Parachat Chelah 14 Juin 2014 16 Sivan 5774 |
|
||||||||||||||||||
La mauvaise pensée des explorateurs (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) Nous trouvons chez les explorateurs une chose dont il faut parler pour en tirer une leçon concernant le service de Hachem. Ils n’ont pas jugé bon de s’améliorer et de se repentir d’avoir enfreint les ordres de Hachem, Qui avait dit que le pays était très bon, et d’aller prier sur les tombes des Patriarches pour s’éveiller à la techouva par leur mérite, en se rappelant les paroles d’Avraham « Je suis poussière et cendre », et en évoquant Yitz’hak qui a été lié sur l’autel et Ya'akov qui a voulu s’installer sereinement dans le pays pour servir Hachem et a profité de l’éclat de la sainteté du pays. S’ils l’avaient fait, leur cœur se serait brisé en eux et ils auraient estimé que leur statut et leur grandeur étaient des vanités sans aucune consistance, car la terre et tout ce qu’elle contient appartient à Hachem. Mais au lieu de cela ils sont restés dans leurs mauvaises pensées, se préoccupant uniquement de leur honneur personnel, que ce soit en partant ou en rentrant, et ne sont allés dans le pays que pour le visiter en touriste et y chercher des trésors. Leur seule intention était de rester des chefs, pour que si les paroles de Hachem ne leur convenaient pas, ils n’aient aucune raison d’entrer dans le pays, ni eux ni leur tribu. Alors s’est réalisé en eux ce qu’ont dit les Sages : « Quiconque recherche les honneurs, les honneurs le fuient », car l’honneur appartient uniquement au Créateur du monde. C’est Lui le Roi honorable, et c’est à Lui seulement que conviennent la grandeur, la force, la fierté, la richesse et l’honneur. L’homme n’a pas à se fatiguer à courir pour les obtenir, parce qu’il ne les rattrapera pas, à moins que Hachem ne désire l’élever. Alors qu’au contraire, lorsqu’il annule ses désirs et ses volontés devant Hachem, il mérite de se rapprocher de Lui, car « certains acquièrent leur monde en un seul instant » (Avoda Zara 10b). Les bnei Israël ont vu à tout instant la providence individuelle qui se manifestait en Erets Israël, ainsi qu’il est écrit (Devarim 11, 12) : « Les yeux de Hachem ton D. sont sur elle depuis le début de l’année jusqu’à la fin de l’année », et il est bien évident que si les yeux de Hachem sont sur elle toute l’année, cela ajoute à sa sainteté. Alors pourquoi ont-ils voulu partir l’explorer ? Si les yeux de Hachem sont sur elle, ils allaient automatiquement découvrir tous les trésors cachés par les Cananéens. Et même dans les profondeurs de la terre, des trésors leur seraient dévoilés. Mais ils sont partis explorer le pays pour voir si les Cananéens parlaient effectivement de la possibilité de cacher leurs trésors dans la terre, et une fois sur place, ils les ont vus en train d’enterrer leurs morts. Alors, ils ont fait l’erreur de croire que c’était un pays qui dévorait ses habitants, et que les habitants étaient ce qui était caché dans la terre. De plus, ils étaient à la tête des bnei Israël et avaient beaucoup d’influence sur eux, chacun sur sa tribu, et il leur aurait suffi d’un seul mot. S’ils avaient dit qu’il fallait écouter la parole de Hachem et partir dans le pays sans l’avoir exploré auparavant, tout le peuple les aurait écoutés. Alors pourquoi ont-ils voulu y aller ? C’est seulement parce qu’ils avaient l’air de tsaddikim extérieurement, mais dans leur intériorité ils étaient des impies qui ne poursuivaient ni le bien de Hachem ni celui du peuple et qui cherchaient un prétexte pour ne pas entrer en Erets Israël, afin de rester dans le désert en tant que chefs, ce qui leur permettrait de conserver leur statut. En vérité, dès le début ils avaient fait un faux calcul, car le Saint, béni soit-Il leur avait dit que le pays était très bon, et pourtant ils ont cherché toutes sortes de moyens malhonnêtes pour partir l’explorer. En fin de compte, ils en sont venus à