Parachat Yitro 7 Février 2015 18 Chevat 5775 |
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Une introduction au don de la Torah
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
« Yitro, prêtre de Midian, gendre de Moché, entendit tout ce que D. avait fait pour Moché et pour Israël Son peuple, qu’Il avait fait sortir Israël d’Egypte » (Chemot 18, 1).
Qu’a-t-il entendu pour venir ? Que la mer s’était fendue, et la guerre d’Amalek (Rachi).
L’histoire d’Yitro est comme une introduction au don de la Torah. La Torah raconte qu’Yitro est venu, et ensuite arrive le sujet du don de la Torah. Cette juxtaposition nous enseigne que si Yitro, qui n’était pas juif, a entendu et a tiré des conclusions de ces miracles, de l’ouverture de la mer et de la guerre d’Amalek, à savoir qu’il fallait aller recevoir la Torah, à combien plus forte raison les bnei Israël doivent réfléchir sur les miracles que le Saint, béni soit-Il leur fait et accepter la Torah de tout cœur !
Il faut encore examiner le fait que Rabbi Israël de Salant dit que chaque jour à partir de la sortie d’Egypte pendant cinquante jours, les bnei Israël ont réparé l’une des cinquante portes de la sainteté, si bien qu’ils ont été dignes de recevoir la Torah. Or apparemment, s’ils s’étaient relâchés pendant plusieurs jours, il y avait nécessairement plusieurs jours qui n’avaient pas été réparés, alors comment ont-ils pu recevoir la Torah ?
Pour l’expliquer, il est évident que les bnei Israël n’ont jamais délaissé la Torah complètement, ils étudiaient, mais ils le faisaient avec un sentiment de satiété et non avec un grand désir, et cela s’appelle un affaiblissement, étant donné qu’ils auraient dû engager toutes leurs forces dans l’étude de la Torah. Ils réparaient donc chaque jour ce qui concernait ce jour-là, mais ils auraient dû se donner plus de mal. C’est comparable à la situation d’un homme que le roi a fait rentrer dans son trésor en lui disant de prendre tout ce qu’il pouvait : il ne travaillera certainement pas paresseusement, mais prendra tout ce qu’il pourra. C’est ainsi que les bnei Israël auraient dû se donner pour la Torah, mais ils ne l’ont pas fait, c’est pourquoi Amalek les a attaqués. Et il est probable qu’après la guerre d’Amalek, ils ont étudié la Torah et travaillé sur les midot, afin de compléter ce qui avait manqué pendant les journées où ils avaient manifesté un peu de négligence.
Pendant le mois de Tévet de l’an 5765 s’est produit sur le continent asiatique une terrible catastrophe, au cours de laquelle plus de trois cent mille hommes ont trouvé la mort. Comment est-ce arrivé ? Par des vagues gigantesques qui sont venues du fond de l’océan, qu’on n’avait pas vu arriver et qui ont entièrement détruit des localités entières. J’ai entendu qu’au Sri Lanka, plus d’une centaine d’éléphants s’étaient enfuis quelques minutes avant la catastrophe, alors que les hommes ne se doutaient absolument pas qu’il allait se passer quelque chose d’aussi terrible. Il faut réfléchir à cela et se demander si les animaux sont meilleurs que les hommes pour être capables de fuir alors que ce sens manque à l’homme.
A ce propos, nous savons que les Sages disent (Berakhot 6b) : « si quelqu’un suit la voie de Hachem, le monde entier a été créé pour lui », mais par ailleurs s’il ne suit pas cette voie, « même un moustique a été créé avant lui » (Sanhédrin 38a), ce qui le rend pour ainsi dire plus important que lui. L’explication est que les bêtes n’ont pas de Torah et n’ont rien pour les protéger et les sauver, c’est pourquoi elles ont reçu des sens naturels qui leur permettent de se sauver lorsque la nature frappe. Mais l’homme a la Torah, tout juif qui étudie la Torah a en lui une étincelle de Moché, et à chaque fois que des décrets sévères s’abattent sur le monde, c’est parce qu’il n’y a pas de Torah. L’homme n’a donc pas besoin de ce sens pour être préservé des phénomènes naturels, parce qu’il a la Torah qui le protège et le sauve, et si nous n’étudions pas la Torah, alors des catastrophes fondent sur le monde. Quant aux animaux, ils ne méritent pas d’être frappés, c’est pourquoi ils ont un sens qui leur permet de s’enfuir à temps.
