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paracha de la semaine

Parachat Chémot

2 Janvier 2016

21 Tévet 5776

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
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l’asservissement en Egypte

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

« Les Egyptiens imposèrent aux bnei Israël des travaux forcés » (Chemot 1, 13).

Il faut examiner tout le sujet de l’asservissement en Egypte : pourquoi a-t-il été décrété que les bnei Israël soient asservis à l’Egypte, et de plus sous la forme de travaux forcés, pendant quatre cents ans ? Certes, les Sages expliquent (Pirkei DeRabbi Eliezer 47) que le décret était dû au fait qu’Avraham avait dit « Comment saurai-je que j’en hériterai » (Béréchit 15, 8), mais il y a certainement là une raison plus fondamentale, car Avraham était le symbole même de la foi, et proclamait dans le monde entier la croyance qu’il n’existe rien d’autre que Lui (Rambam Avoda Zara 1, 3). Par conséquent il est certainement impossible de penser qu’il ait manqué de foi, c’est pourquoi on a du mal à comprendre pourquoi malgré tout la servitude a été imposée à sa descendance.

Il y a une autre difficulté. Il est écrit plus loin : « Mais ensuite, le peuple qui les aura asservis, Je le jugerai » (Béréchit 15, 14), c’est-à-dire que le Saint, béni soit-Il punira les Egyptiens pour avoir tourmenté Israël. Par conséquent, pourquoi y avait-il besoin de tout cela ? Apparemment, il aurait mieux valu qu’ils n’asservissent pas les bnei Israël et qu’il n’y ait pas besoin de les juger !

Mais là-dessus, on peut dire que D. a puni les Egyptiens parce qu’ils avaient méprisé les bnei Israël et les avaient avilis par des travaux encore plus pénibles que l’asservissement lui-même. Il semble qu’il s’agisse de la même idée qu’on trouve à propos du roi ‘Hizkiyahou. Les Sages disent (Berakhot 10a) que le prophète Yéchayah est venu le trouver pour lui dire de faire son testament, car il devait mourir à la fois pour ce monde-ci et pour monde à venir, parce qu’il ne s’était pas marié et avait négligé la mitsva d’avoir des enfants.

Avoir des enfants a une importance énorme, car quiconque ne se marie pas transgresse une grave interdiction (voir Yébamot 63b). Il est écrit au nom du Ari (Likoutei Torah Mikets) que les bnei Israël sont descendus en exil pour réparer ce qui avait été abîmé par le premier homme pendant les cent trente ans durant lesquels il s’était séparé de sa femme, bien que ç’ait été par ignorance. Il avait des intentions pures, la preuve en étant qu’on l’appelle un homme pieux pour s’être séparé de sa femme (Erouvin 18b). Il pensait que cette attitude constituait une réparation, mais en fait il en est sorti un dommage, car de étincelles de sainteté l’ont quitté, tout cela parce qu’il n’avait pas demandé l’avis de Hachem.

Quand ‘Hizkiyah a entendu que cela lui valait la mort, il a dit à Yéchayah : « Donne-moi ta fille pour épouse. » Celui-ci a répondu : « Est-ce que je veux qu’elle devienne veuve ? Le Saint, béni soit-Il a dit que tu allais mourir ! » ‘Hizkiyah a répliqué : « Je tiens par tradition de la maison de mon père que même si on a une lame tranchante posée sur le cou, on ne doit pas désespérer de la miséricorde divine. » Et il est écrit (II Melakhim 20b) que ‘Hizkiyah a tourné le visage vers le mur et s’est mis à pleurer et à prier. Immédiatement, Hachem a dit à Yéchayah qu’Il ajoutait à ‘Hizkiyah quinze années de vie. On peut se demander pourquoi il a tourné le visage vers le mur. S’il voulait se concentrer dans sa prière, qu’il lève les yeux vers le ciel ! Pourquoi justement vers le mur ?

