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paracha de la semaine

Kora'h

20 Juin 2015

3 Tamouz 5775

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

Allumage

Fin

 

Paris

21:38*

23:04

 

Lyon

21:15*

22:33

 

Marseille

21:03*

22:17

 
* Allumage selon l'heure de votre communauté

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Une sagesse supplémentaire accordée à la femme

 (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

L’histoire d’On ben Pelet est bien connue : il a suivi le mouvement de Kora’h et s’est associé à la révolte contre Moché au sujet de la désignation d’Elitsafan ben Ouziel comme chef de tribu. Nos Sages racontent que le jour de l’insurrection, On ben Pelet est rentré se reposer chez lui en demandant à sa femme de le réveiller un peu plus tard, pour qu’il puisse se joindre à l’assemblée de Kora’h et se rebeller contre l’autorité de Moché. La femme d’On étant pieuse, elle a tenté de le convaincre de se retirer de la dispute. Elle lui a dit : « Que vas-tu retirer de cette querelle ? » Mais voyant qu’il était incapable de se débarrasser de son engagement vis-à-vis de Kora’h, elle s’est installée à la porte de sa tente, la tête découverte. Alors quand les hommes de Kora’h sont venus appeler On ben Pelet pour qu’il se joigne à leur rébellion, ils se sont heurtés à sa femme, qui était tête nue. Ne pouvant pas entrer dans la maison, ils ont immédiatement rebroussé chemin.

Grâce à son comportement, cette femme vertueuse a réussi à sauver la vie de son mari du point de vue spirituel, mais aussi matériel. En effet, à son réveil, elle lui a fait part de la fin tragique de l’assemblée de Kora’h et du fait qu’il avait été sauvé et n’avait pas été englouti par la terre comme les autres rebelles. Cet épisode nous montre l’immense piété de cette femme, qui s’est humiliée et dégradée dans le seul but de sauver son mari de la controverse, et par conséquent, de la punition qui en découlait.

A la lueur de tout ce que nous venons de dire, la question suivante se pose : pourquoi, malgré leur piété et leur grande valeur, les femmes n’ont-elles pas l’obligation d’étudier la Torah et sont-elles exemptes des mitsvot à réaliser à un moment déterminé ? Cette règle laisse penser que la valeur de la femme est inférieure à celle de l’homme, qui lui, a été choisi par Hachem pour étudier la Torah et qui, à travers cela, maintient la Création du monde.

En fait, Hachem a d’abord créé Adam à Son image, et ensuite Il l’a endormi et lui a pris une côte afin d’en façonner la femme. Pourquoi cela ? C’est que s’Il avait créé l’homme et la femme en même temps, à un seul et même niveau, cette égalité aurait entraîné une guerre et un déséquilibre. En effet, nous savons tous que deux rois ne peuvent gouverner en même temps.

Il suffit d’analyser le monde un tant soit peu pour constater qu’il a entièrement été créé et conçu sans égalité afin qu’il soit équilibré. Certaines contrées possèdent des richesses naturelles, comme le charbon et le pétrole. D’autres, en revanche, sont démunies de ces ressources-là, mais possèdent beaucoup d’eau. Le fait qu’un Etat manque de ce qu’un autre possède en abondance crée une situation permettant la mise en place de différentes transactions et d’un commerce international, où chaque pays procure à son voisin ce qui lui manque, et reçoit en retour ce dont il a besoin.

Si toutes les terres étaient égales, le monde aurait été déséquilibré au point d’engendrer des conflits permanents de survie, alors que si certains Etats sont puissants, comme par exemple les Etats-Unis, désignés comme gendarmes du monde et superpuissance, et d’autres plus faibles et en voie de développement, ces derniers ont besoin de l’aide des premiers. Par exemple, en compensation de l’aide américaine, certains Etats sont fidèles aux Etats-Unis et les soutiennent. Cette situation permet de préserver l’ordre et l’équilibre des forces dans le monde. Il va de soi que si tous les Etats du monde étaient égaux à tout point de vue, la vie sur cette terre n’aurait pas pu se dérouler correctement.

