Parachat Beha'alotkha 7 Juin 2014 9 Sivan 5774 |
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La grandeur d’Yitro (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) Moché et son beau-père Yitro ont eu une conversation intéressante et étonnante. Moché supplie Yitro de ne pas quitter les bnei Israël et de ne pas rentrer dans son pays mais de rester avec eux, et il lui promet même un héritage en Erets Israël. Yitro refuse, et lui répond : « Je n’irai que dans mon pays et dans ma patrie. » Cette discussion demande explication. Lorsque Yitro avait entendu dire que la mer s’était fendue et entendu parler de la guerre d’Amalek, il avait quitté sa position honorifique en Midian pour venir dans le désert, un endroit sauvage, écouter les paroles de la Torah et se joindre à l’héritage de Hachem. Non seulement cela, mais Yitro, dont une paracha de la Torah porte le nom, et qui est aussi appelé ‘Hovav parce qu’il aimait (‘hibev) la Torah, comment a-t-il pu refuser au grand de la génération, qui l’en supplie, de rester avec les bnei Israël et d’être « leurs yeux » ? Moché voulait qu’Yitro reste avec les bnei Israël pour être « leurs yeux », c’est-à-dire qu’il les éclaire, du fait qu’ils verraient qu’il avait été prêtre de Midian et qu’il n’y avait aucune idolâtrie qu’il n’avait pratiquée, et qu’il avait quitté tous les honneurs, tous ses biens ainsi que sa famille pour la sainte Torah. Ils en apprendraient la façon de se comporter eux-mêmes. En particulier à la lumière de ce qu’ont dit les Sages, et qui est cité par Rachi : « que ce soit à cause de mes biens, ou à cause de ma famille ». Et c’est quelque chose de tout à fait extraordinaire : à cause de ses biens et de sa famille, Yitro veut quitter les bnei Israël et l’endroit où réside la Chekhina ? Nous allons tenter de l’expliquer au mieux. Il est certain qu’Yitro n’a pas pensé retourner en Midian pour profiter de sa famille ni pour tout autre avantage matériel. Ses pensées étaient d’un tout autre ordre. Yitro, qui était un converti et un exemple pour les bnei Israël par son amour pour Hachem et son désir de la Torah, ne se contentait pas, dans sa piété, de rester à l’intérieur du camp où résidait la Chekhina, il voulait tout simplement se mettre à l’épreuve : allait-il persister dans sa décision même lorsqu’il quitterait le camp des bnei Israël pour aller en Midian, dans son pays et sa patrie, un lieu d’idolâtrie ? Est-ce que là-bas aussi il resterait intact et résisterait aux épreuves du moment, sans avoir honte devant ceux qui se moqueraient de lui ? Il ne s’est donc pas laissé convaincre par la promesse de Moché de recevoir un héritage en Erets Israël, parce qu’il n’était pas intéressé à recevoir gratuitement une part de ce qui était destiné uniquement aux descendants d’Avraham, Yitz’hak et Ya'akov. Ce qu’il voulait, c’était garder son attitude justement en Midian, lutter contre son mauvais penchant avec la Torah qu’il possédait déjà, et extirper ses défauts à la racine à l’endroit précis où il les avait acquis. C’est seulement après tout cela qu’il reviendrait vers les bnei Israël avec toute sa famille, et recevrait la part qui lui serait attribuée. Il est possible que si Yitro était resté dans le désert avec les bnei Israël, l’endroit où résidait la Chekhina, il aurait pu devenir plus grand qu’en Midian. En effet, ce n’est pas pour rien que Moché lui avait demandé de rester au désert. Mais il voulait se mettre à l’épreuve et sanctifier le nom du Ciel en Midian, et peut-être même mériterait-il d’être un guide pour sa famille et ses compatriotes : du fait qu’ils le verraient vivre, eux aussi se repentiraient et viendraient se joindre au peuple de Hachem. Ce n’est pas pour rien que la Torah nous a donné tout ce passage. C’est pour nous enseigner le principe selon lequel « ce ne sont pas les explications qui sont