Parachat BO 16 Janvier 2016 6 Chevat 5776 |
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« Une mitsva entraîne une mitsva »
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
« Parlez à toute la communauté d’Israël pour lui dire que le dix de ce mois, ils doivent prendre chacun un agneau par famille paternelle, un agneau par maison. » (Chemot 12, 3)
Le Saint, béni soit-Il ordonne aux bnei Israël de Lui offrir un sacrifice provenant du menu bétail, parce que le bélier était une idole des Egyptiens. Du fait que le peuple d’Israël égorgeait un agneau pour l’offrir à Hachem, il prouvait par là qu’il n’avait absolument rien de commun avec les idoles de l’Egypte (Chemot Rabba 16, 2).
Dans la pratique, le sacrifice de Pessa’h exigeait du peuple d’Israël un dévouement sans bornes, parce que quatre jours avant de l’égorger, le Créateur avait ordonné de l’attacher au pied du lit pour vérifier qu’il ne présentait aucun défaut. Or lorsque les Egyptiens s’apercevaient que le peuple juif allait sacrifier son idole, leur colère était terrible. Mais le peuple d’Israël était sans crainte et ne prêtaient aucune attention à la colère des Egyptiens, il observait l’ordre de D. et l’accomplissait avec le plus grand dévouement.
La deuxième année de la sortie d’Egypte des bnei Israël, ils voulurent offrir le sacrifice de Pessa’h, et voilà qu’un groupe d’individus, qui se trouvaient à ce moment-là impurs à cause du contact avec un mort, vint trouver Moché pour lui demander pourquoi ils devaient être lésés. Pourquoi les empêchait-on d’accomplir la mitsva du sacrifice de Pessa’h, uniquement parce qu’ils se trouvaient en état d’impureté ? Elles voulaient de plus que Moché demande à D. s’il y avait une autre occasion pour eux d’offrir le sacrifice de Pessa’h comme tout le peuple d’Israël. En voyant leur volonté profonde d’accomplir la parole de Hachem, Moché alla prendre conseil de Lui, et le Saint, béni soit-Il lui répondit que ces hommes pourraient effectivement offrir le sacrifice de Pessa’h plus tard, un mois après la fête de Pessa’h, le 14 Iyar, ainsi qu’il est écrit : « le deuxième mois, le quatorze, au crépuscule, ils l’offriront et le mangeront avec des matsot et des herbes amères » (Bemidbar 9, 11).
En réfléchissant, on s’aperçoit que non seulement ce groupe a mérité de fêter Pessa’h en accord avec la halakha et d’apporter le sacrifice à Hachem, mais également que la mitsva de Pessa’h Chéni soit instituée grâce à eux. Ils désiraient tellement accomplir l’ordre de Hachem qu’Il a donné par leur intermédiaire la mitsva supplémentaire de Pessa’h Chéni.
Cela comporte une grande leçon pour nous : combien il faut souhaiter et vouloir accomplir les mitsvot. C’est un principe connu, cité dans Pirkei Avot (4, 2) qu’« une mitsva entraîne une mitsva, une faute entraîne une faute ». Cela signifie que celui qui accomplit une mitsva de tout son coeur et avec enthousiasme, le Saint, béni soit-Il met sur son chemin une autre mitsva, pour qu’il puisse acquérir encore plus de mérites. Et plus on manifeste son désir d’obéir à la parole de D. et d’observer Ses mitsvot, plus Il protège de la faute et accorde d’autres occasions de faire Sa volonté.
D’un autre côté, quand quelqu’un transgresse allègrement la parole de Hachem et ne manifeste pas le moindre soupçon de regret de l’avoir fait, le Saint, béni soit-Il ne lui accorde ni bénédiction ni protection. Plus il faute, plus Hachem lui donne des occasions supplémentaires de fauter, au point qu’il passe tout son temps à transgresser.
De même, le Saint, béni soit-Il joint une bonne pensée à l’action (Kidouchin 40a). C’est pourquoi si quelqu’un aspire à accomplir une certaine mitsva, mais pour diverses raisons n’y parvient pas, le Saint, béni soit-Il le lui compte comme s’il l’avait effectivement accomplie. Non seulement cela, mais Il lui donne l’occasion d’accomplir une mitsva supplémentaire, comme s’il avait effectivement réalisé la première, dans l’esprit de l’enseignement selon lequel une mitsva en entraîne une autre (Pirkei Avot 4, 2). Presque tout le monde peut témoigner sur lui-même qu’effectivement, il a une forte volonté d’accomplir la parole de Hachem, mais que les tracas de la vie l’en empêchent. Une telle personne doit s’examiner pour pouvoir vérifier si cette volonté est effectivement capitale pour lui au point de faire tous les efforts nécessaires pour accomplir les ordres de D., ou si c’est simplement une velléité comme toutes les autres.
