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paracha de la semaine

Parachat Ki Tissa

7 Mars 2015

16 Adar 5775

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

18:23

19:30

Lyon

18:15

19:20

Marseille

18:15

19:17

 

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La cause de la faute du Veau d’Or

 (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

Cette paracha inclut la faute du Veau d’Or. Avant cette faute, la Torah a placé le passage sur le demi-chékel, la cuve, l’huile d’onction et l’encens, les ustensiles du Sanctuaire, la table, l’autel et le reste des vêtements sacerdotaux. Il faut comprendre pourquoi elle a placé tout cela avant la faute du Veau d’Or.

L’introduction suivante décrit la perfection de l’homme et sa structure spirituelle, de la façon suivante :

Le demi-chékel – le pauvre et le riche doivent donner la même somme, un demi-chékel. Ainsi ils s’uniront et formeront à eux deux un chékel, ce qui fait partie des bases de la conduite que nous ont montrée les Sages : partager le fardeau d’autrui.

La cuve – qui était faite des miroirs des femmes (hamarot hatsovot), qui leur avaient servi à éveiller le désir de leur mari en Egypte. On pouvait en dire « Je laverai mes mains dans la propreté » (Téhilim 26, 6), c’est-à-dire la sainteté. Cela évoque les miroirs dans lesquels on se regarde. De même qu’il faut être propre extérieurement, il faut être saint, propre et pur pour avoir l’air d’être asservi à Hachem et de faire entièrement partie de Son armée. C’est cela les miroirs « tsovot », mot de la même famille que « tsava », l’armée, du Ciel.

L’huile d’onction – C’est un supplément de sainteté, pour nous enseigner qu’il incombe à l’homme de s’éloigner de l’impureté. C’est l’huile par lequel le cohen était oint et qui le protégeait des forces impures.

Un jour, lors d’un voyage en avion, j’ai senti que je n’arrivais pas à réfléchir, et je me suis demandé quelle pouvait en être la raison. Alors, je me suis aperçu que mon voisin, assis à côté de moi, me touchait un peu et qu’il était plongé dans un livre impur. J’ai fait attention à ne pas le toucher, car même un contact avec l’impureté peut causer des dégâts, de même que lorsqu’une femme est nida, le moindre petit contact est interdit.

L’encens – qui a une bonne odeur, allusion à la bonne renommée que l’on doit s’efforcer d’acquérir. Comme le dit le roi Chelomo (Kohélet (7, 1) : « Une bonne renommée vaut plus que de la bonne huile. »

La table – On y place le pain de proposition, qui fait allusion à l’homme. De même que la table reçoit tout ce que l’on place dessus, ainsi l’homme doit exécuter toute mitsva qui se présente à lui. Quand il mange des choses qui se trouvent sur la table, il ne doit les considérer que comme un façon de servir D.

L’autel – Offrir des sacrifices est une allusion au dévouement total.

Quelqu’un m’a raconté qu’il travaillait dur pour nourrir ses douze enfants, du matin jusqu’au soir. Il ne lui restait pour dormir que de trois heures à sept heures du matin. Je lui ai demandé ce qu’il faisait à  minuit, lorsqu’il rentrait à la maison, jusqu’à trois heures du matin. Il m’a répondu que pendant ce temps-là, il étudiait la Torah, puisqu’il n’avait pas le temps de le faire pendant la journée. C’est un exemple véritable de dévouement pour la Torah.

La menora – Source de la sagesse de la Torah.

Les vêtements sacerdotaux – Allusion à la « robe des rabbanim » dont on se couvre dans le monde à venir.

On voit que l’homme est comme un petit temple, qui correspond à la tente d’assignation. Tous les détails du Sanctuaire correspondent aux membres de l’homme, et les ustensiles du Sanctuaire sont les qualités que D. a gravées en l’homme. Les poutres sont les jambes de l’homme, et ainsi de suite. Il faut préserver la sainteté du Sanctuaire, et quand on ne remplit pas toutes les conditions posées par la Torah, on tombe dans la faute du Veau d’Or. Il ne s’agit pas seulement de ce que les bnei Israël ont fait dans le désert : tout désir et attachement aux vanités de ce monde est semblable à ce Veau.

