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paracha de la semaine

Parachat Vayetsé

21 Novembre 2015

9 Kislèv 5776

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

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La force de la Torah

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

« Ya'akov embrassa Ra’hel, il éleva la voix et pleura. » (Béréchit 29, 11)

Rachi explique : « Parce qu’il était venu les mains vides. Il a dit : Eliézer, le serviteur de mon père, avait en main des anneaux, des bracelets et des friandises, et moi je n’ai rien. En effet, Eliphaz le fils d’Essav, l’avait poursuivi pour le tuer sur l’ordre de son père, il l’a rattrapé, mais comme il avait grandi chez Yitz’hak, il n’a pas pu mettre son projet à exécution. Il lui a demandé : « Que puis-je faire quant à l’ordre de mon père ? » et Ya'akov a répondu : « Prends tout ce que j’ai, et le pauvre est considéré comme mort. » »

Il y a une difficulté : pourquoi Ya'akov a-t-il donné tout ce qu’il possédait à Eliphaz plutôt que de le tuer, puisqu’il est dit : « Celui qui vient pour te tuer, prends les devants et tue-le » (Sanhédrin 72a) ? Ya'akov, sachant qu’Eliphaz voulait le tuer, aurait dû le frapper en premier, puisque c’est une halakha claire, avant qu’il ait réussi à réaliser ce qu’il méditait. Pourquoi n’a-t-il pas tenu compte de cette halakha, d’autant plus qu’il était très fort physiquement ?

Nous apprenons de là la puissance de la Torah. Yitz’hak avait enseigné la Torah à Eliphaz, c’est pourquoi Ya'akov n’a pas voulu le tuer. C’est le mérite de la Torah qui a sauvé Eliphaz de la mort. La preuve qu’Eliphaz avait appris la Torah se voit dans le fait qu’il a accepté la proposition de Ya'akov, selon laquelle un pauvre est considéré comme mort, c’est pourquoi il a pris tous les biens de Ya'akov et l’a laissé sans rien. S’il n’avait pas étudié la Torah, il n’aurait certainement pas accepté cette solution et aurait voulu le tuer vraiment, parce qu’il aurait eu dans l’idée que c’était la seule façon d’obéir à l’ordre de son père. Mais comme il avait appris la Torah chez Yitz’hak, et a priori sans doute aussi chez Ya'akov, il a accepté sa décision.

C’est donc la Torah d’Eliphaz qui l’ sauvé de la mort, car Ya'akov aurait pu le tuer à cause de la halakha sur la légitime défense, mais ayant étudié la Torah, il a compris que ce que disait Ya'akov était exact et il s’est abstenu de le tuer, si bien que sa propre vie a également été sauvée. La Torah sauve et protège.

J’ai toujours un frisson quand je pense à Rabbi Akiva qui a quitté sa maison pendant douze ans sans revenir même une seule fois. Sa maison était peut-être proche de l’endroit où il étudiait, malgré tout il n’y allait même pas de temps en temps pour voir sa femme et ses enfants, mais il restait plongé dans son étude. Il semble que Rabbi Akiva ait puisé cette force chez Ya'akov, qui a étudié à la yéchiva de Chem et Ever pendant quatorze ans d’affilée, sans rentrer chez lui pour voir comment allaient son père et sa mère, or cette yéchiva n’était certainement pas loin de la maison d’Yitz’hak.

De même, Essav savait que son frère Ya'akov étudiait la Torah à la yéchiva de Chem et Ever depuis de longues années. Malgré tout, il n’est pas allé le tuer au beit hamidrach , parce qu’il savait que la Torah le protègerait et le sauverait de son épée. On peut ajouter qu’Essav savait que s’il entrait dans la yéchiva de Chem et Ever, il s’attacherait nécessairement à la force de la Torah et se mettrait lui aussi à étudier. Or comme il craignait d’en subir l’influence, ce qui le pousserait à délaisser ses fautes habituelles et sa vie de plaisirs, il a préféré ne pas entrer du tout à la yéchiva, bien que cela lui ait ôté la possibilité de tuer son frère, qui y est resté pendant quatorze ans.

