Parachat Va'éra 9 Janvier 2016 28 Tévet 5776 |
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La grandeur de la vertu de gratitude
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
« Hachem dit à Moché, dis à Aharon : prends ton bâton et étends ton bras sur les eaux de l’Egypte, sur leurs fleuves, leurs rivières, leurs lacs et tout rassemblement d’eau, elles deviendront du sang, et il y aura du sang dans tout le pays d’Egypte, dans les arbres et les pierres » (Chemot 7, 19).
Rachi a écrit « Dis à Aharon – parce que le fleuve avait protégé Moché quand il y avait été jeté, c’est pourquoi ce n’est pas par lui qu’il a été frappé mais par Aharon. »
Cette paracha raconte que Hachem ordonne à Moché de dire à son frère Aharon que c’est lui qui doit frapper le fleuve, et ainsi amener la plaie du sang sur l’Egypte. Pourquoi Aharon devait-il frapper le fleuve plutôt que Moché lui-même ? Les Sages expliquent (Chemot Rabba 9, 10) que c’est parce que le fleuve avait protégé Moché lorsqu’il était bébé.
Les versets de la Torah racontent que Paro avait édicté un décret : tout fils qui naissait devait être jeté au fleuve (Ibid. 1, 22), c’est pourquoi Hachem avait fait un miracle et Moché était né de Yokheved à la fin du sixième mois. Le petit Moché avait été placé dans un panier qui flottait sur le fleuve, et ainsi il avait été sauvé du décret de Paro, c’est pourquoi Hachem lui ordonnait maintenant de ne pas frapper le fleuve. L’Ecriture nous donne ici une immense leçon : « Un puits dont tu as bu, n’y jette pas une pierre » (Midrach Rabba 222, 4), c’est-à-dire que la reconnaissance est une noble qualité qui améliore et purifie le cœur de l’homme et le mène à des niveaux spirituels très élevés.
Il est dit dans Pirkei Avot (1, 1) : « Moché a reçu la Torah du Sinaï et l’a transmise à Yéhochoua, Yéhochoua aux Anciens, les Anciens aux prophètes et les prophètes l’ont transmise aux hommes de la grande assemblée. » Nous apprenons de cette michna la transmission de génération en génération, chaque génération étant responsable de transmettre à la suivante, afin que la Torah ne soit pas oubliée du peuple d’Israël. Au fil des années, à cause du déclin des générations, toute la Torah orale a été couchée par écrit, parce qu’il n’y avait déjà plus assez de gens capables de la transmettre dans son intégralité sans en oublier aucun détail.
On peut dire que quiconque a mérité d’absorber la sagesse de la Torah de son maître lui doit de la reconnaissance, car si son maître n’avait pas fait l’effort de lui enseigner la Torah, qui sait où il en serait aujourd’hui ! Et de même qu’il est clair pour nous que nous devons révérer et apprécier nos ancêtres qui nous ont transmis cette tradition, de même nous devons savoir que nous avons un devoir de reconnaissance envers nos enseignants et nos rabbanim qui nous ont élevés dans la Torah et la crainte du Ciel.
Nous devons également signaler que quelqu’un qui a reçu des dons d’enseignant et qui a la possibilité de donner de nouvelles explications de la Torah et de les transmettre, s’il ne le fait pas, est un voleur et il renie la bonté de D., Qui lui a accordé la sagesse et le discernement de comprendre les paroles de la Torah. En fait, chacun a un rôle dans la transmission. Certains ont la capacité de faire passer la tradition uniquement dans leur famille, parce qu’ils n’ont pas reçu de dons d’enseignants particuliers. En revanche, d’autres sont doués d’un pouvoir d’explication exceptionnel, c’est pourquoi s’ils ne se préoccupent pas de transmettre leur Torah à la génération suivante, se contentant de la garder pour eux-mêmes, ils sont considérés comme des voleurs, parce que la Torah n’est pas leur richesse privée et exclusive, elle appartient à toute la communauté d’Israël.
J’ai vu la question suivante : pourquoi Moché a-t-il été reconnaissant envers l’eau et le sable, mais non envers Paro qui l’a élevé chez lui et l’a fait prince ? Si on est reconnaissant envers de la matière inanimée, à plus forte raison doit-on l’être envers des humains ! Or il se trouve que non seulement Moché n’a pas été reconnaissant envers Paro de tout ce qu’il avait fait pour lui, mais a été responsable de le frapper par les dix plaies !
