Parachat Bemidbar 24 Mai 2014 24 Iyar 5774 |
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La préparation à la fête de Chavouot (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) L’ordre de lecture des parachiot de la Torah a été organisé façon à ce que la parachat Bemidbar soit toujours lue avant la fête de Chavouot (Choul’han Aroukh Ora’h ‘Haïm 428, 4). Il faut se demander pourquoi les Sages ont pris cette décision, et quel rapport il y a entre la paracha en question et la fête. Je voudrais l’expliquer d’après le Midrach (Bemidbar Rabba 1, 7) sur le verset « Hachem parla à Moché dans le désert du Sinaï », d’où les Sages apprennent que la Torah a été donnée par trois choses, par le feu, par l’eau et par le désert. Ils ont peut-être voulu nous enseigner par là que seule la Torah, qui contient ces trois choses, est capable d’affermir l’étude face au mauvais penchant, que l’homme doit vaincre chaque jour. En effet, nos Maîtres ont dit (Kidouchin 30b) : « J’ai créé le mauvais penchant et Je lui ai créé la Torah comme antidote, si vous étudiez la Torah, vous ne lui serez pas livrés, mais si vous n’étudiez pas la Torah, vous lui serez livrés. » Ils ont encore dit dans le Midrach Téhilim (Psaume 119) au nom du roi David : « Ne laisse pas mes jambes aller là où elles veulent, mais vers Ta Torah toute la journée, au beit hamidrach. » En effet, le mauvais penchant ne pénètre pas au beit hamidrach. Il accompagne la personne pendant tout le chemin, mais quand il arrive au beit hamidrach, il n’a pas la permission d’y entrer. Et comme ce yetser est fait de feu, ainsi qu’il est dit (Téhilim 104, 4) : « tes serviteurs, un feu ardent », l’homme ne peut le vaincre que grâce à la force de la Torah, qui est comparée au feu, ainsi qu’il est dit (Yirmiyah 23, 29) : « Est-ce que Ma parole ne ressemble pas au feu, parole de Hachem ? » Le mauvais penchant est semblable à un petit feu que n’importe quoi peut éteindre, et la Torah à un grand feu qui ne s’éteint jamais, ainsi qu’il est dit (Chir HaChirim 8, 6-7) : « Ses traits sont des traits de feu, une flamme divine, des torrents d’eau ne peuvent éteindre l’amour. » Quand quelqu’un a un petit feu, pas d’eau pour l’éteindre et craint qu’il ne s’étende, que fait-il ? Il le met dans un foyer dans lequel il s’annule. Ainsi, le feu du mauvais penchant n’est annulé que par le feu de la Torah. Mais pour que le feu de la Torah ne pousse pas l’homme à s’enorgueillir, il faut qu’il se sente petit et comparable à l’eau. Semblable à l’eau, qui quand on la met dans un endroit élevé, descend vers un endroit plus bas, le talmid ‘hakham se conduit avec humilité, or la Torah ne se maintient que chez les humbles (Ta’anit 7a). Et du fait qu’il se conduit humblement, le yetser ne parvient pas à le pousser à l’orgueil. Son humilité le pousse à se consacrer entièrement au service de D. comme s’il était un désert entièrement disponible, à l’exemple de Moché, qui s’est séparé de sa femme parce qu’il parlait avec la Chekhina à n’importe quel moment (Tan’houma 96, 13), et qui ne s’occupait pas de ses propres affaires, mais de celles des bnei Israël. Lorsque l’homme se consacre entièrement aux paroles de la Torah, se rendant semblable à un désert, il ne se plaint jamais des décisions de D. et se conforme à ce qu’ont enseigné nos Sages (Berakhot 54a) : « On doit dire une bénédiction sur le mal de même que l’on dit une bénédiction sur le bien, même s’il prend ton âme », ou encore aux propos du roi David (Téhilim 35, 10) : « Tous mes os diront, Hachem, qui est comme Toi », ce qui nous enseigne que David mettait tous ses os au service du Saint, béni soit-Il, et faisait tout ce qu’Il lui ordonnait de faire. C’est pourquoi les Sages ont institué de lire la parachat Bemidbar à proximité de la fête du don de la Torah. Il s’agit de rappeler à l’homme que la Torah ne se maintient que lorsqu’on se rend totalement disponible à la volonté de D., comme un désert, à l’instar d’un serviteur qui est