PESSAH 4 Avril 2015 15 Nissan 5775 |
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Le mois de Nissan : le moment le plus propice à la délivrance
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
Le principe énoncé par nos Sages (Roch Hachana 11a) à propos des bnei Israël « En Nissan, ils ont été libérés et en Nissan ils seront libérés » nous est bien connu. Il demande néanmoins à être expliqué. Pourquoi la délivrance aura-t-elle justement lieu en Nissan, et non dans un autre mois ?
Tout d’abord, soulignons que l’anniversaire est un jour important pour l’homme. Plus il avance en âge, plus il atteint des objectifs élevés, et plus il se sent fort. Et quand il commence à vieillir, il ressent une certaine crainte, car il se rend compte que les années passent vite. Quoi qu’il en soit, le jour de son anniversaire lui procure une certaine joie.
C’est la raison pour laquelle nous célébrons la fête de Pessa’h le 14 Nissan, qui est le jour anniversaire de la sortie d’Egypte. Même si nous voyons bien que l’exil se prolonge sans savoir jusqu’à quand, et que nous en sommes profondément affligés, chaque année, en ce jour de la sortie d’Egypte, nous célébrons, car nous sommes convaincus qu’en ce jour, la bonté divine s’éveillera pour nous sauver, comme elle s’était déjà éveillée un 14 Nissan. En effet, comme nous l’avons dit, la force de ce jour est particulièrement intense. C’est pourquoi il est écrit (Chemot 12, 42) : « C’est cette même nuit qui est instituée par Hachem, comme prédestinée à toutes les générations des enfants d’Israël. »
En réalité, il se trouve que le mois de Nissan avait déjà de l’importance aux yeux des Patriarches : dès avant la naissance de leur descendance, ils célébraient la fête de Pessa’h, même s’il ne paraît pas très compréhensible de célébrer un événement qui n’a pas encore eu lieu. Cela ressemble à quelqu’un qui fêterait l’anniversaire de son fils avant la naissance de celui-ci. Quoi qu’il en soit, l’attachement à D. a faussé le jugement des saints Patriarches, qui connaissaient la valeur du temps, et ils se sont réjouis à cette date.
Pourtant, il nous faut approfondir le sujet : quelle est la particularité de la fête de Pessa’h pour que même les Patriarches, qui représentaient le Char divin, l’aient respectée dans tous ses détails bien avant le miracle de la sortie d’Egypte ?
Nous allons essayer de l’expliquer au mieux. De par son essence, la fête de Pessa’h symbolise la sainte Torah. En effet, elle commence le 15 Nissan, et en y ajoutant les sept jours de la fête, elle se prolonge jusqu’au vingt-deuxième jour du mois, ce qui correspond aux vingt-deux lettres de l’alphabet hébraïque, qui composent la Torah. Ceci nous enseigne que la délivrance avait pour but le don de la Torah aux bnei Israël, comme D. a dit à Moché (Chemot 3, 12) : « Quand tu auras fait sortir ce peuple d’Egypte, vous adorerez D. sur cette montagne même. »
C’est pourquoi les Patriarches accordaient une valeur particulière au mois de Nissan en général et à la fête de Pessa’h en particulier, avant même la naissance de leurs descendants, qui allaient bénéficier de l’essentiel des miracles. En effet, cette fête symbolise la sainte Torah, et c’est avec elle qu’a vraiment commencé la première mitsva de sanctification du mois, suivie ensuite par toutes les autres mitsvot. L’essentiel et le but de toute la Création est d’accomplir la Torah et les mitsvot (Pessa’him 68b), et s’il n’y avait pas eu cet objectif, Hachem n’aurait pas libéré les bnei Israël d’Egypte.
Pour qu’ils soient aptes à recevoir la Torah, Hachem les a déjà préparés depuis Roch ‘Hodech Nissan, qui est entièrement sainteté, et leur a donné la mitsva de sanctifier le mois en disant (Chemot 12, 1) : « Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l’année. »
Même le nom du mois de « Nissan » évoque le mot « ness » (miracle), car en ce mois, Hachem accomplit des miracles et des prodiges pour les bnei Israël. Grâce à cela, le nom de D. Se propage dans tous les mondes et il est élevé et grandi. C’est la première délivrance, à laquelle sont rattachées toutes celles qui suivront, jusqu’à la rédemption finale avec la venue du Machia’h, rapidement et de nos jours, Amen.