Au cours de l’un de mes voyages, je suis passé dans l’avion et j’ai vu un juif que je connaissais très bien qui regardait l’écran où se déroulait un film. Je lui ai touché l’épaule et il s’est immédiatement repris, honteux de sa conduite. Je lui ai dit qu’il me rappelait ce qu’a dit le saint Tanna Rabbi Yo’hanan ben Zakaï à ses disciples avant sa mort : « que la crainte du Ciel soit égale à la crainte des hommes ». Ceux-ci lui ont répondu : « Pas plus que cela ? » Il leur a dit : « Ce serait magnifique si la crainte du ciel égalait au moins la crainte des hommes » (Berakhot 28b). Vous avez peur de moi mais vous n’avez pas peur de Hachem.

Ensuite ma fille, qui voyageait avec moi, m’a demandé pourquoi je lui avais fait honte, et je lui ai répondu qu’il valait mieux qu’il ait un peu honte en ce monde-ci plutôt que de subir une grande honte dans le monde à venir.

Le Roch Yéchiva de « Néfech ‘Haïm », le Rav Nathan Marguin chelita, a posé une question sur l’enseignement des Sages (Yalkout Chimoni Vayikra 429) selon lequel : « Tout talmid ‘hakham qui n’a pas de discernement, un cadavre d’animal vaut mieux que lui. » Pourquoi ont-ils utilisé le terme de « névéla » (bête morte) et non « treifa » (bête interdite à la consommation) ?

On peut expliquer qu’un talmid ‘hakham qui n’a pas de discernement n’a pas de midot. C’est cela qu’on lui dit : même les bêtes obéissent à leurs instincts naturels, et s’il n’a pas les bonnes midot que Hachem a placées en lui, alors un cadavre de bête vaut mieux que lui. Quand l’homme, qui a été créé à l’image de D., tend vers l’animalité, une bête morte vaut mieux que lui, car au moins quand elle était vivante, on pouvait apprendre d’elle les bonnes choses que Hachem avait mises en elle. Les Sages ont enseigné (voir Erouvin 100b) que même si la Torah n’avait pas été donnée, nous aurions appris les midot des animaux, le zèle de la fourmi, le ‘hessed de la ‘hassida (la cigogne), le dévouement de la souris et ainsi de suite. Ils ont employé le terme « nevéla » (cadavre d’animal) pour nous insinuer qu’après sa mort, la bête ne recevra ni récompense ni punition, mais un talmid ‘hakham qui n’a pas de discernement sera puni après sa mort.

C’est pourquoi les Sages ont dit (Sanhédrin 38a) que si l’homme le mérite, on lui dit : « tu es ce qu’il y a de meilleur dans la création », parce qu’il a été créé en dernier, afin que tout soit déjà prêt pour lui, alors que dans le cas contraire, on lui dit : « Même un moustique a été créé avant toi », il vaut mieux que toi du fait qu’il a été créé avant toi et que tu as été créé en dernier. C’est effrayant.

HOMMES DE FOI

HISTOIRES DES JUSTES DE LA FAMILLE PINTO

Rabbi Messod Ben Ibo zatsal, qui comptait parmi les sages de Marrakech, avait souvent l’occasion d’aller à Mogador. A l’une de ces occasions, il rentra pour saluer son Rav, Rabbi ‘Haïm Pinto, comme à son habitude, afin de recevoir du tsaddik une bénédiction pour la route. Quelle ne fut pas sa stupéfaction lorsque cette fois-là, Rabbi ‘Haïm refusa de le bénir, et lui ordonna même de ne pas quitter la ville ! Deux jours passèrent, et Rabbi Messod alla de nouveau trouver Rabbi ‘Haïm pour recevoir sa bénédiction à l’occasion de son retour à la maison. Et de nouveau, à son grand étonnement, Rabbi ‘Haïm refusa de le bénir, et ne lui permit pas de quitter la ville.

C’est le jeudi que Rabbi Messod entra chez son Rav pour la troisième fois, en lui disant qu’il devait rentrer chez lui, pour avoir le temps d’atteindre son domicile à Marrakech avant l’entrée du Chabbat. Rabbi ‘Haïm, qui perçut son impatience, et vit qu’il voulait rentrer chez lui à tout prix avant l’entrée du Chabbat, lui dit : « Je vois que vous êtes pressé de rentrer chez vous et que vous ne voulez pas attendre. Qu’il en soit ainsi. Mais si vous avez des ennuis, criez vers moi pour m’appeler. Même si vous êtes très loin, dites mon nom, Rabbi ‘Haïm Pinto, et vous verrez des miracles. » Rabbi Messod hocha la tête en signe d’assentiment et mémorisa ces paroles.

