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paracha de la semaine

Parachat Vayechèv

5 Decembre 2015

23 Kislèv 5776

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 16:37 17:49 18:33
Lyon 16:39 17:47 18:33
Marseille 16:45 17:51 18:35

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La sérénité mène à un affaiblissement spirituel

 (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

 « Ya'akov s’installa dans le pays où ses pères avaient séjourné, le pays de Canaan » (Béréchit 37, 1)

On trouve chez les Sages (Yalkout Chimoni Iyov, 904) l’enseignement suivant, cité par Rachi (Béréchit 37, 2) : « Ya'akov a voulu s’installer en paix, le malheur de Yossef l’a assailli. »

La Torah vient nous enseigner que la tranquillité est un danger pour la Torah, comme le disent les Sages (Chabbat 105b) : le mauvais penchant ne vient pas proposer à l’homme de pratiquer l’idolâtrie, parce qu’il ne l’écouterait pas. Mais il lui dit : néglige une petite chose, et le lendemain il lui dit : tu vois, hier tu l’as négligé, néglige-la un peu plus aujourd’hui. Ainsi, il vient le trouver tous les jours en ajoutant à chaque fois, jusqu’à ce qu’il le pousse à pratiquer l’idolâtrie, c’est-à-dire qu’un petit peu de repos est ce qui mène en fin de compte à l’idolâtrie. Ainsi à l’époque des Grecs, qui ont introduit le culte du corps, comment est-il possible qu’ils aient réussi à introduire cette notion chez le peuple juif ? Ils ont certainement dit : vous avez besoin d’un peu de repos de votre étude, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’ils réussissent presque à ce que tout le peuple juif s’hellénise, et c’est le peu de repos qu’il avait recherché qui l’a conduit à cela.

Les Sages ont édicté les jours de ‘Hanouka pour que nous nous rappelions que le repos et la paix sont ce qui avait provoqué la guerre et l’hellénisme jusqu’au 25 Kislev, où les ‘Hachmonaïm ont commencé à faire briller dans le cœur de tout juif les lumières de la Torah. C’est pourquoi on allume une lumière de plus chaque soir, ce qui nous rappelle les résultats de la sérénité : on s’hellénise petit à petit. Mais l’école de Chamaï estime que c’est l’inverse, qu’il faut se rappeler comment nous avons perdu notre âme, en descendant chaque jour d’un degré, chaque jour un peu plus, jusqu’à l’hellénisation totale. Ces deux attitudes sont l’expression de la parole du D. vivant, et recouvrent la même idée. Comme la halakha suit l’avis de la maison de Hillel, à savoir qu’on allume une lumière de plus chaque jour, il convient de ne pas regarder vers le passé, mais de prier pour être aujourd’hui un peu plus juste que la veille.

A partir de cela, on peut expliquer pourquoi ‘Hanouka a lieu pendant la semaine de la parachat Vayéchev. Cela vient nous enseigner qu’on exige de Ya'akov, qui est le troisième élément de la merkava, le pilier de la Torah et l’homme intègre, d’avoir les idées claires sur le repos et la sérénité. Comme il y a joint l’action, le malheur de Yossef l’a assailli.

J’ai vu quelque chose qui m’a causé une terrible frayeur. Le Saba zatsal, disciple de Rabbi Israël Salanter, auteur de « Madregat HaAdam », a vu une fois en passant un homme qui courait à son travail. Le Saba lui a demandé s’il n’étudiait pas, il a répondu qu’il étudiait un peu.

Le Saba s’est étonné de cette réponse. Cet homme lui a répondu que s’il étudiait, il ne savait pas de quoi il vivrait. Le Saba lui a dit : « Vous vous demandez de quoi vous allez vivre, mais vous ne vous demandez pas avec quoi vous allez mourir, qu’est-ce que vous emporterez avec vous là-haut ! » C’est une histoire terrifiante, car aujourd’hui nous vivons dans le sentiment  qu’on ne sait pas comment vivre : si je ne me repose pas et si je ne dors pas, comment vais-je vivre ? Alors qu’il faut se demander avec quoi nous allons mourir, ce que nous emporterons avec nous là-haut. Au ciel, on dira que nous avions amplement assez de temps par rapport à ce que nous prenons avec nous, et cela, nous devons l’apprendre de Ya'akov, qui a construit une souka pour s’éloigner d’Essav. Il faut réfléchir comment il a appris de la conduite d’Essav afin de s’éloigner de lui.