On peut donner l’exemple d’un homme qui a rempli un billet de loterie chez lui, et quand il va remettre le billet au bureau de tabac, il voit que le guichet est déjà fermé. Il rentre chez lui un peu déçu, mais le lendemain, quand il s’aperçoit que les chiffres du gagnant sont ceux qu’il a portés sur le billet, il n’y a pas de limite à sa tristesse et sa déception de n’avoir pas pu gagner. C’est comme cela pour quelqu’un qui se demande en lui-même s’il regrette la perte de la mitsva autant que cet homme qui a vu le guichet fermé et qui rentre à la maison un peu déçu, ou si la déception le remplit profondément, à la façon de l’homme qui s’aperçoit que ses numéros ont gagné mais qu’il n’a pas remis le billet à temps.
Sans aucun doute, il est très difficile de se représenter tout cela, la nature humaine étant d’être attirée par le matérialisme. Seuls des êtres d’exception ressentent une douleur profonde lorsqu’ils n’ont pas la possibilité d’observer une certaine mitsva qu’ils désiraient de toutes leurs forces. Plus on s’habitue à réfléchir à la valeur des mitsvot et à leur grande récompense, plus le désir grandit de les observer, fût-ce au prix d’un grand effort et de beaucoup de dévouement. Il y a une promesse explicite que plus on accomplit les mitsvot, plus le Saint, béni soit-Il procure des mitsvot supplémentaires à accomplir, si bien que le temps sera entièrement rempli de bien et de ‘hessed.
On peut comparer l’enseignement selon lequel « Une mitsva entraîne une mitsva » à une chaîne composée de nombreux maillons. Tant que les maillons sont attachés et reliés entre eux, la chaîne existe et peut s’appeler une chaîne, mais lorsque l’un d’eux se détache de sa place, il n’y a déjà plus de chaîne. De même, toute mitsva est comme un maillon dans la chaîne, relié des deux côtés à d’autres maillons ; de même que dans la chaîne il n’y a ni début ni fin, il n’y a pas de fin dans l’accomplissement d’une autre mitsva, mais sans cesse une mitsva entraîne à sa suite l’accomplissement d’une autre mitsva, à l’infini, et si par malheur on perd une mitsva, c’est un fait lourd de conséquences.
SUR LA PENTE ASCENDANTE
Un miracle devant l’Arche sainte
Le jeune Michaël ‘Hazout, fils du président de la communauté de Lyon, a été grièvement blessé dans un accident de la route en Erets Israël, dans lequel plusieurs personnes ont été tuées, alors que lui s’est trouvé entre la vie et la mort.
Son père, Reb Avraham ‘Hazout, qui avait été immédiatement prévenu de venir en Erets Israël pour être aux côtés de son fils blessé, est venu me trouver en larmes et m’a dit : « Rabbi, je vous en supplie, priez pour que mon fils vive, c’est mon fils unique, je n’ai pas d’autre enfant que lui, et s’il meurt, qui dira kaddish pour moi après la fin de mes années sur terre ? »
Ces mots de M. ‘Hazout m’ont complètement bouleversé, et comme à cette époque-là je me trouvais également en Erets Israël, je suis allé à l’hôpital à Tel-Aviv pour rendre visite au fils blessé, et je l’ai vu étendu sur le lit, relié à une quantité d’appareils et de tuyaux qui l’aidaient à vivre.