Or nous devons savoir que lorsqu’il arrive une catastrophe en Asie, cela vient pour nous réveiller et nous enseigner combien les forces humaines sont limitées, et que sans le mérite de la Torah, l’homme n’a aucune existence. Tout ce que le Saint, béni soit-Il fait dans le monde, c’est pour que nous, le peuple d’Israël, en tirions de la force, pour que nous nous imaginions ce que serait notre situation si par malheur il arrivait dans notre pays un drame quelconque. On peut toujours voir des catastrophes chez les hommes : l’un est sujet à telle maladie et l’autre à telle autre, tout cela pour que nous en tirions la leçon et nous renforcions.
Mais il faut encore réfléchir, car il n’y a pas qu’Yitro qui ait vu et entendu ; le monde entier a vu et entendu, ainsi qu’il est dit (Chemot 15, 14) : « Les peuples ont entendu, ils se sont inquiétés », par conséquent pourquoi est-ce seulement Yitro que cela a poussé à venir ? On peut l’expliquer d’après ce qu’écrit le « Messilat Yecharim » (chapitre 2) : il y a deux sortes d’aveugles, l’aveugle de naissance, qui ne voit pas physiquement, et l’aveugle qui a des yeux, mais ne voit pas. Il ne voit que ce qu’il a envie de voir, c’est pourquoi il est considéré comme aveugle. C’était le cas de tous les habitants du monde : ils avaient bien vu avec leurs yeux physiques que la mer s’était fendue, mais ils ont fait semblant de n’avoir rien vu, ils n’en ont pas tiré de conclusions, ils n’y ont pas prêté attention. En revanche, les bnei Israël ont vu et ont commencé à croire en D. parce qu’ils avaient réfléchi, ainsi qu’Yitro, qui avait réfléchi à ce qu’il avait vu, c’est pourquoi il s’est repenti.
On comprend maintenant quelle est la grandeur d’Yitro, puisque le monde entier avait entendu et que lui seul est venu. Or il était prêtre de Midian et avait pratiqué toutes les idolâtries du monde (Mekhilta Yitro 1). Alors comment a-t-il pu venir ? C’est qu’Yitro a entendu et s’est mis à réfléchir et à croire, et il est venu immédiatement vers le peuple d’Israël pour étudier la Torah, parce qu’il savait que s’il ne le faisait pas immédiatement, sa foi allait s’affaiblir et il ne lui resterait rien de ce qu’il avait vu. Il est donc tout de suite passé à l’action, d’autant plus qu’il avait vu que lorsque les bnei Israël s’étaient relâchés dans la Torah, la guerre d’Amalek s’était produite immédiatement. C’est pourquoi il a immédiatement rejoint le peuple d’Israël pour étudier la Torah, afin que sa foi ne s’affaiblisse pas.
SUR LA PENTE ASCENDANTE
Ses lois et Ses statuts pour Israël
Un riche non-juif est venu me trouver pour me demander de le convertir pour qu’il puisse épouser une femme juive qu’il voulait beaucoup. Pour cela, il était prêt à payer même une somme d’argent considérable, qui aurait permis de soutenir toutes nos institutions de Torah.
« Est-ce que vous pensez qu’on peut acheter la judéité avec de l’argent ? lui demandai-je. Est-ce que vous avez l’impression que la Torah du D. vivant est un objet de commerce qu’on peut acheter en gonflant la somme ?
