Vayéra 8 Novembre 2014 15 Hechvan 5775 |
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Les actes des Patriarches sont un signe pour leurs descendants (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) « Il leva les yeux et vit, voici que trois hommes se tenaient debout devant lui. Il les vit, courut à leur rencontre du seuil de la tente et se prosterna à terre. » (Béréchit 18, 2) Avraham est assis à l’entrée de la tente dans la chaleur du jour, alors qu’il est en convalescence de sa circoncision, et il attend des invités qui lui fassent mériter la mitsva de l’hospitalité. Rachi écrit sur les mots « dans la chaleur du jour » que Hachem avait fait sortir le soleil de son écrin pour qu’il ne soit pas dérangé par des invités. Cela doit nous interpeler. En effet, le Saint, béni soit-Il ordonne à Avraham de se circoncire à l’âge de cent ans, et cette circoncision était très douloureuse, car ce n’est pas la même chose d’être circoncis à l’âge de huit jours ou à cent ans. En voyant sa souffrance, le Saint, béni soit-Il, lui a envoyé l’ange Raphaël pour le guérir (Yalkout Chimoni Béréchit 18, 82), et parallèlement Il a fait sortir le soleil de son écrin pour que les gens restent chez eux et qu’Avraham puisse se reposer et ne pas se fatiguer à recevoir des invités, car comme on le sait, il était particulièrement hospitalier, et recherchait constamment des invités pour leur donner à manger et à boire et les faire entrer sous les ailes de la Chekhina. Or bien qu’Avraham ait su que le Saint, béni soit-Il avait fait sortir le soleil de son écrin pour qu’il puisse se reposer et guérir de sa circoncision, il s’est malgré tout levé de son lit de malade et il est sorti pour chercher des invités. C’est très étonnant, car s’il savait que la volonté de D. était qu’il s’allonge et se repose, pourquoi s’est-il levé pour chercher des invités ? Apparemment, c’est une action qui s’oppose à la volonté de Hachem, alors pourquoi a-t-il tout de même agi ainsi ? Il y a une difficulté supplémentaire qui s’éveille à la lumière de ce que nous avons dit. Les Sages enseignent : « Les tsaddikim n’ont pas de repos, ni en ce monde-ci ni dans le monde à venir » (Berakhot 64b), ainsi qu’il est dit à propos de Ya'akov : « Ya'akov a voulu s’installer dans la sérénité, immédiatement la catastrophe de Yossef l’a assailli » (Béréchit Rabba 84, 3). Mais si les tsaddikim n’ont pas de repos en ce monde, pourquoi le Saint, béni soit-Il a-t-Il voulu qu’Avraham se repose ? Cela va à l’encontre de l’enseignement des Sages selon lequel les tsaddikim n’ont ni paix ni repos ici-bas. Il semble qu’on puisse répondre que le Saint, béni soit-Il a voulu éprouver Avraham pour voir si dans une telle situation de faiblesse corporelle après la circoncision, il allait se lever pour chercher des invités, ou alors choisir de se reposer pour guérir. Et Avraham a compris que du fait que Hachem avait fait sortir le soleil, Il voulait l’éprouver pour voir s’il allait profiter de ce soleil brûlant pour ne pas chercher d’invités, ou au contraire rassembler toutes ses forces pour accomplir la mitsva de l’hospitalité avec perfection, c’est pourquoi il s’est levé malgré sa faiblesse. Ce n’était pas une transgression des ordres de D., parce que ces ordres avaient pour but de mettre Avraham à l’épreuve. Il est interdit à quiconque sent qu’il tend vers la paix et le repos de se laisser séduire par cela, parce que le repos mène l’homme à la faute. Les Sages ont dit que l’oisiveté entraîne l’ennui et que l’ennui mène à la faute (Ketoubot 59b). Par exemple quelqu’un qui a gagné beaucoup d’argent s’imagine que maintenant, il va pouvoir profiter d’une vie de repos et de détente. Cette pensée provient du mauvais penchant, parce que l’argent aveugle les yeux des sages, et risque de perturber celui qui le possède et de le pousser à négliger l’étude