A côté de son lit, j’ai aperçu son père et sa mère qui restaient tout le temps assis près de lui, tristes et angoissés de l’état de leur fils, c’est pourquoi je me suis adressé à M. ‘Hazout en lui donnant une bénédiction du plus profond du cœur : « Par le mérite de mes saints ancêtres, le Saint, béni soit-Il aidera votre fils à guérir totalement, vous continuerez à être le président de notre communauté, et vous mériterez de plus d’amener votre fils à la yéchiva de Lyon, pour qu’il ouvre l’Arche sainte. »
Contrairement à l’espoir que j’avais implanté dans son cœur, le médecin qui traitait son fils lui a dit : « Si votre fils se relève, je vais me mettre à croire qu’il y a un Créateur du monde, parce qu’à mon avis, il n’y a aucune chance que cela se produise. »
« La générosité de Hachem est infinie, Sa miséricorde n’a aucune limite. »
Michaël, le fils, se réveilla et passa de la mort à la vie, mais tristement, il resta paralysé des jambes. La famille remercia Hachem de la grande bonté qu’Il leur avait manifestée lorsque leur fils était revenu à la vie, et ne désespéra pas de ses jambes. Pendant une longue période, il subit divers traitements et tentatives de le remettre sur pieds.
Quand son père vit qu’une longue période s’était écoulée et qu’il n’y avait plus aucun progrès dans l’état de son fils, il s’adressa à moi pour me dire :
« Est-ce que le Rav se souvient de m’avoir promis que mon fils se lèverait sur ses jambes et ferait l’ouverture de l’Arche sainte à la yéchiva ? Comment votre promesse va-t-elle se réaliser alors que ses jambes sont encore paralysées ? »
En entendant cela, je lui ai dit : « Amenez votre fils à la yéchiva à Lyon, et nous prierons pour lui auprès de l’Arche sainte. »
Effectivement, le jeune Michaël a été amené à la yéchiva sur son fauteuil roulant. Et voici qu’aux yeux de tous, un miracle éclatant s’est produit. Au moment où son fauteuil a été roulé dans le hall de la yéchiva, le garçon paralysé s’est levé sur ses pieds, s’est approché de l’Arche sainte et l’a ouverte…
C’est uniquement grâce à la grande foi de M. ‘Hazout que son fils s’est levé. Seule cette foi sincère est ce qui a provoqué la guérison de son fils paralysé.
Lorsqu’on croit en D., Il modifie pour vous les lois de la nature, ainsi qu’il est dit : « Ton peuple est entièrement formé de tsaddikim, ils hériteront du pays à jamais, rejeton que J’ai planté, œuvre de Mes mains dont Je me glorifie » (Yéchayah 60, 21). C’est-à-dire que Hachem Se glorifie de tout juif qui marche dans Ses voies, et lorsqu’Il Se glorifie d’un juif, Il fait sa volonté.
LA HAPHTARA DE LA SEMAINE
« La chose dite par Hachem » (Yirmiyah 46, 13)
Le rapport avec la paracha :
La haphtara raconte le châtiment de Paro et la destruction de l’Egypte, comme sont racontées dans la paracha les trois dernières plaies et la destruction de l’Egypte.
« Son cri rappelle le serpent » (Yirmiyah 46, 22).
Il est dit dans le Midrach qu’on a demandé au serpent quel avantage il trouve à mordre les hommes, s’il goûte le goût de la poussière absolument dans tout.
Il a répondu : « Il est vrai que je n’en tire aucun plaisir, mais je fais par là la volonté de D. pour punir ceux qui ont mérité un châtiment. »
C’est pourquoi le prophète compare la guerre de Nevoukhadnetsar, qui n’en tirera aucun profit s’il détruit tout « armé de haches comme des bûcherons », à ce que fait le serpent qui est simplement nuisible sans en retirer aucun profit personnel – parce que l’autre a mérité un châtiment.
(« Ahavat Yéhonathan »)
« Car Je te sauverai du lointain, ta descendance reviendra du pays d’exil et Ya'akov reviendra, il jouira d’une paix et d’une sécurité que rien ne dérangera » (Yirmiyah 46, 27)
Les Sages ont dit que Ya'akov n’est pas mort, en accord avec le verset : « Ne crains pas, Mon serviteur Ya'akov, et ne redoute rien, Israël, car Je te délivre de loin et ta descendance reviendra dans son pays. » De même que sa descendance est en vie, Ya'akov lui-même est en vie.
Si les descendants de Ya'akov, même lorsqu’ils sont asservis en exil parmi les nations, restent malgré tout « vivants », et s’ils existent en tant qu’enfants de « Ya'akov », en tant que juifs à part entière, sans assimilation parmi les autres peuples, alors cela signifie que Ya'akov est toujours vivant, que son esprit et sa force ne mourront jamais.
Si sa descendance est en vie, alors lui aussi est en vie.