« Sachez que notre sainte Torah est une Torah de vie, et que pour l’acquérir il faut travailler et se donner beaucoup de mal. Ce n’est pas pour rien que le peuple d’Israël, le peuple élu, l’a méritée, plutôt que les autres nations. C’est parce que seul le peuple d’Israël a accepté de se donner du mal pour elle, et a promis de faire tout ce qu’elle contenait avant même qu’elle ait été donnée. »
C’est ce que j’ai dit à cet homme, et ensuite j’ai encore ajouté quelques phrases :
« Il est écrit dans le livre des Psaumes : « Il dit Ses paroles à Ya'akov, Ses lois et Ses statuts à Israël. Il ne l’a pas fait pour tous les peuples et ils ne connaissent pas les lois, Halleluïa » (Téhilim 147, 19-20). Le peuple d’Israël a de nombreux mérites parce qu’il accomplit les paroles de la sainte Torah, mais il a aussi une terrible peur de transgresser la parole de D.
« Il n’y a que le peuple d’Israël qui a une forte intuition et une sensibilité particulière qui lui permettent de savoir s’éloigner d’une interdiction, par piété et crainte de la faute. Quand un juif aperçoit une assiette contenant un aliment à base de viande posé sur une table destinée aux aliments lactés, il l’enlève tout de suite sans même réfléchir, parce qu’il craint que cela ne mène à une faute.
« Par ailleurs, en ce qui concerne l’accomplissement d’une mitsva positive, le peuple d’Israël a un désir particulièrement intense et une volonté d’accomplir les mitsvot, un désir et une volonté sincères et véritables qui proviennent de la sainteté et de la chaleur spirituelle qui entoure le peuple d’Israël, une sainteté qui n’existe pas du tout chez les autres peuples. »
Voilà ce que j’ai dit au non-juif qui voulait acheter la judaïté avec de l’argent. J’espère profondément qu’il a compris que je voulais dire que le judaïsme n’est pas une religion comme toutes les autres, et que pour l’acquérir il faut beaucoup d’efforts et une ferveur pure.
Ce qui accompagne l’homme
Alors que je me trouvais à Toronto, au moment où j’allais le matin prier à la synagogue, j’ai vu de nombreuses personnes qui se promenaient avec leur chien dans les rues de la ville.
En voyant ces gens, il m’est venu à l’esprit qu’il y a une différence énorme entre un juif ben Torah et un non-juif.
Un juif ben Torah qui accomplit tous les commandements de la Torah, les mitsvot l’accompagnent pendant toute la journée. Et même s’il ne les accomplit pas vraiment sur le champ mais se contente d’y réfléchir et de se préparer à les faire, quand elles se présentent à lui il les accomplit immédiatement.
Même lorsqu’il dort, si auparavant il a étudié des paroles de Torah, ces paroles de Torah lui remplissent la tête, et ainsi même dans son sommeil il étudie la Torah et en reçoit une récompense.
A l’opposé, le goy qui se promène avec son chien, tout ce qui l’accompagne pendant toute sa journée et toutes ses heures est ce chien qui le suit partout, et quand il lui donne un morceau de viande, le chien s’accroche à lui et lui est encore plus fidèle. Ils mangent ensemble et dorment dans la même pièce, et ainsi l’homme fait tourner toute sa vie autour de l’impureté du chien.
Le Satan lui aussi, dont il est dit « la faute rôde à l’entrée », quand on lui donne même un petit peu à manger, s’attache à l’homme comme un chien et ne le quitte plus jusqu’à ce que celui-ci se débarrasse de lui en faisant des mitsvot et des bonnes actions.
Heureux sommes-nous, qui avons mérité d’être juifs entourés de Torah, de mitsvot et de bonnes actions pendant toute la journée, et heureux sommes-nous de n’avoir aucune part à la vie des goïm qui sont entourés de l’impureté du chien qui s’attache à eux toute leur vie.
Tiré des notes de Rabbi David Pinto Chlita
HOMMES DE FOI
Histoires des justes de la famille Pinto
A l’époque de Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège, s’est produite une histoire surprenante, qui a alimenté les conversations de tous les habitants de la ville.
