Vayetsé 29 Novembre 2014 7 Kislèv 5775 |
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Une seule alliance – deux points de vue
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
« Que soit témoin ce monceau et témoin cette pierre que je ne dépasserai pas de ce côté ce monceau et que tu ne dépasseras pas de mon côté ce monceau et cette pierre dans des vues mauvaises » (Béréchit 31, 52)
Après que Lavan a poursuivi Ya'akov à cause du vol de ses idoles, a fouillé toutes ses affaires et celles de sa famille sans les trouver, il lui propose à présent d’établir une alliance avec lui, ainsi qu’il est dit : « Maintenant, viens et concluons une alliance, moi et toi, et que ce soit un témoignage entre moi et toi » (Béréchit 31, 44)
Or Lavan l’Araméen (« arami ») est appelé ainsi parce qu’il est constamment en train de tromper (il est « ramaï »), si bien que nous devons comprendre en quoi il essaie ici de tromper Ya'akov, et surtout le fait que Ya'akov ait accepté cette alliance et qu’ils aient construit le « monceau de l’alliance » (« galed ») ensemble.
Il semble qu’on puisse expliquer cette alliance grâce à ce que dit Lavan dans la suite, « Que soit témoin ce monceau et témoin cette pierre que je ne dépasserai pas de ce côté ce monceau et que tu ne dépasseras pas de mon côté ce monceau et cette pierre dans des vues mauvaises » (Béréchit 31, 52), c’est-à-dire que l’intention en concluant cette alliance n’était pas l’union et le rapprochement, mais c’était au contraire une alliance de séparation et d’éloignement, afin que chacun évite d’empiéter sur le territoire de l’autre.
On peut expliquer qu’il y a deux sortes d’alliance : une alliance d’amour qu’on conclue pour renforcer le lien et la responsabilité mutuelle, et une alliance dont tout le but est de définir que ma part va jusque là et la tienne jusque là, et de s’assurer que personne ne s’approche de la part de l’autre. C’est ce qu’on trouve entre un homme et une femme, entre lesquels il y a deux sortes d’alliance, la ketouba et le guett. Quand on veut conclure une alliance de lien et de rapprochement, on écrit une ketouba, et quand on veut le rompre, il faut le faire par un accord écrit qui est le guett. C’est l’alliance qui a été conclue ici par Ya'akov : Ya'akov voulait qu’il y ait une séparation, que mes femmes ne soient plus tes filles et que mes fils ne soient pas tes petits-enfants. C’est là-dessus que le monceau et la pierre porteront témoignage.
Mais Lavan voulait l’alliance inverse, d’union et de paix, si l’on peut dire, ceci pour pouvoir avoir une influence sur lui et ses descendants grâce aux forces de l’impureté. Mais quand il a vu qu’ils ne voulaient aucun influence de lui et ne cherchaient qu’à s’éloigner de lui, n’ayant pas le choix il a accepté cette alliance-là. Seulement Lavan, malgré tout, voulait qu’elle lui soit utile, et que s’il ne pouvait pas influencer, au moins il ne soit pas influencé lui-même. Il voulait une alliance telle qu’il n’y ait aucune influence de sainteté sur lui et ses descendants, que la sainteté ne puisse pas soumettre l’impureté et que dans les générations suivantes, quand ils iraient en exil en Babylonie, ils n’aient aucune influence ni possibilité d’étudier la Torah dans ce pays, et que l’araméen demeure une langue entièrement impure, pour qu’ils ne puissent pas s’élever dans la Torah en exil.
