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paracha de la semaine

Aharei Mot
Chabbat Hagadol

12 Avril 2014

12 Nissan 5774

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

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20:18

21:28

Lyon

20:03

21:10

Marseille

19:58

21:02

 

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L’essentiel de la délivrance dépend de notre union

 (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

Rabbi Masliah Mazouz width=

Ce Chabbat s’appelle « Chabbat Hagadol », et il y a un lien étroit entre la parachat Metsora et le Chabbat Hagadol. La fête de Pessa’h consiste essentiellement à parler le plus possible de la sortie d’Egypte et des miracles et merveilles que Hachem a accomplis pour nous, ainsi que du fait qu’Il nous a montré Sa main extraordinaire et Son bras étendu. Cela vient nous enseigner qu’il y a différentes sortes de paroles. Certaines nous rattachent au Créateur, lorsque nous parlons le plus possible des actes de grandeur de Celui qui gouverne tout, en accomplissant la mitsva de « raconter à son fils et au fils de son fils ce qu’Il a réalisé en Egypte ». Ce sont là des paroles saintes, c’est une mitsva, il faut en prononcer tant et plus, et « quiconque s’étend longuement sur les histoires de la sortie d’Egypte est digne de louanges », ce sont des propos de sainteté par lesquels le Saint, béni soit-Il est glorifié, et qui vaudront à celui qui les tient une belle récompense. Mais il faut bien insister sur le fait que seules des paroles de ce genre doivent être multipliées.

C’est pourquoi la fête s’appelle « Peh-sa’h » : la bouche (peh) doit parler (sa’h) en multipliant les louanges du Créateur du monde et en racontant Ses merveilles. Cela s’applique en particulier pendant Chabbat HaGadol, au cours duquel il a été fait à nos ancêtres des miracles et des merveilles, car bien qu’ils aient encore été asservis aux Egyptiens, ils ont pris un agneau et l’ont égorgé avec abnégation sous les yeux épouvantés des Egyptiens, sans rien craindre d’eux tant ils avaient confiance que Hachem les protégerait de leurs mains et les sauverait, si bien qu’ils ont accompli la mitsva du sacrifice de Pessa’h comme elle leur avait été ordonnée. Ce Chabbat-là, les bnei Israël se sont beaucoup raconté mutuellement le miracle en question et tout ce qui leur était arrivé, comment il était possible que tel Egyptien soit passé à côté et ait vu comment ils égorgeaient son idole sans pouvoir faire quoi que ce soit, et autres miracles du même genre. Ce sont ces prodiges qui ont précipité la délivrance du peuple d’Israël.

Il s’ensuit que les paroles saintes ont le pouvoir de rapprocher l’homme de son Créateur et d’amener rapidement la délivrance totale. En revanche, il y a de mauvaises paroles qui éloignent l’homme à la fois du Saint, béni soit-Il et de la communauté d’Israël, comme le lachon hara et la médisance, qui rendent l’âme impure et sont punies par la lèpre de l’âme et du corps. Il est certain que ces paroles-là éloignent la gueoula du peuple d’Israël. En effet, celle-ci ne dépend que de l’unité, si bien que quiconque sème la division dans les cœurs par son lachon hara et ses diffamations éloigne certainement de nous la gueoula, et sa faute est trop lourde pour être supportée. D. a créé une contrepartie à toute chose : les paroles saintes de louange et de glorification du Créateur, qui sont l’essentiel du Chabbat HaGadol et de la fête de Pessa’h, avec en contrepartie les vains discours de lachon hara et de médisance qui sèment la destruction et la ruine spirituelle et matérielle.