de la Torah. Les Sages n’ont-ils pas dit : « Plus on a de biens, plus on a de soucis » (Pirkei Avot ch. 2, michna 7) ? Et l’idée que l’argent puisse mener à la sérénité est fausse à la base. Au contraire, l’argent est susceptible de troubler l’homme et de lui enlever le goût de la vie. Le Alcheikh a dit que l’épreuve de la richesse est plus grande que celle de la pauvreté (Alcheikh sur Vayikra 25, 39). Avraham savait donc que le repos qui avait été décrété pour lui à cause de son état de santé après la circoncision relevait d’une épreuve : allait-il se laisser attirer par le repos et renoncer à ses habitudes hospitalières, ou bien surmonter l’épreuve, en sachant que les tsaddikim n’ont aucune possibilité de se reposer ici-bas ? C’est pourquoi il a continué à accomplir cette importante mitsva. Les Sages ont dit (Sanhédrin 90a) : « Tous les bnei Israël ont une part dans le monde à venir. » Et quand est-ce que les bnei Israël méritent de recevoir la part qui leur est gardée dans le monde à venir ? Seulement quand ils s’attachent aux actes des Patriarches pour les imiter. Nous avons l’habitude de dire cette michna avant de lire les Pirkei Avot, parce que ce traité est basé et construit sur les belles qualités des Patriarches, qui par leur conduite magnifique nous ont légué des repères que doit suivre tout juif. La michna termine en disant : « ainsi qu’il est dit : Ton peuple est entièrement composé de tsaddikim, ils hériteront du pays à jamais », ce qui signifie qu’on mérite d’hériter du pays, qui est le monde à venir, appelé « les pays de la vie » (Téhilim 116, 9), quand on étudie les Pirkei Avot où sont évoqués les us et coutumes des saints Patriarches, car « les actes des Patriarches sont un signe pour leurs descendants ». Et de même qu’on ne termine pas de manger définitivement, mais que chaque repas est temporaire jusqu’au repas suivant, quelques heures plus tard, de même l’homme ne peut se contenter d’avoir terminé le traité Avot une seule fois. A chaque fois qu’il le termine, c’est comme un nouveau début du traité suivant. Il ne faut pas céder aux injonctions du mauvais penchant qui veut nous affaiblir et nous mener à l’oisiveté, mais plutôt tirer la leçon des actes des Patriarches et apprendre avec vigueur et empressement, exactement comme Avraham a surmonté l’épreuve placée devant lui par Hachem et n’est pas resté dans son lit malgré sa douleur, mais est sorti chercher des invités, même sous un soleil torride. C’est ainsi que nous devons faire de grands efforts pour le maintien de la Torah et des mitsvot et nous montrer généreux envers les autres. LE SOUVENIR DU JUSTE EST UNE BENEDICTION NOTRE MAITRE RABBI ‘HAÏM PINTO, QUE SON MERITE NOUS PROTEGE Ce Chabbat verra la hilloula de l’un des géants spirituels, rejeton de la magnifique dynastie Pinto, qui a vécu au Maroc, le tsaddik habitué aux miracles Rabbi ‘Haïm Pinto « le petit », que son mérite nous protège. C’est lui qui a eu des mérites et en a donné à de nombreux autres, à la fois spirituellement et matériellement, en ramenant le cœur des bnei Israël à leur Père des Cieux, de son vivant comme également après son décès. Nos Sages nous ont en effet enseigné que les tsaddikim sont plus grands dans leur mort que de leur vivant, et il n’est pas rare que nous entendions de notre maître chelita des miracles et des merveilles qui ont eu lieu dans le monde entier pour des juifs que prient pour que la délivrance leur vienne de Hachem en se tournant vers le mérite du tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto. Rabbi ‘Haïm insufflait à tout homme, sans distinction d’origine, juifs ou non, la foi et l’espoir dont chacun a besoin. Le livre « Anchei Emouna » (Chapitre 19) raconte qu’un jour, Rabbi ‘Haïm est tombé malade du typhus et était sur le point de mourir. Les membres de la ‘Hevra Kadicha sont entrés chez