pinhas 11 Juillet 2015 24 Tamouz 5775 |
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On apprend l’amour gratuit de Moché
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
« Hachem parla à Moché pour lui dire : Attaquez les Midianites et frappez-les » (Bemidbar 25, 16-17).
Le Saint, béni soit-Il ordonne à Moché de se lever pour lutter contre les Midianites, parce qu’ils avaient comploté contre les bnei Israël concernant Ba’al Peor et Kozbi fille de Tsour, la fille du prince de Midian. Moché entend la parole de Hachem et demande au peuple de se mobiliser afin d’accomplir cet ordre.
Mais les bnei Israël ne se dépêchent pas de lui obéir et essaient de se dérober à cette mission qui leur est impartie, c’est pourquoi Moché a dû les obliger par la force à se mobiliser, contre leur gré (Midrach Tan’houma Matot 3).
De plus, la Torah indique (Ibid. 31b) que Hachem a informé Moché qu’après la guerre avec les Midianim, avant l’entrée en Erets Israël, il allait mourir, et ne mériterait pas d’entrer en Terre promise. Or comme il savait qu’après la guerre de Midian il devrait mourir, il aurait pu retarder cette fin en ne rassemblant pas les bnei Israël pour les inciter de force à partir à la guerre, mais il aurait pu dire à Hachem que Son peuple refusait d’y aller, et ainsi il se serait dérobé, ce qui lui aurait permis de vivre sur terre un peu plus longtemps, or on sait qu’il n’y a rien que l’homme désire autant que la vie.
Dans un tout autre registre, je me souviens comment le roi du Maroc, étant très malade, a dépensé toute sa fortune chez les meilleurs médecins du monde, dans l’espoir qu’ils trouvent un remède à sa maladie et qu’il puisse vivre encore quelques années, mais sans succès. De même Moché, quand il a appris que le peuple d’Israël resterait dans le désert et ne rentrerait pas en Erets Israël s’il n’y avait pas la guerre avec les Midianites, aurait pu camper sur ses positions sans peser sur le peuple pour qu’il accepte de partir en guerre, ce qui lui aurait valu une autre période de vie.
Mais dans sa grande valeur, il savait que chaque jour où le peuple d’Israël se trouvait dans le désert, il affrontait des épreuves difficiles qui avaient le potentiel de le faire descendre du niveau spirituel où il se trouvait, au point qu’il risquait de ne plus pouvoir hériter du pays.
Moché, qui n’avait devant les yeux que le bien de la communauté, a donc totalement abandonné ses calculs personnels pour se consacrer entièrement au bien du peuple, dans l’espoir que les bnei Israël resteraient à leur niveau élevé et mériteraient la terre sainte, où il y a une providence particulière qui préserve l’esprit du judaïsme et lui insuffle sa vitalité. Il nous a noblement octroyé un message pour toutes les générations sur la nature de l’amour gratuit, qui consiste à délaisser son intérêt personnel en faveur de l’intérêt d’autrui. C’est uniquement de cette façon qu’on peut augmenter l’amour gratuit dans le monde.
Comme on le sait, le Temple a été détruit parce qu’il y avait chez le peuple de la haine gratuite (Yoma 9b). J’ai eu beaucoup de mal à comprendre la signification de l’expression « haine gratuite ». On connaît le concept d’« amour gratuit », qui signifie que quelqu’un aime son prochain et lui fait du bien même s’il n’en tire aucun bénéfice personnel, mais il m’est très difficile de concevoir quelle raison peut avoir une haine gratuite.
Apparemment, il semble que celui qui adopte cette attitude a une intelligence et une sensibilité dérisoires, puisqu’il n’y a aucun avantage à détester gratuitement.
Après réflexion, il semble que celui qui s’abstient de s’engager dans l’amour gratuit finit par en arriver à une haine ridicule. En effet, si l’on ne donne pas son cœur et sa pensée à l’amour pour l’autre et au bien qu’on peut lui faire, dès qu’on a l’impression qu’il ne se conduit pas bien avec vous, on ne va naturellement pas le juger favorablement, et de là on en arrivera à une haine abyssale envers lui, même si cela ne repose sur rien de concret.
