Lekh Lekha 1er Novembre 2014 8 Hechvan 5775 |
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Le but : se renforcer dans le dévouement pour D. (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) « En effet, lorsqu’Avram fut arrivé en Égypte, les Égyptiens remarquèrent que cette femme était extrêmement belle ; puis les officiers de Par’o la virent, la vantèrent à Par’o et cette femme fut enlevée pour le palais de Par’o. » (Béréchit 12, 14-15) Ceci semble difficile à comprendre : Avraham a combattu les hommes les plus puissants du monde sans jamais être effrayé. Par exemple, Nimrod se prenait pour un dieu et tout le monde le craignait. Quand il se promenait, même les animaux sauvages le fuyaient car il portait les vêtements du premier homme, sur lesquels figuraient des images d’animaux sauvages. Malgré tout, Avraham n’a pas eu peur de lui, et quand il a appris que son neveu Lot avait été capturé, il est parti en guerre contre les quatre rois face à face, accompagné uniquement de son serviteur Eliezer. En effet, il est écrit « Ceci arriva du temps d’Amrafel, roi de Senaar… Ils prirent aussi, avec ses biens, Lot… Avram, ayant appris que son parent était prisonnier, arma ses fidèles, etc. » (ibid 14, 1, etc.). Rachi explique qu’Amrafel est Nimrod, qui a combattu avec trois autres rois. Ainsi, Avraham, qui a fait preuve d’un tel courage en combattant le puissant Nimrod, ne peut-il pas lutter contre Par’o en Egypte et récupérer sa femme ? De même, quand Avimélekh a capturé Sarah, Avraham a seulement prié, sans se battre pour la ramener. Pourquoi n’a-t-il pas combattu pour libérer sa femme ? Précisons qu’Avraham a dit de lui-même (Béréchit 18, 27) : « Je suis poussière et cendre. » En d’autres termes, il se considérait comme insignifiant. C’est pourquoi, pour ses propres besoins ou ceux de sa famille et même ceux de sa femme, il ne se sentait pas important, et s’est contenté de se décharger de son fardeau sur Hachem. Quand il a été victime d’une injustice, il a élevé vers D. une prière, mais ne s’est pas considéré comme apte à se battre. En revanche, quand le Nom divin a été profané et que Nimrod – qui, comme son nom l’indique, a soulevé (himrid) le monde contre Hachem – a capturé son neveu Lot, entraînant ainsi une profanation du Nom divin, Avraham a dépassé ses limites et cessé de s’annuler. Alors il est entré en guerre, seul avec Eliezer son serviteur, contre des hommes puissants, et les a vaincus. Effectivement, Avraham n’a tiré aucun bénéfice personnel de cette guerre, comme il est écrit « Le roi de Sdom dit à Avram : ‘‘Donne-moi les personnes, et les biens garde-les pour toi.’’ » (ibid. 14, 21) et Avraham a juré que « fût-ce un fil, fût-ce le lacet d’une sandale, je ne prendrai rien de ce qui est à toi » (ibid. 14, 23). En d’autres termes, il ne tirera d’aucune manière un bénéfice personnel de cette guerre, même le plus insignifiant, comme un lacet, parce qu’il s’est engagé dans cette guerre uniquement pour le Nom de D. Mais en ce qui concerne sa vie privée, il avait foi en Hachem et Le suivait là où Il le guidait. Même quand Hachem lui a ordonné « Va pour toi… vers le pays que Je t’indiquerai » (ibid. 12, 1), et que dès son arrivée il s’est heurté à une famine qui sévissait dans le pays, il a eu confiance en D. et ne s’est pas rebellé. N’importe qui d’autre aurait été fâché et aurait reproché à Hachem « Vers quelle terre m’as-Tu ordonné d’aller ? Un pays où il y a la famine ! » Mais Avraham s’est tu et a suivi les instructions de D. : « Va, descends en Egypte. » Il se tenait entièrement à la disposition de Hachem et ne pensait pas à ses propres besoins. Nous avons une grande leçon à en