Il est écrit « Ya'akov sortit » (Béréchit 28, 10). Rachi demande pourquoi il n’est pas écrit tout simplement « Ya'akov alla », et il répond que le tsaddik est la beauté, l’éclat et la majesté de la ville, si bien que quand il en sort, ce sont la beauté, l’éclat et la majesté qui s’en vont. Tant que Ya'akov restait dans la ville, on entendait au loin la voix de la Torah, et cette voix était si belle et agréable que tout le monde se rassemblait pour venir écouter l’étude de Ya'akov. Lorsqu’il a quitté la ville, la voix de la Torah a cessé de chanter, c’est pourquoi son départ a fait beaucoup d’impression sur les habitants, au point qu’ils ont senti que la beauté, l’éclat et la majesté de la ville avaient disparu.

Je me suis demandé ce qui était tellement attrayant dans la voix de l’étude de la Torah de Ya'akov. Qu’est-ce qu’elle avait de spécial, pour que son départ fasse une impression aussi puissante sur les gens ?

On peut expliquer que le tsaddik est relié à Hachem de toute son âme, pendant toute sa vie il rend Hachem roi sur lui et Le prend pour maître, c’est pourquoi les noms du Saint, béni soit-Il se trouvent en lui. Ya'akov a servi son Créateur toute sa vie et a étudié Sa sainte Torah, ainsi qu’il est dit « Ya'akov était un homme intègre, installé dans les tentes » (Béréchit 25, 27), ce qui signifie qu’il se donnait entièrement dans la tente de la Torah, et parce qu’il avait fait D. roi sur lui, cela a entraîné que tous les Noms sacrés qui se trouvent en allusion dans la Torah se trouvent en lui. Quand il a quitté la ville, ces Noms sont partis avec lui, c’est pourquoi son départ a fait une telle impression sur les gens. Ils ont senti que la beauté, l’éclat et la majesté de la ville s’en étaient allés eux aussi.

On trouve dans les écrits du ‘Hida que les trois Patriarches ont étudié la Torah ensemble pendant quinze ans. Or quand Avraham est mort, Ya'akov avait quinze ans, ce qui veut dire qu’il avait étudié la Torah depuis l’instant de sa naissance. On peut le comprendre d’après un enseignement qu’on trouve dans le Talmud (Yérouchalmi Yébamot 8b) sur la mère de Rabbi Yéhochoua, qui avait laissé le berceau de son fils dans le beit hamidrach depuis le jour de sa naissance, afin que ses oreilles absorbent la voix de la Torah. Il semble que Rivka en ait fait autant, elle a placé son fils Ya'akov au milieu de ceux qui étudiaient la Torah afin que ses oreilles absorbent les paroles de Torah, c’est pourquoi on peut dire que pendant quinze ans il a étudié la Torah avec Avraham et Yitz’hak ses aïeuls en sainteté.

On comprend à présent combien la Torah était importante pour Ya'akov, c’est pourquoi il n’a pas voulu tuer Eliphaz par légitime défense, mais a essayé de le convaincre de prendre tout ce qu’il possédait, ainsi il serait considéré comme mort, tout cela à cause du mérite de la Torah d’Eliphaz. Mais sans cela, il aurait certainement obéi à la halakha et tué préventivement celui qui menaçait de le tuer.

HOMMES DE FOI

Histoires des justes de la famille Pinto

L’année de disette que connut le Maroc n’a pas épargné les agriculteurs, logés à la même enseigne que les autres habitants. La terre n’était pas humectée par la moindre goutte d’eau. La détresse était le lot de tous ceux qui ne savaient plus qu’inventer à force de douleur et de souci.

Rabbi Hadan, que son mérite nous protège, allait à cette époque courbé et anéanti. L’époque des fêtes approchait, et il n’avait pas d’argent pour acheter des vêtements ni des produits alimentaires aux pauvres de la ville, comme il en avait l’habitude chaque année.