L’un des membres de la famille Pinto était pieux, saint et habitué aux miracles. Une certaine nuit, à l’époque des fêtes, alors que tout le monde était à la maison, un non-juif rentra tout à coup dans la maison dans l’intention de voler. Quand la femme du saint Rav vit le voleur, elle appela immédiatement son mari en lui disant :
« Lève-toi vite ! Un goy est entré à la maison et il veut nous tuer. »
Le tsaddik a levé les yeux, a regardé le goy, et s’est mis à dire sur lui des versets et des Noms sacrés. Avant qu’il ait eu le temps de finir les versets, le goy mourut sur place, et son crâne resta suspendu au plafond par une corde. Qu’ainsi disparaissent tous Tes ennemis, Hachem.
La maison où le miracle s’était produit est encore debout jusqu’à aujourd’hui dans le mellah de Marrakech. Beaucoup d’habitants de la ville y vont pour la voir de leurs yeux, y allument des bougies et prient dans la maison par le mérite du tsaddik.
Un fait célèbre et extraordinaire est que jusqu’à ce jour, ce crâne est resté pendu au plafond. Quiconque vient à Marrakech demande où est la maison et y voit de ses propres yeux le pouvoir des tsaddikim.
Cette histoire extraordinaire a été racontée par la rabbanit Mazal, la femme du tsaddik Rabbi Moché Aharon Pinto, qui est allée dans cette maison et a vu le crâne encore suspendu au plafond.
LA HAPHTARA DE LA SEMAINE
« L’année de la mort du roi Ouziyahou » (Yéchayah 6)
Le rapport avec la paracha :
La haphtara décrit le dévoilement de la Chekhina au Temple de Jérusalem, de même que dans la paracha est décrit le dévoilement de la Chekhina aux yeux de tout Israël au moment du don de la Torah au Sinaï.
« Car je suis un homme aux lèvres impures et je demeure parmi un peuple aux lèvres impures » (Yéchayah 6, 5)
Il faut faire très attention à ne pas insulter Israël.
Moché, qui a dit « Ecoutez, rebelles », a été puni.
Sur Aviya, qui a dit : « Vous avez avec vous des veaux d’or », il est écrit : « Hachem le frappa. » Et Zekharia, qui a dit : « Vous avez abandonné Hachem », Yoach l’a tué.
Quant au prophète Yéchayah, qui est l’égal de Moché, comme il avait dit « je demeure parmi un peuple aux lèvres impures », il a été puni et tué par Menaché.
La volonté de D. est qu’on défende Israël, comme l’ont enseigné les Sages à propos de Guidon, qui avait dit : « Où sont toutes Ses merveilles », et à qui il a été répondu : « Va avec cette force et tu sauveras Israël. » Et les Sages ont interprété « avec cette force » comme : parce que tu as trouvé des mérites à Mes enfants.
Celui qui adresse des paroles de réprimande au peuple doit faire extrêmement attention de ne pas porter atteinte à l’honneur d’Israël et de ne pas l’accuser. Cela demande beaucoup de réflexion, il faut faire confiance à Hachem, et c’est de Lui que viendront les paroles qui conviennent.
(« Devach LeFi »)
« Tes péchés ont disparu, ta faute est expiée » (Yéchayah 6, 7)
Il est dit d’abord « avon », le péché, et ensuite « ‘het », la faute, ce qui est surprenant, car si déjà est pardonné le « avon », qui est plus répréhensible, alors certainement le « ‘het », qui est moins grave puisque c’est une faute commise par inadvertance, le sera automatiquement !
Les commentateurs ont écrit que la raison pour laquelle on apporte un sacrifice « ‘hatat » (expiatoire) est que si l’on avait fait attention à cette mitsva, on n’en serait pas venu à la transgresser par inadvertance, car on aurait joui d’une protection céleste.