Voici de quoi il s’agit : nous voyons dans le monde beaucoup de gens qui vivent dans la richesse, se promènent dans des palais, et tout ce qui les intéresse dans la vie c’est l’argent et les choses matérielles. Dans ces conditions-là, il est impossible de vivre une vie de Torah. Nous, D. merci, nous vivons dans un monde de Torah, et c’est ce qui nous occupe en ce monde. On raconte sur Rav Moché Feinstein zatsal qu’un riche est venu le voir chez lui. Quand il a vu la simplicité et la pauvreté de sa demeure, il a changé tout le mobilier de la maison. Quand le gaon est revenu et a vu cela, il a refusé de rentrer chez lui, en disant que ce n’était pas sa maison, et il n’a connu aucun repos avant qu’on remette les vieux meubles à leur place. Son monde, c’était la Torah, et il n’appartenait pas à ce monde-ci.

Nous allons concrétiser par une parabole combien l’homme vit d’une vie matérielle. Si quelqu’un d’affamé rentre à la synagogue et voit de la nourriture sur la table, quand on lui demande de dire une bénédiction pour la guérison d’Untel, il ne pense qu’à la nourriture qui est appétissante, et non à la bénédiction. En effet telle est la nature humaine, la matérialité est comme un mur qui sépare l’homme de D.

C’est pourquoi le roi ‘Hizkiyah, qui vivait dans un palais, dans un monde de matérialité, craignait que cette matérialité le gêne dans la prière et la pureté de ses pleurs, c’est pourquoi il a tourné le visage vers le mur, pour ne rien avoir en face de lui. Quand on prie, on ferme les yeux, car si on voyait quelque chose, on y penserait, et par là même on cesserait de penser à D. De même, quand on est en voyage et qu’on cesse d’étudier pour dire : comme cet arbre est beau, etc., on met sa vie en danger (Pirkei Avot 3, 7), car quand on étudie la Torah de Hachem, il est interdit de penser à d’autres choses. Même si on voit des choses qui éveillent le sentiment de la grandeur de D., quand on est en train d’étudier, l’émerveillement doit porter sur la Torah, et il n’y a aucune comparaison entre un arbre et la Torah. Comme ‘Hizkiyah s’efforçait que sa prière soit pure et propre, sans aucun barrière entre lui et D., il a mérité qu’elle soit exaucée.

Revenons maintenant à ce qui s’est passé lorsque nos ancêtres sont descendus en Egypte. Le peuple d’Israël est le peuple qui a été choisi pour être le peuple de D., or pour connaître et savoir qui est le Créateur du monde, il fallait se détacher de tout ce monde-ci, parce que lorsqu’on est plongé dans la matérialité, on est obsédé par les vanités de ce monde et on ne peut pas servir D.

De même chez les Patriarches, Yitz’hak a mérité de s’élever parce qu’on l’avait mis sur des fagots à l’instar d’une bête prête pour l’abattage. Quant à Ya'akov, il a subi l’autorité de Lavan et Essav l’a pourchassé.

C’est pourquoi les bnei Israël sont descendus en Egypte : du fait que les Egyptiens les avaient réduits en esclavage et condamnés aux travaux forcés, ils avaient perdu toute leur identité, et il n’y avait plus en eux rien de matériel, c’est pourquoi ils ont été capables de reconnaître leur Créateur. Comme le dit Ibn Ezra (voir Chemot 2, 3) à propos de l’esclavage, il n’y a pas de plus grande douleur que d’être esclave, car cela efface l’individualité de la personne, et on l’oblige à agir contre sa conscience. Alors, après toute cette servitude, il est dit (Chemot 2, 23) : « Ils se lamentèrent, et leur plainte monta. » C’était une prière sans aucune barrière. Et il est écrit (Yirmiyah 2, 2) « Je Me souviens en ta faveur de la générosité de ta jeunesse » : par le mérite des quatre choses que les bnei Israël ont observées, ils n’ont changé ni leur nom ni leur langue et se sont gardés de la débauche, ainsi que du lachon hara, ils se sont rapprochés de Hachem et ont mérité d’être délivrés.

