Parachat Mikéts 12 Decembre 2015 30 Kislèv 5776 |
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La façon d’alléger le fardeau de l’exil
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
« Il arriva qu’au bout de deux ans, Paro rêve, et voici qu’il se tient sur le fleuve. » (Béréchit 41, 1)
Le Midrach Rabba ajoute : « Ainsi qu’il est écrit (Iyov 28, 3) « Il a mis fin à l’obscurité. » Il a donné à Yossef un nombre d’années d’obscurité en prison, et lorsque la fin en est arrivée, immédiatement, Paro s’est mis à rêver. »
Ces paroles du Midrach demandent à être expliquées. Toute chose au monde, qu’elle soit bonne ou mauvaise, a des limites et une fin. D. a mis une loi dans le monde selon laquelle un temps est imparti à l’homme, pendant lequel il doit réaliser ce qui lui incombe, c’est pourquoi s’il n’accomplit pas ses devoirs et n’observe pas les mitsvot qui lui ont été données, il perdra le temps qui était destiné à cela et aura donc délibérément délaissé ces mitsvot. C’est ce que dit Chelomo : « Il y a un temps pour tout, et chaque chose a son heure » (Kohélet 3, 1). Cela signifie que toute chose au monde a le temps qui lui convient. Et de même que la Torah a ordonné à l’homme d’accomplir ses mitsvot au moment qui convient, les souffrances qui l’accablent ont une limite et une fin. Lorsqu’elles ont atteint leur but et apporté une amélioration à l’homme, Hachem Se dépêche de les lui ôter avec la même rapidité avec laquelle elles avaient fondu sur lui.
Yossef s’est trouvé en prison en Egypte pendant de nombreuses années, mais lorsque Hachem a décidé que le moment était venu de le délivrer et de le faire sortir de l’obscurité vers la lumière, Il a immédiatement envoyé un rêve à Paro, ce qui a provoqué en fin de compte le salut de Yossef et sa nomination comme roi d’Egypte, ainsi qu’il est dit (Béréchit 42, 6) : « Yossef était le gouverneur du pays, il faisait distribuer le blé à tout le peuple du pays. » C’est donc ce que signifie ce qui est dit dans le Midrach Rabba : comme chaque chose a une fin, de même que Hachem a mis fin à l’obscurité qui régnait dans le monde avant qu’il soit créé, la fin de la souffrance de Yossef est arrivée du fait que Paro a rêvé, et qu’il a eu besoin de l’interprétation de Yossef. Et comme il a reconnu sa grande sagesse, il l’a nommé roi sur l’Egypte.
Dans le même ordre d’idées, nous apprenons des Sages (Berakhot 10a) que même si un glaive aigu est posé sur son cou, on ne doit pas désespérer de la miséricorde divine, parce que la fin finira par arriver et qu’on sera délivré de ses souffrances. Maintenant aussi, alors que nous sommes plongés dans l’exil et que nos ennemis nous entourent de toutes parts et menacent de nous détruire, les malheurs se multiplient de jour en jour. Où allons-nous ? Mais malgré tout, nous ne devons pas tomber dans le désespoir, il faut savoir que chaque exil a une limite et une fin, et que bien que le Machia’h tarde à venir, malgré tout il faut attendre sa venue chaque jour.
Malgré la souffrance de l’exil, il y a une possibilité d’adoucir l’amère réalité et de nous l’alléger en insufflant en nous-mêmes un esprit d’espérance. Il faut croire de tout son cœur qu’il viendra aujourd’hui et que Hachem nous sauvera de tous nos malheurs et mettra fin à l’exil. Comment arriver à cette espérance ? En se renforçant dans l’étude de la Torah et la pratique des mitsvot, ce qui a le pouvoir de faire entrer l’espoir dans le cœur, de faire un peu oublier la difficulté et la douleur et de faire grandir la foi dans la délivrance totale, comme l’ont dit les Sages (voir Tan’houma Vayigach 11) : Yossef n’avait pas oublié son étude, et il est clair qu’il la revoyait, sinon il aurait oublié. C’est l’étude de la Torah qui lui a donné la force de se mesurer aux difficultés. En revanche, lorsque quelqu’un perd l’espoir et néglige en lui-même l’attente de la venue du Machia’h, notre libérateur, ou désespère de la délivrance de tout malheur, il se plonge lui-même dans un double exil, car c’est comme un exil à l’intérieur d’un autre. En effet, du fait qu’il se coupe de la voie de la Torah et des mitsvot, il perd aussi la foi et l’espoir dans la délivrance totale, et il s’ensuit qu’il s’enfonce encore plus dans l’exil.
