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paracha de la semaine

Parachat Ki Tavo

13 Septembre 2014

18 Elloul 5774

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

19:52

20:56

Lyon

19:40

20:41

Marseille

19:36

20:36

 

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Ressentir la joie de la libération

 (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

 « Moché appela tout Israël, et leur dit : vous avez vu tout ce que Hachem a fait à vos yeux dans le pays d’Egypte à Paro, à tous ses serviteurs et à tout son pays » (Devarim 29, 1).

C’est surprenant : comment Moché leur dit-il « vous avez vu tout ce que Hachem a fait à vos yeux dans le pays d’Egypte », alors que la plupart de ceux qui étaient sortis d’Egypte étaient déjà morts dans le désert à la suite de la faute des explorateurs, il n’en restait qu’un petit nombre ! Le reste du peuple était né ensuite, si bien que presque personne n’avait vu les miracles de l’Egypte.

Pour répondre à cela, commençons par exposer la question que pose le gaon de Vilna sur l’enseignement des Sages selon lequel : « Chacun doit se considérer comme s’il était sorti d’Egypte. » Il demande comment il est possible d’obliger quelqu’un à ressentir un vécu de servitude et à se croire sorti d’Egypte, alors qu’il n’y a jamais été et n’a jamais vécu dans son corps l’immense poids de la servitude qui avait été imposée aux bnei Israël – il ne peut donc pas non plus éprouver la joie de la libération !

Il me semble qu’on peut l’expliquer en disant que grâce à l’étude de la Torah en profondeur sur les parachiot portant sur l’esclavage des bnei Israël et la libération qui s’est produite ensuite, on peut avoir l’impression d’avoir été soi-même en personne avec eux dans cet amer exil, d’avoir connu la servitude de l’argile, des briques et de tous les travaux des champs, et d’avoir aussi mérité de sortir d’Egypte.

Nous allons l’expliquer en détail. Quand quelqu’un étudie la Torah en y mettant tout son effort et toute sa peine, cette Torah s’incruste dans son sang et devient une partie intégrante de son corps, c’est pourquoi les Sages ont dit (Zohar Vayikra) que Hachem, la Torah et Israël ne font qu’un. En effet, quiconque étudie la Torah, outre le fait qu’il s’attache à la Chekhina, s’unit également avec la sainte Torah et devient un seul corps avec elle, comme s’il vivait à l’intérieur d’elle et percevait les événements qu’elle décrit. Et lorsqu’il étudie la Torah, les Midrachim et les enseignements des Sages portant sur l’exil des bnei Israël en Egypte, le poids de l’épouvantable servitude et la délivrance qui est venue ensuite, il essaie de s’imaginer lui-même dans toutes ces circonstances comme s’il les vivait véritablement et que lui aussi soit concerné, aussi personnellement que possible. Et lorsqu’il étudie les signes et les merveilles qui ont été faits pour les bnei Israël en Egypte, il vit et respire tous ces miracles comme s’il les avait vus de ses propres yeux.

C’est cela le devoir qu’ont imposé les Sages à tout juif : il doit vraiment ressentir que lui-même est sorti d’Egypte. Par son étude en profondeur de la Torah, il apprendra l’exil et la servitude des bnei Israël en Egypte et leur délivrance, qui est arrivée d’un seul coup ; alors il aura la force de vivre dans son corps tous ces événements, et automatiquement il ressentira aussi que c’est lui-même qui est sorti d’Egypte.

