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Parachat Hayé Sarah

7 Novembre 2015

25 Hechvane 5776

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La grandeur du ‘hessed

 (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

 « Mais tu iras dans mon pays et dans mon lieu natal chercher une épouse à mon fils, à Yitz’hak. » (Béréchit 24, 4)

Dans son livre de commentaires, le Ran se demande pourquoi Avraham a guidé son serviteur vers les filles de son pays natal en excluant totalement celles de Canaan, alors que les deux peuples étaient aussi idolâtres l’un que l’autre ! En quoi les habitants de ‘Haran se distinguaient-ils alors ?

Avraham savait que, bien qu’étant idolâtres, les gens de ‘Haran étaient dotés d’une certaine bonté. Or quiconque possède cette qualité finira par se construire et par grandir, même si, dans un premier temps, il semble mal se conduire. En effet il est écrit « le monde se construira sur la bonté » (Psaumes 89, 3) : chaque personne étant un monde en miniature, si elle possède ce trait de caractère, elle pourra « se construire » et s’améliorer. Voici donc la caractéristique qui était présente à ‘Haran et qui manquait chez les Cananéens.

En effet, la terre de Canaan abritait les villes de Sdom et Amora, dont les peuples se moquaient de la bonté et de la charité. Dans ces villes, quiconque mendiait ou donnait de la tsedaka était tué sur le champ. D’ailleurs, le roi de Sdom avait demandé à Avraham (Béréchit 14, 21) : « Rends-moi seulement les prisonniers, tout le butin sera à toi ! » dans le but de dominer ces hommes. De même, en ce qui concerne Efron le ‘Hiti, nos Sages ont expliqué (Baba Metsia 87a) : « Pourquoi son nom, Efron, est-il écrit sans le ‘vav’ ? Pour signifier qu’il parlait beaucoup, mais agissait peu. Au début, il a proposé de céder gratuitement le lieu pour enterrer Sarah. Et finalement, il n’a rien donné avant de recevoir quatre-cents pièces d’argent. De plus, il les a demandées en « monnaie courante », à savoir une forme d’argent qui possède une plus grande valeur. Au début, il a dit à Avraham « quatre-cents sicles d’argent, qu’est-ce que cela entre nous deux ? », et Rachi explique : « Entre deux amis comme nous, quelle importance ? » Il l’appelait « ami », pour recevoir de l’argent de lui.

Telle était l’impiété d’Efron : il n’a pas pensé à Avraham qui venait de perdre un proche, mais a négocié honteusement le prix avant d’exiger une somme exagérée. Alors seulement il a laissé Avraham enterrer Sarah.

Les habitants de ‘Haran, en revanche, bien qu’idolâtres eux aussi, possédaient la qualité de ‘hessed. Par exemple, il est écrit (Yalkout Chimoni Béréchit Signe 109) que lorsque Lavan a eu l’écho de l’arrivée d’Eliézer dans la ville et a remarqué les bijoux de sa sœur Rivka, il a envié la richesse de l’intendant et est sorti à sa rencontre avec l’intention de le tuer. Or celui-ci, voyant arriver Lavan armé, a prononcé le nom de D. et s’est ‘volatilisé’ avec ses dix chameaux. Forcé de constater qu’il ne pourrait pas le vaincre, Lavan s’est alors exclamé « Viens, bien-aimé de D ! Pourquoi restes-tu dehors alors que j’ai préparé la maison et une place pour les chameaux ? » (Béréchit 24, 32), et Rachi commente : « ‘J’ai nettoyé la maison’ – de toute idole. » Pourquoi a-t-il enlevé les idoles ? Parce qu’il avait certainement pensé accueillir Eliézer chez lui et savait que ce dernier n’accepterait pas de résider dans une maison pleine d’idoles.

C’est difficile à comprendre : s’il est sorti pour le combattre et le tuer, pourquoi avait-il l’intention de l’inviter ? En fait, même en route pour commettre un acte aussi grave que le meurtre, il avait envisagé l’éventualité de ne pas vaincre Eliézer. S’est alors tout de suite éveillée la mida de générosité qui sommeillait en lui et il a chassé les idoles de sa maison pour pouvoir recevoir Eliézer, au cas où celui-ci sortirait sain et sauf de l’affrontement.

