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paracha de la semaine

Noah

25 Octobre 2014

1ER Hechvan 5775

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

18:26

19:31

Lyon

18:21

19:24

Marseille

18:23

19:24

 

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Entre notre ancêtre Avraham et Noa’h l’homme de terre

 (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

 « Ceci est l’histoire de Noa’h. Noa’h fut un homme juste, irréprochable, entre ses contemporains ; il se conduisit selon D. » (Béréchit 6, 9)

La paracha s’ouvre avec les éloges de Noa’h, qui était un homme juste, irréprochable et se conduisait selon D. On comprend des versets que Noa’h cherchait à réaliser la volonté de D. C’est pourquoi il est étonnant qu’après le déluge, Noa’h soit désigné comme «  homme de la terre ». Ce titre paraît humiliant et dévalorisant par rapport à ceux que le début de la paracha lui octroyait.

La question prend encore plus de sens lorsque l’on constate que la Torah n’emploie pas à l’égard d’Avraham, le père de notre nation, des adjectifs honorifiques, alors qu’il va en grandissant au point de mériter d’être le père de tout le peuple d’Israël ! S’il en est ainsi, quelle est l’origine de la différence entre Noa’h est Avraham ? Pourquoi Avraham s’est-il maintenu dans sa piété, et a-t-il même progressé, alors que Noa’h a perdu tout son niveau au point d’être appelé « homme de la terre » ?

Tentons de répondre à cette question à l’aide des paroles adressées par David à son fils Chelomo (Rois I 2, 2) : « Prends courage et sois un homme ! » Qui est un homme ? Celui sur qui il est dit : « Heureux l’homme qui ne suit point les conseils des méchants, qui ne se tient pas dans la voie des pécheurs, et ne prend point place dans la société des railleurs, mais qui trouve son plaisir dans la Torah de Hachem, et médite cette Torah jour et nuit » (Psaumes 1, 1-2). Pour atteindre le niveau d’homme, il faut travailler et fournir des efforts sans fin, chercher constamment à se renforcer dans le service divin, à réparer et à améliorer.

Il existe deux chemins pour servir D. Le premier est un chemin bon mais dangereux. C’est celui qu’a emprunté Ya’akov qui était un « homme intègre (tam) qui vivait dans les tentes » (Béréchit 25, 27) : « tam » (intègre) évoque le mot « met » (mort). En d’autres termes, il se dévouait corps et âme (hemit atsmo) pour la Torah qui était en tête de ses préoccupations, c’est pourquoi dès que Ya’akov a voulu s’installer dans la sérénité, il a été assailli par le malheur de Yossef, alors qu’il en avait seulement l’intention, sans l’avoir vraiment fait. Le Ciel lui a alors exigé de fournir davantage d’efforts pour la Torah, sans arrêt. C’était également l’échec de Noa’h, qui voulait tout faire dans l’esprit du verset « Il me conduit au bord d’eaux paisibles » (Psaumes 23, 2). En effet, il a mis cent-vingt ans à construire l’arche ; il ne s’est pas dépêché de le faire. Enfin, son nom même nous renseigne sur son essence : « Noa’h » vient du mot « menou’ha (repos) ».

Quant au prophète Chemouël, on voit qu’il a passé sa vie à aller de ville en ville pour diffuser la sainte Torah, et il est considéré comme un tsaddik. En revanche, ses fils, qui ont dirigé le peuple après lui, ne sont plus appelés « tsaddikim » comme leur père. Pourquoi cela ? Parce qu’ils n’ont pas suivi sa voie mais ont eu la paresse de se déplacer de ville en ville et ont choisi de rester à un seul endroit. En s’installant, ils ont donné au peuple l’impression que quiconque a une question à poser au Rav doit aller vers lui. Nous apprenons de là que celui qui souhaite étudier et enseigner la Torah dans le calme et la sérénité n’apporte pas de satisfaction à Hachem. En effet, Il veut qu’on fournisse constamment des efforts, et c’est seulement ainsi qu’on peut atteindre la véritable perfection.