Cette unité doit régner entre toutes les couches du peuple. On ne doit jamais s’exprimer en disant : « Cette personne en face de moi est un impie, et je n’ai pas le devoir de me conduire envers elle selon un principe d’unité. » Certains vont plus loin encore, sous la forme « c’est une mitsva de le détester ! » On ne doit certainement pas dire cela. Dans la Haggada, il est dit : « La Torah a parlé en fonction de quatre fils, l’un sage, l’autre impie, etc. » Le Saint, béni soit-Il appelle aussi ce dernier son fils, et Il l’aime lui aussi, car bien qu’il soit totalement mauvais, Il attend le jour où celui-là aussi va se repentir, Il ne désespère jamais de lui. Si le Saint, béni soit-Il le rapproche et l’appelle « fils », alors qui pourrait oser le repousser ? Au contraire, c’est un devoir pour quelqu’un de droit de le rapprocher et de l’encourager, de lui parler de morale et de crainte du Ciel avec affection, jusqu’à ce que lui aussi revienne vers Hachem et se repente. Ainsi en fait, même avec cet impie on a le devoir d’être dans l’unité et de veiller à ne pas dire de lachon hara sur lui ni de médire de lui.

L’unité dans le vécu de la fête

En examinant le texte, nous nous apercevons que l’ordre est le suivant : le sage (‘hakham), l’impie (racha), l’innocent (tam) et celui qui ne sait pas poser de questions. Apparemment, le racha aurait dû se trouver à la fin de la liste, à cause de son impiété. Pourquoi se trouve-t-il à côté du ‘hakham ? Les Sages enseignent que ce racha est justement celui qui peut se repentir et arriver à des niveaux qui ne sont pas inférieurs à ceux du ‘hakham, c’est pourquoi il se trouve à côté de lui. Cela nous enseigne que nous devons être dans l’unité et la paix avec tous, même avec les impies, et nous efforcer de les rapprocher de la Torah de Hachem et de Ses mitsvot en leur faisant bon visage et en leur manifestant de l’affection.

La phrase de la Haggada « Ce pain de pauvreté (…) que quiconque le désire vienne et mange » paraît juxtaposer deux choses qui n’ont aucun rapport. C’est que comme on le sait, le peuple d’Israël en Egypte était dans une grande pauvreté, sans rien posséder au monde, et maintenant il était sorti d’Egypte avec de grands biens et était devenu extrêmement riche. Or parfois, la nature du riche est de s’enfler d’orgueil et d’oublier ses frères qui sont dans le besoin.

C’est pourquoi nous annonçons partout à l’avance que justement maintenant que nous sommes riches, nous ne nous contentons pas de nous préoccuper de nous-mêmes, mais nous désirons que tous ceux qui nous entourent se sentent eux aussi libres comme nous, et aient également le sentiment de la fête, comme les riches et les fils de rois, c’est pourquoi « Que quiconque le désire vienne manger, que quiconque en a besoin vienne partager le sacrifice de Pessa’h ! » Si l’on se conduit ainsi, dans une union totale avec les autres bnei Israël, il y a peu de distance de là à la délivrance, c’est pourquoi on termine par la phrase « l’an prochain en tant qu’hommes libres », car grâce à la merveilleuse unité qui règne entre nous et le souci de l’autre, nous devenons dignes d’une délivrance totale. Et il est certain que l’an prochain, nous mériterons d’être des hommes libres en terre d’Israël avec le Machia’h.

LES PAROLES DES SAGES

Le secret de l’amour d’Yitz’hak pour Essav

Plus que toute autre fête, Pessa’h symbolise l’éducation. La sainte Torah nous donne plusieurs points de vue à ce sujet, à commencer par « Tu le raconteras à ton fils » : la façon dont il faut raconter, comment formuler et d’autres points didactiques, mais l’essentiel dans ce domaine est la façon de parler, quoi dire et quoi ne pas dire. Dans cette article, nous allons nous concentrer sur un point qui peut nous éclairer dans cette sainte tâche de l’éducation des enfants, et surtout envers les adolescents, chez qui les conséquences peuvent être très lourdes.