C’est pourquoi Avraham a fait jurer à Eliézer de rechercher uniquement une jeune fille de ‘Haran, dont la population savait être altruiste. Ainsi, Eliézer a trouvé Rivka, cette grande tsadéket qui n’avait pas suivi les voies de son entourage impie. Effectivement, à son arrivée à Beer Cheva, elle a vu Yitz’hak de loin et s’est prosternée, car elle avait perçu la présence divine au-dessus de lui. (Il avait mérité d’abriter la présence divine suite à la akeida, car les anges lui ont enseigné la Torah durant trois années consécutives.)

Pourquoi les jeunes filles qui accompagnaient Rivka ne se sont-elles pas prosternées elles aussi ? Parce qu’elles n’ont pas perçu la présence divine. De même, toutes les filles de Beer Cheva qui voyaient Yitz’hak régulièrement ne le redoutaient pas non plus ! Aucune de ces filles n’était apte à déceler la Chekhina qui planait au-dessus de lui. Seule Rivka, qui était une femme juste, en était capable et s’est donc prosternée.

Mais qu’est ce qui faisait de Rivka une tsadéket ? Le développement de la mida de bonté exceptionnelle qui était ancrée en elle. C’est cette qualité qu’Eliézer a perçue : une petite fille de trois ans qui se propose d’abreuver toute l’escorte et les chameaux ! Avec sa force limitée, elle a puisé de nombreuses fois, jusqu’à ce que tous les chameaux aient terminé de boire, c’est-à-dire au moins cent litres par bête (c’est la quantité d’eau que boit un chameau), et il y avait dix chameaux ! Cela représente une quantité considérable à laquelle il faut ajouter ce qu’elle a apporté pour les hommes qui accompagnaient Eliézer. C’est cette mida de ‘hessed dont elle était pétrie qui lui a donné l’énergie de puiser de telles quantités. C’est pourquoi dès son arrivée dans la maison d’Yitz’hak elle a bénéficié de la bénédiction de Sarah dans le pain, les bougies et la nuée.

On raconte dans la Guemara (Roch Hachana 17a) l’histoire d’un Amora qui s’est assoupi, a pleuré, puis s’est levé et a ri. On lui a demandé le sens de ces attitudes surprenantes et il a répondu qu’il avait pleuré lorsque l’ange de la mort était venu le chercher, car son existence avait atteint son terme. Puis il s’était mis à rire en voyant D. empêcher cet ange de lui retirer son âme. Puisqu’il était indulgent et bon avec les autres, D. lui a ajouté de belles années au-delà du terme prévu. A ce sujet il est dit : « Quiconque est indulgent avec autrui sera également jugé avec bienveillance pour ses fautes. »

SUR LA PENTE ASCENDANTE

Sanctifier le Nom divin

Lors de l’un de mes séjours au Mexique, un jeune homme juif est venu me raconter qu’il s’était fiancé, mais que malheureusement à cette même période, sa fiancée était tombée gravement malade. De ce fait, ses parents lui demandaient de rompre les fiançailles et de la quitter.

« Rav, m’a-t-il dit, je ne peux satisfaire la demande de mes parents et quitter ma fiancée, car elle me plaît et je veux me marier avec elle en dépit de sa maladie. Je me heurte donc à un grand problème.

Comme dit, mes parents n’approuvent pas ce mariage, et je crains fortement que si je fais fi de leur volonté et que je finis par devenir veuf, ils se mettent en colère contre moi et m’accusent de ne pas avoir écouté leur conseil d’annuler les fiançailles. »

Après un silence, il a ajouté avec espoir : « Si ma fiancée mérite de guérir, je m’engage à aller d’endroit en endroit pour diffuser le miracle qui lui est arrivé. Ainsi, je contribuerai à la sanctification du Nom divin en public. »

En entendant ses paroles, je lui ai demandé : « Pourquoi attends-tu que ta fiancée guérisse ? Tu devrais t’engager dès à présent à sanctifier le Nom de D. C’est exactement comme l’obligation qui incombe au pauvre de donner de la tsedaka même dans sa situation de misère, bien entendu selon ses moyens. Il ne peut pas se débarrasser de cette mitsva et dire ‘‘Quand je serai riche, je donnerai de la tsedaka.’’ »

Le jeune homme a écouté mes paroles et s’est beaucoup renforcé dans le respect des mitsvot, plus particulièrement en sanctifiant le Nom de Hachem dans le monde. Et tout ceci, pour la guérison de sa fiancée.

