Vayichla'h 6 Décembre 2014 14 Kislèv 5775 |
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L’essentiel de la bénédiction vient par la Torah
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
La Torah décrit comment Ya’akov se prépare à la rencontre avec son frère Essav. Il lui envoie des messagers munis d’une grande quantité de petit et gros bétail afin de l’apaiser, lui qui voulait profondément et ardemment le tuer. Outre les cadeaux que Ya’akov envoie par ses émissaires, il leur demande de transmettre un message à Essav : bien qu’ayant séjourné à ‘Haran chez Lavan l’impie, il a conservé sa piété et continué à respecter les 613 mitsvot, sans se laisser détourner par les mauvaises actions des habitants. Comme le souligne Rachi, la valeur numérique du mot « garti (j’ai séjourné) » est 613. Il voulait donc faire savoir à son frère qu’il avait veillé à respecter les mitsvot même dans un lieu d’idolâtrie.
Au vu de tout ce que nous avons dit, une grande question apparaît. En quoi le fait que Ya’akov se soit maintenu à son niveau spirituel intéresse-t-il Essav l’impie ? Toute la vie de ce dernier tournait autour de l’idolâtrie, du meurtre et des unions interdites ! Comme nous le savons, Essav a méprisé le droit d’aînesse, et il était l’emblème de l’impureté. En effet, nos Sages rapportent (Targoum Yonathan 27, 5) que lorsqu’il devait présenter des mets à son père Yitz’hak et qu’il ne trouvait pas de gibier, il lui apportait une tête de chien au lieu de prendre de son propre bétail. Il est donc vraiment difficile de comprendre pourquoi Ya’akov a jugé bon de lui transmettre ce message par ses envoyés.
De même, le langage de Rachi dans son explication du mot « garti » (j’ai séjourné) n’est pas très compréhensible. D’après lui, Ya’akov a dit à Essav : « Je n’y suis devenu ni un prince ni un notable, mais j’y suis resté un étranger (guer). » C’est surprenant : Ya’akov était connu pour son immense richesse, puisqu’il a quitté la maison de son beau-père Lavan avec deux camps. Comme la Torah le rapporte, il possédait énormément de gros bétail, de petit bétail, de serviteurs et de servantes. Ainsi, nos Sages disent (Béréchit Rabba 73, 11) qu’il avait des dizaines de milliers de chiens qui surveillaient son bétail. Or s’il avait besoin de tellement de chiens, c’est qu’il était propriétaire de très nombreux troupeaux. Pourquoi donc a-t-il déclaré à Essav n’être devenu ni un prince, ni un notable alors qu’il abondait en richesses ? Et comme on le sait bien, quand quelqu’un est riche, même les grands princes ont besoin de lui !
Voilà comment j’aimerais répondre à ces questions : en voyant les actes vils et bas de son frère, Ya’akov a voulu protéger son avenir spirituel et l’amener à se repentir. Il était peiné que son frère Essav, fils de parents pieux, soit tombé si bas en s’adonnant, durant toute sa vie, aux trois péchés les plus graves. Ya’akov sentait que puisqu’Essav était l’enfant de parents justes, il avait la force et la capacité de se repentir.
Ainsi, il estimait que l’énergie et la force d’Essav devaient être sanctifiées pour la Torah, puisqu’en tant que descendant d’hommes illustres, il contenait des étincelles de sainteté. Il s’est abstenu de donner sa fille Dina à Essav, car d’après lui, celui-ci avait suffisamment de forces pour se repentir même sans avoir Dina pour femme. Mais d’après nos Sages (Béréchit Rabba 76, 9), Hachem était mécontent de cette décision, car Dina aurait peut-être été capable de l’amener à se repentir.
A travers ses paroles, Ya’akov signifie à Essav : « Je dois toute mon immense richesse au fait d’avoir toujours été imprégné de Torah. C’est la raison pour laquelle j’ai reçu cette bénédiction. » Et il ajoute : « Tu n’as par conséquent plus aucune raison de me haïr » : si tu me hais parce que je possède beaucoup de biens et d’argent, sache que toute cette richesse n’a fait de moi ni un prince ni un notable. Seule mon adhésion à la Torah de D. et à Ses mitsvot m’a permis d’atteindre un tel niveau. Tu n’as donc pas à me haïr, car ma richesse n’ébranle pas ta position. En effet, ma grandeur et mon niveau élevé découlent de la sainte Torah, et non de l’argent. Il est plus aisé de comprendre maintenant pourquoi Ya’akov dit à son frère n’être ni un prince, ni un notable malgré son importante fortune, car celle-ci ne lui a pas procuré de sentiment de pouvoir ou de royauté.
