Parachat Ekev 16 Août 2014 20 Av 5774 |
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La nourriture de Chabbat est semblable à la manne (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) « Oui, Il t’a fait souffrir et endurer la faim, puis Il t’a nourri avec cette manne que tu ne connaissais pas et que n’avaient pas connue tes pères, pour te prouver que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche de Hachem. » (Devarim 8, 3) Les commentateurs expliquent que la manne qui descendait du Ciel était si sainte qu’elle était comparable à « ce qui sort de la bouche de Hachem ». Et certes, nos Sages ont dit (Yoma 75b) que la manne était un pain spirituel provenant du Ciel, un pain que mangeaient les anges du service. En y réfléchissant un peu, on remarquera que dans Son grand amour pour Israël, Hachem ne S’est pas contenté de nous envoyer cet aliment saint et élevé, provenant du Ciel, uniquement quand nous étions dans le désert. Au contraire, Il nous l’a laissé jusqu’à la fin des générations, comme par exemple dans le Chabbat, ou dans la nourriture des tsaddikim. Ainsi chacun de nous, en en mangeant, méritera de se sanctifier, de se purifier et de se rapprocher du Créateur. Il est dit à propos du Chabbat (Isaïe 58, 14) : « Alors tu te délecteras en Hachem et Je te ferai dominer sur les hauteurs de la terre. » Dans ce verset qui concerne le Chabbat (Chabbat 118), Hachem nous ordonne de le célébrer avec joie. Il nous a même donné spécialement une âme supplémentaire qui est « une plus grande capacité de manger et de boire » (Rachi Beitsa 16a), afin de le célébrer avec plaisir. C’est pourquoi nous avons le devoir de l’honorer avec de bons plats raffinés, en mangeant et en buvant : c’est la mitsva du « plaisir du Chabbat » (oneg Chabbat). De plus, nos Sages ont dit que la mitsva du « plaisir du Chabbat » est vraiment un aperçu du monde à venir. En d’autres termes, quiconque se délecte du Chabbat avec de bons mets profite en fait du monde à venir, comme nous le chantons d’ailleurs chaque semaine : « Un aperçu du monde à venir, c’est le repos du Chabbat. » C’est comme si, en mangeant et en buvant pendant le Chabbat, on profitait d’aliments et de boissons provenant du monde futur. Or une nourriture venant du monde futur, c’est-à-dire d’une source sainte et élevée, contient les mêmes vertus suprêmes que la manne, qui en provenait elle aussi. Par conséquent, on doit se préparer comme il se doit en l’honneur du Chabbat, s’apprêter à l’accueillir dans la sainteté et la pureté, et le moment venu, le célébrer avec joie. Il nous faut également installer la sainteté du Chabbat dans la maison à travers la nourriture et la boisson, chose que l’on ne ressent pas pendant les jours de la semaine. Alors à ce moment-là, il est certain que les plats du Chabbat, provenant d’une source élevée, seront absorbés dans notre sang et nous aideront à briser nos désirs et à nous rapprocher du service divin. En effet, nous avons bien vu que la consommation de la manne était une préparation au don de la Torah, comme il est dit (Mekhilta DeRabbi Yichmaël Bechala’h 2) : « La Torah ne peut être commentée que par ceux qui mangent la manne. » Je pense trouver une allusion à cela dans le verset cité plus haut « Alors (az) tu te délecteras » : le mot « az » (alors) a la valeur numérique de huit. Or comme nous le savons, le nombre « huit » représente le huitième jour, jour qui est au-delà de la nature. C’est un nombre sacré. En d’autres termes, il s’agit de la Torah. Tu mériteras donc d’atteindre le « az » lorsque « tu te délecteras en Hachem » pendant le Chabbat. C’est ce que représente la manne, cette nourriture céleste qui se trouve encore de nos jours chez les tsaddikim. Mais afin de mieux comprendre, commençons par parler de la force et de la sainteté du tsaddik. Quand les bnei Israël se sont approchés de la mer alors que les Egyptiens les poursuivaient, ils ont imploré Hachem de les sauver (Chemot 14, 10). Mais ils se sont aussi plaints auprès de Moché (ibid. 11) en demandant