On peut aussi l’expliquer d’après ce que dit Bilam (Bemidbar 24, 5) : « Qu’elles sont belles tes tentes, Ya'akov, tes demeures, Israël. » Quand Bilam a constaté que les ouvertures des tentes des bnei Israël n’étaient pas placées les unes en face des autres, il en a immédiatement conclu que là était le secret du peuple élu, éclairé par la pudeur (voir Baba Batra 60a). Or la nature du monde est telle que lorsqu’on sait ce qui se passe chez le voisin, on le jalouse immédiatement et on le voit d’un mauvais œil, bien qu’il soit possible qu’on ait soi-même des biens plus nombreux et des conditions de vie meilleures. Mais comme le monde a l’habitude de trouver que l’herbe est plus verte et plus belle chez le voisin, il suffit de regarder un peu ce qui se passe chez lui pour que cela provoque une jalousie qui conduit en fin de compte à la haine gratuite, alors qu’il n’y a en réalité aucune raison à cette haine.
La voie de l’amour gratuit sans aucune limite, c’est de Moché, le dirigeant et le sauveur d’Israël, que nous l’apprenons, lui qui a sacrifié son bien personnel pour celui de toute la communauté. Il avait certainement envie de continuer à vivre à ce moment-là, mais il s’est pourtant efforcé de mobiliser le peuple pour la guerre contre les Midianites afin de le faire mériter de rentrer en Erets Israël rapidement et sans délais inutiles.
De même, on peut ajouter que Moché savait que s’il rentrait en Erets Israël, le Saint, béni soit-Il ne détruirait pas le Temple, parce qu’il suffisait d’une seule prière de Moché pour qu’il se trouve érigé à jamais. Et il savait aussi que si le Saint, béni soit-Il ne retournait pas Sa colère contre le bois et les pierres, elle finirait par s’abattre sur les bnei Israël pécheurs et à les tuer dans une épidémie (voir Eikha Rabba 4, 14). Comme il avait pitié du peuple d’Israël, dont la vie lui était chère, il a préféré partir en guerre contre Midian sans tarder et mourir immédiatement ensuite au seuil de l’entrée en Erets Israël. Tout cela, comme nous l’avons dit, provenait de son amour sans compromis ni limites pour le peuple dont il était le berger.
SUR LA PENTE ASCENDANTE
La preuve par l’araignée
En 5760 s’est présenté à moi un orthodoxe accompagné de son fils, qui avait malheureusement mal tourné. Il s’était tellement éloigné du judaïsme qu’il voulait épouser une non-juive.
Certes, ce fils avait été élevé depuis son enfance dans la Torah, et il avait même étudié dans une yéchiva, mais de mauvaises gens l’avaient influencé et lui avaient fait totalement quitter la bonne voie.
Le père a mis longtemps pour convaincre son fils de venir me rencontrer, et pendant tout ce temps-là il me parlait de son fils et de tout ce qu’il faisait, en demandant mon aide. En fin de compte, après une longue période pendant laquelle son père tentait de le convaincre, le fils a accepté de me rencontrer. Dans notre rencontre, j’ai essayé de parler à son cœur et de le renforcer dans la foi, mais tout ce que je disais tombait sur des oreilles bouchées. Non seulement le garçon n’acceptait rien, mais il s’est même moqué de tout ce que je lui disais.
Dans une dernière tentative de le réveiller, je lui ai demandé : « Est-ce que tu crois qu’il y a un Créateur du monde ? »
« Non, je ne le crois pas », a-t-il répondu, et il a ajouté : « Au contraire, prouvez-moi qu’il y a un Créateur du monde. »
J’ai un peu réfléchi et ensuite je lui ai demandé :
« Est-ce qu’il y a une créature au monde dont tu as peur ? »
« Oui, a répondu le garçon, j’ai peur des araignées. »
« Dans ce cas, sache que l’araignée aussi, dont tu as peur, est sous la providence céleste, et quand tu en rencontres une et qu’elle te fait peur – cela n’arrive pas par hasard, mais d’en haut on provoque cette rencontre quand tu te conduis mal. Le Saint, béni soit-Il a placé dans Sa création la domination de l’homme sur les animaux et le fait qu’il ne les craint pas, mais quand l’homme faute et fait le mal aux yeux de D., les animaux ont le pouvoir de le dominer, et il ressent devant eux de la crainte. »
Le garçon écouta, et dit à nouveau : « Prouvez-moi tout cela. »
La preuve n’a pas tardé à venir. Nous étions encore en train de parler que tout à coup, une araignée apparut dans la pièce. A toute vitesse, elle grimpa sur la table et se plaça devant lui.