Cela permet de comprendre ce qu’a dit Moché aux bnei Israël : « Vous avez vu tout ce que Hachem a fait à vos yeux dans le pays d’Egypte. » Cela signifie que bien qu’effectivement vous-mêmes n’ayez pas été en Egypte, en ce moment vous êtes dans le désert en train d’étudier la Torah, et cette Torah s’incorpore à vous et devient une partie intégrante de vous-mêmes. Et lorsque vous étudiez les événements qu’ont vécus vos pères en Egypte, et leur délivrance avec les immenses miracles qui l’ont accompagnée, c’est comme si vous-mêmes étiez là-bas et viviez dans votre corps tous les prodiges de l’Egypte. C’est pourquoi Moché leur a dit « vous avez vu », et comme vous avez mérité de voir de vos yeux la puissance de Hachem, veillez à rester attachés à Sa Torah et à observer Ses mitsvot.

Mais s’ils n’obéissaient pas aux mitsvot de Hachem viendraient sur eux de nombreuses malédictions, parmi lesquelles « Hachem lèvera contre toi un peuple lointain de l’extrémité de la terre. » Nous avons déjà parlé de la notion d’un peuple lointain : en quoi est-il pire qu’un peuple proche ?

Il est possible que si un peuple vient de loin pour persécuter Israël, la souffrance soit plus intense que de la part d’un peuple proche, parce que si un peuple qui se trouve à proximité vient attaquer Israël, il y a une raison quelconque à sa haine. Il est possible qu’elle provienne d’une hostilité contre la Torah et les coutumes des bnei Israël, car leur attachement à l’exécution des mitsvot provoque la haine des non-juifs, c’est pourquoi le mont ‘Horev s’appelle « Sinaï » : à cause de la Torah, la haine (« sina ») contre les juifs est descendue dans le monde. Et quand il s’attaque au peuple d’Israël, il y a à cela une vague justification de sa part, et on peut encore le comprendre dans une certaine mesure. Mais quand un peuple vient de loin, sans avoir la moindre connaissance de notre peuple et sans que nous le connaissions du tout, et que tout à coup il se met à peser sur nous et à nous imposer des décrets cruels sans aucune espèce de raison, la souffrance en est encore plus grande et la peine plus terrible, parce que nous n’avons pas la moindre idée de la raison pour laquelle tout cela nous arrive.

Le Saint, béni soit-Il dit que si les bnei Israël n’obéissent pas aux mitsvot de Hachem, Il leur suscitera un peuple venu de loin qui les persécutera sans aucune justification, et alors la souffrance en sera d’autant plus grande. Mesure pour mesure, ils ont abandonné la Torah de Hachem, ont coupé le lien avec Lui et se sont conduits comme s’ils ne Le connaissaient pas, si bien que Lui aussi leur suscitera un peuple venu de loin qui ne les connaît pas non plus.

Il y a deux sortes de personnes qui abandonnent la voie de la Torah et ne reconnaissent pas Hachem. Certains le font par ignorance, ils ne savent pas à quel point la Torah est importante et ne connaissent pas sa grandeur ni le fait qu’elle donne la vie à ceux qui l’observent. Ils ignorent que quiconque l’étudie mérite bonheur et joie en ce monde et dans le monde à venir. S’ils étaient conscients de tout cela, ils courraient après elle pour s’y attacher. Quand ils arriveront dans le monde de vérité et qu’ils verront la beauté et la gloire de la Torah, ils souffriront certainement en eux-mêmes car ils comprendront l’ampleur de leur perte, mais il sera déjà trop tard.

LES PAROLES DES SAGES

Quand il y a de la joie, il n’y a pas d’empêchement

Le thème de la joie revient à plusieurs reprises dans notre paracha, comme un motif central dans le service de D.

Au début de la paracha, dans la mitsva d’amener les bikourim, les prémices, Rachi explique le verset « j’ai écouté la voix de Hachem mon D., j’ai fait tout ce que Tu m’as ordonné » comme signifiant : « Je me suis réjoui et je m’en suis servi pour réjouir les autres. » Cela signifie que l’accomplissement de « j’ai fait tout ce que Tu m’as ordonné » consiste à se réjouir soi-même de la mitsva au point de sentir une élévation spirituelle et d’éprouver le besoin de réjouir les autres.

