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paracha de la semaine

Parachat Lekh Lekha

24 Octobre 2015

11 Hechvane 5776

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

Allumage

Fin

 

Paris

18:28

19:33

 

Lyon

18:23

19:26

 

Marseille

18:25

19:26

 
 

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Observer les règles de la pudeur

 (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

 « Il dit à sa femme Sarah : voici que je sais que tu es une belle femme » (Béréchit 12, 11).

Rachi écrit au nom du Midrach : « Jusqu’à présent, il ne s’en était pas aperçu à cause de leur pudeur à tous les deux », ce qui vient souligner que Sarah aussi était d’accord et participait à cette pudeur. Cela nous enseigne jusqu’où peut aller la sainteté et quelles sont les règles de la pudeur. En effet, Avraham et Sarah étaient d’accord entre eux pour qu’Avraham ne connaisse pas son aspect physique.

La Guemara rapporte (Erouvin 53b) qu’une fois, Rabbi Yossi HaGuelili se trouvait à une croisée de chemins, et il a demandé à Brouria, la femme de Rabbi Méïr, quel était la route de Lod ; elle lui a répondu qu’il était stupide, parce que les Sages ont dit : « Ne parle pas trop avec la femme » (Avot ch. 1 michna 5), et qu’il avait trop parlé : il aurait dû dire uniquement : « où pour Lod », et elle aurait compris ce qu’il désirait. C’est effrayant d’entendre cette remontrance de Brouria, femme de Rabbi Méïr, à Rabbi Yossi HaGuelili, car celui-ci n’avait certainement pas de mauvaises intentions quand il a demandé son chemin par une phrase un peu plus longue, et pourtant elle l’a réprimandé. En fin de compte, ce sont les règles de la pudeur, de dire le moins de choses possible à une femme.

Le petit-fils du Rav Shakh zatsal m’a raconté que lorsqu’il avait rencontré sa future épouse avant qu’ils soient fiancés, il avait parlé avec elle pendant trois heures, à la suite de quoi il était allé chez son grand-père pour lui raconter la rencontre. Le Rav lui avait demandé où il était jusqu’à présent, et il avait répondu qu’il avait parlé avec sa future épouse. Le Rav Shakh n’était pas content et lui avait dit que pour cette rencontre, une heure aurait suffi, que c’était une perte de temps pour rien. J’ai pensé que le Rav Shakh voulait sans doute dire que pour savoir que c’est l’épouse qui lui est destinée du Ciel, il suffisait d’une heure, et que lorsqu’on parle plus longtemps, on porte atteinte aux règles de la pudeur.

On raconte que le Saint, béni soit-Il avait fait des compliments de Rabbi Mattia ben ‘Herech devant le Satan. Celui-ci avait répondu que s’Il ne l’aidait pas, il pourrait tomber dans la faute. Hachem lui avait donné la permission de le tenter, mais sans s’en prendre à sa vie. Le Satan était donc venu au beit hamidrach sous la forme d’une femme au moment où Rabbi Mattia étudiait avec ses élèves. (De même que l’ange de la mort ne se révèle qu’à ceux dont il vient prendre la vie, le Satan n’a été vu que par Rabbi Mattia qu’il venait mettre à l’épreuve, mais pas par ses élèves.) Rabbi Mattia s’est tourné d’un autre côté, et le Satan s’est également tourné vers lui pour attirer son regard. Rabbi Mattia a tout de suite demandé à ses élèves deux tisons de feu. On les lui a apportés et il les a plantés dans ses yeux, se rendant ainsi aveugle, pour ne pas tomber dans la faute de regarder quelque chose d’interdit. L’ange Raphaël est venu le guérir et il a refusé, parce qu’il craignait de retomber dans la même faute, jusqu’à ce que l’ange lui promette qu’il n’y tomberait plus jamais (Yalkout Chimoni Béréchit, 161).