En revanche, le second chemin pour servir D., qui est le bon, se retrouve chez Avraham, à qui il a été dit « Va pour toi » (Béréchit 12, 1). Il était constamment en déplacement et a parcouru le pays dans sa longueur et sa largeur pour répandre la lumière de D. dans le monde. Voici donc la différence essentielle entre Avraham et Noa’h : Avraham a mérité de s’élever jusqu’à de hauts sommets, tandis que Noa’h a chuté à la fin de ses jours au point d’être appelé « homme de la terre ».

Il m’est arrivé de recevoir, au cours de la même semaine, deux personnes malades. Les deux avaient le même âge, étaient atteintes de la même maladie, et leurs noms étaient presque identiques. J’ai dit aux deux de se renforcer dans l’accomplissement de la Torah et des mitsvot, car seule la Torah nous protège du jugement et nous tient lieu de mérite lors du jour de la mort. En entendant mes paroles, le premier homme a tout accepté sans opposition, a promis d’essayer, et de faire des efforts autant que possible. Par contre, le deuxième a tenté de se dérober en avançant toutes sortes d’arguments et de prétextes. Par la suite, il s’est avéré que le premier individu a complètement guéri, et que la maladie n’a laissé chez lui aucune séquelle. Le deuxième, par contre, a quitté ce monde…

Cette histoire vient nous apprendre que quand Hachem voit qu’une personne fait des efforts, Il lui procure une aide divine. Mais quand on veut rester dans la tranquillité et ne rien faire, Hachem reste Lui aussi inactif et n’accorde pas Son salut.

Il en est de même en ce qui concerne l’escalade d’une montagne : si on ne continue pas à grimper, on dégringole tout de suite. En effet, la pente est raide et ne permet pas de s’immobiliser à un endroit. Comme on le sait, la Torah a été donnée au peuple d’Israël sur une montagne, et il y a là un grand caractère symbolique : les bnei Israël ont vu Moché, alors âgé de quatre-vingts ans, grimper sur la montagne plusieurs fois, puis descendre de la montagne vers le peuple, malgré la difficulté que cela comporte. Et tout cela pour délivrer une leçon au peuple : que les bnei Israël voient quels efforts il faut fournir pour la sainte Torah, et qu’ils intègrent cette idée.

Une fois, la mère du gaon de Vilna se noyait dans un fleuve, et par miracle, elle a été sauvée. Alors chaque année, Rabbi ‘Haïm de Volojine se rendait sur la rive du fleuve et prononçait avec concentration : « Béni soit Celui qui m’a fait un miracle à cet endroit. » On l’a questionné : « Est-ce à toi que le miracle a été fait ? C’est à la mère du gaon ! » Mais il leur a répondu : « Si cette femme s’était noyée, le gaon ne serait pas né, et je n’aurais pas été ce que je suis aujourd’hui. Voilà pourquoi je dois réciter cette bénédiction. »

Il y a une leçon de morale à tirer de cet épisode : Rabbi ‘Haïm de Volojine cherchait à progresser au point de ressentir le besoin de remercier Hachem d’avoir sauvé la vie de la mère du gaon de Vilna. Par ce mérite, il a pu apprendre la Torah directement de la bouche du gaon, et s’élever grâce à cela.

A la lueur de tout ce que nous venons de dire, il apparaît que la racine de la différence entre Avraham, le père de notre nation, et Noa’h l’homme de la terre, est leur façon de servir D. La tranquillité ne nous fait pas avancer ; au contraire, cela amoindrit notre valeur. Par contre, l’effort et le labeur nous font progresser vers des sommets nobles et élevés.