C’est pourquoi le verset mentionne en premier le « avon », pour nous enseigner que si l’on ne commet pas de faute délibérément, alors les fautes involontaires seront expiées, c’est-à-dire qu’on n’en arrivera pas à une situation de sacrifice de ‘hatat, parce que du Ciel, on aura été protégé des fautes involontaires.
(« Torat HaParacha »)
GARDE TA LANGUE
Prononcer une malédiction
Celui qui dit du lachon hara dans sa colère risque fort de maudire la personne dont il parle, et parfois il le fait avec le Nom de Hachem.
Et même celui qui maudit dans une langue autre que l’hébreu transgresse l’interdiction de « maudire un sourd ».
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
La Torah : source de royauté pour toute la Création
« Mais vous, vous serez pour Moi un royaume de prêtres et un peuple saint. Voici les paroles que tu diras aux bnei Israël. » (Chemot 19, 6)
Ce verset contient de nombreuses allusions à l’essence de l’homme.
« Mais vous » (véatem) : ce mot est composé des mêmes lettres que le terme « émet » (vérité).
« Pour Moi » (li) : la valeur numérique de « li » est quarante, référence aux quarante jours que Moché a passés sur la montagne pour recevoir la Torah.
« Un royaume » (mamlékhet), du terme « royauté » (malkhout). Et qui sont les rois ? Les Sages (Guittin 62b). Cela signifie que lorsque apparaît la vérité grâce à la Torah, la royauté revient à nos maîtres.
« Prêtres » (kohanim) : Rachi explique que ce sont « Des princes, comme dans ‘‘Et les fils de David étaient prêtres (cohanim)’’ (II Chemouël 8, 18) ».
« Et un peuple » (végoy) : avec l’unificateur, la valeur numérique du mot « végoy » est vingt-six, comme celle du nom de D. Cela fait allusion au fait que Hachem et Israël ne font qu’un (Zohar, III, 4, 2), grâce à la force de la Torah, qui est appelée « vérité ».
Il se trouve ainsi que par le biais de la Torah, nous pouvons atteindre la perfection au point que notre valeur numérique (en tant que peuple) soit égale à celle du nom de D. Quiconque étudie la Torah et y est attaché n’en vient jamais à commettre d’erreur, car Hachem ne laissera pas le mensonge sortir de sa bouche. En effet, il est lié à la vérité, qui est la Torah, et le nom de D. se trouve en lui en allusion.
En revanche, nos Sages expliquent (Vayikra Rabba 14, 1) que tout ceci vaut tant que nous suivons le chemin de D. Dans ce cas, l’univers est créé pour nous. Mais si, que D. nous en garde, nous ne marchons pas dans le chemin de Hachem, les animaux nous seront préférables. Nous constatons que chez de nombreux tsaddikim, ce sont eux qui maîtrisent la nature par la force de leur parole, et non la nature qui les domine. Ainsi, si quelqu’un ressent le besoin d’avoir recours à son côté animal, c’est là le signe d’un manque dans son essence par rapport à l’homme qui est entier grâce à la Torah.
A Mogador, une certaine famille porte le nom de Benchabbat. Le Rav Mordekhaï Benchabbat était mon Rav et mon maître lorsque j’étais enfant. Son nom de famille est lié au fait que son grand-père, le Rav Ya’akov Benchabbat, s’était sacrifié pour respecter le Chabbat. Une fois, alors qu’il était en voyage avec d’autres personnes, l’heure du Chabbat est arrivée : les autres ont poursuivi le trajet, mais lui s’est séparé du groupe. L’endroit dans lequel il s’est alors retrouvé était plein de bêtes sauvages, et malgré tout, il a été protégé.
Puis après le Chabbat, il s’est avéré que tous les membres du groupe, sauf un, avaient été attaqués et tués. Alors le rescapé a demandé à Rabbi Ya’akov « Comment avez-vous été sauvé ? », et le Rav lui a répondu que c’est la Torah qui protège et sauve (Sota 21a). Celui qui se sacrifie sans avoir peur sera protégé par la sainte Torah. C’est donc pour cette raison que cette famille porte le nom de Benchabbat.