C’est donc le service de D. dans sa perfection que d’accomplir les moindres détails de la halakha, mais avec une joie immense.

Ce n’est pas pour rien que cette paracha est lue peu de temps avant le jour du jugement de Roch Hachana. Elle vient nous rappeler ce merveilleux principe et nous faire intérioriser l’idée que l’essentiel du travail que nous devons effectuer pour nous préparer au jour du jugement est de servir Hachem avec joie.

Le Rambam a écrit (Hilkhot Chofar Souka VéLoulav chapitre 8) que « la joie que l’on ressent dans l’accomplissement de la mitsva et l’amour pour D. Qui l’a ordonnée est une grande forme de service. Et quiconque s’abstient de ressentir cette joie, il convient de le lui faire payer, ainsi qu’il est dit (Devarim 28) : « Parce que vous n’avez pas servi Hachem votre D. avec joie et de tout cœur. »

Dans le passage des remontrances qui se trouve au centre de la paracha, l’accusation qui représente la cause de toutes les malédictions qui s’abattront sur ceux qui transgressent Sa volonté est « parce que vous n’avez pas servi Hachem votre D. dans la joie et de tout cœur. » Vous avez accompli les mitsvot sans joie, et non seulement ce n’est pas la volonté de Hachem, mais on est même puni de ces mitsvot.

Pourtant la générosité de D. est plus grande que Sa rigueur. La récompense accordée à ceux qui font Sa volonté avec joie est exprimée dans ce que dit Rabbeinou Be’hayé : « La joie dans l’accomplissement de la mitsva est en soi une mitsva, outre la récompense pour la mitsva elle-même, il y a une récompense pour la joie. »

Le seau fétide

Il est certain qu’un juif joyeux et pieux découvrira la façon d’arriver à la joie dans toute situation où il se trouve. L’histoire suivante nous montre concrètement comment on peut servir Hachem dans la joie, même quand la réalité ne permet apparemment pas de le faire :

Comme beaucoup de bons juifs en Russie, les frères tsaddikim, Rabbi Zushe d’Anipoli et Rabbi Elimélekh de Lisensk, se sont retrouvés un beau jour dans la prison de la ville, naturellement sans avoir commis le moindre délit, à cause d’un complot antisémite.

Dans la cellule fétide de la prison, ils étaient tous deux dans une détresse terrible, se trouvant en compagnie de criminels non-juifs.

Comme si cela ne suffisait pas, les geôliers ajoutèrent de l’huile sur le feu en plaçant au milieu de la cellule un seau puant où les prisonniers faisaient leurs besoins, si bien que les saints frères ne pouvaient même pas étudier la Torah ni prier.

Quand vint le moment de min’ha, l’un des frères se mit à pleurer. L’autre le regarda avec un visage joyeux et lui dit : « Même quand tu ne peux pas prier à cause de l’odeur, c’est une mitsva que tu accomplis, et il faut accomplir les mitsvot dans la joie. Nous avons donc une raison de nous réjouir et de danser. Pourquoi es-tu triste ? Lève-toi et viens danser ! »

Alors les deux frères se mirent à danser, et tous les juifs qui se trouvaient en prison se joignirent à eux. Les chants et les danses percèrent les cieux, au point que les prisonniers non-juifs étaient stupéfaits : que venait faire ici la joie ?

Et dans les couloirs de la prison on entendit des exclamations :

« Les juifs sont heureux ! Les juifs sont heureux ! »

Les non-juifs se demandaient à propos de quoi, et il n’y avait pas de réponse !

Les juifs chantaient et dansaient sans répondre, tout ce qui était en leur pouvoir étant de désigner le seau qui trônait au milieu de la pièce.

Le chant des ‘hassidim et le bruit des danses arrivèrent jusque dans le bureau du directeur de la prison. Quand il s’enquit de la raison de ce bruit et de ces danses, on lui répondit que c’était à cause d’un seau qui se trouvait dans l’une des cellules que les juifs étaient heureux.