SUR LA PENTE ASCENDANTE

Le pouvoir d’une nourriture casher

L’une des années où nous sommes allés à la hilloula du tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto au Maroc, nous avons mérité qu’il se fasse dans l’avion un grand kiddoush Hachem.

Ce jour-là avant le décollage, j’avais demandé à l’un de mes accompagnateurs de m’acheter quelques sandwiches cashers pour ceux qui arriveraient à la hilloula en ayant peut-être oublié d’apporter de la nourriture avec eux, et pour que nous ayons des provisions pour eux.

De plus, bien que nous ayons commandé à la compagnie aérienne des repas cashers pour tous les passagers juifs de notre vol, je lui ai demandé d’acheter aussi des sandwiches cashers pour les passagers juifs du vol, parce qu’il y a toujours une crainte que les repas cashers n’arrivent pas, c’est pourquoi il valait mieux s’équiper à temps avec des sandwiches cashers pour les juifs de l’avion. Et c’est effectivement ce qui est arrivé, nous n’avons pas reçu de nourriture cashère dans l’avion, c’est pourquoi nous avons distribué à ceux qui en voulaient les sandwiches que nous avions apportés avec nous.

Dans le même vol, il y avait dans l’avion des parents avec leur bébé qui pleurait sans interruption. Dès le début de la montée dans l’avion il s’était mis à hurler, et pendant toute la durée du vol il n’a pas arrêté un instant de brailler. Ses parents dévoués essayaient de le calmer de toutes les façons possibles et imaginables, avec de la nourriture, de la boisson, des jeux, des friandises, mais sans y réussir, et les pleurs du bébé ne s’apaisaient pas.

Naturellement, ces pleurs dérangeaient beaucoup les autres passagers de l’avion, mais ils n’y pouvaient absolument rien. En fin de compte, le steward principal a pris le bébé à ses parents, me l’a amené et m’a dit : « Vous êtes un Rav, donnez-lui une bénédiction qu’il arrête de pleurer ! » J’ai été très surpris, et je lui ai répondu : « Et peut-être que ma bénédiction va simplement le faire pleurer encore plus ? »

Sans y prendre garde, j’ai mis dans la bouche du bébé un morceau de la nourriture cashère que j’avais, et ô merveille ! Il s’est arrêté de pleurer !

Il m’est immédiatement venu à l’idée que cet enfant-là n’avait peut-être jamais mangé de la nourriture cashère, et le fait d’avoir été mis en présence de cette nourriture l’avait maintenant calmé.

Beaucoup des voyageurs étaient stupéfaits de ce miracle. Il y en avait même certains venus des pays arabes qui étaient stupéfaits de voir l’influence de la nourriture cashère sur le bébé. Quand j’ai vu l’émotion que cela avait causé dans le public, je me suis adressé à eux en ces termes : « Ce n’est pas du tout un miracle. Le Saint, béni soit-Il vient de nous montrer combien la nourriture cashère apaise et détend l’homme. »

A ce moment-là, j’ai commencé à réfléchir à la profondeur de l’observance de la cacherout. Lorsqu’on fait entrer dans sa bouche de la nourriture cashère, cela purifie le sang et le corps, et alors les mitsvot que l’on fait sont en sainteté et en pureté. Mais quand on fait entrer dans son corps des aliments qui ne sont pas cashers, alors les mitsvot se font sans aucune sainteté.

Dans l’avion, il y avait aussi de nombreux juifs qui avaient foi dans les tsaddikim mais ne faisaient pas attention chez eux à observer la cacherout, et quand ils ont constaté comment un bébé s’était calmé en mangeant de la nourriture cashère, ils ont immédiatement promis de ne plus manger que des aliments cashers, car ils avaient vu de leurs yeux comment un bébé qui avait pleuré pendant plusieurs heures d’affilée s’était calmé quand on lui avait proposé de la nourriture cashère.

Naturellement, ce cas a provoqué un grand kiddouch Hachem, car tout le monde a vu la grande influence de la nourriture cashère sur l’âme humaine.

