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paracha de la semaine

Parachat Vaethanane

9 Août 2014

13 Av 5774

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

21:00*

22:11

Lyon

20:41*

21:49

Marseille

20:33*

21:38

* L'on allumera selon sa communauté

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Là où il y a la volonté, il y a l’aide du ciel

 (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

Les Sages racontent (Sanhédrin 98a) que Rabbi Yéhochoua ben Lévy a rencontré le Machia’h assis aux portes de Rome. Il lui a demandé quand allait enfin venir notre délivrance, et le Machia’h lui a répondu : « Aujourd’hui. » La journée a passé, la nuit a passé et le Machia’h n’était toujours pas venu. Le lendemain, Rabbi Yéhochoua ben Lévy l’a de nouveau rencontré et lui a demandé pourquoi il n’était pas arrivé comme il l’avait promis. Il lui a répondu qu’il avait eu l’intention de dire « Aujourd’hui si vous écoutez Sa voix », c’est-à-dire que pour que les bnei Israël méritent la venue du Machia’h, il faut d’abord qu’ils arrangent ce qui ne va pas dans le monde. Et cette « réparation du monde » ne peut se faire que par « si vous écoutez Sa voix », or on obéit à la voix de Hachem en accomplissant Ses mitsvot et en étudiant Sa Torah. En effet, on ne peut pas mériter de rectifier le monde sans travail, sans se donner beaucoup de mal dans l’étude de la Torah et sans accomplir les mitsvot. C’est pourquoi le Saint, béni soit-Il n’a pas accepté la demande de Moché d’entrer en Erets Israël et de parfaire le monde.

Nous apprenons de là la force absolument gigantesque de notre sainte Torah, par laquelle le monde a été créé, et qui maintient tout l’univers à l’existence. Quiconque étudie la Torah contribue à construire le monde et à parfaire la totalité des mondes. En revanche, quiconque ne tient aucun compte de la Torah provoque sa propre perte et celle du monde entier, à cause de lui le monde est détruit, désertique, et n’arrive pas à sa perfection ultime.

Lorsque j’étais jeune, mon père nous donnait de temps en temps une certaine somme d’argent de poche, pour nous encourager et nous pousser à étudier la Torah. C’est ce que font aujourd’hui aussi beaucoup de parents. On peut se demander pourquoi justement de l’argent, plutôt qu’un autre cadeau. Mon saint aïeul Rabbeinou Yochiyahou Pinto, que son mérite nous protège, surnommé le Rif, a écrit de nombreux livres qui portent dans leur titre le mot « kessef » (argent) : « Kessef Nivra’h », « Kessef Mezoukak », « Kessef Tsarouf ». Il en a expliqué la raison dans son introduction : c’est un mot qui évoque « kissoufim », le puissant désir et l’aspiration à la Torah, comme le dit le roi David (Téhilim 84, 3) : « Mon âme aspire et languit pour les parvis de Hachem. »

J’ajoute, avec l’aide de D., que par essence, la Torah ressemble à l’argent : de même qu’il est impossible de subsister dans ce monde sans argent, nécessaire pour acheter de la nourriture pour la famille, il est impossible de vivre et de subsister sans la Torah, parce qu’elle est notre vie et la longueur de nos jours, si bien que quiconque n’étudie pas la Torah est considéré comme mort. C’est pour cette raison que les parents donnent à leurs enfants un peu d’argent comme récompense de leur étude, pour qu’ils intériorisent le message important qu’il est totalement impossible de survivre sans Torah et qu’elle est l’essentiel de la vitalité de l’homme.