apprendre : nous ne devons pas penser à nous-mêmes ni à nos besoins, mais plutôt garder les yeux rivés uniquement vers D. Le Venezuela, en Amérique du Sud, est parfois frappé par de redoutables ouragans de pluie qui font beaucoup de victimes, car des gens se trouvent emportés dans le courant. Il y a quelque temps, des milliers de personnes ont péri dans ces tempêtes. Pour ma part, j’ai aussi une fois miraculeusement survécu à ces pluies alors que je séjournais là-bas chez quelqu’un. Le jour où j’étais censé rentrer chez moi en France, j’ai demandé à mon hôte de prendre la route pour l’aéroport six heures avant le départ. Il a commencé par refuser en prétendant qu’il n’était pas nécessaire de partir aussi tôt. Mais quelque chose en moi me poussait à le faire, et il a fini par accepter. Et alors, un quart d’heure après notre arrivée à l’aéroport, de grandes averses accompagnées de vents ont éclaté. Cette terrible tempête a tout détruit sur son passage, détériorant fortement routes et chemins. Si nous n’étions pas partis aussi tôt à l’aéroport, j’aurais dû attendre deux semaines pour voyager, car les routes avaient été détruites et les vols annulés ! Il y a quelque temps, un juif de ce pays m’a raconté qu’il avait déjà par deux fois échappé par miracle à ces tempêtes. Une fois, il était dans sa voiture et les vitres s’étaient déjà brisées à cause du vent… Tout semblait présager qu’il allait mourir sur place. Mais soudain, c’est comme si une main invisible avait ouvert la porte de la voiture, lui permettant de sortir et d’être sauvé. La deuxième fois, il était encore dans sa voiture quand la tempête s’est mise à déraciner montagnes et rochers. Alors par miracle, il est tombé avec sa voiture dans un creux de la route où il s’est réfugié pendant la tempête, et il a pu en sortir sain et sauf. J’ai demandé à cet homme s’il mettait les tefilin et il m’a répondu : « Je les mettais, mais j’ai arrêté. » J’ai rétorqué : « Vous avez déjà vécu un miracle à deux reprises ! N’y voyez-vous pas un signe du Ciel que vous devez vous renforcer ? Vous avez déjà réparé la voiture ; il est temps à présent de corriger votre conduite. » Voilà un homme qui ne pense qu’à ses propres besoins et non à la volonté divine. Il est heureux d’avoir été sauvé, mais il ne pense pas à remercier Hachem en échange. Voici la leçon que nous ont enseignée nos saints ancêtres : nous renforcer dans le dévouement pour tout ce qui concerne la gloire divine. En revanche, pour tout ce qui a trait à nos besoins personnels, nous devons avoir confiance en D. et ne pas en faire notre priorité. LES PAROLES DES SAGES Ne pas manquer le coche « Qu’Yichmaël vive devant Toi ! » (Béréchit 17, 18) L’espérance de vie moyenne préoccupe la pensée des meilleurs chercheurs depuis longtemps. Ils estiment qu’ils ont une maîtrise suffisante du mode de vie (effet secondaire de l’alimentation, des médicaments, de l’industrie, du commerce et autres facteurs) et se nourrissent uniquement de chiffres statistiques, alors que nous, en tant que juifs, nous croyons et savons parfaitement que l’espérance de vie ne dépend ni de la recherche ni de quelconques statistiques. Tout est décidé par le Créateur du monde, par Sa volonté Il prolonge la vie et accorde la nourriture à toutes Ses créatures dans Sa miséricorde et Son immense bonté. La littérature rabbinique abonde d’enseignements qui traitent de cette idée fondamentale que l’homme ignore quelle sera la durée de sa vie. La requête du roi David, « Fais-moi connaître, Hachem, ma fin et la mesure de mes jours » ne lui a pas non plus été accordée, et voici ce qu’on trouve dans le Yalkout Chimoni (Michlei 10) : Rabbi Chimon ben ‘Halafta s’est rendu à une circoncision et y a pris le repas. Le père du bébé lui a fait boire du vin vieux de sept ans. Il lui a dit : « Avec ce vin vieux, je célèbre la joie d’avoir un fils. » Ils sont restés éveillés jusqu’à minuit. Rabbi Chimon ben ‘Halafta, qui était certain de ses forces, est parti à minuit pour rentrer dans sa ville. En chemin, il a trouvé l’ange de la mort, et il l’a vu en train de rire. Il lui a dit : « Qui es-tu ? » Il a répondu : « L’envoyé du Saint, béni soit-Il. » Il lui a dit : « Pourquoi es-tu en train de rire ? » Il a répondu : « De ce que racontent les gens, quand ils disent qu’ils vont faire ceci et cela, sans savoir quand ils vont être rappelés. L’homme qui disait qu’avec ce vin il célèbre la joie d’avoir un fils doit trouver sa fin d’ici trente jours. » Il lui a demandé : « Montre-moi quand sera ma fin ! » Il a répondu : « Je ne suis maître ni de toi ni de ceux qui te ressemblent ; il arrive que le Saint, béni soit-Il aime vos bonnes actions et vous ajoute de la vie, ainsi qu’il est dit : « La crainte de Hachem ajoute de la vie », ou encore « La mort de Ses fervents est chère aux yeux de Hachem. » Quelle leçon pouvons-nous tirer de tout cela ? C’est que nous devons nous efforcer de nous emparer des mitsvot, afin de ne pas en arriver à une situation où du Ciel on considérera que nous avons manqué le coche. Le Rav Zilberstein chelita en rapporte deux exemples : Il y a des médecins pieux qui prient pour que leurs malades guérissent totalement. L’un d’eux a demandé s’il était permis de prononcer des paroles saintes, par exemple la prière ou autre, à côté d’une femme dont la tête est découverte au moment où elle subit la radiothérapie. La question s’était posée lorsqu’il s’était avéré qu’à cause de ce traitement, elle n’avait plus de cheveux sur la tête. Le Rav Zilberstein avait répondu que si elle n’avait pas de cheveux, c’était permis. Mais entre temps, on apprit que la malade, qui n’avait jamais pratiqué les mitsvot de sa vie, avait accepté de se couvrir la tête à partir de maintenant. Dans ce contexte, le Rav dit au médecin que cette femme avait déjà manqué le coche, car désormais, alors qu’elle n’avait plus de cheveux, le fait de se couvrir la tête ne représentait pas une mitsva. Il y en a un autre exemple dans l’histoire du Dr Chelomo Dox, le directeur du service de médecine interne de l’hôpital Belinson, qui alors qu’il se trouvait dans le service a soudain été appelé d’urgence par une femme qui lui a demandé de mettre les tefilin à son père. « Quand je me suis approché du lit du père, raconte le docteur, j’ai vu qu’il était à l’agonie et qu’il était impossible de lui mettre les tefilin pour plusieurs raisons. » Il s’est avéré plus tard que l’agonisant n’avait jamais mis les tefilin de sa vie. C’est une autre preuve flagrante que lorsqu’il y a eu quelqu’un qui était prêt à lui mettre les tefilin et à l’aider à accomplir les mitsvot, la porte s’était déjà fermée et le malade avait manqué le coche. C’est là-dessus que porte le verset de Kohélet « Souviens-toi de ton Créateur (…) avant que le soleil s’obscurcisse. » Dans une synagogue d’une certaine ville, on avait établi un règlement selon lequel on ne devait pas donner de discours le Chabbat pour ne pas fatiguer le public. Or il arriva qu’un certain Chabbat se présenta l’envoyé d’une yéchiva qui avait été fondée par le ‘Hazon Ich זצ''ל, et il voulait parler pour qu’on aide ceux qui étudient la Torah en donnant de l’argent à la yéchiva. A cause du nouveau règlement, après une longue discussion, le bedeau principal décida de ne pas le lui permettre, afin de ne pas transgresser le règlement. Immédiatement après le