l’essentiel, mais les actes » (Pirkei Avot 1, 17). Cela signifie que même si l’on étudie la Torah nuit et jour en étant entièrement entouré de ses maîtres, cela n’a aucune valeur si l’on ne se rappelle pas l’essentiel, qui est l’action, par exemple au moment où l’on quitte la yéchiva. A ce moment-là, on a tendance à glisser et à oublier rapidement toutes les bonnes influences qu’on a subies, et de toute l’étude qu’on a acquise au beit hamidrach il ne restera rien. Yitro voulait enseigner aux Midianites le principe selon lequel « grande est l’étude, qui mène à l’action » (Kidouchin 40b). C’est pour cela qu’il a quitté les bnei Israël et est retourné en Midian, afin de leur enseigner la voie à suivre. S’ils ne l’acceptaient pas, il les quitterait et reviendrait en Erets Israël. C’est effectivement ce qui s’est produit. Si tout cela est exact, cela nous permet de comprendre un autre principe. Quelqu’un m’a demandé un jour pourquoi, quand on fait techouva, on doit immédiatement mettre les tefilin, porter une kippa et s’envelopper du talit, c’est-à-dire tout faire d’un seul coup. Pourquoi ne pas le faire petit à petit, par étapes ? Je lui ai répondu : quand on veut faire techouva, on s’enrôle dans l’armée de Hachem pour être un soldat au service du Créateur du monde. Or lorsqu’un soldat s’enrôle dans l’armée du pays, il doit immédiatement en porter l’uniforme, on n’attend pas qu’il ait appris à tirer et à manoeuvrer, et malheur au soldat qui refuserait de porter l’uniforme ! De même, le soldat de l’armée de Hachem doit porter immédiatement l’uniforme, c’est-à-dire les tefilin, la kippa et les autres mitsvot, qui sont l’essentiel. Et si par malheur on oubliait ce principe de la primauté de l’action, on finirait par renier la Torah et Celui Qui l’a donnée, tout en étudiant la Torah continuellement, parce que toute l’intention serait de se glorifier de ses connaissances en Torah. Une telle personne serait comme un soldat sans uniforme et sans rien qui puisse l’aider, car l’uniforme est ce qui aide le soldat en lui rappelant d’obéir aux ordres de son supérieur. C’était cela la situation d’Yitro prêtre de Midian. On sait que les habitants de sa ville l’avaient excommunié, parce qu’avant même de quitter Midian pour venir trouver les bnei Israël dans le désert, il s’était déjà séparé de toutes les vanités de ce monde. Mais malgré tout, il voulait maintenant retourner en Midian. Pourquoi ? Parce que quand il était encore en Midian, il était comme un soldat sans uniforme et on ne voyait pas qu’il était soldat, il n’y avait rien qui soit susceptible de l’aider. Mais maintenant qu’il avait déjà la Torah qui conduit à l’action, il était comme un soldat en uniforme, si bien qu’il voulait justement retourner en Midian pour sanctifier le Nom de D. et montrer que son cœur l’avait poussé à se convertir et à rentrer sous les ailes de la Chekhina pour servir Hachem en tant que juif, sans se montrer indulgent sur quoi que ce soit. Il a mérité tout cela grâce à l’uniforme qu’il portait, qui est la Torah, la Torah qui mène à l’action. HISTOIRE VECUE Dépasser la loi stricte « A ce procès, je souhaite assister » a déclaré le Rav Wozner, alors que ces derniers temps, il ne siège presque plus au tribunal de Zikhron Méïr ; ce sont plutôt ses élèves les dayanim qui le font. Le cas pour lequel il a fait exception est le suivant : suite à un chidoukh organisé entre deux familles d’une communauté ‘hassidique habitant en-dehors d’Israël, on a découvert que le fiancé, un étudiant assidu et persévérant, était atteint d’une grave maladie. Par miracle, la maladie a été dépistée à ses débuts, et après une série de traitements, les médecins ont, grâce à D., réussi à guérir le jeune homme. Les membres de la famille du ‘hatan, guidés par la finesse et la droiture, ont annoncé de manière très franche aux proches de la