Et quiconque cherche à étudier la Torah et à l’enseigner aux autres, le Saint, béni soit-Il l’aide, et lui donne les moyens de réaliser ses aspirations. Comme le disent les Sages (Chabbat 104a) : « Celui qui veut se purifier, on l’aide. » L’introduction au livre « Vayagued Moché » parle de mon grand-père Rabbeinou ‘Haïm Pinto zatsoukal. Un jour où il est allé donner un sermon à la synagogue pour Chabbat HaGadol, il y avait parmi les assistants un juif à qui, pour une raison ou pour une autre, le sermon paraissait trop long. Tout à coup, il a dit à haute voix « Baraka » (ça suffit !), ce qui voulait dire que le Rabbi parlait trop longtemps. Rabbeinou fut très vexé des paroles de cet homme et se tourna immédiatement vers l’Arche en disant : « Maître du monde, on m’a annoncé en rêve que je vivrais longtemps et que je mériterais de propager la Torah dans la communauté, or comment pourrais-je le faire si des gens de peu me dérangent ? C’est pourquoi je Te demande de m’aider à mériter d’avoir une synagogue personnelle pour y enseigner la Torah à mon idée. »

Dès la sortie du Chabbat, on raconte qu’un non-juif fortuné a abordé Rabbeinou et lui a remis une boite remplie de bijoux d’une valeur inestimable, en lui disant : « Prenez cela, vendez-les, et nous partagerons les bénéfices à part égale. Si je ne me présente pas, prenez ce qui est à vous, prenez tout pour vous et faites-en ce qui vous semblera bon. » Immédiatement, Rabbeinou a trouvé à vendre les bijoux, et avec la somme considérable qu’il avait gagnée, il a construit une synagogue personnelle qu’il a appelée « Baraka ». Le non-juif avait disparu et on n’a plus retrouvé ses traces. Mais jusqu’à aujourd’hui se trouve caché quelque part dans la synagogue la part de l’argent des bijoux qui est sienne, au cas où il reviendrait un beau jour demander le capital et les intérêts. En effet, Rabbeinou faisait très attention à tout ce qui touchait au vol, et il fuyait tout soupçon de doute en ce qui concerne l’argent d’autrui.

Il faut apprendre de là que quiconque souhaite propager la Torah, étudier et enseigner, le Saint, béni soit-Il place devant lui toutes les possibilités, et il a aussi une aide du ciel particulière pour réussir dans sa sainte tâche.

Et vous, chers bnei Torah, bien que nous soyons dans la période de « bein hazemanim », D. merci notre beit hamidrach est entièrement rempli, plus de deux cents garçons sont actuellement en train d’étudier la Torah. Et bien que vous ayez eu la possibilité de fermer votre livre et de sortir vous promener, vous avez préféré la vie éternelle à la vie temporaire, et vous avez consacré une partie de votre temps à la Torah, en le partageant entre Hachem et vous, manifestant ainsi combien l’amour de la Torah brûle en vous, car vous êtes venus de votre plein gré au beit hamidrach pour étudier la Torah de Hachem sans que personne vous y oblige. Vous devez savoir que le monde repose sur votre mérite. Puisse-t-il y en avoir beaucoup de votre sorte en Israël ! Amen, amen.

Et il est important de savoir que vous ne pouvez pas du tout comprendre à quel point le mérite de la Torah que vous étudiez soutient le monde entier, bien que certains puissent penser et dire qu’il est inutile d’étudier pendant les vacances de « bein hazemanim ». C’est capital, et il est certain que l’étude porte ses fruits.

Renforcez-vous donc, que le mérite de mes saints ancêtres vous protège, que vous méritiez de faire partie des lumières de la génération et des grands de la Torah et que votre Torah éclaire le peuple d’Israël, Amen.

(Extrait d’un cours donné à la yéchivat bein hazemanim des institutions Orot ‘Haïm OuMoché.)

SUJET D’ACTUALITE

La fenêtre qui s’est ouverte

Le Chabbat Na’hamou est le point de rencontre entre deux fois « trois semaines ». La fin de Ticha BeAv vient terminer les trois semaines pendant lesquelles nous prenons le deuil pour la destruction du Temple et l’exil de la Chekhina, et elle est également le début des trois semaines de « bein hazemanim ».