entièrement à la disposition de son maître et fait tout ce qu’il lui ordonne. On trouve quelque chose du même genre dans la décision des Sages de lire la parachat para et la parachat ha’hodech avant Pessa’h, comme un rappel d’avoir à se préparer à la fête de Pessa’h (Rachi Méguila 29a). Le Midrach demande quel rapport il y a entre le livre de Ruth et la fête de Chavouot, pour qu’on le lise au moment de la fête du don de la Torah, et répond que cela nous enseigne que la Torah n’a été donnée que par les souffrances et la pauvreté. Ruth, qui était la fille du roi de Moav, s’est totalement livrée à la Torah et aux mitsvot, c’est pourquoi elle a mérité que le roi David descende d’elle. De même, les bnei Israël n’ont mérité de recevoir la Torah au désert que lorsqu’ils se sont rendus totalement disponibles pour le Saint, béni soit-Il, en disant (Chemot 24, 7) : « Tout ce qu’a dit Hachem, nous le ferons et nous l’écouterons », ce qui signifie qu’ils se sont totalement livrés aux paroles de Hachem, dans le désir de faire toute chose qu’Il leur ordonnerait. Et comme à ce moment-là ils s’étaient élevés à un très haut niveau, les Sages ont dit en effet (Chir HaChirim Rabba 1, 15) que le mauvais penchant a été enlevé de leur cœur, de ce fait le Saint, béni soit-Il craignait qu’ils n’en viennent à s’enorgueillir, c’est pourquoi Il leur a dit (Chemot 19, 12-13) : « Gardez-vous de monter sur la montagne et d’en toucher le bord, quiconque touchera la montagne mourra. On ne doit pas porter la main sur lui, mais le lapider ou le percer de flèches, que ce soit un animal ou un homme, il ne vivra pas. » Comme ils ne se sont pas approchés de la montagne et se sont tenus au loin, ils n’en sont pas venus à l’orgueil, et se sont immédiatement livrés entièrement à Hachem. Il faut comprendre pourquoi Il leur a dit « que ce soit un animal ou un homme, il ne vivra pas ». On pourrait faire un raisonnement a fortiori : si les bnei Israël, qui s’étaient sanctifiés et purifiés pendant trois jours avant de recevoir la Torah, n’avaient pas le droit de toucher la montagne, à plus forte raison était-ce interdit à un animal, qui ne s’était pas sanctifié ! Mais le Saint, béni soit-Il a dit aux bnei Israël : Si vous transgressez en vous approchant de la montagne et en la touchant, vous en viendrez à vous enorgueillir, et de ce fait, même si vous avez la Torah, vous deviendrez semblables à des animaux. C’est ce que les Sages ont dit à propos de Doeg (Sanhédrin 106b) : il était un héros en Torah, savait en examiner tous les raisonnements a fortiori et avait compté trois cents halakhot dans le sujet de la tour qui vole dans les airs, mais parce qu’il aimait dire du lachon hara, il n’est pas sorti du monde avant d’avoir oublié toute son étude. Au moment de sa mort, trois anges destructeurs sont venus à sa rencontre, l’un lui a fait oublier son étude, l’autre a brûlé son âme et le troisième a dispersé ses cendres dans les synagogues et les maisons d’étude. LES PAROLES DES SAGES Quel est l’héritage de D. ? Les enfants « Ils n’avaient pas eu d’enfants » (Bemidbar 3, 4) Aspirer à avoir des enfants est un désir commun à tous les êtres humains. Toutes les embûches et les difficultés qui pourront apparaître sur ce chemin ne détourneront pas pour autant quelqu’un de ce but suprême : apporter un prolongement à sa famille. L’affirmation biblique « Ils n’avaient pas eu d’enfants » soulève donc un grand point d’interrogation : Pourquoi ? Pour quelle raison Hachem nous prive-t-Il parfois de Sa bénédiction : celle de pouvoir donner naissance à une descendance ? Cette question délicate a été posée dans la Guemara par rapport à nos ancêtres qui étaient stériles : pour quelle raison nos matriarches ne pouvaient-elles pas enfanter ? Nos Sages nous révèlent ici cet extraordinaire concept : « Parce que Hachem aime la prière des justes. » Hachem ne désire pas seulement la prière et les pleurs des matriarches : Il convoite la prière de chaque mère. A ce sujet, le