Cependant même à la fin, lors de la rédemption finale, qui sera la plus grande et la plus importante et ne sera suivie d’aucun exil, il faudra tout de même continuer à se souvenir de la première délivrance, celle qui a eu lieu au mois de Nissan, quand les bnei Israël sont sortis d’Egypte, et qui était le commencement de tous les miracles et de toutes les délivrances opérées pour eux.
Nos Sages ont dit à ce sujet dans la Guemara (Berakhot 12b) : « Il ne s’agira pas de ne plus mentionner la sortie d’Egypte, mais le fait d’avoir soumis les autres royaumes sera l’essentiel tandis que la sortie d’Egypte sera considérée comme accessoire. » Ainsi, nous continuerons à mentionner la sortie d’Egypte, en rappelant que la première mitsva donnée par Hachem aux bnei Israël était l’ordre de sanctifier le mois, donné le jour de Roch ‘Hodech Nissan.
Ceci symbolise le fait que par la suite, les bnei Israël recevront la Torah, composée des vingt-deux lettres de l’alphabet, comme nous l’avons expliqué. En effet, la période allant de Roch ‘Hodech Nissan jusqu’à la fin de Pessa’h compte vingt-deux jours, parallèlement aux vingt-deux lettres servant à écrire la Torah. Puisque la sortie d’Egypte a pour but le don de la Torah, et que celle-ci est éternelle, la mention de cet épisode de notre histoire ne peut pas disparaître.
Ajoutons encore qu’à l’occasion de Roch ‘Hodech Nissan, nous lisons le texte relatif à la sanctification du mois afin d’éveiller le mérite de ce mois, qui de son premier jour jusqu’au septième jour de Pessa’h est entièrement sainteté. En effet, à partir de la première mitsva ordonnée jusqu’à la fin de la fête de Pessa’h, il y a vingt-deux jours, comme les vingt-deux lettres avec lesquelles est écrite la Torah.
De plus, l’interdiction qui nous est faite de consommer et de profiter du ‘hamets qu’un juif a possédé pendant Pessa’h, même après la fête, entretient en nous le souvenir de tous les miracles opérés en faveur de nos ancêtres, et maintient en nous le sentiment d’être nous-mêmes sortis d’Egypte.
Et ce n’est pas tout : même après Pessa’h, face à l’absence de signes de la rédemption, qui doit avoir lieu en Nissan – comme nos Sages l’ont dit (Roch Hachana 11a) : « En Nissan, ils ont été libérés et en Nissan ils seront libérés » – et même si l’on ne ressent pas la force grandissante de ce mois, là encore, nous resterons forts dans notre foi et ne perdrons pas espoir. Même si le Machia’h tarde à venir, nous continuerons à l’attendre et attribuerons sa non-venue à nos déficiences. Alors, il sera réellement convenable que s’accomplisse en nous la phrase « En Nissan, ils seront libérés. »
SUJET D'ACTUALITE
La lecture de Chir Hachirim pendant Pessa’h
On a coutume de lire Chir Hachirim pendant la fête de Pessa’h. Cela se pratiquait déjà à l’époque du Talmud, comme le dit le traité Sofrim (14, 18) : « On lit Chir Hachirim les soirs des dernières fêtes en diaspora, la moitié le premier soir et l’autre moitié le deuxième. » Aboudaram évoque le fait qu’on a l’habitude de lire Chir Hachirim pendant la fête des matsot et il l’explique par le fait qu’elle parle de la délivrance de l’Egytpe. Le Rema signale dans ses notes sur le Choul’han Aroukh (Ora’h ‘Haïm 490, 9) qu’on a l’habitude de dire Chir Hachirim le Chabat de ‘Hol HaMoed, et si le Chabat est le dernier jour de la fête, on le dit ce Chabat-là. Cette coutume a été acceptée dans toutes les communautés achkénazes qui observent les décrets du Rema.