Quand il vit l’araignée en face de lui, il fut terrifié, il pâlit, et une peur terrible l’envahit. Moi aussi, j’étais stupéfié. Je ne réussissais pas à comprendre d’où cette araignée était apparue tout à coup ! Surtout que cela se passait en hiver, il faisait froid, et on ne trouvait presque pas ce genre de bestioles. D’ailleurs, comment l’araignée avait-elle su apparaître exactement au bon moment, au bon endroit, et devant la bonne personne ?
Le garçon, effrayé, se mit à marcher à reculons par peur de l’araignée, mais à chaque pas qu’il faisait en arrière, elle le faisait en avant vers lui.
Quand je m’en suis aperçu, j’ai dit au garçon : « Est-ce que cette preuve est suffisante pour te montrer la réalité de D. dans le monde ? Avant ton arrivée, je ne savais pas du tout que tu avais peur des araignées, et tu vois bien que ce n’est pas moi qui l’ai fait venir à notre rencontre. »
Le garçon s’est tu et j’ai continué à lui parler :
« Regarde l’araignée et vois comment elle suit chacun de tes mouvements, alors que moi, je ne l’intéresse pas du tout ! Sans aucun doute, cette araignée est une preuve excellente de l’existence de D. dans le monde, et du fait qu’Il dirige le monde à chaque instant, puisqu’Il a envoyé une araignée spécialement pour toi, c’est pourquoi c’est justement toi qu’elle suit. »
Le garçon, qui avait reconnu la preuve claire qui lui avait été envoyée du ciel de l’existence de D. sous la forme d’une araignée menaçante, comprit que Hachem voulait l’éveiller au repentir, et il prit immédiatement sur lui de faire une techouva totale.
Par la suite, il devint un juif pieux et droit.
Plus tard, je me suis dit qu’il était possible que le Saint, béni soit-Il ait créé cette araignée uniquement pour pousser ce garçon-là à la techouva, car en vérité, il est difficile de croire qu’une araignée soit apparue dans la pièce par hasard exactement au moment où il me demandait une preuve de l’existence du Créateur du monde. Par conséquent, on peut comprendre qu’elle ait été créée par la providence individuelle dans le but précis de pousser le garçon au repentir.
HOMMES DE FOI
Histoires des justes de la famille Pinto
La famille Serraf d’Agadir respectait et vénérait le tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège. Ses membres ne perdaient pas une occasion de participer à la hilloula annuelle qui a lieu à Mogador, en offrant et en apportant eux-mêmes toutes sortes de rafraîchissements et de gâteaux en l’honneur de la hilloula, réjouissant ainsi tout le public rassemblé en l’honneur du tsaddik.
Il y a quelques années, ils ne pouvaient pas participer à la hilloula comme à leur habitude tous les ans, parce que leur petite fille avait joué avec une pièce de monnaie, et au cours du jeu, alors qu’elle avait la pièce dans la bouche, elle l’avait avalée.
Les radios de la petite fille montraient clairement que la pièce était coincée dans les poumons, si bien qu’il fallait aller en France de toute urgence pour l’opérer afin de l’extirper. Avant le voyage, la famille téléphona à notre maître chelita pour demander la permission du Rav de partir à Paris avec l’enfant sans participer à la hilloula.
Notre maître prescrit à la famille qu’ils demandent aux médecins de faire une autre radio, et si la pièce n’avait pas bougé, de partir pour la France, mais si elle se trouvait ailleurs, de venir à la hilloula.
On fit effectivement une autre radio, comme il l’avait préconisé, et voilà que la pièce avait disparu ! Les poumons étaient totalement propres ! Ils ne racontèrent à personne le résultat de la radio, et partirent immédiatement pour Mogador afin d’arriver à temps pour participer à la hilloula.
Ils y arrivèrent tôt le matin, et se mirent à chanter et à louer D. de toutes les façons possibles sur l’emplacement de la tombe, pour le remercier du grand miracle qui avait été fait à leur petite fille.
Tous ceux qui étaient venus à la hilloula entendirent encore et encore l’histoire du miracle qui était arrivé à cette famille, par le mérite de leur désir de participer à la hilloula du tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto. La grande surprise qui s’était produite à ce moment-là ne pouvait pas laisser le moindre doute quant à celui grâce au mérite duquel le miracle avait eu lieu.