C’est Yitz’hak qui nous a enseigné cette façon d’éduquer dans sa bénédiction à ses fils, donnée la nuit du séder après que Ya'akov lui a préparé un chevreau sur l’ordre de sa mère. Rachi demande « Est-ce que deux chevreaux étaient le repas habituel d’Yitz’hak ? » et répond : « C’était Pessa’h, il en a sacrifié un et a fait de l’autre un plat (Pirkei DeRabbi Eliezer). »

Le machguia’h sait lui aussi

Onkelos traduit le verset « Yitz’hak aimait Essav à cause de la chasse dans sa bouche » par « Yitz’hak aimait Essav parce que de sa chasse il lui donnait à manger. » Est-ce que c’est une bonne raison pour aimer quelqu’un ?

Le livre « Menou’ha OuKedoucha » s’étonne. En effet, on raconte sur le Ari zal qu’il voyait sur le front de tout juif toutes les mitsvot qu’il faisait et toutes les fautes qu’il commettait. Par conséquent, comment Yitz’hak ne voyait-il pas le fautes d’Essav, est-ce que le Ari zal était par hasard plus grand que lui ?

Il est donc clair que « parce que de sa chasse il lui donnait à manger » ne signifie pas qu’Yitz’hak mangeait les bêtes chassées par Essav, mais qu’il chassait (piégeait) Essav en mangeant de la viande qu’il lui apportait.

Un exemple merveilleux est cité à ce propos par le grand éducateur Rabbi Yéra’hmiel Kram chelita. Le machguia’h d’une yéchiva avait abordé l’un des élèves et lui avait demandé : « Où étais-tu hier ? »

« J’étais malade. Je suis allé au dispensaire. »

« A quelle heure ? – A cinq heures. »

Le machguia’h lui dit : « Je te souhaite une prompte guérison. Mais je t’en prie, la prochaine fois, dis-moi que tu sors, pour que je ne me fasse pas de souci pour toi. »

Le machguia’h à peine sorti de la pièce, tous les élèves éclatent d’un rire bruyant. Tout le monde savait que la veille à cinq heures de l’après-midi, le dispensaire était fermé…

La vérité était que le machguia’h savait parfaitement lui aussi que le dispensaire était fermé à cette heure-là, mais il se disait : s’il me révélait la véritable raison de son absence, qu’est-ce que je ferais ? Tant qu’il essaie de trouver un prétexte, c’est un signe qu’il cherche encore à être bien au moins aux yeux du machguia’h, il est gêné vis-à-vis de lui. Et donc, il y a encore de l’espoir, car même si en cachette il se conduit mal, apparemment au moins il observe certaines limites d’une conduite acceptable. S’il en arrivait malheureusement à une situation où il n’a plus rien à perdre, il se révolterait ouvertement.

C’est-à-dire que c’est seulement quand le père veille à l’honneur du fils, bien que sa situation spirituelle véritable lui soit connue, que cela vaut la peine pour le fils d’au moins porter une kipa à côté de son père et manger casher, ne pas tout rejeter de façon absolue.

On raconte qu’à la cour de « Beit Israël » de Gour, il y avait un ‘hassid qui était hypocrite. Quand il arrivait chez le Rabbi, il était habillé comme un ‘hassid et se conduisait avec sainteté et pureté, alors que chez lui, sa conduite était bien loin de tout cela. Les ‘hassidim le savaient, et quand ils voyaient que le Rabbi lui manifestait de l’affection, cela éveillait un grand étonnement. Un jour, le gabaï a demandé au Rabbi : « Rabbeinou, c’est un hypocrite… »

Le Rabbi lui a répondu : « Je sais parfaitement qu’il est hypocrite, et j’aime son hypocrisie ! Elle a aussi un côté positif. Imagine qu’il vienne me trouver pour me dire qu’il n’est pas religieux, qu’il veut rejeter la Torah et les mitsvot, qu’est-ce que je pourrais faire pour lui ? C’est alors que je le perdrais avec toute sa famille pour toutes les générations. Mais dans la situation présente, tant qu’il vient chez moi, il enverra ses enfants dans les yéchivot, les Talmudei Torah et les séminaires. Ainsi, nous aurons gagné tout au moins sa génération suivante, c’est pourquoi j’aime beaucoup son hypocrisie… »

Yitz’hak avait fait ce calcul. Il savait exactement qui était Essav, mais tant qu’il lui donnait le sentiment qu’il l’aimait et qu’il était un tsaddik, il observait tout au moins une che’hita cachère, avec une kipa sur la tête.