pourquoi il les avait fait sortir d’Egypte. Alors Moché les a calmés avec des paroles de foi et de confiance, et leur a dit (ibid.13) : « Attendez, et vous serez témoins de l’aide de Hachem. » Puis il a ajouté : « Hachem combattra pour vous, et vous vous tairez », leur assurant ainsi que D. serait avec eux et les sauverait. Il est donc clair qu’en entendant les propos de Moché, les bnei Israël ont renforcé leur foi en D., ont cessé de crier et de se plaindre et ont attendu la délivrance, si bien qu’il est difficile de comprendre pourquoi juste après, Hachem a dit à Moché : « Pourquoi cries-tu vers Moi ? Ordonne aux enfants d’Israël de se mettre en marche. » Moché venait pourtant d’apaiser les bnei Israël et il s’est associé à eux dans la foi et la confiance. Or c’est précisément maintenant que Hachem lui dit « Pourquoi cries-tu vers Moi », au moment où il avait déjà cessé de L’implorer ! Il est bien évident que les bnei Israël avaient accepté les paroles de Moché, s’étaient sentis fiers en entendant cette promesse et sont restés silencieux dans l’espoir de la délivrance. Mais au fond d’eux-mêmes s’agitait encore la supplication d’une délivrance, naturellement dans leur foi en leur Créateur, Qui les protègerait de tout mal. Cette supplication est montée jusqu’aux cieux et est arrivée jusqu’à D., c’est pourquoi Il a dit à Moché « Pourquoi m’implores-tu ? » : votre prière, celle de votre cœur, m’implore avec des cris redoutables ! Telle était la force des tsaddikim de cette époque. Les tsaddikim de cette trempe agissent en tout avec sainteté et pureté. Même dans leur alimentation, leur intention est suprêmement élevée. Ils ne mangent pas afin d’assouvir leurs désirs matériels, mais au contraire, en mangeant de bons plats, ils brisent les passions de leur corps et s’efforcent de ne pas tirer plaisir de l’aliment. En effet, ils mangent uniquement pour donner de la force à leur corps et ajouter de la puissance à leur service de D. et à l’accomplissement de Sa volonté. Plus encore, la nourriture est absorbée par leur corps et s’ajoute réellement à eux, afin qu’ils puissent fournir des efforts pour la Torah, comprendre les profondeurs de ses mystères et tirer du plaisir uniquement de cela. Il est évident que le tsaddik atteint, par sa sainte pensée, ce qu’il désire, puisque la nourriture, absorbée par son sang, annule les plaisirs matériels et intensifie les plaisirs spirituels. Il s’agit donc d’une nourriture spirituelle, qui est d’essence céleste. A ce sujet, nos Sages disent (Yoma 71a) que la nourriture des tsaddikim ressemble à un sacrifice, à de la nourriture provenant de l’autel : « Quiconque veut verser du vin sur l’autel versera du vin dans la bouche des talmidei ‘hakhamim », ou encore (Berakhot 64a) : « Quiconque profite d’un repas où un érudit est présent est considéré comme profitant de l’éclat de la présence divine », car en mangeant, les tsaddikim sacrifient leurs désirs matériels : leur repas est semblable à un sacrifice. LES PAROLES DES SAGES Les mitsvot qu’on piétine avec ses talons « Il arrivera, si (ekev) vous écoutez ces lois, les observez et les accomplissez » (7, 12) « Si vous écoutez les mitsvot qu’on piétine avec ses talons (akevav) », explique Rachi. Combien y-a-t-il de mitsvot qu’on « piétine avec ses talons » ? Nous ne le savons pas, mais nous savons qu’il y a une mitsva sur laquelle la Torah insiste beaucoup. De même que nous connaissons bien, malheureusement, une réalité internationale qui fait que dans le monde entier, les limites de la pudeur ont été brisées, et que toute sortie de chez soi comporte un grand danger spirituel. Evidemment, nous parlons ici uniquement d’une maison dans laquelle réside la Chekhina, étant bien entendu que ses habitants ne l’ont pas chassée avec des téléphones portables ou des ordinateurs qui contiennent en eux les graves fautes de l’idolâtrie, de la débauche et du meurtre. On nous a déjà mis en garde à ce sujet : « afin que vous ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux ». C’est précisément cet