gaon Rabbi Chimchon Pinkus a raconté l’histoire suivante : Au moment de poser la pierre angulaire de la yéchiva de Poniewitz, le Rav de Poniewitz avait raconté que lorsque Rabbi ‘Haïm de Volojine était venu poser cette pierre à la « mère des yéchivot » (la yéchiva de Volojine), ils n’avaient pas mélangé l’eau à la boue, car Rabbi ‘Haïm avait tellement pleuré que ce sont ses larmes qu’il avait mélangées à la boue. Il avait lui-même affirmé : « Les larmes constituent une bonne fondation. » Rav Pinkus a pousuivi : « Tout le processus d’une naissance représente la fondation d’un nouvel enfant juif. Un nouvel être juif va exister : il pourrait devenir le ‘Hafets ‘Haïm de la prochaine génération ! Quelle est la meilleure fondation qui puisse exister ? Les larmes ! Durant leurs premières années de vie, les enfants ont tendance à contracter toutes sortes de maladies. Pourquoi donc ? Afin de réveiller le cœur de la mère, de l’inciter à prier et à verser des larmes, car ‘‘Ceux qui sèment dans les larmes récoltent dans la joie’’. » Nos Sages commentent le verset « Ra’hel était stérile (‘akara) » en disant qu’elle était « l’essentiel (‘ikara) de la maison ». Comment Ra’hel a-t-elle mérité de devenir l’élément principal et le plus important d’une maison juive ? Grâce à la force de ses larmes. Lorsque les bnei Israël ont été exilés en Babylonie, « une voix retentit dans Rama ». La voix de qui ? La voix de « Ra’hel qui pleure ses enfants avec une voix plaintive, d’amers sanglots. » C’est justement notre matriarche Ra’hel qui a pleuré, et c’est précisément sa voix qui éveille la Chekhina ! Hachem répond à ses sanglots : « Or, dit Hachem, que ta voix cesse de gémir et tes yeux de pleurer, car il y aura une compensation à tes efforts, tes enfants rentreront dans leur domaine. » Dans le livre « Hit’hazkout BiTephila LeHachem », le gaon Rabbi Moché Méïr Yadler rapporte une histoire qu’il a entendue de l’un de ses amis : il avait un ami qui était marié depuis plusieurs années et n’avait pas encore d’enfant. Un jour, il était allé rendre visite à l’un des grands de la génération, et dans la discussion, il avait senti qu’il était temps pour lui de s’habituer à sa situation ! Il en avait été terriblement secoué et était ressorti de cette entrevue déchiré. Le cœur brisé, il s’était immédiatement rendu à Mé’arat Hamakhpéla à ‘Hevron, où il avait prié de toutes ses forces, pleuré, sangloté, crié sa douleur devant les tombes des Patriarches, au point de faire ressentir son désespoir à toutes les personnes présentes. Ses larmes ont fendu les cieux, et dix mois plus tard, il célébrait la brit mila de son fils aîné ! Le Rav Yadler appuie ces propos par des paroles du Zohar sur la parachat Chemot : « Quiconque prie, crie vers D. et pleure au point de ne plus pouvoir remuer les lèvres fait une prière entière et parfaite qui émane du cœur et qui ne restera donc jamais sans réponse. » Par le mérite du Rambam L’ouvrage « Chem HaGuedolim Meeretz HaGuer » (Source 40, Index 134) raconte que le prénom du gaon Rabbi Moché Lieberman, Rav de la communauté hongroise « Abraham », ne provient pas d’une tradition familiale, mais d’une histoire que voici : Son père, le gaon Rabbi Nathan, n’avait pas d’enfant, et il en était très affligé. Cependant, il est écrit « Si Ta Loi n’avait fait mes délices » – il s’est donc totalement investi dans l’étude, et particulièrement dans celle des livres du Rambam, jusqu’à ce que ces derniers lui soient familiers. Puis un jour, le Rambam lui est apparu en rêve et lui a dit : « Puisque tu t’investis tellement dans l’étude de mes livres, tu auras un fils et il s’appellera ‘‘Moché’’ d’après mon nom. » C’est ce qui s’est passé. Quelque chose d’extraordinaire Dans un tout autre registre, le livre « MiYazd Léeretz Hakodech » raconte l’histoire du tsaddik Rabbi Moché le fils de Rabbi Chemouël Chamaï, qui vivait à Yazd en Iran : dans sa jeunesse, il a dû subvenir aux besoins de sa mère veuve et marier ses frères