Les années ont passé et le jeune homme, qui était devenu avrekh, est à nouveau venu me voir. Mais cette fois, il était accompagné de sa femme, qui avait guéri, ainsi que de ses deux enfants, et il m’a annoncé qu’ils attendaient très prochainement la naissance de leur troisième enfant.

En les voyant, j’ai été ému de constater l’immense valeur de la mitsva de sanctification du Nom de D. Lorsqu’on s’efforce de grandir le Nom de Hachem dans le monde, Il agit envers nous mesure pour mesure, nous montre Sa puissance et Sa grandeur et accomplit miracles et prodiges en notre faveur.

Israël a un D. !

Un jour, Monsieur Kim’hezi, qui était alors un homme important, m’a demandé de bénir son fils, par le mérite de mes saints ancêtres, pour qu’il ait des enfants.

« Rav, m’a-t-il dit, mon fils et ma belle-fille ne sont pas pratiquants, et j’aimerais qu’en satisfaisant leur souhait, Hachem leur montre l’existence d’un Créateur. Peut-être que grâce à cela ils feront techouva et accepteront le joug de la Torah et des mitsvot. »

Bien entendu, par le mérite de mes pères, j’ai béni les membres de ce couple d’une descendance, et Hachem leur a envoyé une fille.

Mais cette dernière était très malade et elle a dû être hospitalisée immédiatement pour échapper à la mort.

La mère, souffrant terriblement de la maladie de sa fille, s’est mise à proférer de mauvaises paroles à l’égard de D. en se montrant ingrate par rapport à l’immense bonté qu’était la naissance de son enfant.

Après avoir entendu les paroles de sa belle-fille, Monsieur Kim’hezi est de nouveau venu vers moi : « Quand j’entends cette malheureuse mère parler, j’ai très mal au cœur. En effet, si j’avais su que la naissance de ce bébé conduirait ma belle-fille à renier D. de la sorte, je n’aurais pas demandé que Hachem lui envoie une descendance ! Mais maintenant que cette petite fille est née, j’implore D. de faire un miracle qui permettra de sanctifier Son Nom, afin que la mère constate que le peuple d’Israël a un D. »

Alors que Monsieur Kim’hezi pleurait et suppliait, j’ai senti qu’il ne cherchait réellement qu’à sanctifier le Nom de D. dans le monde. Alors je me suis adressé à lui en ces termes : « Si tout votre désir est uniquement de contribuer à la sanctification du Nom de Hachem, je n’ai aucun doute que vos prières seront acceptées et que D. enverra une guérison complète au bébé. »

Effectivement, sa petite-fille a bénéficié d’un miracle médical et a mérité de guérir complètement. Sa belle-fille a également reconnu le miracle et s’est renforcée dans le respect de la Torah et des mitsvot. Grâce à D., le souhait du grand-père s’est réalisé, et cette histoire a permis de grandement sanctifier le Nom divin.

HOMMES DE FOI

Histoires des justes de la famille Pinto

Tous les litiges de la communauté juive de la ville étaient traités devant le Beit Din, le Tribunal Rabbinique de Mogador, que ce soit dans le domaine conjugal, financier ou pour tout litige entre plusieurs personnes. Les portes du tribunal n’étaient pas seulement ouvertes aux membres de la communauté, mais aussi à leurs voisins non-juifs, qui reconnaissaient la justesse des décisions qui y étaient émises. Tous s’adressaient avec une crainte révérencieuse à Rabbi ‘Haïm Pinto, qui non seulement possédait une vaste compétence et une compréhension aiguisée de toute la Torah, mais avait une vaste connaissance du monde et comprenait les usages et la mentalité des paysans, à la fois juifs et non-juifs.