Sur la tombe de Rabbi ‘Haïm Pinto fut déposée une pièce d’argent semblable à celle avec laquelle l’enfant avait joué et qu’elle avait avalée.
LA HAPHTARA DE LA SEMAINE
« La main de Hachem s’est posée sur Eliahou » (I Melakhim, 18, 46)
Le rapport avec la paracha : La haphtara raconte le zèle du prophète Eliahou envers D., ce qui rappelle la paracha, où il est question de Pin’has, qui a manifesté son zèle envers D., expiant ainsi la faute des bnei Israël et arrêtant l’épidémie.
« Il alla s’asseoir sous un genêt » (19, 4)
On peut expliquer que cela signifie que Hachem a fait venir pour lui ce genêt, en allusion au fait que le dirigeant d’Israël doit être de nature à avoir un feu intérieur brûlant de zèle envers Hachem, mais qu’à l’extérieur il doit se comporter avec miséricorde.
Comme il est dit dans le Talmud de Jérusalem (Péa 1, 1), la braise de genêt brûle à l’intérieur mais la plante reste froide à l’extérieur. Ainsi, le dirigeant d’Israël doit extérieurement être bon envers tout homme, mais intérieurement brûler de zèle pour Hachem.
(« Peta’h HaCha’ar »)
« Il dit : j’ai fait éclater mon zèle pour Toi, D. des armées, parce que les bnei Israël ont abandonné Ton alliance, ils ont détruit Tes autels et tué Tes prophètes par l’épée, et je suis resté seul, et ils cherchent aussi à me prendre la vie. » (19, 10)
A l’époque où la royauté d’Ephraïm empêchait la circoncision, le prophète Eliahou s’est levé avec un grand zèle parce que les bnei Israël avaient abandonné l’alliance de D. Le Saint, béni soit-Il lui a dit : « Par ta vie, les bnei Israël ne feront pas de circoncision sans que tu le voies de tes propres yeux. »
Comme D. avait dit à Eliahou qu’il serait présent à toutes les circoncisions, celui-ci a répliqué : « Tu sais que je suis animé de zèle pour Ton Nom. Or si celui qui fait la circoncision est un pécheur, je ne pourrai pas supporter de me trouver en sa présence ! »
Hachem lui a donc promis que dans Sa miséricorde, Il pardonnerait ses fautes à celui qui ferait la circoncision.
Eliahou a continué à demander : « Il se peut que le mohel soit un pécheur, et je ne pourrai pas supporter sa présence ! »
Hachem lui a promis que dans Sa miséricorde, Il pardonnerait toutes ses fautes.
Eliahou a encore continué à demander : « Il se peut que parmi les invités il y ait plusieurs pécheurs, et je ne pourrai pas supporter leur présence ! »
Hachem dans Sa grande miséricorde a promis à Eliahou de pardonner tous ceux qui participent à la mitsva de la circoncision !
(« Ta’amei HaMinhaguim »)
GARDE TA LANGUE
Quand raconter
Quand deux personnes voient quelqu’un qui commet une faute, et qu’il s’agit de quelqu’un qui ne supporte pas les réprimandes et qui risque facilement de commettre une autre faute, elles ont le droit de le dire aux dayanim de la ville ou aux proches du fauteur pour qu’ils le punissent et l’éloignent de cette faute, mais il leur est interdit de le raconter à d’autres personnes.
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
Tout finit par payer
La Torah nous informe (Bemidbar 15, 32-36) que Tslophe’had fils de ‘Hefer est mort par lapidation parce qu’il était sorti en plein Chabbat pour ramasser du bois, et comme cet acte était une profanation du Chabbat, le tribunal l’a fait lapider afin que tous en tirent la leçon.
Tslophe’had avait cinq filles qui étaient en âge de se marier, mais elles ne s’étaient pas encore mariées parce que personne ne voulait épouser les filles d’un pécheur. Bien qu’elles aient été d’une certaine façon mises à l’écart, elles se taisaient pourtant.
Or voici qu’à propos de la répartition du pays, tout à coup on entend leur voix lorsqu’elles viennent trouver Moché pour demander d’avoir elles aussi une part en Israël, leur père étant mort sans laisser de fils derrière lui, et elles n’étant pas non plus encore mariées.
