Parachat Reéh 23 Août 2014 27 Av 5774 |
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Le pèlerinage des fêtes influe sur toute l’année (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) « Trois fois dans l’année, tout mâle se montrera devant Hachem ton D. à l’endroit qu’Il choisira, à la fête des matsot, à la fête de Chavouot et à la fête de Soukot, et il ne se présentera pas devant Hachem les mains vides » (Devarim 16, 16). Nous avons l’ordre de monter au Temple en pèlerinage aux trois fêtes principales. Mais il faut comprendre quelle est en fait la raison de cette mitsva que Hachem nous a donnée. On peut l’expliquer de façon à éclaircir aussi la juxtaposition de la fin de la parachat Reeh avec le début de la parachat Choftim, où nous trouvons la nomination des juges et des préposés dans toutes nos portes. Pendant toute l’année, il faut lutter contre le mauvais penchant qui cherche à nous détourner du service de Hachem, et surtout de la foi en Lui. En effet, il séduit l’homme en lui insinuant : « Pourquoi aller t’enfermer au beit hamidrach en renonçant aux plaisirs de ce monde ? Mange et bois, car demain nous mourrons, et qui dit qu’il y ait vraiment un monde à venir, pour qu’à cause de cela tu délaisses toute satisfaction ? Est-ce que quelqu’un est revenu du monde à venir pour nous raconter qu’il y a là-bas un autre monde, différent de celui que voient nos yeux?» Ainsi, il instille en nous des doutes et cherche à ébranler notre foi dans Hachem et dans Sa Torah, ainsi que dans la récompense et le châtiment. De plus, le yetser trouve de nouveaux arguments tous les jours, en insistant surtout sur la foi, qui est la base de toutes les mitsvot, comme l’ont dit les Sages (Makot 24a) : « ‘Habakouk est venu et a résumé tous les principes en un seul : « Le juste vivra par sa foi » (‘Habakouk 2, 4). » Le mauvais penchant porte donc atteinte à la foi. Or s’il n’y a pas de foi en D. ou si elle n’est pas assez forte, comment pourrait-on accomplir les mitsvot ? Et même si on les accomplit, ce ne sera pas considéré comme une mitsva, si l’on ne croit pas en Celui Qui en a donné l’ordre. Ainsi, pendant toute l’année on a de la difficulté à vaincre le yetser hara, contre lequel il faut mener un combat très ferme. C’est pourquoi le Saint, béni soit-Il nous a donné dans Sa sagesse la mitsva de nous présenter pendant les fêtes de pèlerinage à Jérusalem et au Temple, trois fois par an, afin qu’ainsi la foi dans le Créateur se trouve renforcée. En effet, la vue des cohanim qui servent Hachem va provoquer un éveil, lorsqu’on les contemple dans l’accomplissement de leur service, sans parler des léviïm en train de chanter et de jouer des instruments. Tout cela va entraîner l’éveil désiré. De même, quand les pèlerins arrivaient au Temple, on leur montrait le pain de proposition qui était encore chaud au bout de huit jours, comme le raconte la fin du traité ‘Haguiga (26b) : « On l’élevait, on le montrait aux pèlerins en leur disant : « Voyez combien vous êtes chers à D. », puis on enlevait le pain aussi chaud que le jour où on l’avait apporté. » C’est également une allusion à la subsistance des bnei Israël, car de même que le Saint, béni soit-Il gardait chaud le pain de proposition sans qu’il vieillisse ni ne moisisse, Il n’oublie pas non plus de donner à chacun sa subsistance et à chaque corps sa sépulture. En fonction de notre foi, il y aura une abondance de subsistance. On montrait aussi aux pèlerins la jarre de manne qui était encore en bon état, en commémoration éternelle du fait que le Saint, béni soit-Il a nourri tous les bnei Israël pendant quarante ans