La transition entre ces deux périodes évoque également le bouleversement qui se produit à cette époque chez les bnei Torah, qui abandonnent les murs du beit hamidrach pour prendre quelques jours de vacances et de détente, des jours qui leur donnent l’occasion de reprendre des forces et de refaire des provisions en vue du mois d’Elloul et de l’année nouvelle. Une fenêtre d’occasions s’ouvre pour les jeunes qui veulent se libérer des chaînes de la discipline spirituelle, et se prouver à eux-mêmes qu’ils sont capables de se conduire correctement avec un haut niveau de discipline intérieure, des jeunes qui veulent sortir de l’organisation habituelle de l’étude et connaître d’autres domaines de Torah à différents niveaux. Une fenêtre s’ouvre également pour ceux qui veulent respirer une atmosphère différente, comme l’infect gaz carbonique de la rue.

Dans cet article, nous allons citer les propos du gaon Rabbi Ephraïm Borodiansky zatsal, des Rachei Yéchiva de « Kol Torah », au moment de l’inauguration de la « yéchivat bein hazemanim » de « Kol Torah » en 5738 :

Parlons un petit peu de ce qu’on appelle « bein hazemanim ». Toute chose a un fond historique, une façon dont elle s’est constituée. J’ai entendu du gaon et tsaddik Rabbi Eizik Scherr zatsal, et cela figure dans l’Introduction à « ‘Hessed LeAvraham », un commentaire sur les « Chemonè Perakim » du Rambam écrit par le père du saint Chla, que ce dernier évoque ce qui était à son époque « bein hazemanim », et à quoi était consacrée cette période.

Il dit qu’il a composé un commentaire au Chemonè Perakim du Rambam parce que c’est un texte difficile et que pour le comprendre il faut des bases qui se trouvent dans d’autres livres. Les jeunes gens, dit le père du Chla, ont du mal pour étudier les « Chemonè Perakim ». Il a donc écrit un commentaire et une introduction pour leur éviter les difficultés de cette étude, et voici ce qu’il en dit :

« J’ai vu qu’il était bon de donner des explications et un commentaire sur les « perakim » (chapitres) en question, pour aider les jeunes qui n’ont pas l’expérience d’une recherche idéologique poussée, et qui manifestent leur puissance d’étude dans la Michna et la Guemara et non dans des sujets d’une étude philosophique approfondie. » C’est la raison pour laquelle il avait pris sur lui d’aborder ce travail. Le « ‘Hessed LeAvraham » ajoute qu’ainsi, « les « Chemonè Perakim » seraient compris et étudiés par tous à la lumière de ce qui les a précédés, et que si l’on demandait à quelqu’un quelque chose à leur propos, il ne bafouillerait pas mais pourrait répondre immédiatement.

Et, ajoute le père du Chla, quand est-ce que les garçons vont étudier cela ?

« Désormais, le garçon n’aura plus besoin d’écouter les « Chemonè Perakim » avec son maître pendant « bein hazemanim », comme c’est l’usage depuis plusieurs années, mais il constatera que mon commentaire lui suffit. »

Nous savons donc maintenant à quoi était consacré « bein hazemanim ». Aujourd’hui, on fixe dans les yéchivot des heures d’étude régulières pour les livres de mousar. A l’époque, c’est « bein hazemanim » que l’on consacrait à l’étude du moussar. Les garçons étudiaient les « Chemonè Perakim » du Rambam avec l’aide d’un Rav, et comme c’est une étude difficile, il a écrit un commentaire pour que les garçons puissent étudier les « Chemonè Perakim » seuls pendant « bein hazemanim ». C’était cela « bein hazemanim ».

Au fil du temps, d’autres besoins se sont fait sentir. Après la Première guerre mondiale, je parle de mon époque, de choses qui me sont connues personnellement, ces jours-là étaient bien utilisés, pour faire des cures de santé, où l’on rencontrait des guedolim, on servait des talmidei ‘hakhamim, on côtoyait le gaon Rabbi Baroukh Ber zatsoukal de Kamenitz, le gaon Rabbi Chimon Shkop zatsoukal, le gaon Rabbi ‘Haïm Ozer zatsoukal, et d’autres. Les garçons bénéficiaient beaucoup de cette proximité, elle était bien utilisée, et certains en profitaient pour rédiger des nouvelles explications de Torah qu’ils avaient composées. Certains étudiaient en parcourant superficiellement un grand nombre de textes, et d’autres utilisaient ce temps pour une étude en profondeur dans les détails, pour ceux qui en avaient besoin.