Un jour, un juif est venu me trouver à propos de son fils qui avait fait techouva et se renforçait beaucoup dans la Torah. Ce fils était arrivé à la yéchiva pour étudier, et il réussissait très bien. Au bout d’un certain temps de fréquentation du beit hamidrach, le père était arrivé en se plaignant que parce que son fils étudiait la Torah à la yéchiva, il n’avait plus la tête dans les affaires et ne s’y investissait pas assez. Non seulement cela, mais il essayait d’influencer toute la famille pour qu’eux aussi se renforcent dans la pratique du judaïsme, il voulait faire faire techouva à tout le monde, et le père voulait que j’explique à son fils qu’il fallait quitter la yéchiva et rentrer à la maison pour travailler. J’ai appris de là que les forces de l’impureté voulaient empêcher à tout prix une influence de sainteté et de Torah sur la famille. C’est exactement ce que voulait Lavan quand il a conclu cette alliance : il voulait une alliance qui constitue un obstacle et une séparation totale entre lui d’une part, Ya'akov et les tribus de l’autre.
Tout cela est expliqué en profondeur dans les paroles de Lavan lui-même, dans le discours qu’il a fait à la cérémonie d’inauguration du « gal’ed » : « Lavan l’a appelé yagar sahadouta et Ya'akov l’a appelé gal’ed ». C’est surprenant, car auparavant Lavan avait dit « Ce monceau (gal) est témoin (ed) », donc pourquoi est-il dit ici que Lavan l’a appelé « yagar sahadouta », en araméen ? Le Talmud Yérouchalmi (Sota 7, 7) explique : « Rav Chemouël bar Na’hmani a dit au nom de Rav Yonathan : Que l’Araméen ne soit pas négligeable à tes yeux, car il est utilisé dans la Torah. Où cela ? « Yagar sahadouta ». » Mais cela même demande explication. Pourquoi en vérité la Torah a-t-elle employé la traduction araméenne, alors que l’hébreu est la langue sainte au moyen de laquelle le monde a été créé ?
L’explication en est que Lavan voulait qu’il n’y ait aucune prise pour la Torah et la sainteté en Babylonie et dans la langue araméenne, c’était là son but dans l’édification de ce monceau. Mais c’est la décision de Hachem qui prévaut, et la Torah a écrit le « gal’ed » de Lavan lui-même en araméen, pour qu’il ne réussisse pas à conclure une alliance de séparation entre la sainteté et l’impureté. Les mots araméens eux-mêmes sont devenus partie intégrante de la Torah et ont été transformés en sainteté, il n’a pas réussi à séparer et à éloigner. Désormais, on pourra étudier le Talmud de Babylone sans être dérangé par l’impureté de Lavan, que ce soit les saints Amoraïm ou leurs yéchivot.
A notre époque, nous voyons combien cette impureté trouble la sainteté et grandit par rapport à elle, en particulier avec l’aide des institutions de Torah, qui proviennent de sources pures. C’est ce qui est écrit dans le Zohar, que l’ange tutélaire d’Essav a frappé Ya'akov à la hanche, qui représente ceux qui soutiennent la Torah et que l’impureté rend très difficile de rassembler l’argent nécessaire pour l’étude de la Torah. Ya'akov l’a compris, et il a estimé qu’il fallait une alliance de séparation et de rupture. Il l’a appelé « gal’ed » pour qu’elle ne soit pas influencée par l’impureté, c’est-à-dire que même si nous utilisons l’araméen pour étudier la Torah, l’impureté de Lavan n’aura pas d’influence sur nous.
Par hasard, j’ai rencontré l’un des Rachei Yéchivot, et j’ai discuté avec lui de l’attitude du Admor de Satmar זצ''ל, qui interdisait de prendre l’argent de l’Etat dans un but de sainteté. Il a interdit aux yéchivot de prendre de cet argent. Or ce Rav avec qui je parlais m’a dit que cela ne posait aucun problème de prendre de l’argent de l’Etat pour les yéchivot, mais je me permets d’avoir une autre opinion, car cet argent qui va aux yéchivot provient d’impôts sur des aliments interdits, de profanations du Chabbat et des fêtes ainsi que de toutes sortes désirs inavouables. Bien que dans le Trésor de l’Etat il y ait aussi de l’argent propre, il y a également de l’argent impur, l’argent qui est dans la caisse est mélangé sans distinction d’origine, et de là il va aussi aux yéchivot, dans la caisse desquelles tout l’argent est mélangé. Il y a aujourd’hui un certain lien entre les forces de l’impureté et la sainte Torah. Certes, il faut juger favorablement et considérer qu’elles sont annulées car moins nombreuses, mais il est certain que quand c’est possible, il vaut mieux éviter cela, comme le ‘hamets qui ne s’annule pas même en quantités minimes.