L’histoire du Or Ha’Haïm est elle aussi bien connue : alors qu’un lion s’approchait de lui, il lui a montré le signe de l’alliance et le lion ne lui a fait aucun mal et l’a même protégé, en raison de la sainteté de la circoncision et de la puissance de la Torah que possédait le Rav. Nous comprenons ainsi que le côté animal n’est d’aucune utilité en temps de danger : au contraire, par la force de la Torah, nous pouvons dominer la nature, et même les bêtes sauvages !
A LA SOURCE
« Le nom de l’autre est Eliézer, ‘‘parce que le Dieu de mon père m’est venu en aide.’’ » (18, 4)
Il est connu que les prophètes ont préféré la mort à la vie, lorsqu’ils ont vu les souffrances du peuple d’Israël.
Rabbi Yéhonathan Eibeschütz rapporte cette raison pour expliquer que Moché a d’abord pensé que la délivrance d’Israël tarderait à venir. Ainsi, lorsque son premier fils est né, il n’en a pas profité pour remercier Hachem de l’avoir sauvé du glaive de Paro, car il aurait préféré mourir que de voir la souffrance du peuple juif.
Mais après que Hachem S’est révélé à lui dans le buisson, lui annonçant la libération du peuple et la délivrance, Moché a choisi la vie, remercié D. et nommé son fils Eliézer en faisant référence à la fois où il avait été sauvé de l’épée de Paro.
« Partis de Refidim, ils entrèrent dans le désert du Sinaï » (19, 2)
Pourquoi la Torah a-t-elle été donnée dans le désert ?
D’après le Midrach Tan’houma, cela nous enseigne que tout comme le désert est à la disposition de tous, les lois de la Torah sont à la portée de quiconque souhaite étudier.
L’auteur de MéAm Loez ajoute au nom du Mabit : l’essentiel est d’être content de son sort et de ne pas rechercher le luxe, qui est sans limites. Il faut se suffire de ce qu’on a et réfléchir comme si on était dans le désert. En effet, dans ce cas, on ne se préoccupe que des choses indispensables. Le principal est donc de maintenir le corps afin de pouvoir servir D.
« Honore ton père et ta mère » (20, 11)
Le ‘Hida explique la juxtaposition des deux commandements suivants : le respect du Chabbat et le respect des parents. Ceci vient nous enseigner que lorsqu’un fils prononce des paroles de Torah au cours du Chabbat, son père est orné d’une couronne dans le monde à venir, comme il est expliqué dans le saint Zohar. Cette juxtaposition fait allusion au fait qu’un fils honorera son père pendant le Chabbat, même après la mort de celui-ci.
« Ni rien de ce qui est à ton prochain » (20, 13)
Le livre « Ir David » rapporte une très belle allusion au nom du Séfer Mitsvot Hagadol : les lettres des Dix Commandements ont pour valeur numérique 620, à savoir les 613 mitsvot auxquelles on ajoute les sept mitsvot instituées par nos maîtres.
Le ‘Hatam Sofer écrit que les mots « ce qui est à ton prochain » (acher léréèkha) font allusion aux sept mitsvot instituées par nos maîtres :
Aleph – Deuil (avelout) : les sept jours de deuil.
Chin – La joie (sim’ha) des mariés : les sept jours de fête qui suivent le mariage.
Rech – Lavage (re’hitsa) : l’ablution des mains.
Lamed – Pain (le’hem) : l’interdit de manger du pain cuit par un non-juif.
Rech – Domaines (rachouyot) : usage commun d’une cour.
Ayin – Amalek : lecture de la méguila.
Kaf – Kohanim : commémoration du miracle de ‘Hanouka instaurée par les Kohanim.