Nombreux sont ceux qu’Hachem a bénis par la richesse. Mais lorsqu’on examine leur situation avec un regard extérieur, il apparaît qu’ils ne sont pas les maîtres de leur argent, mais plutôt ses esclaves. Une fois, j’ai rencontré un homme connu pour être extrêmement riche et qui possédait même un jet privé. Mais voilà qu’il portait un pantalon en jean déchiré, et qu’il avait mauvaise haleine comme quelqu’un qui n’avait pas mangé depuis longtemps. Je lui ai demandé : « Avez-vous mangé récemment ? », et il m’a répondu par la négative en expliquant qu’il n’avait pas le temps. Alors j’ai rétorqué : « Généralement, l’homme aspire à avoir de l’argent pour que sa vie soit plus agréable. Mais pour vous, tout s’est inversé : non seulement vous ne profitez pas de votre immense richesse, mais en plus, votre argent a réussi à vous rendre misérable ! En effet, vous passez votre vie à courir derrière les biens, ce qui ne vous laisse même pas le temps de vous reposer, de manger et de boire. Et apparemment, même vous habiller comme il sied à votre position, vous ne le pouvez plus… »
Après cent-vingt ans, on laisse toute sa richesse derrière soi : on n’a encore jamais vu quelqu’un emporter ses biens avec lui en-Haut… Seule la Torah pour laquelle on s’est fatigué durant toute sa vie nous servira de mérite à la fin. Alors à quoi bon courir derrière l’argent ?
Mon ancêtre le tsaddik Rabbi Yochiyahou Pinto a expliqué pourquoi il a choisi d’appeler ses livres par des noms qui évoquent l’idée d’argent (kessef), comme par exemple « Kessef Niv’har » et « Kessef Mezoukak » : l’homme, par nature, aime l’argent et aspire à en posséder. Seule une élite y accorde peu de valeur. Or puisque sans argent, on ne peut survivre, il a voulu faire passer le message que nous devons aspirer à la Torah autant que nous aspirons à l’argent. Ainsi, il a voulu inculquer au peuple l’idée que tout comme on ne peut pas survivre sans argent, on ne le peut pas non plus sans Torah.
LES CHEMINS DE LA FOI
Etudes sur les merveilles de la création de l’homme
On appelle l’homme « un petit monde ». Et effectivement, de même que la réflexion sur les merveilles de notre monde mène nécessairement à des pensées de foi, une réflexion lucide sur le corps humain et tout ce qui le concerne éveille en l’homme un renforcement de la foi en D., ainsi qu’il est dit : « De ma chair je contemplerai D.» (Iyov 19, 26).
Le corps humain fonctionne en fait comme une « machine » extrêmement complexe, qui comporte divers systèmes comme le système digestif, la circulation sanguine, la système respiratoire, etc. Il comporte un système de « leviers » que nous appelons des « muscles », et divers sens qui ont été donnés à l’homme dans un accord extraordinaire avec ses conditions de vie. Tout cela ensemble proclame : « Hachem, qui est comme Toi ! »
Non seulement la créature merveilleuse qui s’appelle « l’homme » annule toute possibilité qu’elle ait évolué à partir d’autres créatures, mais en réfléchissant on trouve en son cœur une étincelle divine. La grande satisfaction spirituelle qu’éprouve l’homme lorsqu’il a fait une bonne action fait partie des preuves les plus claires qu’« Il a fait l’homme à l’image de D. » (Béréchit 9, 6).