Une certaine nuit, Rabbi ‘Haïm le grand lui apparut en rêve, et lui dit :

« Mon fils ! Ote ce souci de ton cœur. N’aie aucune tristesse. Demain, avec l’aide de D., ta famille aura des vêtements neufs comme auparavant. »

Avec le matin, comme Rabbi Hadan se préparait à aller à la synagogue pour la prière du matin, la servante du riche Moché Aflalo arriva et lui annonça que ce dernier demandait au Rav de passer chez lui.

A l’entrée de la maison, Moché Aflalo reçut Rabbi Hadan aimablement et gaiement, puis il lui raconta ce qui s’était passé :

« Cette nuit m’est apparu en rêve le tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège, et il m’a demandé : est-il possible que vous portiez des vêtements neufs pour la fête alors que mon fils Hadan portera de vieux vêtements ? Je vous impose de donner également des vêtements neufs à la famille d’Hadan.

Je vous ai fait appeler dès le matin pour obéir à l’ordre de votre père le tsaddik. »

Il fit immédiatement sortir une belle somme d’argent, destinée à des vêtements neufs pour Rabbi Hadan et sa famille, et il ajouta pour Rabbi Hadan une montre et une chaîne en or pur.

Rabbi Hadan a béni le riche de sa générosité, et il est rentré chez lui tout joyeux. Avec l’argent qu’il avait reçu, il a d’abord acheté des vêtements pour les pauvres, et avec le peu qui restait il a acheté des vêtements pour lui-même et sa famille.

SUR LA PENTE ASCENDANTE

Le Chabbat comme avocat

Un jour, un grand riche de Mexico qui avait de gros ennuis m’a téléphoné. Pour une certaine raison, il devait subir un procès fatidique et capital, tous ses biens et son immense fortune étant en jeu. S’il sortait du procès innocenté, il garderait tous ses biens, mais si on le déclarait coupable, sa fortune serait immédiatement confisquée.

De nombreux avocats avaient participé à la préparation du procès, dans une tentative de l’aider à présenter des arguments susceptibles de faire valoir son innocence, mais c’est justement mon avis qu’il voulait sur la façon de se conduire pendant le procès, et il demandait quel argument victorieux écarterait la grave accusation qui pesait sur lui.

Au début, j’ai essayé de me dérober. Je craignais d’émettre une opinion en présence de décisions tellement cruciales. Mais il ne me lâchait pas, il tenait absolument à ce que je donne mon avis d’après l’impression que j’avais.

Cette conversation entre nous se passait un vendredi après-midi, peu de temps avant l’entrée du Chabbat. Comme je savais qu’il n’observait pas encore la Torah et les mitsvot, j’ai profité de l’occasion pour lui dire :

« Ecoutez-moi, observez le Chabbat qui vient. Pendant le Chabbat, ne répondez à aucun coup de téléphone. Allez aux prières à la synagogue et oubliez complètement le procès. Et je suis certain que par la bonté de D., vous verrez la délivrance de vos propres yeux. »

« Rav, je ne suis pas capable de faire cela », répondit-il.

Mais je lui dis avec obstination :

« Sachez que toute votre vie et toute votre fortune dépendent en ce moment de l’observance du Chabbat qui vient. Si vous respectez la sainteté du Chabbat, vous mériterez toutes les bénédictions et vous verrez de grandes délivrances, mais si vous ne l’observez pas, vous risquez de perdre tout votre argent dans le procès. »

Quand il entendit ce que j’énonçais avec certitude, il décida de suivre mon conseil et d’observer le Chabbat conformément à la halakha.

A la sortie du Chabbat, je lui ai téléphoné et il m’a raconté que bien qu’il lui ait été très difficile d’observer le Chabbat, il s’y était efforcé dans toute la mesure du possible, si bien que maintenant, il me demandait conseil sur la façon de se comporter pendant le procès.

« Si vous voulez mon avis, faites ce que je vous indique : le jour du procès, prenez votre avion privé et sortez des frontières de la région sous prétexte de ne pas vous sentir bien, et ainsi vous permettrez aux débats d’avoir lieu en votre absence. Je suis certain que par le mérite de l’observance du Chabbat, que vous avez respecté avec un grand dévouement, D. veillera à ce que tout se passe au mieux de vos intérêts. »

Il suivit mon conseil et ne parut pas au tribunal au moment du verdict. Par la grâce de D. les juges acceptèrent les arguments de ses avocats expérimentés, et en fin de compte il fut innocenté totalement.