orphelins, c’est pourquoi, toujours avec foi, il circulait dans les villages d’Iran pour y vendre de la marchandise. Dans un de ces villages vivait un homme très riche dont la position était respectable, et tous les habitants lui étaient soumis. Il avait une fille qu’il avait mariée au fils d’un autre homme aisé du village. Mais quelques années s’étaient écoulées, et le couple n’avait toujours pas d’enfant. Dans leur détresse, le couple s’est tourné vers des médecins et des spécialistes qui lui a donné toutes sortes de traitements… mais ceux-ci sont restés sans résultat. Venant de familles respectées dans leur ville, les époux n’ont pas voulu tout de suite divorcer, mais au bout d’un certain temps, ils ont fait le choix douloureux de se séparer. Ils en étaient accablés. Par hasard, Rabbi Moché s’est rendu chez eux ce jour-là pour leur proposer sa marchandise comme de coutume. Il a tout de suite remarqué que quelque chose d’inhabituel se passait. Il s’est renseigné et a découvert le malheur qui les frappait. En réaction, il leur a dit qu’il avait un conseil pour eux, mais à condition qu’ils acceptent la foi d’un cœur entier : qu’ils acceptent qu’il n’y a qu’un seul et unique D., que Moché représente la vérité, que sa Torah et sa prophétie ne sont que vérité et que sa religion surpasse toutes les autres. Et alors il leur a promis la naissance d’un fils. L’année suivante, leur fils est né et ils l’ont nommé « Moussa », du nom de Rabbi Moché. En racontant cette histoire, Rav Chemouël Chamaï, le fils de Rabbi Moché, a ajouté : « Il me semble bien qu’il était le seul non-juif de la ville de Yazd à s’appeler ‘‘Moussa’’. C’est quelque chose d’extraordinaire ! A chaque fois qu’on questionnait les parents sur la raison du nom de leur fils, ils racontaient le miracle qui leur était arrivé. » GARDE TA LANGUE Sa faute est plus grande Il est interdit de raconter des médisances sur un juif, que ce soit entre juifs ou avec un goy. Et quiconque raconte à un goy commet une faute encore plus grande, car il risque de lui causer du tort et des dommages. SUR LA VOIE DES AVOT Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita sur Pirkei Avot « La Torah est plus grande que la kehouna et que la royauté » On connaît ce que raconte la Guemara (Yoma 71b) sur un cohen gadol ignorant qui était sorti du Temple à la fin de Yom Kippour, suivi de tout le peuple qui l’accompagnait. Quand ils ont aperçu Chemaya et Avtalyon, ils l’ont quitté pour les suivre. Les Sages ont dit à propos de la tsedaka (Horayot 13a) qu’un mamzer (bâtard) talmid ‘hakham a la préséance sur un cohen gadol ignorant, et ceci bien que ce soit une mitsva positive de la Torah de respecter le cohen, comme il est écrit (Vayikra 21, 8) « et tu le sanctifieras », ce que les Sages ont expliqué ainsi : « Tu le sanctifieras en toute chose qui concerne la sainteté, il sera le premier à lire dans le séfer Torah, le premier pour dire le birkat hamazon, et le premier à prendre une bonne part. » Néanmoins, quand le cohen est un ignorant, le talmid ‘hakham a la préséance sur lui. Et nous voyons que la Torah rachète l’homme même lorsqu’il n’y a plus de kehouna ni de sacrifices, comme l’affirme la Guemara (Mena’hot 110a) : « Quiconque étudie les lois sur le sacrifice du ‘hatat, c’est comme s’il en avait offert un, et quiconque étudie les lois sur le sacrifice du acham, c’est comme s’il en avait offert un. » Et que la royauté Lorsque le roi David étudiait devant son maître, il ne s’asseyait pas sur des coussins, mais prenait ses jambes dans ses mains et s’asseyait par terre, parce que quand il étudiait la Torah, il s’abaissait pour se placer en-dessous d’elle, bien qu’étant roi (Moed Katan 16b). C’est une mitsva positive pour le roi d’écrire un séfer Torah, et de le prendre avec lui partout où il va, ainsi qu’il est dit (Devarim 17, 19) : « Il lira dedans tous les jours de sa vie pour apprendre à craindre Hachem notre D. et observer toutes les paroles de cette Torah. » Et