Chabbat, ce bedeau eut une grave crise cardiaque, et quand les représentants de la synagogue s’adressèrent à l’envoyé de la yéchiva pour lui demander pardon, il leur répondit : « Ce n’est pas mon honneur que vous avez blessé, mais celui du ‘Hazon Ich. » Les responsables allèrent sur la tombe du ‘Hazon Ich au cimetière du quartier de Zikhron Méïr pour lui demander pardon, mais il était trop tard, le bedeau était déjà mort. LA HAPHTARA DE LA SEMAINE Haphtara de la semaine : « Lama tomar Ya'akov » (Yéchayah 40, 41) Le rapport avec la paracha : Dans la haphtara, il est question d’Avraham dans sa guerre avec les quatre rois : « Qui l'a suscité de l'Orient, Celui qui appelle le droit à suivre ses pas ? Qui lui livre les nations? Qui lui soumet les rois ? », guerre qui est décrite dans notre paracha. « Ne crains rien, vermisseau de Ya'akov, faible reste d'Israël ! C'est Moi Qui viens à ton aide. » (Yéchayah 41, 11) Cela signifie que de même que le ver n’a de puissance que dans la bouche, qui est pour lui une arme lui permettant d’attaquer de hautes montagnes et de les réduire en poussière, ainsi la force d’Israël réside dans la prière, grâce à laquelle il résiste à tous ceux qui l’attaquent et les repousse mieux que par les combats. C’est à ce propos qu’il est dit : « Tu fouleras les montagnes à les broyer, les coteaux, tu les réduiras en menue paille, tu les vanneras et le vent les emportera. » Par l’image du « ver », alors que souvent les bêtes féroces ont également leur force dans leur bouche, le prophète nous enseigne une grande chose : toutes les créatures ont la force de faire ce que chacune est appelé à faire, même quand elles sont seules et sans aide de l’extérieur, alors que ce n’est pas le cas du ver, qui s’il est seul, ne peut rien. Sa grande force se manifeste uniquement lorsqu’ils s’assemblent en grandes quantités, et à condition que tous travaillent ensemble, auquel cas aucune montagne ni coteau ne peut leur résister, et alors il n’y a aucune limite à leur puissance. De même, nous n’avons de force que lorsque nous agissons ensemble, et alors notre puissance ne connaît aucune limite. Comme le dit le Midrach sur le verset (Devarim 29, 9) « Vous vous tenez tous aujourd’hui » : cela ressemble à des arbrisseaux fragiles, qui si on en fait un fagot, deviennent résistants. (« Kokhav MiYa’akov ») « Ne crains rien, vermisseau de Ya'akov, faible reste d'Israël ! C'est Moi Qui viens à ton aide. » (Yéchayah 41, 11) On comprend que toute délivrance qui est amenée par un envoyé a été suivi d’un asservissement. Mais en ce qui concerne la délivrance à venir, rapidement et de nos jours, elle ne sera suivie d’aucun asservissement, parce qu’elle a été amenée directement par D. C’est ce que dit le prophète, « Ne crains rien, vermisseau de Ya'akov », tu crois que cette délivrance ressemblera elle aussi à toutes les autres, mais ici « C’est Moi Qui viens à ton aide, dit Hachem, et c’est le saint d’Israël Qui te délivre. » Puisse Sa volonté être que la délivrance arrive rapidement et de nos jours, Amen. (« Adéret Eliahou ») GARDE TA LANGUE C’est une mitsva de l’admirer Si quelqu’un voit que son ami a acheté un objet et qu’on l’a trompé, et que d’après la halakha il y a une raison qui fait qu’il ne peut pas demander réparation, il lui est interdit de lui raconter qu’on l’a trompé, et au contraire, c’est une mitsva d’admirer cet achat devant lui. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita La valeur du temps « Il y eut une famine dans le pays et Avram descendit en Egypte pour y habiter car la famine était très lourde » (Béréchit 12, 10) Avraham descend en Egypte à cause de la famine, mais aucun voyage miraculeux ne se produit, alors que lorsque son serviteur Eliezer se rend à ‘Haran pour chercher une épouse à Yitz’hak, le chemin se raccourcit miraculeusement. C’est très étonnant, car Avraham était parti sur l’ordre de Hachem, alors qu’Eliezer était parti sur l’ordre de son Rav, sans compter que le temps des tsaddikim est précieux pour Hachem. Dans ce cas, pourquoi le chemin ne s’est-il pas raccourci pour Avraham ? Parce qu’il s’agissait d’une épreuve, afin de l’augmenter encore et qu’ainsi Avraham en reçoive une récompense de chaque instant, qui de plus s’épancherait également sur toutes les générations à venir. Mais pour Eliezer, le chemin a été raccourci, parce que ce voyage lui était difficile, étant donné qu’il souhaitait que sa fille épouse Yitz’hak, or le Saint, béni soit-Il ne donne à personne une épreuve qu’il n’est pas capable de surmonter, c’est pourquoi il l’a fait arriver instantanément à ‘Haran, et des miracles lui ont été faits. On raconte qu’un jour, le prophète Eliahou est venu trouver le gaon de Vilna pour lui proposer d’étudier avec lui, mais le gaon a refusé parce qu’il ne voulait pas qu’on lui raccourcisse le chemin. Il dit que les anges s’appellent « omdim », immobiles, parce qu’ils n’ont pas de mitsvot à accomplir, c’est pourquoi ils n’ont pas de durée. Mais le juif s’appelle « mehalekh », en marche, parce qu’il accomplit des mitsvot, or une mitsva en entraîne une autre et il va en progressant. Le gaon a dit : Si j’étudie avec le prophète Eliahou, je serai « immobile », or je veux arriver au niveau d’être « en marche », que grâce à mon approfondissement de la Torah on me révèle d’autres nouveautés. Ainsi, tout juif doit également plonger dans les profondeurs de la Torah, sans essayer de chercher des raccourcis. Quand le Saint, béni soit-Il voit que le temps est cher à l’homme, Il l’aide à le garder et à l’utiliser au mieux. J’ai vu de mes propres yeux que lorsque mon maître, le gaon Rabbi ‘Haïm Chemouël Lopian zatsoukal, voulait étudier une certaine souguia, le livre s’ouvrait exactement à la bonne page, et je me disais que c’était certainement que du Ciel on voulait lui épargner le temps de chercher l’endroit, parce que le temps lui était précieux. On raconte aussi que lorsque le fils du gaon Rabbi El’hanan Wasserman zatsoukal lui avait acheté des chaussures à lacets, il avait refusé de les porter parce cela lui ferait perdre trop de temps d’attacher les lacets. « Par le chemin qu’un homme veut prendre, on le conduit » (Makot 10b) : ou bien on lui allonge le chemin parce qu’ainsi sa récompense sera plus grande, ou bien on le lui raccourcit, tout dépend de l’attitude de l’homme envers le temps dont il dispose. A LA SOURCE « Avram prit Saraï sa femme, Lot son neveu et tous les biens qu’ils avaient acquis » (12, 5) Quand on quitte une ville, est-ce qu’il faut préciser qu’on est parti avec sa femme et ses affaires ? Peut-il venir à l’esprit qu’on les ait laissés et qu’on soit parti seul ? Le livre « Ba’alei Brit Avram » explique qu’habituellement, quelqu’un qui veut déménager d’un endroit fixe à un autre commence par partir seul pour chercher un logement qui lui convienne, et ensuite il revient chercher sa femme et ses affaires. Mais Avraham, quand Hachem lui a dit « lekh lekha », va, a immédiatement décidé d’accomplir cet ordre, et pour le féliciter il est dit « Avram prit Saraï sa femme », comme s’il était déjà parti là-bas et que l’endroit lui ait convenu. « Hachem frappa Paro de grandes plaies, lui et sa maison » (12, 17) « Negaïm Guedolim Ve-ett Beito » (de grandes plaies avec sa maison) est l’acrostiche de « gonev » (voleur). Cela comporte une allusion, comme le fait