Les décisions étaient tranchées rapidement. Dans le tribunal de Rabbi ‘Haïm, on ne menait pas de procès tortueux. Avec sa grande sagesse, il dirigeait le tribunal et les investigations avec justice et droiture, sans parti pris.

Durant cette période où Rabbi ‘Haïm Pinto siégeait au Tribunal Rabbinique, il n’existait pas dans le pays de législation structurée servant de référence en matière juridique. Les juges du gouvernement rendaient des arrêts et jugeaient des affaires sans base solide et sans source fiable.

Rabbi ‘Haïm et son Beit Din firent une contribution honorable au système judiciaire national lorsqu’ils rédigèrent un recueil de lois et d’arrêts juridiques concernant les lois monétaires, l’arbitrage juridique et les transactions financières. Dès lors, ils l’utilisèrent comme phare et comme jurisprudence pour tous les procès, que ce soit entre juifs ou entre non-juifs.

Rabbi ‘Haïm Pinto présidait l’honorable Beit Din de Mogador avec Rabbi David ‘Hazan à ses côtés. Le troisième pilier du tribunal était le gaon Rabbi Avraham Coriat, auteur de l’ouvrage Brit Avot et disciple de Rabbi ‘Haïm.

Comment Rabbi Avraham a-t-il eu le mérite de siéger auprès de telles sommités ? L’histoire suivante nous le raconte. Il était, dans sa jeunesse, un musicien de talent, un des meilleurs, et un grand païtan.

Un jour, Rabbi ‘Haïm et son ami, Rabbi David ‘Hazan, marchaient dans une des rues de Mogador quand ils entendirent une voix au timbre merveilleux s’élever de l’une des maisons. Ils en cherchèrent la provenance et découvrirent ainsi Rabbi Avraham Coriat, chez lui, jouant du violon et chantant de sa voix mélodieuse.

Durant une heure entière, les Rabbanim se délectèrent au son des piyoutim, tout en s’intéressant à lui. Ils lui demandèrent qui il était et d’où il venait. Il leur répondit qu’il venait de la ville de Tétouan et était le petit-fils du tsaddik Rabbi Baroukh de Tétouan. Il habitait ici, seul, sans famille et sans aucun soutien financier.

Après avoir entendu son histoire, Rabbi ‘Haïm et Rabbi David lui dirent : « Une telle voix doit être utilisée pour étudier la Torah. Viens et étudie avec nous. Nous prendrons en charge tous tes besoins. »

Il accepta et se joignit à leur étude quotidienne. Comme prévu, Rabbi ’Haïm se soucia de son entretien et fut pour lui comme un père dévoué et bienveillant.

Plus tard, Rabbi Avraham ayant acquis une connaissance solide et une vaste maîtrise dans tous les domaines de la Torah, il eut le mérite de rejoindre le Beit Din de Rabbi ‘Haïm et de Rabbi David ‘Hazan. Depuis lors, les trois furent désignés par le nom « E’had » (un) dont les lettres sont les initiales de leurs trois prénoms : alef, ‘hèt, dalèt : Avraham (alef), ‘Haïm (‘hèt), David (dalèt).

LA HAPHTARA DE LA SEMAINE

« Le roi David était vieux, avancé en âge » (I Rois 1, 1)

Le rapport avec la paracha : Il est dit dans la haphtara : « Le roi David était vieux, avancé en âge », et il est dit dans notre paracha : « Avraham était vieux, avancé en âge. » De plus, dans la haphtara il est dit que David avant sa mort a transmis la royauté à son fils Chelomo, et il est raconté dans la paracha qu’Avraham a donné tout ce qu’il possédait à Yitz’hak.