les Sages ont dit (Sanhédrin 21b) : « Lorsqu’il part en guerre, il le prend avec lui, lorsqu’il rentre, il le prend avec lui, lorsqu’il siège en justice, il le prend avec lui, lorsqu’il s’attable, il l’a en face de lui. » La raison en est que tous ses actes doivent être en conformité avec la Torah, la royauté n’est pas au-dessus de la Torah, mais elle s’incline entièrement devant les lois de la Torah. Mon père m’a raconté qu’un jour, Rabbi ‘Haïm Benvenisti, en voyage au Maroc, était venu saluer son grand-père Rabbi Yéhouda Pinto, père de Rabbi ‘Haïm Pinto, en lui manifestant un grand respect. Quand il était retourné à Jérusalem, il avait pris l’habitude de lui envoyer de l’argent. Ses élèves lui ayant demandé pourquoi il avait tant de respect pour le tsaddik Rabbi Yéhouda Pinto, puisque lui aussi avait le mérite de ses ancêtres, et pourquoi il s’effaçait tellement devant lui, il avait répondu : « Seul celui qui a le mérite des ancêtres sait véritablement apprécier ce que cela représente, et comme je suis dans ce cas, je reconnais et j’apprécie le mérite des ancêtres de Rabbi Yéhouda, c’est pourquoi je m’efface devant lui. » A LA SOURCE « Ils camperont en face et autour de la Tente d’assignation » (2, 2) Dans l’ordre de la lecture des parachiot de la Torah institué par les Sages, on lit toujours la parachat Bemidbar avant la fête de Chavouot. Il y a en cela un message clair, comme une introduction nécessaire à la fête du don de la Torah. Rabbi Yossef Yachar chelita, dans son livre « Levouch Yossef », en trouve une allusion dans les mots : « en face et autour de la Tente d’assignation » – tout le peuple d’Israël campait autour de la Tente d’assignation, autour du Sanctuaire dont Moché et la tribu de Lévi étaient responsables, malgré tout ce que cela impliquait de travail et de déplacements. Il est vrai qu’il faut se soucier de la subsistance et de l’éducation des enfants, qu’il y a des obligations familiales et sociales, mais tout ce qu’on fait doit être autour de la Torah, que ce n’ait pas le malheur d’être contre la Torah (« en face » d’elle) ni sur le compte de l’étude de la Torah. Plus l’homme se restreindra dans ses autres occupations, plus il sera apte à recevoir l’éclat du don de la Torah. « Et voici les engendrements d’Aharon et Moché le jour où Hachem a parlé à Moché au mont Sinaï » (3, 1) Or il n’est ensuite question que des fils d’Aharon, qui s’appellent les engendrements de Moché parce qu’il leur a enseigné la Torah. Cela nous apprend que quiconque enseigne la Torah au fils de son ami, l’Ecriture le lui compte comme s’il l’avait engendré. Le jour où Hachem a parlé à Moché, ceux-ci sont devenus ses engendrements, car il leur a enseigné ce qu’il avait appris de la bouche de D. (Rachi). Apparemment, en quoi cela nous concerne-t-il que ce soit justement ce jour-là qu’il leur ait enseigné la Torah, pourquoi nous en informe-t-on ? Le livre « ‘Hidouchei Chemouël Haramachi » explique qu’habituellement, on fournit un effort en fonction de soi-même, sans en donner le fruit à d’autres, à l’exception de ses enfants. C’est pourquoi celui qui enseigne la Torah au fils de son ami, partageant ainsi le fruit de son travail avec d’autres, est considéré comme s’il l’avait engendré. C’est pourquoi la Torah a souligné l’effort de Moché : bien que ce jour-là il ait parlé avec D., il a enseigné la Torah aux fils d’Aharon, c’est pourquoi ils sont considérés comme ses fils, parce qu’il n’a pas tenu compte de l’effort fourni. « Et voici les engendrements d’Aharon et de Moché » (3, 1) En vérité, qu’est-ce que cela nous ajoute qu’ils soient considérés comme ses fils ? Même les gens simples ont des enfants ! Quelle grande importance cela a-t-il qu’il leur ait enseigné la Torah ? Notre Maître Rabbi Aharon Leib Steinman chelita est celui qui pose la question et qui y répond : Il faut dire que « comme son fils » signifie « comme s’il l’avait construit », puisqu’à cause de lui, ce dernier est devenu « un homme », il