De même, dans chaque endroit on trouvera à la fois des riches et des pauvres, des hommes d’affaires d’une part, et des employés d’autre part. De la sorte, le pays peut mener une vie correcte et réussie, puisque chaque secteur de la population accomplit la tâche qui lui incombe et contribue, à sa manière, au développement de son pays. Si tout le monde était haut placé et riche, personne n’aurait été prêt à se salir les mains en nivelant les routes et en ramassant les poubelles. Mais lorsque dans une contrée, se mêlent différentes couches de population, chacun fait ce qui correspond à son caractère et à ses possibilités, et ainsi tout le monde est gagnant.

Le degré de création de l’homme est supérieur à celui de la femme puisque Hachem l’a façonné, puisqu’Il l’a créé selon Sa forme et à Son image. La femme, elle, n’a pas été créée selon la perfection céleste, puisqu’elle a été prise de l’homme. L’homme est donc plus élevé que la femme, afin qu’elle connaisse sa place et soit consciente de la supériorité de son mari par rapport à elle, ce qui permet alors de mener une vie ordonnée et organisée. Mais si D. avait créé l’homme et la femme au même niveau, la femme se serait rebellée contre son rôle difficile et la charge qui est la sienne en tant que maîtresse de maison. Par contre, étant consciente de sa place naturelle dans la Création, elle accepte avec amour ce qui lui revient et remplit sa mission et sa vocation dans le monde avec plaisir et volonté. C’est la raison pour laquelle D. a ordonné à l’homme d’étudier la Torah, mais pas à la femme : afin que d’une part celle-ci reconnaisse la valeur de son mari par rapport à elle, et que d’autre part elle soit disponible pour s’occuper de ses enfants et gérer le quotidien de la maison.

Une sagesse supplémentaire a été accordée à la femme comme compensation de la supériorité de l’homme par rapport à elle. Grâce à cette intelligence supplémentaire, la femme est doublement avantagée : d’abord son mari la valorisera et la traitera avec respect, et ensuite elle méritera de satisfaire la volonté de son conjoint de sorte qu’elle sera toujours qualifiée de femme « kechera ». A chaque génération, les femmes ont été dotées de cette intelligence caractéristique, et c’est grâce à elles que les bnei Israël ont mérité de sortir d’Egypte. Elles se sont également retirées de la faute du Veau d’or en refusant de donner leurs bijoux pour le fabriquer, jusqu’à ce que les hommes apportent leurs propres boucles. Enfin, elles ont fait prendre conscience aux hommes de leur faute lors de l’épisode des explorateurs. Et nos Sages affirment qu’à l’avenir aussi, les bnei Israël seront sauvés par le mérite des femmes pieuses, qui sont dotées d’une sagesse supplémentaire. C’est par leur mérite qu’ils ont été sauvés d’Egypte, et c’est encore par leur mérite qu’ils seront sauvés à la fin des temps.

Nos Sages ont voulu mentionner l’acte de la femme d’On ben Pelet afin de nous montrer que lorsque la femme fait bon usage de sa sagesse, ses actes peuvent être sublimes et élevés. Par contre, quand cette sagesse n’est pas correctement orientée, elle devient destructrice.

Mais si, que D. nous en préserve, l’homme ne cesse de rappeler à sa femme sa supériorité par rapport à elle du fait de son étude de la Torah ou de sa maîtrise d’autres sagesses, la femme fera un mauvais usage de son intelligence supplémentaire. Malheur à un tel foyer ! D. n’a certes pas ordonné à la femme d’étudier la Torah, mais a priori elle aurait pu étudier autant que l’homme, voire plus ! Ainsi, le mari ne doit pas s’enorgueillir, mais plutôt respecter et valoriser son épouse, et il en sortira doublement gagnant grâce à l’intelligence supplémentaire qui a été octroyée à cette dernière.

SUR LA PENTE ASCENDANTE

Foi et salut

Alors que je séjournais en Israël, j’ai pensé un vendredi aller me recueillir sur la tombe de mon ami le gaon Rabbi Nissim Rebibo, enterré au cimetière de Guivat Chaoul à Jérusalem. Et c’est ce que j’ai fait.

Dès mon arrivée au cimetière, mon téléphone a sonné.