Mais s’il ne lui avait pas accordé ce respect, s’il lui avait montré qu’il ne l’appréciait pas, il aurait rejeté toute obligation et transgressé toutes les interdictions de la Torah. Maintenant, au moins, il s’efforçait de se conduire correctement devant lui.

C’est pourquoi lorsqu’Essav venait chez Yitz’hak et lui demandait : « Père, comment prend-on le ma’asser du sel ? » Yitz’hak ne le rabrouait pas en disant : « Comment on prend le ma’asser du sel ? Commence donc par apprendre quelque chose et tu sauras ce dont on doit prendre le ma’asser ou non. »

Absolument pas. Yitz’hak lui faisait bon visage et lui disait : « Tu fais très bien de me demander. C’est vraiment une bonne question. Bravo Essav, quel tsaddik tu es… »

Tout cela bien qu’Yitz’hak ait parfaitement su quel « tsaddik » Essav était vraiment, mais il n’avait pas le choix, il était obligé de jouer son jeu pour sauver Essav d’une dégradation spirituelle encore pire. En vérité, tant qu’Yitz’hak était en vie, Essav n’a pas tout rejeté publiquement. C’était cela la tâche d’Yitz’hak.

GARDE TA LANGUE

Chercher un mérite de toutes ses forces

En réfléchissant, on s’aperçoit que de la mitsva de juger autrui favorablement et de garder sa langue dépendent de l’accomplissement de la mitsva positive « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » En effet, si on aime vraiment son prochain, on ne dira certainement pas du lachon hara sur lui, et on lui cherchera des excuses de toutes ses forces. On s’imaginera que si soi-même on avait fait quelque chose de répréhensible et que les gens se soient mis à en parler, et qu’on se connaissait de bonnes excuses, que c’était par inadvertance ou pour toute autre raison, combien on désirerait trouver quelqu’un qui vous trouve une excuse, pour ne pas avoir tellement honte, et c’est exactement comme cela qu’il faut se conduire avec autrui.

(Cha’ar Hatevouna)

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

L’exil d’Egypte dans notre génération

La Guemara (Berakhot 12, 2) rapporte qu’après la venue du Machia’h, la sortie d’Egypte gardera sa place dans l’histoire du peuple juif, mais que celle de la délivrance ultime sera prépondérante. Ainsi le prophète Isaïe déclare (43, 18) : « Ne rappelez plus les événements passés, ne méditez pas sur les temps antiques. » « Ne rappelez plus les événements passés » : il s’agit de l’asservissement aux royaumes étrangers, « ne méditez pas sur les temps antiques » : il s’agit de la sortie d’Egypte. Notre exil comporte la même caractéristique que celui d’Egypte, et Hachem nous en délivrera. Reste à savoir quelle est cette « caractéristique » ?

Les Egyptiens dominaient les bnei Israël, comme il est écrit (Chemot 1, 14) : « Ils leur rendirent la vie amère par des travaux pénibles sur l’argile et la brique, par des corvées rurales, outre les autres labeurs qu’ils leur imposèrent tyranniquement. » De même il est dit (Chemot 2, 23) : « Il arriva, dans ce long intervalle, que le roi d’Égypte mourut. Les enfants d’Israël gémirent du sein de l’esclavage et se lamentèrent. »

Ceci nous enseigne qu’au cours de leur travail éprouvant, les bnei Israël gémissaient et priaient D. Ils n’ont changé ni leur nom ni leur langue, et ne se sont rendus coupables ni de médisance ni de débauche (Chir Hachirim Rabba 4, 12). Bien que plongés dans le quarante-neuvième degré de l’impureté, ils n’ont pas cessé de croire en D., comme il est dit : « Le peuple eut foi » (Chemot 4, 31). C’est pour cette raison qu’ils ont mérité d’être libérés.

