Parachat Aharei Mot Kedochim 2 Mai 2015 13 Iyar 5775 |
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« Soyez saints car je suis saint »
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
La parachat Kedochim commence par l’ordre de Hachem à Moché de parler aux bnei Israël pour leur dire qu’ils doivent être saints parce que Lui est saint. Dans la suite des versets, la Torah ordonne le respect des parents : l’homme doit craindre son père et sa mère, et cette crainte le mènera aussi à les respecter. Dans le même verset, les bnei Israël reçoivent la mitsva de Chabbat, et dans le verset suivant Moché les met en garde de ne pas s’adresser à des idoles et de ne pas pratiquer l’idolâtrie. Si tous ces ordres ont été donnés à proximité les uns des autres, cela signifie qu’il y a un rapport entre eux et que nous devons en tirer une leçon.
La Torah (Chemot 15, 2) dit que lorsque les bnei Israël se sont tenus au bord de la mer le septième jour de Pessa’h et ont vu comment elle se fendait, ils ont immédiatement proclamé à haute voix : « Voici mon D. et je Lui rends hommage », et les Sages disent (Sota 30b) que même les fœtus dans le ventre de leur mère ont eu cette exclamation. Or il est évident que pour s’écrier « C’est mon D. et je Lui rends hommage », il faut reconnaître l’existence de D. Certes, les bnei Israël qui se sont tenus au bord de la mer avaient déjà reconnu la grande force et la puissance du Saint, béni soit-Il, mais comment les fœtus pouvaient-ils s’écrier la même chose simplement parce que la mer s’était fendue ? Une pareille exclamation implique une connaissance beaucoup plus approfondie du Créateur !
A partir de là, nous pouvons conclure que si les fœtus à l’intérieur du ventre de leur mère se sont écrié « C’est mon D. et je Lui rends hommage », cela signifie qu’ils avaient une connaissance préalable de D., sans quoi ils n’auraient pas pu proclamer cela. C’est d’ailleurs ce que disent les Sages (Nida 30b) : lorsque le bébé se trouve dans le ventre de sa mère, il y a une bougie allumée sur sa tête et un ange lui enseigne la Torah. Quelle est cette lumière ? C’est l’âme, qui est la partie divine (Pardès Rimonim 32, 1) qui relie l’homme à son Créateur (voir Chabbat 30b). Le fœtus qui se trouve dans le ventre reconnaît l’existence de Hachem mieux que les hommes qui sont déjà descendus en ce monde et dont l’âme a été salie par le péché, parce que son âme est pure et n’a pas encore goûté à la faute, c’est pourquoi son lien avec le Créateur est puissant et direct, sans qu’aucune tache vienne endommager cette proximité.
Donc les fœtus ont proclamé « C’est mon D. et je Lui rends hommage », parce qu’ils connaissaient auparavant la grande et haute réalité de Hachem, du fait qu’avait été placée en eux une âme de nature supérieure qui n’avait pas encore goûté à la faute. Et comme leur âme n’avait pas encore été souillée, son lien avec le Créateur était infiniment plus puissant et direct qu’en ce qui concerne celle de ceux qui se trouvent en ce monde, et qui ont eu le temps de se salir, si bien que leur conscience de la royauté de D. se trouve également endommagée.
C’est cela que Hachem a ordonné aux bnei Israël (Vayikra 19, 2) : « Soyez saints car je suis saint », c’est-à-dire : aspirez constamment à vous élever et à sanctifier votre âme pour retrouver le niveau où elle était alors que le bébé était dans le ventre de sa mère. Et comme l’homme a été façonné par les mains du Saint, béni soit-Il et que son âme appartient aux êtres supérieurs, il doit toujours aspirer à s’élever et à ressembler à Hachem par la sainteté que Lui-Même lui a insufflée avec son âme.