Par contre, des amis d’un grand de la Torah, dont nous avons eu la chance de profiter de la lumière, ont une fois insisté pour qu’il aille se reposer deux jours. Il a dit ensuite que pendant toute sa vie il n’avait pas pu se nettoyer de ces deux jours-là, parce qu’il lui était resté quelque chose de l’amour du repos. Cela nous montre ce que c’est qu’un vrai ben Torah ! Il lui est resté pendant toute sa vie quelque chose de ces deux jours de « vacances », c’est ce qu’il a dit sur lui-même. Et il a témoigné sur ses maîtres, que nous avons également connu, mais pas d’aussi près que lui, que chez eux, cela n’avait eu aucune influence néfaste.

Un soldat qui se trouve à l’hôpital ne prend pas de médicaments de la même façon que tout le monde, et quand il en prend, cela ne le dispense pas de ses devoirs. Même là-bas, il reste un soldat. Ils étaient partout des soldats, même dans ces moments-là, et pour ceux qui se renforçaient pendant « bein hazemanim et restaient étudier à la yéchiva, il y avait une aide du ciel évidente :

1. Du ciel, il est attribué une certaine quantité d’aide, et quand il y en a moins qui l’obtiennent, le petit nombre qui en jouit en reçoit davantage.

2. C’est le grand sujet de l’honneur de la Torah, l’étude de la Torah en des moments de faiblesse.

Un point qu’il faut absolument examiner

A cette occasion, faisons ici une autre remarque provenant du beit hamidrach du gaon Rabbi Tsvi Palay zatsal, directeur spirituel de la yéchivat ‘Hevron :

Il y a des choses qu’il faut rappeler avant de partir pour « bein hazemanim », bien qu’elles soient connues. C’est une grave interdiction de se baigner dans la mer à des endroits où il n’y a pas de maître nageur, ou en d’autres endroits dangereux. Quant aux promenades – malheureusement, je ne veux pas rappeler les terribles catastrophes qui ont eu lieu, mais tout le monde sait et se souvient ! Un garçon m’a dit que sa mère a peur qu’il aille se baigner, c’est pourquoi il reste à la maison. Mais il y a des mères qui ont peur sans oser le dire, pourtant leur cœur souffre jusqu’à ce que le garçon soit rentré à la maison.

Le respect envers les parents est une mitsva positive dont la récompense est explicite, la longévité, et pendant « bein hazemanim » il y a une possibilité de s’améliorer dans cette mitsva de respecter tout particulièrement sa mère, qui se trouve davantage à la maison. Malheureusement, il est également possible de descendre jusqu’au plus bas dans la négligence de cette mitsva. Vraiment terrible ! La compréhension en cela ne vient pas automatiquement, il y faut de l’attention, quiconque réfléchit comprend et utilise son intelligence peut exceller, mais sans cela, quand on se conduit automatiquement, c’est exactement l’inverse. Et c’est un point qu’il faut absolument examiner avant de partir en « bein hazemanim ».

GARDE TA LANGUE

Même si c’est la vérité

Il est interdit de raconter des médisances même pour quelque chose de vrai, et même si de toutes façons les deux protagonistes se détestaient déjà, à plus forte raison s’ils s’aimaient et que cette médisance les monte l’un contre l’autre.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

La réparation du monde selon la volonté de D.

Nos Sages ont dit (Zohar Béréchit) : « Hachem a regardé la Torah et Il a créé le monde. » Ils ont également dit (Béréchit Rabba 11) : « D. a eu l’intention de créer les âmes d’Israël avant même que le monde soit créé. » En d’autres termes, les bnei Israël ont été témoins de la merveilleuse création de D., et ils ont mérité de voir de leurs propres yeux comment Hachem a créé Son monde avec la sainte Torah.