C’est difficile. Comment Rabbi Mattia a-t-il été vainqueur du Satan, alors que les Sages ont dit (Kidouchin 30b) : « Si le Saint, béni soit-Il ne l’aidait pas, il ne pourrait pas le vaincre » (le mauvais penchant) ? Comme Hachem l’avait livré au Satan sans l’aider, comment a-t-il pu être victorieux ? Il me semble qu’il observait les règles de la pudeur sans aucun compromis, c’est pourquoi il a été vainqueur. En effet, celui qui veille à améliorer sans cesse ses midot, le yetser hara ne peut rien contre lui, c’est seulement celui qui est faible dans ses midot et dans son désir de les améliorer qui a besoin de l’aide du Ciel, et dans ce cas « celui qui veut se purifier, on l’aide. »

On trouve aussi que Kim’hit a mérité que ses sept fils soient cohanim guedolim, parce que « jamais les poutres de sa maison n’ont vu les cheveux de sa tête » (Yoma 47a). C’est une sévérité qu’elle avait pris sur elle, et parce qu’elle avait sanctifié son corps même dans ce qui était permis, il a été sanctifié et tout ce qui en sortait était sacré. Les Sages ont dit qu’il est interdit de regarder même le petit doigt d’une femme (Berakhot 24a), et le Ramban a écrit sur le verset « Soyez saints » (Vayikra 19, 2) : « Sanctifie-toi dans ce qui t’est permis », c’est-à-dire qu’il faut raccourcir même une conversation permise avec une femme.

Et pour mériter la sainteté de la pudeur, il faut la foi, comme par exemple chez Kim’hit, qui n’a jamais dévoilé les cheveux de sa tête devant les poutres de sa maison, parce qu’elle croyait que Hachem se trouve partout, et qu’elle craignait de se montrer devant Lui dans un état impropre. Celui qui croit que la réalité de Hachem est en tout lieu, c’est une preuve qu’il est relié à Lui en permanence par ses prières.

J’ai entendu un jour que le ‘Hatam Sofer, étant malade, avait demandé à son fils, le Ketav Sofer, de donner le cours à sa place. Après le cours, les élèves sont venus lui dire que le fils était meilleur que le père, et lui ont demandé comment il avait mérité cela. Il leur a répondu : « Combien de larmes j’ai versées en prière pour mériter des fils talmidei ‘hakhamim ! » Et il est certain que la force de la pudeur qui régnait dans son foyer lui a fait mériter un fils tsaddik qui s’est avéré meilleur que son père. Il est évident que le ‘Hatam Sofer avait foi en Hachem qu’Il lui donnerait une descendance de tsaddikim observant la Torah et les mitsvot, et il a multiplié les prières et les larmes pour mériter ces tsaddikim, sur lesquels le monde repose.

Dès qu’on cherche à éviter les conduites indécentes et à se sanctifier dans ce qui est permis, le mauvais penchant essaie de déranger au début, mais par le mérite de la foi et des prières, Hachem aide immédiatement l’homme à se renforcer dans Ses voies avec encore plus de fermeté.

C’est ce que signifient les paroles des Sages : « Si Hachem ne l’aidait pas, il ne pourrait rien contre le mauvais penchant », parce que dès qu’il sait qu’il a besoin de l’aide de Hachem et croit en lui, immédiatement le mérite de cette foi le soutient et lui est compté comme une qualité, ainsi qu’il est dit à propos d’Avraham : « Il crut en Hachem et cela lui a été considéré comme une tsedaka » (Béréchit 15, 6), or comme on le sait, la tsedaka protège de la mort.

HOMMES DE FOI

Histoires des justes de la famille Pinto

La fille du tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto le grand, que son mérite nous protège, Mme Bibei’h, avait épousé Rabbi ‘Haïm Efergan zatsal, qui était dayan dans sa ville. Ils ont eu deux enfants, un fils du nom de Rabbi Méïr, et une fille du nom de Tani.

C’est la fille de cette dernière, Mme Mira Moyal, qui a parlé de la Rabbanit Tani. Quand elle sortait de chez elle, toute la rue se vidait complètement à cause de sa sainteté, car tous les hommes et toutes les femme craignaient littéralement de la regarder, tant son visage brillait d’une lumière semblable à l’éclat du ciel.

Madame Moyal a encore raconté que dans sa jeunesse, elle avait attrapé une terrible maladie très dangereuse, au point qu’elle en était vraiment à l’agonie. Les médecins lui avaient aussi annoncé que ce jour-là elle allait mourir. La rabbanit Tani, mère de la malade, avait couru au cimetière, pour prier sur la tombe du saint grand-père Rabbi ‘Haïm Pinto et supplier le tsaddik d’intercéder pour sa fille Mira bat Tani afin qu’elle ait une guérison totale.

