Parachat Vayéchèv 13 Décembre 2014 21 Kislèv 5775 |
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La paix est un danger, l’effort est nécessaire
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
« Ya'akov s’installa dans le pays où ses pères avaient séjourné, le pays de Canaan » (Béréchit 37, 1)
On trouve chez les Sages (Yalkout Chimoni Iyov, 904) l’enseignement suivant, cité par Rachi (Béréchit 37, 2) : « Ya'akov a voulu s’installer en paix, le malheur de Yossef l’a assailli. » Il faut réfléchir : Ya'akov ne s’était pas encore installé dans la paix, puisqu’il est écrit « dans le pays où ses pères avaient séjourné », c’est-à-dire qu’il séjournait dans le pays mais ne s’y était pas encore vraiment installé en paix, or on sait que le Saint, béni soit-Il ne joint pas une mauvaise pensée à l’action, car on peut encore la regretter avant d’avoir agi. Par conséquent, ici, il avait seulement envisagé de s’installer mais ne l’avait pas encore fait, et pourtant « le malheur de Yossef l’a assailli », pourquoi ?
Il faut commencer par expliquer de quelle nature est la « paix » de Ya'akov, puisque ce n’est certainement pas quelque chose d’anodin. Mais Essav vivait à Séïr et était plongé dans les vanités de ce monde, et Ya'akov ne s’approchait pas de lui. Mon aïeul Rabbi Yochiyahou Pinto zatsal, dans son livre « Kessef Mezoukak », écrit qu’Essav s’était installé à Séïr parce qu’il voulait se fixer dans ce monde-ci, mais Ya'akov, qui savait qu’il n’était en ce monde que temporairement, s’était construit une cabane, une souka, demeure provisoire, pour se rappeler son côté éphémère.
Le Ramban écrit (Béréchit 33, 17) que la souka qu’avait construit Ya'akov consistait en une tour destinée à voir Essav de loin. On peut expliquer qu’il a construit cette tour pour donner un enseignement à ses fils et les mettre en garde, afin qu’ils surveillent constamment les agissements d’Essav, qui s’était fixé dans ce monde-ci avec l’idée d’une installation définitive. C’était cela la paix de Ya'akov : surveiller Essav installé à Séïr, plongé dans les vanités de ce monde. Ya'akov pensait qu’à présent, il n’y avait déjà plus besoin de se fatiguer, de monter et descendre pour l’observer, car le danger était passé et ses fils étaient occupés à étudier la Torah. Le Saint, béni soit-Il est venu lui apprendre qu’ici-bas, l’homme se trouve dans un danger de mort permanent, et doit constamment monter, descendre, se fatiguer et veiller à ce qu’aucun danger spirituel ne menace le peuple d’Israël, si bien que la paix est un danger pour Israël tant qu’Essav est vivant et qu’il a une prise et une existence dans le monde. C’est pourquoi il est reproché à Ya'akov l’idée même de ne plus monter pour regarder de temps en temps et s’assurer que son frère ne risque pas d’avoir une influence quelconque.
Ya'akov a voulu s’installer dans la paix – le malheur de Yossef l’a assailli. Depuis la maison de son père, Ya'akov a souffert toute sa vie de poursuites et d’épreuves, d’abord à cause de la haine de son frère Essav, puis chez Lavan qui l’a trompé pendant tout le temps de son séjour et l’a ensuite poursuivi, enfin dans sa lutte avec l’ange d’Essav. Après tout cela, il a voulu s’installer pour étudier tranquillement. Le Saint, béni soit-Il lui a dit : on n’a pas besoin d’une Torah de paix et de repos. Ya'akov ne voulait pas se contenter d’être installé, mais il a vu qu’Essav s’était bien établi et s’était entièrement plongé dans les préoccupations de ce monde. Il agissait sans effort particulier, c’est pourquoi Ya'akov a estimé qu’il pouvait lui aussi servir Hachem dans la tranquillité. Mais toi, lui a dit Hachem, tu ne peux pas t’installer, parce que la Torah ne s’acquiert que par l’effort. Ainsi quand le saint Ari étudiait, il transpirait et coulait tant il se donnait de mal. On ne se contente pas de rester assis au Beit HaMidrach, celui qui étudie doit investir de l’effort.