Le centre de l’univers, la racine de la création du monde se situe au rocher de la fondation (even hachetiya) du Saint des Saints, le lieu le plus sanctifié qui soit. Comme l’ont dit nos Sages (Yoma 54b) : « La pierre (even) s’y trouvait, et elle a été appelée ‘‘chetiya’’ car le monde a été fondé (houchtat) sur elle. »

On comprend donc que la première fois que D. a regardé la Torah, Il a créé le rocher de la fondation, qui est le début de la création, c’est pourquoi cet endroit abonde en sainteté et en pureté. En effet, c’est la première fois que D. a regardé la Torah afin de créer quelque chose dans le monde.

C’est ce regard saint, qui est le début de la Création, que Moché souhaitait atteindre à partir du rocher de la fondation. Il voulait puiser de la profusion spirituelle extraordinaire concentrée à cet endroit, afin que le monde soit réparé par la royauté de D. et que la rédemption arrive pour le peuple d’Israël. Il connaissait tous les secrets et les mystères de la Torah, et savait par quelle lettre chaque élément du monde avait été créé. En effet, la Torah avait été transmise au peuple par son intermédiaire et il avait donc le pouvoir d’amener la réparation du monde en s’imprégnant du rocher de la fondation, qui avait été créé par le premier regard de D. sur la sainte Torah.

Ainsi, quand Moché a demandé « Je Te prie, que je passe et que je voie ce pays », ce n’était pas dans l’intention de s’y promener, mais il aspirait plutôt à arriver au lieu extrêmement sanctifié du rocher de la fondation. En s’en imprégnant, il aurait entraîné la réparation du monde et la rédemption serait arrivée. Mais c’est précisément cela que D. ne voulait pas. Il préférait que la réparation du monde vienne grâce aux bnei Israël, qui se fatigueraient pour l’obtenir en se renforçant dans l’accomplissement des mitsvot, en fournissant des efforts pour la Torah et en se rapprochant de D. Il voulait donc que cette réparation ait lieu par leur propre force, et non pas grâce à Moché qui aurait fait le travail à leur place. C’est pourquoi Hachem a ordonné à Moché : « Assez ! Ne me parle pas davantage de cela. »

A LA SOURCE

« Tu as commencé (ha’hilota) à faire voir à Ton serviteur » (3, 24)

Le Midrach explique que Moché a dit à Hachem : « Tu m’as déjà annulé un serment à Midian. » Le mot « ha’hilota » (tu as commencé) évoque le terme « ‘hiloul » (profanation, violation). Comme l’ont expliqué nos Sages : « Il ne fera pas de ses paroles quelque chose de profane, mais les autres peuvent lui annuler son vœu. » En réalité, quel est le rapport entre la demande présente de Moché et le vœu qu’il avait formulé à Midian ? Comme l’ont expliqué nos Sages, « Moché consentit (vayoel) à demeurer avec cet homme » signifie que Moché lui avait juré (ala) de ne pas quitter l’endroit sans son autorisation, mais finalement Hachem a annulé son vœu.

A ce sujet, le gaon Rabbi Israël Grossman donne une belle explication selon ce que la Guemara rapporte (Ketouvot 77b) à propos du moment où l’ange de la mort est venu reprendre l’âme de Rabbi Yéhochoua ben Lévi.

Celui-ci a demandé à l’ange de lui montrer sa place au Gan Eden. Alors ils s’y sont rendus ensemble, et une fois arrivés là-bas, le Rav a dit à l’ange de la mort : « J’ai peur de ton couteau, donne-le-moi. » Il le lui a donné… Quand ils sont arrivés près de la place du Rav, celui-ci a sauté et est entré dans le Gan Eden. Quand l’ange de la mort a voulu l’en faire sortir, il a juré qu’il ne quitterait pas cet endroit. Alors Hachem a dit : « S’il a déjà juré une fois et qu’on a annulé son serment, il en sera de même maintenant, et il sortira du Gan Eden. Mais s’il n’a jamais fait de serment, nous n’annulerons pas celui-ci. » On a vérifié et il s’est avéré qu’il n’avait jamais fait de serment, alors il est resté au Gan Eden.