renier D. et Sa Torah, et ont ainsi causé à la communauté d’Israël des pleurs pour toutes les générations (Ta’anit 29a). Leur châtiment a été de ne pas pouvoir rentrer dans le pays, ils ont perdu leur statut de chefs et se sont attiré une malédiction dans toutes les générations. De cette façon, on se rappelle d’eux uniquement en mauvaise part. Cela ressemble à un homme qui dit qu’une fourmi a vaincu un éléphant ou un lion ou un tigre en combat singulier, et qu’en fin de compte la fourmi a mangé l’autre bête après l’avoir vaincue. Est-ce qu’il y aurait un imbécile pour croire une histoire pareille ? C’est exactement la même chose ici. Comment est-il possible que les explorateurs aient prétendu que les Cananéens étaient plus forts que Lui, si l’on peut s’exprimer ainsi, et de plus que les bnei Israël les aient crus ? Lorsqu’on construit un édifice sans programme et sans fondements, même si c’est un grand architecte qui le construit en béton armé, ce bâtiment finira par s’écrouler lorsqu’arrivera une tempête, parce qu’il n’a pas de fondements. Tous les calculs qu’il a faits étaient erronés à la base. Lorsque l’essentiel manque, tout ce qu’il y a autour n’est d’aucune utilité. Il en va de même ici. Le Saint, béni soit-Il avait dit que le pays était très bon, et c’était cela l’essentiel. Il n’y avait pas lieu d’en douter le moins du monde. Quand on cherche des façons de déformer les paroles de Hachem, c’est que déjà les calculs sont faussés, et tous les autres calculs qui viendront par la suite seront tous erronés. C’est ce que le Saint, béni soit-Il a dit à Moché : J’ai dit que le pays était très bon, et eux, ils cherchent justement à aller l’explorer, c’est un signe qu’ils cherchent un moyen de rester chefs de tribu. Je leur promets qu’ils vont perdre ce statut, qu’ils ne rentreront pas dans le pays et qu’ils ne retourneront pas non plus en Egypte. Tout cela leur arrive à cause d’une erreur d’appréciation, et en fin de compte ils ont renié la Torah et le Saint, béni soit-Il, se sont corrompus et ont entraîné les autres avec eux. Nous voyons de là que tous les actes de l’homme dépendent d’une pensée droite à la base. En effet, si les gens qui viennent à un cours de Torah ont l’intention d’y venir pour écouter le cours, ils en retireront la leçon, grandiront et s’élèveront dans la Torah et la crainte du Ciel. Mais s’ils n’ont pas d’autre but que d’y rencontrer leurs amis, ils sortiront du cours sans en avoir rien retiré. Cela permet de répondre à la question de savoir pourquoi nous voyons parfois des gens religieux qui écoutent des cours de Torah mais qui finissent par ne rien en tirer. Ils sont vraiment allés au cours, mais dès le début ils ont fait un calcul erroné en y venant pour rencontrer leurs amis. Donc lorsque nous voyons qu’ils demeurent ignorants, sans aucune crainte du ciel, cela montre que dès le début, c’est pour de mauvaises raisons qu’ils allaient au beit hamidrach. Ils voulaient rencontrer leurs amis et non étudier la Torah, si bien qu’en sortant du beit hamidrach ils sont restés les mêmes. Ce n’est pas le Rav qui est responsable du fait qu’ils n’ont pas compris le cours, c’est eux qui sont coupables, parce qu’ils ont fait fausse route dès le début, ils sont venus pour rencontrer leurs amis et non pour entendre un cours de Torah. C’est la même chose chez celui qui vient prier. Si l’on vient à la synagogue pour prier, la prière sera calme et mesurée, et on sera béni en venant et béni en partant. Mais si on vient à la synagogue avec la tête totalement ailleurs, on n’aura rien gagné, car au milieu de la prière on se mettra à parler, sans prêter aucune attention à la prière, et en fin de compte on n’en retirera rien, parce que la prière était totalement extérieure, et qui sait ce qu’on retirera d’une telle prière dans la journée ! LES PAROLES DES SAGES La sainteté du pays dépend de l’étude de la Torah Le passage sur les explorateurs nous a laissé quelques