Des recherches médicales révèlent que l’espoir de guérir d’un malade augmente ses chances de guérison, par rapport à quelqu’un qui est plongé dans la souffrance et la dépression, ce qui aggrave sa maladie, si bien qu’il ne pourra guérir et sortir de la condition où il se trouve que par miracle. Dans le même esprit, si l’on désire mériter la délivrance totale, tout en oubliant les difficultés et les malheurs, nous devons nous attacher à la Torah, qui est comme un élixir de vie pour une âme fatiguée. Lorsqu’on est occupé des paroles de Torah, la tête et le cœur ne pensent plus à la souffrance, et ainsi, cela allège le joug de l’exil. Ce n’est pas le cas chez quelqu’un qui tourne le dos à Hachem et à Sa Torah et qui est loin de tout espoir et foi en la délivrance. Cette conduite le pousse à s’enfoncer encore plus dans les sables de l’exil et il attire sur lui un exil supplémentaire qui est comme un exil à l’intérieur de l’exil.
Yossef, bien qu’il ait été ostracisé par ses frères et éloigné de la maison de son père, n’a jamais perdu l’espoir d’être sauvé, pas un seul instant. Apparemment, la situation difficile dans laquelle il se trouvait, dans le puits, ensuite en Egypte puis en prison, aurait pu le pousser au désespoir, mais il n’a pas cédé au mauvais penchant qui essayait de toutes ses forces de le faire tomber dans le désespoir. Il trouvait en lui de la force et croyait totalement que viendrait le jour où son destin changerait et où il mériterait de sortir de l’obscurité vers la lumière.
On peut dire que cette paracha est lue à l’époque de ‘Hanouka parce qu’il y a un vrai rapport entre les deux. Le Midrach dit (Béréchit Rabba) que le verset « l’obscurité était sur l’abîme » désigne la royauté de la Grèce, qui a tenté d’obscurcir l’âme d’Israël et de l’éloigner de Hachem. La royauté de la Grèce est différente des autres royautés qui ont asservi le peuple d’Israël, car alors que toutes les autres nations cherchaient à anéantir le corps et à détruire Israël physiquement, la Grèce ne cherchait pas à perdre le corps mais à éteindre et à obscurcir l’esprit en refroidissant l’âme pour le service de Hachem et en faisant entrer des doutes sur la délivrance. Le royaume de Grèce cherchait à détruire toute trace de judaïsme chez le peuple d’Israël, c’est pourquoi les Grecs ont introduit une idole dans le Temple. Ils ont profané le Temple et rendu les huiles impures, parce qu’ils savaient que le Temple est la source de la sainteté et le fil qui rattache le peuple d’Israël à son Créateur. Lorsque le Temple est impur, on ne peut plus allumer la menora et servir Hachem en sainteté et en pureté, et cela éloignerait les juifs de D. et de Sa Torah pour les rattacher à la culture grecque, que D. nous en préserve.
SUR LA PENTE ASCENDANTE
Qui est juif ?
Un jour, j’ai rencontré un français qui allait tête nue. Je lui ai demandé s’il était juif.
Il m’a regardé avec un grand étonnement et a répondu : « Bien sûr que je suis juif, un juif croyant. Pourquoi le Rav me pose-t-il une pareille question ? »
En guise de réponse, je lui ai demandé de m’accompagner dans mon chemin vers la gare centrale de Lyon, où je lui ai mis une kipa sur la tête en lui disant : « Maintenant je vais vous montrer qui est un vrai juif. Suivez-moi. »
Surpris, il m’a obéi et a marché à côté de moi dans toute la gare centrale. Partout, les gens se mettaient à le regarder, certains le montrant même du doigt, d’autres hochant la tête, d’autres faisaient même des plaisanteries sur lui.