est le fils de sa spiritualité. Apparemment, il s’agit de son maître, mais pour quelqu’un qui lui a enseigné par exemple une lettre, cela ne s’appelle pas « comme s’il l’avait engendré », car il n’a pas édifié sa spiritualité. De plus, si nous disons que cela s’applique même pour l’enseignement d’une seule lettre, il n’est pas possible que quelqu’un ait investi pour lui enseigner toute la Torah et qu’ensuite vienne un autre qui lui enseigne une seule lettre, et soit considéré pour cela « comme s’il l’avait engendré ». Ce n’est pas vraisemblable. En conséquence, il semble qu’aujourd’hui, ce niveau de « comme s’il l’avait engendré » n’existe pas, car on ne devient pas un « disciple » simplement parce qu’on vient écouter des cours pendant l’année. C’est seulement à l’époque des Sages qu’on entendait toute la Torah de ses rabbanim, et que cela pouvaient être considéré comme un engendrement. La vie dans la paracha A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar « Tout mâle à partir de l’âge d’un mois » (3, 15) Pourquoi à partir d’un mois ? Parce que c’est à partir de cet âge que sont comptés les léviïm, qui viennent remplacer les premiers-nés, et pourquoi le premier-né donnerait-il son rachat ? Parce qu’il y a un fils de lévi à sa place. On peut se demander pourquoi les léviïm ne sont pas soumis au rachat, de la même façon que tous les premiers-nés à partir de ce moment-là, et pourquoi les bnei Israël devraient racheter leurs premiers-nés. Il faut dire que ces léviïm avaient déjà remplacé les premiers-nés qu’il y avait à l’époque. Quant à leurs fils, Hachem les a placés au même rang que les pères, puisque eux et leurs fils ont été sanctifiés à jamais. Et c’est peut-être la raison pour laquelle Hachem a dit deux fois (verset 12) : « Moi J’ai pris les léviïm (…) et les léviïm sont à Moi. » Cela signifie que la décision a été prise pour eux et leurs fils, désormais aucun lévi ne rachète un premier-né d’Israël né après ce moment-là. LES SENTIERS DES JUSTES Pour acquérir les valeurs et les bonnes midot Quand l’un des juifs les plus connus est sorti des prisons russes où il avait épouvantablement souffert, une nuée de journalistes l’a entouré pour lui demander : Comment avez-vous réussi à tenir bon dans des conditions où de plus grands et de meilleurs que vous n’ont pas résisté même très peu de temps ? La réponse qu’il a donnée nous donne une énorme leçon. Voici ce qu’il a dit : « Ce qui m’a aidé à tenir, la seule chose qui m’a donné la possibilité de vaincre tous les obstacles, c’est que je n’ai jamais vu mes parents se mettre en colère l’un contre l’autre. Pendant toute leur vie, ils se sont traité mutuellement avec douceur, compréhension, chacun aidant l’autre dans toute la mesure du possible, et ainsi eux-mêmes surmontaient toutes les épreuves de la vie avec succès. On peut apprendre de là à quel point la conduite des parents influence les enfants, pour que même un fils comme cela, qui est resté de nombreuses années en prison, puisse tirer un encouragement et des forces si extraordinaires simplement parce qu’il n’avait jamais vu ses parents crier l’un sur l’autre ni se contredire. C’est un principe de base : lorsque le père dit une chose et la mère son contraire, ou l’inverse, et que ces dissensions s’expriment devant les enfants, c’est une recette infaillible pour produire chez les enfants des crises et des dépressions. Un cas de ce genre a été présenté au gaon Rabbi Y. Zilberstein chelita par un psychologue orthodoxe qui traitait des enfants se trouvant en état de crise. L’enfant dont il s’occupait était un excellent élève, dont les études et la conduite s’étaient tout à coup détériorées. Il était clair que quelque chose le tracassait. Le directeur du Talmud Torah où l’enfant étudiait l’avait envoyé en traitement chez le psychologue, et il s’était rapidement avéré que les discussions et les disputes continuelles entre ses parents à la maison avaient amené l’enfant à cette situation malheureuse. Le