On peut expliquer que Moché a demandé : « Je Te prie, que je passe et que je voie », puis je repartirai en-dehors de la terre d’Israël, et Ton décret que je reste à l’extérieur s’accomplira. Et si Tu crains que je fasse le serment de plus quitter ce pays, à l’instar de Rabbi Yéhochoua ben Lévi, « Tu as déjà commencé » : J’ai fait un serment à Yitro et Tu me l’as annulé. Alors maintenant aussi Tu me l’annuleras, comme pour lui, à qui on aurait annulé ce serment si on l’avait déjà fait par le passé.

 « Je Te prie, que je passe et que je voie cet heureux pays qui est au-delà du Jourdain, cette belle montagne, et le Liban » (3, 25)

Rabbi Samlaï a expliqué : « Pourquoi Moché voulait-il entrer en terre d’Israël ? Est-ce pour manger de ses fruits, ou encore profiter de ses bons produits ? Non, en réalité Moché a dit : ‘‘Il existe de nombreuses mitsvot qu’on ne peut accomplir qu’en Israël. Je vais y entrer, afin de toutes les accomplir.’’ » (Sota 14a)

« Pourquoi Moché voulait-il entrer en terre d’Israël ? »

La réponse est évidente : il devait accomplir la mitsva de résider en Israël, c’est pourquoi il souhaitait y entrer !

L’ouvrage « Emet LeYa’akov » rapporte au nom du Tachbetz (3, 198) qu’on peut répondre à cette question d’après ceux qui pensent qu’on peut accomplir la mitsva de demeurer en terre d’Israël même en habitant de l’autre côté du Jourdain. Mais on peut expliquer que cette mitsva incombe uniquement à celui qui possède une part et un héritage dans la terre. Or puisque ce n’était pas le cas de la tribu de Lévi, la mitsva de résider en terre d’Israël ne la concernait pas, c’est pourquoi il n’est pas dit que Moché souhaitait entrer en Israël afin d’accomplir la mitsva de s’y établir.

 « Je Te prie, que je passe et que je voie le bon pays » (3, 25).

Apparemment, il est clair que s’il entre dans le pays il le verra !

Il faut toujours demander que le Saint béni soit-Il nous montre le bon de chaque chose. C’est pourquoi, explique Rabbi Avraham Siboni dans « Ohel Torah », Moché a demandé : « que je voie le bon pays », que je voie uniquement le bon côté d’Eretz Israël.

 « Observe (chamor) le jour du Chabbat pour le sanctifier » (5, 11)

Voici un très beau commentaire rapporté au nom de Rabbi Ya’akov Moché ‘Harlap zatsal :

« Observe (chamor) » est à prendre dans le sens de « Mais son père a gardé (chamar) l’événement en tête. » Cela signifie qu’il faut attendre et espérer la sainteté du Chabbat durant tous les jours de la semaine. Les bnei Israël n’ont atteint ce niveau que lorsque les Dix Commandements ont été donnés pour la deuxième fois, dans le livre de Devarim.

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbenou ‘Haïm ben ‘Attar

« Et regarde de tes yeux ; car tu ne passeras point ce Jourdain. » (3, 27)

Pourquoi le texte a-t-il eu besoin de répéter « de tes yeux », surtout après avoir déjà dit (au début du verset) « Porte ta vue » ? Ceci vient nous apprendre que Hachem allait faire un miracle à Moché : Il lui montrerait uniquement par le regard, sans qu’il ait besoin de marcher, tout ce qu’il souhaitait voir en passant à l’intérieur du pays, comme il est dit « que je passe et que je voie », pour tout ce qu’il avait demandé à voir en passant. C’est quelque chose que personne d’autre ne pouvait voir. Voici la précision qu’ajoute la répétition de l’expression « tes yeux ».