Quand Rabbi Chimon bar Yo’haï a vu des gens qui travaillaient, au moment où il est sorti du souterrain, il s’est étonné et a dit : « Pourquoi s’occupent-ils de la vie de ce monde-ci ? » (Chabbat 33b), ce n’est ni une activité ni un effort dignes de ce nom, c’est pourquoi il s’en étonnait. Nous comprenons maintenant que Ya'akov ait voulu servir Hachem dans le calme, mais immédiatement le malheur de Yossef l’a assailli. Il ne peut pas se reposer en ce monde-ci. Ya'akov, qui correspond au pilier de la Torah, doit étudier la Torah dans l’effort, en se donnant du mal. C’est seulement ainsi qu’on peut comprendre et trouver de nouvelles interprétations.
J’ai vu quelque chose qui m’a inspiré une frayeur terrible. Le Saba de Kelm zatsal, disciple de Rabbi Israël Salanter, auteur de « Madregat HaAdam », a vu un jour en passant quelqu’un qui courait pour se rendre au travail. Le Saba lui a demandé s’il n’étudiait pas, il a répondu qu’il étudiait un peu. Le Saba s’est étonné de cette réponse, mais l’homme a demandé de quoi il vivrait s’il étudiait. Le Saba zatsal lui a répondu : « Vous vous demandez de quoi vous vivrez, mais vous ne vous demandez pas avec quoi vous mourrez, ce que vous prendrez avec vous en-haut. » C’est une histoire redoutable, car aujourd’hui nous vivons avec le sentiment de « comment allons-nous vivre », si je ne me repose pas et si je ne dors pas, comment vais-je vivre, mais ce qu’il faut se demander, c’est comment nous allons mourir, ce que nous prendrons avec nous en-haut ! Au Ciel on nous accusera d’avoir eu amplement du temps, en comparaison avec ce que nous prendrons avec nous. C’est cela que nous devons apprendre de Ya'akov, qui a construit une souka pour s’éloigner d’Essav. Il faut réfléchir à la façon d’apprendre de la conduite d’Essav, afin de s’en éloigner.
Le Midrach enseigne que l’homme est né pour l’effort. Tout s’acquiert par des épreuves, la Torah, la subsistance, Erets Israël, ainsi que de nombreuses autres choses.
La vérité est qu’il y a là encore autre chose. Non seulement l’effort est un moyen d’acquérir toutes les qualités, mais il a une immense utilité, car quelqu’un qui reste oisif sans se donner absolument aucun mal peut en arriver à un vide intérieur touchant à la folie, en particulier selon l’enseignement que « l’oisiveté mène à la faute » (Ketoubot 59b). C’est pourquoi on doit enseigner à son fils un métier s’il n’est manifestement pas fait pour l’étude de la Torah, sinon il va s’ennuyer et finira par fauter, car outre le fait que le travail est la façon d’acquérir des qualités, sans effort on est absolument vide, plein d’ennui et en fin de compte on tombe dans le péché.
HOMMES DE FOI
Histoires des justes de la famille Pinto
Rabbi ‘Haïm Pinto et Rabbi David ben ‘Hazan avaient pour habitude d’étudier chaque vendredi soir le commentaire du Alcheikh sur la paracha. Cette étude était si importante que pour ne pas y mettre fin, ils avaient conclu que celui qui quitterait ce monde le premier reviendrait chez son ami étudier avec lui la paracha de la semaine et son commentaire du Alcheikh.
Effectivement, on raconte que le Chabbat qui a suivi le décès de Rabbi David, Rabbi ‘Haïm a attendu sa venue, mais en vain. Alors il a demandé à son domestique de se rendre chez son ami défunt et de demander à la veuve pourquoi il n’avait pas honoré sa promesse, à savoir étudier avec lui chaque vendredi soir le livre du Alcheikh.
N’ayant pas compris la requête de son maître, l’assistant ne s’est pas empressé de la satisfaire. « Le décès de Rabbi David est un fait accompli, et Rabbi ‘Haïm le sait bien », se disait-il en son for intérieur.