Comment le peuple d’Israël mérite-t-il d’élever son âme au niveau de celle d’un fœtus ? En s’écartant des relations interdites et de la faute, car partout où l’on trouve des limites à la sensualité, on trouve la sainteté. L’explication en est que du fait que les bnei Israël se mettront des limites et s’écarteront des relations interdites, et par ailleurs se rapprocheront de la Torah, ils en viendront à se sanctifier comme le leur a ordonné le Saint, béni soit-Il.
Nous trouvons qu’après que les bnei Israël ont reçu l’ordre d’être saints, Moché est venu leur dire : « Chacun doit craindre sa mère et son père. » On peut expliquer que le rapport entre ces deux ordres est la connaissance qu’il y a trois associés pour faire un homme, le Saint, béni soit-Il, le père et la mère. Même s’il n’y avait que cette raison, on doit remercier ses parents et les respecter, parce qu’ils vous ont façonné avec l’aide de Hachem, et ils ont été les premiers à créer un lien entre leur enfant et D., du fait qu’il avait été dans le ventre de sa mère et avait vu la sainteté de Hachem directement, sans aucune barrière.
Ensuite, la Torah nous ordonne « vous observerez Mes Chabbats ». On peut expliquer que le rapport entre le Chabbat et la sainteté est qu’on appelle le Chabbat « Chabbat kodech », le saint Chabbat, et qu’il est dit à son propos que le Saint, béni soit-Il l’a béni et sanctifié, car en ce jour Il a cessé toute Son œuvre (Béréchit 2, 3). On sait que pendant le Chabbat, une âme supplémentaire est ajoutée à celle qui se trouve en l’homme pendant la semaine, qui s’appelle « nechama yétéra », l’âme supplémentaire. Le Saint, béni soit-Il apporte à l’homme le jour du Chabbat une âme supplémentaire parce que pendant le Chabbat, il y a une sainteté si puissante que l’âme ordinaire n’a pas la force de la supporter seule, elle a besoin d’aide et de soutien d’une âme supplémentaire, pour pouvoir absorber l’immense sainteté qui existe à ce moment-là. C’est apparemment ce que signifie « Deux sont plus efficaces qu’un seul » (Kohélet 4, 9). Du fait que ces deux âmes se trouvent là en même temps, l’âme ordinaire et l’âme supplémentaire, l’homme a la force de supporter la grande sainteté qui existe le jour du Chabbat.
La Torah ajoute : « ne vous tournez pas vers les idoles », et on peut dire que les idoles sont l’argent que gagne le Chabbat quelqu’un qui le profane et pratique tout ce qui est interdit le Chabbat. Lorsqu’on néglige la sainteté du Chabbat et qu’on ouvre sa boutique pour gagner encore un peu plus, cela prouve que l’on fait de l’argent une idole, au point de ne pas avoir la force de fermer sa boutique un jour par semaine. A notre époque, où le mauvais penchant de l’idolâtrie n’existe plus, c’est l’argent qui est la plus grande idole, parce qu’il domine la vie de l’homme et la trouble. De même, il est dit dans la Torah : « Ne vous fabriquez pas des dieux de métal », et apparemment les dieux de métal de notre époque sont la télévision et l’Internet, qui sont comme une vision trompeuse, prenant différentes formes, alors que tout leur but est de renforcer le mauvais penchant et de faire fauter l’homme. Nous avons évoqué ci-dessus le fait que la meilleure façon de s’élever en sainteté est de se garder des relations interdites, et c’est seulement par cet éloignement de la laideur et tout ce qui lui ressemble qu’on peut observer l’ordre de Hachem « Soyez saints car Je suis saint. »
SUR LA PENTE ASCENDANTE
« Soyez saints car Je suis saint, Hachem votre D. » (Vayikra 19, 2)
Un homme de valeur est venu me trouver pour me dire qu’à son lieu de travail, les ordinateurs étaient connectés à Internet. Cela étant, il voulait me demander conseil sur la façon de se dominer lui-même afin de ne pas chuter spirituellement en résultat de son utilisation de cet instrument destructeur, car il sentait que l’Internet provoquait chez lui un immense déclin spirituel.