HOMMES DE FOI

Histoires des justes de la famille pinto

La dynastie ramifiée de talmidei ‘hakhamim et de grands en Torah, qui ont germé et se sont épanouis dans les murs de la magnifique famille Pinto, a donné à Israël des géants de l’esprit et des faiseurs de miracles, génération après génération, fils après fils, au point que s’est réalisé en elle le verset « ils ne quitteront pas ta bouche ni la bouche de ta descendance ni la bouche des descendants de tes descendant à jamais. » Et comme l’ont dit nos Sages : « Comme il est un talmid ‘hakham, ainsi que son fils et son petit-fils, la Torah ne les quittera plus jamais. »

Le gaon et tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto, petit-fils de Rabbeinou ‘Haïm Pinto le grand (pour distinguer entre les deux Rabbi ‘Haïm, le grand-père et le petit-fils, la génération du deuxième Rabbi ‘Haïm l’a appelé « Rabbi ‘Haïm le petit »), était donc un maillon de cette magnifique dynastie. Son nom était connu partout pour sa Torah et sa piété, et il avait atteint des niveaux élevés dans la Torah dévoilée et dans la Kabbala, au point de mériter même d’étudier en ‘havrouta avec le prophète Eliahou.

L’histoire suivante en témoigne : C’était tôt le matin. La plupart des habitants de la ville dormaient encore, un petit nombre de fidèles cheminaient vers la synagogue, en talit et tefilin.

Reb Yona Ibn ‘Haïm zatsal, qui faisait partie de ceux qui se levaient tôt, découvrit en arrivant au seuil de la synagogue qu’il n’était pas le premier. De l’autre côté du mur, il entendait deux voix qui étudiaient la Torah à l’intérieur.

La voix agréable de l’un d’eux lui était connue : il s’agissait de Rabbi ‘Haïm Pinto le petit.

Reb Yona s’attarda un peu à l’extérieur pour une pas provoquer une négligence dans l’étude de la Torah et ne pas déranger ceux qui étudiaient.

C’est seulement quand le son de l’étude se fut interrompu qu’il entra à la synagogue, et alors il fut très surpris : à l’intérieur, il vit Rabbi ‘Haïm seul, sans personne avec lui. Comme il avait clairement entendu deux voix, il s’approcha de Rabbi ‘Haïm et lui demanda :

« Ou est la ‘havrouta qui étudiait tout à l’heure avec le Rav ? » « Est-ce que tu l’as vu ? » lui demanda Rabbi ‘Haïm.

- Oui, répondit-il.

« Heureux es-tu d’avoir mérité de voir le prophète Eliahou, répondit Rabbi ‘Haïm de bonne grâce. C’est le prophète Eliahou qui m’enseignait à la synagogue.

Tout en parlant, Rabbi ‘Haïm fit jurer à Reb Yona de ne révéler à personne ce que ses yeux avaient vu tant qu’il serait en vie. Celui-ci garda le secret, et ce n’est qu’après le décès de Rabbi ‘Haïm qu’il le révéla.

LA HAPHTARA DE LA SEMAINE

« Paroles d’Yirmiyahou fils de ‘Hilkiyahou » (Yirmiyah 1, 2)

Le rapport avec la paracha : La haphtara raconte qu’Yirmiyah a refusé au début de partir en mission pour Hachem parce qu’il ne savait pas parler, étant jeune, et il est raconté dans notre paracha que Moché a refusé de partir en mission pour Hachem, parce qu’il n’était pas un orateur.

 « Je ne sais pas parler car je suis un enfant. Et Hachem me dit : ne dis pas je suis un enfant, mais tous ceux vers qui Je t’enverrai, vas-y, et tout ce que Je t’ordonnerai, dis-le » (Yirmiyah 1, 6-7).

C’est surprenant ! Si le prophète Yirmiyah était effectivement un enfant, pourquoi Hachem lui a-t-il dit « ne dis pas : je suis un enfant » ?