LES PAROLES DES SAGES

Un double pain pour le quatrième repas

« Hachem aspira la délectable odeur » (Béréchit 8, 21)

Nous pouvons pointer du doigt certaines actions en affirmant qu’elles ont procuré de la satisfaction au Créateur. C’est le cas de l’histoire que nous allons raconter, après avoir cité les paroles de notre maître, l’auteur de « Haktav VéHakabala », sur notre paracha :

« Cela signifie que Hachem a trouvé agréable le désir et la volonté de l’aimé, car l’intention de celui qui offrait le sacrifice était de Lui plaire et de correspondre à Son désir. En effet, le but visé par tous les sacrifices est, selon le sens simple, le désir et la volonté d’être agréable à Hachem. » En d’autres termes, l’homme doit sacrifier sa volonté devant Hachem comme s’il se sacrifiait lui-même de toutes ses forces pour le service divin. Tout son souhait doit être d’adhérer à D. et de monter sur le saint autel spirituel à l’image du sacrifice qui va être offert sur l’autel qui est sur terre.

Chelomo, l’un des meilleurs élèves de la yéchiva de Rabbi ‘Haïm Cohen à Berakhia, a soudain commencé à s’absenter de la yéchiva chaque veille de Chabbat. Tous les prétextes et excuses qu’il avançait ne correspondaient pas à sa personnalité et à son caractère.

Un jour, le Roch Yéchiva l’a convoqué dans son bureau et lui a demandé avec une tendresse paternelle : « Mon cher Chelomo, pourquoi t’absentes-tu de la yéchiva depuis quelques Chabbats ? Tu nous manques beaucoup ! »

Chelomo était préparé à cette question. Il l’attendait : un Roch Yéchiva paternel comme Rabbi ‘Haim ne s’attèlerait pas à ses activités alors qu’un de ses élèves rencontre un problème.

La réponse surprenante de Chelomo n’a pas tardé à arriver :

« Rabbi, en réalité, je veille à manger un quatrième repas (mélavé malka) avec du pain. Et ici à la yéchiva, je n’en ai pas la possibilité… »

Le Rav a haussé les sourcils.

« Je ne me plains pas, s’est empressé d’expliquer Chelomo. Il y a à la yéchiva beaucoup de ‘‘mezonot’’ avec lesquelles on peut accomplir la mitsva, mais je préfère faire ‘‘motsi’’. C’est pourquoi j’ai décidé de passer Chabbat chez moi et de manger le quatrième repas en ajoutant cette ‘houmra. »

Rabbi ‘Haïm a souri d’émotion : avoir de tels garçons dans sa yéchiva ! N’avait-il pas toujours aspiré à cela ?

« C’est cela le problème ? a-t-il demandé avec soulagement. Je veillerai à ce qu’il y ait du pain pour toi chaque Chabbat pour que tu puisses continuer à suivre ta bonne habitude. »

« Mais, a balbutié Chelomo mal à l’aise, je veille à avoir deux pains pour le quatrième repas… »

Apres un court instant de réflexion, le Rav n’a pas trouvé de source à la halakha énoncée par le jeune homme.

« Je ne connais pas la source d’une telle halakha, a-t-il déclaré en souriant. Où l’as-tu apprise ? »

« Certains décisionnaires tranchent ainsi » a répondu Chelomo en fermant la discussion.

Mais cette réponse n’a pas satisfait le Roch Yéchiva, qui n’a pourtant pas ignoré les dires de son élève et a voulu apprendre de lui plus que de tout autre.

« Mon cher Chelomo, si tu acceptes de me trouver la source de cette halakha, je te donnerai des livres pour une valeur de cent chekalim. De plus, je m’engagerai bli neder à te réserver une double ration de pain pour chaque sortie du Chabbat. »

Quelle affection, quelle humilité.

Cette demande a engendré une étude fructueuse du jeune homme qui, après une recherche poussée, a trouvé les paroles du Ben Ich ‘Haï : voilà la source halakhique de cette conduite.

Quand Chelomo s’est précipité dans le bureau du Roch Yéchiva avec sa trouvaille, le visage du Rav rayonnait d’une joie authentique pour sa réussite. Tous deux sont donc partis ensemble acheter les livres, comme promis.

Le Rav a aussi tenu son autre promesse, et chaque samedi soir il réservait pour Chelomo deux pains pour lui permettre d’accomplir scrupuleusement la mitsva. C’est ainsi que tout est rentré dans l’ordre.