De plus, nos maîtres ont institué de le dire après la fin de la récitation de la Haggada pendant la nuit de Pessa’h, coutume qui a été adoptée dans toutes les communautés d’Israël, en orient et en occident, au nord et au sud, ainsi que s’en félicite le ‘Hida zatsal dans son livre « Moré BeEtsba » : « Après la Haggada, on dit d’une voix joyeuse la totalité du Chir HaChirim, car tous les mondes d’en haut en sont illuminés. » La raison de cette approbation est que Chir HaChirim commence par des choses qui concernent la sortie d’Egypte, et la sortie d’Egypte y est mentionnée explicitement, de même que la délivrance à venir rapidement de nos jours. N’oublions pas qu’il a été dit : « ils ont été délivrés en Nissan et seront délivrés en Nissan ».
D’après le « Min’ha Chaï », la raison pour laquelle on lit Chir HaChirim à Pessa’h est que Pessa’h est la première des fêtes, or Chir HaChirim est au-dessus de tous les chants, c’est-à-dire qu’il les précède tous, c’est pourquoi on le lit à Pessa’h.
Une autre raison de fixer la lecture de Chir HaChirim à Pessa’h, écrit Rabbi ‘Haïm Friedlander zatsal (« Siftei ‘Haïm ») est que la libération d’un esclave éveille en lui des sentiments d’amour sans limite envers son libérateur. C’est ainsi que les bnei Israël ont réagi envers Hachem et Lui ont répondu avec amour et ‘hessed, ainsi qu’il est écrit « Je me souviens du ‘hessed de ta jeunesse, de l’amour de tes fiançailles, quand tu M’as suivi dans le désert, un endroit stérile ». Et jusqu’à maintenant, les jours de Pessa’h sont le moment propice pour éveiller l’amour entre Hachem et les bnei Israël. C’est pourquoi on a l’habitude de dire Chir HaChirim pendant le Chabat ‘Hol HaMoed de Pessa’h, qui est entièrement un symbole d’amour entre Hachem et le peuple d’Israël. Pour cette raison il est écrit que Pessa’h est le moment de la techouva par amour, alors que Roch Hachanah est celui de la techouva par crainte.
La coutume achkénaze est de lire Chir HaChirim pendant le Chabat ‘Hol HaMoed de Pessa’h. Le Rema écrit qu’on ne lit pas la bénédiction sur la lecture de la Méguila ni sur la lecture des Ketouvim, et c’est ce que font la majorité des communautés achkénazes, même quand elles lisent Chir HaChirim dans une méguila cachère, écrite sur du parchemin, à l’exception des communautés qui ont adopté les coutumes du Gra et disent la bénédiction sur la lecture de la Méguila et la bénédiction Chehe’heyanou. Il y a un décret ancien de lire Chir HaChirim tous les vendredis soirs, parce qu’il n’y a pas pendant tous les jours de la semaine de moment aussi saint que celui où l’homme enlève ses vêtements de la semaine, fait une tevila ou se lave le visage, et porte des vêtements de Chabat. Alors se dévoile un supplément de la lumière sainte du Chabat sur le corps de l’homme, et à un pareil moment il convient de lire Chir HaChirim, qui est un texte particulièrement sacré (« Peta’h HaDevir »). Les commentateurs disent de plus qu’on lit Chir HaChirim le vendredi soir parce que le Chabat est une marié et une reine, or dans Chir HaChirim il y a beaucoup de versets qui célèbrent la fiancée.
Il n’a pas pu se contenir
L’engendrement et la naissance du chant du roi Chelomo Chir HaChirim, qui a une sainteté supérieure, est le moment où il a fait rentrer l’Arche dans le Saint des saints, a contemplé des visions supérieures et vu la gloire de Hachem qui remplissait le Temple ; Hachem lui est apparu par l’esprit saint et lui a donné l’inspiration par la Chekhina, alors avec une grande exultation il a composé Chir HaChirim, pour le Roi qui possède la paix. Rabbi Akiva a dit dans le traité Yadaïm (3, 5) : « Rien au monde ne valait plus la peine que le jour où Chir HaChirim a été donné à Israël, car tous les Ketouvim sont saints, mais Chir HaChirim a une sainteté encore plus grande.