Quand elle était arrivée sur la tombe, elle avait immédiatement vu sous ses yeux tous ses saints ancêtres qui avaient déjà quitté ce monde. Tout à coup, elle avait vu le grand aïeul Rabbi ‘Haïm Pinto qui lui disait : « Aujourd’hui il y a eu un décret de mort contre ta fille Mira. »

La rabbanit Tani, sa petite-fille, lui avait dit : « C’est impossible. »

Rabbi ‘Haïm avait repris : « Un lourd décret a été pris, il n’y a rien à faire. »

Sa petite-fille avait dit de nouveau : « Grand-père, est-ce qu’il n’y a vraiment rien à faire ? »

Rabbi ‘Haïm avait répondu par une question :

« Peut-être que toi tu as quelque chose à proposer ? » « Oui ! », avait répondu la rabbanit Tani : ma fille a beaucoup d’argent et d’or qu’elle a amassé en vue de son mariage. Je demande que tout cet or disparaisse et qu’en échange elle vive. » Rabbi ‘Haïm avait acquiescé.

Et c’est effectivement ce qui était arrivé. Dès ce jour-là, tout l’or qu’il y avait chez Mme Moyal avait disparu, et le même jour, Madame Moyal avait guéri.

Le soir, le médecin était arrivé chez elle pour voir si elle était déjà morte, comme il l’avait prédit, mais quelle n’avait pas été sa stupéfaction de constater qu’elle était bien vivante et en bonne santé !

Quand Mme Mira a grandi, elle a épousé quelqu’un d’important, un homme pieux, du nom d’Avraham Moyal.

SUR LA PENTE ASCENDANTE

La bénédiction du Tsaddik porte ses fruits

Une certaine année, mon père se trouvait chez le Rav Knafo au Maroc, et je l’accompagnais dans cette visite. Alors que nous étions sur place, la belle-fille d’un dignitaire important de la maison royale du Maroc est arrivée en secret, et a demandé à recevoir la bénédiction de mon père pour avoir un enfant, car elle était déjà mariée depuis plus de dix ans sans en avoir eu.

La femme ajouta que si elle ne donnait pas de fils à son mari, il divorcerait, ou prendrait d’autres femmes, car la loi du Maroc donne à un homme la possibilité d’épouser autant de femmes qu’il le désire.

En entendant sa requête, mon père lui demanda : « Est-ce que vous croyez qu’il y a un Créateur du monde ? » La femme répondit affirmativement. Ensuite, il lui demanda si elle accepterait de faire tout ce qu’il lui dirait, et elle répondit de nouveau par l’affirmative.

Mon père s’adressa au maître de maison pour lui demander que parmi les verres d’huile où il allumait des veilleuses pour les âmes des tsaddikim, il lui apporte le verre de Rabbi ‘Haïm Pinto.

Celui-ci fit ce que mon père lui demandait, et apporta le verre en question, qui était très sale d’huile noircie et brûlée. Mon père prit le verre, le présenta à la femme et lui dit de boire ce qu’il y avait dedans.

Au début, elle eut peur de boire le contenu du verre à cause de la saleté, et leva les yeux vers nous en disant « Comment est-ce que je peux boire une chose comme ça ? », mais je l’ai encouragée : « Si vous voulez recevoir la bénédiction de mon père, faites ce qu’il vous dit. C’est un moment propice pour vous bénir afin que vous puissiez avoir des enfants. »

Elle se laissa convaincre, et avec une grande foi dans les tsaddikim elle prit le verre à la main et but tout ce qu’il contenait !

Alors, mon père la bénit : « Avec l’aide de D., par le mérite de mes saints ancêtres, l’année prochaine vous aurez un fils ! Vous aurez en tout trois enfants, et votre mari sera très content de vous. »

La femme fut très émue de cette bénédiction et de cette promesse explicite, et elle quitta la maison toute joyeuse, remplie de confiance dans la bénédiction du tsaddik.

Après le fin de notre visite au Maroc, mon père est rentré chez lui en Erets Israël, et moi je suis retourné à la yéchiva en France.

Au bout d’un an, j’ai ressenti tout à coup un puissant désir d’aller au Maroc pour prier sur les tombes de mes saints ancêtres. De la pensée à l’acte, j’ai acheté un billet d’avion et je suis parti au Maroc.