Devinant les pensées de son domestique, le Rav a réitéré sa demande. Alors il a compris qu’il y avait une raison plus profonde qui le dépassait. Il s’est précipité chez l'ancien partenaire de son maître et a questionné la veuve : « Pourquoi votre mari ne respecte-t-il pas sa promesse d’étudier chaque vendredi soir le livre du Alcheikh ? »
Surprise par la question, elle laissa le domestique lui-même stupéfait par la réponse qu’elle lui donna : « Comment Rabbi ‘Haïm sait-il que mon mari est à présent à la maison ? »
La veuve n’avait pas de réponse à la question du tsaddik. La nuit même, la raison a été révélée à Rabbi ‘Haïm.
Rabbi David ben ‘Hazan a confié à son ami avoir également promis à sa femme de venir chaque vendredi soir réciter la bénédiction sur le vin (comme c’était le cas de Rabbeinou Hakadoch). Ainsi, il ne pouvait pas se trouver au même moment à deux endroits différents. Puis il a ajouté que dorénavant, il se révèlerait encore à lui en état de veille, tandis qu’à sa femme, qui avait raconté le secret, il ne se dévoilerait qu’en rêve.
SUR LA PENTE ASCENDANTE
On n’emporte pas tout dans la mort
Il y avait en France un bon juif du nom de Monsieur Fitoussi, qui avait mérité de découvrir le judaïsme et de reconnaître son Créateur pendant les dix dernières années de sa vie, alors qu’il avait déjà quatre-vingts ans.
Malgré son âge avancé, Monsieur Fitoussi s’est attaché de toutes ses forces à la Torah et aux mitsvot, avec beaucoup de dévouement, et sans se permettre la moindre déviation dans tout ce qui avait trait aux mitsvot.
Par une froide journée d’hiver, alors que la ville était entièrement recouverte de neige et que le froid était mordant, j’ai vu Monsieur Fitoussi qui marchait en direction de la yéchiva.
Comme je m’étonnais de le voir dehors par un temps pareil, je l’ai abordé pour lui demander : « Monsieur Fitoussi, pourquoi prenez-vous la peine d’aller à la yéchiva par une journée tellement froide ? Pour vous, c’est considéré comme un cas de force majeure, à la fois à cause de votre grand âge et à cause de ce temps si pénible. Vous pourriez par malheur tomber sur la neige, et cela mettrait votre vie en danger.
Dans ce genre de situation, la halakha vous dispense d’une prière avec le public. »
Le cher Monsieur Fitoussi m’a regardé dans les yeux et m’a répondu, dans sa piété :
« J’ai gaspillé toute ma vie dans des sottises, maintenant j’essaie de compléter un petit peu tout ce qui m’a manqué, c’est pourquoi même par un jour d’hiver et de neige comme aujourd’hui, cela ne m’empêchera pas d’arriver au beit hamidrach pour prier et entendre un cours de Torah. »
Ayant dit, il a repris sa route avec une grande difficulté et beaucoup de dévouement.
Quelques années plus tard, monsieur Fitoussi a quitté ce monde.
Après sa mort, la famille s’est réunie autour du cercueil, et je suis arrivé pour me joindre à leur deuil et les renforcer dans leur foi. Cela me faisait mal de voir cette famille si éloignée de tout ce qui concerne la foi, c’est pourquoi j’ai décidé de faire quelque chose qui les réveillerait et ranimerait en eux une étincelle juive, et que ce soit pour l’élévation de l’âme du défunt.
Au centre de la pièce où étaient assis les membres de la famille, le défunt reposait dans son cercueil. Je me suis mis à tourner autour du cercueil en le regardant comme si je cherchais quelque chose. J’ai tourné plusieurs fois autour du cercueil, et alors on m’a demandé ce que je cherchais.
« Je me demande ce qu’il y a dans le cercueil », leur ai-je dit.