dans le désert. Toutes ces choses faisaient pénétrer la foi dans le cœur des bnei Israël lorsqu’ils allaient au Temple en pèlerinage. De plus, comme on le sait, lorsqu’ils revenaient de Jérusalem après leur pèlerinage, ils constataient que tous leurs biens étaient restés intacts, sans qu’aucune espèce de voleurs y ait porté atteinte, comme le disent les Sages (Yérouchalmi Péa chapitre 3 halakha 7). Même le lait qui était resté dans le pis des vaches n’avait pas tourné pendant les semaines où les juifs se trouvaient à Jérusalem, bien qu’ils n’aient laissé personne pour garder leurs biens. Bien sûr, je me demande seulement comment ils pouvaient laisser des vaches sans les traire pendant plusieurs semaines, cela me paraît effrayant ! Mais il est certain que tout cela provenait de la foi puissante dans le Créateur du monde qui les soutenait pendant tout ce temps-là. En réfléchissant, nous constatons que c’est justement pendant ces trois fêtes, Pessa’h, Chavouot et Soukot, qu’on peut le mieux raffermir la foi en Hachem. A Pessa’h, la foi se renforce, car aujourd’hui, au bout de nombreuses années, il n’y a plus personne qui ait vu les miracles de la sortie d’Egypte : nous croyons seulement en Hachem grâce à ce qui est écrit dans la Torah et qui s’est transmis de génération en génération, tous ces miracles et ces merveilles que Hachem a fait à nos ancêtres en Egypte. Et ce n’est pas seulement nos ancêtres, mais nous aussi que D. a délivrés, car toutes les âmes d’Israël se trouvaient là-bas. Cette foi consolide aussi la confiance dans toutes les mitsvot. Et aujourd’hui, il y a également une foi dans la délivrance à venir, ainsi qu’il est écrit (Mikha 7, 15) : « Comme le jour où tu es sorti du pays d’Egypte, Je lui montrerai des merveilles. » Nous espérons et prions constamment de mériter d’être l’année suivante à Jérusalem avec le Temple reconstruit. Du fait que l’on venait en pèlerinage et qu’on jouissait de l’éclat de la Chekhina, on méritait de voir Hachem comme face à face, à un niveau extrêmement élevé. On voyait les cohanim qui servaient D. et on revenait ensuite dans une grande joie, en continuant avec encore plus d’enthousiasme à servir D. et à croire en Lui et en Sa Torah. Et ainsi, on avait la force de lutter toute l’année contre le mauvais penchant, qui cherche toujours à faire tomber l’homme. J’ai encore pensé à ce sujet que ce pèlerinage évoque le verset « Sa bannière (diglo) étendue sur moi, c’est l’amour (Chir HaChirim 2, 4), que les Sages ont interprété comme « dilougo » (son saut) (Bemidbar Rabba 2, 3). Cela signifie que par le pèlerinage, on montre son amour pour Hachem en « sautant » par-dessus les montagnes et les collines pour arriver jusqu’à Jérusalem, ainsi qu’il est écrit (Téhilim 122, 2) : « Nos pieds se tenaient dans tes portes, Jérusalem ! » Il évoque également l’holocauste, dont il est écrit (Vayikra 1, 2) : « Si un homme d’entre vous sacrifie… si son sacrifice est un holocauste », c’est-à-dire que par ce pèlerinage, l’homme se transforme en holocauste. En effet, celui qui aime Hachem et se donne du mal pour Lui s’appelle un holocauste parfait. LES PAROLES DES SAGES Comment gagner sa vie La bénédiction de Hachem promise au peuple d’Israël telle qu’elle figure au début de notre paracha, « la bénédiction si vous obéissez aux mitsvot de Hachem », et dans la suite, « car Hachem ton D. t’a béni comme Il te l’avait dit », nous a menés à consulter un certain nombre d’ouvrages, dont nous avons extrait plusieurs conseils et coutumes susceptibles d’attirer la bénédiction, l’abondance et la subsistance. Il semble que l’enseignement de la Guemara