Mais de nos jours, lors de cet ultime exil, la situation s’est inversée. Alors même que nous jouissons du confort et de la tranquillité, nous trébuchons tous et nous tombons dans la médisance et les relations interdites. Je me demande si nous trouverions une seule personne, dans cette génération, qui n’ait changé ni son nom ni son langage. De surcroît, même lorsque nous nous rendons dans les maisons d’étude et dans les synagogues pour prier, nous y discutons de futilités ou occupons nos pensées à des sujets profanes. Est-ce là le cri que nos ancêtres ont poussé vers Hachem en Egypte ?

Par ailleurs, chacun de nous se laisse un tant soit peu séduire par de la poussière d’hérésie. Y a-t-il quelqu’un parmi nous qui soit doté d’une parfaite foi en D. et qui place toute sa confiance en Lui, comme l’avaient fait nos pères en Egypte ?

Puisqu’il en est ainsi, nous avons besoin d’un sauveur qui nous libèrera de cet amer exil, encore plus pénible que le premier. Ainsi, le prophète Michée a annoncé (7, 15) : « Oui, comme à l’époque de ta sortie d’Egypte, Je te ferai voir des prodiges. »

A LA SOURCE

« Il agira de même pour la tente d’assignation, qui réside avec eux parmi leur impureté » (16, 16)

« Bien qu’ils soient impurs, la Chekhina est parmi eux » (Rachi).

Le Zohar rapporte qu’au moment où la miséricorde s’apprête à descendre sur le monde, la Chekhina prend l’apparence d’une femme, une mère.

Rabbi ‘Haïm de Volojine en donne l’explication : le père et la mère aiment tous deux énormément leur bébé, ils le prennent dans les bras et l’embrassent de tout leur cœur. Et pourtant, quand le bébé se salit, le père manifeste une certaine impuissance, il n’a plus la patience de s’occuper de lui. Alors, la mère le prend, le nettoie, le change, et même quand il est très sale elle ne s’écarte pas de lui et ne craint pas de l’embrasser.

Ainsi, le verset dit « qui réside avec eux parmi leur impureté », et Rachi explique que la Chekhina est parmi eux même quand ils sont impurs.

En effet, même lorsque les bnei Israël se souillent par des fautes, la Chekhina est avec eux, et alors seulement elle prend l’apparence d’une femme, une mère, qui veut nettoyer ses enfants et les purifier de leurs fautes.

« Qui réside avec eux parmi leur impureté » (16, 16)

Rabbi Israël Ba’al Chem Tov tirait de là que l’orgueil est infiniment pire que toutes les autres fautes de la Torah. En effet, la Torah dit à propos des faute des bnei Israël « qui réside avec eux parmi leur impureté ».

Même quand les bnei Israël sont plongés profondément dans l’impureté de leurs fautes, malgré tout la Chekhina est avec eux. En revanche, il est dit à propos des orgueilleux : « Un cœur enflé d’orgueil, Je ne peux le supporter » (Téhilim 101), et les Sages ont expliqué là-dessus : « Moi et lui ne pouvons cohabiter. »

« Tu ne prendras pas une femme en plus de sa sœur » (18, 18)

On objecte habituellement que la première femme de quelqu’un s’appelle « sa femme », et la deuxième « sa sœur ». Par conséquent, pourquoi le verset inverse-t-il en disant : « une femme en plus de sa sœur », alors qu’il aurait fallu dire « Tu ne prendras pas la sœur de ta femme » ?