LA HAPHTARA DE LA SEMAINE

« Oui, Mon peuple se complaît dans sa rébellion contre Moi » (Hochéa 11).

Le rapport avec la paracha : Dans la haphtara, il est question de Ya'akov qui a saisi le talon de son frère Essav, ainsi qu’il est écrit : « Dans le ventre, il attrapa le talon de son frère ». La paracha parle de la fuite de Ya'akov devant Essav.

 « Ya'akov s’enfuit vers le territoire d’Aram, Israël a travaillé pour une femme, pour une femme il a été berger » (Hochéa 12, 13).

Il est dit dans la Guemara (Kidouchin 31a) qu’il est interdit de quitter Erets Israël pour aller s’installer ailleurs, mais pour étudier la Torah et pour se marier, c’est permis.

C’est ce que signifie le verset « Ya'akov s’enfuit vers le territoire d’Aram ». Il est pourtant interdit de sortir d’Erets Israël !

C’est pourquoi le verset continue en donnant la raison de ce voyage : il s’agissait de se marier, « Israël a travaillé pour une femme », c’est pourquoi il lui était permis de sortir.

(« Midrach Yéhonathan »)

 « Ce qui t’a perdu, Israël, c’est que tu t’es insurgé contre Moi, ton protecteur » (Hochéa 13, 9).

Le roi Don Alphonso a demandé à Yichmaël : Donne-moi la raison de la chute des juifs. Comment sont-ils tombés devant l’ennemi comme la moisson devant un moissonneur ?

Il lui a répondu que les bnei Israël s’appuyaient sur le D. d’Israël, sonnaient de la trompette, et Hachem luttait pour eux, mais ils ne s’y connaissaient pas dans l’art de la guerre ni dans les armes.

Pourtant lorsqu’ils avaient fauté, Hachem leur avait enlevé Sa protection, et ne leur venait plus en aide. Comme par ailleurs ils ne s’y connaissaient pas, ils étaient tombés comme un troupeau qui n’a pas de berger et que les loups dévorent sans que rien les protège.

C’est ce que proclame le prophète : « Ce qui t’a perdu, Israël », la raison de ton effondrement, c’est que « tu t’es insurgé contre Moi, ton protecteur », les bnei Israël s’en remettaient toujours à D. et ne connaissaient pas l’art de la guerre, si bien que lorsqu’ils ont fauté, ils ont eu beau crier vers Hachem, personne ne les sauvait.

(« Ahavat Yéhonathan »)

GARDE TA LANGUE

Eviter un préjudice

Bien qu’il soit interdit de croire du lachon hara, il faut pourtant soupçonner que c’est peut-être vrai, et se méfier de la personne sur laquelle on a entendu du lachon hara, si elle risque de causer préjudice à d’autres, au cas où ce serait vrai.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Ya'akov et les besoins matériels

« Ya'akov se mit en chemin et partit au pays des enfants de l’orient » (29, 1).

« Vayissa et raglav » (se mit en chemin) est un terme qui dénote l’effort, car il était très difficile à Ya'akov de s’éloigner du lieu de sainteté et de la proximité de D., de même qu’il est très difficile de cesser de faire des choses qui provoquent une augmentation des biens, à cause de l’amour de l’argent. De même, l’amour de la proximité de D. était si fort chez Ya'akov qu’il lui était difficile de quitter ce lieu, et en sortir exigeait de lui un effort particulier.

C’est de cette façon qu’il faut apprendre des saints Patriarches la seule solution à tous les malheurs et à toutes les difficultés qu’on rencontre dans la vie, à savoir le concept exprimé dans les Psaumes : « Et moi, la proximité de Hachem est bonne pour moi » (73, 28). Les Patriarches étaient certains que tout le bien leur venait uniquement de la présence de D., car ils ont souffert et senti dans leur chair toutes sortes de malheurs et de vicissitudes, par exemple la recherche d’un conjoint et l’infertilité, la subsistance et l’assimilation, Essav et Yichmaël, et ainsi de suite. Ils n’avaient aucun repos de leurs malheurs. De même, les Sages nous ont révélé que Ya'akov avait voulu s’installer dans la sérénité et que le malheur de Yossef l’avait assailli (Yalkout Chimoni Iyov, 904). Malgré toutes ces épreuves, il est arrivé à un niveau extraordinaire, comme nous le voyons, que « Hachem S’est tenu au-dessus de lui ».