dans le traité Pessa’him (118a) est bien connu de tout juif : « Rabbi Chizbi a dit au nom de Rabbi Eliezer que donner à l’homme sa subsistance est aussi difficile que de fendre la mer, ainsi qu’il est écrit « Il donne de la nourriture à toute chair », et immédiatement après « Qui divise la mer en fragments ». » Le ‘Hozé de Lublin zatsal estime, sur la base de cet enseignement, que lorsqu’il paraît difficile de gagner sa vie de façon normale, on doit se conduire comme au moment où la mer s’est fendue. A ce moment-là, les bnei Israël n’avaient aucune chance d’être sauvés de façon naturelle. Devant eux il y avait la mer, derrière eux les Egyptiens, et partout où ils se tournaient, le danger les guettait. Ils n’avaient donc plus d’autre choix que de faire confiance à D., Qui est bon et miséricordieux, pour qu’Il leur envoie le salut de façon surnaturelle. Et comme ils étaient remplis de foi et de confiance qu’Il les tirerait de ce mauvais pas, ils ont sauté dans la mer et cela leur a sauvé la vie : elle s’est fendue et les Egyptiens s’y sont noyés. C’est exactement comme cela qu’on doit se comporter quand on a du mal à gagner sa vie : il ne faut compter sur personne, ni investir toute son intelligence dans des soucis de subsistance qui troublent le repos et dérangent l’étude de la Torah, mais faire confiance à D. qu’Il enverra Son aide et que les sources de la subsistance sont déjà en train de « nous poursuivre ». Par le mérite de la prière Le livre « Maor VaChémech » (parachat Michpatim) attire l’attention sur la prière en commun, qui a le pouvoir d’attirer l’abondance : « En particulier au moment de la prière, chacun doit faire extrêmement attention à prier avec la communauté, auquel cas il peut être assuré qu’il gagnera sa vie constamment dans l’abondance. » A ce propos, il faut ajouter ce que dit Rabbi Yitz’hak de Stitchin zatsal (cité dans « Ha’Hokhma Meayin ») : « Je suis prêt à promettre une subsistance abondante à quiconque prie en faisant attention à chaque mot. » Le livre « Roé Néeman Israël » raconte que Rabbi Yitzikel de Peschewarsk zatsal a dit une fois : Les gens cherchent des segoulot pour bien gagner leur vie, je dis que la meilleure segoula est de se concentrer sur le sens de chaque mot dans la prière du Chemonè Esré. On dit au nom du Rav de Belz zatsal que celui qui dit les birkot hacha’har sans talit et tefilin a du mal à gagner sa vie correctement. La lecture du passage de la ketoret sur parchemin et en lettres carrées est également connue comme une segoula pour la subsistance. Elle est citée par le gaon Rabbi ‘Haïm Faladji zatsal dans son livre « Kaf Ha’Haïm » au nom du « Méïl Tsedaka » : il faut écrire le passage de la ketoret sur un parchemin (du « klaf » ou du « guevil ») en écriture carrée comme dans le séfer Torah, on le lira, et il agira comme segoula, car la ketoret enrichit, et il est promis à celui qui la lit ainsi de toujours gagner sa vie correctement et même abondamment. Le Ben Ich ‘Haï écrit à propos du psaume qu’on lit comme « chir chel yom » du dimanche, « A Hachem la terre et tout ce qu’elle contient », que c’est un psaume susceptible d’amener la subsistance. C’est pourquoi on le dit le dimanche, qui est le premier jour de la semaine, car le Chabbat on ne travaille pas et on ne fait pas de commerce, et c’est le dimanche qu’on reprend ses activités. L’Admor Rabbi David Tsvi de Lelow zatsal a un jour vu quelqu’un qui enlevait ses tefilin avant la fin de la prière. Il lui a fait remarquer qu’il ne faut les enlever qu’une fois la prière terminée, parce que c’est à la fin que descend l’abondance, et il est bon pour la