(« Avnei Ezel »)
GARDE TA LANGUE
Provoquer des pertes
A cause de la « poussière de lachon hara », il est interdit de louer quelqu’un pour les services qu’il vous a rendus, comme de donner de la nourriture ou de la boisson ou un prêt, car cela pourrait pousser des gens mauvais à venir le trouver pour lui causer des pertes. De même, si la conduite de quelqu’un pousse les autres à le soupçonner de dire du lachon hara, c’est de la « poussière de lachon hara ».
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
« Moïse et Aharon furent rappelés auprès de Paro et il leur dit : allez servir votre D., qui sont ceux qui iront ? Moché dit : nous irons avec nos jeunes et nos vieillards, nous irons avec nos fils et nos filles, nous irons avec notre petit et notre gros bétail. » (Chemot 10, 8-9)
Mon ancêtre le gaon Rabbi Yochiyahou Pinto, que son mérite nous protège, a expliqué cette discussion entre Paro et Moché dans le verset « qui sont ceux qui iront » de la façon suivante : Paro a dit à Moché qu’il acceptait qu’ils partent, mais en ne prenant que « ceux qui iront », c’est-à-dire ceux qui seraient volontaires. Mais qu’ils ne prennent pas les jeunes gens ni les enfants ni les vieillards, qui ne veulent pas marcher dans le désert et pour qui cela est difficile, les enfants parce qu’ils ne comprennent pas ce que c’est qu’un sacrifice, et les vieillards à cause de la fatigue de la route.
Moché a répondu que même les vieillards et les enfants participeraient, « car nous avons une fête » ; en effet, de même que pendant une fête nous avons la mitsva de « tu te réjouiras pendant ta fête avec ton fils et ta fille » (Devarim 16, 14), et que bien qu’eux-mêmes n’en aient pas l’obligation, nous les joignons à nous pour la joie de notre fête, et dans le désert aussi il faut que tout le monde collabore, même les vieillards et les jeunes gens. Voilà ce qu’il écrit.
Je voudrais commenter ses propos. En vérité, la raison pour laquelle il fallait que les jeunes aillent aussi dans le désert était que certainement, s’ils restaient dans l’Egypte matérialiste et impure, désignée comme (Béréchit 42, 9) « la nudité du pays » (la nudité désignant l’impureté), ils ne voudraient pas partir pour le désert. Surtout que depuis la plaie du sang, les bnei Israël avaient de l’argent, car les Egyptiens avaient été obligés de leur acheter de l’eau pour qu’elle ne se transforme pas en sang, et ils s’étaient beaucoup enrichis (Chemot Rabba 9, 10). Il est certain que tout l’argent et la matérialité avaient une influence sur les enfants et les poussaient à ne pas vouloir partir dans le désert. Mais Moché a dit qu’au contraire, quand nous les ferons sortir d’Egypte dans le désert, qui est un endroit spirituel sans aucune matérialité, ils aimeront la Torah et viendront l’étudier d’eux-mêmes, pour en goûter la beauté. Quand on goûte à la Torah, on ne peut plus s’en passer, et « c’est pour nous une fête à Hachem » se réaliserait en eux, la Torah serait considérée comme une fête.
C’est l’éducation que Moché voulait leur transmettre pour faire grandir les enfants dans la Torah, car « on peut faire bénéficier quelqu’un sans sa présence » (Guittin 11b), et pousser les enfants à grandir dans la bonne voie.
Paro a répondu à Moché et Aharon : « Ainsi soit Hachem avec vous, comme je vous enverrai avec vos enfants ! Voyez que le mal est face à vous » (Ibid. 10). Comment a-t-il répondu à Moché sur son explication selon laquelle il voulait emmener les enfants dans le désert même malgré eux, afin qu’ils goûtent à la Torah, après quoi ils l’aimeraient de leur plein gré ?
Il semble que Paro ait dit à Moché que les enfants ne voudraient peut-être pas de la Torah et qu’elle ne les réjouirait pas, par conséquent c’était dommage de les faire sortir. C’est cela « voyez que le mal est face à vous », c’est-à-dire que pour les enfants, la Torah sera peut-être considérée comme un « mal ». Moché n’a pas accepté cela, car il lui avait déjà expliqué que la Torah paraît mauvaise au début, mais que lorsqu’on y goûte, on ne veut plus se séparer d’elle.
A LA SOURCE
« Pour que tu racontes à ton fils et au fils de ton fils ce que J’ai fait aux Egyptiens » (10, 2).