Le Zohar dit que lorsque le roi Chelomo a construit le Temple, que le monde inférieur a été complété comme le monde supérieur, et que tous les bnei Israël ont atteint des niveaux supérieurs, le Trône de gloire s’est élevé de plusieurs élévations et de plusieurs réjouissances. A ce moment-là, le roi Chelomo a composé Chir HaChirim, qui était destiné aux êtres inférieurs et supérieurs, contenant des mystères de tous les mondes pour le Roi qui possède la paix.
Quand Rabbi Eliezer le grand est tombé malade, c’était un vendredi. Tous ses élèves sont rentrés chez lui et Rabbi Akiva a commencé à pleurer et a dit : « Rabbi, enseigne-moi la Torah. » Rabbi Eliezer a ouvert la bouche et a commencé à enseigner ce qui concerne le Char. Un feu est descendu et a entouré Rabbi Eliezer et Rabbi Akiba. Les autres élèves ont vu cela, et sont sortis de la pièce. Rabbi Eliezer a continué à enseigner à Rabbi Akiva deux cent seize explications sur Chir HaChirim, et les yeux de Rabbi Akiva ruisselaient de larmes. Quand ils sont arrivés au verset « Soutenez-moi avec des gâteaux », il ne pouvait plus se contenir et il a élevé la voix en larmes, sans parler par crainte de la sainte Chekhina qui était là. Rabbi Eliezer lui a enseigné tous les secrets qu’il y a dans Chir HaChirim, et l’a mis en garde contre le fait de l’enseigner à d’autres, même un seul verset, pour que le Saint béni soit-Il ne détruise pas le monde, car Il ne désire pas que les créatures se servent de la force de la sainteté supérieure. (« Midrach HaNéélam).
Voici les segoulot données par les Sages pour la récitation de Chir HaChirim :
• Celui qui voit Chir HaChirim en rêve doit s’attendre à la ‘hassidout (Berakhot 57b).
• En disant Chir HaChirim, l’homme se débarrasse de l’impureté du serpent, et mérite de connaître et d’atteindre la Torah et la sagesse (« Tsafnat Pa’anea’h »).
• Quiconque dit Chir Hachirim tous les vendredis soir en le chantant agréablement, il lui est promis que toutes les fautes qu’il a faites pendant toute la semaine lui seront pardonnées (« Chochanei Léket »).
• Quiconque lit Chir Hachirim avec attention le vendredi soir est sauvé du Guéhénom, car dans la semaine il y a 117 heures, qui correspondent à ses 117 versets (« Avoda OuMoré Derekh »).
• Nous avons entendu de vieilles personnes de Jérusalem que lire Chir Hachirim est une segoula pour demander la guérison d’un malade (« MeAm Loez »).
• Tous les remèdes sont inclus dans Chir Hachirim, et il vaut mieux le dire avant la lumière du jour pour un malade (« Likoutei Moharan »).
• Celui qui le lit pendant Chabat avec attention est sauvé du Guéhénom (Ma’assei Rokea’h).
• C’est une Segoula pour trouver un conjoint de lire Chir Hachirim pendant quarante jours consécutifs avec attention (« Chirat Chelomo »).
• Dans notre ville de Djerba, si une femme éprouve des difficultés pendant un accouchement, on lit Chir Hachirim car cela éveille la miséricorde du Ciel pour elle (« Chirat Chelomo » au nom de Rabbi Eliahou Madar chelita).
SUR LA PENTE ASCENDANTE
La force d’une foi sincère
Un Roch Yéchiva israélien réputé m’a une fois fait part de la situation financière difficile de son institution. Elle était lourdement endettée et risquait même de devoir fermer. Puis il a ajouté à voix basse que si elle en venait vraiment à fermer ses portes, des centaines d’élèves devraient se trouver une autre yéchiva où étudier.
En entendant ses paroles, je lui ai dit avec beaucoup de confiance : « Soyez fort et ayez foi que D. n’abandonnera pas les élèves de la yéchiva, et par la force de cette foi, vous constaterez le maintien de votre institution, malgré ses difficultés financières. »
Puis j’ai poursuivi par une histoire :
Un autre Roch Yéchiva était chez moi il y a quelque temps et m’a aussi fait part des importantes dettes de son institution. Alors je lui ai simplement conseillé d’aller prier sur les tombes des tsaddikim afin d’éveiller, par leur intermédiaire, la miséricorde divine.