avertissement qui répond à la définition de « mitsvot qu’on piétine avec ses talons ». Dans son livre « Tiféret Israël », Rabbi Ya’akov Israël Lugassy cite une question qu’il a entendue du machguia’h Rabbi Dan Segal (lors de son oraison funèbre de Rav Nissim Yaguen) : « Pourquoi la Torah attribue-t-elle toute la récompense justement aux mitsvot qu’on piétine ? Il existe des mitsvot importantes et difficiles dont le respect devrait comporter une grande récompense ! » Et il répond : « En réalité, la fidélité envers D. se mesure aux petites mitsvot. On retire de l’accomplissement de grandes mitsvot satisfaction et encouragement, ce qui n’est pas le cas pour les mitsvot plus faciles. Seule la personne véritablement fidèle accomplit minutieusement chaque petit détail, sans prêter attention à la valeur de la mitsva, mais plutôt à Celui qui l’a ordonnée. » Voici donc ce qu’il faut absolument savoir et retenir : il est totalement impossible, d’après le cours naturel des choses, d’acquérir la Torah sans préserver son regard. Ce n’est pas sans raison qu’on a pour habitude, la première fois qu’on emmène un enfant apprendre le « aleph-beit » pour plus tard étudier la Torah, de lui couvrir la tête d’un talit pendant tout le chemin pour qu’il ne voie rien d’impur et d’interdit en route. Cette coutume prend sa source dans les propos de Rabbeinou Elazar de Garmiza zatsal, un des ba’alei Hatossefot, dans son livre « Harokéa’h » (296) : « On couvre l’enfant afin qu’il ne voie pas un non-juif ni un chien le jour où on l’emmène apprendre le ‘‘aleph-beit’’, etc. » Tout cela vient nous enseigner que si l’on aspire à la sainte Torah, à nous de savoir qu’il faut en premier lieu veiller à protéger et à sanctifier nos yeux. Alors seulement, on méritera d’acquérir la Torah et de s’élever. J’étais à Vilna et à Kovno Dans son discours d’introduction lors du rassemblement «Yar’hei Kala » à la yéchiva de Poniewitz, le gaon Rabbi Elazar Mena’hem Shakh zatsal a évoqué la nécessité actuelle de se renforcer dans ce domaine. En effet, nombreux sont ceux qui se dressent contre nous et nous devons nous armer de courage et lutter contre ce courant. Mais qu’y a-t-il donc à combattre dans la rue ? « La rue est pleine d’une débauche indescriptible. Regardez à quel stade nous en sommes arrivés, à quoi ressemble la rue ! Aujourd’hui, il est devenu compliqué de sortir, de passer dans la rue. Même quelqu’un qui doit aller faire une petite course se trouve confronté à une difficulté. En effet, quiconque passe près d’une vitrine, prend la voiture, le train ou l’avion est exposé à une terrible impudeur. Regardez où nous en sommes arrivés : il est devenu impossible de sortir ! « Dans ma jeunesse, j’étais aussi dans des grandes villes et je sortais dans la rue. J’étais à Vilna, à Kovno, et dans d’autres grandes villes, et on pouvait sortir tranquillement. Mais aujourd’hui, il n’est pas seulement impossible de se promener dans la rue : même sortir de la maison est devenu impossible ! « Dites-moi, vous, en tant que pères, pouvez-vous permettre à vos filles de sortir ? Pouvez-vous autoriser vos fils à le faire ? Peut-on leur faire confiance ? Comment rester les bras croisés, tranquillement avec son talit au beit hamidrach, sans savoir où se trouvent les enfants ? Il faut sortir et s’écrier : ‘‘Malheur, au feu !’’ Il est impossible de rester tranquille dans un moment pareil. Croyez-moi, chers parents, nous devons nous renforcer ! » Parce que je préserve mes yeux Le directeur de la yéchiva « Porat Yossef », le gaon Rabbi Yéhouda Tsadka, a raconté qu’un des grands rabbanim s’était une fois plaint auprès de Baba Salé, Rabbi Israël Abou’hatseira. Il lui avait demandé pourquoi sa propre prière restait sans réponse, alors que lorsque l’Admor (Baba Salé) priait, il était exaucé. Voici ce qu’il lui a répondu : « C’est parce que je préserve mes yeux et ma bouche ! » Le roch yéchiva en question était certainement très imprégné de Torah. Il va sans dire qu’il protégeait également ses yeux des spectacles interdits… mais pas aussi totalement que le tsaddik, et cela créait une énorme différence entre eux : ses prières restaient déjà sans réponse. Quant à nous, qu’allons-nous prétendre ? A quoi ressemble notre étude ? Combien d’images interdites voyons-nous ? Pourtant, nous souhaitons que D. exauce nos prières. Alors, veillons plus encore à ce que nous regardons ! Le gaon Rabbi Yitz’hak Zilberstein chelita a raconté qu’il a une fois entendu le saint « Chomer Emounim » dire : « Nos Sages ont affirmé ‘‘Quiconque est face à une image de débauche et ne la regarde pas mérite de percevoir la Chekhina.’’ S’il en est ainsi, puisque la lumière de la présence divine est alors dirigée vers lui, ce moment est propice à la prière. Il peut formuler des requêtes et épancher son cœur devant D. pendant qu’il baisse les yeux et surmonte son mauvais penchant. » Dans son livre « Tiféret Israël », le Rav Ya’akov Lugassy précise qu’il a entendu des histoires extraordinaires qui confirment ce fait. Il est donc vérifié qu’une telle attitude permet d’attirer une abondance spirituelle ou matérielle. On ne peut déjà plus les reconnaître Le « Saraph de Kotzk » zatsal dirigeait sa communauté avec beaucoup de vigueur. Des avrekhim recherchant l’élévation et la vérité affluaient à Kotzk pour être guidés dans le service divin, progresser et se purifier. Puis après une période d’élévation, ils reprenaient leur routine, jusqu’à la fois suivante. Alors le Rav s’exclamait avec amertume : « Quand ils viennent ici, je fournis beaucoup d’efforts pour rectifier leur conduite et les aider à s’améliorer. Mais quand ils reviennent la fois suivante, on ne peut déjà plus les reconnaître… » GARDE TA LANGUE Même son père ou son maître L’interdit de la médisance est valable que la personne raconte la chose d’elle-même ou qu’on ait insisté auprès d’elle pour qu’elle raconte. Même si celui qui a insisté est son père ou son maître, et même s’il s’agit uniquement de « poussière de médisance », elle a transgressé un interdit. Et bien entendu si cette attitude ne provoque rien de plus grave que des insultes, il lui est interdit de raconter quoi que ce soit. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Etudier la Torah et pratiquer les mitsvot dans la joie « Il arrivera (véhaya), si vous obéissez à ces lois et si vous les observez et les accomplissez, que Hachem votre D. sera fidèle à Son alliance et à la bonté qu’Il a jurée à vos pères » (Devarim 7, 12) On connaît l’enseignement des Sages (Méguila 10, Béréchit Rabba 42, 3) selon lequel « l’expression « vayéhi » dénote toujours un malheur, alors que « véhaya » dénote toujours une joie ». Ainsi, dans le keryat Chema, il est dit (Devarim 11, 13) : « Il arrivera (véhaya), si vous obéissez absolument aux mitsvot que Je vous ordonne aujourd’hui, aider Hachem votre D. et Le servir de tout votre cœur et de toute votre âme, que Je donnerai la pluie à votre pays en son temps, pluie de printemps et pluie d’arrière-saison. » Là aussi, c’est l’expression qui dénote la joie. Cela signifie que lorsqu’il y a la joie dans le service de D. et que la Torah et les mitsvot s’accomplissent dans la joie de la mitsva d’avoir mérité de servir un aussi grand roi, alors il y a de bonnes influences de la part du Créateur : la pluie et ainsi de suite. De la même façon, dans notre paracha, si le peuple d’Israël accomplit toutes les mitsvot de Hachem dans la joie, Hachem lui épargnera toutes les maladies et il aura une bonne vie dans toutes les circonstances. Mais en revanche, nous devons savoir que l’inverse est également vrai : quand la joie manque dans le service de D., alors malheureusement de mauvais décrets tombent sur le monde, ainsi qu’il est écrit (Devarim 28, 47) : « parce que vous n’avez pas servi Hachem votre D. dans la joie et de tout cœur quand vous aviez tout ». A quoi est-ce que cela ressemble ? Aux vanités de ce monde : quand on reçoit la nouvelle qu’on a gagné à la loterie, même si l’on n’a encore rien reçu et qu’on n’a même pas vu l’argent, on se réjouit déjà, on est très ému et on