enseignements sur la responsabilité que comporte la façon de vivre selon la Torah, comme les Sages l’ont expliqué dans le traité Arakhin (15a) au nom de Rabbi Elazar ben Parta : « Voyez combien est grande la force du lachon hara ! D’où le savons-nous ? Des explorateurs. Si c’est cela qui arrive à celui qui dit du lachon hara sur les arbres et les pierres, à combien plus forte raison à celui qui médit du prochain ! » La gravité du châtiment des explorateurs nous enseigne que bien que toute leur faute ait été d’avoir dit du mal « du bois et des pierres », nous devons nous rappeler qu’en ce faisant, ils ont méprisé l’œuvre du Saint, béni soit-Il. Et la chose est particulièrement grave lorsqu’il s’agit d’Erets Israël, choisie et sanctifiée par Hachem parmi tous les pays du monde. Du fait que les explorateurs aient subi un châtiment aussi grave pour avoir médit du bois et des pierres, qui ne ressentaient pourtant pas la douleur de la honte éprouvée par un homme, nous devons comprendre combien il faut veiller à porter sur tout ce qui existe dans la création un œil bienveillant, y voir le bien et ce qu’il a de spécial, tout particulièrement en ce qui concerne Erets Israël, le plus saint de tous les pays. Comme le disait Rabbi Yossef ‘Haïm Sonnenfeld זצ''ל : « Vois le bon de Jérusalem » – il faut tout le temps voir uniquement le côté positif et bon de Jérusalem ! A combien plus forte raison faut-il voir en chaque homme, couronne de la création, le positif et le bon qu’il y a en lui, et non ses défauts. Rabbi Chelomo de Radomsk זצ''ל, dans son livre « Tiféret Chelomo », a exprimé cette idée sur le mode allusif à propos du verset « Va je te prie voir comment vont tes frères et comment va le troupeau. » Pour réparer le défaut des mauvaises paroles prononcées Yossef à l’encontre de ses frères, Ya'akov dit à celui-ci qu’il doit aller voir « comment vont ses frères » (littéralement : la paix (chalom) de ses frères), la perfection (chlemout) et le bien qu’il y a chez ses frères, et non leurs défauts. Nous devons savoir que toutes les qualités très particulières d’Erets Israël dépendent de sa sainteté. Comment la sainteté réside-t-elle en Erets Israël ? Par l’étude de la Torah et l’observance des mitsvot. Le Roch Yéchiva de Poniewitz, Rabbi Chemouël Rozowski זצ''ל, disait que l’« atmosphère d’Erets Israël » avait une segoula extraordinaire. Même la terre du pays a une force particulière pour faire pousser rapidement les végétaux. L’air du pays est particulièrement vif et fait rentrer de la vivacité en toute chose, pour le meilleur et pour le pire. Comme le disait Rabbi Israël Salanter זצ''ל: « L’air d’Erets Israël rend sage » – même le mauvais penchant de l’homme peut être rendu plus sage par « l’air d’Erets Israël », qui rend sage… Ce qui a protégé le « mivtsa Tamouz » Il y a une trentaine d’années, le gouvernement israélien, dirigé par Mena’hem Begin, a décidé d’attaquer et de détruire la centrale atomique irakienne, à cause du danger tangible qui menaçait les habitants d’Erets Israël. Et effectivement, avec l’aide du Ciel, les pilotes ont réussi leur mission, la centrale a été totalement détruite et rendue inoffensive. Le gaon Rabbi Ya'akov Eidelstein chelita a raconté à ce propos que le Premier ministre avait téléphoné personnellement, avant l’exécution de l’attaque, à Baba Salé, le saint Rabbi Israël Abouh’atseira, et au Roch Yéchiva de Poniewitz, le Rav Elazar Mena’hem Man Shakh, pour leur demander de prier pour la réussite de la mission, qui avait été surnommée « mivtsa Tamouz »… Baba Salé avait demandé : « A quelle heure l’attaque doit-elle avoir lieu ? » « A deux heures de l’après-midi, les avions décolleront », avait répondu le Premier ministre. Baba Salé lui avait alors dit qu’il lui conseillait de retarder l’attaque jusqu’à quatre heures de l’après-midi. D’après ce qu’on raconte, le Premier ministre avait accepté et reculé l’action de deux heures. Devant le grand