kala qu’ils comprendraient très bien et ne leur en voudraient aucunement si ces derniers décidaient d’annuler le chidoukh à cause de la maladie qui avait frappé le fiancé. Etonnamment, c’est la kala qui s’y est opposée : puisque ce jeune homme était destiné à la grandeur, elle refusait de renoncer au chidoukh. Nous ne maîtrisons pas les maladies. Et même si elle abandonnait ce chidoukh et rencontrait quelqu’un d’autre, elle ne serait pas assurée qu’il vive plus longtemps ! En entendant cette réponse, les proches du fiancé se sont certes réjouis, pourtant ils ont continué à prétendre qu’elle réagissait ainsi par finesse, mais que selon la loi stricte elle devait renoncer à ce chidoukh. D’après eux, il n’était pas juste de lui infliger cette situation et de la marier à quelqu’un qui avait été gravement malade. Ne sachant comment trancher, les membres de la famille du ‘hatan se sont adressés à un décisionnaire connu de Bnei Brak et lui ont demandé de présenter le problème au Rav Wozner sous tous les angles, s’engagent à se conformer à son verdict. Après avoir pris connaissance du problème particulier qui se posait, le Rav a décidé de siéger à ce procès si spécial, même s’il ne le faisait plus depuis longtemps. Il voulait entendre lui-même les « arguments » des deux partis et trancher selon l’avis de la Torah. Au jour convenu, le ‘hatan, la kala et leurs parents respectifs se sont envolés pour Israël afin de se rendre au tribunal du Rav Wozner. Ce dernier était installé au centre de la table, accompagné de deux dayanim importants de son tribunal qui étaient assis à ses côtés. Chaque famille a présenté sa version, puis le Rav a déclaré que puisque la jeune fille était en parfaite santé et que le jeune homme avait traversé des périodes difficiles, il était clair que cela ne faisait pas partie de leurs intentions quand ils s’étaient fiancés, c’est pourquoi la famille du ‘hatan avait raison : la kala pouvait abandonner le chidoukh en toute tranquillité d’esprit. Alors la kala a demandé si elle était obligée, selon la Torah, de renoncer au chidoukh, ou si elle était simplement autorisée à le faire. Le Rav lui a répondu qu’elle n’y était évidemment pas obligée : si elle le voulait, elle pouvait poursuivre le chidoukh. « S’il en est ainsi, je souhaite poursuivre ce chidoukh » a-t-elle répondu. Puis elle a ajouté : « Que le Rav nous bénisse afin que notre chidoukh réussisse et que mon ‘hatan vive longtemps et en bonne santé ! » En entendant les paroles de la jeune fille, le Rav a éclaté en sanglots. Après quelques minutes qui ont paru une éternité, il a répondu : « Une telle kala n’a pas besoin de ma bénédiction. Après un acte aussi courageux, je ne dois pas vous bénir, mais plutôt recevoir votre bénédiction d’avoir une longue vie et de continuer à diffuser la Torah. » Qui est comme Ton peuple Israël ! Ceux qui cèdent doivent être vainqueurs C’est le moment de faire d’autres louanges du peuple d’Israël et de raconter, encore une fois, cette émouvante histoire. Quelqu’un a téléphoné au Rav Eliahou Man chelita, fidèle disciple du Rav Kaniewsky, pour lui demander de l’aider à entrer chez le Rav, parce qu’il avait une grave question à lui poser et qu’il avait besoin d’être guidé dans une certaine affaire. Il raconta que sa fille avait rencontré en chidoukh un excellent élève de yéchiva, et qu’ils avaient déjà fixé le moment du mariage pour dans trois semaines. Et maintenant, ils allaient envoyer les faire-part, mais aujourd’hui ils avaient entendu des parents du jeune homme qu’après des examens médicaux, on lui avait découvert un cancer. Aujourd’hui, il était allé demander au Admor de Gour, dont il était un ‘hassid, ce qu’il fallait faire. Le Admor lui avait répondu qu’il ne savait que répondre, c’était une question trop difficile pour lui. Et l’un des grands de Jérusalem dont il avait