projette ce qu’on va faire avec tellement d’argent. De même, et plus encore, on doit être constamment heureux d’avoir la possibilité de faire de nombreuses mitsvot, et de mériter grâce à elles un bonheur infini dans le monde à venir, sans compter qu’il y a beaucoup de mitsvot dont on reçoit les fruits en ce monde-ci, comme l’ont dit les Sages (Péa 1, 1). Lorsque nous observons le verset, nous voyons que la Torah dit ici « Il arrivera si (ekev) vous obéissez », la joie doit être dans la mitsva, et il n’est pas obligatoire que ce soit dans de grandes ou graves mitsvot, ou dans des mitsvot rares qui ne se présentent que très rarement, mais dans chaque mitsva, même celles qui sont comme un « talon » (ekev) qu’on foule aux pieds, comme l’explique Rachi au nom des Sages (Yalkout Chimoni Téhilim). Celles-là aussi, il faut les accomplir dans la joie. A LA SOURCE « Il t’aimera, te bénira et te multipliera » (7, 13) En observant tout ce passage, on y trouve dix-sept bénédictions. Il y a en cela une allusion, comme l’écrit le livre « Kana Avraham », d’après ce qu’ont dit les Sages dans la Guemara (Bava Batra 9b) : celui qui donne une perouta à un pauvre et lui parle doucement reçoit dix-sept bénédictions. Le signe en est : « Tov ayin hou yévorakh » (celui qui regarde d’un œil généreux sera béni), le mot « tov » ayant la valeur numérique de dix-sept. « Toutes les mauvaises plaies de l’Egypte que tu as connues, Il ne les placeras pas sur toi, et les donnera à tous tes ennemis » (7, 15) Comment les bnei Israël ont-ils connu les plaies d’Egypte, puisque seuls les Egyptiens en étaient frappés ? De plus, pourquoi en ce qui concerne les bnei Israël, le verset s’exprime-t-il en termes de « placer » alors que pour les ennemis, c’est « donner » ? Apparemment, pourquoi le même terme n’est-il pas utilisé dans les deux cas ? Le livre « Peninim Yékarim » répond à cela en se basant sur l’enseignement des Sages selon lequel à chaque fois qu’une plaie s’abattait sur les Egyptiens, il y en avait un petit peu chez les bnei Israël pendant un moment, pour qu’ils sachent ce que souffraient les Egyptiens. Cela permet de comprendre ce que dit la Torah, « que tu as connues », puisque les bnei Israël avaient connu un peu des plaies d’Egypte. Cela explique également le changement de l’expression utilisée envers les bnei Israël et leurs ennemis. En effet, les Tossefot écrivent (Mena’hot 40a) que lorsque l’expression « donner » est employée, il s’agit d’une certaine quantité qu’on donne, alors que dans l’expression « placer », il s’agit même de la moindre chose. C’est pourquoi la Torah a dit que toutes les mauvaises plaies de l’Egypte que tu as un peu connues, « Il ne les placera pas sur toi », même un tout petit peu, mais sur tes ennemis Il les « donnera », en bonne quantité. « Et maintenant Israël, qu’est-ce que Hachem ton D. te demande » (10, 12) Le traité Mena’hot (43b) enseigne au nom de Rabbi Méïr : « Il faut prononcer cent bénédictions tous les jours, ainsi qu’il est dit : « Et maintenant Israël, qu’est-ce que Hachem ton D. te demande » », verset sur lequel Rachi explique qu’il ne faut pas lire « ma » (qu’est-ce que) mais « méa » (cent), c’est-à-dire que le Saint, béni soit-Il nous demande de dire cent bénédictions chaque jour. Dans une autre explication qui figure dans les Tossefot, Rabbeinou Tam explique que le verset « Et maintenant, Israël, qu’est-ce que Hachem ton D. te demande » comporte cent lettres (en écrivant « choel » (demande) avec un « vav »), ce qui correspond aux cent bénédictions qu’il faut prononcer chaque jour. Le Tour (Ora’h ‘Haïm 46) donne comme raison de ce décret au nom des Gueonim qu’à l’époque du roi David, cent juifs rendaient l’âme tous les jours, et on ne savait pas pourquoi, jusqu’à ce qu’il comprenne par l’esprit saint qu’il fallait dire cent bénédictions tous les jours, c’est pourquoi il a dit « parole de l’homme qui a été élevé au-dessus (« al ») (II Chemouël 23, 1), le mot « al » ayant la valeur numérique de cent. LA VIE DANS LA PARACHA