SUR LA PENTE ASCENDANTE
Tiré des notes de notre maître chelita
Satisfaction dans le sommeil
L’une des fois où je me suis trouvé au Canada, mes chers hôtes m’ont préparé une grande chambre agréable au premier étage de leur maison.
Comme à ce moment-là quelques femmes dormaient à cet étage, ainsi que plusieurs couples mariés, j’ai demandé à dormir à un autre étage de la maison, au sous-sol.
Quand le maître de maison a entendu que je voulais dormir au sous-sol, il s’est beaucoup troublé. Il s’est immédiatement adressé à moi pour me dire : « Kvod HaRav, comment est-ce que je pourrais accepter cela ? Ce n’est pas honorable de dormir au sous-sol, et en plus de cela c’est également dangereux. »
Quand à moi, j’estimais qu’il était beaucoup plus dangereux de dormir à un étage où risquaient de s’éveiller des pensées indésirables, c’est pourquoi j’ai insisté pour ne dormir nulle part ailleurs qu’au sous-sol.
Qu’il soit dit à l’honneur de mon hôte que lorsqu’il a vu que j’y tenais absolument, il n’a pas insisté, et selon mon désir, on m’a immédiatement préparé une chambre au sous-sol.
Parfois, les gens s’imaginent que le plaisir de dormir n’existe que lorsqu’on dort dans une grande chambre aérée et dans un lit propre et confortable, mais ce n’est pas exact. Quand on vit en accord avec la sainte Torah, c’est cela le plus grand et le véritable plaisir !
La vérité est qu’en dormant au sous-sol, je n’ai pas du tout senti que j’étais à cet étage inférieur, bien qu’apparemment, il ait été moins confortable pour dormir. J’ai bien dormi, et j’étais détendu dans mon sommeil qui m’était accordé avec le plein accord de la Torah. J’ai senti que D. merci, j’avais mérité d’être protégé contre le mauvais penchant et les pensées néfastes pendant mon sommeil, et ce sentiment m’a causé beaucoup de joie et de détente.
Avant l’heure de min’ha, je me suis de nouveau étendu, et de nouveau, malgré les conditions matérielles moins confortables, j’ai très bien dormi.
Comme si c’était un acte du Satan, j’ai tout à coup senti dans mon sommeil que ma kipa était tombée. J’ai eu très peur, je me suis réveillé immédiatement et j’ai voulu ramasser ma kipa et la remettre sur ma tête, mais à ce moment-là j’ai senti comme un main invisible qui a ramassé ma kipa pour moi et me l’a placée sur la tête.
Je sais que cette histoire peut étonner considérablement et éveiller les doutes, et peut-être que quelqu’un des lecteurs pensera que j’ai rêvé éveillé. Mais je témoigne de la véracité du fait, et de ce qui m’est arrivé pendant cette sieste précédant min’ha.
Quand j’ai raconté cela à mon fils Rabbi Raphaël, et à mon accompagnateur Reb Moché Mirley, ils m’ont demandé si cela ne me faisait pas peur. Mais je leur ai répondu que je n’avais aucune crainte dans le cœur, parce que je savais clairement que ce n’était pas une force d’impureté, la main qui m’avait aidé dans mon sommeil souhaitait seulement m’aider à remettre rapidement ma kipa sur ma tête, et si c’avait été quelque chose d’impur, cela aurait voulu m’en empêcher et non l’inverse.