Il y a quelques années, il m’est arrivé une histoire. Je devais aller en Israël pour une certaine raison, et il n’y avait de place sur aucun vol à cause de leurs fêtes. J’ai donc été obligé d’atterrir en Grèce, et j’étais très ému de devoir me trouver à l’endroit d’Antiochus l’impie. Quand nous avons atterri en Grèce, c’était le moment de min’ha, et je me suis mis à prier dans un coin. Quand j’ai terminé ma prière, j’ai vu que beaucoup de Grecs m’entouraient, parmi lesquels plusieurs prêtres qui me regardaient. Je leur ai dit que j’étais seulement en train de prier, et ils m’ont répondu : « Good, good », bien, bien. Quelque temps plus tard, quand l’avion a survolé la mer, j’ai regardé et je me suis dit : « Combien Tes œuvres sont grandes, Hachem », pour que moi, David Pinto, je vienne en Grèce et que j’y prie min’ha, alors que si Antiochus avait été vivant, il m’aurait tué ! Mais tous ces gens autour de moi disaient « bien, bien », et aujourd’hui il est mort et moi je suis ici dans son pays avec une barbe et des peot, et je prie min’ha !

Ensuite, quand ils ont distribué les repas, le steward m’a dit : « Rav Pinto, nous avons de la nourriture cachère pour vous. » Je lui ai répondu que je ne le croyais pas. Il est allé m’amener un beau plateau avec de la nourriture cachère lamehadrin. Je lui ai dit avec étonnement que je ne le croyais pas, et ils ne comprenaient pas ce que je leur voulais. Je leur ai demandé s’ils étaient Grecs, ils m’ont répondu que oui. Je ne l’ai certainement pas fait pour me moquer d’eux, mais pour me renforcer.

Je leur ai dit : « Je vais vous expliquer. Il y a très longtemps, les ancêtres de vos ancêtres grecs sont venus en Erets Israël avec leur roi Antiochus et ont tué tous les juifs qui observaient le Chabbat, mangeaient casher, circoncisaient leurs fils et observaient la pureté familiale, et vous, leurs descendants, vous m’apportez de la nourriture cashère ! Si Antiochus voyait ce que vous faites, il vous tuerait. » C’est cela la proclamation du miracle. Le peuple d’Israël est vivant, à chaque instant. Tous les peuples du monde veulent nous tuer et ils ont la force de le faire, mais ils en sont empêchés à cause de la puissance de la Torah que nous étudions, et de la « nechama » (l’âme), qui contient les mêmes lettres que « hachemen » (l’huile). Tout cela les empêche de nous tuer, et ainsi le miracle est proclamé.

Il semble qu’il faille aussi proclamer le miracle pour se rappeler qu’il ressort de ce que dit le ‘Hatam Sofer, qui pose la question suivante : Il est interdit d’allumer dans la cour du Temple, or c’est là qu’ils ont allumé. Il explique que comme il y avait une idole dans le Temple, il était impossible d’y allumer, et faute de mieux, ils ont donc dû le faire dans la cour. On voit de là le grand principe selon lequel il est impossible à celui qui entre au beit hamidrach avec des opinions invalides d’y allumer et d’y servir D. Cela signifie qu’il ne peut pas recevoir une influence spirituelle. Il doit sortir à l’extérieur et vider sa tête et son cœur de toutes les pensées étrangères, se sanctifier, et alors seulement entrer à l’intérieur d’un lieu saint.

De même, à quelqu’un qui avait demandé comment on prie, j’ai répondu qu’on se concentre dans la prière, et pour ce faire il faut savoir pourquoi on est venu à la synagogue. Si on est venu pour prier, il faut se rappeler que la prière exige une préparation, car pour prier le Créateur du monde il faut sanctifier l’intériorité de l’homme. Mais il est impossible de venir à la synagogue sans se demander pourquoi on y va. De même qu’il est impossible de servir D. dans un endroit pollué, il est impossible de prier s’il n’y a pas une sainteté préalable. Il faut d’abord faire sortir de son cœur et de sa tête les opinions fausses, alors on pourra mériter de se sanctifier, c’est pourquoi au Temple on a allumé dans la cour pour les besoins du moment, pour que cela permette de purifier l’intérieur du Temple.