remarquer l’auteur de « Mechiv Devarim », au fait que comme Paro avait volé l’être aimé du Saint, béni soit-Il, Celui-ci lui en demandait raison. « Malchitsédek roi de Chalem fit sortir du pain et du vin, et il était prêtre du D. Très-Haut » (14, 18) Est-ce que parce que Malchitsédek avait donné du pain et du vin, cela le transformait déjà en prêtre ? Le ‘Hatam Sofer זצ''ל l’expliquait d’après l’enseignement de Rabbi Berakhia dans le traité Yoma (71a) : « Celui qui veut faire une libation de vin sur l’autel, qu’il emplisse de vin la gorge de talmidei ‘hakhamim. » Les Sages disent également (‘Haguiga 17b) que la table sert d’expiation, si elle se trouve devant Hachem et que des talmidei ‘hakhamim y soient attablés. Par conséquent, quand le vin et le pain sont comme des libations et des sacrifices, automatiquement le propriétaire devient comme un prêtre. C’est donc le rapport entre les différentes parties du verset, car il n’y a aucun talmid ‘hakham plus grand qu’Avraham, donc le pain est devenu comme un sacrifice et le vin comme une libation, et Malchitsédek est devenu prêtre du D. Très-Haut. « Malchitsédek roi de Chalem fit sortir du pain et du vin, et il était prêtre du D. Très-Haut » (14, 18) Un jour, alors que le saint Rabbi Méïr de Premishlan זצ''ל étudiait avec le gaon Rabbi Chelomo Kluger זצ''ל, il lui dit qu’il est écrit dans la parachat Lekh Lekha : « Malchitsédek roi de Chalem fit sortir du pain et du vin, et il était prêtre du D. Très-Haut. » Or les Sages ont dit que Malchitsédek était Chem fils de Noa’h, qui avait une grande yéchiva, le beit hamidrach de Chem et Ever. C’est dans ce beit hamidrach qu’Yitz’hak a étudié, et il y est retourné après la akeida ; c’est également là que Ya'akov a étudié pendant quatorze ans. Avraham, de son côté, était entièrement consacré aux bonnes actions. Et ces deux grands, quand ils se sont rencontrés, ne se sont pas contenté de ce qu’ils avaient, mais chacun d’eux a cherché à apprendre de l’autre, afin d’arriver à une perfection encore plus grande. C’est le sens direct du verset « Malchitsédek roi de Chalem fit sortir du pain et du vin ». Malchitsédek a appris d’Avraham la qualité de l’hospitalité (le pain et le vin), « et il », Avraham, a appris de Malchitsédek ce que c’est que d’être « prêtre du D. Très-Haut », comment se consacrer à l’étude et au service de D. LA VIE DANS LA PARACHA A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar « Car tout le pays que tu vois » (13, 15) On sait que la vue est limitée chez l’homme à ce qu’il peut percevoir. Or ici, Hachem lui a fait un miracle, les rayons du soleil se sont rapprochés et il a vu la totalité du pays, or il n’y a pas de plus grande ‘hazaka, d’acte d’acquisition, que lorsque quelque chose vient se soulever pour se mettre entre les mains de son maître. Cela ne doit pas te paraître invraisemblable, car nous trouvons que le pays s’est contracté pour son serviteur (Béréchit Rabba 59, 11), et aussi qu’il s’est replié sous ses fils. LES CHEMINS DE LA FOI Etudes sur les merveilles de la création de l’homme Avez-vous jamais réfléchi à la raison pour laquelle nous avons deux oreilles ? Ne nous suffirait-il pas d’une seule oreille placée au centre de la tête, comme la bouche se trouve au centre du visage ? D’ailleurs, pourquoi ne suffirait-il pas simplement d’un trou par lequel les ondes sonores rentreraient dans le canal auditif, pourquoi faut-il cet organe d’aspect bizarre qui s’appelle le « pavillon », à proximité de l’orifice de chaque oreille ? De nombreux chirurgiens gagnent bien leur vie par une industrie prospère dans ce domaine, grâce à de nombreuses personnes qui estiment que leurs oreilles ne