Parachat Bechalah 23 Janvier 2016 13 Chevat 5776 |
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L'assiduité annule les méfaits de l'habitude
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
« Là, le peuple eut soif d’eau et le peuple se plaignit à Moché en disant : pourquoi nous avez-vous fait monter d’Egypte pour nous faire mourir de soif avec nos enfants et nos troupeaux ? » (Chemot 17, 3)
Les bnei Israël arrivent dans le désert, et tout à coup ils ressentent une grande soif, au point qu’ils ne pouvaient plus le supporter et sont venus se plaindre à Moché en élevant la voix et en demandant pourquoi Hachem les avait fait sortir d’Egypte. Est-ce que c’était pour les faire mourir dans le désert ? Il aurait pu les tuer déjà en Egypte, et pour les faire mourir de soif, il n’y avait pas besoin de les faire sortir dans le désert ! Moché a senti que le peuple était extrêmement amer et que très bientôt il allait se révolter contre lui et le lapider, c’est pourquoi il s’est adressé à Hachem en Lui demandant de porter secours aux bnei Israël et de leur donner de l’eau avant qu’ils lui fassent un mauvais sort.
Or c’est extrêmement difficile à comprendre : comment les bnei Israël avaient-il pu s’abaisser au point de se plaindre sur ce ton de Hachem et de Son serviteur Moché, alors qu’on sait que lorsqu’ils étaient d’Egypte, ils avaient une très grande confiance que D. les nourrirait dans le désert, c’est pourquoi « ils n’ont pas fait de provisions », et ils L’ont suivi dans le désert, dans une terre inculte. Alors comment est-il possible d’expliquer qu’à partir d’un niveau tellement élevé de foi et de confiance en Hachem pour leur fournir tout ce dont ils auraient besoin dans le désert, ils en soient arrivés au mépris de tout respect envers Lui, au point de fauter par la parole en portant atteinte à l’honneur de la Chekhina, par les mots « Hachem est-Il parmi nous » ?
Certes, le Saint, béni soit-Il a éprouvé le peuple d’Israël par l’eau pour s’assurer de l’état de sa confiance en Lui, mais Sa volonté était qu’il continue à s’émerveiller des grands miracles qui lui étaient faits quotidiennement et à chaque instant dans le désert. Rachi apporte que « cela ressemble à un homme qui avait pris son fils sur ses épaules et était parti en chemin ; ce fils voyait quelque chose et disait : Papa, prends-moi ceci et donne-le moi, et ainsi une deuxième puis une troisième fois. Il a rencontré quelqu’un à qui le fils a demandé : vous n’avez pas vu mon père ? Le père lui a dit : Tu ne sais pas où je suis ? Il l’a posé à terre et le chien est venu et l’a mordu. » Mais le Saint, béni soit-Il a fait de grands et immenses miracles pour les bnei Israël et leur a donné tout ce qu’il leur fallait dans le désert. Dès qu’ils ont senti pendant un instant qu’il y avait un manque quelconque, ils se sont tout de suite mis à se plaindre et ont crié vers Moché. Quand D. a vu qu’ils ne reconnaissaient pas Sa royauté malgré tout ce qu’Il avait fait pour eux, Il a fait venir Amalek pour lutter contre eux, et ainsi le peuple a été poussé à se souvenir de Son père miséricordieux.
On peut expliquer que les bnei Israël en sont arrivés à la situation d’ouvrir la bouche contre Hachem parce qu’ils avaient développé une habitude : celle que Hachem les dirige par des miracles, et que tous leurs besoins soient assumés par Lui dans le désert, si bien que c’était devenu pour eux naturel, ils ne pensaient déjà plus à s’émerveiller et à remercier pour tous les bienfaits et les bénédictions qui s’épanchaient sur eux. Cette habitude était si fortement ancrée en eux qu’ils ne ressentaient plus aucune honte de se montrer insolents envers Moché et d’exiger de lui de l’eau pour apaiser leur soif, parce que cela leur paraissait quelque chose de naturel que Hachem leur fournisse tout ce qu’ils voulaient, qu’ils en soient dignes ou non.
Dans le même ordre d’idées, il y a des gens qui se réveillent le matin sans ressentir aucun besoin de remercier D. de leur avoir rendu leur âme dans Sa grande miséricorde, car en ce qui les concerne c’est quelque chose de naturel d’ouvrir les yeux tous les matins, de se lever et de partir au travail. Malheureusement, c’est seulement lorsqu’il y a un changement dans la routine et que tout à coup on ne se sent pas aussi bien que de coutume qu’on est amené à réfléchir à tout le bien qu’Il nous a accordé jusqu’à présent, et on a déjà l’impression qu’on mérite tout cela.