étonnement de ses proches à ce propos, le tsaddik avait répondu que c’était parce qu’à cette heure-là, l’étude de l’après-midi commence dans les yéchivot et tous les élèves des yéchivot seraient revenus de leur sieste au beit hamidrach pour étudier la Torah. Or c’était seulement grâce au mérite de la Torah qu’on pouvait être protégé et sauvé de tous les ennemis qui attaquent Israël. Effectivement, en fin de compte cette mission militaire extrêmement audacieuse avait été couronnée d’un grand succès, avec une précision extraordinaire, et tous ceux qui y avaient pris part étaient rentrés chez eux sains et saufs. Le dernière demande Toujours à propos du bouclier que représente l’étude de la Torah, voici ce qu’a raconté le Rav de Poniewitz, Rabbi Yossef Chelomo Cahneman : Pendant la Première guerre mondiale, quand le front n’était pas loin de Tabrik, tard la nuit, les soldats russes virent une lumière qui scintillait de la fenêtre d’un des habitants de la ville. Ils s’empressèrent de cercler la maison, certains qu’il était ici question d’un espion de l’envahisseur allemand qui envoyait des signaux aux Allemands grâce à une bougie allumée. Lorsqu’ils firent irruption dans la maison, ils y trouvèrent le gaon Rabbi Aharon זצ''ל, le Rav de Tabrik, penché sur les livres du Rambam et plongé dans son étude. Cela ne modifia nullement leur impression qu’il était question d’un espion, c’est pourquoi ils annoncèrent avec fermeté à Rabbi Aharon qu’ils allaient immédiatement l’exécuter en tant qu’espion. Le Rav de Tabrik, qui connaissait bien la cruauté de l’armée russe tsariste, leur répondit : « S’il a été décrété que je serais exécuté, j’accepte le décret. Mais j’ai une demande à vous adresser, je vous en prie, accordez-moi ma dernière volonté : je suis entièrement occupé en ce moment de l’éclaircissement d’une halakha compliquée dans le Rambam. Je vous en supplie ! Attendez une petite heure jusqu’à ce que je me sois bien expliqué ce passage difficile du Rambam… » La stupéfaction des soldats était sans limites. Qui avait jamais entendu une chose pareille ? Mais c’est justement cette stupéfaction qui les poussa à acquiescer à la demande du Rav, et ils acceptèrent d’attendre jusqu’à ce qu’il ait terminé son étude du Rambam. Ils étaient encore en train d’attendre lorsque la situation militaire de la ville connut une modification subite. Les Allemands attaquèrent en force et les soldats russes, pris par surprise, s’enfuirent pour sauver leur vie. Ainsi, par le mérite de l’étude de la Torah en un tel moment, le Rav de Tabrik fut sauvé d’une mort cruelle. GARDE TA LANGUE Il faut le cacher Quand on a confié quelque chose en secret à quelqu’un, même si le révéler ne constitue pas de la médisance, il faut tout de même le cacher et ne pas tromper celui qui en a fait confidence et qui souhaitait que cela reste secret. A LA LUMIERE DE LA PARACHA Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Il ne faut pas contester des paroles de Torah Nos Sages ont enseigné dans le Midrach (Bemidbar Rabba 16, 3) : « Le Saint, béni soit-Il a dit à Moché, bien que J’aie posé la condition de donner le pays aux Patriarches et qu’ils soient morts, Je n’ai pas changé d’avis. » Le Saint, béni soit-Il a donné Erets Israël en cadeau à Avraham, à lui et à ses descendants après lui, du fait qu’il s’est dévoué entièrement à Ses ordres dans ce pays, a fait régner Son Nom et a fait rentrer les gens sous les ailes de la Chekhina, comme l’ont dit les Sages dans le Midrach (Béréchit Rabba 39, 14) : « Avraham convertissait les hommes et Sara convertissait les femmes. » Par le mérite des saints Patriarches, le Saint, béni soit-Il a donné à Erets Israël une très grande sainteté et l’a rendue différente de tous les autres pays du monde. Il a placé sur tous les pays un ange qui le gouverne, alors qu’Erets Israël ne se trouve pas sous la tutelle d’un ange, mais entièrement sous la direction du Saint, béni soit-Il, comme