lui, et quand ils ont vu qu’il était déjà agonisant, ils se sont mis, selon la coutume, à dire des psaumes à côté de son lit. Tout à coup, il a ouvert les yeux, s’est soulevé et leur dit : « Vous pouvez vous en aller. Je me porte bien. Du ciel, on m’a ajouté vingt-six ans de vie supplémentaires. » Une fois que les présents se sont remis du spectacle extraordinaire qui s’était déroulé sous leurs yeux, le tsaddik leur raconta que lorsqu’il était à l’agonie, et que les membres de la ‘Hevra Kadicha qui se trouvaient autour de lui avaient commencé à dire des psaumes, son grand-père Rabbi ‘Haïm « le grand » avait bondi de là où il se trouvait dans le Gan Eden devant le tribunal céleste et avait crié : « Vous devez lui ajouter des années supplémentaires, parce qu’il n’a pas encore tout terminé. Il doit encore vivre pour ajouter de la foi dans le Créateur du monde parmi les juifs. » Il avait ainsi intercédé pour lui à grands cris pendant un certain temps, et effectivement, au tribunal céleste on avait accepté sa demande qui paraissait fondée, et on avait ajouté à Rabbi ‘Haïm vingt-six ans de vie, pendant lesquels il s’efforça d’ajouter encore de la foi dans le Créateur du monde chez ses frères et sœurs juifs. La porte de Rabbi ‘Haïm le petit était ouverte à tous, sans aucune exception. A tout moment du jour et de la nuit, on entrait chez lui pour demander délivrance et miséricorde, un conseil ou une bénédiction. En fait, de nombreuses personnes venaient chez lui pour que le tsaddik prie pour elles et les bénisse. Ceux qui voyaient une délivrance après avoir reçu une bénédiction revenaient ensuite pour le remercier, mais Rabbi ‘Haïm rectifiait immédiatement les choses en leur disant très simplement : On ne doit remercier que le Créateur Le Rav Yossef Assaraf a raconté à notre maître, Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita, qu’un jour, il était arrivé de la ville d’Akka jusqu’à Mogador, avec huit chameaux chargés de peaux. Comme à son habitude, il s’était d’abord rendu chez Rabbi ‘Haïm pour recevoir sa bénédiction. Rabbi Yossef lui avait demandé comment il pourrait vendre la marchandise qu’il avait achetée, car cette marchandise ne trouvait pas d’acheteurs et il y avait investi tout son argent. Le Rav lui avait conseillé de ne pas vendre sa marchandise tout de suite, mais de louer un entrepôt où il déposerait les peaux, pour ne les vendre que deux mois plus tard. Il avait expliqué au commerçant que dans deux mois, le prix des peaux allait grimper, et alors il pourrait gagner beaucoup plus, et s’il attendait cela vaudrait la peine pour lui. C’est effectivement ce qu’avait fait Rabbi Yossef Assaraf, et il avait gagné une somme énorme avec la vente des peaux. Rabbi ‘Haïm lui avait de plus donné la bénédiction que la richesse ne le quitterait ni lui ni sa descendance, et cela se réalisa. Aujourd’hui encore, ses enfants et ses petits-enfants soutiennent des institutions de Torah. Le Saint, béni soit-Il est le maître des lieux L’histoire suivante est citée dans le livre « Bimessila Na’alé », par Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita. L’un des objets gardés précieusement chez lui est la canne de son saint grand-père Rabbi ‘Haïm Pinto. Cette canne lui est chère et présente une immense valeur à ses yeux. Même si on lui en proposait toute la fortune du monde, il n’accepterait de la donner à personne, parce qu’elle est absolument inestimable. On raconte des histoires prodigieuses sur cette canne, et en l’honneur du tsaddik nous allons en raconter une, qui est arrivée à M. Avraham Eli zal, telle qu’elle a été racontée par son fils à notre maître chelita. Celui-ci s’est trouvé une fois en voyage avec Rabbi ‘Haïm en autobus. Tout à coup, au milieu du chemin, le moteur a cessé de fonctionner. Au bout de deux heures, Rabbi ‘Haïm a demandé : « Pourquoi sommes-nous