subsistance d’être à ce moment-là couronné des tefilin de Rachi (« Yalkoutei Divrei David »). Par le mérite de la femme Dans son livre « Peta’h Einaïm », le ‘Hida indique ce que dit la Guemara dans le traité Baba Metsia (59a), à savoir que celui qui veille à l’honneur de sa femme mérite la richesse. Il l’explique d’après l’enseignement du traité Sota (13b) : « Quand un homme et une femme sont méritants, la Chekhina repose entre eux. » Cela signifie que l’abondance arrive grâce à la Chekhina, et il n’y a de bénédiction qu’à cause de la femme, qui représente la sefira de « malkhout », laquelle est la source de toutes les bénédictions. Par le mérite du repas « J’ai reçu par tradition de mes maîtres, puisse D. les protéger, que quiconque est attentif au birkat hamazon a pendant toute sa vie largement assez de nourriture » (Séfer Ha’Hinoukh mitsva 430). La Michna Beroura ajoute (185, 1) : « Celui qui est minutieux veillera à lire la bénédiction plutôt que de la réciter par cœur. » Il faut ajouter ici ce que dit le ‘Hida dans son livre « Nitsoutsei Orot » (sur le Zohar) : c’est une segoula pour bien gagner sa vie de dire le birkat hamazon à haute voix et avec joie. On en trouve une allusion dans le verset « La bénédiction de Hachem est ce qui rendra riche » (Michlei 10, 22), c’est-à-dire que le birkat hamazon, dont l’obligation est de la Torah, est ce qui rend riche celui qui le prononce, mais à condition qu’il n’y ajoute aucune manifestation de tristesse. Le livre « Otsrot HaBerakha » rapporte au nom du Rav ‘Haïm Kaniewsky chelita que dans son enfance, l’une des fois où il s’est trouvé chez le ‘Hazon Ich zatsal, il a été témoin de l’histoire suivante : quelqu’un de la famille du ‘Hazon Ich disait le birkat hamazon, et en même temps, il regardait quelque chose et a fait un signe de la main, comme pour dire quelque chose. Quand il a terminé la bénédiction, le ‘Hazon Ich lui a dit : « Je ne comprends pas ! Dans la prière de Chemonè Esré, on a l’habitude de fermer les yeux et de ne rien regarder, à plus forte raison de ne pas faire un signe à quelqu’un ou quoi que ce soit de ce genre, alors que dans le birkat hamazon on ne fait pas tellement attention, or c’est très surprenant, car la prière de Chemonè Esré est seulement d’institution rabbinique, alors que le birkat hamazon est ordonné par la Torah, il est donc évident qu’il faut se montrer au moins aussi sévère que dans le Chemonè Esré ! » Toujours à propos du repas : Rabbi Pin’has de Karitz zatsal a dit qu’il faut veiller à couper le pain avec un couteau et non le rompre à la main, car la subsistance s’appelle « ce qui coupe la vie pour tous les vivants », contrairement au pauvre qui a l’habitude de le rompre (« Imrei Pin’has »). Le ‘Hida a écrit que c’est une segoula de dire le psaume « Hachem est mon berger, je ne manquerai de rien » avant le repas, car il contient 57 lettres (valeur numérique de « zan », la nourriture). Le saint Rav de Shinawa a dit que la salière que l’on pose sur la table pour y tremper le pain doit être pleine, ce qui est une segoula pour la subsistance (« Divrei Yé’hezkel Ha’Hadach »). GARDE TA LANGUE Comme innocemment Il est interdit de médire « par ruse ». Par exemple, Réouven sait déjà ce que Chimon a raconté sur lui, et ils se sont disputés à ce propos. Il est alors interdit d’évoquer ce sujet comme innocemment afin de réveiller leur conflit, même sans prononcer aucun nom. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Le pèlerinage influence tous les jours de l’année « Trois fois par an, tous tes mâles paraîtront en présence de Hachem ton Dieu, dans l'endroit qu’Il aura choisi » (Devarim16, 16) Mon cher fils Rabbi Raphaël Pinto a soulevé une belle idée pour expliquer la juxtaposition du passage sur le pèlerinage et de la parachat Choftim. Lorsque les bnei Israël se rendaient à Jérusalem lors des trois fêtes de pèlerinage, ils se sentaient proches de D. et ressentaient une certaine adhésion à Lui. Puis quand ils rentraient chez eux, dans leurs villes, et voyaient les juges intègres de leur temps qui resplendissaient d’une splendeur céleste, ils se souvenaient des fêtes de pèlerinage et avaient le sentiment d’être encore à la ville sainte de Jérusalem et au Temple. Ceci correspond bien au verset du prophète Isaïe (30, 20) : « Tes yeux pourront voir ton guide. » Alors ils se renforçaient dans la foi en D., atteignant ainsi le niveau qu’ils avaient acquis lors des fêtes de pèlerinage. Nous pouvons appuyer nos propos par les paroles du Sforno dans la parachat Be’houkotaï (26, 12) : les tsaddikim sont comparables au Temple, car la présence divine repose sur eux. Là où ils sont se trouve la gloire de la Chekhina. Ajoutons une allusion : Le mot « Reeh » (avec l’unificateur) a la même valeur numérique que « or » (lumière). Ainsi, lorsque les bnei Israël se rendaient en pèlerinage au mont Moria, ils atteignaient des lumières (orot) suprêmes qui déversaient sur eux une profusion de sainteté et de miséricorde. Puis à leur retour dans leurs villes, ils méritaient encore de percevoir ces même lumières chez les juges et les tsaddikim qui répandaient sur eux la foi et l’attachement à D. De cette manière, le pèlerinage et l’observation des juges et des tsaddikim les influençaient durant toute l’année. A LA SOURCE « Vois, Je place devant vous aujourd’hui la bénédiction et la malédiction » (11, 26) Rabbi Hirscheli, originaire du village de Gidzel, était considéré comme un tsaddik caché et les grands de sa génération le respectaient et l’estimaient beaucoup. Un jour, Rabbi Avraham Moché de Peschis’ha et Rabbi Yitz’hak de Varki se sont rendus chez lui pour tester son niveau. Les deux Rabbanim partageaient des paroles de Torah au sujet de la parachat Reeh, et ils lui ont demandé de dire aussi un petit mot de Torah. C’est de cette manière qu’ils comptaient le mettre à l’épreuve. Alors le Rav a pris la parole : « Qu’est-ce qu’un paysan comme moi peut bien dire ? De la Torah paysanne… Il est écrit dans la paracha ‘‘Vois, je’’. Cela signifie que chacun doit regarder et examiner son propre ‘‘je’’, sans se mêler de ce qui regarde son prochain ni le tester… » « Vois, Je place devant vous aujourd’hui la bénédiction et la malédiction » (11, 26) A partir des lettres qui composent chaque mot de ce verset, le Rav Mechiv Devarim écrit une nouvelle phrase. Voici son interprétation : « Vois (Reéh ; rech, aleph, hé) » : Hachem, regarde (reeh) nous ! « Je (Anokhi ; aleph, noun, khaf, youd) » : Nous sommes les fidèles de l’assemblée d’Israël (Ana’hnou Néémané Knesset Israël). « Place (Noten ; noun, tav, noun) » : Les flammes de Ta Torah nous allumerons (Nerot Toratekha Nadlik). « Devant vous (lifneikhem ; lamed, pé, noun, youd, khaf, mèm) : Pour parachever le rachat des âmes d’Israël comme nous le devons (Léhachlim Pedouth Nechamot Israël Kenidrach Mimeinou). « Aujourd’hui (hayom ; hé, youd, vav, mèm) » : Le jour viendra où le Machia’h se dévoilera (Hayom Yaguia Oumachia’h Mofia). « Bénédiction (berakha ; beth, rech, khaf, hé) » : On voit d’abord tous les hommes justes (Barichona Royim Kol Hatsaddikim). « Et la malédiction (Ouklala ; vav, kouf, lamed, lamed, hé) » : Ensuite on appelle ceux qui soutiennent l’étude de la Torah (Véa’haréhem Korim Lama’hziké Lomdei