Quelques mois plus tard, la fête de Chavouot est arrivée. Cette année-là, elle commençait jeudi soir et était donc suivie immédiatement du Chabbat.

La quantité de pain était importante et avait été prévue à l’avance pour suffire largement à la fois pour la fête, et pour le Chabbat. Mais finalement, il ne restait qu’un seul pain entier dans toute la yéchiva en cette fin de Chabbat…

Pour tous les élèves, cela ne constituait pas un problème, hormis pour notre cher Chelomo : qu’allait-il faire à présent ? Qu’allait devenir son scrupuleux respect du quatrième repas ?

Dans sa détresse, il a décidé d’en faire part au Roch Yéchiva. Il savait que Rabbi ‘Haïm tiendrait sa promesse.

Le Rav a écouté et compris la situation. Mais à une heure si tardive dans un village tranquille, on ne peut rien acheter. Il aurait pu très facilement dispenser le jeune homme de son habitude, puisque d’après tous les avis on peut s’acquitter du quatrième repas par des aliments mezonot, a fortiori en cas de force majeure…

Mais un Roch Yéchiva comme Rabbi ‘Haïm n’agit pas de la sorte !

Il a hésité pendant une longue minute, après quoi il a fait signe à Chelomo de l’attendre dans son bureau et s’est empressé de sortir de la yéchiva.

Le feu dévorant de la Torah brûlant en lui, Rabbi ‘Haïm a fait le tour de toutes les maisons du village.

Lui-même, le grand Roch Yéchiva, et non un envoyé, frappait aux portes et tendait la main en demandant : « Vous reste-t-il peut être un pain entier pour avoir une ration double pour le quatrième repas ? »

Rapidement, il est revenu à la yéchiva avec une ration double de pain pour son élève rigoureux dans les mitsvot.

« Voilà, Chelomo ! a-t-il annoncé le visage rayonnant, « prends le pain et va accomplir les mitsvot de ton Créateur… »

LA HAPHTARA DE LA SEMAINE

« Réjouis-toi, femme stérile qui n'as point enfanté » (Yéchayah 54)

Le rapport avec la paracha :

La prophétie d’Isaïe mentionne la promesse de D. de ne plus jamais envoyer de déluge : « Certes, je ferai en cela comme pour les eaux de Noa’h. » Or c’est le sujet principal de la parachat Noa’h.

 « Tous tes enfants seront les disciples de Hachem ; grande( rav) sera la paix entre tes enfants » (Yéchayah 54, 13)

« Tous tes enfants seront les disciples de Hachem » : on peut se demander pourquoi ils doivent avoir un maître (Rav).

Pour obtenir «  la paix entre tes enfants » sans dispute, car chacun voudra s’ériger en maître sur son prochain. C’est cela « la paix entre tes enfants ».

(Maharam Chif)

 « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau » (Yéchayah 55, 1)

Voici ce que j’ai entendu au nom du grand Maguid de Mezeritch. Il est écrit « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau », et la Torah est appelé « eau ». Et une autre fois il est écrit « Est-ce que Ma parole ne ressemble pas au feu ? » (Yirmiyah 23, 29).

En réalité il y a deux penchants.

Le premier nous réchauffe en nous incitant à la transgression, et le second nous refroidit en nous donnant la paresse d’accomplir les mitsvot.

Il est écrit dans la Guemara (Kidouchin 30a) : « J’ai créé le mauvais penchant et Je Lui ai créé la Torah comme antidote. »

C’est pourquoi, par rapport au penchant qui réchauffe, il est dit « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau », et en ce qui concerne le penchant qui refroidit, il est écrit « Est-ce que Ma parole ne ressemble pas au feu ? ».

(Torat Hamaguid)

 « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Vous qui n’avez point d’argent, venez, approvisionnez-vous et mangez » (Yéchayah 55, 1)

« Vous tous qui avez soif » : en ce qui concerne le penchant qui a soif de transgression, « voici de l’eau » : c’est la Torah. Il est écrit (Kidouchin 30a) « J’ai créé le mauvais penchant et Je lui ai créé la Torah comme antidote. » En d’autres termes, puisque la Torah est de feu, elle annule le mauvais penchant.