Pourquoi est-ce que c’est seulement à la plaie des sauterelles qu’il est dit « pour que tu racontes à ton fils », et non aux autres plaies ?
Le gaon Rabbi Yé’hezkel Abramski zatsal explique que c’est parce qu’il est dit dans la plaie des sauterelles « et ensuite pareille quantité ne devait plus se voir ». Comment les générations ultérieures connaîtraient-elles la nature de cette plaie ?
Ce n’est que par la transmission de bouche à oreille, « pour que tu racontes à ton fils et au fils de ton fils ce que J’ai fait aux Egyptiens ».
« Il y eut un grand cri en Egypte » (12, 30).
Qu’est-ce que c’est qu’un « grand cri » ? Est-ce qu’il y a des grands et des petits cris ?
Voici ce qu’a expliqué le gaon Rabbeinou Ovadia Yossef zatsal :
Le verset vient nous apprendre qu’il y avait beaucoup de cris en Egypte, et nous apprenons cela du verset « tout premier-né mourut ». Comme l’ont expliqué les Sages, même un aîné de père mourait.
Comme les Egyptiennes trompaient leur mari et avaient des enfants d’hommes célibataires, ces enfants étaient des aînés de père. Donc il y avait beaucoup d’aînés dans chaque maison et ils sont tous morts.
Et comme dans la plaie des premiers-nés les maris ont compris que ces enfants qui mouraient n’étaient pas les leurs, mais ceux d’un autre, des disputes éclataient à cause de la conduite des femmes égyptiennes.
C’est cela « Il y eut un grand cri en Egypte » : il y avait une multitude de cris. Non seulement un cri à cause de la mort des fils, mais aussi des cris sur les femmes qui étaient infidèles à leur mari.
« Il appela Moché et Aharon pendant la nuit et leur dit : levez-vous, quittez mon peuple » (12, 31).
Dans le traité Berakhot (9a), les Sages disent que bien que la délivrance ait déjà commencé à minuit, les bnei Israël se sont malgré tout attardés jusqu’au matin pour sortir.
Voyons combien de temps ils avaient attendu cette délivrance. Et lorsque enfin Paro les appelle en disant « levez-vous, quittez mon peuple », tout à coup ils ne sont plus pressés de sortir. Pourquoi ? Parce que le Saint, béni soit-Il leur a ordonné « que personne ne sorte de chez lui jusqu’au matin ».
Nous apprenons de là, explique le gaon Rabbi Ya'akov Kaminetski zatsal, que même lorsqu’on sait clairement que le moment du salut est arrivé, on ne doit pas transgresser fût-ce une seule interdiction. On ne doit pas désobéir à Hachem, mais attendre et accompli toutes les mitsvot de la meilleure façon.
LA VIE DANS LA PARACHA
A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar
« Vous le tiendrez en garde » (12, 6).
C’est une allusion à l’idée qu’on trouve chez les Sages (Vayikra Rabba 23, 2) à propos de l’expression « un peuple à l’intérieur d’un peuple », selon laquelle les bnei Israël en Egypte étaient un peu entremêlés aux lois de l’idolâtrie parce qu’ils vivaient parmi les Egyptiens. Ils ont également dit (Chemot Rabba 16, 2) que le mot « michkhou » (prenez à part) impliquait de se séparer de l’idolâtrie.
Ils ne veulent pas dire par là qu’ils étaient idolâtres, mais que du fait qu’ils se trouvaient parmi eux, ils observaient les lois de l’idolâtrie sans s’en douter dans des détails concernant les vêtements, les aliments et autres habitudes, si bien qu’outre le fait qu’Il leur ordonnait de se séparer de ce genre de détails, D. voulait aussi enlever le mal de parmi eux.
Pour opérer cela, Il leur a dit de prendre un agneau, qui était une idole pour l’Egypte, donc constituait un obstacle pour les bnei Israël, et de l’utiliser pour faire une mitsva, ce qui serait une réparation de la faute de l’idolâtrie.
C’est cela « vous le tiendrez en garde », cela représente la mise en garde contre l’idolâtrie.
LES CHEMINS DE LA FOI
Etudes sur la droiture dans les midot
Beaucoup s’étonnent de ce que « Rabbi Ya'akov », qui était ‘hazan à la synagogue de Yanova, près de Pinsk, ait mérité un enfant très doué, qui s’est fait connaître plus tard comme Rabbi Aharon le grand de Karlin. Mais ceux qui sont au courant ont révélé le secret qui a fait mériter au ‘hazan un fils aussi tsaddik.