En y arrivant, j’ai décidé de surprendre le Rav Knafo et je suis allé lui rendre visite chez lui. Quand je suis arrivé, il était justement en train de sortir de la maison, et quand il m’a vu il a failli s’évanouir. Il m’a raconté qu’exactement à ce moment-là, il allait souhaiter mazal tov à cette femme de la famille royale qui l’année précédente avait demandé une bénédiction à mon père, et un fils venait de lui naître.

Monsieur Knafo a ajouté que les musulmans circoncisent aussi leur fils. Il n’avait pas l’habitude d’assister à la circoncision d’un bébé, mais il allait avec son frère et quelques autres juifs souhaiter mazal tov aux parents. Il me proposa de me joindre à eux.

Naturellement j’y suis allé, et nous avons marché ensemble pour être témoins du grand miracle qui était arrivé par le mérite de mon père. Quand nous sommes arrivés sur place, le mari de cette femme m’a dit : « Sachez que ce fils est à vous et par votre mérite, parce que j’avais déjà envisagé de divorcer de ma femme après tant d’années sans qu’elle ait eu d’enfants. Je vous en prie, demandez au tsaddik que la suite de sa promesse s’accomplisse et que nous ayons d’autres enfants. »

Au cours des années, la bénédiction de mon père a continué à se manifester entièrement. La femme a eu trois enfants comme il le lui avait promis, deux fils et une fille.

C’est la puissance des tsaddikim, qui font régner sur eux le Saint, béni soit-Il dans toutes leurs actions, c’est pourquoi Il leur donne le pouvoir et la force de modifier la nature.

LA HAPHTARA DE LA SEMAINE

« Pourquoi dis-tu, Ya’akov ? » (Yéchayah 40, 41)

Le rapport avec la paracha : La haphtara parle d’Avraham et de sa guerre avec les quatre rois, ainsi qu’il est écrit : « Qui l'a suscité de l'Orient, celui qui appelle le droit à suivre ses pas ? Qui lui livre les nations ? » Cette guerre est décrite dans notre paracha.

 « Et toi, Israël, Mon serviteur Ya'akov, que J’ai choisi, descendance d’Avraham qui M’aimait » (Yéchayah 41, 8).

On peut expliquer ce verset au moyen d’une parabole :

Un roi avait un serviteur fidèle qui le servait de façon tout à fait désintéressée, et le roi l’aimait beaucoup. Il vint à mourir, et il avait un fils dans un pays lointain. Le roi a voulu que ce fils le serve à la place de son père, c’est pourquoi il l’a envoyé chercher.

Le fils, de son côté, avait une profonde envie de servir le roi, c’est pourquoi il se mit en route vers le palais et arriva jusque chez le roi encore avant que l’envoyé sorte pour aller le chercher.

Quand le roi vit cela, cela lui plût beaucoup qu’il ait désiré de lui-même quitter son pays pour venir le servir, c’est pourquoi il lui donna trois signes honorifiques pour qu’il les porte autour de son cou.

L’un était un souvenir de l’amour de son père.

Le deuxième était un souvenir du fait qu’il était venu de lui-même servir le roi.

Le troisième était un souvenir de ce que le roi l’avait choisi pour qu’il le serve à la place de son père.

L’explication est que le Saint, béni soit-Il a dit aux bnei Israël : vous avez entre les mains plusieurs signes honorifiques.

Le premier : « Toi, Israël Mon serviteur » – c’est toi-même qui a choisi d’être Mon serviteur encore avant que Je te le demande, ainsi qu’il est écrit : « J’ai aspiré à m’installer à Ton ombre ».

Le deuxième : « Ya'akov que J’ai choisi » – car c’est Moi Qui t’ai choisi, ainsi qu’il est écrit : « Avec Moi, viens Ma fiancée, du Liban. »

Le troisième : « Descendance d’Avraham qui M’aimait », car l’honneur te convient à cause de ton père. Tu as donc trois signes de gloire.