Au bout du fil, une dame du Brésil me faisait part, en sanglots, de sa terrible souffrance. Son mari avait été enlevé par des malfaiteurs non-juifs. Ces derniers menaçaient de le tuer si la famille ne payait pas une rançon considérable. La femme me suppliait donc, dans des cris de détresse, de prier pour son mari.

En entendant cette histoire terrible, j’ai béni le mari kidnappé pour que, par le mérite de mes saints ancêtres, il soit libéré saint et sauf, et j’ai promis à sa pauvre épouse de prier pour lui.

Soudain j’ai réalisé que je me trouvais à proximité de la tombe du tsaddik nommé Nissim (« miracles »). Or Hachem avait certainement fait en sorte que je me trouve précisément ce jour-là devant la tombe de ce tsaddik, afin que j’y voie le signe que Hachem ferait un miracle et délivrerait l’homme retenu prisonnier. Trois mois plus tard, par miracle, l’homme a rejoint sa famille.

J’ai eu le mérite d’assister, avec les rabbanim de São Paulo, à la fête de remerciement organisée en l’honneur de sa libération. Au cours de cette fête, le rescapé a raconté ce qui lui était arrivé pendant sa captivité. Nous avons donc pris connaissance du miracle qui s’était produit à cette période, ce qui n’a laissé indifférent aucun participant.

Il a raconté qu’il était enfermé dans une pièce avec des hommes armés qui le gardaient, l’empêchant de s’enfuir. Une odeur nauséabonde et insupportable emplissait cette pièce étouffante, pleine de moustiques. Notre homme, qui venait d’une famille riche et avait toujours été gâté, ne pouvait pas supporter la présence de ces moustiques, et a prié Hachem du fond de son cœur pour qu’ils ne le piquent pas. En effet, il souffrait déjà beaucoup du fait d’être retenu prisonnier par des malfaiteurs.

Et miracle : même si les moustiques volaient autour de lui comme dans tout le reste de la pièce, ils n’ont pas osé lui faire de mal ! Et ce, bien qu’il ne se soit pas lavé pendant longtemps et qu’il n’ait pas été propre, comme il avait l’habitude de l’être avant sa détention. Les autres hommes, en revanche, ont été piqués sans pitié.

En remarquant que le captif n’était pas atteint par les bêtes, ses geôliers l’ont questionné. Il leur a répondu tout simplement qu’il avait prié D. de le protéger des moustiques, et que sa prière avait été écoutée.

En entendant cette réponse, les gardiens ont décidé eux aussi de demander à D. de les protéger. Mais Hachem ne les a pas écoutés, et ils ont continué à se faire piquer sans relâche.

Après sa libération, le rescapé s’est empressé de diffuser publiquement le miracle qu’il avait vécu, afin de sanctifier le nom de D. dans le monde.

Bien entendu, certains individus dotés de peu de foi en D. n’ont pas cru à son histoire et ont prétendu qu’il avait certainement un type de sang qui n’attirait pas les moustiques. Mais pour leur prouver que ce n’était pas le cas, notre homme a raconté que la nuit suivant sa libération, il s’était fait piquer de nombreuses fois pendant son sommeil.

Ainsi, tout le monde a pu constater que seule sa foi entière l’avait sauvé des piqûres de moustiques. C’est en s’adressant directement au Créateur, démarche qui prouvait sa foi, qu’il a bénéficié de la providence divine, qui l’a sauvé de cette souffrance.

Cette histoire m’a beaucoup ému, et voici ce que j’ai dit au rescapé : « Nous savons que lorsque les bnei Israël ont été libérés d’Egypte, lors de la mort des premiers-nés, Hachem est passé au-dessus des maisons des bnei Israël et a tué uniquement les aînés égyptiens. De la sorte, Il a prouvé être le seul Créateur du monde. »

A présent, Hachem avait agi avec lui de la même manière lors de sa captivité : Il a fait en sorte que les moustiques passent près de lui et n’importunent que ses geôliers. Ainsi, Il l’a préparé à sa sortie et à sa libération.