 « Le roi David était vieux, avancé en âge ; on l’enveloppait de vêtements, sans qu’il en fût réchauffé. » (I Rois 1, 1)

La Guemara (Traité Berakhot 62b) commente ainsi le verset « Et David alla couper sans bruit le bord du manteau de Chaoul » : Rabbi Yossi, fils de Rabbi ‘Hanina, a dit « Quiconque néglige les habits finira par ne pas en profiter, comme il est dit ‘‘Le roi David était vieux, avancé en âge ; on l’enveloppait de vêtements, sans qu’il en fût réchauffé.’’ »

Il faut comprendre ce qu’est la négligence par rapport aux habits. Les vêtements ont-ils des sentiments et sont-ils blessés lorsque quelqu’un les méprise ? Dans ce cas, pourquoi David a-t-il été puni pour avoir coupé le bord du manteau de Chaoul ? En réalité, il ne s’agissait pas d’une punition, mais Hachem a simplement ancré dans la nature du monde que quiconque méprise une certaine chose ne profitera pas par la suite de cette chose-là.

Mais on peut également expliquer que ce principe constitue une punition. Même s’il n’existe pas réellement de blessure ou de mépris envers les habits, Hachem les a créés pour qu’ils nous réchauffent et qu’on en profite. Alors celui qui ne les respecte pas « méprise », si l’on peut dire, D., en considérant qu’Il les a créés en vain. C’est pourquoi il est puni et n’en profitera pas par la suite.

(« Torat Haparacha »)

 « Jamais son père ne l’avait contrarié (atsavo) en disant : ‘‘Pourquoi agis-tu ainsi ?’’ » (I Rois 1, 6)

En réalité, le texte aurait dû employer le passif en disant « héetsivo » ! Pourquoi est-il dit « atsavo » ? Parfois, la plus grande remontrance adressée à un fils est le fait qu’il prenne conscience de l’importance de son père et réalise qu’il le déshonore par ses mauvaises actions. Alors par respect pour son père, il se retient d’agir de manière incorrecte.

Tel est le sens du verset « Jamais son père ne l’avait contrarié (atsavo) : le fait d’avoir un père grand et important comme David, le roi d’Israël, n’a jamais préoccupé Adoniyahou, pour qu’il se dise « Pourquoi agis-tu ainsi ? » et rectifie ses actes.

(« Ma’yana Chel Torah »)

GARDE TA LANGUE

Juger favorablement

Si quelqu’un raconte une histoire vraie et qu’il est possible de juger l’homme concerné favorablement, mais que le locuteur le juge sévèrement, l’auditeur qui entend approuve ces dires commet l’interdit d’accepter du lachon hara.

Ceci vaut même s’il s’agit d’un individu moyen, à plus forte raison s’il juge sévèrement un homme craignant D. Celui qui écoute et se montre d’accord commet l’interdit d’accepter du lachon hara.

A LA LUMIÈRE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

La mort de Sarah à cause du sacrifice d’Yitz’hak

« Sarah mourut à Kiriat-Arba, qui est ‘Hevron, dans le pays de Canaan ; Avraham y vint pour dire sur Sarah les paroles funèbres et pour la pleurer. » (Béréchit 23, 2)

Rachi explique : « Le récit de la mort de Sarah fait immédiatement suite à celui du sacrifice d’Yitz’hak. Lorsqu’elle a appris que son fils avait été ligoté sur l’autel, prêt à être égorgé, et qu’il s’en était fallu de peu qu’il fût immolé, elle en a subi un grand choc et elle est morte. »

Mais j’ai entendu une autre explication au nom du Rav de Brisk : d’après lui, le récit de la mort de Sarah et celui du sacrifice d’Yitz’hak sont juxtaposés, car quand Sarah a appris que son fils avait été ligoté sur l’autel mais n’avait finalement pas été égorgé, elle a été si affligée qu’il ne se soit pas sacrifié pour sanctifier le Nom de D. qu’elle en est morte.

Mais ce commentaire me pose un grand problème : on sait que quand Avraham se préparait à se rendre au mont Moria pour y ligoter Yitz’hak, il a déclaré à Sarah emmener Yitz’hak étudier la Torah à la yéchiva de Chem et Ever (Yalkout Chimoni Béréchit 22 Signe 98). Or ceci est difficile à comprendre : pourquoi Avraham a-t-il choisi de ne pas dire à Sarah la vérité, à savoir qu’il partait pour sacrifier Yitz’hak ?