En route, des brigands entourèrent sa carriole, dans l’intention de le tuer et de lui prendre tout ce qu’il possédait. Alors, il se souvint des paroles de son Rav et se mit à crier à haute voix que le mérite de Rabbi ‘Haïm Pinto le protège.

Alors, le miracle se produisit. La bande de brigands entendit tout à coup un grand bruit d’origine incertaine, « brigands, brigands ». Ils furent envahis d’un grand trouble et de peur. Ils craignaient qu’un groupe de bandits n’arrive sur les lieux et se mette à les tuer. Ils lâchèrent immédiatement Rabbi Messod et s’enfuirent dans le désordre.

Rabbi Messod se remit des événements et comprit que cela provenait de Hachem, et que le mérite du tsaddik l’avait aidé à être sauvé d’une mort certaine. En arrivant chez lui, il raconta à sa famille le grand miracle qui lui était arrivé.

[Tiré de « Chenot ‘Haïm » et « Makor Ha’Haïm »]

SUR LA PENTE ASCENDANTE

Un regard juste sur la vie

On a raconté en France l’histoire suivante : un couple de juifs avait construit un grand bâtiment pour divers affaires et rencontres. Dès son inauguration, qui avait eu lieu un samedi soir, plus de mille personnes s’étaient rassemblées. On s’attendait à ce que le lendemain, le dimanche, où devait avoir lieu le véritable début, ce nombre soit multiplié plusieurs fois. On évaluait le nombre de personnes qui participeraient à cinq mille ou plus, dont plus de soixante-dix pour cent devaient être des juifs.

Mais le lendemain matin à sept heures moins le quart, une heure et quart avant l’ouverture, qui était prévue pour huit heures, un grand ballon de gaz avait explosé dans les sous-sols du bâtiment, ce qui l’avait fait écrouler comme un château de cartes. C’est seulement grâce à un grand miracle que personne n’avait été atteint. Et même l’employé non-juif qui devait ouvrir les portes du bâtiment à sept heures pour le préparer pour la réunion était arrivé en retard et n’avait pas été blessé.

Au bout de quelques temps, ce couple qui avait construit le bâtiment et y avait placé tant d’espoir est venu me trouver. La femme m’a demandé, sur un ton de protestation envers Hachem, pourquoi Il leur avait fait cela. Il y avait déjà plusieurs choses qu’ils avaient entreprises, et comme si le Satan s’en était mêlé, cela ne réussissait jamais. Quelque temps auparavant ils avaient acheté une voiture neuve, et dès l’un des premiers déplacements ils avaient reçu une amende très lourde. Quand ils avaient voulu ouvrir un nouveau commerce, le mari avait été emprisonné, et maintenant, quand ils avaient enfin réussi à réaliser l’affaire de leur vie, tout s’était écroulé sans qu’il en reste la moindre trace.

J’ai répondu à cette femme : « De ma vie, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui proteste de cette façon contre D. ! Au lieu de Le remercier du grand miracle qu’il vous a fait en vous sauvant d’une mort certaine ainsi que toutes les autres personnes, et a empêché vos enfants de devenir orphelins, vous vous plaignez de Lui ! Il vous aurait convenu au contraire de préparer un grand repas de remerciement envers Hachem. »

En vérité, cette vision et ce regard bouchés viennent à celui qui n’est pas ben Torah et à celui qui est rempli d’intérêts personnels, comme ce couple qui ne pensait qu’à l’argent, c’est pourquoi ils sont incapables de regarder les miracles que Hachem a faits pour eux. Ils ne cherchent que des raisons de se plaindre de ce qu’ils ont perdu, alors qu’en réfléchissant, ils s’apercevraient qu’au lieu d’avoir été enterrés vivants sous les décombres, la vie leur a été accordée, et au contraire, ils ont encore des chances de faire des affaires et de réussir, alors que si par malheur ils étaient morts, c’est une occasion qu’ils n’auraient pas.