Il est arrivé qu’un couple vienne me trouver. La femme était entrée dans un état de profonde dépression à cause de la mort subite de son père qui n’avait que cinquante-deux ans. Ce père était riche et fort, il n’avait aucun problème, mais tout à coup il avait quitté ce monde en parlant avec sa fille mariée. Cette fille-là n’arrivait pas à digérer cette mort subite, parce qu’il était clair que de même que son père avait vécu jusqu’alors sans aucun problème particulier, il aurait dû continuer à vivre ainsi. Mais en réalité, chaque jour de la vie est un merveilleux cadeau de D., un cadeau dont il convient de remercier explicitement et auquel il ne faut pas s’habituer ni considérer que c’est ainsi et qu’on le mérite.
Ici, une question se pose : quelle est l’arme la plus efficace contre la force de l’habitude, comment peut-on se former à ne pas s’enfoncer dans l’habitude et à ressentir constamment que tout provient de Lui ? On peut dire que ce travail contre la force de l’habitude tire sa puissance des moment où l’on étudie la Torah. Alors, l’influence de la routine s’efface et on en arrive à la prise de conscience que tout provient de Hachem. A l’inverse, on tombe dans l’habitude et la routine lorsqu’on n’est pas plongé dans l’étude de la Torah, et lorsque cette habitude devient quelque chose de fixé dans le cœur, le danger est extrêmement grand.
Un jour quelqu’un est venu me trouver en me disant qu’il n’était pas intéressé à étudier la Guemara mais plutôt le ‘Houmach, parce que l’étude de la Guemara exige un grand effort qui était au-dessus de ses forces. Je lui ai répondu que c’était un conseil du mauvais penchant qui le poussait à penser cela, et qu’il devait savoir que tous les livres de kodech qui ornent la bibliothèque du peuple juif ne se sont pas écrits tout seuls, mais ont exigé beaucoup de travail. De même, il y a des domaines de la vie qui exigent un labeur énorme : ainsi, on n’a pas encore trouvé qu’un bébé naisse sans que sa mère ait fait des efforts considérables pour le porter pendant neuf mois, et un bon repas nourrissant ne se fait pas tout seul, la maîtresse de maison doit se donner du mal pour le préparer.
Le mauvais penchant de l’homme le pousse à se relâcher et à négliger le travail de l’étude de la Torah, mais d’un autre côté il l’incite à continuer à travailler et à courir après les vanités du monde. Je connais des gens qui prétendent tout le temps qu’ils n’ont ni le temps ni la possibilité de se mettre à étudier la Torah, mais en revanche ils n’ont aucun moment de repos de leurs affaires, et toutes les heures du jour et de la nuit sont consacrées à amasser de l’argent.
Si on ne cherche pas toute sa vie à travailler et à s’améliorer dans l’étude de la Torah, l’habitude prendra rapidement le pas, et le jour sera proche où l’on perdra tout goût à l’étude. C’est seulement lorsqu’on cherche à entendre des idées nouvelles et à tenter d’aller au fond d’une souguia sans paresse et sans relâchement que le goût suave de la Torah vous accompagnera pendant toute la vie.
SUR LA PENTE ASCENDANTE
Il donnera seulement le dédommagement de son temps
Un jour, une femme est venue me trouver pour me demander de lui donner une bénédiction par le mérite de mes saints ancêtres.
Je ne sais pas pourquoi, mais tout à coup il m’est venu à l’idée de lui demander justement comment allait sa mère.
La femme a été stupéfaite de ma question, et elle a dit : « Pourquoi le Rav me demande-t-il des nouvelles de ma mère ? »
« Je ne sais pas », lui ai-je répondu, et j’ai ajouté : « Ce que D. mettra dans ma bouche, c’est ce que je dirai » (Bemidbar 22, 38).
La vérité est que moi aussi j’étais surpris de moi-même. Pourquoi m’était-il venu à l’idée de lui demander justement comment allait sa mère, que je ne connaissais pas du tout ? Je n’ai trouvé aucune réponse à cela.
La femme a compris qu’apparemment, ma question avait une raison, c’est pourquoi elle a immédiatement appelé sa mère. Quand celle-ci s’est trouvée devant moi, elle m’a raconté qu’il y a quelques années, elle avait senti que la rigueur sévissait contre elle et contre sa famille, dont beaucoup de membres avaient disparu de façons diverses, que ce soit dans un accident de la route ou de diverses maladies graves, et elle était restée seule pour pleurer ceux qui n’étaient plus en vie.