On peut répondre à cela à travers quelque chose qui m’est arrivé. Un jour, quelqu’un m’a abordé pour me dire qu’il fallait être reconnaissant à Hitler, parce que l’Etat d’Israël avait été fondé grâce à lui. En effet, si Hitler n’avait pas tenté d’exterminer le peuple juif, le monde entier n’aurait pas vu la nécessité de donner un Etat aux juifs. En entendant ces propos, j’ai été complètement bouleversé. Comment est-il possible de ressentir de la reconnaissance envers celui qui a assassiné six millions de juifs ? Cela rappelle la ridicule affirmation selon laquelle il faut ressentir de la reconnaissance envers Haman, parce que grâce à son projet épouvantable d’exterminer le peuple d’Israël, nous fêtons aujourd’hui Pourim avec toutes les mitsvot que la fête comporte. Il est évident que la pensée ne peut pas supporter ce genre de propos.
Pour en revenir à Moché, il faut répondre qu’il n’a pas été reconnaissant à Paro de toutes les années pendant lesquelles il a grandi chez lui parce qu’il était un ennemi du peuple juif ainsi qu’un fameux scélérat, et bien qu’il se soit conduit avec bonté et miséricorde envers le petit Moché, cela relève de la notion selon laquelle « la bonté des peuples est un péché » (Michlei 14, 24), c’est pourquoi il n’y a aucun besoin de lui en être reconnaissant. Il faut au contraire le punir rigoureusement de toute la douleur et tout le mal qu’il a causés aux bnei Israël en les asservissant. De même, lorsque quelqu’un est reconnaissant envers un méchant, il exprime par là son accord avec ses actes mauvais et devient son associé dans l’impureté, c’est pourquoi si Moché avait exprimé son appréciation de la conduite de Paro envers lui, il aurait ainsi cautionné sa conduite épouvantable et aurait encouragé les pécheurs.
Je peux témoigner sur moi-même que je m’efforce autant que possible de ne pas utiliser l’argent de ceux qui profanent le Chabbat, parce qu’en l’utilisant je les approuverais en quelque sorte et les encouragerais à continuer à profaner le Chabbat. Il est fréquent que quelqu’un qui ouvre son affaire le Chabbat apaise sa conscience en donnant de l’argent dans des buts de tsedaka et de ‘hessed, mais il faut savoir fermement que cet argent qui a été gagné de façon interdite n’apporte aucune bénédiction. A part cela, utiliser cet argent risque d’encourager son possesseur à continuer de se conduire ainsi.
La leçon qu’on apprend de cette paracha concerne l’importance de la reconnaissance, parce que cette qualité purifie le cœur de l’homme et le pousse à s’élever dans le service de Hachem, et le fait d’être reconnaissant envers autrui le mènera à la reconnaissance envers D.
LES CHEMINS DE LA FOI
Etudes sur la droiture dans les midot
La base des bonnes midot est ancrée dans une pensée pure dirigée vers le prochain : réfléchir tout le temps à la façon dont on peut aider son ami, son voisin, et quiconque en a besoin.
Le gaon Rabbi Ya'akov Galinsky zatsal a raconté en diverses occasions une histoire connue :
Rabbi Chimchon Wertheimer était Rav à Vienne il y a trois cents ans. Il s’était trouvé dans des discussions avec les prêtres à propos de la notion « Tu nous a choisis parmi tous les peuples » – le peuple d’Israël par rapport aux non-juifs. Les prêtres se plaignaient du sentiment de supériorité chez les juifs qui estimaient être le peuple élu, ainsi qu’il est effectivement écrit dans la Torah : « Je vous séparerai des autres peuples et vous serez Mon peuple. » Les prêtres discutaient beaucoup avec lui et lui gâchaient la vie, au point que le roi dit au Rav : « Il y en a assez de ces discussions, vous avez une possibilité de montrer que vous avez raison par une preuve concrète. S’il-vous-plaît, montrez clairement qu’il y existe une différence entre les peuples. »
« Bien, Sire, je vais vous montrer concrètement la différence entre les peuples. Je vous demanderai seulement de me préparer un bon repas, pour les juifs à part et pour les autres peuples à part, et les choses s’éclairciront au cours de ce repas.