« Vous qui n’avez point » : quant à celui qui n’a pas mérité la Torah, que fera-t-il pour soumettre le mauvais penchant ?

C’est pourquoi il est dit « d’argent » : en soutenant les Sages, la Torah que l’érudit étudie protègera le riche du mauvais penchant.

(« Devarim A’hadim)

GARDE TA LANGUE

Quand le vendeur n’est pas honnête

Quelqu’un qui voit un homme acheter de la marchandise chez un vendeur qui a l’habitude de tromper doit le mettre en garde de ne pas acheter là-bas, même s’il a déjà conclu avec le commerçant qu’il achèterait chez lui, à plus forte raison s’il voit que le marchand incite le client, avec des mensonges, à acheter une mauvaise marchandise. Il faudra alors le prévenir de ne pas acheter, mais en se concentrant uniquement sur l’utilité, sans exagérer.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Noa’h, homme de la terre, commença par planter une vigne » (Béréchit 9, 20)

Les Sages expliquent que le même jour, il a planté une vigne et en a bu le vin (Béréchit Rabba 36, 4).

Le Maharil Diskin זצ''ל demande comment cela est possible, puisque les raisins étaient encore « orla », et donc interdits à la consommation et au profit. Alors comment Noa’h a-t-il bu de ce vin ?

Il répond qu’il a planté la vigne pour les besoins de tous, et il y a chez les Sages une opinion selon laquelle quand quelqu’un plante une vigne pour un grand nombre de personnes, cette vigne est dispensée du din de « orla » (Orla ch. 1 michna 2).

Le « Even Israël » demande comment il est possible que Noa’h ait planté une vigne pour un grand nombre de gens, puisqu’il était presque seul au monde après le déluge.

Il répond qu’il a vu que se produisait un miracle et que la vigne grandissait immédiatement, de façon surnaturelle, c’est pourquoi il a pensé que pour une telle vigne, il n’y avait pas de din de orla.

Or nous devons nous poser une question : si Noa’h avait véritablement l’intention de planter une vigne pour les besoins d’un grand nombre de gens qui naîtraient par la suite, pourquoi est-il surnommé « un homme de la terre », ce qui est une expression péjorative ? Il faut dire qu’il aurait dû prendre en considération le deuxième avis, selon lequel si quelqu’un plante une vigne pour les besoins d’un grand nombre, cette vigne est soumise à la « orla ».

On peut encore répondre que le mot « yaïn » (vin) a la valeur numérique de soixante-dix, allusion au fait que la Torah peut être commentée de soixante-dix façons, ainsi qu’il est dit « la Torah a soixante-dix aspects » (Bemidbar Rabba 13, 15). Dans ce cas, ce qu’on reproche à Noa’h est que s’il plantait quelque chose dans un monde détruit par le déluge, il aurait dû planter quelque chose en l’honneur de la Torah, par exemple une yéchiva, un beit hamidrach, une synagogue ou quelque chose comme cela.

C’est ce que signifie le commentaire de Rachi (Béréchit 9, 20) qui dit : « Vaya’hel (il a commencé) : il s’est rendu « ‘houlin » (profane), il aurait dû commencer par une autre plantation.

A LA SOURCE

« D. dit à Noa’h : la fin de toute chair vient devant moi car la terre est remplie d’iniquité à cause d’eux et Je vais les détruire avec la terre » (6, 13).

Les Sages enseignent que le Miséricordieux ne s’attaque pas d’abord à la vie (Vayikra Rabba 17, 4), il punit d’abord l’homme dans ses biens. Alors comment le Saint, béni soit-Il a-t-Il voulu frapper immédiatement les hommes de la génération du déluge, ainsi qu’il est écrit « Je vais effacer l’homme que J’avais créé » ?