Avec des larmes qui roulaient sur les joues, elle m’a demandé de la bénir pour qu’elle ne meure pas également d’une mort prématurée, et qu’elle mérite une bonne et longue vie.
En entendant cette requête, je lui ai dit : « Je vous donne la bénédiction que vous aurez une bonne et longue vie, mais vous devez prendre sur vous d’observer le Chabbat. »
Le mérite du Chabbat est grand pour protéger l’homme des catastrophes et le sauver de toute maladie. Il y a à cela une allusion dans le verset « Il donnera seulement « chivto » [littéralement : le dédommagement de son temps »], et il guérira certainement » (Chemot 21, 19).
Ce verset figure dans la parachat Michpatim à propos des lois sur les dommages, mais si nous l’expliquons sur le mode de l’allusion, on peut le lire « il donnera seulement son Chabbat et il guérira certainement », c’est-à-dire que si un juif offre son Chabbat au Saint, béni soit-Il en l’observant selon les paroles de la Torah dans tous les détails de la halakha, il lui est promis qu’il méritera la guérison et une bonne vie.
Eveille-toi, car ta lumière vient
La merveilleuse histoire suivante s’est produite alors que j’étais au Mexique. A cause de difficultés de langue, M. Elie Kadi me traduisait ce que disaient les gens d’espagnol en hébreu, afin que je puisse les aider dans leurs divers problèmes.
Au moment où je recevais le public, une femme aveugle est arrivée, accompagnée par sa mère, et elle m’a demandé de la bénir par le mérite de mes saints ancêtres pour que Hachem la guérisse de sa cécité, lui ouvre les yeux, et qu’elle recommence à voir.
En la voyant, j’ai dit à cette femme qu’elle devait se mettre à observer le Chabbat, parce que sa cécité venait de ce qu’elle ne l’observait pas.
La mère de la malade, qui avait également entendu ce que je disais, a essayé de protester, en disant qu’il n’était rien arrivé à sa fille à cause de la profanation du Chabbat. Mais j’ai tenu bon et je lui ai de nouveau affirmé que la cécité de sa fille résultait de la profanation du Chabbat. J’ai encore ajouté que cette infirmité avait aussi commencé un Chabbat.
Surprise, la mère a immédiatement pris un calendrier pour vérifier les dates, et s’est aperçue que le jour où sa fille avait perdu la vue était bel et bien un Chabbat. Au cours de ce Chabbat-là, elle avait transgressé des interdictions de la Torah et avait profané le Chabbat.
Cela étant, la mère et la fille ont avoué la faute de la profanation du Chabbat, et ont demandé comment la réparer. Je leur ai prescrit ce qu’elles devaient faire pour se repentir, et ensuite, quand elles ont fait tout cela et pris sur elles d’observer le Chabbat dans ses moindres détails, la fille a recouvré la vue et elle est redevenue totalement normale.
LA HAPHTARA DE LA SEMAINE
« Devora chanta » (Juges, 5)
Le rapport avec la paracha :
La haphtara relate la défaite de Sisra et le cantique de Devora. Parallèlement, notre paracha relate la défaite de Paro et de son armée, et le cantique de Moché et des bnei Israël sur la mer.
« Elle gouvernait Israël à cette époque » (Choftim 4, 4).
Il y a deux réponses à la question de savoir comment Devora, en tant que femme, pouvait être Juge.
D’abord, elle était prophétesse et avait mérité que la Chekhina repose sur elle, c’était donc quelqu’un d’exceptionnel. Ensuite, à cette époque les bnei Israël étaient à un niveau spirituel très bas, et il n’y avait personne d’autre qui soit digne de gouverner. On s’est donc mis d’accord pour estimer qu’il valait mieux qu’une femme soit Juge plutôt que de ne pas avoir de Juge du tout.
Ces deux raisons, explique Rabbi Naphtali Maskil Le-Eitan zatsal, se trouvent en allusion dans ce verset :
« Elle » – elle-même était exceptionnelle par son importance, et « à cette époque » – cette époque était également exceptionnelle, car il n’y avait personne qui soit digne de gouverner. A cause de ces deux raisons-là, Devora a pu « gouverner Israël ».