Nous trouvons également que Ya'akov a dit de lui-même lorsqu’il est parti pour se marier : « car j’ai traversé ce Jourdain avec ce bâton » (Béréchit 32, 10), or on sait que selon la nature, il n’est pas possible de prendre femme sans rien. Mais en sachant clairement que la réussite viendra uniquement de Hachem, Qui n’abandonnera pas son peuple, il a mérité des miracles évidents en ce qui concerne son mariage.

Il est arrivé qu’un certain Rav vienne me trouver pour me dire que son père l’avait laissé se débrouiller seul dans la vie, sans aucune aide financière, et que de plus il ne l’avait pas aidé non plus à chercher une épouse. Bien que normalement il n’aurait pas dû pouvoir s’en sortir tout seul, avec l’aide de D., il avait réussi dans la vie. Je lui ai dit que son père lui avait appris de cette façon les deux choses qui garantissent le succès dans la vie : la foi et la confiance en D. Il faut savoir que lorsque Hachem nous éprouve, c’est un moyen de renforcer notre confiance en Lui, car dans les épreuves on Le prie et on met sa confiance en Lui.

Le roi Chelomo a dit : « Sors à la suite du troupeau » (Chir HaChirim 1, 8), et les Sages (voir Rachi) interprètent ce verset comme évoquant un petit agneau qui s’est perdu, et qui en fin de compte a trouvé son chemin grâce aux traces de pas sur le sol, pour nous enseigner qu’Israël doit s’attacher aux pas des Patriarches qui ont tracé pour nous la voie juste sans déviation, car c’est le chemin de la vérité.

Je suis certain que celui qui étudie la Torah sans tirer la leçon des histoires des Patriarches, c’est comme s’il reniait la Torah, car si la vie des Patriarches est racontée en détail dans la Torah elle-même, c’est que leur conduite en est une partie intégrante. Dans le même esprit, il est écrit dans le Zohar que la Torah consiste en des conseils donnés à l’homme sur la façon de gérer sa vie personnelle.

A LA SOURCE

« Lavan rassembla tous les gens de l’endroit et fit un repas de fête » (29, 22).

Le livre « Peninei Leparachat Hachavoua » indique la coutume des tsaddikim selon laquelle lorsqu’ils fêtent un événement heureux, ils donnent largement sans rien craindre, en disant que justement au moment d’une joie, il y a des influences qu’il n’y a pas les autres jours de l’année. Lorsque les portes s’ouvrent, on peut y faire entrer tout ce qu’on désire…

Au nom de Rabbi Israël de Rojin zatsal, on raconte qu’une fois, au moment du mariage de l’un de ses petits-fils, il a dit : « Si le père de la mariée est intelligent, il achète pour lui-même aussi un nouveau manteau sur le compte du mariage, et s’il est encore plus intelligent, il investit aussi dans l’achat d’un terrain… »

Plus encore, on cite au nom du Rav d’Apta zatsal que lorsqu’on fait un mariage sans acheter de nouveaux vêtements et autres choses, les anges se moquent en disant : « On lui ouvre les portes de la subsistance, pourquoi est-ce qu’il ne prend rien ? »

Le Rav d’Apta a encore ajouté qu’on sait que lorsqu’on marie son fils dans la fête et dans la joie, c’est de là que vient la subsistance ! On en trouve une allusion dans le verset : « Il leur fit un repas de fête et ils mangèrent et burent » (26, 30). C’est-à-dire  « il leur fit un repas de fête » – quand on marie son fils en festoyant dans la joie, « ils mangèrent et burent », c’est de là que vient la subsistance et l’abondance…

 « Elle conçut de nouveau, enfanta un fils et dit : cette fois, je remercierai (odè) Hachem, c’est pourquoi elle l’appela Yéhouda » (29, 35).