Un processeur de nourriture
Le foie est le plus grand organe interne du corps. Comme le dit le livre « Chvilei Emouna » : « Le foie est le four du corps, c’est lui qui réchauffe les entrailles de sa chaleur et il est la source de la vie naturelle. »
Le foie pèse plus de 1,4 kg, et comporte 50.000 vaisseaux sanguins. Il traite environ un litre de sang par minute! Il est l’instrument principal du corps en ce qui concerne le traitement et l’absorption de la nourriture. Il transforme les aliments en glucose et autres matières essentielles aux cellules, et en cas de besoin il les libère dans le flux sanguin.
Les cellules hépatiques accomplissent plus de 500 tâches différentes : la fabrication du glucose et du sang, le stockage des nutriments, la construction des protéines, la destruction des cellules sanguines usées, la direction du cycle du fer, etc. De même, le foie secrète la bile, dont le rôle est d’aider à la digestion et de débarrasser le corps des toxines, telles que l’alcool ou autres matières toxiques. Comme on l’a dit, il a de nombreux autres rôles dans le cadre de la protection du corps et de ses tâches.
La purification des liquides
Les reins – l’homme a deux reins très actifs qui surveillent la quantité de liquide qu’il y a dans le corps, ainsi que les acides et les sels qui s’y trouvent. Chacune de ces structures impressionnantes pèse environ 150 grammes, mais sur chaque rein sont dispersées plus d’un million d’unités complexes de nettoyage, appelées les néphrons, dont la longueur totale est estimée à plus de 10 km ! Ils traitent environ 1500 litres de sang par jour. Ils le recyclent presque totalement, à l’exception d’une petite partie qui est transformée en urine, nous débarrassant ainsi des déchets de toutes les cellules du corps.
Assainir l’air
Les poumons – l’air que nous respirons rentre dans les poumons par la trachée, de là il passe dans les deux tuyaux principaux qui s’appellent les bronches. Les bronches se divisent de nouveau de nombreuses fois, jusqu’à devenir des bronchioles, des conduits étroits qui se terminent par des grappes d’alvéoles pulmonaires, c’est-à-dire des sacs qui sont remplis d’air. La surface des poumons est recouverte de 300 millions d’alvéoles. Si nous les étalions, leur surface recouvrirait quelque 70 mètres carrés. Les alvéoles accomplissent le rôle principal de l’échange des gaz dans le corps humain : le sang passe du côté droit du cœur et coule dans chacun des poumons grâce à l’artère pulmonaire. De là il continue à couler vers les artérioles, plus petites, et de là vers les capillaires. Les capillaires entourent chacun des centaines de millions de sacs d’air, les alvéoles. Les alvéoles elles-mêmes absorbent des molécules d’oxygène de l’air qu’on respire, et elles bouillonnent vers l’intérieur des capillaires qui entourent les alvéoles. En même temps, le gaz carbonique passe des capillaires vers les alvéoles et est rejeté à l’extérieur, par le processus de la respiration, à l’endroit de la rencontre entre le globule rouge et l’air qui est à l’intérieur d’une petite alvéole de 0,001 mm ! Le sang, qui entre temps s’est enrichi en oxygène, coule par les veinules jusqu’aux veines des poumons De là il coule vers le côté gauche du cœur, et continue à couler par les artères vers les tissus du corps. Un afflux d’oxygène constant est assuré au corps grâce au fait que chaque alvéole se remplit et se vide plus de 15.000 fois par jour !
HOMMES DE FOI
Histoires des justes de la famille Pinto
L’humilité de Rabbi Moché Aharon Pinto, que son mérite nous protège, rayonnait sur tous ceux qui se trouvaient à proximité de lui. Tout le monde sentait qu’on se trouvait devant une personnalité exceptionnellement élevée, d’une hauteur peu commune, et qui se penchait vers les soucis et la douleur de chaque être créé à l’image de D. Quiconque rentrait chez lui était reçu aimablement, à n’importe quel moment.