Je lui ai répondu que la chose la plus utile qu’il puisse faire pour sa spiritualité était de quitter ce lieu de travail, bien que ce soit pour lui une source de subsistance, parce qu’il devait en toute priorité préserver son âme, et qu’avec l’aide de D., sa subsistance lui serait envoyée du Ciel d’une autre façon plus conforme aux exigences de la Torah.
Il est dit dans la Guemara : « Tout est entre les mains de D., sauf la crainte de D. » (Berakhot 33b), c’est-à-dire que la crainte de D. que ressent quelqu’un est uniquement son choix personnel. En revanche, la clef de la subsistance est aux mains de D., et quand Il voit l’immense sacrifice de quelqu’un à cause de sa crainte du ciel, Il veille à lui procurer une autre source de subsistance qui soit conforme avec ce que demande la Torah.
Après le départ de cet homme, j’ai aussi réfléchi à la force terrible de l’Internet, fruit d’une technologie avancée, dont on peut tirer tous les trésors du monde lorsqu’on l’utilise pour le bien, mais qui fait de nombreuses victimes, à la fois spirituellement et matériellement, quand il sert les forces du mal.
La porte qui ne se ferme pas
Dans l’un de mes cours publics, j’ai parlé du mauvais penchant qui mène l’homme au désespoir dans le service de Hachem. J’ai dit que parfois, quand on voit qu’on a commis un très grand nombre de fautes, on tombe dans le désespoir, un désespoir que le mauvais penchant augmente encore en nous convaincant qu’à cause de nos nombreuses fautes, il sera impossible de se relever de cette situation et qu’il n’existe aucune possibilité de techouva.
Mais nous devons savoir que le rôle de l’homme est de vaincre ses instincts, sans écouter les mauvais conseils du yetser hara.
Après la fin du cours, l’un des auditeurs est venu me dire :
« Rabbi, sachez que les paroles de Torah que vous venez de dire ont répondu exactement à ma situation spirituelle. A mon grand regret, ces derniers temps j’ai commis quelques fautes, et je suis désespéré dans mon service de D., à tel point que je sens que ma situation spirituelle est difficile, que je n’ai déjà plus envie de prier et que je n’ai plus la force d’étudier la Torah, car je suis certain que le Saint, béni soit-Il n’acceptera pas ma prière après ce que j’ai fait, et je n’ai certainement aucun désir d’étudier. »
J’ai eu peur d’entendre la dureté de ses paroles, et je lui ai répondu : « Il n’y a aucun doute que c’est justement le yetser hara qui parle par votre intermédiaire ! Par ses ruses, il fait entrer en votre cœur toutes sortes de pensées de désespoir. Il vous montre vos fautes de façon exagérée. Il fait aussi entrer des doutes dans votre cœur en ce qui concerne votre techouva, et vous empêche de prier, d’étudier la Torah et de vous repentir de vos actes. »
Il a été surpris de cette nouvelle façon d’aborder la chose que je lui présentais, et j’ai continué à l’encourager :
« Sachez que tous ces argument du yetser hara n’ont aucune valeur. Comme on le sait, toutes les portes du Ciel, les portes de la subsistance, les portes de la guérison, les portes de la bénédiction, la stricte justice peut les fermer devant l’homme. A l’exception d’une seule porte sur laquelle elle n’a aucun pouvoir, et qui est la porte de la techouva, du repentir.
Cette porte-là est ouverte à tout le monde, à tous les niveaux. Le Saint, béni soit-Il attend chaque jour que nous nous repentions de nos mauvaise actions, et Il accepte immédiatement notre techouva avec amour. »
Il a écouté cela, et j’espère ardemment que ces paroles que D. m’avait mises dans la bouche ont pénétré dans son cœur et qu’il a mérité de se repentir de ses fautes et a recommencé à servir D. de tout cœur.
LA HAPHTARA DE LA SEMAINE
« La parole de Hachem me fut adressée en ces termes » (Yé’hezkel 20).
Le rapport avec la paracha :
Le prophète Yé’hezkel proteste vigoureusement contre les fautes des bnei Israël à son époque, ce qui fait écho à la paracha, où ils sont mis en garde d’avoir à observer les mitsvot et à ne pas imiter les abominations des autres peuples.