Ils se sont étonnés de mes propos et ont dit : « Le Rav ne sait-il pas ce qu’il y a dans un cercueil ? Il n’y a qu’un corps enveloppé de son linceul. »
J’ai fait semblant de m’étonner et je leur ai demandé : « Est-ce qu’il n’y a pas de tiroirs dans un cercueil ? »
On m’a de nouveau regardé avec beaucoup de surprise et on a répondu : « Bien sûr que non. »
Alors j’ai encore demandé : « Où est-ce que le mort, quand il arrive à la tombe, met un peu d’argent ou l’album de photos de la famille ? Est-ce qu’il ne peut pas prendre avec lui un souvenir dans la tombe ? Est-ce qu’il monte dans le monde de vérité dénué de tout ? Est-ce que cela vous semble logique que quelqu’un vienne au monde pour le quitter dans un dénuement total au bout de cent vingt ans ? »
Ceux qui étaient dans la pièce étaient stupéfaits de mes questions pénétrantes, et de saisissement, personne n’ouvrait la bouche.
Cela étant, j’ai continué à parler :
« Nous savons tous que le mort ne prend rien avec lui dans le monde d’en-haut, ni argent, ni or ni album de photos en souvenir. Parce que le monde à venir est un monde spirituel, il n’y a pas de place pour des choses matérielles. La Torah et les mitsvot pour lesquelles l’homme s’est donné du mal pendant sa vie sont les seules choses qui l’accompagnent dans le monde d’en-haut, et ce sont elles qui seront pour lui un mérite dans les cieux. »
LES CHEMINS DE LA FOI
Etudes sur les merveilles de la création de l’homme
Chers lecteurs, dans les articles précédents, nous nous sommes intéressés principalement au fonctionnement miraculeux des organes internes de l’être humain, ceux grâce auxquels notre corps se maintient en bonne santé. Il s’agit par exemple de la fonction respiratoire, de la mastication des aliments et de notre système digestif qui est prodigieux. Nos Sages ont qualifié l’être humain de « monde en miniature », et c’est exactement le cas. Cette fois-ci, nous nous concentrerons sur quelques aspects miraculeux de parties plus externes du corps, en constatant à quel point leur fonctionnement prouve l’intervention divine. Commençons précisément par l’enveloppe du corps : la peau.
De combien de miracles la peau est-elle le siège ! Sa couche interne est formée d’un tissu adipeux qui empêche la dissipation de la chaleur corporelle vers l’extérieur. Cette peau est un peu tendue afin que nous puissions sentir tout stimulus, piqûre ou pression, et elle est en même temps souple pour permettre le mouvement des muscles et les rotations des bras, des jambes et de l’ensemble des parties du corps. Aussi, tout au long de la vie, la surface de la peau augmente avec la croissance des autres membres. Lorsque certaines cellules de l’épiderme meurent par dégénérescence, D. « fait naître » de nouvelles cellules afin d’éviter que nous restions dépourvus d’une couche de peau protectrice, sans laquelle toute vie serait impossible. De même, quand la peau est exposée à une forte pression ou à un frottement continu, elle s’épaissit d’elle-même en produisant une callosité pour résister précisément à la pression.
La peau comprend une multitude de pores qui permettent à la sueur de s’évaporer selon le même principe que le réfrigérateur : la chaleur est évacuée par évaporation d’un liquide (ici, la sueur). C’est cette capacité naturelle de refroidissement qui nous permet de traverser l’été et ses jours de chaleur. Des chercheurs ont montré que nous pourrions survivre même dans un four d’air chaud à 120°C à condition que cet air soit parfaitement sec, puisque les cellules de notre peau sont capables de nous refroidir en excrétant la sueur de notre corps. En revanche, dans une atmosphère humide qui ne permet pas l’évaporation de la sueur, nous mourrions au bout de quelques minutes même à une température de 50°C seulement. Nous comprenons donc l’importance de la fonction de la sudation.
Pourquoi la couleur de la peau diffère-t-elle en fonction de la température ? En raison de la dilatation de ses vaisseaux sanguins. Cette dilatation permet au sang, qui irrigue tout le corps, de transporter davantage de chaleur de l’intérieur vers l’extérieur.
Les sensations que nous éprouvons au niveau de la peau sont dues aux récepteurs sensoriels situés sous celle-ci. Des scientifiques ont établi que chaque centimètre carré de la peau comprend deux récepteurs sensibles à la chaleur, treize sensibles au froid, vingt-cinq à la pression (barorécepteurs), et deux cents à la douleur (nocicepteurs).