SUR LA PENTE ASCENDANTE

La valeur de la sainteté de la vie

Hachem, dans Sa grande miséricorde, a implanté en l’homme une volonté intérieure de vivre. Quand sa vie se trouve en danger et qu’il comprend qu’il va la perdre, l’amour de la vie le pousse à trouver en lui-même des forces surhumaines qui l’aideront à surmonter le danger, et il échappera ainsi à la mort.

Dans le monde entier, la « sainteté de la vie » est la plus grande des valeurs. Les gens sont prêts à donner tout l’argent du monde pour défendre leur vie. Plus encore, de nombreuses personnes merveilleuses comme les pompiers et les membres de différents organismes de sauvetage mettent eux-mêmes leur vie en danger pour sauver les autres.

Un juif qui se trouvait en Extrême-Orient au moment de la catastrophe du tsunami a raconté que lui et son fils se trouvaient à ce moment-là au bord de la mer quand tout à coup, sans aucun signe annonciateur, il a vu une vague gigantesque qui s’approchait d’eux et a emporté son fils bien loin de lui. Pendant ces terribles secondes, il a senti que son univers s’écroulait, mais il s’est rapidement ressaisi et s’est mis à crier vers Hachem pour lui demander de sauver son fils.

Deux jours ont passé, pendant lesquels le monde a appris la catastrophe et les immenses pertes que le tsunami avait causées, en vies humaines, en biens et en tout ce que la mer sortie de ses limites avait pris avec elle sur le continent dans un bruit colossal. Le malheureux père a compris qu’il ne verrait plus jamais son cher fils, et dans son cœur il l’a réuni aux victimes de la catastrophe qui s’étaient noyées dans l’abîme.

Quand cette prise de conscience a pénétré dans sa tête et qu’il a commencé à prendre le deuil de son fils, il l’a retrouvé tout à coup dans un endroit sûr et protégé !

L’heureux père, qui reconnaissait l’immense miracle qui avait été fait à son fils emporté par la mer, a eu l’impression qu’il lui était revenu de l’au-delà. Il a dit qu’à partir de ce jour-là où il avait retrouvé son fils, il ressentait la vie comme quelque chose de mille fois plus précieux qu’avant la catastrophe du tsunami. En ses propres termes :

« L’homme ne sait pas ce que c’est vraiment que la vie avant de se trouver en face d’elle et presque la perde. »

Repens-toi un jour avant ta mort

A un moment où je recevais le public aux Etats-Unis s’est présenté à moi M. Azoulay zal, qui s’était marié tard et n’avait pas eu d’enfant. Il voulait que je lui donne la bénédiction d’une descendance.

Comme à mon habitude, je lui ai prescrit de se renforcer dans un certain nombre de choses du service de Hachem, et par la grâce du Ciel il a mérité d’avoir des triplettes.

Au bout d’un an, alors que je me trouvais de nouveau aux Etats-Unis, M. Azoulay est venu me trouver avec ses trois filles après m’avoir remercié sans fin de la bénédiction que je lui avais donnée par le mérite de mes saints ancêtres, et il m’a remis une somme d’argent pour mes institutions.

Mais la troisième année, pendant tout le temps de mon séjour aux Etats-Unis, M. Azoulay n’a pas paru du tout, et cela m’a énormément étonné.

Quelques minutes avant mon départ, l’homme est arrivé tout à coup et m’a demanda une bénédiction pour sa famille, mais sans apporter de contribution.

Cela m’a étonné, et je me suis dit qu’il est écrit « La tsedaka sauve de la mort » (Michlei 10, 2). Mais je n’ai rien dit à M. Azoulay, et je l’ai simplement béni ainsi que sa famille comme il l’avait demandé. Je l’ai jugé favorablement et me suis dit qu’il enverrait certainement sa contribution par la suite.

Quelques semaines après ma visite aux Etats-Unis, j’ai reçu un coup de téléphone où l’on m’annonçait tristement que M. Azoulay avait fait un accident vasculaire et était mort à l’âge de cinquante-deux ans seulement !

En entendant cette triste nouvelle, j’ai été bouleversé. Mon hôte aux Etats-Unis, qui avait téléphoné pour m’annoncer cette amère nouvelle, avait l’air entièrement défait et tourmenté.

« Pourquoi avez-vous l’air tellement anxieux ? » lui ai-je demandé.