Moché ne sait que leur répondre, car la Torah n’a pas encore traité d’un cas de ce genre, et lorsqu’il présente leur requête à D., Il lui répond (Bemidbar 27, 7) : « Les filles de Tslophe’had ont raison, tu leur accorderas un droit d’hérédité parmi les frères de leur père, et tu leur transmettras l’héritage de leur père. »
Et les filles de Tslophe’had ont mérité qu’une halakha soit donnée grâce à elles (Sanhédrin 8a), à savoir que les filles ont aussi le droit de recevoir l’héritage de leur père dans le cas où il est mort sans avoir de fils.
Il faut réfléchir à la raison pour laquelle elles ont mérité le grand honneur qu’une halakha soit donnée grâce à elles, d’autant plus que les bnei Israël avaient vu que le Saint, béni soit-Il était entièrement d’accord avec leur requête. Alors on a cessé de les mettre à l’écart, elles se sont mariées et ont pu fonder un foyer.
L’explication en est qu’en demandant un héritage en terre d’Israël, les filles de Tslophe’had ont dévié de leur coutume habituelle de se faire petites et discrètes, comme le conseille le verset de Téhilim (45, 14) « L’honneur d’une fille de roi est à l’intérieur », c’est pourquoi si elles ont effectivement eu le courage de se conduire contrairement à leur habitude et de se présenter devant Moché, cela signifie que leur héritage en Terre sainte leur était cher et important au point de justifier ce changement. Et comme tout finit par payer, elles ont mérité qu’en récompense, le Saint, béni soit-Il soit d’accord avec elles, et ainsi les bnei Israël ont voulu se marier avec elles. Comme nous l’ont enseigné les Sages (voir Erouvin 13b) : quiconque fuit les honneurs et la publicité, ce sont les honneurs qui le poursuivront.
J’ai également pensé ajouter que la Torah n’est acquise que par celui qui se fait petit à cause d’elle (Derekh Erets Zouta 8), c’est pourquoi les filles de Tslophe’had ont mérité qu’une halakha soit donnée grâce à elles.
A LA SOURCE
« Pin’has fils d’Eliezer fils d’Aharon le cohen a détourné Ma colère des bnei Israël » (25, 11).
Rabbi Moché de Coucy fait remarquer que le début de la parachat Pin’has n’est que la suite de l’histoire racontée à la fin de la paracha précédente, alors pourquoi l’histoire de l’acte de Pin’has fils d’Elazar, rapportée dans la parachat Balak, est-elle séparée de l’histoire de la récompense de cet acte de zèle, qui figure dans la parachat Pin’has ?
Il répond que cette séparation vient nous enseigner une belle leçon, valable en tous temps et en tous lieux :
Il ne convient pas de donner un salaire pour un acte de zèle avant d’avoir bien vérifié qu’il a bien été accompli du début à la fin pour l’amour du ciel, sans aucun intérêt personnel, comme c’était certainement le cas chez Pin’has fils d’Elazar.
C’est cela la raison de la séparation entre les deux parachiot.
« Prends pour toi Yéhochoua fils de Noun, un homme en qui est l’esprit, et impose-lui les mains » (27, 18).
Nous avons déjà vu les aspirations de Yéhochoua fils de Noun dans la parachat Michpatim (Chemot 24, 13) : « Moché partit avec son serviteur Yéhochoua et il monta sur la montagne de D. » Rachi explique que pendant les quarante jours que Moché a passés sur le mont Sinaï, Yéhochoua l’a attendu et a planté sa tente à côté de la montagne. Il aurait pu attendre le dernier des quarante jours, au moment où Moché devait redescendre de la montagne, mais il a attendu à côté dès le début des quarante jours.
Rabbi ‘Haïm Shmuelewitz souligne que la raison en est que Yéhochoua craignait de perdre un seul instant à partir du moment où Moché serait descendu, et alors il ne pourrait pas recevoir la Torah avec la grande lumière qui lui avait été donnée du Ciel, c’est pourquoi il a quitté le camp pendant quarante jours, pour ces quelques instants.
Et c’est la raison pour laquelle maintenant le Saint, béni soit-Il l’a choisi pour être le dirigeant d’Israël : c’était un « homme en qui est l’esprit », et il était prêt à recevoir « la lumière de la face du Roi vivant », selon l’expression de Sforno.
Quelqu’un qui manifeste une telle disposition pour servir D. est celui qui est digne de diriger le peuple d’Israël.