On peut expliquer que lorsque Hachem lui a dit « ne dis pas : je suis un enfant », cela signifie : bien que tu sois jeune, ne dis pas cela, parce qu’il faut regarder le contenu du message et non le messager.

C’est ce que Hachem lui dit dans la suite : « tous ceux vers qui Je t’enverrai, vas-y », cela ne change rien que tu sois un enfant, car l’important est le message.

(« Tsoarei Chalal »)

 « Voici ce que dit Hachem : Je te garde le souvenir de l’affection de ta jeunesse, de l’amour de tes fiançailles, lorsque tu M’as suivi au désert, dans un pays inculte » (Yirmiyah 2, 2).

Cela ne signifie pas que les bnei Israël soient allés dans le désert pour y mourir. Nous y sommes allés pour vivre, c’est-à-dire que les hommes, les femmes et les enfants sont allés « dans le grand et terrible désert, plein de serpents venimeux et de scorpions, sol aride sans eau » (Devarim 8, 15), mais ils ne l’ont pas senti du tout, c’est comme s’ils marchaient dans un pays civilisé rempli de fruits et de vergers.

C’est par conséquent l’explication du verset « l’affection de ta jeunesse, l’amour de tes fiançailles » : toutes les réactions naturelles n’existaient pas chez eux, il n’y avait devant eux que Hachem, et partout où il leur était dit d’aller ils allaient, sans prêter attention à l’état naturel de ce lieu.

C’est comme un bébé qui est porté dans les bras de sa mère. Même quand elle marche avec lui dans un endroit de bêtes féroces et de brigands, le bébé n’en sait rien du tout, pour lui rien d’autre n’existe que les bras de sa mère, qui le serre contre elle avec amour.

(« Si’hot Moussar »)

GARDE TA LANGUE

Louer avec mesure

Il est interdit de dire de la « poussière de lachon hara », comme par exemple : « Qui aurait pu croire qu’Untel réussirait aussi bien », ou « Ne parlez pas d’Untel, je ne veux pas raconter ce qui s’est passé avec lui », ou choses de ce genre. Il est également interdit de louer quelqu’un devant des gens qui ne l’aiment pas, ou de le louer exagérément, car cela pousse à dire du mal de lui.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

La sainteté des noms

« Voici les noms des bnei Israël qui sont venus en Egypte avec Ya'akov, chacun est venu avec sa famille » (Chemot 1, 1).

La lecture de ce verset suscite une question : pourquoi Hachem compte-Il à nouveau le peuple d’Israël, bien qu’Il ait déjà compté et détaillé les descendants en familles et maisons paternelles ? Rachi explique (Ibid.) que le fait de les compter souvent vient témoigner de Sa tendresse envers le peuple d’Israël, Il les compare aux étoiles du Ciel qui sont comptées tous les jours, ainsi qu’il est écrit « Qui fait défiler leur armée en bon ordre? Toutes, Il les appelle par leur nom » (Yéchayah 40, 26).

On peut ajouter pour expliquer ce verset que Hachem voulait enseigner aux bnei Israël que le nom de l’homme est son essence, c’est pourquoi il a beaucoup de valeur et de poids. Tant qu’on est éveillé pendant la journée et aussi la nuit, on a la possibilité d’étudier la Torah et de pratiquer les mitsvot, et c’est la meilleure segoula pour être protégé des forces impures, car comme on le sait la Torah protège et sauve l’homme de tout mal (Sota 21a). Mais lorsqu’on dort, apparemment il n’existe plus de possibilité de se protéger et de se garder des forces néfastes, car le sommeil est une sorte de mort (Berakhot 57b), donc on n’a plus la force de lutter contre ses ennemis ni contre le yetser hara qui cherche à vous faire trébucher.