« Je leur ai donné Mes lois » (Yé’hezkel 20, 11).
Le verset dit « Je leur ai donné », ce qui signifie que c’est un cadeau et non une transaction. Quand on achète quelque chose, on peut le négliger et le détruire si l’on veut, puisque c’est son argent.
Mais quand quelqu’un d’important vous fait un cadeau, celui qui le reçoit ne doit pas le négliger une fois qu’il l’a reçu, car ce serait une manifestation de mépris pour le donateur.
C’est ce que dit le verset : « Je leur ai donné Mes lois », en tant que cadeau, pour qu’ils respectent les mitsvot et ne les méprisent pas.
(« Tsavarei Chalal »)
« Je leur ai aussi donné Mes Chabbats » (Yé’hezkel 20, 12).
Sur le verset « pour qu’on sache que Je suis Hachem Qui vous sanctifie » (Chemot 31, 13), les Sages ont expliqué : « Le Saint, béni soit-Il a dit à Moché : j’ai un bon cadeau dans Mon Trésor, il s’appelle Chabbat, et Je veux le donner aux bnei Israël. Va le leur annoncer. » (Chabbat 10b)
Le Chabbat est le cadeau le plus important qui a été donné au peuple d’Israël, comme des fiancés qui s’envoient des cadeaux.
S’il arrive que les fiancés évitent de se rencontrer et qu’on les soupçonne d’avoir rompu, la situation n’est pas claire, car il est possible qu’il y ait une autre raison pour qu’ils aient cessé de se voir.
Mais quand il est connu clairement dans la ville que la fiancée a rendu au fiancé les cadeaux qu’il lui avait envoyés le jour des fiançailles, et quand tout le monde voit qu’elle ne porte plus au doigt la bague qu’il lui avait donnée en cadeau, il est clair pour tout le monde qu’ils se sont séparés.
C’est la même chose en ce qui concerne le Chabbat : le beau cadeau qui a été donné au peuple d’Israël témoigne du lien entre lui et le Saint, béni soit-Il. C’est une alliance éternelle pour toutes les générations.
Mais si l’on voit que la fiancée, la communauté d’Israël, a enlevé ce bijou précieux et l’a rendu au fiancé, c’est-à-dire qu’elle a cessé d’observer le Chabbat, alors c’est un signe que le lien entre Israël et le Saint, béni soit-Il a été rompu et que nous ne sommes plus fiancés à Lui.
Alors que lorsque nous observons le Chabbat convenablement, alors Hachem dit de nous : « Je t’ai fiancée à Moi à jamais. »
(‘Hafets ‘Haïm)
GARDE TA LANGUE
Il n’y a pas de mauvais juif !
Celui qui dit du lachon hara, et celui qui le croit, transgressent tous deux la mitsva de suivre les voies de Hachem, ce qui est un ordre d’imiter Ses midot, qui sont toutes bonnes, et de ne pas dire ni croire de lachon hara sur les bnei Israël, ce qui est contraire aux midot de Hachem.
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
Le summum de la sainteté face au summum de l’impureté
« Hachem parla à Moché en disant : Parle à toute la communauté des bnei Israël et dis-leur : Soyez saints car Je suis saint, Moi Hachem votre D. » (Vayikra 19 1-2).
« Un homme ou une femme chez qui serait constatée une invocation ou un sortilège devront être mis à mort; on les lapidera, ils sont responsables de leur mort » (Vayikra 20, 24).
La parachat Kedochim commence par l’ordre aux bnei Israël de constamment aspirer à s’attacher à la sainteté, parce que le Saint, béni soit-Il est saint, c’est pourquoi Ses enfants doivent souhaiter Lui ressembler en se sanctifiant. Et elle se termine par le comble de l’impureté et de l’abomination en disant que le peuple d’Israël doit s’écarter des façons de vivre des non-juifs qui pratiquent des invocations ou des sortilèges en faisant sortir les morts de leur tombe (voir Sanhédrin 65b) pour entendre ce qu’ils ont à dire sur l’avenir.