(« Birkat ‘Haïm »)

GARDE TA LANGUE

Quand il est permis d’écouter du lachon hara

C’est une mitsva d’écouter du lachon hara si de cette façon on peut réprimander le locuteur et les auditeurs et leur dire que ce n’est pas vrai. Ou si de cette façon le locuteur se calmera et ne continuera pas à raconter, à la condition qu’on ne fasse qu’écouter avec les oreilles, mais sans rien croire.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Le devoir de faire connaître D. dans le monde

« Hachem dit à Avraham : Va de ton pays et de ta ville natale et de la maison de ton père vers le pays que Je te montrerai, Je ferai de toi un grand peuple, Je te bénirai, Je rendrai ton nom glorieux et tu seras bénédiction » (Béréchit 12, 1-2)

Le Saint, béni soit-Il ordonne à Avraham de quitter son pays, en échange de quoi Il lui promet de lui donner bénédiction, richesse, enfants, honneur et célébrité, son nom sera connu d’un bout du monde à l’autre. A la lumière de tout cela, il y a de quoi s’étonner. Est-ce qu’Avraham recherche pour lui-même la célébrité et la gloire ? N’importe qui se rend parfaitement compte que l’âme du tsaddik repousse tout cela, et un grand homme comme Avraham ne recherche pas l’honneur et la gloire. Et surtout, si le Saint, béni soit-Il promet à Avraham pour ainsi dire de si grandes bénédictions, en quoi est-ce une épreuve ? Or nous savons que c’est l’une des dix épreuves infligées à Avraham (Tan’houma Lekh Lekha). En quoi est-ce une épreuve, si la récompense est tellement considérable ?

Avec l’aide du ciel, j’ai mérité de donner la même explication que le Maguen David, l’un des kabbalistes marocains, qui dit que tout juif a été créé à l’image de D. et que son âme provient des mondes supérieurs. Nous disons tous les jours la bénédiction « qui ne m’a pas fait goy », et apparemment on aurait pu dire « qui m’a fait juif », puisque par une bénédiction exprimée négativement nous risquons d’éveiller la colère des goyim, donc pourquoi ne disons-nous pas la bénédiction sous forme positive, « qui m’a fait juif » ? On peut expliquer qu’il y a des juifs dont les actes ressemblent à ceux des goyim, et si l’on disait « qui m’a fait juif », cela risquerait d’être une bénédiction dite en vain, parce que le fait d’imiter les goyim écarte de nous le Nom de D., nous ne le portons plus, c’est pourquoi nous disons « qui ne m’a pas fait goy », pour qu’il n’y ait pas de bénédiction dite en vain.

Il en va de même en ce qui concerne Avraham. Le Saint, béni soit-Il lui promet honneurs et richesses, qui ne sont pas des choses négatives qui inspirent le dégoût. Mais Il lui promet que dans la mesure où il suivra la voie de Hachem, Sa gloire emplira le monde, et ainsi la gloire d’Avraham également, parce qu’il porte le Nom de Hachem dans son propre nom, le « hé » ayant été ajouté à son nom « Avram ». Cela signifie qu’il s’agit d’un honneur qui est résulte de l’honneur de D., et non un honneur qui mène à l’orgueil.

En ce qui concerne la deuxième question, en quoi était-ce une épreuve, il faut répondre que la difficulté résidait en cela qu’Avraham devait propager et glorifier le Nom de D. malgré tous les obstacles qu’il rencontrerait en chemin. Avraham dit « qui suis-je », d’où est-ce que j’ai les forces de faire cela, alors que je suis poussière et cendre ? Comment aurais-je l’audace et la puissance d’assumer ce rôle parfaitement ? C’est en cela que Hachem a éprouvé Avraham, pour voir comment il allait accomplir le rôle qui lui était imparti, et qui est la propagation de la gloire de D. dans le monde.

A LA SOURCE

« Il se transporta de là vers la montagne à l’est de Beit-El et y dressa sa tente avec Beit-El à l’ouest et Ha’aï à l’est » (12, 8)

Pourquoi ces détails précis sur le lieu d’habitation d’Avraham ?

Voici ce qu’explique le ‘Hafets ‘Haïm à ce sujet :

Il y a un grand principe dans la Torah et les mitsvot : « Recherche-la comme l’argent et cherche-la comme des trésors. » De même qu’à l’ouverture d’un commerce on se donne du mal pour trouver l’endroit qui convient le mieux à la réussite, on a le devoir de chercher le lieu qui convient le mieux pour accomplir les mitsvot.