Le directeur se mit en colère et ordonna immédiatement qu’on enlève le seau. Les geôliers obéirent tout de suite et firent sortir le seau de la pièce où se trouvaient les saints frères.

Tout à coup, le bruit cessa, les danses cessèrent, et les juifs se mirent à prier min’ha avec émotion…

La bonne direction, c’est la joie

Il y a de nombreuses façons d’arriver à la joie. Une manière très connue et très fréquente consiste dans les chants et la musique. La musique a une puissance énorme, elle est capable de rapprocher l’homme de son Créateur et de l’éveiller de sa torpeur. Dans la rubrique « A la source », nous citons le Séfer ‘Hassidim sur la façon de servir Hachem dans la joie : « Recherche les mélodies. Quand tu pries, dis les mots de la prière sur une mélodie qui te paraît agréable et douce, et alors ton cœur sera attiré par ce que dit ta bouche. En ce qui concerne les demandes, une mélodie qui prépare le cœur, en ce qui concerne les louanges, une mélodie qui réjouit le cœur, afin que ta bouche soit remplie d’amour et de joie envers Celui qui voit ton cœur. »

L’Admor Rabbi Israël de Modjitz zatsal, auteur de « Divrei Israël », a donné une parabole sur l’étincelle particulière contenue dans la force qu’a la mélodie d’éveiller les cœurs au service de Hachem là où d’autres actions avaient échoué et n’avaient pas mené à l’élévation spirituelle souhaitée.

Le fils d’un paysan vivant dans la misère, qui gagnait péniblement sa vie au moulin, partit un jour et arriva dans une grande ville. En marchant dans la rue, il passa auprès d’une horlogerie, et remarqua dans la vitrine un réveil d’une grande beauté. En s’approchant pour contempler cet objet brillant, il entendit le son agréable qu’il produisait, et quand il s’y intéressa, on lui dit que tout le but de ce réveil était d’éveiller les gens de leur sommeil le matin. Le paysan resta stupéfait pendant de longues minutes à écouter le bruit agréable du réveil, au point qu’il se mit à désirer acheter ce réveil merveilleux aux sons si agréables, qui le réveillerait tous les matins.

Quand il se mit à discuter avec l’horloger, celui-ci se moqua de lui : « Vous avez besoin d’un réveil ? Dans votre moulin il y a des roues qui en tournant font un bruit terrible, et si cela ne vous réveille pas, est-ce que les sons agréables de ce réveil y parviendront ? »

Que lui répondit le paysan ?

« C’est vrai, les rouages dont j’ai l’habitude ne me réveillent pas, mais le son d’un réveil aussi agréable, dont je n’ai pas l’habitude, c’est justement cela qui me réveillera ! »

Tout juif peut trouver pour lui-même le moyen de s’éveiller au service de D. dans la joie, une vision correcte et un regard positif sur la vie, l’écoute de mélodies agréables. Peu importe comment, mais la direction doit être de servir Hachem dans la joie.

GARDE TA LANGUE

Ils se fâcheront certainement

Il est interdit de raconter à un associé que son associé a cherché à le quitter, ou de raconter à des beaux-parents que leur gendre a voulu les abandonner, ou des choses de ce genre, même si cela se passe devant trois personnes, parce qu’ils se fâcheront sûrement contre lui, et il est possible que cela entraîne pour lui de la peine ou des dommages, or une parole qui provoque des dommages ou de la peine relève de l’interdiction du lachon hara.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Ouvrir et préparer le cœur

« Hachem ton D. circoncira ton cœur et le cœur de ta descendance » (Devarim 30, 7)

Le Saint, béni soit-Il est le circonciseur, c’est Lui qui aide l’homme à circoncire l’excroissance de son cœur, mais tout cela à la condition que l’homme en manifeste le désir et la disponibilité. Qu’il commence un peu par examiner vraiment les imperfections de son âme et observe sincèrement où il y a quelque chose à améliorer et quels défauts sont les siens, et se mette  petit à petit à réparer et à améliorer, alors le Saint, béni soit-Il lui promet de l’aider à circoncire l’excroissance de son cœur. C’est cela l’essentiel du travail à faire pendant cette période, briser et arracher le mal de l’intérieur du cœur, et pas seulement lire les seli’hot de façon toute extérieure.