s’accordent pas bien avec leur aspect général. L’apparence extérieure n’est pas parfaite, alors on effectue quelques corrections et on introduit quelques améliorations dans la structure des oreilles, afin qu’elles se dressent comme un rempart vers l’arrière et soient totalement ouvertes vers l’avant. En tant que juifs croyants qui faisons confiance à la sagesse du Créateur du monde pour la conduite de la Création, nous savons que chaque morceau de peau de notre corps a un but clair et précis. La semaine dernière, nous avons déjà parlé du rôle rempli par les sourcils, les cils, les larmes et autres instruments photographiques qui agissent dans l’œil. Cette semaine, nous allons traiter de la sagesse du Créateur dans un membre très important, celui qui renferme en lui la totalité de l’homme, d’ailleurs peut-être consacrerons-nous à cela un article séparé le moment venu, avec l’aide de Hachem : l’oreille. Sur la nécessité de deux oreilles, et sur leur emplacement particulier, le Rav Zamir Cohen chelita répond dans son livre « HaTsofen » (Le Code) par une parabole : Imaginons un soldat qui se trouve de garde pendant la nuit. Toute la région est plongée dans l’obscurité, et un silence total règne aux alentours. Tout à coup, on entend un bruissement à droite, et il se tourne immédiatement dans la direction de l’origine du bruit. Comment le soldat sait-il que ce bruissement est arrivé de la droite ? C’est très simple ! L’oreille droite a entendu un léger bruit avant l’oreille gauche, et aussi avec plus de puissance, et elle a immédiatement transmis le message au cerveau. Celui-ci, qui a reçu le premier message d’un bruissement suspect provenant de l’abri situé à droite, indique immédiatement au regard de se tourner dans cette direction, et au corps tout entier de se mettre en garde avec vigilance. Le cerveau a analysé la situation à une vitesse fantastique, il a défini le problème, a fait monter des entrepôts de la mémoire à vitesse foudroyante par un ascenseur les instructions du capitaine de la conduite en pareille situation, et a donné des ordres à de nombreux systèmes, entre autres celui des muscles des mains et de la parole. En revanche, si le bruissement provient de la gauche, l’oreille gauche l’entendra avant la droite et plus fortement. S’il arrive de devant, les deux oreilles l’entendront en même temps et avec la même force. Et que se passera-t-il quand le bruissement arrivera de derrière ? Comment saurons-nous l’identifier ? Apparemment, c’est pour cela que le pavillon de l’oreille a été conçu tel qu’il se présente : il est ouvert vers le devant et s’élève comme un rempart vers l’arrière, créant ainsi une sorte d’« ombre » sonore au bruit qui vient de l’arrière, et le cerveau identifie l’emplacement exact d’après cette « ombre ». Voici donc la merveilleuse programmation de la disposition extérieure du système auditif. Le remède des insuffisances Quelques mots sur la sagesse du Créateur dans le processus de l’audition. Les ondes de la voix qui pénètrent dans le canal auditif évoquent « un marteau qui frappe l’enclume ». L’énergie mécanique des ondes arrive à l’oreille interne, qui la transforme en énergie électrochimique d’activité nerveuse dans un langage compréhensible par le cerveau. Mais si n’importe quel son arrivait à l’oreille humaine, l’homme serait assourdi par le bruit qui se produirait dans les organes de transmission, c’est pourquoi Hachem, dans Sa bonté merveilleuse, a créé la trompe d’Eustache, qui est remplie d’un liquide qui avale et réduit la force de choc du son. Un autre conduit très fin fait circuler de l’air vers la partie interne de l’oreille. Son rôle est d’égaliser la