Une coutume spéciale qui lui était particulière était que lorsque quelqu’un rentrait chez lui, jeune ou vieux, il se levait devant lui, y compris devant les jeunes. Il donnait pour raison de cette habitude : sachez qu’en tout homme il y a une étincelle divine. Moi, je ne me lève pas devant cet homme, mais devant la partie divine qui est en lui, c’est cela que je respecte, comme l’ont dit nos Maîtres : « Ne regarde pas la cruche mais ce qu’elle contient. »
Des talmidei hakhamim et des rabbanim s’en émerveillaient, constatant de leurs propres yeux comment le tsaddik s’effaçait totalement devant ceux qui étudient la Torah. Quand ils venaient lui rendre visite pour lui demander sa bénédiction, Rabbi Moché Aharon leur tendait la main pour les saluer, puis la retirait rapidement pour qu’on ne puisse pas la lui embrasser, comme c’est l’habitude dans les communautés orientales. Et quand ils épanchaient leur cœur devant lui pour leur demander d’intercéder pour eux dans sa prière, on voyait dans son regard qu’il n’était pas du tout digne de cette tâche. C’est ce qu’il disait aux talmidei hakhamim et aux bnei Torah.
« Qui suis-je et que suis-je, pour mériter de vous bénir, au contraire, c’est vous les talmidei hakhamim, les bnei Torah qui vous consacrez à l’étude, c’est vous la source de la bénédiction, et les Sages ont dit que quiconque étudie la Torah, le Saint, béni soit-Il, fait sa volonté !
SUR LA PENTE ASCENDANTE
Tiré des notes de notre maître chelita
La vie éternelle face à la richesse passagère
« Quant à Ya’akov, il se dirigea vers Soukot ; il s’y bâtit une maison, et pour son bétail, il fit des soukot. » (Béréchit 33, 17)
Une fois, on m’a demandé d’aller placer une mezouza dans la maison d’un homme très riche au Brésil. En arrivant, j’ai été stupéfait de découvrir un somptueux et immense palais composé de plus de soixante-dix pièces spacieuses. Celles-ci contenaient les plus grandes merveilles de la technologie et étaient pleines de toutes sortes d’appareils électriques perfectionnés.
L’ameublement était très impressionnant, entre autres grâce aux luxueuses tentures qui tapissaient les murs, et aux lustres en cristal suspendus aux plafonds dans tous les coins de la maison.
A côté du château, il y avait deux très grandes piscines entourées de magnifiques jardins, et de larges pelouses s’étendaient autour de cette splendide demeure.
Comme si tout cela ne suffisait pas, des domestiques circulaient dans toute la maison, se tenant à la disposition des membres de la famille et des invités, et prêts à les servir avec toutes les politesses et les bonnes manières.
Alors que je restais bouche bée face à cet immense luxe, le propriétaire de la maison est venu me remettre une seule et unique mezouza, et me demander de la placer dans la maison.
« Pour une si grande maison, il vous faut des dizaines de mezouzot, une pour chaque pièce », lui ai-je dit.
Cela ne l’a pas perturbé, et il a juste déclaré n’avoir qu’une seule mezouza.
« Dans quelle pièce voulez-vous la placer ? » ai-je demandé.
Après quelques instants d’hésitation, l’homme fortuné a répondu : « Je voudrais que vous posiez cette mezouza à l’entrée de la cave. »
Surpris, je l’ai questionné : « Pourquoi placer la mezouza à l’entrée de la cave et non à l’entrée principale de la maison ? »
Il a répondu en toute bonne foi que le coffre-fort, qui renfermait toute sa fortune, se trouvait à la cave, et il souhaitait donc que la mezouza protège sa richesse.
En le voyant si éloigné de la pure vérité, j’ai été envahi par un profond chagrin, et je me suis adressé à lui en ces termes :
« Votre manière de voir les choses est totalement erronée. Vous pensez vivre dans cette maison éternellement, mais vous vous trompez. ‘‘La durée de notre vie est de soixante-dix ans, et à la rigueur, de quatre-vingts ans’’ (Psaumes 90, 10). Quand votre tour arrivera, vous n’emporterez rien de ce que vous avez acquis. Seules les mitsvot et bonnes actions que vous aurez accomplies vous accompagneront dans le monde supérieur. Je suis attristé que vous vouliez utiliser la mezouza, qui contient le Nom de D., pour protéger votre richesse au lieu de l’utiliser pour préserver votre spiritualité. » Puis j’ai ajouté :
« Regardez combien D. a été bon avec vous en vous accordant tant de richesse et d’honneur ! Mais au lieu de vous montrer reconnaissant et de Le remercier en accomplissant les mitsvot, vous vous éloignez de Lui et livrez votre âme à votre mauvais penchant. »
A ce moment-là, je lui ai expliqué qu’au sujet de Ya’akov, il est dit : « Il s’y bâtit une maison (bayit), et pour son bétail, il fit des soukot. » Les soukot (cabanes) symbolisent ce qui est provisoire, l’instabilité, la vie de manière temporaire. Par cet acte, Ya’akov nous a montré qu’il considérait comme provisoires sa grande richesse et son bétail. Par contre, il a construit une « demeure » pour son âme : une résidence fixe et stable, par amour pour D.