C’était le soir de Kol Nidré. Rabbi Ya'akov menait la prière à la synagogue et s’attardait longuement dans la prière de Chemonè Esré à voix basse. Alors que tout le public avait déjà terminé, Rabbi Ya'akov continuait encore à s’épancher devant Hachem. Cela irrita fortement le responsable communautaire, un homme riche et hautain, qui s’approcha de lui et le gifla devant toute la communauté à cause de son « audace » de déranger tout le monde pendant aussi longtemps.
Rabbi Ya'akov ne bougea pas, mais termina tranquillement sa prière, fit trois pas en arrière calmement, puis reprit d’une belle voix « ya’alé ta’hanouneinou meerev », comme s’il ne s’était rien passé du tout.
Après Yom Kippour, l’un des riches de la communauté était venu proposer une affaire à Rabbi Ya'akov :
Il était prêt à lui donner une belle somme, à condition qu’il lui vende sa part du monde à venir qui lui était réservée à cause de la maîtrise de soi qu’il avait manifestée en se taisant à la suite de la gifle qu’il avait reçue et de l’affront public de la nuit de « kol nidrei ».
Rabbi Ya'akov n’avait pas l’air enthousiasmé de cette proposition, il était rempli de tristesse de devoir décevoir ce « commerçant ». A mon grand regret, lui répondit-il, je n’ai absolument rien à vous vendre, car avant d’avoir fait les trois pas en arrière à la fin de ma prière, j’avais déjà totalement pardonné au responsable communautaire. Le ‘hazan ajouta : sachez que si je lui avais gardé rancune dans mon cœur, je n’aurais pas continué comme chalia’h tsibour la nuit de Yom Kippour. Je ne lui en voulais pas le moins du monde, car c’est lui qui avait raison : effectivement ce n’était pas bien que le président de la communauté doive attendre le chamach.
Des tsaddikim ont dit que l’innocence et la pureté de Rabbi Ya'akov avaient fait grand bruit au Ciel, et qu’on avait fini par lui faire mériter un fils qui rapprocherait le cœur des juifs de leur Père du ciel, et qui a été Rabbi Aharon le grand de Karlin, qui faisait partie des plus grands disciples du Maguid de Mezritch.
Vous demanderez d’où on puise une pareille force, pour subir un affront public et immédiatement passer à l’ordre du jour sans garder aucune rancune dans le cœur. C’est uniquement l’étude et la réflexion sur des livres de moussar qui rendent le cœur droit et guident l’âme juive vers une renonciation totale à l’amour-propre et choses de ce genre.
Le Maguid Rabbi Réouven Carlstein zatsal citait dans ses sermons un épisode intéressant à ce propos. Il disait :
J’ai eu l’occasion de passer auprès d’un Talmud Torah. Les enfants, vous savez, sont tout le temps en train de se disputer, ensuite ils redeviennent amis, et ainsi de suite. C’est ainsi chez les enfants…
Et voilà que j’aperçois trois enfants qui se disputent comme ça à tue-tête. Je suis resté sur place et ensuite je leur ai dit : « Chers enfants ! Je voudrais vous demander quelque chose. Pourquoi, quand il y a une dispute et un conflit, est-il tellement difficile de céder ? Je voudrais entendre de vous la raison pour laquelle c’est difficile ! Pourquoi en vérité est-ce qu’on ne veut pas céder ? »
Ils avaient honte de parler et se taisaient. Je leur ai dit : « Vous n’êtes pas obligés de me répondre, c’est moi qui vais répondre, et vous me direz simplement si j’ai raison ou pas. »
Les enfants se sont bien tenus pour écouter :
« Chacun de son côté était déjà prêt à céder. Seulement, ce n’est pas joli, qu’est-ce qu’on va dire, lui est le héros et moi la mauviette… ça, c’est vraiment honteux, pas vrai ? » Et ils ont répondu : « C’est vrai, c’est ça la réponse. Parce que la dispute ne porte pas nécessairement sur des choses qui justifient qu’on continue à se battre pour elles, mais c’est une honte de céder comme ça pour rien. »
J’ai continué : « Je vais vous demander qui était le plus grand sage du monde ? »
Tous le monde a répondu : « Le roi Chelomo. »
« Alors sachez que le roi Chelomo a dit dans Michlei exactement le contraire : « C’est un honneur pour l’homme de cesser de se disputer. » C’est cela l’honneur !