« Que fait le Rav ? » m’a-t-il demandé, stupéfait de ma conduite. « Tout le monde me regarde avec mépris, se moque de moi et m’écrase à cause de mon aspect bizarre ! »
Je l’ai regardé tranquillement et je lui ai demandé : « Pourquoi est-ce qu’hier on ne vous a pas écrasé ? Pourquoi est-ce qu’hier on ne vous a pas méprisé ? »
Il s’est tu, et c’est moi qui ai répondu :
« Hier, quand vous vous promeniez tête nue, parmi tous ces gens dont l’immense majorité ne sont pas juifs, ils ne se sont pas aperçus que vous étiez différent, vous étiez comme eux, vous aviez l’air vraiment comme eux. Et voilà qu’aujourd’hui, ils s’aperçoivent que vous les avez trompés. Ils croyaient que vous étiez un goy, et maintenant ils s’aperçoivent que vous êtes totalement différent d’eux. Aujourd’hui vous avez l’air juif. Ils sont fâchés de cette mystification, c’est pourquoi ils veulent vous écraser.
« Sachez qu’un vrai juif se comporte comme un juif et a l’air d’un juif. Que ce soit chez lui ou au dehors, l’extérieur doit refléter l’intérieur. Si vous ressentez une appartenance au peuple d’Israël, vous devez en être fier et montrer votre fierté même parmi les non-juifs qui vous entourent, sans essayer de leur ressembler ni de profiter de leur sympathie. Parce qu’ils sentent que de cette façon, vous vous trompez vous-même et vous les trompez. » C’est ce que j’ai dit à ce juif.
Il m’est arrivé une autre histoire à ce même propos, lorsqu’un jour, alors que je marchais dans la rue, quelqu’un m’a rencontré et m’a dit : « Shalom aleikha, Rabbi ! »
Je l’ai regardé et j’ai poursuivi mon chemin sans lui répondre. Cet homme a été stupéfait de la froideur de ma réaction et il m’a couru après en appelant : « Pourquoi est-ce que vous, les rabbanim, vous n’avez aucune politesse ? »
« Qu’est-ce que j’ai fait ? » lui ai-je demandé sincèrement, « pourquoi dites-vous que je ne suis pas poli ? »
Il m’a répondu : « Je me suis adressé à vous en hébreu et je vous ai dit : Shalom aleikha, Rabbi, et vous ne m’avez accordé aucune attention, vous ne m’avez rien répondu ! »
« C’est vrai que vous vous êtes adressé à moi en hébreu, mais cela ne veut rien dire du tout, parce qu’aujourd’hui même les goyim parlent l’hébreu pour se moquer des juifs, et comme j’ai cru que vous étiez un goy, je ne vous ai pas répondu. »
Le juif s’est vexé de cette réponse et m’a dit : « Mais je ne suis pas un goy, je suis juif comme vous ! »
« Comment est-ce que je peux savoir que vous êtes juif ? A cause de la langue dans laquelle vous vous êtes adressé à moi ? Je vous ai déjà dit qu’aujourd’hui, même les goyim savent parler l’hébreu. Si vous portiez une kipa et que vous vous conduisiez en juif, j’aurais reconnu que vous êtes juif et je vous aurais rendu votre shalom. »
C’est comme cela que je l’ai réprimandé.
« Que le Rav m’excuse, mais j’ai honte de porter une kipa, m’a-t-il répondu à voix basse.
« Un vrai juif n’a pas honte de son judaïsme et ne se déguise pas lorsqu’il sort de chez lui au point de ressembler en tous points à un goy. Mais au contraire, un vrai juif sent que c’est un immense mérite d’être un soldat dans l’armée de Hachem, c’est pourquoi il est fier de son uniforme, de son habit juif. » Voilà ce que je lui ai répondu.
J’ai dans le cœur une prière et un espoir que mes paroles soient tombées dans des oreilles attentives et que ce juif mérite de modifier son intériorité juive, et ainsi également son aspect extérieur, et que cela provoque une sanctification du Nom de Hachem.
LA HAPHTARA DE LA SEMAINE
« Exulte et réjouis-toi » (Zekharia 2, 14).
Le rapport avec la paracha : Dans la haphtara sont évoquées la menora et les lampes qu’a vues Zekharia, ce qui rappelle l’allumage des bougies pendant ‘Hanouka.
« Ni par la puissance ni par la force, mais par Mon esprit, dit Hachem des armées » (Zekharia 4, 6).
On raconte sur le Rav de Tchibin, le gaon Rabbi Dov Weinfeld zatsal, qu’il s’est donné beaucoup de mal pour libérer les élèves des yéchivot du service militaire.
En une certaine occasion, l’un des officiers l’a abordé et lui a dit qu’en fait, on ne pouvait pas éviter de mobiliser les élèves des yéchivot, à cause des dangers qui menaçaient le pays.