Au centre du cimetière de Genève, il y a une tombe grande et belle comme une place. J’ai demandé à l’ami qui m’accompagnait de qui c’était la tombe, et il m’a répondu que c’était celle d’Edmond Safra. Je me suis approché, et en me tenant à côté, je me suis dit en moi-même qu’on voyait concrètement ce qu’a dit le roi Chelomo dans Kohélet (9, 4) : « Mieux vaut un chien vivant qu’un lion mort. » Car lorsque tu étais en vie, Edmond, pour te voir il fallait attendre un ou deux ans, et parfois de nombreuses années. Ainsi, des rabbanim importants et âgés attendaient encore et encore, pour mériter de te rencontrer une seule fois. Alors que maintenant, à côté de ta tombe, tout est libre, il n’y a pas besoin d’attendre. Car tant que l’on vit, il y a une possibilité d’agir encore, mais lorsqu’on est mort, cette possibilité n’existe plus.

A propos, j’ai vu sur sa tombe une liste qui représente une grande leçon. Il y est écrit : « Ci-gît Edmond Safra, qui a aidé à élever de nombreuses institutions de Torah et des synagogues, et a donné beaucoup de charité aux pauvres et aux veuves. » Ne figure rien sur son grand réseau de banques, mais uniquement les bonnes actions et les contributions à la Torah et au ‘hessed. C’est parce qu’en haut, dans le monde de vérité, on n’estime pas l’argent, ni les banques ni les affaires, mais uniquement l’étude de la Torah et ce qu’on a fait pour la Torah et la générosité. En effet, c’est seulement ces choses-là que l’homme emporte avec lui dans le monde supérieur.

C’est pourquoi ce couple aurait dû se réjouir et remercier de l’occasion que leur avait accordée Hachem en les laissant en vie, car si par malheur l’écroulement du bâtiment avait eu lieu une heure plus tard, ils y auraient trouvé leur mort. Et au lieu de Le bénir de ce bienfait, ils se plaignaient encore du mal qu’ils avaient subi !

LA HAPHTARA DE LA SEMAINE

« Akhav envoya des ordres » (I Melakhim 18, 20)

Le rapport avec la paracha :

La haphtara parle du prophète Eliahou, lorsqu’il a réprimandé le peuple qui pratiquait l’idolâtrie et oscillait entre les deux parties, ce qui rappelle la paracha, où Moché réprimande le peuple d’avoir fabriqué le Veau d’Or.

« Jusqu’à quand oscillerez-vous entre les deux parties ? Si Hachem est D., suivez-Le, et si c’est le Ba’al, suivez-le. » (I Melakhim 8, 21)

Nous apprenons de là qu’il faut faire attention à ne pas faire de compromis entre la voie de la Torah et les attitudes corrompues en suivant les deux. C’est ce qu’a dit le prophète Eliahou, « jusqu’à quand oscillerez-vous entre les deux parties  ? Si Hachem est D., suivez-Le, et si c’est le Ba’al, suivez-le », à savoir lui seul.

Mais si l’on suit le Ba’al, on ne voit pas quel mal il y aurait à suivre aussi Hachem de temps en temps ?

C’est que de cette façon, en suivant parfois Hachem aussi, tout le monde pensera que comme on est juif, il est permis aux juifs de suivre parfois le Ba’al aussi et d’apprendre de ses actes.

(« Chem Olam »)

« Eliahou dit au peuple : je suis resté prophète de Hachem, seul » Melakhim 18, 22)

Il faut expliquer ce verset sur le mode de l’allusion. On sait que si quelqu’un s’isole dans sa chambre, avec Hachem, il peut arriver à des niveaux très élevés, parce que son cœur est ouvert à ce moment-là pour supplier Hachem de le sauver et de délivrer le peuple d’Israël.

C’est le sens du verset « Eliahou dit au peuple : je suis resté prophète de Hachem, seul.» Toute la raison pour laquelle j’ai mérité d’être prophète est « de Hachem, seul », je me suis isolé avec le Saint, béni soit-Il, c’est pourquoi j’ai mérité la prophétie.