A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar « Il rétribue Ses ennemis directement pour le perdre » (7, 10) Pourquoi est-il dit « Ses ennemis » au pluriel, et ensuite « pour le perdre » au singulier ? La raison du pluriel est peut-être qu’Il ne rétribue le méchant directement que lorsqu’Il constate qu’il n’est pas le seul, mais que ses descendants se comporteront aussi de la même façon, si bien qu’il n’y a aucun espoir pour lui. C’est pourquoi « Il rétribue Ses ennemis » au pluriel. Mais s’il y a un seul ennemi et que sa descendance ne l’imite pas, le fils donne du mérite à son père (Sanhédrin 104), et Il ne le rétribue pas au point de le perdre. « Directement » a été expliqué ainsi par les Sages (Yérouchalmi Avoda Zara chapitre 3 halakha 1) : avant leur mort, D. fait goûter aux tsaddikim un peu de leur monde à venir, leur âme est rassasiée et ils s’endorment dans la joie, alors qu’Il montre aux méchants le mal qui les attend avant qu’ils quittent ce monde. C’est cela « Il ne diffère pas envers Son ennemi », en ce monde-ci avant que son visage soit recouvert de poussière, Il lui montre son châtiment, Il n’attend pas jusqu’à ce qu’il soit arrivé là-bas. LES SENTIERS DES JUSTES Pour acquérir les valeurs et les bonnes midot Il y a vingt-huit ans du décès de l’auteur de « Kehilot Ya'akov », le tsaddik Rabbi Ya'akov Israël Kaniewsky zatsal, le « Steipler », comme tout le monde l’appelait, et en l’honneur du tsaddik, nous allons citer certains de ses enseignements sur le foyer juif, avec des coutumes concernant la conduite morale à tenir envers le prochain. La porte du « Kehilot Ya'akov », dans la rue Rachbam à Bnei Brak, était ouverte à quiconque avait besoin d’un conseil dans son service de D., quiconque avait un grave problème et désirait une bénédiction. Non seulement sa porte était ouverte, mais son cœur l’était également à tous ceux qui demandaient à être guidés par lui. Dans ses dernières années, sa famille le suppliait de fermer un peu la porte, mais il refusait. Il craignait que ne l’attende un homme brisé qui avait besoin de ses encouragements. « Comment peut-on fermer la porte, s’étonnait-il, parfois un juif qu’il faut renforcer et encourager a besoin de moi, et il est impossible de savoir par quel mérite nous vivons… » Il restait ainsi assis pendant de longues heures pour encourager les cœurs meurtris et panser leurs blessures. Des malheureux venaient le trouver, il leur expliquait doucement que leur souffrance était ce qu’il y avait de mieux pour eux, et ils repartaient encouragés et joyeux. Un avrekh talmid ‘hakham était venu lui demander de le guider dans l’étude. Après lui avoir donné des consignes détaillées, alors qu’il se levait déjà pour partir, le Steipler lui demanda de se rasseoir parce qu’il avait quelque chose à ajouter. Il lui dit : « N’oubliez pas d’aider à la maison. Je vois que vous êtes un ben Torah, assidu dans l’étude, mais votre famille a aussi besoin de votre attention. Quand vous allez maintenant rentrer à la maison, demandez à votre femme si elle a besoin d’une aide quelconque… » Lorsque l’avrekh répondit : « Ma femme est très pieuse, et elle veut vraiment et sincèrement que j’étudie et que je me consacre à la Torah », le Steipler reprit : « C’est vrai, c’est sa mitsva à elle, mais votre mitsva à vous est de l’aider à la maison… » En une autre occasion, un avrekh entra chez lui pour lui demander s’il était permis de porter un talit katan jusqu’aux genoux, ou bien si c’était peut-être une manifestation d’orgueil. Voici ce qu’il lui répondit : « Il n’y a aucune crainte d’orgueil, mais un avrekh doit s’habiller convenablement, parce qu’une femme aime que son mari ait l’air normal. Le fait qu’elle accepte de le voir se promener ainsi provient de ce qu’elle veut faire sa volonté, mais en elle-même, elle n’est pas tellement d’accord, et il faut faire très attention à la respecter. » Comment le gaon zatsal voyait le foyer juif quand il est dépourvu de bons traits de caractère et d’un comportement moral, nous pouvons l’apprendre de l’histoire