Le gaon répondit par une parabole.
Un cocher conduisait sa voiture très lourdement chargée sur la pente d’une montagne. Quand il a vu que la route était difficile, que les chevaux étaient épuisés et qu’ils ne pourraient bientôt plus marcher, il s’est mis à décharger la voiture.
Mais la charge restait trop lourde, et les chevaux refusaient de bouger.
Dans ce cas, il décida de décharger encore une autre partie de la marchandise. Mais même à ce moment-là, les chevaux refusèrent de poursuivre le voyage.
Le cocher ne désespéra pas, et il continua à jeter de la voiture encore un paquet et encore un autre, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien.
Quand la voiture fut complètement vide, les chevaux refusèrent toujours de bouger.
Le cocher ne voulait pas désespérer aussi vite. Il se mit à démonter les roues métalliques de la voiture, celles qui la portaient et sur lesquelles elle roulait. Le cocher estimait naïvement que ces roues en métal pesaient trop lourd sur la voiture, c’est pourquoi il valait mieux les démonter…
Vous aussi, dit le gaon de Tchibin à son interlocuteur, vous vous conduisez comme ce cocher naïf. C’est uniquement par le mérite de l’étude de la Torah des élèves des yéchivot que le monde subsiste, et par ce mérite que vous avez la victoire à la guerre. Si on mobilise tous ceux qui étudient la Torah, c’est comme si on démontait les roues qui permettent de faire avancer la voiture.
Sachez que sans ces « roues » (les bnei Torah), la voiture (l’Etat) ne pourra plus bouger du tout.
GARDE TA LANGUE
Un double discours
Si quelqu’un raconte à son ami du lachon hara qui représente quelque chose de mal à la fois pour lui-même et pour quelqu’un d’autre, on peut croire le mal qu’il raconte sur lui-même, mais pas ce qu’il raconte sur l’autre.
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
On va en augmentant – c’est le signe d’une vie juive
« Yossef les vit avec Binyamin et dit à l’intendant de sa maison : Fais entrer ces hommes chez moi, qu’on tue des animaux et qu’on les prépare, car ces gens mangeront le repas de midi avec moi » (Béréchit 43, 16).
La parachat Mikets est lue à la période de la fête de ‘Hanouka, et on y trouve une allusion à ‘Hanouka dans les mots « Outeva’h teva’h véhakhen » (qu’on tue des animaux et qu’on les prépare). On s’aperçoit que les mots « teva’h véhakhen » contiennent les lettres de « ‘hanouka », et c’est une merveilleuse allusion au fait que la fête de ‘Hanouka est de la Torah. Quoi qu’il en soit, il faut approfondir et comprendre le rapport d’idées entre ‘Hanouka et la parachat Mikets.
Comme on le sait, nous avons la coutume d’allumer la ‘hanoukia en ajoutant chaque jour une bougie, selon l’avis de l’école d’Hillel (Chabbat 21a). Les Sages disent que cette coutume a été adoptée par les communautés juives parce qu’elle nous met en contact avec le concept d’ajouter, ce qui nous enseigne que dans le service de Hachem, il n’y a aucune possibilité de progresser en une seule fois, mais il faut servir D. jour après jour, en ajoutant chaque jour un peu plus par rapport au jour précédent. Ce que signifie cet enseignement est qu’on doit prendre sur soi tous les jours ou tous les quelque temps une petite chose, et lorsque cela devient quelque chose de tout à fait conquis, que l’on arrive tout à fait à réaliser, on doit ajouter une autre petite résolution. Mais il faut en même temps se montrer rigoureux dans ce qu’on a pris sur soi jusqu’alors, et ainsi quand on va en ajoutant dans le service de Hachem, on peut arriver à des niveaux spirituels très élevés.
