jérusalem » zatsoukal. Outre ses dons extraordinaires dans la Torah et l’enseignement, il était connu pour son immense intelligence et son esprit d’une grande clarté et d’une grande pureté. Mais la plus grande de ses qualités merveilleuses était sa modestie. De sa maison et de son bureau irradiait une lumière qui a illuminé la ville sainte comme une torche multicolore pendant vingt-cinq ans.

Pendant vingt-cinq ans, Rabbi Chalom a régné sur Jérusalem et porté sur ses épaules la charge de la ville sainte. Pendant tout le temps de sa rabbanout à Jérusalem, sa maison a été un phare pour les habitants de Sion. Il tranchait de nombreuses questions. Ses belles qualités et ses actions magnifiques pour la communauté et pour chaque individu lui attiraient comme par une baguette magique l’amour de tous les habitants du pays, et son nom était dans la bouche de tous.

Pendant les années de sa fonction, Rabbi Chalom imprima le sceau de sa personnalité enthousiaste sur la ville sainte, par sa modestie, sa pudeur et sa façon de vivre, qui était remarquable de simplicité et de droiture. Rabbi Chalom fut un symbole et un exemple pour son troupeau. Il était installé à Jérusalem, mais son nom le précédait dans toute la diaspora.

Descends vers le peuple

Citons un fait qui peut nous concrétiser l’élévation de sa stature, comme l’a raconté notre maître Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita, dans son oraison funèbre :

A Pessa’h il y a quelques années, j’étais avec toute ma famille au Maroc, chez Rabbi Yéchoua Dahan. Un jour de ‘Hol haMoed je reçus un coup de téléphone de France, du grand Rav, le tsadik ami de la famille Pinto, le Rav Hagaon Rabbi Chalom Messas, Roch Av Beit Din à Jérusalem, qui voulait me parler d’urgence.

J’ai pris le téléphone et j’ai commencé à saluer Rabbi Chalom Messas. Le Rav m’a dit qu’il voudrait une bénédiction pour sa femme qui était malade. On lui avait découvert une maladie grave, et le lendemain elle devait subir une opération. Je lui ai immédiatement exprimé ma grande surprise : « Je suis un homme petit, alors que vous êtes un grand Rav, qui suis-je pour vous donner à vous une bénédiction ? »

Mais le Rav Messas m’a répondu : « C’est vrai, je suis ce que je suis, mais vous avez le grand mérite de vos ancêtres. Nous savons tous qui était Rabbi ‘Haïm Pinto. C’est pourquoi je voudrais que vous éveilliez la miséricorde du Ciel en faveur de ma femme. Nous croyons dans le mérite de Rabbi ‘Haïm Pinto, dans le mérite de vos saints ancêtres, c’est pourquoi, éveillez le mérite de vos ancêtres et priez pour la guérison totale de ma femme. »

Je lui ai répondu simplement : « Comme le Rav est plus grand et plus âgé que moi, et que malgré tout il s’est abaissé devant moi, c’est un signe qu’il est véritablement beaucoup plus grand que moi. C’est pourquoi, par le mérite du fait que le Rav s’adresse aux petits, Hachem donnera rapidement la guérison à son épouse. »

J’ai ajouté : « Je me souviens de ce que Hachem a dit à Moché : « descends vers le peuple », c’est une descente nécessaire à la montée. De même, le Rav descend de sa grandeur et demande des choses à des gens plus petits que lui. Par ce mérite, que Hachem vous aide. »

Plus tard, Rabbi Yéchoua m’a raconté qu’il savait effectivement que la femme du Rav Messas était malade. Mais un grand miracle était arrivé. Le lendemain de ce jour, on l’avait opérée, et à la grande surprise des médecins, on n’avait rien trouvé, ceci après que tous les examens avaient prouvé clairement qu’elle avait une maladie grave. Alors tout le monde a compris que sa guérison était venue par le mérite du tsadik Rabbi ‘Haïm Pinto.

Sa vie

Le Rav Chalom Messas est né du gaon Rabbi Maïmon zatsal, auteur de « Otsrot Chamaïm » à Meknès au Maroc le 22 Chevat 5668.

Dans sa jeunesse il a étudié la Torah et servi les Sages d’Israël de cette génération. Etant encore jeune, il était connu comme très érudit dans le Talmud et les décisionnaires, et en peu de temps il fut considéré comme l’un des grands décisionnaires. Son maître essentiel dans le Talmud et les décision halakhiques fut le grand gaon Rabbi Yitz’hak Assabag zatsoukal, que le Rav évoque en toutes occasions, avec crainte et amour.

Au Maroc, il fonda la société Dovev Siftei Yéchénim, qui se consacrait à la publication de manuscrits de grands du judaïsme marocain. Ceci, à cause de la grande douleur qu’il avait éprouvée en voyant les manuscrits de grands rabbanim abandonnés sans que personne s’en occupe. En 5704, après avoir vaincu le typhus, il prit sur lui, comme Rabbi Chimon bar Yo’haï quand il sortit du souterrain, d’édicter un décret important pour le bien de la communauté. C’est ainsi qu’il fonda à Meknès avec beaucoup de dévouement, avec ses maîtres et ses amis, la yéchivah « Kéter Torah », dont il était l’esprit vivant, matériellement et spirituellement. Elle prépara des rabbanim et des talmidei ‘hakhamim.

A Meknès, il dirigeait l’école « Talmud Torah », où étudièrent plus de deux mille élèves. Le Rav, qui était connu pour la douceur de ses manières, était aimé et respecté par ses élèves et par les dirigeants de la communauté.

En 5707, il fut examiné selon les lois de l’état marocain par le Rav Chaoul Aben Danan, le Grand Rabbin du Maroc, et Av Beit Din pour les tribunaux d’appel, auteur du livre « Hagam Chaoul », pour devenir dayan de Casablanca. En 5720, à l’âge de 52 ans, il devint Grand Rabbin et Roch Av Beit Din de Casablanca, et ensuite de tout le Maroc.

En 5734, son cousin le gaon et tsadik Rabbi Yossef Messas zatsoukal, qui était Grand Rabbin de Haïfa, mourut. Plus tard, on proposa au Rav Chalom Messas de devenir Grand Rabbi de Haïfa. Cette proposition fut repoussée, entre autres à la suite des pressions du Admor Rabbi Mena’hem Mendel Scheersohn zatsoukal. Mais à la suite de cela commencèrent des négociations pour l’amener en Erets Israël.

En 5738, il arriva à Jérusalem pour y être Grand Rabbin. Le gaon Rabbi Ovadia Yossef chelita participa activement à le faire venir du Maroc à Jérusalem, en reconnaissant profondément sa grandeur et sa capacité d’unir toutes les communautés si diverses de Jérusalem. La condition essentielle que mit le Rav Messas était que sa nomination n’entraîne aucun conflit.

Le « Chabat HaGadol », en Nissan 5763, ayant atteint un âge très avancé mais conservé une lucidité totale, le Rav Chalom Messas mourut chez lui, à 95 ans. Que son souvenir soit béni.

 

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