Envoyez, je vous prie, des invitations et proclamez que mardi prochain vous donnerez de six heures à huit heures du soir un festin préparé royalement et destiné aux non-juifs, et de huit heures à dix heures du soir vous offrez la même chose aux juifs (sous la surveillance et la direction du Rav Wertheimer). Pourquoi diviser le repas ? Parce que la nourriture des juifs n’est pas la même que celle des non-juifs, et avec l’aide de D., au cours du repas vous pourrez constater la différence qui existe entre les peuples.
Les non-juifs invités arrivèrent. Les notables de la capitale venaient boire et manger. Ils trouvèrent devant eux des tables richement garnies, mais il y manquait une chose : des fourchettes et des cuillers. Le serviteur sortit pour éclaircir la raison de cette absence, et au bout de quelques instants, revint pour annoncer au nom du roi : « Ne touchez pas à la nourriture sans fourchette et cuiller. » Bien, on attend. De longues minutes s’écoulèrent, et voici que les serveurs rentrèrent avec en main des fourchettes d’un mètre et demi chacune, et des cuillers également d’un mètre et demi… « Ne mangez qu’avez les fourchettes ! » proclamèrent-ils.
Les goyim se mirent à tourner en rond ; comment faire pour arriver jusqu’à la nourriture ? Est-ce que le roi est devenu fou ? (Vous comprenez qu’il n’est pas possible d’attraper la poignée de la fourchette et de faire entrer la nourriture entre ses dents quand la fourchette est tellement longue…)
Ils essayèrent de diverses façons, peut-être comme ça, peut-être autrement. Les dix premières minutes se passèrent en efforts infructueux. En ce qui les concernait, ils auraient déjà mangé comme des bêtes, avec les dix doigts, mais c’était interdit ! Les serviteurs passaient entre les convives et les mettaient constamment en garde au nom du roi : « Sans cuiller et sans fourchette, on ne doit pas toucher à la nourriture ! » Quand une heure fut passée, la nourriture était restée intacte. On donna le signal de la fin du repas.
Les goyim se dirent : nous ne bougerons pas d’ici. Nous attendrons de voir ce que vont faire les juifs. Et si on leur donne des fourchettes et des cuillers ordinaires, nous protesterons contre cette injustice.
Les juifs partirent se laver les mains dans une autre pièce, où avait été préparée de la nourriture totalement cashère. Ils se lavèrent les mains, et voici – le même jeu. Il n’y a ni cuillers ni fourchettes. Ils étaient assis et attendaient. Les goyim regardaient de côté et virent comment on leur apportait à eux aussi une fourchette d’un mètre et demi de long. Ils attendaient avec impatience de voir ce qui allait se passer.
Les juifs souriaient. Ils réfléchissaient. Et alors, l’un donna à l’autre. Chaque juif prenait de la nourriture dans une fourchette et la tendait à celui qui se trouvait de l’autre côté de la table… Au bout d’un quart d’heure, toute la nourriture était terminée !
Le Rav dit : « Sire, vous voyez la différence entre un goy et un juif ? Pourquoi est-ce seulement les juifs qui ont eu l’idée de se nourrir mutuellement ?
« En vérité, si je donne à manger à mon ami et que je l’aide à faire rentrer de la nourriture dans sa bouche, lui aussi va m’aider, et nous y gagnerons tous les deux. Mais le goy, dans sa tête, n’est même pas effleuré par l’idée de donner au prochain (nous n’aurons ni l’un ni l’autre…). Les juifs, qui sont pétris de l’amour du prochain, sont capables de réfléchir dans cette direction-là, mais pas les non-juifs. »
La situation du goy ressemble à celle de cet avare qui n’a jamais rien donné, et voici qu’il se noie dans la mer à Tel-Aviv. Le maître-nageur court vers lui en criant : « Donne-moi, donne-moi la main ! » Le noyé s’écrie au milieu de la tempête : « Donner ? Je ne donne jamais ! » Ainsi il se noie et disparaît dans la bouche des poissons voraces. Le goy ne connaît pas la notion de « l’autre ».