Il faut s’étonner de ce que lorsque Léa a enfanté pour la quatrième fois, elle dit : « cette fois je remercierai Hachem ». Les fois précédentes, elle ne devait pas remercier Hachem ? Et dans ce cas, pourquoi remercier Hachem cette fois-ci plus que les précédentes ?

Le gaon Rabbi Ben Tsion Aba Chaoul zatsal l’a expliqué dans son livre « Levouch Yossef ». Habituellement, quand il vous nait un fils, on continue à prier pour avoir d’autres enfants, mais une fois qu’on a trois enfants et qu’on est donc assuré d’avoir une postérité, on commence à se dire que le fait d’avoir des enfants est une chose naturelle, et on ne ressent plus le besoin de prier ni de remercier au moment de leur naissance. Or Léa a enseigné au peuple d’Israël une conduite particulière, à savoir que la gratitude doit être constante. Si la première fois est bonne, alors c’est aussi le cas de la quatrième fois, même une fois qu’on est assuré d’avoir une postérité.

C’est pourquoi Léa a dit à la quatrième fois : « Cette fois je remercierai Hachem », c’est comme si elle avait dit : cette fois aussi, je remercierai Hachem.

 « Ya'akov se fâcha et se plaint de Lavan en disant : quelle faute et quel crime ai-je commis » (31, 36).

Les Sages ont dit qu’on connaît quelqu’un par trois choses : son verre, sa poche et sa colère.

Comment le connaît-on par sa colère ? On peut l’apprendre de Ya'akov. En effet Lavan, même à ses moments d’affection et d’amour, même lorsqu’il parle de chants et de tambourins et de tout son désir d’embrasser ses filles et ses petits-enfants, sait alors ajouter en passant : « J’ai le pouvoir de te faire du mal ». C’est le dernier vers du chant de l’épanchement de son âme pour l’amour de ses descendants…

Alors que Ya'akov, même lorsqu’il est dominé par la colère, même lorsqu’une dispute éclate, ne fait entendre aucune menace, ni juron ni insultes, mais simplement : « quelle faute et quel crime ai-je commis ? »

C’est cela la nature de Ya'akov, c’est cela sa colère…

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Ra’hel vit qu’elle n’avait pas donné d’enfant à Ya'akov » (30, 1)

Il est dit « à Ya'akov », car elle lui en voulait surtout d’être Ya'akov : s’il avait été quelqu’un d’autre qui n’est pas connu pour sa piété, elle aurait pensé que c’était à cause de lui, « car le sceptre de l’impiété ne se posera pas sur le patrimoine des justes » (Téhilim 125, 3). En effet, elle était une juste, donc dans ce cas, c’était à cause de lui qu’elle ne concevait pas. Or ce n’est pas le cas s’il est Ya'akov, un grand tsaddik, c’est pourquoi elle était jalouse de sa sœur, qui avait mérité d’avoir des enfants de lui.

LES CHEMINS DE LA FOI

Etudes sur la droiture dans les midot

Rabbi Ya'akov Arié de Radjimin zatsal était extrêmement pauvre lorsqu’il était Rav de la ville de Ritchbel, mais il était heureux de son sort. Il était si pauvre qu’il n’avait pas de quoi acheter un chapeau, c’est pourquoi il se couvrait la tête avec une feuille de chou, comme les paysans miséreux.

Un jour, l’un de ses proches le rencontra et le vit déambuler avec une feuille de chou sur la tête, d’excellente humeur. Il s’étonna et demanda au Rabbi : « Est-ce que le Rabbi de Ritchbel n’a pas honte de sa pauvreté ? »

Le Rabbi s’étonna également de la question et répondit : « Pourquoi est-ce que j’en aurais honte, est-ce que j’ai volé quelque chose à quelqu’un ? »

Cette histoire parle d’une pauvreté extrême, excessive, mais pour équilibrer cette image, tournons le regard vers Ya'akov, qui s’est adressé à son Créateur pour lui demander les premières nécessités de l’homme : « S’il me donne du pain à manger et un vêtement à porter » (Béréchit 28, 20).