pris conseil lui avait dit qu’il n’avait pas la force de répondre, et qu’il n’y avait qu’une seule personne qui pouvait lui dire que faire selon l’avis de la Torah, c’était le Rav ‘Haïm Kanievsky. Le Rav Man répondit que c’était effectivement une question sérieuse et qu’il allait s’efforcer de lui obtenir un rendez-vous le plus rapidement possible. Le lendemain à l’heure fixée, les parents de la jeune fille et la jeune fille elle-même se présentèrent, ainsi que les parents du jeune homme et le jeune homme lui-même, chez le Rav Kanievsky, et Rabbi Eliahou Man présenta au Rav la question en ses propres termes : Nous sommes en présence d’un din Torah ; le fiancé estime que comme, pour des raisons médicales, il sera obligé de vivre des moments très difficiles au cours de l’année à venir, y compris des traitements par chimiothérapie, il lui est interdit de se marier et de mettre une jeune fille dans une situation aussi difficile ; on ne fait pas cela la première année du mariage. Par ailleurs, la jeune fille estime que ce serait un manque de respect envers le fiancé, un jeune homme important, un ben Torah et un talmid ‘hakham qui a besoin de tant d’encouragement, de le laisser passer seul toutes les épreuves qu’il va être obligé de traverser, sans aucune aide d’une épouse. C’est pourquoi elle pense qu’il doit consentir à se marier maintenant, au moment fixé pour le mariage. Après avoir entendu les deux côtés du « din Torah », le Rav décida fermement qu’ils devaient se marier au moment fixé, et leur donna sa bénédiction qu’ils construiraient durablement un foyer solide en Israël. Tous ceux qui étaient présents dans la pièce éclatèrent en larmes de joie, dans une prière que le mariage ait effectivement lieu en son temps. Quand arriva le jour du mariage, Rabbi Eliahou Man proposa à Rabbi ‘Haïm d’y aller, la situation étant tellement délicate. Le Rav accepta, et les deux partirent. Quand ils arrivèrent, cela fit une grande impression, car c’était quelque chose de rare. GARDE TA LANGUE Susciter la colère Si quelqu’un demande un service à son ami et que celui-ci refuse, il ne faudra pas lui reprocher « Pourquoi as-tu rendu service à Untel ? C’est lui-même qui me l’a raconté ! » car il incitera alors son interlocuteur à se mettre en colère contre celui qui a raconté. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Une aspiration spirituelle illimitée « Lorsque tu feras monter les lumières » (Bemidbar 8, 1) Rachi écrit : « Pourquoi le passage sur la menora est-il juxtaposé au passage sur l’offrande des chefs de tribu ? Parce que lorsque Aharon a vu l’inauguration du Sanctuaire par les chefs de tribu, il a éprouvé de la peine de ne pas être avec eux dans cette inauguration, ni lui ni sa tribu. Le Saint, béni soit-Il lui a dit : par ta vie, ta part est plus grande que la leur, car tu allumeras et prépareras les lumières. » La peine éprouvée par Aharon paraît incompréhensible. Ne lui suffisait-il pas de ce qu’il avait mérité ? Il était chez lui dans le Sanctuaire, il ne se passait pas un seul jour sans qu’il offre des sacrifices, il était le seul qui avait mérité de rentrer dans le Saint des Saints, et quelle importance cela avait-il qu’il ne participe pas aux sacrifices offerts par les chefs de tribu, événement qui ne devait se produire qu’une seule fois et non constamment ? Alors pourquoi en a-t-il souffert ? La réponse est que lorsqu’on aime une certaine chose et qu’on la désire ardemment, on ne connaît aucune limite ni aucune satiété. On aspire sans cesse à en obtenir encore plus, sans se contenter de ce qu’on a déjà, comme le dit le verset (Kohélet 5, 9) : « Celui qui aime l’argent n’est jamais rassasié d’argent. » C’était cela l’attitude d’Aharon. L’amour pour Hachem brûlait en lui et son désir était de toujours ajouter encore plus d’amour. C’est pourquoi bien qu’ayant mérité