Dès le don de la Torah, nous avons observé le commandement « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Nous disons dans la haggada de Pessa’h : « S’Il nous avait fait approcher du mont Sinaï et ne nous avait pas donné la Torah, cela aurait suffi. » En quoi est-ce que « cela aurait suffi » ? En cela qu’au mont Sinaï, nous sommes tous devenus un. Dès ce moment-là, les bnei Israël n’ont plus dit « je ferai et j’écouterai » mais « nous ferons et nous écouterons », ils pensaient à l’autre. Parce que je veux donner quelque chose de bon à l’autre aussi… c’est cela le plus grand des principes.
HOMMES DE FOI
Histoires des justes de la famille Pinto
Un témoignage intéressant de Reb Yéchoua, le chamach de Rabbi ‘Haïm Pinto, a été conservé sur l’emploi du temps du tsaddik. Voici ce qu’il raconte :
« J’allais chez lui tôt le matin et je le trouvais déjà en train de prier à la synagogue, juste au-dessus de sa maison.
Puis il descendait demander à son épouse ce dont elle avait besoin, lui donnait la somme nécessaire pour les achats et partait immédiatement ramasser de l’argent pour les pauvres de la ville. Il se rendait ensuite chez les malades, dans des familles ruinées, vers des gens nécessiteux et leur procurait, à lui seul, ce dont ils avaient besoin. Dans chaque endroit on lui proposait une collation : il goûtait un petit peu mais me demandait de manger à chaque fois. Je l’ai alors questionné : ‘Rabbi, combien de nourriture est-ce que je peux ingurgiter ?’ et il m’a répondu : ‘Tu es encore jeune, tu peux manger. De plus, s’ils proposent, il est interdit de les mettre mal à l’aise et il faut goûter.’
Ainsi, tant dans sa jeunesse qu’à un âge plus avancé, il parcourait la ville d’un bout à l’autre, du matin au soir, pour la tsedaka. Vous comprendrez désormais combien de force il fallait à chaque assistant et encaisseur d’œuvres de bienfaisance pour l’accompagner tous les jours dans cette sainte mission. Puis la nuit, il récitait les tikounim et étudiait la Torah. ‘Qui s’élèvera sur la montagne du Seigneur ? Qui se tiendra dans Sa sainte résidence ? Celui dont les mains sont sans tache, le cœur pur.’ »
Les actes puissants de Rabbi ‘Haïm en faveur des pauvres et des nécessiteux ont fait de lui un personnage accepté par tous ses frères juifs, qui avaient constaté que tout ce qu’il faisait était uniquement pour l’amour du Ciel. Celui qui cherchait le tsaddik savait que sa place était au milieu des pauvres. Il passait beaucoup de temps avec eux pour parler avec eux et les encourager, afin qu’ils ne tombent pas dans les profondeurs du désespoir et servent leur Créateur dans la joie et de tout cœur.
SUR LA PENTE ASCENDANTE
Remercier D. avec reconnaissance
J’ai eu la chance d’entendre de nombreuses personnes des histoires de divers miracles qui leur étaient arrivés. Beaucoup d’entre elles voulaient savoir comment pouvoir remercier D. du miracle qu’Il leur avait accordé, et comment Lui en manifester leur reconnaissance.
Une femme qui habitait aux Etats-Unis dans un immeuble de quarante étages a raconté qu’elle avait vu de ses yeux un petit avion s’écraser dans le bâtiment où elle habitait, et frapper directement les fenêtres de sa maison, qui ont explosé sous la puissance de ce choc. Les deux pilotes avaient été tués sur place et l’avion était devenu une masse de métal calcinée, laissant autour de lui démolition et ruine.
Par un immense miracle, cette femme était sortie de cet accident vivante, avec seulement quelques brûlures. Après avoir assimilé la grandeur de la catastrophe, elle avait compris qu’il lui avait été fait un miracle et que du Ciel on avait eu pitié d’elle et on l’avait sauvée d’une mort certaine.
C’est pourquoi elle s’était dépêchée de voir comment elle pourrait remercier D. de l’immense bonté qu’Il lui avait manifestée.