Rabbi Arié Leib Tsints en donne une explication dans son livre « Melo HaOmer » : Punir l’homme dans ses biens n’a de sens que si ce qu’il possède est effectivement à lui. Mais dans le cas contraire, cela ne veut rien dire de commencer par le priver de ses biens, puisqu’ils ne lui appartiennent pas.

C’est ce que Hachem a dit à Noa’h : « La fin de toute chair vient devant Moi, car la terre est remplie d’iniquité » : comme la génération du déluge était remplie de vol et de violence, même ce qu’ils plantaient dans la terre était volé, comme tout le reste. C’est pourquoi « Je vais les détruire avec la terre », car rien ne sert de les frapper dans leurs biens, il faut commencer par la vie.

 « Noa’h et ses fils vinrent vers l’arche à cause des eaux du déluge » (7, 7)

Même Noa’h faisait partie des gens de peu de foi, croyant sans vraiment croire que le déluge allait se produire, et il n’est entré dans l’arche que lorsque les eaux l’y ont obligé » (Rachi).

Apparemment, comment est-il possible de dire de Noa’h, que la Torah appelle « un homme juste et irréprochable », qu’il ne croyait pas de tout son cœur ?

Le Mahari de Worke זצ''ל a expliqué que jusqu’à la dernière minute, Noa’h croyait et espérait que les hommes allaient se repentir et que le décret du déluge serait annulé.

Voici ce que signifient les paroles de Rachi : Noa’h faisait partie des gens de peu de foi, croyant – même parmi les gens de peu de foi il faisait dépendre sa foi et son espoir du fait qu’à chaque instant ils pouvaient se repentir, c’est pourquoi « sans vraiment croire que le déluge allait se produire » – parce que leur techouva pouvait annuler le décret…

 « La colombe vint à lui vers le soir et voici qu’elle avait dans le bec une feuille d’olivier fraîche » (8, 11)

Rabbi Ya'akov Emden זצ''ל, dans son livre « Migdal Oz », fait remarquer un fait extraordinaire : la colombe a amené dans son bec un rameau d’olivier vers le soir, parce que c’était Chabbat, et elle ne cueillait rien le Chabbat.

C’est l’origine de la coutume qui veut que l’on chante le Chabbat le chant « Yom Chabbaton », dans lequel est évoqué « yona matsa bo manoa’h », la colombe y a trouvé un repos, il s’agit de la colombe envoyée par Noa’h et qui n’est revenue à lui que vers le soir, à cause de l’honneur du Chabbat…

 « Chem et Yafet prirent la tunique, la placèrent sur leurs épaules à eux deux et marchèrent à reculons » (9, 23)

Rachi se penche sur la répétition dans la suite du verset « ils couvrirent la nudité de leur père avec le visage tourné vers l’arrière » : « Cela nous enseigne que lorsqu’ils se sont approchés de lui et ont dû se retourner pour le couvrir, ils ont tourné la tête en arrière. »

Le saint Rabbi Moché Alcheikh précise qu’ils étaient des tsaddikim et portaient sur leur visage la ressemblance de D., ils ne voulaient donc pas que leur visage, qui était habité de cette sainteté, voie une nudité, et ils craignaient aussi que leurs yeux deviennent impurs.

A plus forte raison quand il s’agit de l’enseignement des Sages (Berakhot 25b) sur celui dont le cœur voit la nudité au moment de la prière, surtout pour le visage de l’homme qui reflète l’image de D.

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Noa’h engendra trois fils » (6, 10)

On ne comprend pas pourquoi il était nécessaire de dire une deuxième fois « il engendra », ce qui avait déjà été dit dans la paracha précédente. J’ai trouvé qu’il est dit dans le Midrach (Yalkout Chimoni I, 43) : Noa’h a vu qu’ils irritaient le Saint, béni soit-Il, et s’est dit : pourquoi engendrer des enfants [c’est pourquoi il n’a pas engendré] pendant cinq cents ans [et ensuite] il a dit : je vais mourir sans enfant, or Hachem a dit de procréer, c’est donc ce qu’il s’est empressé de faire.

Il les a par conséquent engendrés uniquement pour perpétuer l’espèce.