Il a répondu : « M. Azoulay m’avait dit la veille de son décès : qui sait ce que je vais devenir ! Peut-être que je vais mourir demain, et il n’y a personne pour dire kaddich pour moi, comme je n’ai eu que des filles. Et il m’a demandé qu’après sa mort je dise kaddich pour lui. Je me suis étonné de ce discours. Il était jeune et en bonne santé, c’est pourquoi je lui ai demandé : « M. Azoulay, pourquoi parlez-vous comme cela, alors que vous êtes encore jeune et qu’il n’y a aucune raison que vous mourriez bientôt ? » Mais il m’a répondu tranquillement qu’il avait un pressentiment. Et effectivement, le lendemain ce pressentiment s’est réalisé et il est mort. C’est pourquoi je suis complètement anxieux et bouleversé. » C’est ce que m’a dit mon hôte aux Etats-Unis.

Quand j’ai entendu cette histoire, je lui ai dit : « C’est ce qu’ont dit les Sages, que trente jours avant la mort on annonce à l’homme qu’il va quitter ce monde » (voir Zohar I 217b).

M. Azoulay aussi avait senti un jour avant sa mort qu’il allait quitter ce monde, et il se souciait de n’avoir personne pour dire kaddich pour lui.

Tout le monde ne mérite pas de sentir sa mort proche, et quelqu’un qui n’est pas conscient du moment de sa mort est parfois emporté sans avoir eu le temps de se repentir de ses fautes. Mais pour un juif qui a des mérites, il arrive que du Ciel on lui annonce sa mort prochaine, sous la forme d’un pressentiment intérieur.

M. Azoulay avait senti que sa mort approchait et il s’était soucié qu’on dise kaddich après lui. Ce sentiment l’a certainement poussé à se repentir, et il est mort en état de techouva. Il a donc mérité d’accomplir l’enseignement « Repens-toi un jour avant ta mort » (Pirkei Avot 2, 10), et il est convié à la vie du monde à venir.

LA HAPHTARA DE LA SEMAINE

« Ainsi parle Hachem : A cause du triple, du quadruple péché de Yéhouda » (Amos 2, 4).

Le rapport avec la paracha : la haphtara contient une allusion à la vente de Yossef, ainsi qu’il est écrit : « parce qu’ils vendent le juste pour de l’argent », comme la vente de Yossef décrite dans notre paracha.

« Parce qu’ils vendent le juste pour de l’argent et le pauvre pour une paire de chaussures » (Amos 2, 6).

On peut chercher une raison au fait que les tribus aient acheté des chaussures avec l’argent de la vente de Yossef, comme il est expliqué sur le verset « parce qu’ils vendent le juste pour de l’argent et le pauvre pour une paire de chaussures ». Pourquoi ont-ils cherché justement des chaussures avec cet argent, et pourquoi le terme « pour une paire de chaussures » est-il évoqué dans le verset ?

On peut l’expliquer d’après ce qui est cité au nom du Maharchal dans la bénédiction « qui m’a donné tout ce dont j’ai besoin », qui a été instituée comme bénédiction lorsqu’on met ses chaussures : lorsqu’on porte des chaussures faites du cuir de la bête, on montre par là qu’on règne sur les animaux, et à plus forte raison sur le végétal et le minéral.

Comme ses frères soupçonnaient Yossef d’avoir dit de mauvaises paroles, ils ne le considéraient que comme un animal et non comme un homme, et d’après eux il convenait d’acheter des chaussures avec l’argent de sa vente.

(« Apirion »)

« Est-ce que deux hommes marchent ensemble s’ils ne se sont pas concertés ? » (Amos 3, 3)

Il s’agit de répondre aux incroyants comme Aristote et ses disciples et à tous ceux qui se sont trompés après lui, en disant que tous les propos des prophètes n’avaient pour but que de menacer le peuple afin qu’il se repente. Ils ont promis dans cet esprit le Gan Eden à ceux qui font Sa volonté, et aux autres le Guéhénom. C’est ce que pensent ces incrédules.

Notre verset vient répondre à cette contestation : si deux personnes disent une même chose et dans les mêmes termes sans rien en retrancher, il n’y a aucun doute que cela doit susciter une certaine méfiance. Mais si les deux disent une seule chose dans un style différent qui va dans le même sens, alors qu’ils ne se sont jamais rencontrés, mais qu’après leur mort il s’avère que l’un a dit à l’orient ce que l’autre a dit à l’occident, c’est assez surprenant pour dénoter la vérité, et c’est ce que signifie « Est-ce que deux hommes marchent ensemble s’ils ne se sont pas concertés ? », à savoir s’ils souhaitent dire un mensonge. Mais dans le cas contraire, c’est certainement la vérité.