HOMMES DE FOI

Histoires des Justes de la famille Pinto

Rabbi Ye’hia HaCohen de Casablanca, un homme grand en Torah et en ‘hessed, s’est une fois proposé de prendre dans sa voiture le tsaddik Rabbi Pin’has HaCohen, descendant de rabbi David ben Baroukh, afin d’aller se recueillir sur la tombe du tsaddik rabbi Khalifa ben Malka. Durant le trajet vers Agadir, un accident est survenu et leur voiture s’est retournée à cause d’une déformation de la chaussée. La voiture s’est retournée trois fois consécutives, les tonneaux ont fait dévier le véhicule de la route, et les deux hommes ont constaté, avec effroi, qu’un tonneau supplémentaire les ferait basculer dans le vide.

Réalisant ce qui était en train de se produire, Rabbi Pin’has HaCohen a été très effrayé et s’est écrié : « Que par le mérite du tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto, nous soyons sauvés de ce danger et ne mourions pas dans ce ravin ! » A ce moment-là, les deux rabbanim ont eu comme l’impression que quelqu’un, une certaine force cachée, avait arrêté la voiture et l’avait redirigée vers la route.

Quelques minutes plus tard, alors que les deux tsaddikim se remettaient de leur traumatisme, et surtout du grand miracle qu’ils avaient vécu, Rabbi Ye’hia a demandé à Rabbi Pin’has HaCohen : « Pourquoi avez-vous préféré invoquer le mérite de Rabbi ‘Haïm Pinto plutôt que celui de votre grand-père, coutumier des miracles, Rabbi David ben Baroukh ? »

Rabbi Pin’has a été quelque peu surpris par la question, mais il lui a répondu avec assurance :

« Vous devez savoir que les descendants de tsaddikim doivent également croire à la force d’autres tsaddikim, qui ne sont pas de leur famille. En effet, un tsaddik n’est pas toujours disposé à aider son proche. Quand nous étions en détresse, a-t-il poursuivi, j’ai voulu mentionner le mérite de mon ancêtre Rabbi David ben Baroukh, mais j’ai vu qu’il était alors occupé à rendre méritante une femme en pleine prière. C’est pourquoi j’ai immédiatement invoqué le mérite de Rabbi ‘Haïm, qui s’est empressé de nous porter secours en volant tel un ange pour redresser la voiture. Et ce n’est pas tout, a-t-il ajouté sur le ton de la confidence, vu le manque de temps, le Rav n’a pas consulté le Maître du monde pour annuler le mauvais décret. Il a tout fait, dans la précipitation, tout seul ! »

« Il accomplit les désirs de Ses fidèles, entend leurs supplications et leur porte secours. » Le tsaddik décrète, et Hachem accomplit.

LA HAPHTARA DE LA SEMAINE

« Alors Chemouël dit » (I Chemouël 11, 14).

Le rapport avec la paracha :

La haphtara raconte que le peuple demande un roi à Chëmouel, et la paracha relate que Kora’h se révolte contre Moché et demande le pouvoir. De même, la haphtara rapporte les propos de Chëmouel « S’il est quelqu’un dont j’aie pris le bœuf », et la paracha, ceux de Moché qui affirme « Je n’ai jamais pris à un seul d’entre eux son âne. »

 « S’il est quelqu’un dont j'aie pris le bœuf ou l’âne, quelqu’un que j’aie lésé » (I Chemouël 12, 3).

Nous voyons que Chemouël a vécu à l’époque où gouvernaient les juges, c’est-à-dire à une génération qui jugeait ses juges. Lorsque le juge disait à quelqu’un « Ôte la paille d’entre tes yeux », celui-ci répondait « Ôte la poutre d’entre tes yeux ».

C’est pourquoi, quand Chemouël s’est adressé aux bnei Israël, il leur a dit avant même qu’ils ne parlent : « S’il est quelqu’un dont j’aie pris le bœuf ou l’âne, quelqu’un que j’aie lésé ou pressuré, quelqu’un qui m’ait corrompu, par un présent ». S’il n’avait pas parlé ainsi, il n’aurait pas pu leur adresser de reproches, car ils lui auraient dit « Ôte la poutre d’entre tes yeux. » Or là, les bnei Israël ont répondu : « Tu ne nous as point lésés, point pressurés, tu n’as rien accepté de personne. » Une fois qu’ils ont reconnu que Chemouël ne leur avait rien volé, il pouvait les réprimander.