On peut dire que du fait que Hachem compte à nouveau Ses enfants, Il veut leur montrer que leurs noms ont leur origine dans les Noms sacrés que Ya'akov a donné à ses fils, et qui sont une bonne protection, la plus utile pour l’homme au moment où il dort. Ya'akov n’a pas inventé ces noms, mais il a cherché à appeler ses fils par des noms qui avaient des racines élevées reliés à la royauté de D. dans le monde. Ils ont ainsi pu jouir d’une protection divine. C’est ce que dit le verset « Voici les noms des bnei Israël qui sont venus en Egypte » : cela signifie qu’ils ont soigneusement conservé la tradition de leurs ancêtres et ont continué à donner à leurs enfants et aux descendants de ceux-ci les mêmes noms sacrés et purs que Ya'akov avait donné à ses fils (Chir HaChirim Rabba 4, 25), par une perception profonde du fait que ces noms aideraient à sauver ses enfants de l’impureté en toutes circonstances, et en particulier au moment du sommeil, lorsqu’ils n’étudient pas la Torah.

Et les bnei Israël, bien qu’étant plongés dans les 49 portes de l’impureté (Zohar ‘Hadach début de la parachat Yitro), ont mérité en fin de compte d’être délivrés du poids de l’esclavage, parce qu’ils s’étaient protégés de l’assimilation, du fait qu’ils n’avaient pas modifié leurs noms, leur façon de s’habiller ni leur langue. Ils ont veillé très attentivement à conserver leurs noms, parce qu’ils les estimaient précieux et savaient qu’ils représentaient l’essence de leur sainteté, qu’ils avaient reçue par tradition de leur ancêtre Ya'akov, le père des douze tribus.

On peut ajouter par allusion que le mot « véelè » (et voici) ont la même valeur numérique que le mot « bam », qui figure à propos de la Torah (Devarim 6, 7) : « Védibarta bam » (tu en parleras [des paroles de la Torah]). On peut dire que grâce aux noms sacrés en usage dans leur peuple, les juifs méritent de s’attacher à la Torah, qui est elle-même composée des Noms de D. (Zohar II 124a, et Introduction du Ramban à la Torah). Il s’ensuit qu’outre le fait qu’ils sont rattachés à la Torah, ils méritent de s’attacher au Créateur.

A LA SOURCE

« Elle l’appela Moché et dit : car je l’ai tiré de l’eau » (2, 10)

La fille de Paro parlait l’Egyptien, donc comment est-il possible qu’elle ait donné à Moché un nom qui signifie en hébreu « car je l’ai tiré de l’eau » ? Est-ce que la Torah a traduit en hébreu le nom que l’Egyptienne lui avait donné ?

A la lumière de cette question, nous trouvons dans les propos du « He’emek Davar » l’explication qu’en Egyptien, le mot « Moché » signifie « enfant », par conséquent la fille de Paro l’a appelé « enfant ». Or c’est difficile : pourquoi a-t-elle expliqué ce nom comme signifiant « car je l’ai tiré de l’eau », qui est une explication de ce nom en hébreu ?

C’est qu’elle a dit : comment pourrais-je donner un nom à un enfant qui ne m’appartient pas, mais qui est à ses parents ? Seulement, comme c’est moi qui l’ai tiré de l’eau, il est presque certain que ses parents ont désespéré de sa vie. Il s’ensuit que, pour ainsi dire, il s’est noyé, c’est donc grâce à moi qu’il est vivant, et par conséquent j’ai le droit de lui donner un nom.

Si bien que l’expression « car je l’ai tiré de l’eau » n’est pas la raison du choix de nom Moché, mais c’est la raison de la possibilité qu’a eu la fille de Paro de donner un nom à cet enfant.

 « Ote tes chaussures de tes pieds » (3, 5)

Il est dit dans Pirkei Avot (2, 10) : « Fais attention à leurs braises [des talmidei ‘hakhamim] pour qu’elles ne te brûlent pas, car leur morsure est une morsure de renard, leur piqûre est une piqûre de scorpion, leur murmure est un murmure de serpent, et toutes leurs paroles sont comme des braises ardentes. »

Or les initiales des trois forces des talmidei ‘hakhamim forment le mot « na’al » (chaussure) : Nechikha (morsure), Akitsa (piqûre), Le’hicha (murmure).