(« Ahavat Yéhonathan »)

GARDE TA LANGUE

Sans paroles péjoratives

Il est interdit d’accepter et de croire du lachon hara même sur quelque chose qui n’est pas péjoratif, par exemple croire qu’Untel n’est pas très intelligent, ou que ses ancêtres avaient fauté, et ainsi de suite, parce que tout lachon hara qu’il est interdit de dire, il est aussi interdit de l’accepter et de le croire.

HOMMES DE FOI

Histoires des justes de la famille Pinto

Après la mort du sultan Mohamad en 5634, un groupe de révoltés marocains a essayé de prendre les rênes du pouvoir. L’un des partis des révoltés s’est arrêté à côté de la ville de Mogador et a causé de violents troubles vers les remparts de la ville fortifiée. Ils ont brûlé les portes de la ville et se sont préparés à rentrer à l’intérieur pour prendre du butin et tuer les habitants.

Le gouverneur de la ville, qui s’est aperçu du danger qui était arrivé aux portes de sa ville, a immédiatement envoyé l’un de ses soldats à la synagogue où se trouvait Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège, pour demander aux fidèles de prier et de supplier le Créateur du monde que le mal ne pénètre pas à l’intérieur de la ville.

C’est ce qu’ont fait les fidèles de la synagogue. Ils se sont mis à prier et à crier vers le Créateur du monde de les sauver de cette menace de mort.

Le salut vient de Hachem. Il a immédiatement entendu leur prière, par le mérite du tsaddik Rabbi ‘Haïm. Les gardiens des remparts ont raconté que dès la fin de la prière, on a vu arriver des cavaliers vêtus de blanc, qui montaient des chevaux blancs, qui sortaient de l’emplacement de la tombe de Rabbi ‘Haïm Pinto au cimetière, tournés vers les remparts de la ville.

Ces cavaliers ont lutté avec force contre les révoltés à côté des remparts, et les ont mis en fuite. Plus tard, les habitants ont pu voir dans les parages les cadavres d’une grande partie des révoltés qui avaient été tués dans ce combat furieux à côté des remparts.

Après cette grande délivrance, et cette sanctification du Nom de D. qui s’était produite chez tous les peuples à sa suite, le gouverneur de la ville est venu trouver le tsaddik Rabbi Hadan, fils de Rabbi ‘Haïm, pour lui demander d’organiser désormais en permanence une prière pour la paix du royaume.

En reconnaissance de la prière des juifs, pour la délivrance que la ville avait connue par le mérite des juifs, le gouverneur prit sur lui de défendre les juifs, et il commença par libérer de nombreux juifs qui se trouvaient en prison, ayant été arrêtés arbitrairement. A part cela, il accorda une réduction des impôts aux habitants juifs de la ville, et depuis il savait qu’à chaque fois qu’il y avait un malheur il y avait à qui s’adresser, et de qui demander l’aide du Ciel.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

L’homme est né pour le travail

« Ya'akov s’installa dans le pays où ses pères avaient habité, dans le pays de Canaan » (Béréchit 37, 1).

Rachi explique : « Ya'akov a voulu s’installer dans la paix, le malheur de Yossef l’a assailli. Les tsaddikim voudraient s’installer dans la paix ? Le Saint, béni soit-Il dit : il ne suffit pas aux tsaddikim ce qui leur est préparé dans le monde à venir, ils voudraient encore s’installer dans la paix ici-bas ? »

On trouve dans le Midrach (Berakhot 5a) l’enseignement suivant : « L’homme est né pour le travail, tout s’acquiert par les soucis, la Torah, la subsistance, Erets Israël, et beaucoup d’autres choses. »

« L’homme est né pour le travail » (Iyov 5, 7) : Eliphaz le Yéménite nous enseigne que l’une des choses que l’on trouve obligatoirement chez l’homme est le « travail ». Cela signifie travailler à une certaine chose et en être entièrement occupé. L’homme ne peut subsister que grâce à ce travail, et non seulement cela mais c’est pour cela qu’il est né, ainsi qu’il est écrit : « L’homme est né pour le travail. » L’homme vient en ce monde pour acquérir des qualités et arriver à certaines compréhensions, pour intégrer en lui des concepts spirituels. Comment arrivera-t-il à tout cela ? Uniquement par le travail, en se donnant du mal. C’est ce que signifie « L’homme est né pour le travail. »