Si l’on prétend qu’il lui a caché la vérité afin de ne pas la faire souffrir ou l’inquiéter de la mort imminente de son fils, c’est le contraire qui est vrai ! En effet, Sarah a été affligée que son fils ne soit finalement pas sacrifié, au point de tomber et d’en mourir ! Alors si Avraham lui avait révélé sa véritable intention, elle aurait été extrêmement heureuse d’avoir le mérite que son enfant soit offert en holocauste à Hachem. Tout ceci demande donc à être expliqué.

On peut répondre à cette question à l’aide de ce qui est dit au sujet du verset « lorsqu’il se trouve un mort dans une tente » (Bemidbar 19, 14), sur lequel nos Sages expliquent (Chabbat 83b) qu’il s’agit d’un érudit qui est installé à la maison d’étude et se sacrifie pour la Torah en soumettant son mauvais penchant et ses désirs.

En fait, l’étude de la Torah demande énormément de force morale, car dans tout ce qui concerne la sainteté, le mauvais penchant tente de faire trébucher l’homme, a fortiori dans l’étude de la Torah ! Ainsi, celui qui mérite de soumettre son côté matériel est considéré comme se sacrifiant pour la Torah, et sa récompense est grande.

Au sujet du verset « Si quelqu’un d’entre vous veut présenter une offrande » (Vayikra 1, 2), nos Sages disent (Tan’houma Vayikra) que l’étude et l’accomplissement de la Torah demandent un grand sacrifice. En effet, comme nous l’avons dit, le mauvais penchant place des obstacles sur notre chemin en vue de nous faire trébucher. C’est pourquoi quand Avraham a dit à Sarah qu’il allait faire entrer Yitz’hak à la yéchiva, il n’a pas menti puisque celui qui étudie la Torah est comme un sacrifice pour D., vu les grands efforts qu’il fournit pour le faire.

Mais tout de même, pourquoi Avraham a-t-il choisi de dire à Sarah qu’Yitz’hak allait à la yéchiva de Chem et Ever ? D’une part, pour que cela soit plus facile à accepter, mais également pour délivrer un message aux générations suivantes : quiconque sacrifie ses désirs et ses souhaits pour l’étude de la Torah ressemble à Yitz’hak au moment où il a été ligoté sur l’autel, et sa récompense est infinie.

A LA SOURCE

« Lavan lui dit : ‘‘Viens, béni de Hachem ! Pourquoi restes-tu dehors ?’’ » (24, 31)

A propos de ce verset, le Midrach Yalkout Chimoni commente : comme Eliézer a servi le tsaddik avec fidélité, il a acquis le statut de béni en lieu et place de celui de maudit. Quelle récompense peut alors espérer un ben Israël qui fait du bien à un tsaddik !

Comment comprendre ce raisonnement a fortiori ?

Rabbi Eliahou Attias chelita explique dans son ouvrage « Guinat Egoz » : Eliézer étant le fils de Nimrod, il a été élevé dans le rejet de D. et la révolte contre Lui. Pourtant en s’attachant à un tsaddik et en le servant fidèlement, il a acquis la caractéristique de « béni ». « Béni » signifie qu’il ne se préoccupait ni de sa personne ni des membres de sa propre famille mais uniquement du bien-être de la famille de son maître Avraham.

On comprend à présent qu’un ben Israël qui a l’avantage d’avoir reçu une bonne éducation peut s’attendre à une grande bénédiction et une grande élévation s’il s’attache à un tsaddik et le sert fidèlement.

 « II fit reposer les chameaux hors de la ville, près de la fontaine ; c’était vers le soir, au temps où les femmes sortent puiser de l’eau. » (24, 11)

Une jolie allusion a été rapportée au sujet de ce verset, au nom de Rabbi Yitz’hak Assa zatsal de Syrie.

La Guemara Berakhot (54) enseigne : « Dans quatre circonstances il faut remercier D. (faire la bénédiction du gomel) : si on a traversé la mer, si on a traversé un désert, si on a guéri d’une grave maladie et quand on sort de prison. »

Le Choul’han Aroukh (Orah ‘Haim 19, 1) en voit une indication dans le verset « Tous les êtres vivants Te loueront à jamais » : le mot « ‘Haïm »( les êtres vivants) est composé des lettres ‘Het, Youd, Youd et Mem, qui sont respectivement les premières lettres des mots ‘Holé (malade) ; Yssourim (prison) ; Yam ( mer) et Midbar ( désert).