L’Ecriture nous enseigne qu’Avraham aussi s’est conduit de cette façon. Il s’efforce de trouver un lieu qui convient à l’habitation, où il pourra accomplir de plus en plus la mitsva de l’hospitalité, et le Nom de D. sera proclamé dans le monde. C’est pourquoi il a planté sa tente justement entre deux grandes villes, Beit-El à l’ouest et Ha-Aï à l’est, comme l’explique Rachi plus loin sur le verset « Avraham partit de là », car du fait que ces deux villes avaient été détruites, personne ne passait plus par là.

 « Il se glissa sur eux la nuit avec ses serviteurs, les frappa et les poursuivit jusqu’à ‘Hova qui est à gauche de Damas » (14, 15).

Pourquoi est-ce qu’Avraham s’est donné tellement de mal pour un impie comme Lot ? Quelle vertu particulière a-t-il trouvé en lui ?

Le livre « Levouch Yossef » en donne une explication merveilleuse au nom du Rav Ovadia Yossef zatsal :

La vérité est qu’il ne s’est pas donné du mal pour Lot, mais pour l’honneur de Hachem. En effet, quand Nimrod a jeté Avraham dans la fournaise et qu’il en est sorti vivant, une grande honte a été causée à Nimrod de ne pas avoir réussi à le tuer, et par conséquent il y a eu une grande sanctification du Nom de D., Qui avait sauvé Avraham. Maintenant, Avraham craignait que si Lot était tué, tout le monde croirait que c’était lui-même qui avait succombé, parce qu’ils se ressemblaient beaucoup, si bien qu’il y aurait une profanation du Nom de D., comme si le D. d’Avraham ne l’avait pas aidé, et c’est pour cela qu’il s’est dévoué, pour l’honneur de Hachem.

 « Saraï, la femme d’Avram, n’avait pas eu d’enfant de lui » (16, 1).

Rabbi Yé’hiel Mikhel de Melitz fait observer que « de lui » elle n’avait pas eu d’enfant, mais quant à elle, elle en avait déjà eu de nombreux. Quand cela ? Quand elle avait converti des femmes, puisque « Quiconque enseigne la Torah au fils d’autrui, c’est comme s’il l’avait enfanté. »

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Et Malchitsédek roi de Shalem fit sortir du pain et du vin et il était prêtre du D. Très-Haut » (14, 18).

Les Sages ont dit (Béréchit Rabba 95, 3) qu’Avraham avait observé même les « erouvei tavchilin », qui sont un décret rabbinique.

C’est pourquoi l’Ecriture nous informe qu’Avraham était aux yeux de tous un grand prince très respecté, et quand le roi de Sdom est sorti à sa rencontre, il l’avait certainement accueilli avec du pain pour lui et ses hommes.

Mais comme il évitait leur nourriture, le pain parce qu’il avait été cuit par des non-juifs et le vin à cause de l’interdiction de leur vin, le roi de Sdom a rusé pour qu’il veuille bien manger par l’intermédiaire d’un fidèle qu’il avait là, et de la main de Chem c’est passé dans la main d’Avraham. C’est quelque chose de nouveau qu’Avraham veillait à respecter même les lois sur le pain et le vin, qui ne sont que des interdictions rabbiniques, et à plus forte raison les autres choses qui comportent un risque d’interdiction de la Torah.

LES CHEMINS DE LA FOI

Etudes sur la droiture dans les midot

Le spectacle est bien connu des habitants de Jérusalem, de Bnei Brak et d’autres villes. L’après-midi des veilles de Chabbat et de fêtes, la rue principale de la ville n’est qu’un énorme bouchon, le trafic est à son maximum.

Qu’est-ce qui provoque cet encombrement de la circulation, qui est une perte de temps et d’argent ? C’est un vrai mystère pour tous les chauffeurs.

L’un d’entre eux, dont la curiosité était sans limites, est sorti de sa voiture pour agir. Il a grimpé à pied pour voir ce qui provoquait cet embouteillage.

Quelqu’un devait acheter quelque chose, naturellement en l’honneur du Chabbat, et il avait stationné à un endroit interdit, ce qui ne permettait pas aux autres de passer pour poursuivre leur chemin. Lui, à l’intérieur de la boutique, avait trouvé ce qu’il voulait, mais il avait aussi trouvé le temps de marchander sur la qualité de la marchandise et son prix, pendant que les autres étaient assis dans leur voiture en pestant, et que ceux qui avaient pris un taxi payaient comptant le ralentissement de la circulation.