En fait, cette notion recouvre également autre chose. Non seulement le travail est un instrument qui permet d’acquérir toutes les belles qualités, mais il comporte une utilité énorme, car quelqu’un qui reste oisif sans se donner absolument aucun mal peut en arriver à la folie, au vide de l’absence de toute action, et on nous a appris en particulier que « l’oisiveté mène à a faute » (Ketoubot 59b). C’est pourquoi on doit enseigner un métier à son fils s’il n’est pas assez doué pour étudier, sans quoi il tombera dans l’ennui, l’oisiveté et la faute. Par conséquent, en plus du fait que le travail est la façon d’acquérir des qualités, sans travail on est vide, on s’ennuie, et on finit par pécher.

Ya'akov a voulu s’installer dans la sérénité – le malheur de Yossef l’a assailli. Ya'akov a souffert toute sa vie des poursuites et des tracas, depuis la maison de son père avec la haine de son frère Essav, ensuite chez Lavan qui l’a trompé pendant tout le temps qu’il a passé chez lui, et qui l’a ensuite poursuivi, pour terminer par la lutte contre l’ange tutélaire d’Essav, et après tout cela il a voulu s’installer pour étudier en paix. Le Saint, béni soit-Il a dit à Ya'akov : Il ne faut pas demander une Torah de paix et de repos. Mais Ya'akov a vu qu’Essav était installé et plongé dans les préoccupations de ce monde-ci, sans se donner aucun mal, c’est pourquoi il a voulu lui aussi servir Hachem dans le calme. Le Saint, béni soit-Il a dit : Tu ne peux pas t’installer, car la Torah s’acquiert par le travail, l’effort et la peine. Comme on l’a écrit sur le Ari, quand il étudiait il transpirait. On ne s’installe pas comme cela au beit hamidrach, il faut y joindre l’effort.

Rabbi Chimon bar Yo’haï, lorsqu’il est sorti du souterrain, a vu des gens qui travaillaient. Il s’est étonné et a dit : « Que font-ils ? Pourquoi s’occupent-ils de la vie de ce monde-ci ? » (Chabbat 33b), ce n’est pas ce qu’on appelle une action et ce n’est pas ce qu’on appelle un effort, le travail pour la vie de ce monde-ci s’appelle de la sérénité ! C’est pourquoi il s’est étonné de leurs actes. On comprend maintenant que lorsque Ya'akov a voulu servir Hachem dans la tranquillité, le malheur de Yossef l’a immédiatement assailli. Il ne devait pas se reposer en ce monde-ci. Ya'akov, qui représente la Torah, devait étudier dans la peine et l’effort, c’est uniquement de cette façon qu’on peut la comprendre et y trouver de nouvelles interprétations.

A LA SOURCE

« Car il était un fils de sa vieillesse (ben zekounim) » (37, 3)

Les initiales de « zekounim » sont les mêmes que celles des cinq ordres de la Michna : Zeraïm, Kodachim, Nachim, Yéchouot (Nezikim), Moed. Il y a en cela une allusion, comme l’écrit Rabbeinou Ya'akov ba’al HaTourim, au fait que le tsaddik a appris ces ordres de la Michna de la bouche de son père.

L’Admor de Gour zatsal s’en étonnait : il y a un autre ordre dans les Michnayot, Taharot. Pourquoi n’est-il pas évoqué ici ?

Il faut apprendre de là un grand principe : on doit soi-même se donner du mal pour étudier Taharot, cela ne peut pas se transmettre seulement comme une connaissance de père en fils.

Le livre « Levouch Yossef » ajoute qu’il est possible de dire que lorsqu’on étudie la Torah, il faut mettre l’étude en pratique, la faire passer dans les actes. Et comme l’ordre de Taharot parle de pureté, il est exigé de l’homme un grand travail pour en arriver à la sainteté quand il étudie Taharot, autrement toute son étude ne lui servira à rien. C’est pourquoi il n’est pas insinué que Ya'akov a étudié l’ordre de Taharot avec Yossef.