« Tu m’as entrelacé d’os et de nerfs »
La structure des os : ils se ressoudent facilement en cas de fracture. Il est intéressant de remarquer que sans la structure particulière du bassin, nous n’aurions pas pu nous tenir debout pendant une longue durée à cause du poids important de la partie supérieure du corps. Les « architectes » se sont déjà émerveillés de cette construction ingénieuse grâce à laquelle un poids important est maintenu efficacement par des axes fonctionnels. Combien de sagesse renferme l’avant-bras ! Il est composé de deux os longs et parallèles, mais au niveau du coude, ils tournent autour d’un axe, c’est-à-dire que l’un reste fixe alors que le second pivote. Si notre avant-bras n’était constitué que d’un seul os, nous n’aurions pas pu tourner la main. Combien de miracles renferme également l’existence du pouce ! Chez le singe, les cinq doigts sont parallèles, c’est pourquoi il a du mal à tenir un marteau, un stylo, ou autre. C’est uniquement chez les humains que le pouce est plus éloigné de la paume de la main. Effectivement, quand nous voulons attraper un stylo ou tout autre instrument, nos doigts le tiennent de part et d’autre de sorte qu’il ne puisse pas nous glisser des mains. Si le pouce n’était pas placé de cette manière, nous aurions manqué d’adresse pour tout travail manuel.
LA HAPHTARA DE LA SEMAINE
Le rapport avec la paracha : la haphtara contient une allusion à la vente de Yossef, ainsi qu’il est écrit : « à cause de la vente du tsaddik pour de l’argent », ce qui évoque la vente de Yossef décrite dans la paracha.
« Voici ce qu’a dit Hachem : pour les trois péchés d’Israël, pour les quatre, Je ne le ramènerai pas » (Amos 2, 6)
Il est écrit chez les commentateurs que si quelqu’un faute, du Ciel on le pousse à se repentir. Et ici, le verset dit que pour trois fautes on l’y incite, ainsi qu’il est écrit « sur les trois péchés d’Israël », mais à la quatrième fois, on ne le pousse plus à se repentir, il doit le faire de lui-même, c’est cela « pour les quatre, Je ne le ramènerai pas ».
(« Misguéret HaCha’ar »)
« A cause de la vente du tsaddik pour de l’argent et du pauvre pour des chaussures » (Amos, 2, 6)
Il faut expliquer que la raison pour laquelle ses frères ont vendu Yossef pour des chaussures est qu’à leur époque, il était interdit à un esclave de porter des chaussures, parce que c’était un symbole du statut de liberté. C’est pourquoi les achats s’effectuaient au moyen d’une chaussure, pour montrer qu’en cela, on était un homme libre.
C’est pourquoi Yossef a été vendu pour des chaussures, pour montrer qu’eux portaient des chaussures et étaient des hommes libres, alors que lui serait esclave, contrairement à son rêve où il se voyait en train de régner alors qu’eux seraient ses serviteurs.
(« Misguéret HaCha’ar »)
« Car Hachem ne fait rien sans avoir révélé Son secret à Ses serviteurs les prophètes » (Amos 3, 7)
On comprend que le prophète vient à présent, à la fin de son discours, pour donner aux bnei Israël un signe sur la délivrance à venir, rapidement et de nos jours.
On sait que dans la génération qui verra la venue du Machia’h, l’étude des secrets de la Torah se répandra considérablement, car cette étude est plus apte à rapprocher la délivrance. C’est pourquoi à l’époque du Ari zal, l’étude de la kabbala a commencé à se répandre, car cette époque est proche de la délivrance, chaque jour le Machia’h peut venir, et ce sont simplement nos fautes qui l’en empêchent. Puisse Hachem nous racheter, ainsi que toute la maison d’Israël, Amen, qu’il en soit ainsi.
C’est la raison pour laquelle les ba’alei hamoussar ont beaucoup prôné l’étude du Zohar : bien que tout le monde n’arrive pas au fond des choses, malgré tout les paroles qu’on prononce ont un effet en-haut, chacun selon son niveau.