Il m’est venu à la pensée de demander : si la parachat Kedochim a pour but la sainteté et la pureté, pourquoi la Torah a-t-elle cependant choisi de la terminer par une impureté maximale et répugnante, alors qu’apparemment, il semble qu’elle aurait dû la terminer par un sujet de sainteté et de pureté en accord avec le contenu de la paracha ?
On peut l’expliquer en disant que la Torah a voulu nous enseigner que lorsqu’on se détourne de Hachem et de Sa Torah en s’éloignant de la sainteté, alors on peut chuter très bas, jusqu’à laisser l’impureté s’attacher à soi, et pas seulement une impureté légère, mais l’impureté des incantations et des sortilèges, qui sont répugnants pour le Créateur. C’est pourquoi nous avons le devoir de veiller à la sainteté, afin de ne surtout pas la perdre, et quand nous montrons au Saint, béni soit-Il que nous désirons Sa sainteté, nous méritons de la voir grandir en nous considérablement.
En revanche, si nous ne montrons pas au Créateur que nous désirons nous relier à Sa sainteté, le Satan a la possibilité de s’attacher à l’homme et de le dominer. Ainsi, insidieusement et sans qu’il y prenne garde, il peut se dégrader spirituellement au point qu’il finira bientôt par se trouver en train de pratiquer les invocations et les sortilèges, ce qui est une impureté absolument abjecte aux yeux de D.
Par conséquent, le fait que la Torah termine cette sainte paracha en évoquant ce qu’il y a de plus impur vient nous enseigner que Hachem a créé une chose et son contraire : d’un côté, il y a une immense sainteté, et de l’autre une effrayant impureté sous la domination du Satan, si bien que lorsqu’on se détourne de la sainteté, le Satan s’empresse de vous précipiter dans l’impureté la plus terrible. Veillons donc à être sans cesse attachés à la sainteté, afin de ne faire aucune place dans notre cœur aux forces de l’impureté.
A LA SOURCE
« Laisse-les au pauvre et à l’étranger » (19, 10)
Rabbi Yossef Caro, que son mérite nous protège, a expliqué le verset de Téhilim (72, 13-14) « Il a pitié du pauvre et de l’indigent (…) Il les délivre de l’oppression et de la violence » en disant que du fait qu’on a pitié du pauvre et de l’indigent, par des lois justes et des actes de bonté, on les délivre par là d’échecs moraux.
C’est ce que signifie la juxtaposition des versets « Laisse-les au pauvre et à l’étranger – ne volez pas, ne reniez pas, ne vous mentez pas l’un à l’autre. » La Torah a juxtaposé l’interdiction du vol aux lois sur la partie de la moisson à laisser aux pauvres pour nous enseigner qu’afin d’éviter les vols à la communauté, il est nécessaire de leur fournir les besoins élémentaires.
« Ne maudis pas un sourd » (19, 14)
Le Rav Shakh met en garde dans une allusion, en se basant sur les paroles du Zohar dans la parachat Pekoudei, sur le fait qu’on ne doit pas se maudire soi-même en s’infligeant une vie de souffrance ou de grande pauvreté :
« ‘Herech » (sourd) est un acrostiche de : ‘Haïm (la vie) Raïm (mauvaise) Chelkha (pour toi).
C’est pourquoi le verset a ajouté : « Tu craindras ton D., Je suis Hachem » – Je suis miséricordieux et Je ne désire pas que l’homme soit maudit mais béni, ainsi qu’il est dit « Hachem désire pour Sa justice », donner aux créatures ce qui est juste.
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (19, 18)
Sur l’enseignement de Rabbi Akiva que nous avons tous en bouche, « c’est un grand principe de la Torah », le Moharan de Breslav précisait : pourquoi Rabbi Akiva a-t-il ajouté « dans la Torah » ?