Je me suis dit en moi-même que du Ciel, on voulait certainement me montrer que du fait que j’avais renoncé à des conditions agréables de sommeil, j’avais causé une grande satisfaction au Saint, béni soit-Il. Au lieu de dormir dans un lit confortable dans la chambre agréable qui m’avait été préparée, j’avais choisi de dormir au sous-sol, par souci de ne pas en arriver à des pensées interdites, et cet acte avait été aimé au Ciel et agréé par le Saint, béni soit-Il.
LA HAPHTARA DE LA SEMAINE
« Mon peuple se complaît dans sa rébellion contre Moi » (Hochea 11, 7)
Le rapport avec la paracha :
Dans la haphtara il est dit de Ya'akov qu’il a supplanté Essav, ainsi qu’il est écrit : « Dans le ventre il a supplanté son frère. » C’est ce que raconte la paracha, que Ya'akov fuit devant son frère Essav.
« Je suis saint au milieu de toi et Je ne viendrai pas armé de colère » (Hochéa 11, 9)
Nos Sages ont dit (Ta’anit 11) : il faut toujours considérer qu’on a un saint dans les entrailles », ainsi qu’il est dit : « saint au milieu de toi et Je ne viendrai pas armé de colère », c’est pourquoi il est interdit de se mortifier et de jeûner quand on n’en a pas la force.
Manger un repas s’appelle « sainteté », comme l’ont dit les Sages (Avoda Zara 20b) : on doit se sanctifier dans sa nourriture, c’est pourquoi ils ont enseigné que si quelqu’un n’a pas la force de jeûner, il doit se sanctifier en mangeant, « sanctifie-toi dans ce qui est permis ». Mais s’il a la force de jeûner, sa sainteté est plus grande s’il ne mange pas du tout.
(Maharcha)
« Yéhouda descend encore avec D. » (Hochéa 12, 1)
Il faut l’expliquer par une allusion : même quand l’homme s’occupe des préoccupations matérielles qui lui sont nécessaires, par exemple pour gagner sa vie, son intention doit tout de même être de le faire pour l’amour du Ciel, pour qu’il ait la force et la santé de servir son Créateur, « connais-Le dans toutes tes voies ». Ainsi il recevra aussi une récompense pour le travail qu’il accomplit pour gagner sa vie, parce que tout est pour les besoins du service de Hachem.
C’est ce que dit le verset, « Yéhouda descend encore », bien qu’il s’abaisse pour traiter d’affaires matérielles et de subsistance, il est tout de même « avec D. », il faut que son intention soit avec Hachem, c’est-à-dire de gagner sa vie largement pour pouvoir étudier la Torah et accomplir les mitsvot sans obstacles.
(« Torat Haparacha »)
« Car les paroles de Hachem sont droites, les tsaddikim y marchent et les pécheurs y trébuchent » (Hochea 14, 10)
Il est dit dans le Zohar que toutes les voies de Hachem sont droites, les tsaddikim y marchent parce qu’ils connaissent les mitsvot de Hachem et étudient la Torah, et les pécheurs y trébuchent parce qu’ils ne font aucun effort pour étudier.
Il est impossible de dire que ceux qui n’étudient pas du tout les voies de la Torah y trébuchent, puisque le verset semble dire qu’ils empruntent aussi ces voies mais y trébuchent, or s’ils n’ont pas étudié du tout, comment peuvent-ils emprunter ces voies ?
Ils ont donc certainement étudié ce que demande la Torah, et « les pécheurs y trébuchent » ne désigne pas ceux qui n’ont pas étudié, mais plutôt ceux qui ne l’ont pas fait de façon désintéressée : ils ont étudié pour leur propre profit. Les Sages ont également dit dans Berakhot (17) que quiconque étudie dans un but intéressé, mieux vaudrait pour lui ne pas avoir été créé.