Yossef se trouvait dans un pays étranger, loin de la maison de son père et de tout ce qui avait la moindre trace de sainteté. Au moment où il vivait en Egypte, un pays d’impureté et de débauche, il était en proie à des épreuves difficiles et amères, comme celle de la femme de Putiphar, qui a essayé de le faire fauter et de le séduire. Or malgré son éloignement de la maison de son père, il a héroïquement supporté les difficultés et les épreuves qui l’avaient assailli, et non seulement cela, mais lorsqu’il a été nommé gouverneur d’Egypte, sans s’enorgueillir il a tout fait dépendre de Hachem, et a dit à tous ceux qui l’entouraient : « Je crains Hachem » (Béréchit 42, 18). Or comme on le sait, Yossef était beau. Les Sages disent que lorsqu’il passait dans la rue, toutes les femmes levaient les yeux vers lui, et d’émotion et de trouble lorsqu’elles le voyaient, elles se coupaient les doigts avec les couteaux qu’elles tenaient à la main pour couper des fruits. Nous apprenons de là que la beauté de Yossef était tout à fait exceptionnelle, et pourtant elle ne lui inspirait aucun orgueil et il se gardait de la faute dans toute la mesure du possible. Il faut comprendre où il puisait la force de rester à ce niveau et de ne pas tomber, malgré toute l’impureté et la débauche qui l’entouraient.
Il faut savoir que la Torah seule ne peut pas protéger l’homme. Il est nécessaire qu’elle s’accompagne d’effort, c’est cela qui permet de progresser, comme l’école de Hillel nous l’a enjoint à propos de la fête de ‘Hanouka : on allume chaque jour une bougie supplémentaire, allusion au service de Hachem. Cela ne porte pas seulement sur la halakha, mais c’est une indication dans la vie d’un juif : il doit faire monter une flamme perpétuelle, ne pas se contenter de la situation spirituelle où il se trouve pour le moment, mais aspirer sans cesse à aller plus loin dans le service de Hachem. Nous avons appris cela de Yossef, qui a vu dans sa sagesse que s’il ne progressait pas par rapport à la Torah de son père, il pouvait régresser jusqu’à un abîme spirituel dont il serait très difficile de revenir. C’est pourquoi il a fait d’immenses efforts pour accomplir les mitsvot et craindre Hachem son D., parce qu’il désirait perpétuer la tradition de ses ancêtres, réalité qui ne peut s’exprimer qu’en progressant continuellement dans le service de Hachem.
LA VIE DANS LA PARACHA
A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar
« Yéhouda dit à son père Israël : envoie le jeune homme avec moi, levons-nous et partons, nous vivrons et nous ne mourrons pas, nous-mêmes, toi et nos enfants » (43, 8).
Ils ont dit « nous-mêmes, toi », en plaçant la vie de leur père après la leur.
Il est possible qu’ils aient voulu faire allusion à la loi selon laquelle sa propre vie vient en premier, avant même celle de son père.
Ou bien il est possible que ce soit une démarche du style « non seulement… mais encore », le deuxième terme étant le plus important. Ou bien : ce n’est pas seulement eux qui vivront s’ils y vont maintenant, mais lui aussi en a besoin, parce qu’il n’y a plus de pain qu’en Egypte, et il se trouve en danger s’ils n’y vont pas.
Ils ont dit « et nos enfants » à la fin, parce que les enfants de quelqu’un lui sont plus chers que son propre corps. On l’apprend de David, qui aurait donné sa vie pour Avchalom, bien qu’il l’ait poursuivi.
LES CHEMINS DE LA FOI
Etudes sur la droiture dans les midot
Quelle est l’histoire de ‘Hanouka ?
Un petit groupe de juifs, les « Maccabim », s’est organisé pour une guerre de survie. Il ne s’est pas battu pour sa vie ou pour sa terre, mais pour son âme.
Tout le monde loue le courage des Maccabim, tout le monde exalte leurs actes de bravoure. Et quel était leur cri de guerre ? « Mi leHachem Elaï ! », à moi ceux qui sont pour Hachem !
La guerre des Maccabim était donc un combat pour l’âme des individus et de la collectivité du peuple d’Israël. Les Grecs ne menaçaient pas notre existence matérielle, au contraire, ils étaient ravis de nous faire participer à leur vie et à leur culture – à la condition que nous renoncions à tout rapport avec notre foi.
Sur le papier, leur guerre avait l’air perdue d’avance. Une armée d’un ramassis de juifs contre l’empire grec, une religion « dépassée » face à l’humanisme et à la modernité ! Et pourtant ils ont tenu bon, et avec l’aide de D. ils ont également été victorieux. S’ils avaient perdu tout espoir, aucun d’entre nous ne serait là aujourd’hui.
C’est cela l’histoire, en bref, et c’est aussi le message pour le service de D., pour tenir bon et ne pas s’incliner. Le mauvais penchant et ses ruses sont un vieil empire, sa publicité est remplie de discours d’humanité, de progrès et de science, d’innombrables mérites, alors que sa voie est pavée de piétinement d’autrui et d’écrasement de son honneur. Ces lumières nous rappellent pendant ‘Hanouka la lumière de la Torah et de ses mitsvot, que ce soit envers D. ou surtout envers le prochain.