Il explique que Rabbi Akiva vient nous enseigner que l’homme a le devoir d’aimer son prochain non seulement dans le domaine matériel, mais que l’essentiel de l’amour est « dans la Torah », lui enseigner la Torah, le moussar et la pure crainte du Ciel.
C’est cela l’essentiel de l’amour !
« Devant des cheveux blancs lève-toi et honore la personne du vieillard, crains ton D., Je suis Hachem » (19, 32).
Dans la Guemara (Kidouchin 33b), Rabbi Elazar enseigne : « Tout talmid ‘hakham qui ne se lève pas devant son Rav s’appelle impie, ne vit pas longtemps et oublie son étude, ainsi qu’il est dit (Kohélet 8, 13) : « Le méchant n’aura pas de bonheur et il ne vivra pas longtemps, comme l’ombre, parce qu’il ne craint pas D. » On ne sait pas de quelle crainte il s’agit, mais quand il est dit « crains ton D. », on comprend que cette crainte consiste à se lever. »
Le gaon Rabbeinou Yossef Chalom Eliachiv zatsal répond merveilleusement à l’étonnement de « Torat Moché », qui demande quelle « mesure pour mesure » il y a dans le châtiment évoqué par la Guemara.
Il apporte une autre Guemara, dans laquelle Issi ben Yéhouda dit que se lever devant des cheveux blancs veut dire devant n’importe qui dont les cheveux sont blancs. Rachi explique qu’il faut se lever devant des cheveux blancs, même s’il s’agit d’un ignorant, et honorer la personne du « zaken » (littéralement : le vieillard), c’est-à-dire le sage (zé kana ‘hokhma »), même s’il est très jeune.
Par conséquent, le châtiment est « mesure pour mesure » : s’il ne s’est pas levé devant son Rav, le Saint, béni soit-Il le punit en faisant qu’on ne se lèvera pas devant lui non plus, parce qu’il ne vivra pas longtemps, il n’arrivera donc pas à l’âge de la vieillesse où il aurait fallu se lever devant lui à cause de ses cheveux blancs. Et si l’on dit qu’on peut tout de même se lever devant lui parce qu’il est sage bien qu’étant jeune, là-dessus il est dit qu’il oubliera son étude, donc à cause de ces deux raisons-là on ne se lèvera pas devant lui.
LA VIE DANS LA PARACHA
A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar
« Vous ne commettrez point de vol, ne niez pas et ne mentez pas au préjudice de votre prochain. »
Il y a ici une allusion au fait que si quelqu’un transgresse ce qui vient en premier et vole, le Saint, béni soit-Il lui enverra quelqu’un qui sait qu’il a volé, en lui ordonnant de ne pas nier. Le verset parle d’un cas où il lui est possible de nier, par exemple s’il n’y a qu’un seul témoin. S’il reconnaît sa faute, tant mieux, et s’il nie, le Saint, béni soit-Il lui envoie un deuxième témoin qui témoignera de façon telle qu’il ne peut plus nier, et que s’il ment ses mensonges seront inutiles, et c’est « ne mentez pas » : outre le fait que cela ne lui servira à rien, il a transgressé cet interdit aussi.
DANS LA VOIE DES PERES
Moché a reçu la Torah du Sinaï
Il faut comprendre pourquoi il n’est pas dit : Moché a reçu la Torah de D., puisque en fait, il n’a pas reçu la Torah du mont Sinaï, mais de Hachem. On peut l’expliquer selon ce qu’ont dit nos Sages (Pessikta Rabbati 7) : les hautes montagnes, qui sont le Tabor et le Carmel, sont venues de l’autre bout du monde en s’enorgueillissant pour dire : nous sommes hautes, et c’est sur nous que le Saint, béni soit-Il donne la Torah, mais le Sinaï s’est abaissé en disant : je suis bas, et qui suis-je pour que la Torah soit donnée sur moi ? C’est pourquoi la Torah a été donnée sur elle et non sur les autres.