Ce verset les a tellement accrochés que les plus âgés d’entre eux voulaient absolument savoir « où c’est écrit ? » On a tort de croire que c’est une honte de céder, mais au contraire, c’est le véritable héros et l’homme d’honneur pour qui « c’est un honneur (…) de cesser de se disputer. »
Ma sœur, raconte le Rav Carlstein, la Rabbanit Leibowitz, prenait conseil du grand gaon Rabbi Beinish Finkel zatsal. Un jour, alors qu’elle lui demandait conseil à propos d’un chidoukh pour une jeune fille dont elle énumérait les qualités pour lesquelles elle était connue, il lui a demandé : « Et renoncer, est-ce qu’elle en est capable ? » Vous entendez ! Des paroles en or.
HOMMES DE FOI
Histoires des justes de la famille Pinto
Rabbi ‘Haïm Pinto avait l’habitude de jeûner d’un vendredi à l’autre. Il commençait son jeûne à la sortie du Chabbat, et le prolongeait jusqu’au vendredi suivant, sans manger ni boire.
Tous les vendredis, sa femme la rabbanit lui préparait pour le repas du soir du Chabbat une soupe chaude avec des boulettes de viande, pour le restaurer et renforcer la faiblesse de son corps pour servir Hachem.
A ce propos, il faut souligner l’extraordinaire fait suivant, qui a été raconté par le Rav Moché Benisti, directeur de l’école de Nice, à notre maître chelita, au nom de sa mère Madame ‘Hanina : un jour, la rabbanit était partie chez le boucher pour acheter de la viande, comme à son habitude, pour lui préparer le repas du vendredi soir. Ce jour-là, le boucher, contrairement à son habitude, lui avait donné de la viande simplement « cashère » au lieu de « ‘halak », comme elle avait soin de l’acheter toutes les semaines.
La rabbanit, sans s’en douter, avait ramené la viande à la maison et préparé pour le Rav une soupe avec de la viande comme d’habitude en l’honneur du Chabbat, pour alimenter le tsaddik qui avait jeûné toute la semaine. Or quand elle présenta l’assiette de soupe à table, Rabbi ‘Haïm voulut se mettre à manger, et alors, tout à coup, il appela la rabbanit et lui dit :
« Enlève cette soupe ! Elle est interdite à la consommation, parce qu’il y a des vers dedans. »
La rabbanit regarda la soupe, qui était parfaitement propre, regarda bien l’assiette, et ne vit pas de vers. Elle pensa dans son innocence que le Rav ne voulait pas manger la soupe et qu’il s’était servi d’un prétexte.
Elle partit à la cuisine et présenta à son mari le deuxième plat, des boulettes de viande. Et voici que le Rav attira de nouveau son attention sur des vers qui grouillaient dans l’assiette : « Est-ce que tu veux me faire manger quelque chose d’interdit ? Il est écrit dans la Torah que celui qui mange des vers transgresse cinq interdictions, et tu m’amènes à table des boulettes de viande dont sortent des vers vivants ! »
Rabbi ‘Haïm prit toute la marmite de soupe et de viande et jeta tout à la poubelle, et pour ce repas-là, après une semaine de jeûne, il ne mangea que du pain, sans goûter à la viande.
A la fin du Chabbat, la rabbanit se dépêcha d’aller chez le boucher pour lui demander ce que c’était que cette viande qu’elle avait achetée chez lui, d’où elle venait et qui était le cho’het.
Le boucher lui répondit que le cho’het était un homme pieux, seulement la viande qu’elle avait achetée cette semaine n’était pas « ‘halak », comme elle en avait l’habitude, mais simplement « cashère », parce qu’on avait trouvé des adhérences dans les poumons.
Immédiatement la rabbanit comprit comment Hachem avait empêché son mari le saint de manger de la viande à propos de laquelle il y avait eu un doute de cacherout. De là une halakha pratique : les sefaradim doivent ne manger que de la viande « ‘halak », selon l’opinion du Beit Yossef. On apprend également de là que quelqu’un qui se garde des aliments interdits, Hachem le protège de tout risque d’en consommer, ainsi qu’il est dit « Il protège les pieds de Ses fidèles. »