LA VIE DANS LA PARACHA
A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben ‘Attar
« Yitro, beau-père de Moché, offrit un holocauste et d’autres sacrifices à D. » (18, 12)
Yitro a eu l’idée de sacrifier plusieurs rémunératoires en signe d’invitation des grands d’Israël à sa table. C’est pourquoi le texte n’a pas dit « Il a appelé Aharon et les anciens d’Israël », mais « Aharon et tous les anciens d’Israël sont venus, etc. » En d’autres termes, ils sont venus naturellement, car l’attitude d’Yitro était en soi une invitation. En effet, pour qu’il n’y ait pas de restes de sacrifices, Aharon et les anciens sont venus d’eux-mêmes honorer Yitro, sans qu’il ait eu besoin de les convier.
LES CHEMINS DE LA FOI
Etudes sur la droiture dans les Midot
Si l’on tente d’interroger les gens dans la rue sur la limite du respect à accorder à autrui, on récoltera toutes sortes d’avis et de directions. En effet, de même que les visages sont différents, les avis sont divers et variés. On pourra être en accord avec certaines réponses tandis qu’on émettra des doutes sur d’autres. Mais pourquoi organiser un sondage alors que nos Sages nous ont déjà tracé un chemin et fixé des lois qui régissent les comportements entre un homme et son prochain ? Penchons-nous sur les paroles de nos maîtres dans le Talmud (traité Sanhédrin 11a).
Ils ont enseigné : « Seules les personnes nommées à l’avance par le Nassi sont habilitées à décréter un mois supplémentaire pour l’année. Une fois, Rabban Gamliel a dit : « Que demain se lèvent les sept Sages suivants, qu’ils se rendent sur l’estrade du tribunal et nous ajouterons un mois à l’année. » Le lendemain, huit Sages étaient au rendez-vous. Alors il a déclaré : « Que celui qui est monté sans autorisation descende ! » Sur ce, Chemouël Hakatan s’est avancé et a dit : « C’est moi qui suis monté sans permission. Je ne suis pas venu pour ajouter un mois à l’année et me joindre à vous, mais seulement pour apprendre la règle à appliquer. » Raban Gamliel lui a répondu : « Assieds-toi mon fils, c’est par ton intermédiaire que toutes les années devraient être déclarées embolismiques, mais les Sages ont dit : « On n’ajoute un mois à une année que par des gens qui ont été nommés à l’avance pour le faire. » »
En réalité, Chemouël Hakatan n’était pas l’intrus. Pourtant, il s’est levé et a quand même quitté le groupe afin que personne ne sache qui était le Sage en question, et que ce dernier ne soit pas humilié. Selon la version du Yérouchalmi : afin de ne pas humilier celui qui était venu sans avoir été nommé, ils ont multiplié ce jour-là les paroles de Torah, et c’est seulement le lendemain qu’ils ont déclaré l’année embolismique.
Pourquoi Rabban Gamliel n’a-t-il pas craint d’humilier cet homme en public ?
Puisque, comme nous le savons, la halakha impose de n’ajouter un mois à l’année que par ceux qui sont nommés pour le faire, celui qui est venu sans autorisation devait évidemment repartir, c’est donc lui-même qui a provoqué sa propre humiliation ! Mais par piété, Chemouël Hakatan a voulu lui éviter la situation humiliante dans laquelle il s’était lui-même placé.