« L’enfant n’est plus là, et moi, où vais-je ? » (37, 30)

Yossef est ici appelé « enfant », c’est-à-dire que Réouven pensait le sauver, parce qu’il avait moins de vingt ans, or du Ciel on ne punit pas quelqu’un qui a moins de vingt ans. Mais dans le Réem il est expliqué qu’un jeune homme très intelligent peut être puni par le Ciel même s’il a moins de vingt ans.

Le gaon Rabbi Chaoul d’Amsterdam zatsal précise qu’au moment de l’épisode de Bila, Réouven avait moins de vingt ans, c’est pourquoi il est dit ici « l’enfant n’est plus là » : bien que lui [Yossef] ait été un enfant, c’est-à-dire qu’il avait moins de vingt ans, il n’est tout de même plus là, ce qui est un signe que du Ciel on punit même à moins de vingt ans. Et donc « et moi, où vais-je ? », lui aussi [Réouven] devait être puni pour l’épisode de Bila.

« Tous ses fils et toutes ses filles se levèrent pour le consoler » (37, 35).

En vérité, nous ne trouvons pas dans les versets les paroles de consolation que ses fils et ses filles ont utilisées.

Rabbi Ya'akov Kouli zatsal, dans MeAm Loez, fait observer que lorsque les fils et les filles de Ya'akov ont vu que leur père était assis avec un silice et était en deuil depuis longtemps pour son fils, ils ont estimé que ce deuil ne convenait que pour celui qui a perdu son fils unique, ou même si ce n’est pas son fils unique mais qu’il a peu d’enfants, si bien que ce manque se fait sentir encore plus.

C’est pourquoi la famille a rusé pour permettre au père de se consoler. Tous ses fils et ses filles se sont rassemblés, onze enfants, ainsi que leurs nombreux rejetons, et ils se sont tenus devant lui, ce qui constituait une consolation, car il ne convient pas à celui qui a tant de descendants d’être malheureux à ce point si l’un de ses fils a disparu.

C’est cela la consolation évoquée dans le verset : « Tous ses fils et ses filles se levèrent » ensemble, ce qui va s’avérer une « consolation », quand il se rendra compte du nombre de ses enfants.

Mais ce stratagème n’a pas marché, ainsi qu’il est écrit « Il refusa de se consoler et dit : je descendrai au Cheol en deuil pour mon fils. »

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Yossef fit un rêve et le raconta à ses frère, et ils le haïrent encore plus » (37, 5).

Il faut savoir pourquoi la haine augmentait du fait que Yossef racontait ses rêves. De plus, même en sachant qu’il était haïssable à leurs yeux, comme le disent les Sages (Béréchit Rabba 74, 13) sur le verset « Il lui dit « me voici », il était prêt à se livrer à la mort.

Il est possible qu’il ait eu l’intention de leur annoncer que du Ciel, on allait l’élever, et que ce que faisait Ya'akov était avec l’accord des mondes supérieurs, espérant ainsi apaiser leur haine.

Ou bien il voulait leur annoncer qu’ils auraient encore besoin de lui et viendraient se prosterner devant lui, et peut-être qu’en sachant cela, la haine s’éloignerait pour qu’on ne se venge pas d’eux lorsqu’ils se prosterneraient devant lui, car c’est devant le D. Très Haut qu’ils courberaient la tête.

LES CHEMINS DE LA FOI

Etudes sur la droiture dans les midot

Nous trouvons dans le livre « Menorat HaMaor » une promesse précieuse :

Celui qui mérite d’éviter toute sa vie de faire honte à autrui, le Saint, béni soit-Il le délivrera de tout malheur, et il engendrera des enfants droits. C’est ce qui est arrivé à Tamar : par le mérite d’avoir pris le risque d’être livrée au feu pour ne pas faire honte à Yéhouda, elle a engendré des rois et des prophètes.

Etre délivré de tout malheur – c’est un certificat d’assurance pour une vie paisible et dénuée de tous les ennuis de ce monde-ci.

Des enfants droits – c’est l’aspiration de tout juif, le désir du cœur de toute mère juive qui verse des larmes comme Ra’hel sur ses enfants pour qu’ils soient d’honnêtes serviteurs de Hachem.

Pour mériter ces deux bénédictions, nous devons veiller à ne pas faire honte au prochain, à ne pas le vexer. Ne pas l’attendre dans un coin pour lui faire payer ce qu’il vous a fait. Simplement se taire et laisser passer.