Tous les matins, nous disons la baraïta du début de Péa : « Voici les choses dont on mange les fruits en ce monde et dont le capital nous est conservé dans le monde à venir. Ce sont : le respect des parents, la générosité, le fait de se lever tôt pour aller au beit hamidrach le matin et le soir, l’hospitalité, la visite aux malades, l’aide à un mariage, l’accompagnement d’un mort, la concentration dans la prière, faire la paix entre les gens, et l’étude de la Torah dépasse tout cela. »
Or la plupart des choses que le Tanna énumère dans cette michna concernent les rapports avec les autres. Le Roch explique que Hachem désire davantage les mitsvot régissant les rapports entre les hommes que celles qui concernent les rapports entre l’homme et D. Hachem les apprécie davantage.
On trouve cette merveilleuse précision dans les propos du gaon Rabbi Aharon Leib Steinmann chelita, lorsqu’il parle du travail de purification des midot entre l’homme et son prochain. Il y ajoute la réflexion que de la sortie d’Egypte jusqu’au don de la Torah, il a eu 49 jours. Pourquoi avait-on besoin de cela ? Parce que les bnei Israël était plongés dans les 49 portes de l’impureté, et s’ils étaient arrivés à la cinquantième porte, il n’y aurait plus eu aucune possibilité de sortir de cette impureté.
Que sont ces portes de l’impureté ? Est-ce qu’ils avaient touché des insectes ou étaient-ils rentré en contact avec un mort ? C’est ce que demande le Rav Steinmann.
Il répond que les portes de l’impureté, ce sont les mauvaises midot : ils étaient enfoncés dans les quarante-neuf portes des mauvaises midot qu’ils avaient apprises des Egyptiens, lesquels n’étaient pas des gens justes et droits mais des magiciens et autres choses néfastes. Bien que les bnei Israël aient habité le pays de Goshen, ils avaient tout de même subi l’influence des non-juifs et appris de leur conduite, et maintenant il leur fallait transformer cela en bonnes midot.
Pour améliorer une seule mida, il faut beaucoup travailler, comme on le sait au nom de Rabbi Israël Salanter zatsoukal. On peut travailler toute la vie sur son caractère, dans l’espoir d’arriver à améliorer fût-ce une seule mida. Quand les bnei Israël sont sortis d’Egypte, ils devaient corriger quarante-neuf midot et les transformer en qualités, donc chaque jour ils avaient besoin d’un miracle et d’une aide du Ciel particulière pour pouvoir surmonter les difficultés et améliorer une mida, jusqu’à en arriver à une situation où « Israël campa là en face de la montagne », ils s’étaient déjà élevés au niveau où ils étaient dignes de recevoir la Torah.
Le Rav Steinmann chelita nous éveille à l’idée que dans les dernières générations, nous constatons qu’il y a un défaut dans le domaine de « faire honte au prochain en public » ; cela peut aller jusqu’à « comme si on versait le sang », et de là on peut en arriver à une véritable effusion de sang. C’est pourquoi avant la venue du Machia’h nous devons progresser, pour qu’il n’y ait plus de catastrophes. Il faut porter une extrême attention aux relations avec autrui afin de ne pas blesser l’honneur de l’autre, car si on porte atteinte à son honneur, ensuite on risque d’en arriver à mettre sa vie en danger, c’est pourquoi chacun doit apprendre à veiller à l’honneur de l’autre et à ne rien faire qui puisse le blesser.
L’appel de la fête est donc : « A moi ceux qui sont pour Hachem ! » Celui qui veut faire la volonté de Hachem doit accomplir les mitsvot envers autrui et y veiller méticuleusement. La guerre pour l’existence de tout juif est abandonnée aux mauvaises midot, celles par lesquelles le mauvais penchant cherche à pénétrer et à saper notre unité. Ce n’est pas un combat facile, comme le dit Rabbi Israël Salanter, mais comme nous l’apprenons des Maccabim, nous ne devons pas perdre l’espoir. Nous devons proclamer la guerre et nous renforcer dans l’amélioration des midot, nous renforcer dans l’étude du moussar, et Hachem dans Sa miséricorde nous aidera et nous fera briller la lumière de la Torah avec amour et joie.