Le livre « ‘Hanoukat HaTorah » répond à cela d’après le Midrach selon lequel dans le banquet des tsaddikim qui doit avoir lieu dans l’avenir, Ya'akov évitera de les bénir en disant : « Il est écrit sur moi : Tu ne prendras pas une femme en plus de sa sœur. » Il y a lieu de s’étonner. Pourquoi Ya'akov dit-il « Il est écrit sur moi », alors que cet ordre a été donné à l’ensemble des bnei Israël ?

C’est qu’au moment où Ya'akov a travaillé chez Lavan, toute son intention était d’épouser Ra’hel, et bien qu’il se soit aperçu ensuite qu’il avait épousé Léa, c’est Ra’hel qui était pour lui l’essentiel et qui s’appelait sa femme, et Léa était la sœur de sa femme.

C’est pourquoi Ya'akov dit « il est écrit sur moi » : c’est qu’il avait pris Ra’hel la deuxième, après sa sœur, et même ainsi c’est elle qui s’appelait « la femme de Ya'akov », contrairement à ce qui se passe habituellement, à savoir que la première s’appelle « sa femme » et la deuxième « sa sœur ».

La lumière du Zohar

« Il l’enverra dans le désert sous la conduite d’un homme préposé » (16, 21)

Qu’est-ce que c’est qu’un « homme préposé » (Ich iti) ? Voici quel en est le secret : Dans tout ce qui est fait, il faut prendre un homme qui est prêt pour cela. Il existe des gens chez qui la bénédiction s’accomplit plus que chez les autres. Il est dit du cohen « Celui qui a un regard généreux sera béni », il ne faut pas lire « sera béni » (yévorakh) mais « bénira » (yivarekh).

Et par ailleurs, il y a des gens qui sont disposés à ce que la malédiction s’accomplisse par eux, et la malédiction et la maladie viendront dans tout ce qu’ils regarderont, comme Bilam qui s’appelle « ra ayin » (au regard mauvais), il était prêt à toute mauvaise chose et non au bien. Quand il bénit, sa bénédiction ne se réalise pas, mais quand il maudit, toutes ses malédictions se réalisent, et même en un seul instant.

A Goush ‘Halav, il y avait un homme dont le regard faisait mourir tout ce qu’il touchait, et les gens ne s’approchaient pas de lui. En Syrie, il y avait un homme dont le regard, même bienveillant à la source, transformait en mal tout ce qu’il regardait. Un jour, quelqu’un marchait dans la rue avec un visage souriant, cet homme-là l’a regardé, et il a eu un œil crevé.

C’est pourquoi en toute chose il faut un homme qui soit prêt à la fois pour le bien et pour le mal. C’est là-dessus qu’il est dit « celui qui a un regard généreux sera béni » – ne lis pas « sera béni » mais « bénira ».

(A’harei Mot 63a)

LA MEMOIRE DU JUSTE EST UNE BENEDICTION

La joie de la fête dans la maison de Rabbi ‘Haïm Pinto

Une grande effervescence régnait chez Rabbi ‘Haïm à chaque veille de Pessa’h. A l’approche de la soirée du séder, il envoyait des émissaires pour déambuler à travers les rues de la ville à la recherche de mendiants ou tout simplement d’étrangers de passage, afin de les convier à célébrer avec lui la fête de Pessa’h.

Une année, les messagers ont circulé dans tous les quartiers de la ville sans rencontrer ni pauvre ni étranger à inviter chez le Rav. Mais leur démarche a tout de même fini par porter ses fruits : quelques jours avant la fête, ils sont arrivés dans une auberge où se trouvait un juif, assis et pleurant désespérément en se lamentant sur son triste sort.