Cela nous permet de comprendre la requête du roi David, qui a dit (Téhilim 27, 4) : « Une seule chose j’ai demandé à Hachem, c’est elle que souhaite, être installé dans la maison de Hachem tous les jours de ma vie, contempler l’attrait de Hachem et visiter Son palais. » Apparemment, le roi David dit « une seule chose j’ai demandé », c’est-à-dire que j’ai une seule requête, et en regardant on s’aperçoit qu’il y a en réalité trois requêtes, « être installé dans la maison de Hachem », « contempler l’attrait de Hachem » et « visiter Son palais », alors pourquoi dit-il qu’il veut une seule chose ?

Je me demande en outre ce que c’est que cette requête de David : « être installé dans la maison de Hachem ». Apparemment, qu’est-ce qui l’empêche de venir au beit hamidrach ouvrir un séfer et se mettre à étudier ? Qui est-ce qui dérange David ?

Je me souviens qu’un élève du gaon Rabbi Nissim Rebibo zatsoukal était venu lui poser une question sur les halakhot du « nikour » (ôter les graisses interdites de la partie arrière de la bête). Le Rav lui a répondu : Tu es quelqu’un qui sait étudier, les livres du beit hamidrach sont devant toi, ouvre le Choul’han Aroukh et tu apprendras les réponses…

Ainsi, on pourrait dire au roi David : Va au beit hamidrach et mets-toi à étudier, qu’as-tu besoin de le demander au Saint, béni soit-Il ?

Là aussi, la réponse est celle que nous avons déjà donnée : c’est vrai, le beit hamidrach a beaucoup d’habitants, il y a beaucoup de gens qui étudient la Torah et viennent s’asseoir à côté d’un séfer, mais le roi David ne se contente pas de cela, il ne se contente pas d’un travail extérieur, il ne veut pas venir au beit hamidrach pour étudier et en ressortir comme il était venu, il est intéressé à ce que l’étude éveille en lui une aspiration et une soif de Hachem, que par l’étude de la Torah il mérite de se rapprocher encore plus de Lui, de même que toute sa vie il s’est exclamé (Téhilim 73, 28) : « Et moi, la proximité de D. m’est bonne. » Or on ne mérite la proximité de Hachem qu’en étudiant la Torah avec l’intériorité du cœur, avec sentiment et chaleur.

C’est pourquoi le roi David précise ainsi sa demande : j’ai une seule demande envers Toi, maître du monde, venir m’installer dans la maison de Hachem, mais de quelle façon ? Pas seulement m’y installer sans aucune participation émotive, mais une fois dans la maison de Hachem, je veux sentir l’agrément de Hachem et ressentir le bon goût de l’étude et la douceur de la Torah. Je veux qu’à chaque fois que je me trouve au beit hamidrach, ce soit comme une visite ; « et visiter Son palais », pas par habitude comme des mitsvot que l’on fait automatiquement, quand l’étude devient comme un mécanisme, sans amour et sans joie. Je demande d’étudier avec le contenu spirituel de « contempler l’attrait de Hachem », que je mérite ainsi la proximité de Hachem qui m’est bonne.

A LA SOURCE

« Tu te réjouiras de tout le bon que Hachem ton D. t’a donné » (26, 11)

L’auteur de « Tiféret Chelomo » l’expliquait ainsi :

Quand est-ce que quelqu’un peut se réjouir de « tout le bon » ? Quand il connaît celui qui lui fait ce cadeau.