il est écrit dans le Zohar (II 101b), et comme on le trouve dans le verset (Devarim 11, 12) : « Un pays sur lequel Hachem ton D. veille constamment, les yeux de Hachem ton D. sont sur lui depuis le début de l’année jusqu’à la fin de l’année. » Par conséquent, pourquoi les bnei Israël devaient-ils aller explorer le pays pour voir s’il était effectivement bon ? Même s’ils avaient des intentions désintéressées, par exemple chercher à découvrir où les Cananéens, habitants du pays, avaient caché leurs trésors, de peur que les paroles de Hachem ne se réalisent pas, malgré tout pourquoi un être humain doit-il partir explorer le pays, puisque Hachem avait déjà promis des maisons remplies de bonnes choses ? Comme ils sont partis sans prendre garde à l’honneur de leur Créateur, bien que leurs intentions aient été bonnes, ils sont tous devenus des impies. Les Sages ont dit (Avot 4, 2) qu’une faute en entraîne une autre, ce que Rabbeinou Yona explique ainsi dans son commentaire sur Pirkei Avot : une fois qu’on a commis une faute et qu’on s’est éloigné du service de D., on en vient à commettre une autre faute, même si le mauvais penchant ne la désirait pas autant que la première, parce qu’on est en accord avec le mauvais penchant, et que même si le désir n’est pas très puissant, on commettra tout de même toutes sortes de fautes, parce qu’on a pris l’habitude de faire tout ce que Hachem déteste. Donc bien que les explorateurs aient été des tsaddikim, comme ils n’ont pas fait confiance au Saint, béni soit-Il et ont voulu explorer le pays, ils en sont arrivés à une autre faute plus grave encore, qui est d’avoir blasphémé, lorsqu’ils ont dit (Bemidbar 13, 31) : « Il est plus fort que Lui. » Nos Sages ont expliqué (Sota 35, 1) qu’à ce moment-là, il fallait lire que cela s’appliquait à D. pour ainsi dire. A LA SOURCE « Pour la tribu de Yossef, pour la tribu de Menaché » (13, 11) Pourquoi le verset évoque-t-il Yossef pour la tribu de Menaché mais pas pour la tribu d’Ephraïm ? Rabbeinou Yehonathan Eibeschütz זצ''ל explique que Menaché avait reçu son héritage de l’autre côté du Jourdain, il n’y avait donc aucune raison pour qu’il médise d’un pays dans lequel il n’avait aucune part. Alors pourquoi est-il tout de même tombé dans cette faute ? Uniquement parce que s’est attaché à lui quelque chose de la faute de Yossef, qui avait dit du lachon hara sur ses frères. C’est pourquoi quand le verset vient évoquer Menaché dans le contexte de la faute des explorateurs, il l’attribue justement à Yossef. « S’il y a des arbres ou non, et renforcez-vous et prenez des fruits du pays » (13, 20) Le ‘Hatam Sofer commente les paroles de Rachi « S’il y a des arbres – s’il y a parmi eux un homme juste qui les protège par son mérite. » S’il y a des arbres, alors on peut prendre des fruits du pays. Mais « ou non », s’il n’y a pas d’arbres, comment prendraient-ils des fruits de la terre, comment y aurait-il des fruits sans arbres ? C’est pourquoi Rachi explique : « S’il y a des arbres – s’il y a parmi eux un homme juste ». Moché leur a donc dit : s’il y a là-bas un homme juste, ne prenez pas des fruits du pays, car il est possible que ces fruits aient poussé par le mérite de ce tsaddik, et alors ils ne constituent pas une preuve que le pays soit béni. Mais s’il n’y a pas d’hommes justes, alors « renforcez-vous et prenez des fruits du pays », ces fruits seront une preuve que le pays est béni, c’est pourquoi ses fruits sont bénis. « Montons certainement et nous en hériterons » (13, 30) Rachi explique : « Même jusqu’au ciel, et s’il dit : faites-vous des échelles, nous réussirons dans tout ce qu’il nous dira. » Rabbi Moché Feinstein s’étonne : pourquoi est-ce que Rachi emploie l’image d’échelles, est-ce que les échelles peuvent aider quelqu’un à arriver jusqu’au ciel ? Cela nous enseigne un grand principe : quand l’homme doit accomplir quelque chose, il doit faire tout ce qui est humainement en son pouvoir, et