Les hommes se sont approchés de lui et lui ont dit: « Cher frère, le kabbaliste Rabbi ‘Haïm Pinto vous invite à sa table pour Pessa’h. Venez s’il vous plait passer le séder en sa compagnie. »

A leur grand étonnement, celui-ci a décliné catégoriquement l’invitation et leur a fait part avec amertume de son chagrin :

« Je ne me joindrai pas à vous car pour vous il s’agit de la fête de Pessa’h, la fête de la liberté, alors que pour moi cela ressemblera au 9 Av, à un jour de deuil et de lamentation. »

Il a ainsi continué à pleurer amèrement sans toutefois leur dévoiler la cause de sa grande tristesse.

De retour chez le Rav, les messagers lui ont raconté ce qu’ils avaient entendu de cet homme malheureux.

Rabbi ‘Haïm leur a alors répondu :

« Retournez le voir et persuadez-le, par des paroles apaisantes et encourageantes, de venir me voir. S’il persiste dans son refus, amenez-le de force ! »

Ils sont donc repartis à l’auberge, lui ont renouvelé avec insistance leur invitation et, face à son refus, l’ont fait emmener de force chez Rabbi ‘Haïm avant la fête.

« Pourquoi pleurez-vous ? l’a questionné le Rav. Ne savez-vous pas que ce soir est une nuit de garde (« leil chimourim »), une nuit de joie en raison de la libération des bnei Israël de l’Egypte ? »

« Je vous en prie Rabbi, laissez-moi seul et permettez-moi de retourner à mon auberge. Je ne veux ni vous déranger ni altérer la joie de votre fête. Je suis désespéré. Je ne peux ni boire, ni manger, ni me réjouir. Je vous supplie de me laisser rentrer à l’auberge ! » a-t-il imploré.

« Que vous est-il arrivé ? » a demandé à nouveau le Rav à cet homme étrange. « Pour quelle raison pleurez-vous ainsi ? Racontez-moi, je vous en prie. Je vous assure que si vous me confiez votre problème vous pourrez ensuite vous réjouir de bon cœur... Dites-moi juste ce qui s’est passé. »

L’homme a observé Rabbi ‘Haïm quelques instants puis a commencé à raconter son histoire :

« Je suis natif de Marrakech. Il y a quelques années, je me suis installé en Espagne et j’y ai exercé plusieurs métiers qui m’ont permis d’amasser beaucoup de biens toujours de manière honnête. Lorsque j’ai voulu retrouver ma ville natale, j’ai échangé toute ma fortune contre de belles pierres, des pierres précieuses et des perles en grande quantité. De plus, avant de quitter l’Espagne, une femme veuve m’a remis quelques jolies pierres précieuses pour sa fille qui habite à Marrakech et qui doit bientôt se marier.

J’ai donc emporté tous ces beaux joyaux, les diamants et les pierres précieuses, je les ai rangés dans une malle et j’ai pris le bateau en direction du Maroc. Mais soudain, la mer s’est déchaînée, le bateau et tout ce qu’il comportait ont coulé dans les profondeurs de la mer, de nombreux voyageurs se sont noyés mais j’ai réussi à me sauver de justesse au dernier moment en m’agrippant à une planche qui flottait. Puis j’ai nagé jusqu’à la plage, ici à Mogador.

Je suis donc arrivé sur le rivage, démuni de tous mes biens mais aussi de ces pierres précieuses que m’avait confiées la veuve. Hélas mon maître, que vais-je dire à cette pauvre jeune fille ? Que le bateau a fait naufrage ? Comment pourrais-je ne pas me lamenter sur mon triste sort... ?

Le Rav s’est alors levé, s’est emparé du verre de kiddouch, l’a rempli de vin à ras bord, a prié silencieusement avec des « kavanot » spéciales et d’une profondeur particulière, puis a conjuré l’ange de la mer d’éjecter l’écrin des profondeurs de la mer...