(« Torat Haparacha »)

GARDE TA LANGUE

Pour ne pas perdre son gagne-pain

Si l’on a dit du lachon hara sur autrui et que cela ait provoqué la perte de son gagne-pain, on a transgressé la mitsva positive de « étranger et résidant, qu’il vive avec toi – que ton frère vive avec toi », qui est la mitsva d’aider un juif à gagner sa vie, et certainement de ne pas lui causer de tort dans ce domaine.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

La Torah et la matérialité sont opposées

« Personne ne montera avec toi, et personne ne paraîtra non plus sur toute la montagne, que le petit et le gros bétail ne paissent pas non plus en face de cette montagne. » (Chemot 34, 3)

Le Saint, béni soit-Il ordonne à Moché avant le don de la Torah de prévenir le peuple d’Israël de ne pas se trouver face à l’endroit du mont Sinaï où Il va donner la Torah, et Il ordonne également de dire aux bnei Israël qu’ils veillent à ce que leurs troupeaux n’aillent pas paître en face de cette montagne.

On ne comprend pas pourquoi Hachem a aussi ordonné aux troupeaux de ne pas paître à proximité du mont Sinaï. On le conçoit pour les bnei Israël, à cause de la sainteté de l’endroit, mais les bêtes n’ont aucune intelligence humaine, elles n’ont donc pas la possibilité de comprendre ni de sentir la sainteté et la pureté qui se trouvent sur le mont Sinaï, alors pourquoi y a-t-il lieu de prévenir les bnei Israël d’empêcher leurs troupeaux de paître à côté du mont Sinaï ?

On peut expliquer simplement, comme le font beaucoup de commentateurs, qu’effectivement, il ne convient pas que dans un endroit où D. va Se révéler, il y ait des bêtes qui paissent et mangent de l’herbe tranquillement. Mais quelque chose de plus profond se cache dans cet ordre : le petit et le gros bétail symbolisent la superficialité et sont comparés à la matérialité et aux vanités de ce monde. Et de même qu’il y a pour les bêtes une interdiction de paître à côté du mont Sinaï, ainsi les désirs et la matérialité ne peuvent pas résider au même endroit que la Torah. Lorsque les vanités de ce monde s’emparent du cœur de l’homme, elles le détournent de tout sentiment envers la Torah, c’est pourquoi Hachem a ordonné aux bnei Israël de faire une limite claire entre elles et la sainte Torah. Comme elles sont en opposition et ne peuvent pas se trouver ensemble, c’est seulement lorsque l’homme se débarrasse de l’animalité et des désirs qu’il a la possibilité de devenir un réceptacle pour la Torah et la sainteté.

Ajoutons que le mot « irou » (paître) du verset vient d’une racine indiquant l’amitié (reout), ce qui signifie que la matérialité ne peut pas résider dans l’amitié et la fraternité avec la Torah. Il faut aussi expliquer que le mot « hahou » (« cette » montagne) a la valeur numérique de dix-sept, qui est également celle du mot « tov » (bon), or il n’y a de bon que la Torah. Et comme la Torah est le summum du bon, il faut s’attacher uniquement à elle sans y joindre des « amis » supplémentaires comme les désirs matériels, car comme on l’a dit, il n’y a aucune paix ni amitié entre la Torah et la matérialité.

A LA SOURCE

« Le pauvre ne donnera pas moins d’un demi-chékel (30, 15)

Pourquoi le verset a-t-il besoin de prévenir ici que « le pauvre ne donnera pas moins », alors que dans toutes les mitsvot de la Torah on ne doit pas enlever la moindre petite chose de la mitsva ?

Le livre « Tsema’h David » explique ce point en disant que la Torah nous insinue ici un principe halakhique indiqué par le Rambam dans les hilkhot chekalim, à savoir qu’il faut donner un demi-chékel en une seule fois, et non en plusieurs, aujourd’hui un peu et demain un peu. Les A’haronim se sont demandé quelle était la source du Rambam pour ce principe.

Il semble que la source soit ce verset, car certainement lorsque le verset dit « le pauvre ne donnera pas moins », cela ne signifie pas une interdiction de ne rien donner du tout, mais cela nous enseigne qu’il ne doit pas donner petit à petit en plusieurs fois.

C’est également comme cela que s’explique la fin du verset, « dans le don de l’offrande de Hachem », c’est-à-dire que s’il vient donner l’offrande à Hachem, mais le fait petit à petit, ce n’est pas cela que désire le Créateur.