A quoi est-ce que cela ressemble ? A quelqu’un qui reçoit un cadeau du roi. Il a beau être heureux du fait même de la valeur du cadeau, sa joie est encore bien plus considérable du fait que ce soit le roi qui lui a fait ce cadeau. L’importance de celui qui donne est l’essentiel de sa joie. « Tu te réjouiras de tout le bon », non pas seulement parce que c’est bon, mais surtout parce que « Hachem ton D. te l’a donné ».

Dans le même esprit, le tsaddik Rabbi Moché Leib de Sassow explique :

Quand est-ce qu’on peut se réjouir de « tout le bon » ? Lorsque c’est Hachem Qui te donne le fruit de ton travail, et que tu n’as pas besoin de cadeaux de la part des hommes. En effet, il arrive parfois que le « bon » soit pour le mal du bénéficiaire, comme une « richesse gardée à ses propriétaires pour leur mal ». Mais quand on sait que cette richesse provient de Hachem, alors on l’utilise dans des buts de tsedaka et de générosité, et alors la bénédiction et la joie règnent sur ces biens. Mais si l’on ne connaît pas cette valeur que tout provient de Hachem, le bon et la richesse se transforment en mal.

 « Le fruit de ton ventre et le fruit de ta terre seront bénis » (28, 4)

Dans les bénédictions, précise le « Kli Yakar », le fruit de ton ventre et le fruit de ta terre viennent avant ta corbeille et ta huche, alors que plus loin, dans les malédictions, la corbeille et la huche viennent avant le fruit du ventre et le fruit de la terre.

Il explique qu’il est probable que Hachem fait toujours un miracle caché plus rapidement qu’un miracle manifeste. Et la bénédiction du fruit du ventre et du fruit de la terre sont des miracles cachés, alors que la corbeille et la huche sont remplies des fruits cueillis qui ont déjà été mis dans un récipient, et s’ils se multiplient, c’est un miracle manifeste. C’est pourquoi dans la bénédiction, le miracle caché vient en premier. Et ensuite, il est dit que non seulement cela, mais Il fera aussi un miracle évident, alors que dans la malédiction c’est le contraire, au début ce sont les miracles cachés qui vont diminuer, et ensuite les miracles évidents.

D’après le Ramban, dans les bénédictions, celle sur le corps vient avant celle sur la nourriture, dont il est dit ensuite « bénies seront ta corbeille et ta huche », car le fruit des entrailles est le meilleur et le plus précieux. Mais dans les malédictions, « ta corbeille » vient en premier, et ensuite « le fruit de ton ventre », pour nous enseigner qu’on est d’abord puni dans son argent. Si l’on se repent, c’est parfait, et sinon, on sera puni dans son corps. C’est ce qui est dit dans le Midrach : « Le Miséricordieux ne commence pas à punir en prenant la vie. »

 « Parce que tu n’as pas servi Hachem ton D. dans la joie et le contentement du cœur » (28, 47)

Voici une remarque merveilleuse provenant de l’entourage du « Séfer ‘Hassidim » sur la façon de servir D. dans la joie :

« Cherche des mélodies. Quand tu pries, dis les mots de la prière sur une mélodie que tu trouves agréable et douce, et alors ton cœur sera attiré par ce que dit ta bouche. En ce qui concerne les requêtes, une mélodie qui prépare le cœur, en ce qui concerne les louanges, une mélodie qui réjouit le cœur, afin que ta bouche se remplisse d’amour et de joie pour Celui qui voit ton cœur. »

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Nous avons crié vers Hachem le D. de nos pères et Hachem a entendu notre voix et vu notre misère, notre labeur et notre détresse » (26, 7)

Nous avons crié vers Hachem : c’est une allusion au fait que l’homme doit prier Hachem tous les jours qu’Il le sauve du mauvais penchant.