(« Torat Chemouël »)
GARDE TA LANGUE
Ses fautes se multiplient
Celui qui dit du lachon hara et croit ce qu’on lui raconte transgresse « ne place pas d’obstacle devant un aveugle». Celui qui parle le transgresse dans tous les cas, et plus il y a d’auditeurs, plus ses fautes se multiplient. Alors que l’auditeur transgresse seulement quand il est seul, mais quand ils sont plusieurs, il se peut qu’ils ne transgressent pas cette interdiction-là.
A LA LUMIÈRE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
Où sont la lumière et la beauté de la ville ?
« Ya’akov sortit de Beer Sheva et se dirigea vers ‘Haran. » (Béréchit 28, 10)
Rachi écrit : « Il aurait suffi d’écrire simplement ‘‘il alla à ‘Haran’’. Pourquoi mentionner son départ de Beer Sheva ? C’est pour nous apprendre que le départ d’un juste fait impression dans l’endroit qu’il quitte. Aussi longtemps que le juste se trouve dans une ville, c’est lui qui en est la beauté, c’est lui qui en est l’éclat, c’est lui qui en est la majesté. Lorsqu’il la quitte, finie sa beauté, fini son éclat, finie sa majesté. »
Je me suis une fois interrogé sur les paroles de Rachi selon lesquelles le départ de Ya’akov a laissé une impression, faisant ressentir aux habitants qu’en même temps que lui disparaissaient aussi la beauté, la majesté et l’éclat de la ville. Pourtant Yitz’hak, connu pour sa grande piété, était resté habiter dans la ville ! Que veut donc dire Rachi par-là ?
J’aimerais répondre à cette question en rapportant une histoire que m’a racontée le Rav Shakh. Un juif marseillais était venu lui faire part de ses doutes quant à la répartition des dons qu’il voulait faire. Ce généreux donateur lui a confié qu’on l’avait sollicité, d’une part, pour l’élargissement d’une yéchiva qui existait déjà, et d’autre part, pour la création d’une synagogue dans le quartier. Il était donc partagé, sans savoir à quel projet participer. Incapable de trancher lui-même, il s’est adressé au Rav Shakh pour obtenir une réponse.
Le Rav lui a dit d’aider financièrement l’élargissement de la yéchiva, et non la création de la synagogue. Il s’est justifié en expliquant que la Torah est plus importante que la prière. On peut en effet prier n’importe où, même sur le chemin, ou dans une synagogue un peu éloignée. En revanche, la voix de la Torah doit être entendue en chaque endroit, car la Torah est la seule chose qui nous différencie des non-juifs, et nous rend aptes à subsister dans ce monde.
En entendant cette histoire, j’ai compris ce qui s’est passé lorsque Ya’akov a quitté la ville de Beer Sheva. Comme nous le savons, Yitz’hak est le pilier du service, c’est-à-dire de la prière, tandis que Ya’akov est le pilier de la Torah. Or nous venons d’expliquer que l’importance de la Torah dépasse celle de la prière, sans bien sûr amoindrir la valeur de celle-ci, qui est tout à fait honorable. Ainsi, puisque la Torah a une valeur immensément grande, quand Ya’akov a quitté Beer Sheva, les habitants ont eu le sentiment que la beauté, l’éclat et la majesté de la ville les avaient également quittés, car la prière, symbolisée par Yitz’hak, ne peut, à elle seule, procurer beauté et splendeur à une ville.
On comprend mieux à présent les paroles de Rachi qui dit que le départ de Ya’akov a fait impression dans l’endroit qu’il a quitté, malgré la présence d’Yitz’hak, en raison de l’importance de la valeur de la Torah par rapport à celle de la prière.
A LA SOURCE
« Si je retourne en paix à la maison paternelle » (28, 21)
D’où Rachi apprend-il que l’expression « en paix (bechalom) » signifie « en paix vis-à-vis de la faute » ?