d’officier dans le Sanctuaire, il aspirait malgré tout à offrir aussi des sacrifices comme les chefs de tribu, parce que son amour pour Hachem ne connaissait aucun frein ni aucune limite. A LA SOURCE « Il dit : je t’en prie, ne nous quitte pas, car en vérité tu connais nos campements dans le désert et tu seras pour nous comme des yeux » (10, 31) L’une des raisons pour lesquelles la Torah a été donnée dans le désert est que partout où il y avait la moindre trace d’idolâtrie, la sainteté ne pouvait pas régner, c’est pourquoi la Torah a été donnée dans le désert : il ne contenait aucune idolâtrie. L’Admor de Satmar voit une allusion à cette idée dans les paroles de Moché à Yitro : « Je t’en prie, ne nous quitte pas », mais enseigne-nous des choses qui concernent l’idolâtrie pour que nous puissions « comprendre et enseigner », car de ta part il n’y a aucune crainte que nous tombions dans la moindre trace d’idolâtrie. « En vérité, tu connais nos campements dans le désert » – nos campements dans le désert en vue du don de la Torah avaient précisément cette raison-là : que le lieu soit totalement propre de toute impureté liée à l’idolâtrie. « Le ramas d’étrangers qui était parmi eux fut pris de convoitise (hitavou taava) » (11, 4) Le ‘Hafets ‘Haïm avait une perle à ce propos : « Hitavou taava » signifie littéralement : ils ont convoité la convoitise. Comme leur pensée était obsédée par la convoitise, leur convoitise était grande. C’est pourquoi cet endroit s’appelle « Kivrot Hataava », littéralement « les tombes de la convoitise », et non « les tombes de ceux qui avaient convoité », car la convoitise a aussi été enterrée en même temps que ceux qui avaient convoité. « Nous nous rappelons le poisson que nous mangions gratuitement en Egypte » (11, 5) L’auteur de « ‘Hovot HaLevavot » (Cha’ar Habe’hina chapitre 5) écrit que la mémoire fait partie des bienfaits que le Saint, béni soit-Il a accordés à Ses créatures. En effet, sans la mémoire le monde ne pourrait pas subsister, car si l’homme rentrait par exemple par une ouverture, il ne se souviendrait pas comment ressortir. Un homme sans mémoire serait déshumanisé. La mémoire est également indispensable en ce qui concerne la nourriture et la boisson. Si l’on mange quelque chose une fois, on se souvient de son goût, pour pouvoir en manger de nouveau. Dans le même ordre d’idées, le Maguid de Doubno a expliqué ainsi la protestation d’Israël : « Nous nous rappelons le poisson que nous mangions en Egypte », mais ce souvenir est « gratuit », sans aucune utilité, puisque maintenant nous n’avons pas de poisson… « Nous nous rappelons le poisson que nous mangions gratuitement en Egypte » (11, 5) On trouve dans le Midrach Pelia : « Nous nous rappelons le poisson », on apprend de là qu’on allume les bougies du Chabbat. Voici comment Rabbi Elazar Di Avila l’explique : Apparemment, quelle était la protestation du ramas d’étrangers, « nous nous souvenons du poisson » ? Nos Sages ont dit (Yoma 75a) que l’on goûtait dans la manne le goût qu’on désirait, il leur aurait suffi d’y penser, et immédiatement ils auraient senti ce goût en mangeant la manne. Et s’ils avaient tellement envie de poisson, ils pouvaient penser au goût du poisson et le sentir en mangeant la manne. Mais les Sages ont expliqué sur le verset « Qui t’a donné à manger la manne dans le désert pour t’éprouver » : il mange et se sent éprouvé, car celui qui voit et mange n’est pas semblable à celui qui mange sans voir. C’est donc que l’aspect visuel est l’essentiel, et non le goût lorsqu’on ne voit pas la nourriture, comme l’a dit le roi Chelomo dans Kohélet (1, 8) : « L’œil n’est jamais rassasié de voir », il y a donc un « rassasiement » de l’œil. Il est également dit dans Yéchayah (28, 13) : « Tu appelleras le Chabbat un plaisir », si l’on mange les plats du Chabbat dans l’obscurité, sans