En même temps, Moché a appris l’humilité du mont Sinaï, et a fait un raisonnement a fortiori le concernant, en disant : si une montagne qui est entièrement faite de poussière et n’est susceptible ni de récompense ni de châtiment, puisqu’elle ne reçoit aucune récompense si elle a du mérite, non plus qu’aucune punition si elle pèche, s’est pourtant abaissée devant le Saint, béni soit-Il, moi, qui ai reçu l’ordre d’être humble, qui reçois une récompense si j’ai du mérite et un châtiment si je pèche, à combien plus forte raison je dois m’incliner devant Lui ! Immédiatement, il s’est abaissé.
C’est pourquoi le Tanna n’a pas dit « Moché a reçu la Torah de Hachem », ou « Moché a reçu la Torah au mont Sinaï », mais « Moché a reçu la Torah du Sinaï », pour nous dire qu’il n’a mérité que la Torah soit donnée par lui qu’à cause de son humilité, et d’où avait-il appris l’humilité ? Du Sinaï. De plus, le Tanna n’a pas écrit « Moché a reçu la Torah du mont Sinaï », parce que le mot « mont » aurait fait allusion à l’orgueil, mais « Moché a reçu la Torah du Sinaï. »
C’est pourquoi le traité Avot, qui traite de la bonne façon de se conduire, de la crainte de la faute et de l’acquisition de la Torah, nous enseigne dans cette michna qu’on ne peut mériter la couronne de la Torah que par l’humilité.
Chimon HaTsaddik
Pourquoi s’appelle-t-il « Chimon HaTsaddik » ? Parce que pendant toute sa vie, il s’est considéré comme totalement insignifiant par rapport aux hommes de la Grande Assemblée, et non comme l’un d’entre eux. Toute sa vie, il a fui les honneurs, c’est pourquoi les honneurs l’ont poursuivi et les gens se sont mis à l’appeler « tsaddik » (puisqu’on sait que quiconque fuit les honneurs, les honneurs le poursuivent).
Antigonos homme de Sokho a reçu la Torah de Chimon HaTsaddik
Il faut comprendre pourquoi on l’appelle « homme de Sohko », et non « Antigonos de Sokho », ou « Antigonos de la ville de Sokho ».
On peut l’expliquer d’après ce que les Sages ont enseigné dans la Guemara (Nedarim 62a) : « On ne doit pas dire « je vais apprendre la Torah pour qu’on m’appelle un Sage, la Michna pour qu’on m’appelle Rabbi, la Guemara pour être considéré comme un talmid ‘hakham, mais il faut étudier par amour, et les honneurs finiront par arriver. Comme les gens appelaient le Rav d’Antigonos Chimon HaTsaddik, son disciple Antigonos avait l’habitude de dire à ses élèves : n’étudiez pas la Torah pour qu’on vous appelle Tsaddik, ou qu’on vous donne quelque autre titre, mais étudiez par amour, et non pour qu’on vous donne un titre honorifique.
Antigonos lui-même prêchait l’exemple, se qualifiant lui-même de « homme de Sokho », comme s’il était un homme simple de cette ville, sans plus. Ses disciples après lui se sont également nommés de cette façon : Yossi ben Yoezer homme de Tsreida, Yossi ben Yo’hanan homme de Jérusalem, parce qu’eux aussi suivaient la voie de leur Rav, et se considéraient comme s’ils n’étaient pas plus que des gens tout à fait ordinaires, des gens de la ville. C’est pourquoi son disciple Yossi ben Yoezer a dit : « Attache-toi à la poussière des pieds des sages », c’est-à-dire ne te considère pas comme un sage, mais considère-toi toujours comme de la poussière sous les pieds des sages, et à plus forte raison n’étudie pas pour te grandir, ni pour qu’on t’appelle sage ou ancien.
Hillel et Chamaï ont reçu d’eux la Torah. Hillel disait : fais partie des disciples d’Aharon, qui aime la paix et poursuit la paix, aime les gens et les rapproche de la Torah.