psychologue estimait que pour guérir l’élève et le faire sortir de ses problèmes, il avait besoin de savoir ce qui se passait exactement à la maison, ce que le père disait sur la mère, et ce que la mère disait sur le père… Quand l’enfant rentra chez lui et raconta cela à son père, celui-ci lui cita le verset (Devarim 27, 16) : « Maudit soit celui qui frappe son père », et il lui interdit de raconter au psychologue ce qui se passait à la maison. Maintenant, le psychologue venait chez le Rav avec une question difficile : était-il permis à l’enfant de transgresser l’ordre de son père et de tout raconter, ou non ? De toutes façons, termina le Rav, il est clair que cela comporte une grande honte pour la famille, et malheur pour cette honte-là ! La koupa du « chalom bayit » Voici un conseil concret pour éviter les désaccords à temps : le machguia’h de la yéchiva « Beit Shraga » à Monsey, Rabbi Mordekhaï Mena’hem Schwob זצ''ל, disait que pour le « chalom bayit », la paix du ménage, il y a des choses qu’il est permis d’acheter pour la maison (même si on pourrait s’en passer) quand il n’y a pas d’autre choix. C’est permis pour maintenir la paix, si l’on voit que sans cela la femme en aura de la peine, et que son ressentiment portera atteinte à l’atmosphère de la maison. Il avait l’habitude de dire au nom du ‘Hafets ‘Haïm qu’il est souhaitable de mettre de l’argent de côté comme « koupa du chalom bayit ». Une encore plus grande impression Et voici un comportement merveilleux dans un moment bien difficile : Le livre « Sipourei ‘Hassidim » raconte que le saint Rabbi Mikhel de Zlotchow זצ''ל avait une paire de tefilin précieux dont il avait hérité de son père, le saint Maguid Rabbi Yitz’hak, connu sous le nom de Rabbi Yitsik Lederohovitcher זצ''ל. Ces tefilin lui étaient infiniment précieux, et même quand des ‘hassidim riches voulurent les lui acheter à un prix astronomique, il ne voulut rien savoir, bien que pauvre et vivant très chichement. En même temps, sa femme le suppliait de vendre ces tefilin pour que le foyer ait de quoi vivre, en arguant que pour prier, il avait aussi d’autres tefilin, mais il était tout à fait décidé à n’en rien faire. Et voici qu’une année, à l’approche de la fête de Soukot, dans toute la ville de Zlotchov il n’y avait aucun etrog. On essaya de se procurer des etroguim de divers endroits, mais sans succès. Arriva la veille de la fête, et voici qu’un homme proposa à la vente un bel etrog mehoudar, mais il en exigeait un prix considérable. Rabbi Mikhel désirait profondément acheter cet etrog, et après réflexion il vendit les tefilin de son père pour l’acheter. Sa femme vit l’etrog et comprit qu’il avait certainement coûté très cher. Elle se mit à l’interroger pour savoir d’où il avait pris l’argent pour l’acheter. Au début, il donna des réponses évasives, mais elle insista tellement qu’il fut obligé de lui raconter qu’il avait vendu ses tefilin pour l’etrog. Quand elle entendit cela, elle fut remplie d’une colère terrible et se mit à insulter son mari. Etait-il possible, criait-elle, combien de fois elle l’avait supplié de vendre ses tefilin pour les nécessités de base de la maison qui leur manquaient, et il avait refusé, et maintenant pour un etrog il les avait vendus ? Dans l’excès de sa fureur, elle prit l’etrog qui était posé sur la table, en mordit l’extrémité, et le jeta par terre. Rabbi Mikhel vit ce qu’avait fait sa femme, maintenant il n’avait plus ni l’etrog ni les tefilin. Mais aucune plainte ne s’échappa de sa bouche, et aucun signe d’irritation ne fut visible. Il se leva tout simplement et dit : « Si c’est ce que Tu désires, Maître du monde, que mon etrog ait été rendu passoul, je l’accepte avec amour ! » Au bout d’un certain temps son père lui apparut en rêve et lui dit : « Ton absence d’animosité a fait une grande impression dans le ciel, plus encore que le fait que tu aies acheté l’etrog tellement cher ! »
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