C’est effectivement ce qu’il a fait : il a suivi mon conseil et est allé se recueillir sur les tombes des tsaddikim, avec la confiance que Hachem peut résoudre facilement les problèmes financiers de la yéchiva, et que le mérite des tsaddikim peut éveiller la miséricorde de D. à ce sujet.
Suite à cela, il s’est rendu à l’étranger afin d’essayer de ramasser auprès des donateurs de quoi maintenir son établissement. Dans l’avion, en discutant avec son voisin, il en est arrivé à lui faire part du but de son voyage : ramasser des fonds pour sa yéchiva, qui était en grande difficulté financière et avait désespérément besoin d’un don important.
Le voisin en question était un homme riche, si bien qu’en apprenant dans quelle détresse était la yéchiva, il a dit au Rav qu’il serait heureux de rembourser toutes les dettes et même de continuer à soutenir les étudiants, en contrepartie de quoi il demandait à ce que la yéchiva porte dorénavant le nom de son défunt père.
Il va sans dire que le Rav a accepté, et dès leur descente d’avion, ils se sont rendus au bureau du donateur où ce dernier a remis un chèque honorable permettant de rembourser toutes les dettes de la yéchiva et de la faire vivre encore pendant un bon moment. Voilà ce que j’ai raconté au deuxième Roch Yéchiva qui était venu me voir, et j’ai conclu :
« Nous apprenons de là quelle est la force d’une foi sincère. Grâce à la foi en D., votre yéchiva sera sauvée, vous la verrez prospérer, et vous en verrez sortir de grands érudits. »
Parlez avec D.
Un jour, une femme désespérée dont le fils était atteint de la terrible maladie est entrée dans mon bureau avec agitation, et dans son immense détresse, s’est écriée : « Rabbi, je ne sortirai pas d’ici tant que vous ne m’aurez pas promis explicitement que mon fils guérira ! »
Je lui ai demandé de me donner plus de détails sur l’état de santé de son fils, et c’est ce qu’elle a fait. Puis elle a ajouté qu’elle n’avait rien dit à ses parents à ce sujet.
J’ai été très surpris, et je l’ai questionnée :
« Pourquoi n’en avez-vous pas parlé à vos parents ? Ils pourraient vous soutenir et compatir ! »
Mais la dame m’a répondu avec une foi pure et claire : « J’ai confiance que le Créateur écoutera ma prière, fera un miracle, et que mon fils guérira. Dans ce cas, pourquoi causer du chagrin à mes parents pour rien ? »
J’ai été très touché par ses paroles, et je lui ai répondu :
« Rentrez chez vous, et avec la foi puissante qui est enracinée en vous, priez D. et dites-Lui explicitement tout ce que vous venez de me dire. Je suis sûr que dans Sa grande miséricorde et Ses immenses bontés, Il écoutera votre voix et enverra rapidement la guérison à votre fils. »
Lorsqu’on vit avec une véritable foi et une pleine confiance en D., Il aide et soutient, comme il est dit : « Quiconque a confiance en Hachem se trouve environné de Sa grâce. » (Psaumes 32, 10)
GARDE TA LANGUE
Qui profère des mauvais mensonges
Quiconque raconte du lachon hara en y intégrant des propos mensongers transgresse aussi l’injonction « Fuis la parole de mensonge. » Il est donc considéré comme un menteur, dont la punition est plus grave que celle qui revient au médisant.
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
Septième jour de Pessa’h, préparation à recevoir la Torah
Les dernières lettres de l’expression « Chevi’i chel Pessa’h » (septième jour de Pessa’h) ont pour valeur numérique quarante-huit, parallèlement aux quarante-huit midot par lesquelles la Torah s’acquiert. En effet, nous comptons entre Pessa’h et Chavouot quarante-neuf jours. Chaque jour correspond à l’une des quarante-huit midot, alors que le dernier répare l’ensemble. Ainsi, on peut quitter les quarante-neuf degrés d’impureté pour atteindre les portes de la sainteté et recevoir la Torah, comme l’enseigne le géant du moussar, Rabbeinou Israël Salanter.
Si l’on associe les quarante-huit midot aux dernières lettres de « Chevi’i chel Pessa’h », qui font aussi le nombre quarante-huit, on arrive à quatre-vingt seize, valeur numérique du mot « tsav », ainsi que celle du mot « hamalakh » (le messager), selon ce qui est écrit (Chemot 13, 21) : « Hachem les guidait, le jour », par un messager, qui était une colonne de nuée.