HaTorah). « La bénédiction, quand vous obéirez aux commandements de Hachem votre D. » (11, 26) Rachi explique : « à condition que vous obéissiez ». Dans le livre « Michnat Rabbi Eliezer », on trouve que nous apprenons les règles qui régissent les promesses sous condition à partir de l’épisode au cours duquel notre maître Moché a conclu un accord avec les tribus de Gad et Réouven sur la conquête de la terre d’Israël et son partage. Or, une de ces règles est que la condition s’énonce avant l’objet de la promesse : « Si tu te conduis ainsi, alors tu auras telle et telle récompense ». Dans ce verset, la promesse (la bénédiction) est énoncée avant la condition (« que vous obéissiez »). On pourrait alors penser que cette dernière annule la promesse. C’est pourquoi Rachi vient préciser que le mot « que » équivaut à « à condition que » et il est admis que cela signifie aussi « à partir de maintenant ». De plus, lorsque l’on précise « à partir de maintenant », il n’est plus nécessaire de commencer par l’énoncé de la condition. Celle-ci est effective même si elle est dite après la promesse. Car il y aura toujours des nécessiteux dans le pays (15, 11) Rabbeinou Ya’akov Ba’al Hatourim écrit : Chacun doit comprendre qu’à l’instar de D., à Qui il demande à chaque instant de lui donner sa subsistance et d’écouter sa supplication, lui aussi doit écouter les sollicitations des nécessiteux. De plus, il faut craindre leurs plaintes, car D. y est particulièrement attentif, comme il est écrit : « J’écouterai lorsqu’il criera vers Moi car Je suis miséricordieux. » Chacun doit aussi comprendre que la roue tourne dans ce monde et qu’il peut lui-même, ses enfants ou ses petits-enfants, se trouver un jour dans la situation du nécessiteux. Que personne ne se dise « Comment me priverais-je de mon argent en le donnant au pauvre ? », car l’argent nous est déposé en gage pour réaliser la volonté du Créateur, c’est-à-dire le distribuer aux pauvres. C’est le meilleur usage que l’on peut faire de son argent, comme il est dit : « Ta bonté marchera devant toi ». L’expérience montre de manière évidente que l’on n’est jamais lésé pour avoir donné au pauvre. Bien au contraire, on en récolte richesse et honneur. Cette mitsva préserve des mauvais décrets et sauve de la mort en cas de famine, comme cela a été le cas de la femme de Tsour grâce à un petit gâteau qu’elle avait donné à Eliahou. Ne pas accomplir cette mitsva nous éloigne de la présence divine et de la Torah. C’est pourquoi soyons vigilants et accomplissons cette mitsva comme il convient. « Sans pitié pour ton frère nécessiteux, garde-toi de lui refuser ton secours : il se plaindrait de toi à Hachem, et tu te rendrais coupable d’un péché » (15, 9) Rav Shmelke de Nikelsbourg fait remarquer que si, en plus de ne pas aider le pauvre, on porte sur lui un regard négatif en cherchant ses fautes pour justifier la dureté de son cœur, alors « il se plaindra de toi à Hachem », et au ciel on ira fouiller dans nos actions et rappeler nos fautes. LA VIE DANS LA PARACHA A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben ‘Attar « Retiens et observe » (12, 28) A partir des paroles de nos maîtres (Zohar III, 123), on comprend que les portes de la connaissance de la Torah se ferment devant le fauteur. Les portes de la compréhension de la Torah sont les questions difficiles qu’on rencontre lors de l’étude ; celles-ci sont dues aux écorces qui se forment à cause des fautes de l’homme. C’est le sens du verset « Respecte et observe » : si tu veux comprendre la vérité de la Torah, veille à ne pas transgresser les mitsvot. Alors, tu en auras la