A partir de cela, Rabbi Tsvi Elimélekh de Dinow zatsal expliquait le message du fait que la direction du peuple est remise aux tsaddikim de la génération : Hachem a enjoint à Moché dans le buisson ardent – lorsque tu dirigeras la communauté d’Israël, alors « enlève tes chaussures de tes pieds », tu ne les utiliseras pas contre un juif.

 « Qu’on surcharge les hommes de travail et qu’ils ne prêtent pas attention à des mensonges » (5, 9).

Les droits d’auteur de cette idée exprimée par Paro vont au mauvais penchant, le « vieux roi », ainsi que l’écrit le Ram’hal dans Messilat Yécharim :

« C’est véritablement l’une des ruses du mauvais penchant, d’alourdir le travail en permanence pour les hommes au point qu’il ne leur reste plus l’énergie de réfléchir et de se demander quelle voie il convient de suivre. En effet, on sait que s’ils prêtaient la moindre attention à leur conduite, ils commenceraient sûrement tout de suite à regretter leurs actes, et ces regrets iraient en s’amplifiant, au point qu’ils abandonneraient complètement la faute.

« Cela rappelle l’idée de Paro quand il a dit : « qu’on surcharge les hommes de travail, etc. », c’était une recette pour ne plus leur laisser aucune énergie afin qu’ils n’aient pas l’idée de se révolter contre lui. Il s’efforçait d’empêcher chez eux toute réflexion par la force de la permanence du travail ininterrompu. C’est vraiment un artifice du mauvais penchant, qui mène une guerre contre l’homme et enseigne des ruses. Il n’est possible de lui échapper que par beaucoup de sagesse et une grande réflexion.

« Et nos Sages ont dit (Moed Katan 5a) : « Quiconque pèse sa conduite en ce monde mérite de voir le salut de Hachem. » »

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Leur plainte monta vers D. du cœur de l’esclavage » (2, 23).

Cela ne signifie pas qu’ils ont supplié D. de les délivrer, mais c’est la douleur qui les a fait crier. Le verset nous informe que ce cri est monté jusqu’à Hachem, « du cœur de l’esclavage », c’est-à-dire « à cause de la douleur de l’esclavage », et Hachem a entendu leurs soupirs, c’est-à-dire le fait qu’ils ont élevé la voix à cause de la souffrance.

Cela rappelle le verset (Téhilim 118, 5) : « Du fond de ma détresse j’ai appelé D., D. m’a répondu par la largesse », car l’une des prières qui sont exaucées est celle qui vient de la souffrance. On trouve aussi (Yona 2, 3) « Dans ma détresse j’ai invoqué D. », et c’est cela « leur plainte monta vers D. du cœur de l’esclavage ». Cela désigne la douleur que l’esclavage leur faisait subir, le mot « chav’a » (plainte) désigne la prière, et le « cri » est un cri de douleur, insinuée dans les mots « du cœur de l’esclavage et ils crièrent ».

LES CHEMINS DE LA FOI

Etudes sur la droiture dans les midot

Le contexte de nombreuses disputes qui éclatent entre les gens, entre les voisins et entre les amis, a suggéré au gaon et tsaddik Rabbi Chimchon Pinkus zatsal la merveilleuse parabole suivante, d’où se dégage une belle leçon :

Ecoutons donc les yeux et les oreilles qui se parlent. Voici ce que disent les yeux :

« Regardez mes deux chères amis qui se tiennent à côté de moi, de laides excroissances de la tête. Elles sont complètement aveugles, sans yeux, et n’ont jamais vu la lumière. Elles s’appellent des oreilles. »

Quelqu’un qui voulait faire la paix entre eux a répondu :

« C’est vrai. Vous avez bien dit. Mais elles ont quand même une certaine qualité, elles possèdent l’audition. Elles entendent les voix.

L’œil répond avec colère :

« Qu’est-ce que c’est que l’audition ? Je n’ai jamais vu une telle chose de ma vie. Mes yeux ont vu le monde entier, de l’orient à l’occident, et je n’ai jamais vu cette chose qui s’appelle l’audition. Je n’ai pas vu de voix ! Arrêtez avec vos imaginations et vos bêtises sur l’audition. Les oreilles ne sont pas autre chose qu’un pauvre qui s’enorgueillit.