La source en est ce qui est dit dans notre paracha, comme nous l’apprenons de Tamar : « On la fait sortir, et elle envoie faire dire à son beau-père » (Béréchit 38, 25). Rachi explique : elle ne voulait pas lui faire honte en disant : c’est de toi que je suis enceinte, mais « de l’homme à qui ceci appartient ». Elle s’est dit : s’il le reconnaît de lui-même, tant mieux, et sinon, qu’on me brûle, mais je ne lui ferai pas honte. On conclut de là (Sota 10b) qu’il vaut mieux être jeté dans une fournaise ardente plutôt que de faire honte à quelqu’un en public.

Une faute légère et grave

Rabbi Yéhouda He’hassid zatsal (dans son livre ‘Hassidim – 54) écrit : « Qu’est-ce qui est un meurtre qui ne se voit pas et dont le châtiment est très grand, dont la faute est légère et grave ? C’est la honte : celui qui fait honte à autrui en public ou le fait souffrir devant quelqu’un si bien qu’il a honte, c’est comme s’il le tuait. Il accepterait la mort pour qu’on ne lui fasse pas honte. »

Il ajoute : « Celui qui fait honte au prochain et l’afflige, et qui veut se repentir et vient chercher un moyen de techouva, on lui dit : sache que tu as commis un grand mal, car tu as versé le sang de l’autre, comme il est écrit à propos d’Avia ben Re’havam, qui a réprimandé Yérovam pour lui faire honte jusqu’à la mort. C’est pourquoi tu dois obtenir son pardon, et fais très attention à ne plus jamais faire honte à qui que ce soit. »

Voici un excellent exemple d’un événement qui peut arriver à n’importe lequel d’entre nous :

Un Chabbat à la synagogue, un enfant « bar mitsva » est monté à la Torah, mais il a lu la haphtara très bas. On a demandé au gaon Rabbi ‘Haïm Kaniewsky chelita s’il avait rendu les autres quittes. Il a répondu que s’il n’y avait pas l’interdiction de faire honte à l’enfant, il aurait statué qu’on lise de nouveau la haphtara, mais maintenant on était quitte a posteriori bien que la plupart des gens n’aient pas entendu, parce qu’il y avait au moins dix personnes qui avaient entendu.

Il a ajouté : « Il est arrivé une fois qu’un enfant lise la haphtara et qu’on n’ait rien entendu. Dans ce cas, le public n’est pas quitte de son devoir, mais à cause de l’interdiction de faire honte à l’enfant et à son père, je me suis tu. Et il est possible qu’alors il faille aller écouter la haphtara ailleurs. »

Il est impossible de faire honte

On raconte sur Rabbi Heschel zatsal que lorsqu’il s’est fiancé avec la fille d’un grand personnage et qu’est arrivé le Chabbat ‘Hatan, où le fiancé monte à la Torah, il était descendu dans une maison proche de celle de son beau-père.

Le vendredi matin, il a regardé par la fenêtre et a vu que chez son beau-père on préparait une grande quantité de pâte pour en faire des nouilles, et on l’a laissé sécher pour pouvoir ensuite la couper en petits morceaux.

Or une poule qui se trouvait dans la cour est montée sur la pâte et l’a picorée, et la fiancée, qui avait vu cela, s’est approchée de la poule, et dans sa colère l’a jetée contre le mur.

Voyant cela, Rabbi Heschel s’est dit : Est-ce que je vais me marier avec une femme qui a dans le cœur une telle cruauté ? Non ! C’est impossible ! Mais d’un autre côté, lui faire honte en public, et de plus le Chabbat où je monte à la Torah, c’est également impossible.

Il a réfléchi, et a décidé qu’il valait mieux que ce soit le côté de la fiancée qui le renvoie honteusement, pourvu qu’il ne la blesse pas ! Il est allé à la synagogue qui était remplie de monde et d’érudits, et a fait semblant de vouloir voler l’argent qu’il y avait dans la koupa de tsedaka.

Quand ceux qui se trouvaient dans le beit hamidrach l’ont vu, ils ont crié tout haut : « Attrapez-le ! C’est un voleur ! » Immédiatement on a su dans toute la ville qu’on avait attrapé à la synagogue quelqu’un qui voulait voler la koupa.

Quand il s’est avéré que c’était le futur gendre du notable, on le lui a immédiatement raconté pour qu’il ne tombe pas dans le piège d’avoir un gendre voleur, et les fiançailles ont immédiatement été annulées, comme Rabbi Heschel l’avait désiré.

 

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