« La terre ouvrit sa bouche et les avala avec Kora’h » (26, 10).
Les Sages ont dit dans la Guemara (Baba Batra 74a) qu’à tous les Roch ‘Hodech, ceux qui ont été avalés par la terre reviennent et sont jugés de nouveau.
Pourquoi cela arrive-t-il justement à Roch ‘Hodech ?
Rabbi Moché Halberstam a donné une explication qu’il estime refléter la même opinion que celle du Admor de Satmar chelita. La sanctification du mois a été donnée aux sages d’Israël, or Kora’h et sa bande ont contesté les sages d’Israël. Ceux-ci étaient désignés sous le nom de « les appelés de la communauté, des personnages notables », et les Sages expliquent que « les appelés de la communauté » signifie qu’ils savaient rendre les années embolismiques et déclarer le début du mois. Or Kora’h et ses partisans se sont opposés à Moché, c’est pourquoi ils ont été punis à chaque Roch ‘Hodech, ce qui est une allusion au fait qu’ils se sont révoltés contre les sages d’Israël.
Autre explication : Roch ‘Hodech traite du fait que la lune s’est plainte sur le soleil de ce que « deux rois ne peuvent pas utiliser une seule couronne », et le Saint, béni soit-Il lui a dit : « Va te rapetisser ! »
Or Kora’h aurait dû apprendre de là à ne pas s’opposer à Moché. Lui et ses partisans auraient dû tirer la leçon de la lune, et ils ne l’ont pas fait.
LA VIE DANS LA PARACHA
A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar
« Le nom de l’Israélite » (25, 14)
Il y a une difficulté, car de deux choses l’une. Si Hachem voulait révéler qui étaient ceux qui avaient été frappés, Il aurait dû les évoquer sur le moment même, lorsqu’il est dit : « Et voici qu’un homme des bnei Israël », c’était là le lieu de dire que c’était Zimri. Il en va de même pour le nom de la Midianite, qui aurait dû être évoqué ce moment-là. Si la Torah n’a pas révélé leur nom, de même qu’elle n’a pas révélé le nom de l’homme qui avait ramassé du bois le Chabbat, pourquoi l’a-t-elle fait ensuite, ce qui a obligé à utiliser des mots supplémentaires, car s’ils avaient été cités plus haut, il n’aurait pas été nécessaire de répéter « le nom de l’homme » et « le nom de la femme », etc.
D. ne désire pas provoquer du mépris même envers les impies en divulguant qui a commis des choses répréhensibles, ce qui est prouvé par l’épisode de celui qui avait ramassé du bois le Chabbat.
De notre passage, on voit également qu’Il n’a pas révélé leur nom au moment de l’acte, mais justement ensuite, après avoir fait l’éloge de Pin’has qui avait agi positivement par zèle envers Hachem et avait racheté les bnei Israël. A ce moment-là, il est dit qu’il ne s’en était pas pris à un homme inférieur mais à une grande personnalité, un prince et chef de tribu, avec une femme qui était à la tête de l’impureté et dont le père était roi, ainsi qu’il est dit « chef des peuplades d'une famille paternelle », et qui s’était rendue répugnante par une mort méprisable aux yeux de tous.
Dans tous les cas de ce genre, le Nom de D. est sanctifié. C’est pourquoi le verset n’a pas manqué de dire que c’était une fille de roi, et bien qu’il y ait en cela quelque chose de méprisable pour l’Israélite, Il n’a pas détourné les yeux du tsaddik, comme dans le verset (Michlei 17) : « L’évocation du tsaddik est une bénédiction », bien que cela entraîne que le nom des impies soit honni.
LES CHEMINS DE LA FOI
Etudes sur la droiture dans les midot
Le Ramak écrit dans son livre « Tomer Devora » que tous les bnei Israël sont « en famille » les uns avec les autres, parce que leurs âmes sont toutes incluses les unes dans les autres. C’est pourquoi il convient de désirer le bien du prochain, d’aimer le voir prospérer et de chérir son honneur comme le sien propre, puisque c’est effectivement le cas. C’est pour cette raison que nous avons reçu la mitsva d’aimer le prochain comme nous-mêmes, et il convient de vouloir son bien, de ne dire aucun mal de lui et de ne rien désirer qui soit mauvais pour lui.