(« Ma’ayana chel Torah »)
« Ceux qui L’aiment rayonneront comme le soleil dans sa gloire » (Juges 5, 31)
« Les Sages ont enseigné : « Ceux qui sont humiliés et n’humilient pas en retour, ceux qui sont couverts de honte et ne ripostent pas, à leur sujet le texte proclame « Ceux qui L’aiment rayonneront comme le soleil dans sa gloire. » (Chabbat 88b)
Pourquoi le verset appelle-t-il ceux qui sont humiliés « ceux qui L’aiment » et les compare-t-il au soleil ? Parce que le soleil a été humilié lorsque la lune l’a accusé en disant qu’il était impossible que deux rois utilisent la même couronne.
Et de même que leur humiliation est comparée à celle du soleil, leur récompense est comparée à la lumière du soleil, lorsqu’il est dans sa gloire.
(« Rabbeinou Be’hayé »)
GARDE TA LANGUE
Réprimander afin de réparer
Il est interdit d’habiter dans un quartier de gens habitués à dire du lachon hara, et à plus forte raison de s’installer en leur compagnie. Si l’on se trouve pris en telle compagnie, on doit réprimander, même si cela ne doit servir à rien, pourvu que cela ne provoque pas un surcroît de dommages.
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
Le rapport entre les unions, la subsistance et l’ouverture de la mer
« Moché étendit la main sur la mer, Hachem fit reculer la mer par un vent d’est impétueux toute la nuit, Il mit la mer à sec et les eaux furent divisées » (Chemot 14, 21)
Les Sages disent (Sota 2a) que trouver son conjoint est aussi difficile que de diviser la mer, et aussi que trouver sa subsistance est aussi difficile que de diviser la mer (Pessa’him 118a). Il faut expliquer quelle est la difficulté commune entre la subsistance et la découverte de son conjoint, pour que les deux soient comparés à la division de la mer.
On peut dire que lorsque les bnei Israël se trouvaient près de la mer, poursuivis par l’armée égyptienne, ils n’ont pas imaginé une seconde que le Saint, béni soit-Il allait fendre la mer pour eux et que c’est de là que proviendrait leur salut. C’est pourquoi ils se sont mis à implorer leur Père du Ciel de les sauver. Certes, ils croyaient de tout cœur que le Créateur les sauverait immédiatement des Egyptiens, car pourquoi les aurait-Il fait sortir d’Egypte par des miracles et des merveilles ? Mais à côté de cette foi, le peuple d’Israël n’avait aucune notion de la façon dont viendrait ce salut.
C’est pourquoi il est dit (Téhilim 121, 1-2) : « Je lèverai les yeux vers les montagnes, d’où viendra mon aide ? Mon aide vient de Hachem, Qui fait le ciel et la terre. » Il ressort de ce verset que lorsque quelqu’un qui croit en D. se trouve dans une situation pénible, il lève les yeux en priant Hachem de le sauver, parce qu’il porte en lui la confiance élémentaire que toute l’aide provient de Celui qui fait le ciel et la terre, mais malgré tout, il ne sait pas de quelle façon ni dans quelle direction ce secours va se manifester. Il reste néanmoins tout à fait certain que le Saint, béni soit-Il trouvera le moyen adéquat de le lui envoyer.
Les bnei Israël se trouvaient dans cette situation lorsqu’ils se sont tenus près de la mer. Ils reconnaissaient l’immense puissance de D. et sa capacité de les sauver de façon surnaturelle. Mais ils ne savaient pas encore d’où leur viendrait le salut. J’ai pensé que trouver un conjoint et trouver sa subsistance est comparable à la division de la mer, parce que dans ces deux domaines on croit savoir d’où viendra le salut : il est possible d’investir toute son énergie et toutes ses forces pour développer une affaire ou faire un investissement, parce qu’on croit que c’est de là que viendra la subsistance, mais en réalité Celui qui gère la causalité et Qui est la cause ultime de tout fera venir cette subsistance d’un endroit totalement différent auquel il n’avait pas du tout pensé auparavant, de la même façon que le peuple d’Israël ne croyait pas que le salut lui viendrait du côté de la mer.
Il en va de même en ce qui concerne la découverte de son conjoint. Parfois, on a l’impression qu’on dirige soi-même les événements et qu’il est en son pouvoir de décider qui sera le conjoint qui convient parfaitement, mais en réalité le Saint, béni soit-Il, Qui sonde les reins et les cœurs, connaît chacun fondamentalement dans ses caractéristiques les plus cachées, c’est pourquoi Il propose à l’homme la conjointe qui lui convient le mieux, avec l’aide et la participation de laquelle il pourra construire un foyer béni et travailler sur lui-même.