« Vous, en revanche, ai-je déclaré en me tournant vers mon interlocuteur, avez tout inversé. Vous avez fait de l’essentiel quelque chose d’accessoire, et accordé à l’accessoire une importance démesurée. Au lieu d’utiliser votre richesse, et la sagesse de la technologie que D. a envoyée au monde, pour accomplir des mitsvot, vous consacrez votre argent à amasser une fortune encore plus importante. »
Même si cet homme très aisé soutenait financièrement nos institutions, je lui ai parlé avec une audace de sainteté et avec une intention totalement désintéressée, en priant pour que mes paroles pénètrent dans son cœur et qu’il mérite de rectifier rapidement sa conduite.
LA HAPHTARA DE LA SEMAINE
« Vision d’Ovadia » (Ovadia 1, 1)
Le rapport avec la paracha :
La haphtara nous fait part de la haine constante d’Essav envers Ya’akov, comme elle est longuement décrite dans notre paracha lorsque Essav vient avec quatre cents hommes pour porter atteinte à Ya’akov.
« A cause de ta cruauté à l’égard de ton frère Ya’akov, tu seras couvert de honte » (Ovadia 1, 10)
Le Rav Meïr Arama a expliqué que quand quelqu’un accomplit une mitsva qu’il a prise à quelqu’un d’autre, on ne doit pas l’humilier ou le mépriser. Comme l’écrit l’auteur de « Chiyarei Knesset HaGuedola », un jour, on a vendu la mitsva du loulav à la synagogue. Le Rav local, qui aspirait à recevoir cette mitsva, a proposé une certaine somme. Mais une autre personne a surenchéri et acheté la mitsva. On lui a demandé : « Pourquoi avez-vous proposé plus que le Rav ? C’est un manque de respect ! »
Mais l’homme a répondu : « Le Rav est certes très respecté, je m’en parerais comme d’une couronne, mais je me dois d’accomplir les mitsvot pour la gloire de D., et je veux mériter cette mitsva. » Et nos maîtres l’ont béni.
Tel est le sens du verset : « Si tu dis que ton frère Ya’akov a fait preuve de cruauté envers toi en te prenant le droit d’aînesse, c’est précisément la raison pour laquelle tu seras couvert de honte. » Pourquoi ? Parce qu’il s’est efforcé de mériter une mitsva, tandis que toi, tu l’as négligée. Ya’akov ne sera pas humilié, car quand il s’agit d’atteindre la perfection, c’est à soi-même qu’il faut penser en premier.
(« Tsavaré Chalal »)
« Mais sur la montagne de Tsion un vestige subsistera et sera une chose sainte. » (Ovadia 1, 17)
Nous savons tous que le Mur occidental n’a pas été détruit lors de la destruction du Temple. Il date de la construction de David, qui a construit de son vivant cette base du Temple.
Ce mur constitue une consolation et un espoir pour Israël, lors de ce long exil, afin qu’on ne craigne pas que le Temple ne soit pas reconstruit. En effet, s’il avait été complètement détruit pour ne plus jamais être reconstruit, pourquoi aurait-il miraculeusement « survécu » ?
Il est évident que le Temple finira par être reconstruit, c’est pourquoi Hachem a laissé un vestige, ce mur, afin que la Chekhina repose sur lui, même pendant l’exil. C’est un présage quant à la construction d’un troisième Temple, puisque la présence divine n’a jamais quitté le Mur occidental.