LES SENTIERS DES JUSTES

Pour acquérir les valeurs et les bonnes midot

Dans le numéro précédent, nous avons mis l’accent sur les propos du Zohar, qui préconisent un redoublement d’amour et de paix dans le foyer le jour du Chabbat. A présent, nous devons nous éveiller et nous renforcer en ce qui concerne les préparatifs qui le précèdent, ce moment de bousculade précédant le Chabbat et propice aux disputes et aux différends.

C’est à cela que nous invite Rabbeinou Yossef ‘Haïm de Bagdad dans son livre « Ben Ich ‘Haï », à la Parachat Vayéra, au nom du ‘Hida :

« Le vendredi après-midi est un moment propice aux disputes entre mari et femme. Le mauvais penchant se démène afin de fomenter une querelle, mais l’homme pieux devra le soumettre afin qu’il ne crée aucune discorde ni animosité, et il établira au contraire la paix dans son foyer. Sache que celui qui a un différend avec sa femme, ses fils ou ses domestiques a l’impression d’avoir entièrement raison, et pense qu’il y a réellement lieu de se fâcher pour l’erreur qu’ils ont commise. Mais en réalité, quiconque réfléchit un tant soit peu comprendra que si un ennui est survenu, ce n’est certainement pas de leur faute et qu’ils n’en sont pas responsables : c’est l’œuvre du Satan qui cherche à créer querelles et désaccords à ce moment-là. En effet, si le Satan se tient face à la femme ou au domestique et leur tend un piège en les faisant agir d’une façon qui ne plaît pas au maître de maison, comment peuvent-ils le repousser ? Un être humain a-t-il la force de combattre et de vaincre le Satan ? Qui pourrait affirmer ‘‘J’ai réussi, je l’ai vaincu !’’ ? Ainsi, si quelqu’un constate un dysfonctionnement dans la maison, qu’il ne rejette pas la faute sur sa femme ou ses domestiques, ce qui mènerait à une dispute. Qu’il leur accorde plutôt les justifications que nous avons évoquées, car elles représentent la vérité. Qu’il se taise, ne provoque pas de dispute et ne se mette pas en colère, alors le bien lui sera accordé dans ce monde-ci et dans le monde à venir. »

Et maintenant, un peu d’actualité.

La période de « bein hazemanim » ressemble beaucoup à ces veilles de Chabbat. Les membres de la famille se retrouvent à l’étroit dans un espace vital bien restreint de 70 à 80 mètres carrés, destiné à contenir une famille nombreuse mais dotée de sentiments de fraternité et d’amour du prochain. Si l’on se prépare à temps à cette situation, on pourra traverser cette période avec fraternité et compréhension.

Le dirigeant de l’organisation « Binat HaLev », Rav Yitz’hak Lorentz, nous fait partager sa riche expérience en nous donnant quelques conseils importants afin de passer la période de bein hazemanim dans la paix, le calme et en sécurité :

« On connaît la question que pose la Guemara : ‘‘En quoi les femmes sont-elles méritantes ?’’ Et la réponse est : ‘‘En envoyant leur mari et leurs fils étudier la Torah, et en attendant leur retour.’’ En d’autres termes, elles ne sont pas seulement prêtes à accueillir leur mari et leurs fils, mais elles attendent le moment de leur retour. »

Les grands du moussar posent la question suivante : pourquoi insister sur le fait qu’elles attendent ? La réponse est claire : si elles n’attendaient pas leur retour, en quoi le fait de les envoyer étudier aurait-il prouvé la grandeur de ces femmes ? Peut-être préfèreraient-elles au fond d’elles-mêmes qu’ils restent à l’extérieur et s’abstiennent ainsi de perturber le calme de la maison ! Mais si le rapport qu’elles entretiennent avec leur époux et leurs enfants est tel qu’elles aspirent à leur retour, celui-ci, après une longue période continue d’étude, ne perturbera pas la sérénité de la maison, bien au contraire ! Plus encore, si pendant leur présence à la yéchiva ils ne se sentent pas attendus à la maison, même leur temps d’étude en sera affecté !