Autrement dit, puisque, afin de devenir aptes à recevoir la Torah, les bnei Israël ont accepté d’acquérir les quarante-huit qualités qui le permettent, ils ont mérité que D. aille devant eux pour leur permettre de la recevoir au bout de quarante-huit jours, à Chavouot.
J’aimerais ajouter que le but essentiel de la sortie d’Egypte était que les bnei Israël acceptent la Torah au mont Sinaï, comme Hachem a dit à Moché (Chemot 3, 12) : « Quand tu auras fait sortir ce peuple de l’Egypte, vous adorerez Hachem sur cette montagne même. » S’il en est ainsi, à plus forte raison est-ce le cas le septième jour de Pessa’h.
En effet, c’est le jour qui clôture toute la fête, et où s’est produit le miracle de l’ouverture de la mer des Joncs. Comme nous le savons, Amalek est venu combattre les bnei Israël, car leur attachement à la Torah s’était affaibli. Ainsi, en entrant dans la mer, c’est-à-dire dans la Torah, ils ont prouvé qu’ils étaient déterminés à dominer Amalek, et qu’ils souhaitaient recevoir la Loi de D. Ce geste constituait en lui-même une préparation au don de la Torah.
Mais à cause de nos nombreuses fautes, chaque année le mois de Nissan passe sans que nous soyons sauvés. C’est là le signe que nous sommes encore entachés par l’impureté de l’Egypte, qui nous entraîne à nous relâcher dans la Torah.
C’est pourquoi il nous incombe d’y remédier avant de la recevoir, et d’être libres à travers elle, car « il n’y a d’homme libre que celui qui étudie la Torah » (Avot 6, 2), et cette liberté nous fera progresser dans ce chemin. Il nous faut entrer dans la mer, dans les eaux de la Torah, et nous mériterons alors de la recevoir avec amour, jusqu’à arriver à une réparation complète et à la rédemption finale, Amen.
A LA SOURCE
Le respect de la Torah
« Voici comme vous le mangerez : la ceinture aux reins, les chaussures aux pieds, le bâton à la main. »
Nous savons par tradition (Sifri ‘Ekev 4) que le pain et le bâton sont descendus ensemble du Ciel. Hachem a dit aux bnei Israël : « Si vous respectez la Torah, voici le pain. Sinon, voici le bâton pour frapper. »
Il est dit par ailleurs (Tana DeBei Eliahou Rabba 17) : « Heureux est l’homme dont les actes sont plus nombreux que sa sagesse. » A quoi cela ressemble-t-il ? A un pied dans une chaussure, qui le protège de toute douleur et de tout mal. On trouve aussi dans Chemot Rabba (8, 1) que la Torah est la ceinture de D., comme il est dit « Il Se ceint de puissance » (Psaumes 93, 1), et il n’y a d’autre force que la Torah, comme il est dit « Que Hachem donne la force à Son peuple » (Psaumes 29, 11).
J’ai expliqué à ce sujet l’enseignement des Sages (Zeva’him 19a) selon lequel le roi de Perse a fermé la ceinture de Houna bar Nathan, accomplissant en lui le verset « Des rois seront tes nourriciers » (Yéchayah 49, 23). En effet, la Torah est comparée à une ceinture, et c’est par son mérite que le roi a fermé la ceinture de Houna bar Nathan.
C’est le sens de : « Voici comme vous le mangerez », qui fait référence au pain ; « le bâton à la main », allusion au bâton ; « la ceinture aux reins », à la Torah ; « les chaussures aux pieds », aux bonnes actions.
(« Tenoufa ‘Haïm »)
Vers un seul but
« Tous les jours de ta vie – pour mener à la période du Machia’h »
Voici comment le Admour de Slonim expliquait ce verset :
« Tous les jours de ta vie » : toutes nos actions sans exception durant toutes nos années de vie sur terre doivent être orientées vers un seul et unique but, qui est de « mener à la période du Machia’h ».