Une histoire similaire s’est produite alors que Rabbi Yéhouda Hanassi donnait un cours à ses élèves et qu’une odeur d’ail s’était répandue. Il a dit : « Que celui qui a mangé de l’ail sorte ! » Alors son élève Rabbi ‘Hiya s’est levé et a quitté la pièce. Puis à sa suite, tout le monde s’est levé et est parti. Le lendemain matin, Rabbi Chimon, le fils de Rabbi, est allé trouver Rabbi ‘Hiya et lui a demandé : « Est-ce toi qui as incommodé mon père ? », et Rabbi ‘Hiya a répondu : « Loin de moi, que jamais rien de tel ne se produise ! »
Rachi explique que pour Rabbi Chimon, Rabbi ‘Hiya avait mangé de l’ail, alors celui-ci a répliqué : « Que D. m’en préserve, je ne mangerai pas d’ail en me rendant à la maison d’étude de Rabbi. Mais afin de ne pas humilier celui qui en avait effectivement consommé, je suis sorti pour que tout le monde sorte également et que personne ne sache de qui il s’agissait. »
Le Maharcha a un autre avis. Il estime que Rabbi Chimon savait que Rabbi ‘Hiya n’avait pas mangé d’ail, mais il lui a adressé le reproche suivant : « C’est toi qui as fait souffrir mon père en quittant la maison d’étude, ce qui a entraîné tous les autres à partir également. En agissant ainsi, tu as infligé à mon père la souffrance de ne pas étudier la Torah. Ce n’était donc pas à toi de quitter la pièce, mais uniquement à celui qui avait mangé de l’ail. »
C’est à cet argument que Rabbi ‘Hiya a répondu : « Loin de moi, que jamais rien de tel ne se produise ! », à savoir : « Il est évident que le manque d’étude de la Torah est une faute grave, mais humilier un membre du peuple d’Israël l’est encore plus. Il vaut mieux manquer un moment d’étude que d’humilier quelqu’un. Je suis donc sorti afin de le ‘‘cacher’’ en amenant tout le monde à partir aussi. »
Rabbi ‘Hiya n’a pas quitté la maison d’étude en signe de protestation comme le font souvent les membres d’un Parlement. Il est juste parti de façon à ce que tous croient que c’était lui qui avait mangé de l’ail, qui avait été chassé de la maison d’étude, qui avait fait souffrir Rabbi et qui avait fait perdre du temps d’étude à la collectivité. Tout cela, afin de ne pas humilier celui qui avait vraiment mangé de l’ail !
D’où Chemouël Hakatan a-t-il appris ce comportement ?
De Chekhania fils de Ye’hiel, comme il est écrit (Ezra 10, 2) : « Chekhania, fils de Ye’hiel, des enfants d’Elam, prit la parole et dit à Ezra : ‘‘Nous, nous avons commis une infidélité envers notre Dieu en épousant des femmes étrangères, appartenant aux populations de ce pays ; mais il est encore de l’espoir pour Israël en cette occurrence.’’ » En réalité, Chekhania n’avait pas épousé de femme étrangère, mais il s’est inclus dans la collectivité afin de ne pas les humilier.
Quant à Chekhania fils de Ye’hiel, d’où a-t-il appris cette conduite ?
De Yéhochoua, lors de la profanation faite par Akhan, comme il est écrit (Yéhochoua 7, 10) « Hachem dit à Yéhochoua : ‘‘Relève-toi. Pourquoi rester ainsi couché sur ta face ? Israël a péché !’’ » Yéhochoua Lui a demandé : « Maître du monde ! Qui a fauté ? » Et D. lui a répondu « Suis-Je un délateur ? Va, organise un tirage au sort ! » Hachem a donc refusé de lui révéler qui avait fauté et a inclus tout le monde dans la collectivité, comme il est dit « Israël a péché ! »
Certains disent que Yéhouchoua a tiré cette leçon de Moché, comme il est écrit : « Jusqu’à quand vous refuserez-vous » (Chemot 16, 28), D. les a tous inclus dans la collectivité. Pourtant, ils n’étaient pas tous allés à la récolte pendant Chabbat ! Seule une minorité l’avait fait ; mais pour ne pas humilier ceux qui avaient fauté et s’étaient rebellés, à savoir Datan et Aviram, qui se sont soulevés plusieurs fois contre D. et Sa Torah, il valait mieux les intégrer à la collectivité, même si cela impliquait de dire à l’ensemble d’Israël : « Vous refuserez-vous à garder Mes préceptes ? », Moché et Aharon faisant également partie de la collectivité… L’essentiel était donc de ne pas désigner explicitement les fauteurs et de ne pas les humilier en public… le respect à accorder à autrui est précieux à ce point !
Ces versets ne sont pas à priori destinés à nous mettre en garde, mais au passage, les Sages en ont tiré des trésors de sagesse et de morale afin de nous guider vers la voie juste et convenable à suivre dans le service divin.