Malheureusement, la question est pertinente pour nombre de familles dans lesquelles les relations sont mauvaises. Si le rapport entre mari et femme, ou entre parents et enfants, est sain et bien construit, la sérénité ne sera pas perturbée durant cette période de retrouvailles et tous profiteront du fait d’être ensemble. Au contraire, la période de bein hazemanim sera l’occasion de resserrer les liens, de mieux connaître le conjoint ou les enfants, et d’organiser des activités ensemble.

Mais afin d’atteindre cette harmonie, il nous faut plus d’une fois en payer le prix. Les parents peuvent fermer les yeux sur les petits actes immatures de leur adolescent, comme quand leur enfant prend plaisir à faire le ménage en mettant la musique à plein volume. Il vaut mieux faire une concession et profiter de la bonne ambiance malgré le dérangement relatif que cause le bruit. Cela contribue à renforcer le sentiment d’union dans la famille.

La gêne causée par le fort volume de la musique est un exemple parmi tant d’autres qui permet d’illustrer la façon dont les parents doivent réagir face aux comportements de leurs adolescents. Il nous faut comprendre que le système familial est construit de manière à pouvoir satisfaire les besoins spécifiques à chaque âge. Si nous admettons que les adolescents ne sont pas « fautifs » d’aimer écouter la musique à plein volume, alors nous les y autoriserons avec joie. De ce fait, nous éviterons une chaîne de réactions peu souhaitables, et comme par miracle, le bruit sera moins dérangeant.

Encore un élément important : à la yéchiva, l’aspect familial est absent, et une fois de retour à la maison, on doit s’habituer à nouveau à un cadre plus naturel et chaleureux. Certains jeunes gens traversent à la yéchiva des périodes difficiles de lutte intérieure dans l’étude, dans le domaine social. Alors, la période de bein hazemanim est pour eux le moment le plus important, une pause qui les ressource et leur permettra de continuer à se battre durant la prochaine période d’étude.

Certains jeunes attendent avec impatience la période de bein hazemanim pour avoir un sentiment d’appartenance. Plusieurs d’entre eux passent à la yéchiva des moments difficiles et il faut absolument veiller à ce que la période de bein hazemanim n’amplifie pas leur mal-être mais contribue plutôt à les remettre sur une pente ascendante.

Cela ressemble, dans un tout autre registre, à un nouveau poisson que l’on introduit dans un aquarium déjà occupé. Il risque de mourir en quelques heures, car les autres poissons sentent que l’équilibre a été rompu du fait de sa présence et le considèrent donc comme un ennemi. Une des solutions est d’ajouter dans l’aquarium, en même temps que le nouveau poisson, une grande quantité de nourriture. Ainsi, le problème sera résolu…

Nous comprenons bien qu’un corps a besoin d’être nourri convenablement et régulièrement pour être en bonne santé : il en est de même pour l’âme ! Ceci est valable en toute circonstance. Par exemple, l’arrivée d’un nouveau bébé dans une famille provoque comme un « tremblement de terre », car chaque enfant a l’impression que le nouveau bébé empiète sur la part d’attention qui lui revient. La maman, qui imagine ce qui va se produire, veille à temps à rapporter à chacun un cadeau symbolique lors des premières retrouvailles, et s’efforce d’accorder de l’attention à chaque enfant pendant ses rares moments de disponibilité. Ainsi, le tremblement qui a secoué la famille s’apaise et l’équilibre est retrouvé.

Un autre exemple caractéristique est celui de la table du Chabbat. Le frère aîné qui rentre de la yéchiva discute avec son père de paroles de Torah, tandis que les plus jeunes ont le sentiment d’être menacés et craignent de perdre leur place. Un père de famille intelligent les impliquera en les faisant participer à ce débat de Torah, chacun selon son niveau, tout en les complimentant pour leurs remarques. Alors tout rentrera dans l’ordre.

 

 

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