(« Beit Avraham »)
La charité et la paix
J’ai eu l’occasion de constater, dans plusieurs foyers aisés, que les disputes et les désaccords étaient toujours présents. Le père se querelle avec son fils, la belle-fille avec sa belle-mère… et ce, pour des futilités, tout particulièrement lors des jours de fête, où la joie de la fête se transforme en tristesse, si bien que ces familles mangent un pain de colère et de peine.
En réfléchissant, j’ai trouvé une explication à cet état de fait. Ces individus ne distribuent pas aux pauvres pendant les fêtes en fonction de leur richesse, c’est pourquoi un tel malheur les frappe.
A plusieurs reprises, je les ai éveillés à ce problème et leur ai montré les paroles de Rachi sur le verset « Tu te réjouiras pendant la fête, et avec toi ton fils et ta fille, ton serviteur et ta servante, le lévi, l’étranger, l’orphelin et la veuve » (Devarim 16, 11) : « le lévi, l’étranger, l’orphelin et la veuve, à savoir les quatre Miens, face aux quatre tiens, c’est-à-dire ton fils, ta fille, ton serviteur et ta servante. Si tu réjouis les Miens, Je réjouirai les tiens. »
Expliquons-nous : pourquoi, s’ils ne font pas de charité, la dispute éclaterait-elle dans leur maison et la joie en serait-elle absente ? Nos Sages ont expliqué (Vayikra Rabba 34) que le pauvre qui n’est pas aidé va revendiquer devant D. : « En quoi suis-je moins bien qu’Untel qui a tout ce qu’il lui faut, alors que moi, je manque de tout ? » Or, celui qui lui donne de la tsedaka le met en paix avec D. Alors, mesure pour mesure, Hachem fait en sorte que la paix règne aussi dans son foyer, et qu’il mange à sa faim dans la joie et de bon cœur. C’est le sens du verset « L’œuvre de la justice sera (véhaya) la paix » (Yéchayah 32, 17) : le mot « véhaya » indique toujours la joie (Méguila 10b), grâce à la tsedaka qui fait régner la paix.
(« Mo’ed Lekol ‘Haï »)
Les perles de la délivrance
Livrons un commentaire allusif en nous appuyant sur des paroles rapportées dans le Zohar ‘Hadach (8) selon lesquels pour les quatre exils, chaque libération est due à un mérite spécifique. Les bnei Israël ont été sauvés du premier exil par le mérite d’Avraham, du deuxième exil par celui d’Yitz’hak, du troisième par celui de Ya’akov, et la délivrance du quatrième exil dépend du mérite de Moché.
« On lavera son vêtement dans le vin » : on explique ce verset en disant (Zohar ‘Hadach parachat Béréchit) que durant le quatrième exil, à l’issue duquel se révèlera le Machia’h, les bnei Israël doivent accomplir la mitsva d’étude de la Torah, sans quoi le Machia’h ne pourra pas venir. C’est à cela que le verset « On lavera son vêtement dans le vin » fait allusion : la force du roi tant attendu, nommé Chilo, dépendra de l’étude à laquelle les bnei Israël se seront adonnés en se plongeant dans « le vin de la Torah ». Quant à la suite du verset « et dans le sang des raisins, etc. », elle signifie que si le moment de la délivrance arrive et que le Machia’h ne trouve pas de vin – autrement dit, que nous ne possédons pas de Torah – la rédemption se fera par le joug et la vigueur de l’exil, alors que les nations nous oppresseront. En effet, nos Sages ont dit (Sanhédrin 97b) : « Si leur période d’abandon touche à sa fin et que les bnei Israël ne méritent pas d’être délivrés, ils seront gouvernés par un roi dur comme Haman, etc. » Tel est le sens de « Et dans le sang des raisins » : c’est par le biais de souffrances que les âmes se purifieront et que les étincelles de sainteté se distingueront comme elles peuvent le faire également par la Torah. Mais un des chemin est beau alors que l’autre ne l’est pas. (Béréchit 49, 11)
Rabbi Haïm Ben Attar
HOMMES DE FOI
Histoires des justes de la famille Pinto
Rabbi ‘Haïm Pinto le grand faisait preuve d’une hospitalité extraordinaire. De nombreux invités arrivaient de toutes parts, se faisaient inviter chez lui, et le Rav les recevait avec joie et générosité. Un jour arriva chez lui quelqu’un, un chalia’h d’Erets Israël, un éminent érudit qui s’appelait Yitz’hak Shapira. On était à la veille de Pessa’h, et Rabbi Yitz’hak resta chez Rabbi ‘Haïm Pinto pour passer la fête. Pendant la nuit du séder, il fut installé à la table du séder avec Rabbi ‘Haïm, et tout à coup il se mit à pleurer abondamment.