Et vous qui essayez de faire la paix, allez donc nier ce qu’on voit de ses yeux !

Parallèlement, les oreilles, qui ont une intelligence particulière, méprisent les yeux, leurs voisins, pour qui tout est « de la lumière », et elles disent : en fait, ce ne sont que des « trous dans la tête », rien de plus…

C’est à cela que ressemble le monde.

Cela signifie que l’essentiel des fautes commises envers le prochain résultent du fait que l’un ne tient aucun compte de l’autre, étant persuadé que l’autre a des défauts. En vérité, on voit nécessairement l’autre de cette façon, car on ne comprend pas du tout sa façon de penser, son contexte, l’étendue de sa compréhension et de son éducation, exactement comme les oreilles ne savent rien sur les yeux.

Où est la vérité ? Que chacun séparément n’a pas la perfection, ni l’œil ni l’oreille, ce n’est que tous ensemble qu’ils contribuent à la perfection d’un homme harmonieux. C’est exactement ce qui se passe aussi avec le peuple d’Israël.

Un juif aisé avait envoyé ses enfants au loin en donnant à chacun tout ce qui lui manquait. L’un des enfants ne se conduisit pas bien, il se querella avec son frère et prit une partie de sa part. Le frère était intelligent et se dit : « Pourquoi me disputer avec lui, mon père a assez d’argent, il apprendra certainement ce qu’il m’a pris et me complètera ce qui manque. Qu’ai-je à faire de chicanes, l’essentiel est que mon père ne souffre aucun humiliation. » Son père entendit ce qui s’était passé et se réjouit beaucoup, il l’embrassa et le serra fort contre lui : « Tu m’as préservé d’être humilié dans la rue lorsqu’on aurait dit que mes enfants se disputent. C’est pourquoi je te donnerai le double. »

Et de même à l’inverse, quand ils se disputent et se querellent et qu’un feu éclate, les outrages augmentent, le père souffre, si bien qu’il punit les deux en disant : « vous n’aurez rien ni l’un ni l’autre ! »

Ainsi, le Saint, béni soit-Il, le Maître du monde, se réjouit quand Son Nom n’est pas profané par les querelles de Ses enfants. Il rétribue largement ceux qui cèdent, comme quelqu’un qui dit : « Maintenant que vous avez renoncé, vous aurez le double ! »

Envers le prochain ?

Le Maguid de Jérusalem, Rabbi Ben Tsion Yadler zatsal, a raconté : « Je me souviens qu’il y a des dizaines d’années, à Jérusalem il y avait une société secrète dont le but était l’entraide. Chacun de ses membres aiderait les autres, et inversement.

« Je suis allé chez le Rav de Brisk, le gaon et saint Rabbi Yéhochoua Leib Diskin zatsal, je lui ai raconté cela et je lui ai demandé son avis sur l’idée en question. Au début, il a réagi en disant : « Qu’est-ce que cela peut vous faire ? », c’est-à-dire qu’il a cherché à m’écarter. Mais quand j’ai ajouté qu’à mon avis, le principe d’une telle société était tout à fait juste, car cela reposait sur la mitsva « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », il m’a dit que cela ne relevait pas du tout de l’amour du prochain, mais de l’amour de soi-même : je suis prêt à faire quelque chose pour toi pour que tu le fasses pour moi. Maintenant on se soucie du prochain, et ensuite c’est lui qui se souciera de nous. Et cela va contre les mitsvot de la Torah, qui nous demandent d’aimer tout juif, même s’il n’est pas membre de cette société, et même celui qui nous a fait du mal, ainsi qu’il est dit « ne te venge pas et ne garde pas rancune ». On doit même lui faire du bien. »

Le Rav de Brisk zatsal a terminé en disant : « Vous ne devez certainement pas entrer dans cette société, qui va contre la Torah. »

 

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