C’est ce que dit le verset : « Car Hachem ne fait rien », allusion à la délivrance finale, « sans avoir révélé Son secret » – c’est l’étude de la kabbala, « à ses serviteurs les prophètes », ce sont les sages de la génération qui prennent la place des prophètes, et nous avons qu’« un sage est préférable à un prophète » (Baba Batra 12a). Puisse la délivrance se produire rapidement et de nous jours, Amen, qu’il en soit ainsi.
(« Adéret Eliahou »)
GARDE TA LANGUE
Mise en garde contre l’orgueil
Celui qui dit du lachon hara transgresse l’interdiction « Prends garde de ne pas oublier Hachem ton D. », ce qui est un avertissement de ne pas s’enorgueillir, car celui qui se moque du prochain pense certainement que lui-même est plus intelligent et réussit mieux, à plus forte raison si en racontant son histoire il se fait valoir aux dépens de l’autre.
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
Se conduire avec miséricorde autant que possible
Le récit des frères de Yossef qui l’ont jeté dans un puits soulève plusieurs questions très surprenantes. D’abord, comment est-il possible que les tribus, « les tribus de Hachem, témoignage pour Israël », aient commis un acte qui semble si cruel, en voulant d’abord tuer Yossef puis en le vendant à une caravane d’Ismaélites pour quand même alléger son sort ? Une deuxième question apparaît aux vu des paroles de nos Sages (Midrach Michlei 1), qui disent que les dix martyrs étaient les réincarnations des tribus, et que par leur mort, ils ont expié cet acte de vente. Dans ce cas, de deux choses l’une : si les frères avaient raison d’agir de la sorte, pourquoi ont-ils été punis ? Et s’ils avaient tort, pourquoi D. S’est-Il associé à leur serment (Tan’houma Vayéchev 2) ? Il est impossible qu’Il soutienne une entreprise injuste ! Troisième question : pour quelle raison Yossef, qui était déjà un jeune homme âgé de dix-sept ans, n’a-t-il pas proposé aux Ismaélites de le ramener chez son père en échange de beaucoup d’or et d’argent ? En réalité, les frères lui ont fait jurer de ne pas revenir, et il a tenu son serment. Il semblerait donc qu’il ait accepté leurs actes.
Nous pouvons expliquer que la punition que les frères ont infligée à Yossef se justifiait par le fait que, selon son niveau, il était passible de mort. En effet, il avait pris à son compte un rêve qui portait atteinte au respect des parents – ses parents se prosternaient devant lui – et de plus il s’était rebellé contre la royauté de Yéhouda. Enfin, il avait calomnié ses frères devant son père. Ces derniers ont donc été pointilleux avec lui et l’ont condamné à mort. En les entendant discuter de son jugement, il l'a accepté, car il savait qu’il méritait ce verdict. En effet, Hachem se montre exigeant avec les hommes pieux. Au fil des années, Yossef n’a pas informé son père qu’il était vivant, car le silence du tsaddik était sa manière de reconnaître que sa punition était justifiée.
Nos Sages disent (rapporté dans Séder Hadorot) qu’en chemin, Yossef a arrêté la caravane des Ismaélites pour se recueillir sur la tombe de sa mère. Là, il a entendu la voix de Ra’hel lui recommander de reconnaître le jugement et de l’accepter sans hésitation. A la lueur de tout ce que nous venons d’expliquer, nous pouvons affirmer que telle est la raison pour laquelle Hachem S’est associé à leur serment. Il a vu que leur jugement était juste, et que même Yossef l’a accepté. De plus, maintenant qu’il était en détresse et en souffrance, il a procédé à un examen de conscience et s’est rendu compte à quel point il aurait dû surveiller ses paroles.
Mais alors une question subsiste : pourquoi les frères ont-ils tout de même été punis ? En fait, quand un fils faute envers son père, il reçoit un coup de sa part. En conséquence, le fils pleure et implore le pardon. Le père continue alors de frapper son fils, car ce dernier le mérite, mais il le fait avec davantage de miséricorde. Ainsi, même si les frères avaient raison, ils auraient dû alléger la punition de Yossef en le voyant pleurer sur son triste sort. Ils auraient dû adoucir leur verdict, ne pas le jeter dans un puits plein de serpents ni le vendre comme esclave, mais plutôt se conduire avec lui comme un père miséricordieux qui continue de frapper son fils, mais avec modération.