Rabbi‘Haïm essaya de le calmer, mais il continuait à pleurer.
« Dites-moi ce qui est arrivé, et j’essaierai de vous aider », lui dit Rabbi ‘Haïm, «votre peine est notre peine, car nous ne pourrons pas nous installer à la table du séder avec joie quand il y a chez nous quelqu’un qui pleure. »
Rabbi Yitz’hak écoutait et continuait à pleurer.
Rabbi ‘Haïm essaya de nouveau de le calmer : « Je prends sur moi tout ce qui vous manque. Si vous souffrez parce qu’il vous manque quelque chose, je vous donnerai tout ce qui vous manque, mais pourquoi pleurer ? » Alors Rabbi Yitz’hak se mit à raconter son histoire : « Je suis sorti d’Erets Israël seul. Tous les ans, je me trouvais avec ma famille à la table du séder avec joie, et voici que maintenant, en voyant les matsot, le vin et la haggada, je me suis rappelé ma famille, et je ne sais pas ce qu’ils deviennent. Sont-ils heureux ? Sont-ils tristes que je ne sois pas avec eux ? Est-ce que tout se passe bien chez eux en Erets Israël ? »
Rabbi ‘Haïm comprit ses sentiments et lui dit : « Ne vous inquiétez pas. Le salut de Hachem vient en un clin d’œil. Venez avec moi dans ma salle d’étude, je voudrais vous montrer quelque chose. »
L’homme suivit Rabbi ‘Haïm, qui lui dit : « Regardez. » L’homme regarda dans l’obscurité, et vit devant lui clairement l’image des membres de sa famille, qui étaient assis à la table du séder dans la joie de la fête. Une fois passée sa stupéfaction, quand il vit sa famille alors qu’il était à des milliers de kilomètres d’elle, la joie lui revint, et il sortit avec Rabbi ‘Haïm pour continuer le séder.
Ensuite, Rabbi ‘Haïm lui dit : « Quand vous rentrerez chez vous, demandez aux membres de votre famille comment ils se sont sentis pendant la nuit du séder et ce qui leur est arrivé. Vous remarquerez que tout ce que vous avez vu dans la pièce, y compris les habits et les plats, s’est réellement passé. Ce n’était ni un rêve, ni le fruit d’une quelconque exagération. »
Rabbi ‘Haïm avait une requête supplémentaire : « S’il-vous plaît, souvenez-vous bien de ce que vous avez vu, y compris la façon dont ils étaient assis autour de la table, comment la table était dressée, et ce qui y était posé. Après avoir entendu des membres de votre famille une description détaillée de ce qui leur est arrivé pendant Pessa’h et le soir du séder, je vous en prie, écrivez-moi pour me raconter ce qu’ils vous auront dit. »
Après la fête, l’homme prit congé de Rabbi ‘Haïm, en le remerciant de tout le temps qu’il avait passé chez lui comme un membre de la famille. Il quitta le Maroc et arriva en paix en Eretz Israël, chez lui. Après la première rencontre avec sa famille, Rabbi Yitz’hak demanda comment ils avaient passé cette période pendant laquelle il était absent, et comment ils s’étaient sentis pendant la nuit du séder. Ils lui répondirent que certes, pendant les premiers jours ils avaient été très déprimés qu’il les ait quittés en les laissant seuls, mais quand était arrivée la nuit du séder, ils avaient senti tout à coup une grande élévation et avaient célébré la fête avec une grande joie.
Rabbi Yitzh’ak Shapira écouta cela avec émotion. Il s’empressa d’écrire à Rabbi ‘Haïm Pinto au Maroc, comme il l’avait promis, et lui raconta qu’effectivement, toute la vision qu’il avait eue dans la chambre d’étude de Rabbi ‘Haïm n’avait pas été un rêve mais une vraie réalité.
(« Chenot ‘Haïm »)