J’ai vu à propos de ce Midrach que « Noa’h marchait avec D. » signifie qu’il a vu que sa fin était proche, c’est pourquoi il s’est immédiatement marié et a engendré trois fils. Ou alors, « avec D. [Elokim] » implique une idée de justice, il est allé dans les tribunaux et a vu qu’on était puni si l’on n’accomplissait pas la mitsva de procréer, c’est pourquoi il a engendré trois fils.

LES CHEMINS DE LA FOI

Etudes sur les merveilles de la Création de l’homme

Dans le numéro précédent, nous avons examiné la structure de l’œil et les merveilles du Créateur à travers l’accord absolument parfait qui se manifeste dans la vision, que dans Sa miséricorde Il a accordé à Ses créatures. Cette semaine, nous allons jeter un coup d’œil sur « les aides de la vue », dont chacune suscite un émerveillement prodigieux face à la sagesse de la Création, émerveillement qui mène quiconque réfléchit un tant soit peu à se lever pour remercier en disant : « Combien sont grandes Tes œuvres, Hachem, Tu les as toutes faites avec sagesse ! »

Nous avons donc dit « les aides de la vue ». Les paupières sont faites de deux lames de peau, dont l’extérieur a la couleur de toute la peau du corps, dans un accord esthétique parfait naturellement, et l’intérieur est rempli de liquide lacrymal et autres matières destinées à caresser l’œil et à le stabiliser à l’intérieur d’une chambre lubrifiée. Nous avons remarqué que les paupières se ferment et s’ouvrent des milliards de fois pendant la vie sans se trouver aggravées par le frottement continuel ou l’usure régulière.

De chaque paupière poussent des poils (les cils). Pourquoi ces cils ont-ils été créés ?

Les cils jouent un rôle important dans notre vision. Ils sont destinés à protéger les yeux des grains de sable et de poussière ou des particules de sueur et empêcher qu’ils n’y rentrent. Ils ont également une valeur esthétique, donnant au visage un aspect complet. Imaginez à quoi vous ressembleriez sans les cils ! Mais comme nous l’avons dit, l’esthétique est en supplément de la protection de la santé de l’œil.

La structure des paupières est verticale. L’une se ferme vers le haut et l’autre vers le bas, et non de droite à gauche comme un accordéon, ce qui fait aussi partie des bontés du Créateur, car cela empêche la sueur qui descend du front de pénétrer à l’intérieur de l’œil, ce qui serait dangereux.

Les portes des larmes ne sont jamais fermées

Les yeux humains sont également équipés d’une minuscule usine de lubrification, sous la forme d’un tout petit sac et d’un tuyau dont le rôle est de maintenir l’humidité des yeux pour que la cornée ne se dessèche pas, ce qui lui ferait perdre sa forme. Ceux d’entre nous qui portent des lentilles de contact savent parfaitement qu’il faut être prêt à payer n’importe quel prix pour un petit flacon de larmes artificielles, ou d’un autre collyre dont ils se servent constamment pour imiter l’action naturelle de l’humidification de l’œil, qui se trouve en tout temps à la disposition de l’homme, gratuitement, sans qu’il ait besoin de se promener avec des flacons dans la poche. Les Sages ont dit (Nida 45a) : « L’œil est constamment empli de larmes. » La larme est en réalité un liquide qui humecte en permanence la surface interne de l’œil et permet au globe oculaire un mouvement libre et coulant sans aucun frottement. La larme écarte également les grains de poussière et les autres corps étrangers qui pénètrent dans l’œil. La couche d’humidité qui se forme sur la cornée permet aussi une vue meilleure et plus perçante, elle protège l’œil et empêche les infections.

Le système lacrymal se compose de deux éléments :

1) Des glandes qui sécrètent les larmes et les répandent au rythme des diverses stimulations.

2) Un canal lacrymal pour les conduire de la surface de l’œil vers les fosses nasales afin de les évacuer (naturellement, vous avez remarqué le rapport entre les pleurs et la production de liquides qui apparaît en même temps au niveau du nez).