C’est ce que dit le verset : « Mais sur la montagne de Tsion », c’est le lieu du Temple au mont Moria ; « un vestige subsistera », il s’agit du Mur occidental, qui n’a pas été détruit ; « et sera une chose sainte », car la Chekhina reposera sur lui, elle ne l’a jamais quitté. C’est donc un signe que le peuple d’Israël est destiné à y retourner avec la construction du troisième Temple : « et la maison de Ya’akov rentrera en possession de son patrimoine. »
(« Birkat ‘Haïm »)
GARDE TA LANGUE
Faire attention à l’orgueil
Quiconque dit du lachon hara transgresse l’interdit « Garde-toi d’oublier Hachem, ton D. » Ce verset vient nous mettre en garde contre l’orgueil, car celui qui se moque de son prochain se considère lui-même comme intelligent et plein de succès, surtout s’il profite de l’histoire qu’il raconte pour se glorifier du déshonneur du prochain.
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
Deux comportements à apprendre de Yossef
Quand le camp d’Essav est arrivé en face de celui de Ya'akov, il est écrit : « Ensuite Yossef et Ra’hel s’approchèrent et se prosternèrent » (Béréchit 33, 7). Cela signifie , comme l’expliquent les Sages, que Yossef s’est tenu devant Ra’hel pour la cacher d’Essav, et nous tirons de là deux enseignements. Cela comporte deux choses à savoir pour se protéger de l’influence des non-juifs.
La première, c’est de réfléchir au fait que Yossef ne s’est pas demandé quelle utilité pourrait avoir sa conduite, puisque Essav aurait pu le contourner pour la voir, et il est également possible qu’il ait été plus petit de taille que sa mère et ne puisse pas la cacher. Mais il savait que l’essentiel est d’avoir l’intention de faire la volonté de D., et d’agir en ce sens dans toute la mesure de ses possibilités, sans faire de calculs en doutant de pouvoir servir à quelque chose et en se demandant ce que les autres vont dire. Au contraire, son initiative, qui à première vue a l’air futile, est justement ce qui lui a servi et lui a fait obtenir l’aide du Ciel. Il se peut que l’intention de Yossef de veiller sur sa mère Ra’hel soit effectivement ce qui l’a protégée de l’influence du regard impur d’Essav.
Par conséquent, on ne doit pas se laisser aller à s’imaginer que le service de D. ne sert à rien dans un environnement impur, comme par exemple à Paris, c’est certainement une suggestion du Satan. Mais il faut faire tout ce qu’on peut, et si l’on étudie au beit hamidrach, alors la Torah protège de l’influence de la rue. Ainsi Ya'akov a dit à son frère Essav « j’ai vécu (garti) avec Lavan [j’ai observé les 613 (tariag) mitsvot] et je me suis attardé jusqu’à présent. » Cela signifie que bien que je me sois attardé chez Lavan l’impie pendant de longues années, j’ai tout de même conservé ma piété jusqu’à maintenant.
La deuxième chose qu’il faut apprendre de Yossef est qu’il s’est préparé et a vu d’avance ce qui risquait de devenir un obstacle dans le service de Hachem, si bien qu’il s’est tenu devant sa mère pour la protéger avant même qu’Essav soit arrivé, sans attendre que les choses tournent mal. Il a résolu le problème à temps.
C’est aussi un message qui se dégage pour la communauté d’Israël : se préparer à défendre son âme de tout danger spirituel qui risque de se présenter pendant toute la durée de l’exil, et se tenir ferme face aux nations du monde et à leur culture. C’est uniquement de cette façon qu’on peut être protégé et rester ferme dans sa droiture en sauvant son âme.
Voilà le message que Yossef a transmis à toutes les générations : il s’est tenu ferme pour protéger son âme, représentée par sa mère Ra’hel, et s’est dressé devant Essav l’impie pour l’empêcher de venir la souiller.
A LA SOURCE
« J’ai vécu avec Lavan » (32, 5)
Rachi explique : j’ai vécu (garti) avec Lavan, et j’ai observé les 613 (tariag) mitsvot, je n’ai pas appris de ses mauvaises actions. Il faut se demander ce qu’ajoute Rachi en nous disant qu’il n’a pas appris de ses mauvaises actions. S’il a effectivement accompli toutes les mitsvot, alors naturellement nous savons qu’il n’a pas appris de ses mauvaises actions !