arrêtés ? » « Par erreur, le réservoir d’essence a été rempli avec de la bière, c’est pourquoi le moteur de fonctionne plus », lui répondirent les passagers. Rabbi ‘Haïm n’eut pas l’air de s’en soucier. Il tendit sa canne à Avraham Eli en lui demandant : « Allez toucher le moteur et tout va s’arranger. » Avraham fit ce que le tsaddik lui demandait, ayant foi dans ses paroles. Il s’approcha du moteur de l’autobus avec la canne du tsaddik, et à la stupéfaction de tous les voyageurs, dès qu’il l’eut touché, celui-ci se remit à marcher. Un jour, raconte notre maître, j’ai voulu tenir cette canne, mais je ne l’ai pas trouvée dans toute ma maison. J’ai essayé à plusieurs reprises de me rappeler où je l’avais mise, et ce qu’elle était devenue depuis la dernière fois que je l’avais vue, mais sans succès. Il ne m’est rien venu à l’idée sur l’endroit où elle pouvait bien se trouver. Naturellement, cela m’a énormément troublé, et pendant plusieurs jours j’ai été perturbé, la perte de la canne ne me laissant aucun repos. Ce mystère a été résolu une certaine nuit, quand mon saint grand-père s’est révélé à moi en rêve et m’a dit : « Aujourd’hui tu trouveras la canne. » Le lendemain matin, quand j’ai ouvert les yeux et que je me suis rappelé mon rêve, je ne lui ai attaché aucune importance, et je me suis dit que comme au cours des dernières semaines j’avais souvent pensé à cette canne perdue, il était possible que cela ait provoqué un rêve, car on sait bien que les rêves sont composés des pensées de la journée. Mais à ma grande surprise, le jour même une femme s’est présentée à moi avec en main la précieuse canne que j’avais perdue, en se répandant en louanges et remerciements de la lui avoir prêtée pour un certain temps. J’était stupéfait. Je ne me souvenais pas du tout lui avoir prêté la canne, et pendant toutes les semaines où j’en avais fait mon deuil, j’avais eu beau faire des efforts de mémoire, il ne m’était pas venu à l’idée que c’est moi-même qui l’avais donnée à qui que ce soit pour un certain temps, et j’étais certain que la canne avait disparu de façon suspecte. Cet événement m’a concrétisé le fait que parfois, le Saint, béni soit-Il veut nous rappeler que c’est Lui qui domine ce qui se passe dans le monde, en toutes choses, et que même si l’homme a l’impression qu’il dirige sa vie, le Saint, béni soit-Il lui envoie rapidement divers rappels pour l’éveiller au fait que c’est Lui le maître des lieux. SUR LA PENTE ASCENDANTE Tiré des notes de notre maître chelita Pour nous éveiller au service de Hachem « Hachem, si j’ai trouvé grâce à Tes yeux, je Te prie, ne passe pas ainsi devant Ton serviteur » (Béréchit 18, 3) Rabbi Yéhouda explique dans le traité Chabbat (127a) que cette mitsva de l’hospitalité dans laquelle excellait le père de notre peuple, Avraham, est plus importante que d’accueillir la Chekhina. Le Rav Acher Bergman chelita, dans son livre « Or’hot HaBayit », raconte à propos du sens très large à donner au mot « invité » que pour son grand-père le gaon Rabbi Elazar Mena’hem Man Shakh זצ''ל, quelqu’un qui n’est pas israélien et vient étudier la Torah en Terre sainte est à considérer comme un « invité », et que l’hospitalité des Israéliens oblige à lui faire bon visage et à lui rendre son séjour agréable. Cette attitude a mené notre maître à se manifester dans la pratique en de nombreuses circonstances, entre autres un cas dont le souvenir a été gardé et qui a plus tard été raconté par ses élèves. Il lui est arrivé de voyager en compagnie d’un certain nombre d’élèves pour participer au mariage d’un garçon de la yéchiva, qui avait lieu en dehors de Bnei Brak, à Jérusalem. Parmi les participants se trouvait l’un des garçons étrangers qui étudiaient à la yéchiva, un élève extrêmement assidu, qui bien que se trouvant déjà en Israël depuis quelques mois n’était pas encore