Nous venons de rentrer dans la période de « bein hametsarim », alors que nous nous trouvons en exil parce que la gloire de notre Temple nous a été ravie. Combien il est nécessaire de regarder ce qu’écrit le Pelé Yoets : « Tant que nous ne nous purifions pas de cette faute envers l’amour du prochain, il nous est impossible d’être délivrés. Le Saint, béni soit-Il a dit : Vous M’avez poussé par la haine gratuite à détruire Ma demeure et J’ai brûlé mon palais, recherchez la paix et vous serez délivrés, ainsi qu’il est dit : « Recherchez la paix de Jérusalem. » »
Le ‘Hafets ‘Haïm a parfaitement défini cette notion. Il est très probable que notre époque est celle de « ikveta dimechi’ha », le prélude à l’arrivée du Machia’h, où il conviendrait que chacun se renforce dans la Torah et les bonnes actions et que la paix augmente parmi les bnei Israël afin de faire pencher le plateau de la balance. Comment un juif ne tremblerait-il pas de voir que c’est justement à cette époque que le Satan réussit à multiplier les querelles et les dissensions dans plusieurs villes juives, et de cette façon le Nom de D. se trouve considérablement profané. Combien est grand le devoir de quiconque a la possibilité de faire des reproches de ne pas s’abstenir tout au moins d’imprimer des écrits défavorables l’un contre l’autre, car c’est une faute très grave. C’est pourquoi, mes frères et mes amis, ayez pitié de vous-mêmes et de la communauté d’Israël afin que Son grand Nom ne se trouve plus profané et efforcez-vous d’augmenter la paix là où vous vous trouvez. Par ce mérite, nous pourrons entendre la voix qui annonce la paix dans le monde.
Juste comme ça, gratuitement !
De même qu’il faut se renforcer dans « l’amour gratuit », il faut s’écarter de la « haine gratuite ». Beaucoup de gens pensent que la haine gratuite consiste à détester quelqu’un gratuitement, juste comme ça, sans raison valable, c’est-à-dire que lorsqu’on vous demande pourquoi vous détestez Untel, vous répondez : Croyez-moi, il ne m’a rien fait, et je ne comprends pas moi-même pourquoi il ne me plaît pas et pourquoi je le déteste.
La définition de la haine gratuite à cause de laquelle nous nous trouvons en exil depuis presque deux mille ans est que même si notre ami nous a fait du mal et nous a blessés dans notre argent ou notre honneur, les Sages appellent tout de même cela de la haine « gratuite », parce que ce n’est pas du tout une raison suffisante pour détester un juif et lui vouloir du mal à cause de ce qu’il nous a fait. La Torah ne permet de détester quelqu’un que lorsqu’il s’agit d’un mauvais qui irrite Hachem, d’un impie qui connaît Hachem et fait tout de même le mal, ce qui n’est pas le cas dans notre génération, où même ceux qui sont loin ont le statut de « tinokim chenichbou », d’enfants qui ont grandi sans même savoir qu’ils étaient juifs, et il est interdit de les détester. Comme l’a dit le roi David, « Je hais ceux qui Te haïssent, Hachem », c’est-à-dire ceux qui font détester Hachem et provoquent des fautes de la part de la communauté. Mais quelqu’un qui n’a pas encore perfectionné son caractère et commet des erreurs, la haine envers lui s’appelle « gratuite », car il ne mérite pas qu’on le déteste à cause de cela.
C’est ce qui est exigé de chacun d’entre nous, même lorsque la haine monte des profondeurs du cœur : nous devons faire intervenir la logique de notre cerveau et ne pas permettre aux sentiments de dominer nos actes.
Un jour, on a demandé au Maguid de Jérusalem Rabbi Chalom Schwadron zatsal, qui dans ses sermons allumait d’une voix tonitruante le renforcement de l’amour gratuit, comment il est possible de se maîtriser devant un acte dur, ou un sentiment de mépris que l’on reçoit de quelqu’un d’autre, jusqu’à désirer l’aimer au lieu de le haïr.
Le Maguid a répondu par un conseil judicieux qui avait fait les preuves de son utilité chez beaucoup de gens : « A chaque fois que tu rencontres un acte de ce genre, attends un moment, et ensuite seulement donne ta réponse. Si tu fais cela, je peux te promettre que le temps fera son œuvre et modifiera tes sentiments en accord avec la volonté de la Torah, pour augmenter l’amour du prochain entre les hommes. »