Dans chaque œil la glande lacrymale est divisée en deux parties, la principale et l’accessoire.

La principale est située à l’avant de l’œil, dans la direction de la tempe, et l’accessoire dans la paupière supérieure. La sécrétion des larmes augmente avec les stimulations extérieures, par exemple la pénétration d’un corps étranger, un vent violent ou autres choses de ce genre. La pression du liquide oculaire est toujours réglée avec une extrême précision, ce qui protège également la forme du globe oculaire.

Ces dernières années, les savants ont découvert qu’il n’y a rien de meilleur que de verser des larmes. Une recherche scientifique a montré que les larmes apaisent les tensions, éliminent les toxines du corps et renforcent aussi la capacité du corps à s’auto-guérir. Ainsi, celui qui pleure davantage jouit donc à la fois d’une santé physique et mentale.

Voici ce qui est rapporté dans le livre « Chevilei Emouna » de Rabbi Méïr ben Aldabi :

« Les larmes qui coulent parfois des yeux sont les résidus de l’amertume. Lorsque l’homme se fait du souci, son cerveau recueille beaucoup d’amertume et de contrariétés, c’est pourquoi il en reste des résidus. Et quand celui qui se fait du souci a pitié, la nature repousse ce qui est superflu vers les yeux et il verse des larmes. »

Dans la littérature médicale, on connaît le fait que les pleurs d’un bébé, entre autres, développent et renforcent les poumons. C’est encore une autre bonté des merveilles du Créateur, dont l’œil est ouvert sur Ses créatures depuis le jour de leur naissance (en passant, nous apprenons de là à ne pas avoir peur de tous les pleurs d’un bébé, mais au contraire à y voir une source de développement et de santé physique).

Un système d’auto-nettoyage

Voici porté à notre attention une autre bonté de D. :

Après un jour de travail continu de l’œil, qui entre en contact avec des particules de poussière et autres impuretés, l’homme va se coucher et dormir pour la nuit. Pendant ces heures de sommeil l’œil se nettoie à fond, toute la saleté s’accumule au coin de l’œil, et cette légère sécrétion est évacuée par un léger frottement, ainsi les yeux sont de nouveau prêts à servir l’homme quand il entre dans une journée chargée au service de Créateur.

Voici comment le ‘Hazon Ich résume, dans son livre « Emouna OuBita’hon », la sagesse contenue dans l’activité de l’œil :

« Combien de sagesse il y a dans l’œil ! Il n’est jamais fatigué de voir ni l’oreille d’entendre. Une génération après l’autre, les sages et les savants comprennent de mieux en mieux les trésors de sagesse cachés dans la création de l’œil, sans arriver au bout. »

Le summum de la sagesse

La forme du corps humain et son fonctionnement manifestent un summum de sagesse, et il lui est impossible d’avoir été créé d’une autre façon :

Apprenons des actes humains ce que sont les actes divins. S’il se trouvait un artisan très habile qui puisse créer une telle forme, nous lui demanderions comment il faudrait concevoir le corps de l’homme, et sa réponse nous décrirait la composition que nous voyons manifestée chez l’homme, ni plus ni moins.

Il estimerait qu’il lui faudrait des yeux pour pouvoir se diriger, ainsi que des paupières pour protéger les yeux de tout dommage, poussière et vent, et à plus forte raison au moment du sommeil. En effet, sans paupières il ne pourrait pas dormir, et même s’il dormait, n’importe quoi viendrait abîmer ses yeux, de la poussière tomberait dedans, ou des insectes ou des moucherons. Il dirait de plus que les yeux doivent être en haut du corps pour surplomber toute chose et protéger le corps. Tels le guetteur qui doit se tenir au sommet de la ville, les yeux doivent se tenir au sommet du corps… et ainsi de suite sur de nombreux détails de la création des membres du corps : n’importe qui de perspicace estimera que c’est ce qu’il aurait fallu faire, et que s’il avait la possibilité de créer un homme, on ne pourrait le créer autrement. (Séfer Hayachar)

 

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