pression de l’air à l’intérieur de l’oreille. Sans cette action toute simple, nous ne pourrions presque rien entendre. (On peut ressentir ce phénomène quand on est resté longtemps dans la mer, après avoir nagé et plongé, ou lorsqu’on monte en ascenseur à un étage très élevé, ou dans des voyages en avion. Tout à coup, nous « perdons » le sens de l’ouïe et nous ressentons le besoin d’avaler beaucoup d’air, afin d’ équilibrer la pression à l’intérieur de l’oreille interne.) C’est un processus absolument merveilleux. L’oreille a une faculté particulière de distinguer entre différents bruits et même d’identifier deux personnes qui discutent sans les voir, si bien que d’après la voix, on sait qui a parlé et ce qu’il a dit. L’explication scientifique de ce phénomène est que dans la partie interne de l’oreille il y a un « limaçon » (cochlée) où se trouvent tendues des fibres dont le nombre atteint 20.000, d’une longueur allant jusqu’à un demi millimètre. Ces fibres ressemblent dans leur structure aux cordes d’un piano qui reçoivent l’explosion du son et font parvenir au cerveau humain ce qu’il a entendu dans son oreille. Ces fibres distinguent 400.000 sons différents ! Et quelqu’un qui souffre d’un défaut même faible dans ces fibres est automatiquement défectueux dans l’ouïe et a besoin d’un traitement médical. La cause des handicaps auditifs peut être une infection, une exposition au bruit (par exemple les orchestres trop stridents dans les mariages, qui sont une nuisance pour le grand public, ou le fait d’écouter de la musique avec des oreillettes à un volume maximum pendant longtemps), un défaut génétique dans la famille, etc. Tout cela peut provoquer une atteinte progressive de l’ouïe, et grâce à la bonté du Créateur, qui guérit toute chair et fait des merveilles, il y a plusieurs solutions de traitement, qui comportent des opérations, des appareils acoustiques et des aides acoustiques comme les petits appareils qui sont totalement cachés dans le conduit auditif (l’ancien président des Etats-Unis Bill Clinton en portait deux dès l’âge de 45 ans), ceux qui se portent à l’entrée du conduit, ou ceux qui sont montés sur le pavillon, derrière l’oreille. Les portes de la sagesse, qui se sont ouvertes au cours du sixième millénaire, ont permis aux plus grands scientifiques d’aider ceux qui étaient atteints de surdité à la suite d’une grave lésion de l’oreille interne (dommage à la cochlée). Par un savoir-faire ingénieux, ils sont arrivés à réaliser une « greffe de la cochlée », consistant à introduire à l’intérieur de la cochlée une électrode qui remplace l’activité de l’oreille interne et transmet au cerveau les impulsions électriques provenant des sons. Cette greffe de la cochlée représente l’organe artificiel le premier et le plus avancé qui soit capable de remplacer avec un succès certain un organe humain, et même à transformer un sourd en bien-entendant. Les membres de l’homme sont des instruments au service de D. L’essentiel de l’amour dont on aime son propre corps et sa propre âme doit provenir de l’amour qu’on porte à son Créateur, comme un homme aime les instruments de son art et veille à ce qu’ils ne se salissent pas et ne se cassent pas, parce qu’il s’aime lui-même et veut pouvoir continuer à s’en servir. C’est bien plus encore qu’il doit veiller sur son corps et son âme, afin qu’ils ne se souillent ni ne se brisent, car ce sont eux les instruments qui lui permettent de servir Hachem. C’est là-dessus que doit porter toute l’intention quand on veille sur son corps et son âme, alors Hachem viendra à notre aide et sera notre soutien. (« Pelé Yoets »)
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