(« HaGriz HaLévi »)

 « A condition que vous révériez Hachem, que vous Lui rendiez hommage et obéissance, que vous ne soyez point rebelles à Sa parole » (I Chemouël 12, 14)

Si les bnei Israël avaient atteint le niveau élevé de servir D. et d’écouter Sa voix, pourquoi le verset continue-t-il en disant « que vous ne soyez point rebelles à Sa parole » ? En effet, s’ils avaient mérité de s’élever jusqu’à un niveau si sublime, ils ne rechuteraient pas au point d’enfreindre les ordres de D. !

En réalité dans le service divin, il n’y a ni voie intermédiaire, ni compromis : soit on sert Hachem, soit on Lui désobéit.

C’est pourquoi il incombe à tout un chacun d’être toujours dans une démarche de progression dans la Torah et dans la crainte du Ciel.

(« Torat Haparacha »)

 « N’est-ce pas, c’est aujourd’hui la moisson du froment ? Je vais invoquer Hachem, pour qu’Il fasse tonner et pleuvoir » (I Chemouël 12, 17)

Pourquoi Chemouël a-t-il choisi précisément comme signe la tombée de la pluie pendant la moisson du froment?

Comme l’explique le Malbim, la pluie est bien sûr un signe de bénédiction, ainsi que l’a dit le prophète Yéchayah (55, 10) : « Oui, comme la neige et la pluie, une fois descendues du ciel, n’y retournent pas avant d’avoir humecté la terre, de l’avoir fécondée et fait produire, d’avoir assuré la semence au semeur et le pain au consommateur ».

Mais tout ceci ne vaut que si la pluie arrive au bon moment. Par contre, si elle survient à la période de la moisson du froment, elle devient un signe de malédiction puisqu’elle détruit et détériore toute la récolte.

C’est exactement à cela que le prophète Chemouël compare la demande du peuple d’Israël de nommer un roi :

« Hachem est votre roi, et vous avez mérité d’avoir un juge juste, sur qui la Chekhina réside. De ce fait, demander à nommer un roi revient exactement à demander de la pluie lors de la moisson du froment. »

C’est seulement lorsqu’on demande un roi au moment adéquat que cette requête est considérée bonne et utile, et qu’elle est accompagnée de la bénédiction divine.

(« Maadanei Chemouël »)

GARDE TA LANGUE

Un calcul précis

Celui qui voit quelqu’un commettre un acte que l’on peut juger soit favorablement, soit sévèrement, devra procéder de la sorte : si l’homme en question est empreint de crainte de D., même s’il semble plus logique de le juger sévèrement, on devra se montrer indulgent envers lui. Si l’auteur de l’acte est sur la voie intermédiaire, c’est une mitsva de le juger favorablement ; le critiquer auprès des autres est une transgression de l’interdit de lachon hara. Enfin, s’il est plus logique de juger l’individu concerné de manière sévère, il vaudra mieux garder la chose comme un doute et ne pas le condamner à ses propres yeux.

A LA LUMIÈRE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

La remontrance cachée de Moché

« Mais si Hachem produit un phénomène ; si la terre ouvre son sein pour les engloutir avec tout ce qui est à eux, et qu’ils descendent vivants dans la tombe, vous saurez alors que ces hommes ont offensé Hachem. » (Bemidbar 16, 30)

Quand Moché a constaté qu’il ne pouvait éviter la querelle pacifiquement, il s’est adressé à Kora’h et à son assemblée, ainsi qu’au reste du peuple qui était de côté, en leur disant que si les dissidents mouraient de façon ordinaire, cela signifierait qu’il avait inventé toute la Torah et n’était pas le messager de D. En revanche, si ces hommes-là connaissaient une mort violente qui n’avait encore jamais existé, cela prouverait de façon claire et absolue qu’ils avaient offensé Hachem, et que la faute de la controverse leur était totalement attribuée.

Ceci est difficile à comprendre : pourquoi Moché ne s’est-il pas contenté de dire que si Kora’h et son assemblée mouraient immédiatement, même de façon ordinaire, cela prouverait leur échec ? En effet, apparemment, si les insurgés étaient morts dès la fin du discours de Moché, cela aurait suffi à prouver qu’il avait raison ! On ne comprend donc pas pourquoi il a dit que si Kora’h et son assemblée subissaient une mort encore jamais vue, à savoir que la terre ouvre son sein et les engloutisse, ceci prouverait à tous que Moché est vérité et sa Torah est vérité.