pouvoir les voir, on ne pourra pas en tirer plaisir et on n’accomplira pas le « plaisir du Chabbat » (oneg Chabbat) comme il convient. C’est pourquoi le Midrach a dit : « On apprend de là qu’on allume les bougies de Chabbat », pour manger le repas de Chabbat à leur lumière, et que l’œil soit rassasié en voyant les mets de Chabbat. « L’homme Moché était très humble » (12, 3) Rabbi Daniel Plavni chelita donne l’allusion suivante dans son livre « Peninei Daniel » : Moché, qui était le symbole de la modestie, avait en lui tout ce que renferme le mot « humilité » (anava), c’est-à-dire : – « Ayin » (valeur numérique 70) : les soixante-dix aspects de la Torah ; – « Noun » (valeur numérique 50) : les cinquante portes de la sagesse ; – « vav » (valeur numérique 6) : les six ordres de la Michna, qui sont la Torah orale ; – « Hé » (valeur numérique 5) : les cinq livres de la Torah, qui sont la Torah écrite. LA VIE DANS LA PARACHA A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar « Fais pour toi deux trompettes en argent » (10, 2) Il faut savoir pourquoi il y avait besoin de trompettes pour les voyages des camps, puisque les yeux de tout Israël étaient fixés sur les nuées, et que lorsqu’ils les voyaient s’en aller, ils s’en allaient ! C’est peut-être parce qu’ils ne partaient pas tous ensemble, mais Yéhouda partait d’abord, ensuite les enfants de Guershon qui portaient le Sanctuaire, ensuite la tribu de Réouven, etc., c’est pourquoi il fallait les trompettes pour que chacun connaisse le moment exact de son départ, les uns après les autres. LES SENTIERS DES JUSTES Pour acquérir les valeurs et les bonnes midot L’essentiel du bonheur et de la paix, dans la vie en général et dans la construction du foyer en particulier, dépend de la lutte contre les défauts et contre l’égoïsme. Ainsi, si on s’annule soi-même ainsi que ses désirs matériels, si on respecte les membres de sa famille et qu’on veille à assurer leurs besoins, tout se passe bien à la maison, dans une bonne atmosphère et un respect mutuel. L’auteur de « Migdanot Eliahou » analyse avec une précision extraordinaire le verset connu de Michlei (18, 22) « Celui qui trouve une femme trouve le bien », par opposition à « je trouve (motsé ani) la femme plus amère que la mort » (Kohélet 7, 26). Il dit qu’en tout il trouve le « ani », le « moi », le point d’égoïsme du bénéfice et du bien personnel, et dans ce cas, il est dit la fin de verset que c’est « plus amer que la mort ». Par allusion, certains ont voulu dire que c’est cela l’idée qui se cache dans la coutume de briser un verre sous la ‘houpa : il s’agit de montrer aux conjoints que s’ils désirent la paix du foyer, il leur incombe en priorité de briser leurs défauts et leur égoïsme, alors ils mériteront la sérénité pendant toute leur vie. Nous trouvons dans le livre « Béderekh Ets ‘Haïm » un bel exemple de fiancés chez qui le concept du « moi » n’existait absolument pas. Au contraire, chacun ne pensait qu’aux moyens de faire du bien à l’autre. Dans sa jeunesse, le gaon Rabbi Isser Zalman Melzer זצ''ל avait été frappé de tuberculose et sa vie était en danger. C’était peu de temps après ses fiançailles, et il avait été obligé de quitter la yéchiva et de rentrer chez ses parents à Mir. A cette même époque, un grand incendie avait éclaté dans la ville et de nombreuses maisons avaient été dévorées par le feu, à la suite de quoi il avait été obligé de quitter son habitation. Des juifs compatissants avaient loué pour lui une chambre chez l’un de paysans qui vivaient dans la forêt des environs de Mir. Ces juifs compatissants se sont occupés de tout ce qui pouvait lui manquer. Entre autres, ils se sont assurés qu’il ait tous les jours du lait frais à boire. Et effectivement, l’air pur et vivifiant de la forêt, ainsi que le lait qu’il buvait, ont fait que sa maladie, qui jusque là