Hachem a entendu notre voix : cela signifie que bien que ce soit Hachem Qui ait créé le mauvais penchant pour mettre l’homme à l’épreuve, malgré tout lorsqu’on crie vers Lui, Il entend, parce qu’il voit ce qui est cité : notre misère, notre labeur et notre détresse.

La misère (oni) est l’épuisement de celui qui n’a plus assez de force pour lutter contre lui et le chasser. Le labeur (amal) indique que nous devons nous donner du mal pour le combattre. La détresse (la’hats) est la pression que le mauvais penchant pratique sur l’homme pour le pousser à fauter malgré lui. Et à cause de ces trois raisons, Hachem entend notre voix.

LES SENTIERS DES JUSTES

Pour acquérir les valeurs et les bonnes Midot

Pendant le mois d’Elloul, disent les commentateurs, on n’a pas le temps de s’occuper de ce qui concerne le « chalom bayit », la paix du foyer. Nous devons repousser les sujets de contestation, ceux qui échauffent l’atmosphère entre nous, jusqu’à après les fêtes, et pendant ce mois-ci faire notre examen de conscience et faire la paix avec Hachem.

Durant le mois d’Elloul, quand le gaon Rabbi Elazar Mena’hem Man Shakh zatsal, Roch Yéchiva de Poniewitz, donnait son cours quotidien, il disait parfois au début du cours « Il faut prendre le balai en main. »

Lorsque Rabbeinou Yé’hezkel Lewinstein zatsoukal était machguia’h de Klotsk, il a entendu une explication de cette expression. Le Rav comparait le travail à faire pendant le mois d’Elloul à une loi qui était en vigueur en Russie à l’époque : au moment des chutes de neige, chacun avait le devoir d’ôter la neige qui s’était accumulée devant chez lui, et quiconque enfreignait la loi et n’enlevait pas la neige était mis à l’amende par la police.

Quand le policier arrivait dans le secteur, ceux qui n’avaient pas enlevé la neige prenaient immédiatement un balai en main pour avoir l’air de ne faire que cela. Ainsi pendant le mois d’Elloul, même si on ne réussit pas à faire une techouva totale, il faut de toutes façons se comporter comme si c’était le cas, pour montrer que l’on désire s’occuper de techouva.

Rabbeinou disait aussi dans ces mêmes cours : « Même un marchand tout simple qui vend des oignons, s’il ne tient pas un carnet pour faire ses comptes, fera faillite, à plus forte raison tout homme doit-il faire le compte de ses actes. » (Peninei Rabbeinou HaAvi Ezri)

Compter les calories

Pendant le mois d’Elloul, le gaon Rabbi Nissim Yaguen zatsal avait l’habitude de s’écrier devant le public : « Nous devons faire un effort tangible : lire des Téhilim, dix psaumes par jour, ou bien la partie de ce jour-là ; prier Hachem que nous méritions de nous repentir, nous et toute notre famille, et tout le peuple d’Israël !

A part cela, il convient à chacun d’avoir dans sa poche un carnet pour y écrire ce qui lui est arrivé dans la journée : comment il a prié, comment il s’est comporté avec les autres, comment il a maîtrisé sa colère, puisque quiconque se met en colère, c’est comme s’il avait pratiqué l’idolâtrie, il est dominé par toutes sortes d’enfers, il ne tient pas compte même de la Chekhina (Nedarim 22), et ainsi de suite.

Quand quelqu’un de corpulent réussit à maigrir en faisant des efforts considérables et veut conserver son nouveau poids, il fait attention à tout ce qui lui rentre dans la bouche, il compte les calories et veille à se peser tous les jours pour s’assurer qu’il n’a pas repris de poids.

Quand il s’aperçoit de la moindre remontée de poids, il s’empresse de réagir en conséquence et fixe son menu du lendemain de façon à rétablir l’équilibre. C’est exactement comme cela qu’un ba’al techouva doit se conduire…

Quelqu’un qui a fait techouva et a réduit le poids des fautes qui pèsent sur son âme doit bien se préserver pour ne pas y retomber, et il ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi. Il doit renoncer totalement aux actes qui risquent de l’entraîner vers la faute et le pousser à charger de nouveau son âme de péchés !