Le livre « Binyan David » rapporte que nos Sages ont institué (Ketouvot 50a) : « Il ne faut pas donner en tsedaka plus d’un cinquième, comme il est dit ‘‘je veux T’en offrir la dîme (asser aassérénou lakh)’’ », soit deux dixièmes, qui correspondent à un cinquième. Et il est expliqué dans le livre « Igra Depirka » (Signe 187) que cela vaut pour quelqu’un qui n’a pas fauté. Mais celui qui a fauté devra, en revanche, faire autant de charité que possible, comme il est dit « Rachète tes péchés par la charité ».
On comprend mieux à présent pourquoi Rachi a interprété « en paix » par rapport à la faute. En effet, Ya’akov a dit « Tous les biens que Tu m’accorderas, je veux T’en offrir la dîme », c’est-à-dire un cinquième seulement. Ceci prouve qu’il était dénué de péché, sinon, il aurait dû dépenser autant que possible, même plus qu’un cinquième. Mais puisqu’il ne l’a pas fait, c’est qu’il était en paix vis-à-vis de la faute.
« Ya’akov se fâcha contre Ra’hel et dit : ‘‘Suis-je à la place de D., Qui t’a refusé la fécondité ?’’ » (30, 2)
Rabbi David HaCohen, directeur de la yéchiva de ‘Hevron, s’interroge : pourquoi Ya’akov n’a-t-il pas voulu prier pour Ra’hel ?
Il donne une explication merveilleuse selon laquelle il existe deux sortes de prière. Il y a celle qui se présente sous forme de requête, et nos Sages préconisent à ce sujet de ne pas demander un changement de la nature (Rabbi Akiva Eiger sur le Or Ha’Haïm : « Il ne faut pas prier pour demander un miracle qui va à l’encontre des lois de la nature, même si tout est entre les mains de D. Par exemple, si une femme a fait une fausse couche à huit mois de grossesse, on ne priera pas pour que le bébé vive. Il est interdit de prier pour que D. opère un miracle en changeant l’ordre du monde, comme par exemple prier pour que tel arbre produise des fruits avant la saison. »)
Mais il y a aussi la prière qui correspond au principe « le juste décrète et D. exécute », qui revient également à modifier la nature. Comme le dit Rabbi ‘Haïm de Volojine dans « Ets Ha’haïm », il n’est pas étonnant que D. réalise la volonté de Ses prophètes et de ceux qui Le craignent, et que la nature s’adapte à ceux qui agissent conformément à Sa volonté.
La prière d’Yitz’hak pour Rivka faisait aussi appel à un bouleversement des lois de la nature. En effet, comme l’explique le midrach, Rivka n’avait pas du tout de matrice. Il fallait donc demander un changement des lois naturelles, qui correspond à la prière du juste qui peut formuler une telle requête. Ainsi, Ra’hel a demandé à Ya’akov « Donne-moi des enfants » selon le principe « le juste décrète et D. réalise », mais Ya’akov a refusé de le faire à cause du changement de la nature que cela impliquait. Même si c’était entre ses mains, il n’a pas voulu prier, car il s’agissait d’un décret divin.
A ce sujet, Ra’hel a évoqué le fait que son père, Yitz’hak, avait pourtant prié pour un changement de la nature et pour l’annulation de décrets divins ! Sur ce, Ya’akov a répondu que son père avait agi ainsi parce qu’il n’avait pas d’enfants, mais était destiné à en avoir puisqu’une descendance lui était promise. C’est pourquoi il avait prié pour que la nature change son cours. Ya’akov, en revanche, avait des enfants ; seule Ra’hel n’en avait pas. C’est pourquoi il n’a pas voulu prier pour changer les lois de la nature et aller à l’encontre du décret divin. C’est donc ce qu’il a dit : « Suis-je à la place de D., Qui t’a refusé la fécondité ? » En d’autres termes, il a refusé d’engendrer un changement du cours de la nature qui serait opposé au décret de D.