allait en empirant de jour en jour, s’est mise, grâce à D., à se stabiliser. Un proche parent, le gaon Rabbi Yom Tov Lipman Hacohen d’Aslawski, le Rav de Mir, a envoyé des garçons de la yéchiva, qui eux aussi avait été recueillis dans diverses maisons à cause du grand incendie, rendre visite au jeune malade, natif de leur ville, pour qu’ils l’encouragent dans sa maladie pénible et dangereuse et discutent de Torah avec lui. Quand le jeune fiancé s’était aperçu que sa maladie était très grave, il allait à l’encontre de sa conscience, de la pureté de son cœur et de son niveau moral élevé de demander à sa fiancée de rester engagée envers lui. Il s’adressa aux membres de sa famille pour lui faire part de la gravité de son état de santé, en précisant clairement qu’ils étaient libres d’annuler le chidoukh, et que s’ils le faisaient, il ne leur en voudrait absolument pas. Quand la famille de la fiancée en fut informée, elle lui demanda de louer immédiatement une calèche pour venir les trouver à Kovno, où il y avait un médecin célèbre qui trouverait peut-être un traitement. Rabbi Isser Zalman fit ce qu’on lui demandait, et après divers examens, les médecins lui imposèrent un repos total et diverses promenades de santé. La famille Frank l’envoya à ses frais se reposer dans un sanatorium en forêt, et se mit en même temps à supplier la fiancée Beila Hinda d’annuler le chidoukh. Mais elle, qui était intelligente et avait hérité de son père l’amour de la Torah et le respect pour les talmidei ‘hakhamim, ne céda pas. Lorsque la pression de la famille s’accentua pour qu’elle annule le chidoukh, elle se rendit chez un médecin pour lui demander quelles chances son fiancé avait de guérir. Lorsque le médecin lui répondit qu’étant donné son état de santé, il ne pourrait sans doute pas vivre plus d’un an, la jeune fille dit : « Vivre avec ce talmid ‘hakham, qui a des qualités morales si exceptionnelles et qui est déjà le meilleur élève de la yéchiva de Volojine, c’est un mérite très spécial, et je n’annulerai pas ce chidoukh. » De plus, elle ajouta : « Je vais m’occuper de lui si bien qu’avec l’aide de D., il vivra encore de nombreuses années. » Lorsque la famille continua à faire pression pour qu’elle annule le chidoukh, la fiancée se rendit chez le ‘Hafets ‘Haïm pour lui demander conseil. Il lui demanda ce que disaient les médecins. Lorsqu’il entendit leur verdict, il répondit : « Il y a des gens en bonne santé et il y a des gens qui vivent longtemps. » Ayant entendu cette réponse du Rav de tout Israël, elle rentra chez elle avec la ferme décision de maintenir le chidoukh, malgré la virulente opposition de sa famille. Les paroles du ‘Hafets ‘Haïm s’accomplirent totalement. Rabbi Isser Zalman vécut longtemps et mourut à quatre-vingt quatre ans, en étant l’un des grands de la Torah de sa génération, et son épouse Beila Hinda l’aida pendant sa vie entière. Où sont la joie et le bonheur ? Un certain fiancé de la yéchiva de Poniewitz alla trouver le Roch Yéchiva, le Rav Shakh זצ''ל, pour lui poser une question qui le préoccupait : « Je suis très troublé lorsque je vois mon ami Chimon, qui est fiancé et qui est plus joyeux et plus heureux que moi. Apparemment, Hachem l’a fait réussir mieux que moi, c’est pourquoi je voudrais abandonner le chidoukh dans lequel je suis engagé… » « Je vais te révéler un secret, lui répondit le Rav. Il y a quelques minutes, ton ami Chimon était chez moi et m’a dit exactement les mêmes choses sur toi, que tu as l’air plus heureux que lui… Apparemment, lui chuchota le Rav, tu vis dans des imaginations, et ta fiancée est vraiment une jeune fille très bien et très pieuse, remplie de qualités. » Le fiancé accepta ces remarques et les fondements du foyer furent repensés d’un meilleur regard et avec de bonnes perspectives.
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