Cette halakha est aussi sous-entendue dans notre verset :

Il fit reposer les chameaux (guemalim) : Qui est tenu de réciter la bénédiction du gomel ?

Hors de la ville : Il s’agit de ceux qui traversent les déserts

Près de la fontaine : Il s’agit de ceux qui traversent les mers.

C’était vers le soir : évoque celui qui est couché du fait de sa maladie (nos maîtres disent de lui que son soleil ne s’est pas encore couché)

Au temps où (les femmes) : évoque celui qui sort de prison.

A quel moment récite-t-on cette bénédiction ?

Puiser de l’eau (hachoavot) : les lettres de ce mots sont les initiales de la phrase que l’on traduit par : la bénédiction récitée après celle de la Torah.

 « Et ils bénirent Rébecca en lui disant "Notre sœur! puisses-tu devenir des milliers de myriades !" » (24, 60)

Le livre Arono Chel Yossef explique que Lavan l’Araméen craignait qu’en intégrant une famille aisée, sa sœur n’oublie sa propre famille et en vienne à l’ignorer. C’est pourquoi il s’est tourné vers elle et lui a dit : « Notre sœur, puisses-tu devenir, toi, des milliers de myriades », c’est-à-dire : même lorsque tu seras riche (tu possèderas des milliers de biens), n’oublie pas ta réputation, n’oublie pas que tu es la fille de Bétouel l’Araméen.

Dans son ouvrage « Vayomer Méïr », Rabbi Méïr Hacohen ajoute une allusion : les lettres du mot « revava » sont les initiales de la phrase « Tu dois ta richesse à la bénédiction de l’Araméen. »

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Après lui avoir donné à boire » (24, 19)

On apprend (Berakhot 40a) du verset « Je ferai croître l’herbe dans ton champ pour ton bétail » (Devarim 11, 15) que nous devons d’abord nous préoccuper de nourrir nos animaux avant de manger nous-mêmes.

Ce principe est valable quand il n’y a ni risque ni souffrance, mais en situation de danger ou de difficulté, nous devons nous occuper prioritairement de notre propre personne. Ainsi, quand Eliézer a demandé « Laisse-moi boire, s’il te plaît, un peu d’eau à ta cruche », Rivka, qui était pieuse, a senti qu’il avait très soif et était en détresse. Elle lui a donc proposé de boire. Puis, après lui avoir donné une quantité d’eau nécessaire pour mettre fin à sa souffrance, elle a dit : « Pour tes chameaux aussi je veux puiser de l’eau, jusqu’à ce qu’ils aient tous bu. » En effet, s’il n’y a plus de danger, c’est aux animaux qu’il faut donner la priorité.

C’est pour cela que le texte a juxtaposé les versets « Après lui avoir donné à boire », et « Pour tes chameaux aussi je veux puiser de l’eau, jusqu’à ce qu’ils aient tous bu » : en d’autres termes, « Je ne leur donnerai pas approximativement. Je les abreuverai jusqu’à qu’ils ne veuillent plus boire l’eau qui leur est proposée. Ce sera le signe qu’ils n’ont plus soif. » (Chemot 20b)

LES CHEMINS DE LA FOI

Etudes sur la droiture dans les midot

Lors d’une réunion on a posé au gaon Rabbi Noa’h Orlowek, machgi’ah de la yéchiva « Torah Or », la question préoccupante suivante : « Pourquoi l’homme éprouve-t-il tant de difficultés à prodiguer des encouragements à ses semblables ? »

Il a répondu que par nature, un homme est tourné vers sa propre personne. Nourrisson déjà, il ne se préoccupe que de lui-même, pense être le centre du monde et se montre prêt à réveiller la terre entière si sa gorge le démange et qu’il a besoin de boire un peu d’eau. C’est seulement au prix de réels efforts que, plus âgé, il parvient à se rendre compte que chaque individu a une sensibilité. Il peut alors comprendre les sentiments de « l’autre » et lui venir en aide.