alors, s’il en est digne, Hachem l’aidera. Mais il n’est pas possible de demander l’aide du Ciel sans avoir rien fait de son côté. « Montons certainement » (13, 30) Même jusqu’au ciel, et s’il dit : faites-vous des échelles pour y monter, etc. (Rachi) Pourquoi est-ce que Rachi explique « Même jusqu’au ciel », comment leur est-il venu à l’esprit de dire qu’ils monteraient au ciel ? Rabbi Avraham Mordekhaï de Gour explique que les explorateurs ont dit : « des grandes villes fortifiées jusqu’au ciel » (Devarim 1, 28), et comme ils avaient dit cela, si nous devons monter au ciel, eh bien nous y monterons. LA VIE DANS LA PARACHA A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar « Ils leur donnèrent une réponse » (13, 26) Le verset ne parle pas de leur mauvaise réponse, mais simplement d’une réponse, car l’Ecriture n’a pas l’habitude de parler des actes des impies quand ce n’est pas absolument indispensable. De même, il n’est pas fait mention du meurtre de ‘Hour (Sanhédrin 7a) le jour du Veau d’Or, et sur l’affaire du Veau d’Or elle-même, il est dit dans la Guemara (Avoda Zara 4b) qu’elle n’a été écrite que pour enseigner aux bnei Israël que si la communauté a fauté, on la renvoie vers cette autre communauté, qui avait aussi fauté et s’est repentie. De même en ce qui nous concerne, rien n’est précisé, jusqu’à ce qu’on soit obligé de dire que les bnei Israël voulaient retourner en Egypte et avaient désobéi à Hachem, alors il fallait en révéler la raison, qui était qu’ils avaient dit du mal du pays. LES SENTIERS DES JUSTES Pour acquérir les valeurs et les bonnes midot On peut regarder toute chose de divers points de vue, avec un regard différent. Le ‘hakham Ben Tsion Abba Chaoul disait que tous les problèmes entre les hommes, ou entre un homme et sa femme, provenaient de ce que chacun voit combien l’autre lui doit, et combien il manque à son devoir envers lui. Mais moi, disait-il, quand je vois un juif, je vois combien je lui dois d’après les limites de la halakha : Je lui dois « tu aimeras ton prochain comme toi-même », et je lui dois « tu ne détesteras pas ton prochain dans ton cœur » et je lui dois « ne te venge pas et ne tiens pas rancune » et je lui dois « ne vous lésez pas l’un l’autre » et je lui dois « ne va pas en colportant des médisances dans ton peuple » et je lui dois « ce que tu détestes, ne le fais pas à ton prochain » et si je lui dois tout cela, quels problèmes peuvent se présenter ? et si le regard porte sur les devoirs envers le prochain, il n’est que naturel et clair qu’il faut céder dans les relations avec lui. Non seulement personne ne lui devait rien, mais il se sentait redevable envers tout le monde. Non seulement il veillait à l’honneur de tous et s’éloignait lui-même des honneurs autant que possible, mais même quand on l’offensait, par méchanceté ou par bêtise, il n’en tenait nullement rancune. Un jour, une certaine personne n’avait pas obéi à un din Torah qu’il avait prononcé, et avait même fait preuve d’insolence envers lui. Le ‘hakham en a eu de la peine en lui-même. Que faire ? Comment se conduire ? La Guemara dit qu’un talmid ‘hakham qui renonce à l’honneur qui lui est dû, le Saint, béni soit-Il y veillera à sa place, et cet homme allait donc être puni très sévèrement. Jusqu’à ce qu’il trouve une solution : il pardonnerait cet homme et demanderait au Saint, béni soit-Il de ne pas le punir, et de faire pencher son cœur vers le bien. Cela vaut n’importe quel prix Quand en 5685 on nomma le gaon Rabbi Ezra Attiya זצ''ל Roch Yéchiva de Porat Yossef, la famille reçut un appartement d’habitation gratuit dans un immeuble jouxtant la yéchiva. Etant donné le maigre salaire de Rabbi Ezra, cela le soulageait beaucoup de ne pas avoir à payer de loyer. A l’étonnement général, au bout de deux ans la famille quitta cet appartement et partit vivre dans le quartier des Boukharim, éloigné de la vieille ville. On finit par en découvrir la raison : l’appartement donnait sur le trajet emprunté par les enterrements dans la direction du mont des Oliviers. Il s’ensuivait que tous les jours, quand quelqu’un mourait et que son enterrement passait près de chez eux, la rabbanit Attiya, qui était une tsadéket extrêmement sensible, sortait et participait activement à la douleur des endeuillés, pleurant avec eux, si bien que la maison avait pris une atmosphère déprimante. Quand la famille et les amis de Rabbi Ezra s’en aperçurent, ils lui suggérèrent qu’il valait mieux quitter l’appartement pour éviter de la douleur et des larmes à son épouse. Et effectivement Rabbi Ezra, qui était dévoué à sa femme, renonça à tous les avantages de l’appartement, sacrifia son confort personnel et partit louer un appartement dans le quartier des Boukharim. A partir de ce moment-là, l’humeur de la rabbanit s’améliora. Quand est-ce qu’on rentre ? L’attention au prochain du Rav Ya'akov Kaniewsky זצ''ל doit faire l’objet d’une étude. Il renonçait à ses propres besoins et opinions avec une sagesse merveilleuse et créait une atmosphère de Gan Eden dans la vie de la famille. Le Rav Avraham Grinfeld a raconté l’histoire suivante dans des cours aux jeunes fiancés sur le rapport qu’il doit y avoir à l’intérieur du couple, et comment chacun doit prendre en considération les désirs de l’autre. Cela se passe à un mariage où le Rav Grinfeld avait parlé avec Rabbi Ya'akov, et la rabbanit était apparue de sa place dans la Ezrat Nachim. Ils se sont approchés d’elle, et la conversation suivante s’est déroulée : Le Rav : Qu’est-ce que la rabbanit désire ? La rabbanit : Je voudrais savoir quand le Rav voudrait s’en aller. Le Rav : Lorsque la rabbanit le désirera. La rabbanit : Je voudrais partir quand le Rav désirera s’en aller. Le Rav : La Guemara dit qu’en ce qui concerne ce qui relève du Ciel (la halakha), c’est le mari qui décide, mais en ce qui concerne les autres choses de la vie, il faut agir en accord avec l’avis de la femme. Cette fois-ci, il est question d’une chose de la vie. La rabbanit : Mais obéir au Rav fait partie de ce qui relève du ciel. Le Rav : Dans ce cas, mon avis est que nous devons suivre ton avis. La rabbanit : Dans ce cas, je voudrais que nous restions encore une demi-heure. Le Rav applaudit et dit : D’accord, d’accord, encore une demi-heure… Paiement comptant L’histoire suivante est citée dans une brochure écrite par le grand éducateur Rabbi Moché Avidan chelita : un chauffeur de taxi a raconté que deux commandes étaient arrivées à la station de taxis, l’une pour une course à l’intérieur de la ville et l’autre pour aller en dehors de la ville. Il affirme que tout chauffeur de taxi préfère une course à l’intérieur de la ville, même si elle est moins bien payée que de sortir de la ville, parce que ce dernier parcours implique des routes chargées et des bouchons. Il était le premier de la file, et comme la première course commandée était à l’intérieur de la ville, elle lui était destinée. Mais derriière lui attendait un autre chauffeur de taxi, qui était un pauvre homme se trouvant dans une situation financière pénible, c’est pourquoi il lui laissa sa place et lui donna la course à l’intérieur de la ville. Il sortit donc de Bnei Brak pour aller à la gare de Tel-Aviv, et naturellement, le chemin était rempli de bouchons et il fut obligé de perdre beaucoup de temps et d’essence, mais il le fit avec joie, sachant que du fait qu’il avait renoncé, il avait rendu service à un ami qui en avait bien besoin. A la gare, il déposa son passager, et alors qu’il s’apprêtait à retourner à Bnei Brak, il vit dans le rétroviseur que le voyageur courait rapidement en direction du taxi et lui faisait signe d’arrêter. Il lui raconta qu’il avait manqué son train et lui demandait de l’emmener à Haïfa, une course que tout chauffeur de taxi espère, car elle rapporte beaucoup. Ainsi, du ciel on l’avait récompensé de son renoncement en faveur d’un autre.
|