En réalité, Moché a voulu offrir à Kora’h et à son assemblée une occasion de se repentir. Il a pensé qu’en mentionnant la terre, qui fait allusion à l’origine et à la fin de l’être humain, il pourrait éveiller en eux un élan de repentir, et ainsi les sauver de la punition. En effet, le terrible châtiment de « si la terre ouvre son sein » devait les sensibiliser au fait que « tu es poussière et tu retourneras à la poussière » (Béréchit 3, 19). S’il en est ainsi, à quoi bon s’enorgueillir alors que la vérité finira par être connue ?

C’est ce qu’a dit Rav Yossef ben Rabbi Yéhochoua ben Lévi (Pessa’him 50a) : « J’ai vu un monde à l’envers, avec les gens élevés en bas et les gens bas en haut. » Moché ne s’est pas contenté de dire que la mort immédiate de Kora’h et de son assemblée serait la preuve de sa piété parce qu’il voulait leur permettre de faire techouva, en mentionnant la terre, de laquelle l’homme a été créé et vers laquelle il est destiné à retourner.

Kora’h, qui était plein de jalousie et d’orgueil, a quitté ce monde à cause de ces mauvaises midot (cf. Avot 4, 21), car il n’a pas perçu la remontrance cachée de Moché, ne s’est donc pas repenti et a fini par être englouti par la terre. Ses fils, en revanche, qui n’étaient pas remplis d’orgueil comme leur père, ont compris l’allusion contenue dans les propos de Moché et ont effectué un repentir parfait.

A LA SOURCE

« Kora’h, fils d’Ytshar, forma un parti » (16, 1)

Dans son livre « ‘Hirga DeYoma », Rabbi Yéhochoua Maman trouve ici une allusion au fait que Kora’h a renié sa foi en la sainte Torah, puisque son nom figure onze fois dans cette paracha, ce qui signifierait qu’il a renié les cinq livres de la Torah écrite et les six sections de la Michna.

 « Moché, fort contristé, dit à Hachem : ‘‘N'accueille point leur hommage ! Je n’ai jamais pris à un seul d’entre eux son âne, je n’ai jamais fait de mal à un seul d’entre eux.’’ » (16, 15)

Ces deux éléments cités par Moché sont liés. Lorsqu’un dirigeant reçoit des cadeaux de ses sujets, il n’est pas surprenant qu’il ne les méprise pas et ne les humilie pas. En effet, il a besoin d’eux et craint de ne plus recevoir de cadeaux s’il ne les respecte pas. Quant à un dirigeant qui ne reçoit pas de cadeaux, c’est une louange de dire qu’il ne fait pas de mal aux autres, puisqu’il n’est pas dépendant d’eux. C’est pourquoi Moché souligne : « Je n’ai rien reçu d’eux, et malgré tout, je n’ai jamais fait de mal à un seul d’entre eux. »

A ce sujet, l’ouvrage « Cha’ar Sim’ha » rapporte une anecdote de la Guemara (Meguila 28a) : Rabbi Akiva a demandé à Ne’honia le Grand : « Par quel mérite as-tu vécu longtemps ? », et Ne’honia lui a répondu que de sa vie, il n’avait jamais reçu de cadeaux et ne s’était jamais montré rancunier.

Mais en fait, ces deux choses-là sont liées : s’il avait accepté les cadeaux, on aurait compris qu’il ne se montre pas rancunier. En effet, il est préférable de pardonner afin de plaire à l’autre et de recevoir des cadeaux. Mais ce n’était pas le cas : il n’était pas tributaire d’autrui, et malgré cela, il se montrait conciliant.

 « Tous les bnei Israël qui étaient autour d’eux s’enfuirent à leurs cris (lekolam), disant : ‘‘La terre pourrait bien nous engloutir !’’ » (16, 34)

Les bnei Israël qui étaient autour d’eux se sont apparemment enfuis « de leurs cris » – mikolam –, (de la peur et de la panique qui ont saisi ceux qui se faisaient engloutir, ou du tumulte de la terre), mais non « à leurs cris » – lekolam (littéralement « vers leurs cris »), comme il apparaît dans le verset.