« Et maintenant, laisse-Moi, Ma colère éclatera, Je vais les détruire et Je ferai de toi un grand peuple » (32, 10).

En vérité, pourquoi le Saint, béni soit-Il doit-Il demander la permission à Moché pour détruire le peuple ?

C’est parce que les Tables étaient entre les mais des bnei Israël, elles étaient l’œuvre de D. et faisaient partie de Lui, elles comportaient une grande sainteté, comme il est écrit dans I Chemouël (6, 19) lorsque le prophète s’adressait aux habitants de Beit Chémech, qui sont morts par milliers quand ils ont vu l’Arche.

C’est pourquoi, explique le gaon de Vilna, de même que lorsqu’on donne les kiddouchin à une femme on ne peut plus se séparer d’elle que par un divorce, de même tant que les Tables étaient entre les mains des bnei Israël, comme ils possédaient une partie de D., ils étaient reliés à Lui et Il ne pouvait pas les détruire.

C’est le sens de : « Et maintenant, laisse-Moi », c’est-à-dire qu’Il a demandé à Moché de Lui rendre les Tables, de façon à ce qu’Il puisse alors détruire Israël.

« Pourquoi, Hachem, es-Tu en colère contre Ton peuple ? » (32, 11)

Quelle question est-ce là ? Moché ne savait-il pas que les bnei Israël avaient commis une grande faute, pour devoir adresser une question pareille à Hachem ?

Rabbi Chelomo Berdugo zatsal explique dans son livre « Em LaMassoret » qu’il voulait par là demander à Hachem pourquoi Il se fâchait contre « Son peuple », c’est-à-dire le peuple d’Israël, alors que ceux qui avaient commis la faute du Veau d’Or étaient le ramassis que Moché avait convertis sans l’accord du Saint, béni soit-Il.

C’est pourquoi Moché a demandé à Hachem pourquoi Il se fâchait contre « Son peuple », alors que c’était son peuple à lui Moché, le « érev rav », qui avait commis cette faute, mais le « peuple de Hachem », les bnei Israël, n’avaient pas fauté.

C’est ce que dit Moché à la fin de sa supplication : « Reviens, je Te prie, de Ta colère et révoque le mal contre Ton peuple », et Hachem a accepté cette demande.

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Aharon et ses fils s’y laveront les mains et les pieds » (30, 19).

« Les mains et les pieds » (ett yédeihem véett ragleihem » : le mot « ett » est superflu, il aurait suffi de dire « les mains et les pieds » sans le « ett ».

Cela signifie que dans ce cas, on ne peut pas se laver les mains sans les pieds ni les pieds sans les mains, c’est pourquoi il est dit « ett », qui signifie ici « avec » : avec les mains, les pieds, et avec les pieds, les mains.

C’est ce que disent nos Sages dans le traité Zeva’him (19b) : le cohen doit purifier ses mains et ses pieds ensemble.

LES CHEMINS DE LA FOI

Etudes sur la droiture dans les midot

L’une des valeurs les plus importantes dans la trame de notre vie spirituelle et matérielle est la sainteté de la vie et le respect du prochain. Lorsque ces deux valeurs se sont détériorées, nous avons fait une descente vertigineuse, surtout dans le domaine des relations avec l’autre, et sur ces points-là, nous devons nous renforcer et nous efforcer d’améliorer notre conduite envers autrui, à la maison ainsi qu’en société.

Au Talmud Torah de Kelm, le Saba, Rabbi Sim’ha Zissel zatsal, avait développé une grande attention au respect du prochain dans des actes concrets. Il avait en particulière estime la qualité de partager les difficultés de l’autre. Il a prouvé qu’il est impossible de ressentir la peine de l’autre et de partager son fardeau autrement qu’en se représentant ce qui lui arrivait comme si cela nous était arrivé à nous-mêmes, et ce qu’on demanderait à l’autre de faire pour nous, ou tout au moins de partager notre souci : c’est cela qu’on doit soi-même faire pour l’autre.