De même, il doit se peser tous les jours spirituellement pour bien vérifier si le poids spirituel de ses fautes n’a pas augmenté. S’il distingue un mouvement malencontreux dans ce poids, il doit en vérifier les raisons et se conduire en fonction pour que ses fautes continuent à diminuer continuellement, sans remonter même le moins du monde.

On doit avoir dans son carnet une liste bien organisée où l’on écrit clairement : « Aujourd’hui je ne me suis pas concentré dans les bénédictions. Aujourd’hui je me suis mis en colère, mais deux fois seulement. Aujourd’hui je me suis conduit avec orgueil », et ainsi de suite. Ensuite il faut améliorer ce qui doit l’être et préserver son poids spirituel pour que les fautes ne recommencent pas à s’accumuler. » (« Netivei Or »)

A la façon des commerçants

Le gaon auteur de « Chivtei Halévi », Rabbi Chemouël Wosner chelita, donne une idée de la façon dont il faut faire son examen de conscience :

Ce mois-ci est le dernier de l’année, et de même que les commerçants font les comptes à la fin de l’année, pour savoir combien ils ont gagné et combien ils ont perdu, quels sont les bénéfices et les déficits, à combien plus forte raison chacun d’entre nous, quand arrive le mois d’Elloul, doit chercher, vérifier et examiner sa conduite, combien de mérites il a et combien de l’inverse. (« Derachot Chévet Halévi »)

Voilà comment on fait son examen de conscience

La façon de faire son examen de conscience passe par l’étude du moussar. C’est ce que nous enseigne le gaon Rabbi Ben Tsion Abba Chaoul zatsal, Roch Yéchiva de « Porat Yossef » :

« En général, on ne ressent pas ses propres lacunes, et on n’aime pas être critiqué, c’est pourquoi on n’aime pas étudier le moussar, parce qu’on sent que cela tend à nous mettre en question, et cela dérange. En particulier, si un adulte fait entendre des paroles de moussar à un jeune, celui-ci a l’impression que c’est l’adulte qui est le patron, que lui le jeune est son employé, et que ce patron a toujours des reproches à faire à ses employés. Il s’imagine que c’est parce qu’il est jeune qu’on a beaucoup d’exigences envers lui.

Mais ce n’est pas une perspective juste. On doit exiger beaucoup de soi-même, réfléchir en profondeur et prendre conscience de la grandeur et du devoir qui sont exigés de nous. Ce devoir est considérable, car si l’on mérite d’étudier la Torah dans l’effort et l’assiduité et de se fatiguer dans l’étude, cela provoque un changement dans l’essence même, et on s’élève au-dessus de tous ceux du même âge, en prenant une valeur très grande. Mais lorsqu’on n’est pas conscient de ses défauts, et même lorsqu’on en est conscient, on ne sait pas comment se mesurer à eux, comment arriver à s’élever aux plus hauts niveaux. Dans ce cas, la seule arme est l’étude du moussar.

Or comme le mauvais penchant connaît l’importance de l’étude du moussar, cela même le pousse à mettre toutes ses forces à empêcher l’homme d’étudier le moussar de différentes façons, et même les plus sages s’y laissent prendre. Quand il ne réussit pas de la façon la plus simple avec ceux qui sont sages et intelligents, il leur fait entrer dans la tête que s’ils étudient le moussar, ce sera pour eux une perte de temps, et que celui qui étudie le moussar n’est pas très intelligent. C’est pourquoi nous devons veiller à nous garder de ces pensées ou d’autres semblables et étudier la Torah et le moussar. » (« Or LeTsion – ‘Hokhma OuMoussar »)

 

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