Rabbi Moché Halberstam explique que la Torah nous montre ici la voie à suivre en cas de malheur : se rendre dans les synagogues et dans les maisons d’étude pour étudier la Torah et prier. En effet « la voix (hakol) est celle de Ya’akov », et tant qu’elle s’exprime, « les mains ne sont pas celles d’Essav ». Tel est le sens de « tout le peuple s’enfuit à leurs cris » : c’est-à-dire qu’ils ont suivi le conseil de « la voix est celle de Ya’akov ». C’est pourquoi il est écrit « à leurs cris » et non «  de leurs cris ».

Le livre « Bichvilei Haparacha » ajoute la notion suivante : nos Sages ont dit que celui qui a commis la faute de la médisance devra y remédier en étudiant la Torah. Puisque les bnei Israël avaient médit de Moché, « ils s’enfuirent à leurs cris » : en d’autres termes, ils sont allés étudier et accomplir le conseil de « la voix est celle de Ya’acov », car c’est la façon de réparer la faute de la médisance. Ils se sont enfuis pour étudier la Torah afin d’être sauvés de la faute de lachon hara.

La vie dans la paracha

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Séparez-vous de cette communauté, je veux l’anéantir à l’instant ! » (16, 21)

D’après moi, les paroles de D. ici constituent un remède pour la communauté d’Israël. En effet, s’Il n’avait pas dit « Séparez-vous de cette communauté » et que l’ange destructeur soit sorti, les tsaddikim n’étant pas concernés par le décret pesant sur les explorateurs auraient été sauvés, mais ceux qui étaient concernés par le décret des explorateurs auraient été exterminés. Hachem a donc voulu dire aux tsaddikim de se séparer de l’assemblée de Kora’h afin qu’aucun mal ne leur arrive. En réalité, ils n’étaient pas méritants, puisqu’ils avaient un peu pris part à la faute en ne protestant pas contre Kora’h, et en venant au contraire voir ce qui se passerait.

C’est pour cette raison que Hachem a ordonné à Moché et Aharon de séparer les tsaddikim, en les incitant à implorer la miséricorde divine pour eux. Par le mérite de Moché, D. lui a dit « Parle à la communauté et dis-lui : Ecartez-vous ». De la sorte, nous pouvons expliquer qu’en disant « Séparez-vous » à Moché et Aharon, Hachem est venu les inciter à prier. Mais il ne faut pas comprendre que Moché devait vraiment se séparer d’eux pour ne pas être inclus dans la faute de Kora’h.

LES CHEMINS DE LA FOI

Études sur la droiture dans les Midot

En ce Chabbat de la parachat Kora’h, les orateurs tentent de nous éveiller aux sujets actuels en soulignant à quel point il est important de rechercher la paix et de fuir les querelles et les différends. C’est également ce que nous allons faire dans nos colonnes : nous tirerons leçon des actes et comportements des grands d’Israël, qui fuyaient le moindre litige.

Lors d’un de ses voyages, le ‘Hida a été accompagné par un homme juif qui cherchait à profiter de la grande influence du gaon avec qui il se trouvait. Ceci risquant de mettre en péril la réussite de la mission du Rav, celui-ci refusa d’apporter son aide. En décrivant cet épisode dans ses notes, il écrit : « Quant à moi, je m’efforçais de lui échapper avec respect et de ne pas me disputer avec lui. J’en souffrais terriblement… »

Au cours d’un de ses déplacements, il était au bord de la querelle, et il a donc prié D. de le sauver. Voici ce qu’il écrit dans ses notes : « A l’heure de min’ha, je me suis rendu à la synagogue mécontent et furieux, et bouleversé, j’ai imploré le Créateur ‘‘Sauve-moi de la discorde !’’ »

Au début d’une de ses réponses (Responsa « ‘Haïm Chaal » 1, 36), il écrit : « Je vous prends à témoin aujourd’hui du fait que je ne veux pas m’occuper de ce jugement. Il convient qu’un homme comme moi fuie la discorde des gens belliqueux. »

En plus de sa fonction

Rabbi Mikhel Yéhouda Leifkovits a rapporté une anecdote qu’il avait entendue du gaon Rabbi Zevouloun Graz. Quand le Saba de Slobodka a fait appel à Rabbi Isser Zalman Meltzer pour diriger sa yéchiva, celui-ci a répondu qu’il n’acceptait le poste que si l’on nommait également son beau-frère le gaon Rabbi Moché Mordekhaï Epstein. Alors le Saba a nommé les deux pour le poste.