suivante. Un père était arrivé chez lui avec une question grave : on a fait à ma fille deux propositions de chidoukh. Dans la première, il s’agit d’un jeune homme grand dans l’étude de la Torah, et la deuxième concerne un jeune homme dont la grandeur est plutôt dans le domaine des midot. Qu’est-ce qui est préférable ? Le Steipler zatsal ne répondit pas directement à la question, mais s’exprima ainsi : « Une maison où il n’y a pas de bonnes midot, c’est l’enfer ! » Cette idée figure également dans l’introduction au « Cha’ar HaMoussar » dans le livre « Alei Chour » (Deuxième partie), où le machguia’h Rabbi Chelomo Wolbe zatsal écrit : « Je rédige ceci pendant l’année de deuil du grand de la génération, le gaon Rav Kaniewski, le Steipler, qui a mis le moussar à la place qui lui revient. Il a dit explicitement qu’une assiduité exceptionnelle ne mène pas nécessairement aux bonnes midot. Seul celui qui travaille sur ce point en étudiant beaucoup de moussar, en vérifiant constamment où en est sa situation spirituelle et en luttant contre ses défauts, ses appétits et ses désirs devient quelqu’un qui est doué de bonnes midot. » Voici un fait qui concrétise la façon dont le gaon zatsal veillait sur ses midot et ses comportements, et s’adonnait à un examen de conscience approfondi sur la façon dont il devait améliorer ses qualités morales et sa conduite : Quand un certain talmid ‘hakham rentra chez lui avec son fils âgé de trois ans, des ciseaux à la main, pour lui demander, selon la coutume des juifs de sa région, de couper les cheveux à l’enfant, il lui répondit immédiatement que le Rav de Brisk zatsal disait dans des cas semblables : « Je ne suis pas un coiffeur ! » Il était pourtant très important pour ce talmid ‘hakham que ce soit le tsaddik qui coupe les cheveux de son jeune fils. Il le supplia en insistant beaucoup, et le gaon finit par accepter de couper une mèche de la tête de l’enfant. Il lui donna aussi sa bénédiction de grandir dans la Torah et d’avoir beaucoup de satisfaction, comme c’est l’usage. Quelques jours plus tard, un fils naquit chez cette même personne, et il rentra chez le gaon pour lui faire part de sa joie. Après lui avoir donné sa bénédiction, le tsaddik lui dit : « Il y a déjà plusieurs jours que je ne trouve pas de repos. Pourquoi un juif comme moi a-t-il de pareils défauts ? Est-ce que j’avais besoin de dire à quelqu’un qui me demande le service de couper une mèche de cheveux à son fils que le Rav de Brisk disait qu’il n’était pas un coiffeur ? Je dois travailler sur moi-même ! Je dois vous demander pardon… » Une immense protection dans le ciel Pour terminer cet article, nous allons citer ici la lettre écrite par le gaon auteur de « Kehilot Ya'akov » zatsal concernant la réussite dans l’éducation des enfants et la paix du foyer. Les enfants qui grandissent dans une maison où la mère prie en faisant attention à chaque mot comprennent mieux la Guemara et la Michna que tout autre enfant. Les enfants qui grandissent dans une maison où la mère dit chaque bénédiction lentement et posément ont de meilleures midot et moins d’insolence. Quand une mère prie tous les jours et lève les yeux vers le ciel, ses enfants réussissent mieux que les autres. Les enfants qui grandissent dans une maison où la mère cède au père et ne lui fait pas de remarques ont des bonnes midot et une nourriture spirituelle plus haute et plus sainte que tout autre enfant. La bénédiction « chehakol nihiya bidevaro » (par qui tout a été fait) dite par une mère à haute voix dans la maison a plus d’influence que n’importe quel cours sur l’éducation. Les enfants qui grandissent dans une maison où la mère dit le birkat hamazon à haute voix sont protégés des maladies et des accidents de voiture, et ils ont un immense soutien dans le ciel. Quand une mère évoque le nom de D. en disant tous les jours « beezrat Hachem » (avec l’aide de D.) et « baroukh Hachem » (D. merci), ses enfants ont sur le visage la même grâce que Yossef HaTsaddik.
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