Aujourd’hui, plus d’un siècle plus tard, l’égoïsme contre lequel le Saba protestait est devenu une idéologie, au point que certains considèrent avec mépris la personne qui se montre généreuse. Au cours du dernier été du « Talmud Torah » à Grubin, le Saba a écrit à ses élèves une lettre dans laquelle il leur donne la façon de se préparer au moins d’Elloul qui approchait : « Comment vivre parmi des gens dont les opinions sont très éloignées des nôtres, et avec qui nous devons vivre dans l’amour et la fraternité. » Quand nous examinons cette phrase, elle met l’accent sur le fait de vivre dans l’amour et la fraternité avec des gens dont les opinions sont éloignées des nôtres. L’un des grands du moussar a comparé la situation de celui qui est plongé dans l’égoïsme à celle de quelqu’un qui se trouve dans une pièce entièrement recouverte de miroirs, où il ne voit que lui-même… dès qu’il sort de cette pièce, il voit des choses différentes de lui-même. C’est ce que le Saba exigeait de ses élèves, et c’est ainsi qu’il se conduisait lui-même. Par exemple, quand il se promenait dans Kelm et voyait la rue principale qui avait été tracée par les prisonniers du roi condamnés aux travaux forcés, il pensait toujours à la souffrance de ces malheureux et se demandait comment des hommes pouvaient arpenter paisiblement un endroit où d’autres hommes avaient tant souffert et investi tant de sang et de sueur.

Pardonner et renoncer à son honneur

Un homme jeune et maladif arrivait toutes les semaines chez le gaon Rabbi Avraham Yitz’hak Kook zatsal, et recevait de lui une somme d’argent destinée à ses besoins personnels. Il se présentait chez le Rav en exigeant ce don comme si c’était un dû.

Un certain jour, le Rav ou sa famille n’avaient pas d’argent à lui donner, et tous les efforts qu’ils firent pour obtenir cette somme échouèrent. Le Rav fut obligé, ce jour-là, de le renvoyer les mains vides.

Ce jeune homme resta debout chez le Rav à exiger son argent, sans répondre aux demandes de revenir le lendemain, voire quelques heures plus tard.

Au bout d’un certain temps, la famille perdit patience, et se mit à menacer, s’il ne s’en allait pas, de cesser de lui donner son allocation hebdomadaire. Et effectivement, cette menace lui fit peur et il se dépêcha de sortir de la maison.

Peu de temps après, le Rav Kook zatsal sortit de la maison en courant et descendit rapidement les escaliers. Le Rav Avraham ‘Haïm Chekchik zatsal, qui était l’assistant du Rav à cette époque, courut après lui pour voir ce qui se passait, et le Rav Kook lui répondit qu’il voulait consoler le jeune homme de la peine qui lui avait été causée.

Le Rav Chekchik s’empressa de faire ce que le tsaddik voulait, courut après le jeune homme et le rattrapa. Quand celui-ci rentra chez le Rav, il lui adressa des paroles apaisantes et lui dit avec douceur et tendresse d’avoir un peu de patience.

Entre temps, la caisse publique de Rabbi Méïr Ba’al HaNess avait ouvert, et le jeune homme continua à recevoir son allocation hebdomadaire par cette caisse.

Une autre conduite merveilleuse provenant de chez le Rav Kook zatsal : l’un des propagateurs d’écrits contre lui vint le trouver pour demander une contribution pour la mitsva d’aider une fiancée. Le Rav Kook sortit immédiatement deux livres de son tiroir et les lui donna. Ses proches estimaient qu’il ne devait pas si facilement renoncer à l’honneur qui lui était dû, car il s’agissait en fait d’un mépris de la Torah, au point de dire que la conduite du Rav allait encourager cet homme à continuer à écrire contre lui.

Le Rav Kook écouta attentivement ces arguments, puis répondit en haussant les épaules que nous donnons aussi un salaire au chamach qui nous administre les coups, le malkout, la veille de Yom Kippour, donc celui-là aussi pouvait recevoir un paiement.

C’était cela son point de vue sur celui qui portait atteinte à son honneur !

Une belle leçon

Ne parle pas avec ton ami lorsqu’il y a une troisième personne entre vous deux, une telle conversation qui ne tient pas compte de lui lui est très désagréable. Et s’il se met à consulter un livre ou quelque chose du même genre, c’est un vol de son temps.

(« Hizaharou Bikhvod ‘Havereikhem »)

 

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