Quelque temps plus tard, le Saba a reçu une lettre du Ridvaz informant que l’on voulait fonder une yéchiva à Sloutzk. Il l’a montrée à Rabbi Isser Zalman et à Rabbi Moché Mordekhaï. Immédiatement, Rabbi Isser Zalman s’est engagé à aller à Sloutzk puisqu’il n’habitait pas loin de cette ville et qu’il ne venait de toute façon pas régulièrement à Slobodka. Ainsi, outre ses déplacements habituels à Slobodka, il s’est engagé à se rendre dans un nouvel endroit.

Ce que Ya’akov ne peut pas faire

Après le décès du ‘Hafets ‘Haïm, un différend a eu lieu à la yéchiva de Radin. Avec une immense douleur, le Roch yéchiva, le gaon Rabbi Moché Landinsky, s’est alors adressé aux jeunes étudiants en ces termes : « Où pensiez-vous que le mauvais penchant ferait naître une dispute ? Chez les gens simples ? Non ! Cela ne vaut pas la peine pour lui ! Ici, à la yéchiva, cela vaut la peine ! » Le Rav a rappelé aux élèves la question que le ‘Hafets ‘Haïm avait une fois posée lors d’un cours : « Ya’akov a demandé ‘‘Mon honneur, ne sois pas complice de leur alliance !’’. Autrement dit, il a demandé à ce que son nom ne soit pas mentionné dans la controverse de Kora’h et de son assemblée. Mais pourquoi n’a-t-il pas prié pour que la controverse elle-même n’ait pas lieu ? »

Rabbi Moché lui avait répondu qu’apparemment, même Ya’akov ne détient pas le pouvoir de faire en sorte qu’une controverse n’éclate pas, aussi a-t-il seulement prié pour que son nom n’y soit pas mentionné.

Satisfait de la réponse, le ‘Hafets ‘Haïm a dit qu’elle était exacte. (Bichvilei Radin, p.316)

Ne pas se disputer pour un kaddich

Lorsque la rabbanit Powarski est décédée, son mari le gaon Rabbi David s’est adressé à ses enfants en leur disant : « Vous devez à présent réciter le kaddich pendant onze mois. Vous risquez parfois d’être confrontés à d’autres personnes qui veulent officier ou souhaitant pouvoir réciter le kaddich, et cela risque d’engendrer une querelle. Je vous en supplie, cédez toujours !

Le plus grand mérite pour une âme est que la paix et la sérénité règnent parmi ses descendants, et non que nombreux soient ceux qui disent le kaddich pour elle ! » (Kria Bekyria, partie 2, p. 245)

A quoi bon se séparer ?

On raconte qu’une fois, l’Admour de Gour, Rabbi Avraham Mordekhaï, s’est rendu en Pologne pour s’entretenir avec l’un des grands en Torah au sujet de l’unité. L’Admour lui a dit : « C’est l’histoire d’un homme riche qui avait ses deux gendres à sa charge. L’un était habitué à manger des produits laitiers, et l’autre, de la viande. Chaque gendre mangeait donc séparément son repas. Par la suite, le beau-père a perdu tous ses biens et est devenu pauvre au point de ne plus pouvoir les nourrir, ni en lait, ni en viande.

En voyant ses gendres continuer à manger séparément, il leur a dit : ‘‘A l’époque où l’un mangeait des produits laitiers, et l’autre de la viande, vous étiez obligés de vous séparer. Mais maintenant que nous n’avons plus que du pain et de l’eau, pourquoi se séparer ?’’ »

Et l’Admour fait observer : « Dans les générations passées, les divergences d’opinions concernaient des sujets très élevés. Ainsi, chacun suivait son chemin selon sa compréhension. Mais de nos jours, le monde juif connaît un déclin spirituel et les différends touchent aux fondements du judaïsme. Nous sommes donc tous égaux, alors à quoi bon se séparer et se quereller ? »

 

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