Un autre juif m’a raconté qu’une certaine nuit, il s’était réveillé tout à coup, et avait décidé sans raison particulière de se lever et de se doucher à l’eau très chaude. Après sa douche, il était retourné au lit en s’étonnant d’avoir fait cet acte étrange.
Le lendemain matin, il ne s’était pas senti bien, et quand on avait appelé un médecin, celui-ci avait estimé que la nuit précédente, il avait eu une crise cardiaque, et que la douche qu’il avait prise à l’eau chaude lui avait sauvé la vie. S’il ne s’était pas douché à l’eau chaude, il ne serait pas resté en vie, parce que l’eau chaude et la vapeur qui en était montée avaient aidé à libérer l’obstruction des veines dans son corps, et ainsi il avait été sauvé de la mort !
Lui aussi avait compris la grandeur du miracle qui lui était arrivé et s’était empressé de demander de quelle façon il devait remercier Hachem de la vie qui lui avait été donnée en cadeau.
Je leur ai prescrit à tous deux, et à de nombreux autres se trouvant dans un cas semblable, la façon dont un juif remercie D. de toutes Ses bontés : par l’étude de la Torah, l’accomplissement des mitsvot et la pratique du ‘hessed, qui sont l’accomplissement de Sa volonté.
Une anesthésie qui éveille
Il m’est arrivé de subir une certaine opération pour laquelle j’ai eu besoin d’une anesthésie générale.
Quand le médecin a commencé le processus de l’anesthésie, j’ai essayé de toutes mes forces de ne pas m’incliner devant le prince du sommeil et de rester éveillé, mais les anesthésiants étaient plus puissants que moi, et quand je me suis réveillé, c’était déjà après l’opération.
A ce moment-là, je n’ai pas cessé de remercier Hachem de la grande bonté qu’Il m’avait manifestée en permettant que je me réveille, ainsi que d’avoir veillé sur moi tout particulièrement au moment de l’opération, car il arrive que des malades montent sur la table d’opération, même pour une intervention toute simple, et malheureusement n’en redescendent plus vivants.
Après avoir réfléchi plus précisément, je suis arrivé à la compréhension que de même que j’avais remercié Hachem de m’avoir réveillé de l’anesthésie, je devais aussi le remercier chaque jour de me rendre mon âme après le sommeil de la nuit. En effet, on sait que le sommeil est un soixantième de la mort, c’est pourquoi c’est par la bonté de Hachem que tous les jours nous ouvrons les yeux et nous levons pour une nouvelle journée d’action.
LA HAPHTARA DE LA SEMAINE
« Ainsi a parlé Hachem » (Yé’hezkel 28)
Le rapport avec la paracha : dans la haphtara, il y a des prophéties concernant la chute de l’Egypte, ce qui rappelle la paracha, où est raconté le désastre qui s’est abattu sur l’Egypte avec les dix plaies envoyées par Hachem.
« Toi qui dis, mon fleuve est à moi et c’est moi qui me le suis fait ! » (Yé’hezkel 29, 3)
La pluie ne tombe jamais en Egypte, c’est seulement le Nil qui déborde et irrigue tous les champs.
C’est pourquoi les Egyptiens reniaient la Providence divine : ils n’avaient pas besoin de l’eau de pluie, qui est le signe de la puissance divine qui dirige le monde. Non seulement cela, mais ils avaient fait du fleuve et de ses crocodiles des idoles, et Paro disait : « Mon fleuve est à moi et c’est moi qui me le suis fait. »
(« Bnei Issakhar »)
« En ce jour-là, Je ferai fleurir la puissance de la maison d’Israël » (Yé’hezkel 29, 21).
Le salut d’Israël ressemble à une fleur ; la fleur ne commence à bourgeonner et à s’épanouir que lorsque les plantes commencent à se décomposer dans la terre, au point qu’on a l’impression qu’elles n’ont plus d’espoir, et le salut d’Israël se présente de la même façon : lorsque les bnei Israël se trouvent au plus bas et qu’on a l’impression qu’ils ont perdu tout espoir d’existence. C’est pourquoi le verset dit : « Je ferai fleurir la puissance de la maison d’Israël. »
C’est également le sens de ce que nous disons dans la prière du Chemonè Esré : « Ô roi qui tue et fais vivre et fais fleurir le salut ». L’épanouissement de la plante après une décomposition totale est une preuve de la résurrection des morts, car bien que les morts soient transformés en poussière, ils se relèveront lorsque viendra le moment.