parfaite compréhension. LES SENTIERS DES JUSTES Pour acquérir les valeurs et les bonnes midot Dans le Midrach Rabba (Pikoudei 52), on trouve le récit suivant au nom de Rabbi Yo’hanan : « Il y avait à l’extérieur de Jérusalem une salle spéciale pour faire ses calculs, et quiconque voulait calculer s’y rendait. Pourquoi ? Pour qu’il ne fasse pas à Jérusalem (afin que cela ne le rende pas triste si le résultat du calcul était faux, or il est interdit d’être triste à Jérusalem), en accord avec le verset « La ville du grand roi – la joie de tout le pays ». Pourquoi en était-il ainsi ? Pour quelle raison Jérusalem devait-elle être tellement joyeuse ? La Saba Rabbi Nathan Tsvi de Slobodka l’explique ainsi : Jérusalem devait être la ville sainte de D., remplie de Torah et de crainte du Ciel. Tout défaut dans la joie et le plaisir était également un défaut dans la piété et dans la vie de Torah. Le sentiment de la joie était tellement indispensable à Jérusalem qu’à cause de la contrariété imperceptible d’une personne quelconque en train de faire ses calculs et dont le résultat ne tombait pas juste, on a construit une salle spéciale en dehors de la ville. Il était nécessaire de faire sortir de la ville le moindre soupçon de désagrément, afin de lui garder une atmosphère de joie parfaite, sans le moindre défaut. Le Saba lui-même, Rabbi Nathan Tsvi Finkel, s’efforçait de faire régner chez lui et chez ses élèves un bon esprit et une atmosphère joyeuse. En particulier au moment des fêtes, la gaieté arrivait à son comble, des chants joyeux et des danses fougueuses se déroulaient incessamment à l’intérieur des murs de la yéchiva. Des foules venaient voir la joie de la yéchiva et s’y associer. Rabbi Nathan Tsvi encourageait ces manifestations d’exultation. Le Chabbat aussi, le bruit des chants montait de chez les élèves et de l’appartement de Rabbi Nathan Tsvi. Les jours ordinaires également, pendant toute l’année, il régnait dans la yéchiva une atmosphère de gaité. Ce phénomène était naturel, provoqué par le bonheur d’étudier la Torah et par sa sagesse, qui régénère l’âme et réjouit le cœur, et qui remplissaient constamment l’espace de la yéchiva. Rabbi Nathan Tsvi y discernait aussi la véritable voie de la Torah. En même temps, il en appréciait la valeur éducative et y voyait une condition à l’éveil des talents et au développement intellectuel. Il estimait que cela aidait la clarté du raisonnement dans l’étude et dans la réflexion. Quand il s’apercevait qu’un élève était triste ou déprimé, il s’efforçait de le faire changer d’humeur. Mais les prêts bancaires ! Prenons Jérusalem et son niveau spirituel, et tirons-en les conclusions pour notre foyer individuel. Est-ce que la maison juive n’a pas besoin d’avoir la même apparence que la ville de Jérusalem, c’est-à-dire qu’il faut veiller à ne pas abîmer l’atmosphère de joie et de perfection qui doit remplir ses murs ? Regardons maintenant plus attentivement par les fenêtres de la maison, en essayant de comprendre ce que c’est que la joie et quels sont les facteurs qui empêchent l’homme d’être véritablement joyeux et heureux. La joie mène à l’épanouissement, elle favorise la perfection dans le service de Hachem. La tristesse et la dépression, en revanche, freinent l’homme et l’empêchent de progresser, elles provoquent une diminution dans le service de D. et de façon plus générale dans la qualité de la vie. En y réfléchissant, nous nous apercevons que le mot clef qui mène de la joie à la tristesse et au désespoir est « mais ». « Il est vrai que j’ai reçu un diplôme excellent – mais je n’ai pas encore trouvé de travail. » « J’ai