sorti de Bnei Brak même une seule fois, si bien que c’était pour lui le premier voyage vers la ville sainte. Au début du voyage, le garçon dit au Rav que c’était la première fois qu’il sortait de la ville depuis son arrivée en Israël, et le Rav s’empressa de sauter sur cette mitsva de l’hospitalité qui se présentait à lui… A partir de ce moment-là, pendant tout le voyage, il se libéra de tout le reste pour consacrer son temps à un seul et unique but : faire connaître au garçon la route que l’on prenait, et attirer son attention sur les divers lieux par lesquels on passait, ainsi que toute autre chose qui sortait de l’ordinaire… A cette époque-là, ceux qui voulaient arriver à Jérusalem devaient voyager par l’ancienne route, par Ramlé et Har Tov, et le Rav est resté assis pendant tout le voyage à côté du garçon, en lui expliquant : « Voici, ici c’est Ramlé, et là-bas il y a Lod. C’est l’usine de ciment, et ici il y a tel village », et ainsi de suite. Mais un des autres garçons présents n’était pas satisfait du rôle que le Roch Yéchiva avait assumé… il estimait que cela portait atteinte à l’honneur du Rav d’Israël de servir de guide touristique en cette occasion, et qu’il perdait son temps précieux pour s’occuper de vétilles de ce genre… C’est pourquoi il essaya délicatement d’orienter la conversation vers des sujets de Torah pour lui donner une plus grande importance… Il adressa au Rav une question portant sur son dernier cours, en pensant qu’il suffirait de cela pour qu’une conversation de Torah se développe autour de ce nouveau sujet, et qu’ainsi l’attention du Rav serait détournée de sa « tâche » de guide touristique… Mais le Rav était d’un autre avis : « Pendant la plus grande partie de la journée je me trouve à la yéchiva, répondit-il à cet élève, et si tu veux discuter de ce point avec moi tu peux facilement en trouver le moment… alors qu’en ce moment, j’ai un invité qui emprunte ce chemin pour la première fois, et j’ai une mitsva de l’aider à connaître cette route et de lui donner un sentiment d’appartenance à la terre sainte. » LA HAPHTARA DE LA SEMAINE « La femme de l’un des jeunes prophètes » Le rapport avec la paracha : la haphtara raconte la bénédiction du prophète Elisha à la Chounamit pour avoir un fils, et l’accomplissement de cette promesse : il lui est né un fils au moment qu’il lui avait dit, de la même façon que dans notre paracha, les anges ont annoncé à Avraham qu’un fils allait lui naître. « Elisha lui dit : qui puis-je faire pour toi, dis-moi ce que tu as à la maison et elle dit : ta servante n’a rien d’autre à la maison qu’un vase d’huile » (II Melakhim 4, 2) Le Rav Ya'akov Barzano זצ''ל écrit que cela signifie qu’Elisha lui a dit : quel mérite as-tu pour que D. te fasse un miracle ? « Elle dit : ta servante n’a rien d’autre à la maison qu’un vase d’huile. » Nous savons que la femme a trois mitsvot, qui sont « nida » (la pureté familiale), « ‘hala » (le prélèvement de la ‘hala) et l’allumage des bougies (du Chabbat). Elle a dit : « mon mari est mort », je n’ai donc pas la mitsva de « nida », et je n’ai pas non plus la mitsva de ‘hala à cause de la pauvreté et de la faim. Tout ce qui me reste, c’est l’allumage des bougies de Chabbat, si son mérite peut me valoir d’être sauvée. C’est le sens de « ta servante n’a rien d’autre à la maison qu’un vase d’huile », qui représente l’allumage des bougies du Chabbat. (« Maskil Dorech ») « Dis-moi ce que tu as à la maison » (II Melakhim 4, 2) On doit se contenter de ce qui est indispensable sans rechercher le superflu, de peur de se détourner de Hachem. On doit considérer le peu comme si c’était beaucoup, comme si l’on avait en main tout le bien du monde, et c’est un moyen de servir le Créateur, parce qu’on ne passe pas son temps à chercher du superflu. Cette idée se trouve en allusion dans II Chemouël 12, 3, « le