La difficulté à se préoccuper du bien-être d’autrui existe même quand cela ne nous coûte rien, à fortiori lorsque nous devons donner un peu de nous-mêmes pour aider.

En considérant tous ces éléments, la difficulté à prodiguer des encouragements se comprend aisément, car l’homme jeune vit dans un monde de comparaison, son existence est toujours dépendante de son entourage et il ne mesure ses réussites qu’à l’aune des réussites ou des échecs de ses voisins.

Concrètement, il s’agit de se demander comment vaincre son égoïsme et réussir à penser davantage à autrui, à prendre conscience de son existence.

Le Saba de Slobodka zatsal apprend cela des… animaux.

Parfois, il nous semble que les bêtes sauvages sont inutiles au monde, puisqu’en apparence elles ne causent que des dommages. Nos maîtres disent cependant que Hachem a créé toutes les bêtes sauvages comme émissaires pour punir les impies lorsque cela s’avère nécessaire.

Il est reconnu que les animaux savent attaquer les personnes coupables tout en épargnant celles qui ne le sont pas. S’il en est ainsi des bêtes, combien l’homme, qui est la couronne de la création, doit-il prendre garde à tous ses actes et s’inquiéter de ne déranger ni de blesser personne !

Par exemple, lorsque après la amida on recule de trois pas, il faut veiller à ne pas empiéter sur l’espace de ses voisins afin de ne pas les déranger. De même quand on prie avec ferveur et que de ce fait on lève la voix, il faut se préoccuper de ne pas troubler les autres fidèles dans leur propre prière. Il est vrai qu’on s’adresse au Saint Béni Soit-Il, mais on doit malgré tout se souvenir que le prochain est un être humain et non un poteau en bois. On a fini sa amida et on a reculé de trois pas conformément à la halakha, n’oublions cependant pas qu’à nos côtés se trouve un autre homme et non un mur. Il faut donc éviter de l’importuner.

La cage d’escaliers est aussi un lieu où parfois nous laissons nos mauvais comportements s’exprimer. Ici on jette un emballage, là un prospectus qui a été distribué dans les boîtes aux lettres… et on rentre chez soi tranquillement.

Aussi, souvent, après une fête, à une heure tardive de la nuit, une famille rentre bruyamment dans son immeuble, encore animée par l’ambiance de l’événement qu’elle vient de vivre, sans se soucier des voisins qui dorment déjà à cette heure-là.

A propos du verset « vous ne ferez pas souffrir la veuve ou l’orphelin », Rachi explique : « C’est la règle pour tout homme, mais le verset évoque les situations courantes. En effet, la veuve et l’orphelin sont des personnes vulnérables et il est fréquent qu’on les fasse souffrir. »

De plus, sais-tu vraiment qui est ton voisin, ton compagnon d’étude ou celui qui est assis à côté de toi à la synagogue ? Peut-être sont-ils des « personnes vulnérables » ? Alors, comment réussir à ne pas transgresser cet interdit ?

Le bon conseil se trouve dans le panneau d’avertissement suivant : toujours envisager la possibilité que la personne à qui j’ai affaire soit une personne vulnérable, lui donner de la considération et grâce à cela, se rendre compte qu’elle existe. En adoptant une telle attitude je parviendrai peut être à me défaire de mon insensibilité et à être attentif aux sentiments de chacun.

On raconte que le Rav Kook zatsal ne voulait rien encaisser pour le cachet de cacherout de la viande qui était sous sa surveillance. Nous savons tous que surveiller un abattage n’est pas une chose simple et qu’un tel service est très bien rétribué. Cependant, le Rav Kook refusait d’être payé pour ce travail.

Il expliquait sa position en disant : « Je crains qu’à cause de la dépense engendrée par mon salaire, la viande ne coûte plus cher et que certaines personnes achètent de la viande non cachère du fait de cette différence de prix. » Le Rav était donc prêt à renoncer à son salaire parce qu’il tenait compte d’autrui. Il était attentif aux sentiments du public, il savait que le prix élevé de la viande pouvait poser problème à certaines personnes et peut-être même les pousser à transgresser de graves interdits : il préférait renoncer à son salaire plutôt que de causer des difficultés à quiconque.

 

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