L’auteur de ‘Hovot HaLevavot en conclut que « c’est ce que les tsaddikim demandent à Hachem. Ils ne Lui demandent rien de superflu, mais uniquement ce qui est absolument essentiel, sans lequel il est impossible de vivre. On sait que l’homme tend à rechercher le superflu, ce qui provoque beaucoup de trouble, c’est pourquoi quiconque craint D. devrait se réjouir de son lot et se suffire de peu, sans désirer du superflu, et se réjouir dans la crainte de D. »

On raconte d’un philosophe des nations qu’il était indigent. Un jour, le roi lui donna de l’argent et de l’or pour le sauver de sa misère.

Il se leva tôt le matin, prit en main l’argent, vint trouver le roi et lui dit : « Voici ce que vous m’avez donné, reprenez-le, car je n’en veux pas. » Le roi s’étonna et lui demanda : « Qu’est-ce que vous me faites, pourquoi est-ce que vous repoussez le cadeau que je vous ai donné ? » Le philosophe répondit :

« Sire, depuis que je suis sur terre jusqu’à maintenant, j’ai vécu dans la tranquillité et la sérénité, car je n’ai jamais désiré l’argent, et je me suis toujours contenté de l’indispensable. Ce que j’avais me suffisait amplement, et toute ma sagesse consistait à étudier la sagesse de la création et la grandeur des œuvres de D. Mais hier, après avoir pris l’argent, j’ai été rempli de tristesse et de souci en me demandant ce que j’allais en faire, si j’allais acheter des marchandises ou le confier à un dépositaire de confiance, ou acheter un terrain, le sommeil m’a fui et mon cœur était agité comme la mer.

Parce que j’étais entouré d’une houle de pensées et de nombreux soucis, je ne pouvais pas le supporter, c’est pourquoi cet argent est à vous. »

Et le philosophe pauvre s’installa dans sa pauvreté.

Voici une histoire rapportée par le gaon Rabbi Yérou’ham Leivovits zatsal dans son livre « Da’at Torah », avec la leçon qu’elle comporte.

Quand les sages des nations ont senti les plaisirs de la sagesse, écrit Rabbi Yérou’ham, ils se sont détachés de tout ce qui concerne ce monde-ci et qui les dérangeait dans leur quête de la sagesse. Mais, dit Rabbi Yérou’ham, ce n’est pas l’avis de notre sainte Torah. La Torah n’exige pas de l’homme une séparation totale du monde. Les Sages disent (Kidouchin 30b) : « Tant que le pansement – qui est la Torah – se trouve sur ta blessure, mange ce que tu veux, bois ce que tu veux et baigne-toi dans l’eau chaude ou froide, tu n’as rien à craindre. »

Cette idée figure dans Or’hot Tsaddikim : « Le désir est la pire de toutes les midot, car on désire à cause de l’orgueil porter des vêtements chers, construire de grands palais et manger des mets raffinés. Mais si quelqu’un dit : comme le désir est une tellement mauvaise mida, je vais m’en séparer totalement au point de ne plus manger de viande et de ne plus boire de vin, de ne pas me marier, de ne pas habiter une belle maison, de ne pas porter de beaux vêtements, mais de me vêtir des tissus les plus rudes et de vêtements déchirés et sales, de me servir d’instruments répugnants et ainsi de suite, il est appelé pécheur, car il est dit à propos du nazir : « Il fera expiation sur lui de la faute contre l’âme » (Bemidbar 6, 11). Les Sages ont dit que si le nazir, qui ne s’est interdit que le vin, est appelé « pécheur », à combien plus forte raison celui qui s’interdit toute autre chose ! (Ta’anit 11a).

La conduite droite à tenir est donc celle qui nous a été indiquée par Ya'akov : demander à D. tout ce dont on a besoin : du pain pour manger et des vêtements pour se vêtir, sans exagération dans les plaisirs, mais aussi sans négliger les nécessités de base. Ne pas désirer ce qui se trouve chez le voisin, regarder ce que Hachem nous a donné et se réjouir de son lot. Comment arrive-t-on à cela ? Par l’étude de la Torah et de ses leçons.

 

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