pauvre n’avait rien du tout qu’une petite brebis ». Il aurait fallu dire « il n’avait qu’une petite brebis », pourquoi dire « il n’avait rien du tout » ? C’est une allusion à la piété. Le pauvre se contente de peu comme de beaucoup, et le « rien » qu’il a en main lui paraît comme quelque chose de bon. C’est cela « rien du tout », le « rien » lui paraît comme « tout ». On peut expliquer la même chose sur le verset (II Melakhim 4, 2) : « Ta servante n’a rien du tout à la maison », c’est-à-dire que le fait qu’elle n’a rien à la maison lui paraît comme « tout », parce que son mari a tout donné en tsedaka pour nourrir les prophètes qu’il avait cachés. (« Chévet Moussar ») « Elle dit : je vis en paix à l’intérieur de mon peuple » (II Melakhim 4, 13) Rabbi El’hanan Wasserman a raconté un jour qu’il se trouvait à Riga au début du mois d’Ellul 5686, quand le gaon Rabbi Méïr Sim’ha de Dvinsk (le « Or Samea’h ») y était malade en phase terminale. Quand il se tint auprès de son lit le 3 Elloul, un jour avant son décès, et lui proposa d’envoyer des télégrammes pour qu’on prie pour sa guérison dans les grandes yéchivot, Rabbi Méïr Sim’ha fit un signe de refus de la main. Et il se souvint de ce que dit le Zohar sur la Chounamit : qu’elle avait préféré rester intégrée dans la prière de la communauté, car elle ne se sentait pas digne qu’on prie pour elle en particulier. (« Or El’hanan ») GARDE TA LANGUE Raconter sur le jeune homme Il est permis de dire au père de la jeune fille que le jeune homme a une maladie interne, s’il ne le sait pas [et à condition d’être certain que c’est vraiment une maladie, sans rien gonfler, et avec l’intention d’être utile]. Il est également permis de lui dire si le garçon a des idées sacrilèges. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Avraham a tracé pour toutes les générations la voie du service de D. « Il planta un « eshel » (un tamaris) à Beershéva et y invoqua le Nom de Hachem, le D. du monde » (Béréchit 21, 33) « Il planta un « eshel » à Beershéva. » Les Sages ont expliqué que le mot « eshel » est l’acrostiche de akhila (la nourriture), chetiya (la boisson) et lina (le coucher). Cela comporte une allusion aux trois saints Patriarches. La nourriture, c’est la charité d’Avraham, qui nourrissait tous ceux qui passaient par chez lui, et de cette façon propageait la foi dans le Créateur du monde. La boisson, c’est une allusion à Yitz’hak, qui a creusé des puits, or le fait de creuser renvoie au service divin. Et le coucher, c’est Ya'akov, qui ne dormait jamais, c’est pourquoi il n’est pas mort (Ta’anit 5b). La première fois où il a dormi (Béréchit Rabba 68, 11) était lorsqu’il a rencontré « l’endroit » où il a placé une pierre sous sa tête (Béréchit 28, 11), et ensuite (29, 1) il est écrit : « Il s’est mis en chemin », tout cela comporte le talon et la tête, « il s’est mis en chemin », c’est le talon, et « sous sa tête », c’est la tête. C’est ce que nous disons dans la prière : « Le D. d’Avraham, le D. d’Yitz’hak et le D. de Ya'akov », parce que les saints Patriarches ont tracé la voie qui permet de servir Hachem, ainsi qu’il est écrit : « Le monde repose sur trois choses, sur la Torah, sur le service de D. et sur la générosité » (Avot chapitre 1, michna 2). Ce sont en fait les trois choses que nous trouvons chez les trois Patriarches : la Torah c’est Ya'akov, qui est « talon » et « tête », car un talon sans la tête ou une tête sans talon ne valent rien. C’est cela l’échelle de Ya'akov, qui a les pieds et la tête, et ce que Ya'akov a mérité, c’est uniquement par le mérite de la Torah. Et il est écrit à propos d’Avraham, « il planta un « eshel » », il a implanté ces qualités dans toutes les générations, pour que les juifs en apprennent la façon de servir le Saint, béni soit-Il comme il convient. La qualité d’Yitz’hak est le service de Hachem, qui