(« Avnei Ezel »)
GARDE TA LANGUE
En public
De même, il est interdit de louer quelqu’un en public, parce que dans un nombreux public il y aura toujours quelqu’un pour parler mal de lui.
Mais s’il s’agit de quelqu’un de connu pour sa piété en qui il n’y a rien de mauvais, il est permis de le louer même devant des gens qui ne l’aiment pas.
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
Il n’y a pas de foi sans Torah
« Moché parla devant Hachem en disant : les bnei Israël ne m’écouteront pas, comment Paro m’écouterait-il alors que j’ai la parole embarrassée ! » (Chemot 6, 12)
Le Rav Shakh zatsoukal émet l’objection suivante : quel est le raisonnement a fortiori que Moché expose à Hachem, que si les bnei Israël ne l’ont pas écouté, évidemment Paro ne l’écoutera pas ? Les bnei Israël n’ont pas écouté Moché parce qu’ils étaient opprimés par l’esclavage et les difficultés, ainsi qu’il est écrit : « Ils n’écoutèrent pas Moché, oppressés qu’ils étaient par une dure servitude » (Ibid. verset 9). Mais Paro, qui était installé tranquillement sur son trône sans aucun souci ni aucune difficulté, pourquoi n’écouterait-il pas Moché ?
Il y a une autre difficulté : pourquoi en vérité les bnei Israël n’ont-ils pas écouté Moché, alors que la première fois qu’il est venu les trouver, ils l’avaient écouté, ainsi qu’il est écrit dans la parachat Chemot : « Aharon dit toutes les paroles que Hachem avait dites à Moché et fit les signes aux yeux du peuple. Et le peuple crut et écouta, etc. » (Chemot 4, 30-31). Qu’est-il arrivé entre temps pour que la deuxième fois que Moché leur a parlé, ils ne l’aient pas écouté ?
Il semble que ladite « oppression » (kotser roua’h) du verset forme l’acronyme « kar » (froid). Il s’agit de l’oppression des bnei Israël lorsque Moché est venu les trouver, qui avait déjà refroidi leur foi, puisque hier ils avaient cru et s’étaient prosternés devant Hachem, mais entre temps, leur foi s’était affaiblie. C’est un grand principe : tant qu’il y a en l’homme un éveil dans la foi ou le service de D., il doit agir sans tarder pour conserver cet éveil, et certainement pour le conserver on doit immédiatement étudier la Torah. Mais la foi des bnei Israël, qui n’avaient pas encore reçu la Torah, s’est affaiblie, car l’absence de Torah mène à l’ennui (voir Ketoubot 59b), et l’ennui mène au refroidissement. C’est pourquoi ils n’écoutaient plus Moché comme la première fois.
Cette idée se trouve en allusion dans le début et la fin des mots « kotser roua’h », qui forment le mot « ka’h » (prendre), et il n’y a de « prise » que la Torah, ainsi qu’il est dit (Michlei 4, 2) : « Car Je vous ai donné un beau cadeau (leka’h), n’abandonnez pas ma Torah » (Ta’anit 7a). Cela nous enseigne que comme les bnei Israël ne s’étaient pas renforcés par une « ki’ha », c’est-à-dire par la Torah, ils s’étaient refroidis, et leur foi en Hachem s’était affaiblie.
Cela permet de répondre à la question du Rav Shakh, qui demande pourquoi Moché a dit devant Hachem que si les bnei Israël, qui sont une étincelle du D. vivant, s’étaient refroidis sans Torah et ne l’avaient pas écouté, alors certainement Paro, qui n’était pas une étincelle divine pour se refroidir sans Torah, ne l’écouterait pas.