Le voyageur observait le Rav, dont les actions dépassaient son entendement. Son ébahissement n’a fait que s’accroître lorsque le tsaddik s’est tourné vers lui en s’exclamant : « Regardez ! »

Il était bien loin de s’attendre à une telle vision. La scène était irréelle, elle semblait provenir d’un rêve :

Le fond du verre s’était élargi, et petit à petit, la coupe devenait de plus en plus profonde, la couleur pourpre prononcée de son contenu se transformait en vagues d’un bleu azur, des vagues tranquilles à l’aspect uniforme. Soudain, du sein de ces vagues, une petite boîte qui reposait paisiblement sur les eaux est apparue avant d’être projetée au milieu de la pièce.

Ce phénomène ahurissant a violemment secoué le voyageur : incapable de se maîtriser, il s’est écrié :

« Rabbi ! Voici mon coffret, c’est mon paquet ! »

Le Rav a pris la boîte et l’a posée sur la table. Alors, le verre de kiddouch a repris sa forme initiale, les vagues bleues se sont estompées et la coupe de vin est redevenue pourpre.

Le visage de l’invité resplendissait de joie, mais il était impatient de voir le contenu du coffre. Contenait-il vraiment toute sa richesse ? Rabbi ‘Haïm lui a demandé d’ouvrir la boîte… et ses yeux se sont illuminés : toute sa fortune s’y trouvait, de même que les pierres précieuses que la veuve lui avait confiées.

La promesse que lui avait faite Rabbi ‘Haïm (qu’il pourrait se réjouir s’il acceptait de faire part de sa détresse), s’était pleinement réalisée. Ainsi l’homme a passé Pessa’h en compagnie de ses hôtes et a célébré le séder dans une grande allégresse.

AVEC LE CŒUR

Le pain de la foi

Nos Sages attribuent de nombreuses segoulot à la consommation de la matsa le soir du séder. Cette consommation a le pouvoir d’attirer d’extraordinaires délivrances. Voici quelques miettes de la table d’en haut.

Demander miséricorde

La matsa est aussi appelée « le’hem oni » : un pain par lequel on reçoit des réponses dans de nombreux domaines (lé'hem ché'onin 'alav devarim harbé) ! Par le biais de ce pain qui est « l'aliment de la foi », nos prières et nos demandes de miséricorde sont exaucées grâce à la foi à laquelle la matsa fait allusion.

(Bnei Issakhar)

La lutte contre le mauvais penchant

Les commentateurs ont expliqué que les termes « matsa » et « maror » ont la même valeur numérique que l’expression « yetser hara ».

Le mot « matsa » désigne également une dispute : grâce à la consommation de la matsa, on pourra engager une lutte contre le mauvais penchant et le combattre.

(‘Hessed LeAvraham)

Attirer la richesse

La consommation de la matsa a le pouvoir d'attirer sur nous la richesse, ainsi que toutes sortes de délivrances. Le fait d’accomplir la mitsva de matsa lors de nos jours de pauvreté en exil peut nous procurer la richesse et amener toutes sortes de délivrances. En effet, en commémorant le miracle, on fera en sorte que celui-ci nous éclaire, de nos jours comme à l’époque. Et tout comme, à l'époque, la délivrance est venue à travers la matsa, celle-ci aura le pouvoir de nous faire passer de l’obscurité à une grande lumière.

(Tsohar Habayit)

Une segoula pour la subsistance

Consommer de la matsa est une segoula pour avoir une bonne subsistance pendant toute l'année, car c’est à Pessa'h qu’a lieu le jugement concernant la récolte.

(Bnei Issakhar)

Une segoula pour avoir des enfants

Le livre « Imrei No'am », du tsaddik Rav Meir Horowitz zatsoukal, Av Beit Din de Djikow, rapporte ce que disent les tsaddikim, à savoir que l’afikoman est une segoula pour avoir des enfants.

On trouve une allusion à cette idée dans le midrach, qui raconte que lorsque Par'o a dit « de peur qu’il ne se multiplie (pen yirbé) », l’esprit prophétique lui a répondu « oui, il va se multiplier (ken yirbé) ».

Or, les mots « ken yirbé (oui, il va se multiplier) » ont la même valeur numérique que le mot « afikoman ».

 

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