LA VIE DANS LA PARACHA
A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar
« Et cette pierre que je viens d’ériger en monument » (28, 22)
Il s’agit, semble-t-il, de la pierre d’assise que Ya’akov avait préparée pour le Temple (Zohar I, 72). On voit par ailleurs qu’il avait préparé des bois de cèdre pour le Sanctuaire dans le désert (Tan’houma Terouma 9).
Peut-être qu’en disant « Ils Me construiront un sanctuaire » (Chemot 25, 8), Hachem voulait faire référence à ce qui avait déjà été préparé. En effet, Ya’akov avait préparé le Sanctuaire et le Temple.
LES CHEMINS DE LA FOI
Etudes sur les merveilles de la création de l’homme
« L’essentiel, c’est le cœur »
Nous avons déjà passé en revue dans cette rubrique l’ensemble des miracles qui accompagnent le passage de la nourriture à travers le sang depuis son entrée dans la bouche. Nous avons aussi vu à quel point la pression de nos artères est adaptée au fonctionnement de notre corps. A présent, intéressons-nous au cœur, qui se contracte continuellement pendant toute la vie, plus d’un million de fois. Sans ce battement, le sang, qui est vital, n’atteindrait pas toutes les parties du corps, menant ainsi à la dégénérescence des cellules. A ce jour, nous ne savons pas encore ce qui active ce ressort lorsque l’embryon se forme, ni ce qui l’arrête à la fin de la vie alors que tous les autres organes sont encore en bonne santé (dans le cas d’une mort de vieillesse). Quand un individu fait des efforts pour soulever un poids, pour courir, ou qu’encore il connait une forte émotion, le cœur sait de lui-même accélérer la distribution du sang. En revanche, quand on dort ou qu’on se repose, le cœur sait aussi ralentir ses battements.
A présent, quelques données scientifiques :
Le cœur comprend quatre cavités, et quand le sang circule (de bas en haut ; d’ailleurs, qui le propulse jusqu’à la tête ?), les valves des veines l’empêchent de refluer dans le mauvais sens. La partie gauche du cœur distribue le sang dans le corps, et la partie droite renvoie le sang aux poumons pour les ré-oxygéner. Le cœur n’étant pas très éloigné des poumons, la force à exercer n’est pas énorme. C’est pourquoi les parois du ventricule droit sont deux fois moins épaisses que celles du ventricule gauche (15mm par rapport à 8mm). Imaginons ce que nous aurions enduré si la pression exercée avait été inversée !
Le cœur est entouré de muscles en forme de spirales pour qu’ils puissent exercer une forte pression sur le sang qu’il contient. L’aorte, d’une épaisseur de 2cm, subit une forte pression. Si elle se perforait, le sang jaillirait à une hauteur d’un mètre et demi. C’est la raison pour laquelle les parois des artères principales sont beaucoup plus épaisses que celles des nombreuses autres artères qui en sont des ramifications.
Ces parois sont, soulignons-le, extrêmement élastiques, car à chaque fois que le sang circule, elles se distendent pour se contracter à nouveau juste après le battement. Ne réalise l’importance de ce phénomène que celui qui a souffert d’artériosclérose, que D. nous en préserve, où alors les parois se durcissent et perdent leur souplesse.
Quelques autres miracles effectués par le cœur : il fait circuler le sang selon les besoins, jusqu’à cinq litres par minute. En cas d’effort, le cœur sait faire circuler huit fois plus de sang qu’en phase de repos. Même si l’effort se prolonge, le cœur s’adapte à la demande : les muscles s’épaississent et le volume global du cœur augmente.
Le cœur de quelqu’un qui souffre d’hypertension ne garde pas la taille d’un poing : il remplit environ la moitié du thorax. C’est vraiment miraculeux : comment le cœur sait-il changer sa taille et son fonctionnement, si ce n’est avec l’intervention de la providence divine ? Ceux qui prétendent « C’est un phénomène naturel ! » ne font qu’énoncer une phrase creuse et vide de sens. La nature sait-elle comment agir ? Elle est pourtant inanimée ! Le cœur sait-il à l’avance qu’un homme souffrant d’hypertension a besoin d’un cœur plus grand ? Et il « sait » même comment faire pour s’agrandir ?