doit se faire dans la joie. Mais avec toute la joie dans le service de D., il est interdit d’oublier que nous nous tenons devant Hachem, et c’est cela la part de crainte et de tremblement. Et d’Avraham nous avons appris la générosité, ainsi qu’il est écrit « le monde est construit sur le ‘hessed », le monde ne peut pas subsister sans ‘hessed. La générosité individuelle, avec seulement la famille ou les proches, est inutile, c’est le monde entier qui en a besoin, comme on le trouve chez Avraham, dont Hachem a changé le nom d’un nom individuel en un nom plus général, par le mérite du ‘hessed qu’il faisait envers tout le monde, au point d’être appelé « père de nombreux peuples ». A LA SOURCE « Lavez-vous les pieds et reposez-vous sous l’arbre » (18, 4) Le livre « Beer Moché » écrit : Voyez les merveilles de notre sainte Torah : « Lavez-vous les pieds » (« Véra’hatsou ragleikhem ») a la valeur nuémrique de 613, allusion au fait qu’il voulait leur demander de s’éloigner de l’idolâtrie, comme l’ont dit les Sages (Baba Metsia 86b), qu’il les soupçonnait d’être des idolâtres, or la foi a autant d’importance que toute la Torah, ainsi qu’il est écrit (Téhilim 119) : « Toutes tes mitsvot sont la foi. » C’est pourquoi il a demandé « lavez-vous les pieds et reposez-vous sous l’arbre », phrase dont en hébreu les premières lettres forment le mot « Torah » et les dernières lettres le mot « mitsvot ». Il est dit dans le Zohar « L’arbre – sache que le Saint, béni soit-Il est un arbre de vie pour tous », c’est pourquoi « reposez-vous sous l’arbre », et non sous une quelconque idole. « Je vous prie, prenez un peu d’eau » (18, 4) Rabbi Yéhouda Leib ‘Hasman (auteur de « Or Yahel ») raconte qu’une fois, il a pris le repas de Chabbat du vendredi soir à la table du ‘Hafets ‘Haïm à Radin. Quand ils sont revenus de la synagogue après la prière, il s’est étonné de voir que le ‘Hafets ‘Haïm ne disait pas « Chalom aleikhem malakhei hacharet » comme c’est la coutume, mais s’installait directement à table, disait le kiddouch sur du vin, puis on s’est lavé les mains et on a mangé le poisson. C’est seulement après le premier plat que le ‘Hafets ‘Haïm a commencé à chanter « chalom aleikhem ». Rabbi Leib n’a pas pu se contenir et a demandé à son hôte pourquoi il changeait la coutume de dire « chalom aleikhem » immédiatement quand on rentrait de la synagogue. Il lui a répondu : Vous aviez certainement faim après le voyage, j’ai voulu que vous mangiez auparavant. Les anges n’ont pas faim. Ils peuvent attendre un peu… « Comme l’aube montait, ils pressèrent Lot » (19, 15) Le moment qui a été choisi pour l’apparition du soleil comporte un signe, comme le précise le Rav Ovadia Sforno ; il fallait que leur punition se produise avec l’apparition du soleil, leur grande idole, comme le disent les Sages (Berakhot 7a) : « Au moment où les rois de l’orient et de l’occident posent leur couronne sur leur tête et se prosternent devant le soleil, immédiatement le Saint, béni soit-Il se met en colère. » LA VIE DANS LA PARACHA A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar « Il vit, courut à leur rencontre de l’entrée de la tente et ils se prosternèrent. » Il semble qu’il aurait fallu dire que le fait qu’il les ait vus s’accompagne de la conscience que c’étaient des anges, mais il n’y a pas besoin de cela, car le verset insinue déjà qu’il les avait reconnus. Mais le verset vient nous dire que du fait qu’il les a vus, il a été guéri de ses douleurs, s’est levé et s’est mis à courir à leur rencontre, car on voit un ange de loin et il n’y a pas de séparation chez des êtres spirituels qui puisse retarder la guérison, c’est pourquoi Raphaël a immédiatement accompli sa mission et l’a guéri. En sentant cela, il s’est prosterné jusqu’à terre devant les envoyés célestes.
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