On peut expliquer l’expression « ils ont reçu d’eux » et disant que Hillel et Chamaï recevait des paroles de Torah l’un de l’autre, et bien qu’il y ait toujours eu entre eux des opinions différentes, ils apprenaient l’un de l’autre, pour que les gens ne disent pas qu’ils ne s’aimaient pas. Toutes les dissensions qu’il y avait entre eux ne provenaient certainement pas d’une inimitié, mais chacun avaient reçu la halakha de son maître de façon différente.
C’est pourquoi il dit : Fais partie des disciples d’Aharon, qui aime la paix et poursuit la paix. Bien qu’ils aient eu des opinions différentes en matière de halakha, ils s’aimaient, comme l’ont dit les Sages dans la Guemara (Kidouchin 30b) : « Même un père et son fils, un Rav et son élève, qui étudient la Torah et deviennent des adversaires, redeviennent rapidement des gens qui s’aiment. »
HOMMES DE FOI
Histoires des justes de la famille pinto
L’un des quatre fils de Rabbi ‘Haïm, que son mérite nous protège, était le tsaddik Rabbi Yossef. C’était un homme droit, qui étudiait la Torah, qui ne s’intéressait absolument pas à ce monde-ci, mais se consacrait entièrement à la Torah, et c’est sa femme qui dirigeait tout ce qui concernait le foyer.
La situation économique du couple n’était pas brillante. Rabbi Yossef accomplissait l’enseignement « Mange du pain trempé dans le sel, bois de l’eau avec mesure et vis péniblement. » Sa femme ne s’en plaignait jamais, l’amour de la Torah qui régnait dans son cœur planait constamment sur tout ce qu’elle faisait dans la vie, et de son côté, elle l’a laissé étudier toute sa vie, en l’absence de toutes les vanités de ce monde. Or voici que le mois de Nissan était arrivé, et il n’y avait rien dans la maison, ni matsot ni vin, ni fruits ni légumes, ni vêtements ni chaussures pour les enfants. La femme s’adressa à son mari avec une modeste demande : « Ce n’est plus supportable, je t’en prie, va sur la tombe de ton père et demande pour toi et ta famille que nous ayons des matsot, du vin, de la viande, des vêtements et des chaussures pour les enfants, une robe pour moi et un costume pour toi. Ecris tout cela pour ne pas oublier. »
Rabbi Yossef fit ce que voulait sa femme. Il se leva tôt le lendemain, et immédiatement après la prière de cha’harit, il prit un livre de Téhilim et partit au cimetière. Il s’approcha de la tombe de son père, posa dessus la liste des choses que sa femme demandait, et lut les Psaumes selon les lettres du nom de son père.
Après avoir terminé sa prière, il rentra chez lui et dit à sa femme qu’il avait fait ce qu’elle désirait, et que maintenant il ne leur restait plus qu’à attendre le salut de Hachem qui viendrait certainement le lendemain.
Ce jour-là, un juif riche rêva que le tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto se révélait à lui, pour lui dire : « Tu dors paisiblement alors que mon fils Rabbi Yossef n’a chez lui ni nourriture ni vêtements ni chaussures en l’honneur de la fête. Lève-toi immédiatement et monte sur la terrasse, tu y trouveras une liste écrite de la main de mon fils, qui contient tout ce qui lui manque pour la fête. »
Il se réveilla, se leva et monta sur le toit, où il découvrit que son rêve disait la vérité. Sur le toit se trouvait une liste détaillée de l’écriture du tsaddik Rabbi Yossef où était inscrit tout ce qu’il lui manquait pour la fête. A l’aube, il sortit de chez lui pour acheter à Rabbi Yossef tout ce qu’il lui manquait, comme il était précisé dans la liste qu’il avait trouvée sur le toit de sa maison. Longtemps plus tard, tout fut placé sur le seuil de la maison du tsaddik.
A ce moment-là, la nuit, Rabbi ‘Haïm se révéla en rêve à son fils pour lui annoncer qu’avec l’aide de Hachem, dans quelques heures Untel allait arriver avec un chariot qui contenait tout ce qu’il avait demandé dans sa lettre. Heureux êtes-vous, tsaddikim, en vous se réalise le verset « Il fait la volonté de ceux qui Le craignent. »