220 millions de litres le traversent au cours des soixante-dix années de vie ! La circulation sanguine assurée par le cœur nettoie et nourrit en permanence les organes.
Notre sang réalise un tour complet de notre corps toutes les soixante secondes, soit 1440 fois par jour. Au repos, chaque battement de cœur éjecte environ soixante grammes de sang, avec un fort élan, vers les parois de l’aorte. Soixante-dix fois par minute, ces fortes vagues de sang affluent vers l’aorte, puis vers les autres artères. Même de solides tuyaux métalliques ne pourraient supporter un bombardement si important pendant une longue période. En revanche, les tissus vivants de nos vaisseaux sanguins ont été créés avec la structure adéquate pour remplir cette fonction.
Quand nous courons à pleine vitesse, les muscles de nos jambes se fatiguent rapidement, et nous avons besoin de repos. Il est intéressant de constater que le rythme cardiaque est deux fois plus élevé que celui d’une course, même quand nous sommes en phase de relâchement ! Il va de soi qu’en temps d’effort, il travaille à un rythme extrêmement rapide. Le cœur ne s’arrête jamais pour se reposer ou reprendre des forces ! Certains, dans le cadre d’opérations, remplacent les valves cardiaques par des valves en silicone, matière dure fabriquée par l’homme. Ces valves cardiaques artificielles changent de forme au bout de quelques années alors que les tissus fins et résistants d’un cœur en bonne santé gardent leurs qualités tout au long de la vie.
Prendre de l’air
Qui porte attention au fait de respirer ? Action « totalement naturelle » qui ne demande pas d’attention. Mais que se passe-t-il vraiment pendant la respiration ?
Quand quelqu’un inspire, ses deux poumons se remplissent d’air, sa cage thoracique s’élargit et ses poumons gonflent comme un ballon. Il y a deux possibilités quant au processus de respiration : la première est que le diaphragme, situé au-dessus de l’abdomen, se contracte, créant ainsi une dépression dans la cavité thoracique. Puis quand le diaphragme se relâche, l’air n’a plus où se loger dans la cavité thoracique, et la pression propulse l’air à l’extérieur des poumons : c’est l’expiration. La seconde possibilité est la suivante : les muscles attachés aux vertèbres de la colonne vertébrale se contractent et soulèvent les côtes, ce qui crée un espace pour l’air dans les poumons. Puis quand ils se relâchent, l’espace diminue et l’air est éjecté des poumons.
Les scientifiques ont relevé un élément intéressant : chez les hommes et les enfants (filles et garçons), on retrouve principalement la respiration par le ventre, tandis que les femmes respirent par le thorax. Quelle en est la raison ? Dans Sa grande sagesse, D. a créé ainsi les femmes parce qu’en période de grossesse, si le diaphragme se contractait, il exercerait une pression sur le fœtus, le mettant ainsi en danger. Quel miracle !
Au passage, signalons que les os des épaules chez la femme sont plus arrondis. En effet, tout ingénieur sait que pour porter le poids d’un fœtus avec la poche des eaux, il est plus facile de le répartir sur une structure arrondie que sur une ligne droite avec un angle où tout le poids se concentrerait sur un seul endroit.
Qu’elles sont belles Tes œuvres, Hachem !
Tout vient des bontés de D.
« Observer la sagesse qui apparaît à travers les créatures de D. est le meilleur moyen de prouver Son existence. Tout comme le talit prouve l’existence du tisserand, la porte l’existence du menuisier, et la bâtisse l’existence du maçon, le monde atteste de l’existence de D. »
(« ‘Hovot HaLevavot »)