Et si vous demandez pourquoi cette personne avait fait cela, était-ce par méchanceté, désirait-il voler le temps des gens par un court vendredi d’hiver ? Le machguia’h Rav Shlomo Wolbe zatsal nous donne la réponse dans une merveilleuse image :

Quelqu’un se trouve dans une pièce entièrement recouverte de miroirs. Le plancher, les murs et le plafond, tout est recouvert de miroirs, partout où il regarde, il ne voit que lui-même. Dès qu’il sort de cette pièce, il voit le ciel, il voit des gens et il voit le monde.

Par conséquent, cet homme qui avec sa voiture a bloqué toute la circulation n’est pas foncièrement méchant, mais il ne voit que lui-même. Il faut qu’il achète quelque chose maintenant, il s’arrête et se gare à l’endroit le plus proche, sans s’apercevoir qu’il y a d’autres personnes qui risquent d’en souffrir.

Il y a des dizaines d’années, le Rav Wolbe a fondé à Jérusalem un beit midrach spécial qui s’appelle « Beit HaMoussar ». Comme son nom l’indique, c’est un beit midrach pour tout ce qui relève uniquement du moussar. A la première occasion, le machguia’h a rassemblé un vaad spécial d’avrekhim qui conduisent, et il a demandé à l’un des sages du moussar de leur donner un cours. Dans cette conférence, il a été dit spécifiquement que toutes les fautes de conduite sont un problème de midot, par exemple ne pas laisser à l’autre la priorité et ne pas renoncer à occuper la route.

Ce point est en fait une michna explicite de Pirkei Avot : « Veillez à la paix de l’Etat, car sans la crainte du pouvoir les hommes se dévoreraient vivants. »

L’homme, dit Rabbi Yerou’ham de Mir zatsal, n’est pas capable de tuer et de déchirer l’autre. Et pourtant, il se commet des meurtres dans le monde. Comment est-ce possible ?

La réponse est que si l’on voyait qu’il existe quelqu’un d’autre, on ne serait pas capable de le tuer. Celui qui est capable de tuer, c’est parce qu’il est plongé dans sa propre vie et ne voit pas que l’autre existe. Il fait tourner toute sa vie autour de lui-même, c’est ce qu’on appelle l’égocentrisme.

On en arrive ainsi au pire, le meurtre. Et nous savons tous que le meurtre n’est pas toujours physique. Les mots aussi peuvent tuer, et même les mots qui sortent de la bouche quand on ne voit pas l’autre et qu’on ne pense pas que l’autre est aussi un être humain, qu’il n’y a pas seulement le « moi ».

A ce propos, le machguia’h de la yéchiva de Lakewood, le gaon Rabbi Nathan Wachtfogel zatsal, a raconté qu’à l’époque de ses études à la yéchiva de Kelm, on l’a appelé un jour pour monter à la Torah. A côté de lui était assis un homme juste du nom de Rabbi Mordekhaï Lewinton (dont Rabbi Na’houm Walloul a dit que s’il y avait dix juifs comme lui, le machia’h viendrait).

Le Rav Wachtfogel a entendu qu’on l’appelait par son nom pour monter à la Torah. Il s’est tout de suite dépêché de prendre le talit de quelqu’un d’autre et il est monté à la Torah (selon la coutume des Achkénazim, qui ne portent pas le talit avant le mariage). Après la prière, Rabbi Mordekhaï Lewinton s’est adressé à lui pour lui demander avec étonnement : «Pourquoi n’as-tu pas pris mon talit à moi ? J’étais assis exactement à côté de toi!»

Il a alors ajouté une phrase profondément morale : « Il faut savoir que la personne qui se trouve à côté de toi n’est pas un morceau de bois ! »

Selon la voie du moussar, le machguia’h Rabbi Wachtfogel a expliqué la signification de la phrase qui était sortie de la bouche de Rabbi Mordekhaï : l’homme est préoccupé de lui-même du matin jusqu’au soir, et il ne voit rien d’autre que lui-même, il ne distingue pas qu’il y a d’autres personnes que lui dans la création. Celui qui se trouve à côté de lui n’est pas un morceau de bois. C’est un être humain. Regarde-le, prends-le en considération. Ne considère pas uniquement ton intérêt personnel.

 

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