A LA SOURCE
« Ya’akov demeura dans le pays des pérégrinations (mégourei) de son père » (37, 1)
Durant toute sa vie, Ya’akov a été attristé de ne pas avoir pu accomplir la mitsva du respect des parents alors qu’il était éloigné de la maison paternelle, pendant les années où il avait séjourné chez Lavan.
Voici l’explication de Rabbi Ya’akov Kouli dans son ouvrage « Meam Loez » : Ya’akov se faisait du souci à cause de la grande crainte qu’il éprouvait parce qu’il n’avait pas accompli la mitsva du respect des parents. Le mot « mégourei » (pérégrinations) fait référence à la crainte (mora) et à la peur, comme il est dit « Car l'ennemi est en armes, la terreur (magor) règne aux alentours » (Jérémie 6, 25)
« Maintenant venez, tuons-le, jetons-le dans quelque puits, puis nous dirons qu'une bête féroce l'a dévoré » (37, 20)
Pourquoi ont-ils eu besoin de préciser qu’ils le jetteraient dans un puits ? L’ayant condamné à mort, il aurait été suffisant de dire « Venez, tuons-le » ! Quelle importance a le lieu dans lequel ils le jetteront après sa mort ?
Rabbi Eizik Ozband a expliqué que les tribus respectaient la Torah avant qu’elle n’ait été donnée. Ainsi, quand ils l’ont condamné à mort après l'avoir jugé comme un « poursuivant » (rodef), ils savaient qu’il était impossible de le dire à Ya’akov. En effet, ce dernier considérait Yossef comme un tsaddik, et non comme un homme passible de la peine de mort. Mais d’autre part, ils ne voulaient pas mentir, et ont donc trouvé un moyen de s’en sortir.
S’ils le jetaient dans un puits après sa mort pour que les serpents l’attaquent (puisqu’il avait fait du lachon hara et reproduit par cela l’acte du serpent), les frères ne mentaient pas en prétendant « une bête féroce l’a dévoré » et en laissant croire à Ya’akov que des bêtes sauvages l’avaient déchiqueté et tué. Et ce n’aurait pas été vraiment un mensonge, puisque les serpents dans le puits – entrant dans la catégorie des bêtes féroces – l’auraient mangé.
« Car il est notre frère, notre chair » (37, 27)
L’auteur du « Ayélet Hacha’har » s’arrête sur la précision ajoutée par les frères, « notre chair » : quand on qualifie quelqu’un de « frère », on fait référence à de l’amitié, de l’affection, et non à un lien familial.
Mais ici, ils n’avaient pas d’affection pour Yossef, puisqu’au contraire ils le haïssaient et ne pouvaient se résoudre à lui parler amicalement.
C’est pourquoi ils ont dit « notre frère, notre chair » : l’expression de fraternité n’est due qu’à notre lien de famille, sans plus.
LA VIE DANS LA PARACHA
A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar
« II la reconnut et s'écria: La tunique de mon fils! Une bête féroce l'a dévoré! Yossef a été mis en pièces (tarof toraf) » (37, 33)
L’intention est de dire qu’il a été déchiqueté à deux reprises. La première fois, une bête sauvage l’a attaqué et tué, et la seconde fois elle a déchiqueté son corps pour le ramener à son repaire, ce qui a découragé Ya’akov de chercher les ossements pour les enterrer.
Sans cela, il aurait été difficile de comprendre pourquoi Ya’akov ne s’est pas efforcé de chercher les ossements de Yossef pour accomplir la mitsva d’inhumation. C’est pourquoi les frères ont dit avec ruse « Voici ce que nous avons trouvé ! » : seule, sans ossements. De là, il a déduit que la bête féroce l’avait entraîné dans son domaine, et par conséquent il ne leur a pas demandé de continuer à chercher ses ossements.