Dans la suite de la paracha, nous trouvons comment Paro se refroidit rapidement même une fois qu’il s’est éveillé et même après avoir manifesté des velléités de techouva. En effet, à la plaie de la grêle, il avait envoyé chercher Moché et Aharon dans l’affolement pour qu’ils prient pour que la plaie s’arrête, et il avait dit « Cette fois j’ai péché, Hachem est juste et moi et mon peuple sommes les méchants » (Chemot 9, 27). C’est-à-dire qu’il avait eu un éveil de techouva, mais tout de suite après, quand il y avait eu une accalmie, il s’était refroidi, s’était repris et avait de nouveau endurci son cœur, ainsi qu’il est dit « Paro vit que l’averse de grêle et les bruits s’étaient arrêtés et il continua à pécher et endurcit son cœur, lui et ses serviteurs » (Ibid. verset 34).
A LA SOURCE
« Prends ton bâton et lance-le devant Paro, il deviendra un serpent » (7, 9).
Rabbi Méïr Shapira de Lublin a dit :
On sait que l’entourage a beaucoup d’influence sur l’homme, pour le meilleur et pour le pire.
Même un homme de haute stature spirituelle risque de se rabaisser dans l’entourage de gens débauchés. Et inversement, un impie s’améliore et revient à une meilleure conduite dans un entourage de personnes sincèrement pieuses.
C’est l’allusion que contient le bâton qui se transforme en serpent. Même le bâton divin, sur lequel est gravé le Tétragramme, si on le lance devant Paro, dans un milieu impur et criminel, deviendra un serpent, une bête féroce. Cependant ce même serpent venimeux se transformera de nouveau en bâton de D. s’il se trouve dans les mains de Moché.
« C’est l’abomination de l’Egypte que nous immolerons à Hachem notre D. » (8, 22)
Les Egyptiens voulaient avoir l’air d’avoir une belle âme et de grandes qualités de cœur, et ils s’étaient fixé comme règle d’élever ceux qui étaient abaissés et opprimés. C’est la raison pour laquelle, explique le Maguid de Vilna Rabbi Ya'akov Yossef, ils sympathisaient avec un pauvre animal incapable de se défendre lui-même, comme un agneau, qui n’a même pas encore de cornes à lui, et ils voulaient l’honorer.
Mais les qualités et les coutumes qui n’ont pas leur origine dans la sainteté et la piété ne peuvent pas subsister. Ces mêmes Egyptiens « miséricordieux » ont fini par asservir les bnei Israël de la façon la plus honteuse, et les ont fait travailler plus que leurs bêtes de somme.
« Ceux des serviteurs de Paro qui révéraient la parole de Hachem firent rentrer leurs serviteurs et leur bétail dans leurs maisons » (9, 20).
Même ceux qui révéraient la parole de D., parce qu’ils s’étaient mal conduit, ont été frappés par la grêle, mesure pour mesure.
Quelle mesure pour mesure y avait-il dans la plaie de la grêle pour ceux qui révéraient la parole de Hachem ?
Rabbi Messod ben Chimon chelita dit que de même que les bnei Israël étaient dans la peine parce qu’ils devaient dormir avec leurs bêtes dans le désert, les Egyptiens ont été frappés en devant faire rentrer leurs bêtes dans leurs maisons par crainte de la grêle.
LA VIE DANS LA PARACHA
A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar
« Moché et Aharon firent ce que Hachem leur avait ordonné, ainsi firent-ils » (7, 6).
Il faut savoir pourquoi il est répété « ainsi firent-ils ». N’était-il pas suffisant d’une seule expression ? Cela signifie qu’ils ont accompli leur mission à deux niveaux différents.
Le premier est que tout ce qu’ils avaient pensé comprendre de ce que disait Hachem, ils l’ont accompli, et le second qu’ils ont eu l’intention d’arriver à la vérité de ces paroles dans la perfection. C’est pourquoi il est écrit « Moché… ce que Hachem avait ordonné », ils n’ont absolument rien changé. Puis le verset témoigne que « ce que Hachem leur avait ordonné », c’est-à-dire l’intention qu’avait eue Hachem en le leur ordonnant, c’est cela qu’ils ont fait.
On peut encore dire qu’à chaque parole, ils évoquaient le Nom de D., c’est pourquoi il est écrit qu’ils ont « fait », alors qu’au moment de l’action, c’est « ce que Hachem leur avait ordonné ». Ou encore qu’ils n’ont pas tardé, mais immédiatement, dès qu’Il a fini de le leur ordonner, ils se sont précipité pour obéir à la parole de D.