Le machguia’h Rabbi Dan Segal chelita y voit la preuve qu’on peut accomplir toutes les mitsvot et malgré tout être considéré comme un impie et commettre des actes répréhensibles. La raison en est expliquée dans la michna de Pirkei Avot : « Le monde tient sur trois choses, sur la Torah, sur le service de D. [à notre époque, la prière] et sur la bonté. » On n’est pas obligé de se montrer généreux ni d’étudier la Torah et de prier, mais l’essentiel est d’être dans la direction d’une élévation dans l’accomplissement des mitsvot, et cela n’est possible que grâce aux trois colonnes du monde que sont la Torah, le service de Hachem et la bonté.
C’est ce que dit Rachi : j’ai accompli toutes les mitsvot, mais je l’ai fait dans le but indispensable de servir le Créateur au maximum, et quelle en est la preuve ? Je n’ai pas appris de la conduite de Lavan, je ne l’ai pas imité, mais j’ai continué dans ma propre voie, et c’est par là que j’ai accompli toutes les mitsvot.
« Car j’ai passé ce Jourdain avec mon bâton » (32, 11)
Le Jourdain est absolument unique. Alors pourquoi Ya'akov ressent-il le besoin de souligner qu’il a passé « ce » Jourdain ? Est-ce qu’il y en a donc un autre ?
Voici la belle explication que donne l’auteur de « Mechiv Devarim » :
C’est une halakha exposée dans la Guemara que celui à qui un miracle a été fait et qui repasse par le même lieu trente jours plus tard doit dire une bénédiction avec le Nom de Hachem et la mention de Sa royauté : « Béni (…) Qui m’a fait un miracle à cet endroit. »
Or il est arrivé un miracle à Ya'akov au Jourdain, comme le dit Rachi : Il a placé son bâton dans le Jourdain et le Jourdain s’est fendu. Maintenant qu’il revient de chez Lavan au bout d’une vingtaine d’années, lorsqu’il revoit l’endroit où un miracle lui a été fait, il remercie Hachem de Sa grande bonté et dit la bénédiction en question. C’est pourquoi il rappelle que « j’ai passé ce Jourdain avec mon bâton », ce qui évoque le miracle qui lui a été fait en ce lieu.
« Car D. m’a favorisé et j’ai tout » (33, 11).
L’ouvrage « Harei Bachamayim » cite la coutume selon laquelle on ne doit pas dire qu’il nous manque quelque chose, car cette expression implique qu’en toute justice, on aurait dû avoir plus, et que maintenant il manque à ce qu’on aurait mérité. Or ce n’est pas bien de dire cela.
Les tsaddikim demandent à Hachem de ne leur donner que des cadeaux gratuits, parce qu’ils ont l’impression de ne mériter absolument rien, c’est pourquoi il est impossible de dire qu’il leur manque quelque chose, seulement qu’ils ont des besoins supplémentaires, mais ils ont de tout.
C’est ce que veut dire Ya'akov quand il dit « car D. m’a favorisé », même ce que j’ai de Hachem, je sais bien que c’est uniquement un cadeau gratuit et généreux. Il ne me manque rien, et j’ai tout.
LA VIE DANS LA PARACHA
A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar
« Prends, je te prie, le présent qu’on t’a offert de ma part, car Hachem m’a favorisé et j’ai tout » (33, 11)
Lorsqu’il dit « tout », c’est une allusion à la sainteté, qui s’appelle « kol » (tout). Quand cela se trouve en l’homme, le manque n’a aucune influence et la lacune se comble d’elle-même, comme les bnei Israël qui ont reçu la bénédiction d’être comme le sable (Béréchit 22, 17), où ce qu’il manque est comblé de soi-même. C’est cela la bénédiction représentée par « kol ». C’est pourquoi la « cruche de farine ne s’est pas vidée » (II Melakhim 17, 16). On se reportera à ce que j’ai écrit sur le verset 18, « Ya'akov est arrivé en plénitude ». Tous les Patriarches ont mérité cette bénédiction, à propos d’Avraham il est dit « bakol », à propos d’Yitz’hak « mikol », et à propos de Ya'akov « kol ».