une grande maison – mais les prêts bancaires empoisonnent la vie. » « Les enfants sont en parfaite santé, D. merci, – mais maintenant le bébé a la grippe. » Le coupable d’une atmosphère démoralisée est le « mais », comme dans le verset « mais – nous sommes coupables ». La joie n’est pas seulement l’apanage de quelques êtres exceptionnels. Tout le monde en recherche la recette, et se demande comment il est possible d’être joyeux quand la vie est tellement difficile et compliquée. Les Sages avaient une réponse toute prête à la question « qui est riche ? » : « celui qui est satisfait de son lot ». En inversant l’ordre des mots dans la phrase, on peut également dire : « Celui qui se sent satisfait de son lot – c’est lui qui est heureux. » La richesse est un signe qu’il ne nous manque rien. Quand on se sent comblé et satisfait, quand on est loin du « mais », alors la réaction naturelle est la joie. Pour en revenir à notre sujet, le foyer juif qui est centré autour des mitsvot et du service de D., spirituellement et matériellement, et non autour de réussites matérielles ou de conventions sociales (qui sont à la source de tous les « mais »), est automatiquement habité par la joie et la sérénité. Regarder ce qu’on a A la vérité, c’est précisément une vie difficile et remplie d’épreuves qui trace la voie à la joie, comme il ressort des paroles du gaon Rabbi Chimon Schwab zatsal : « A la réflexion, nous constatons que la plénitude est la source de la joie, alors que le manque provoque la peine et la tristesse, un manque d’argent, de santé, de talent, de travail, etc. Apparemment, il semble que l’homme n’a aucun espoir d’être heureux, puisque la vie est pavée de manques. Mais en vérité, le Saint, béni soit-Il nous a créés déficients pour que nous puissions nous parfaire. Non seulement la perfection crée la joie, mais et surtout, le progrès vers la perfection. » Entre parenthèses, indiquons qu’au cours des cent dernières années, la psychologie s’est intéressée essentiellement aux problèmes des maladies psychiques, mais au fil du temps il s’est avéré que les résultats ne justifiaient pas l’investissement considérable en traitements. Les praticiens se sont mis à chercher d’autres moyens d’aider ceux qui souffrent. C’est ainsi que s’est développé un nouveau courant, la « psychologie positive ». Au lieu de tenter de localiser les problèmes et de les résoudre, la psychologie positive essaie de guider les patients à parvenir à un sentiment de contentement tangible et à toucher au « bonheur ». Pour nous, en tant que juifs croyants, nous avons la psychologie qui découle de la vision du monde juive selon la Torah. Contrairement à la perception des autres nations, qui voient dans la joie et le bonheur le but de la vie, pour le juif, atteindre la joie est un devoir qui fait partie de son service de D. La joie est une qualité profonde qui dépend du regard que nous portons sur la vie, du choix entre voir ce qui nous manque et aspirer à ce que nous n’avons pas, ou remercier D., apprécier ce que nous avons et nous en réjouir (on raconte sur le Rav Shakh zatsal que lorsque des éducateurs de la yéchiva lui ont demandé en quoi ils devaient renforcer et éveiller les élèves en vue des fêtes de Tichri, il avait répondu par une seule phrase : « Qu’ils disent « modin ana’hnou lakh » (nous Te remercions) dans la prière avec concentration. » Les épreuves vont-elles constituer des obstacles sur la route d’un bonheur imaginaire, ou bien nous serviront-elles d’occasions et de défis pour travailler et nous réjouir de notre travail ?
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