Même si à première vue on a l’impression que cette femme ne convient pas à son propre caractère et qu’on aura du mal à vivre avec elle, on doit faire totalement confiance, de la même façon que les bnei Israël ne croyaient pas que le salut leur viendrait de la direction de la mer, mais c’est pourtant par là qu’ils ont été sauvés. Ainsi, Hachem provoque que ce soit cette femme-là qui soit votre compagne de vie, parce qu’elle seule convient véritablement, bien que cela ne soit pas évident à première vue.
On ne trouve ce qu’on désire que lorsqu’on croit que D. viendra à votre aide, mais si l’on s’entête à dire qu’on ne peut être aidé que de telle ou telle façon, c’est un signe qu’on se fait confiance à soi-même et non au Créateur, et alors on n’obtiendra rien du tout.
A LA SOURCE
« Je vais faire pleuvoir pour vous du pain du Ciel, le peuple ira en ramasser chaque jour sa provision pour que Je l’éprouve : marchera-t-il dans Mes lois ou non. » (16, 4)
Le Malbim trouve dans ce passage sept principes que Hachem a enseignés au peuple :
1) La clef de la subsistance est uniquement aux mains de D., ainsi qu’il est dit : « Je vais faire pleuvoir. »
2) Le pain vient du ciel, pas de la terre. L’essentiel de la nourriture parfaite est la nourriture spirituelle, qui est celle de l’âme. C’est l’essentiel de l’homme, au point qu’il ne vit pas par la nourriture matérielle mais uniquement par ce qui sort de la bouche de Hachem.
3) L’homme ne doit pas se fatiguer à amasser une fortune en se mettant en danger par la traversée des mers, des déserts et des îles lointaines, car Celui qui donne la vie donne la subsistance. Il est vrai qu’on doit faire un petit quelque chose, ainsi qu’il est dit : « le peuple ira en ramasser », mais la subsistance lui est assurée tout près et il la trouvera tout de suite en sortant de chez lui.
4) Quiconque a de quoi manger aujourd’hui et dit : « Que mangerons-nous demain ? » n’a pas beaucoup de foi. Il est dit à ce propos « en ramasser chaque jour sa provision, pour que Je l’éprouve : marchera-t-il dans Mes voies ou non », car alors Hachem lui donnera sa subsistance chaque jour, de la même façon qu’Il a préparé la subsistance des léviïm et de quiconque s’écarte des préoccupations de ce monde pour étudier la Torah, auquel cas il obtiendra sa subsistance facilement par la Providence de Hachem.
5) Dans la sainteté il faut une préparation, ainsi qu’il est écrit « ils prépareront ».
6) Toute la subsistance est fixée, sauf les dépenses pour le Chabbat, qu’on obtiendra en fonction de sa préparation et de son désir de se réjouir de Hachem.
7) Par le respect du Chabbat, on gagnera sa vie tous les jours de la semaine, ainsi qu’il est dit « ce qu’ils auront ramassé chaque jour. »
« L’omer est un dixième de l’epha. » (16, 36)
L’auteur de « Siftei Cohen » s’étonne de ce que la Torah ne déclare pas dès le début du passage sur la manne quelle est la quantité de manne, à savoir un dixième de l’epha.
Il l’explique d’après ce qu’enseigne la Guemara dans le trait Kidouchin (38a) : après la mort de Moché le 7 Adar, la manne a cessé. Le Saint, béni soit-Il a fait un grand miracle, et la quantité de manne que chacun avait ramassée le jour du décès de Moché lui a suffi jusqu’au 16 Nissan, moment où les bnei Israël ont mangé de la récolte du pays de Canaan.
C’est ce que dit le verset : Sachez que l’omer est le dixième de l’epha, et malgré tout vous vivrez dessus pendant si longtemps.
La vie dans la paracha
A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar
« Au souffle de ta face les eaux s’amoncellent, le liquide se dresse comme une digue, les abîmes se figent » (15, 8).
Cela correspond à trois actions que Hachem a eu sur l’eau :
Premièrement, les eaux se sont divisées et rassemblées, elles ne sont pas restées dispersées à un endroit vide, mais elles ont toutes formé un seul tas, pour laisser un chemin aux bnei Israël.
Deuxièmement, les eaux qui se rassemblaient pour aller se jeter dans la mer par les côtés se sont dressées à l’endroit où les premières eaux s’étaient entassées, c’est cela « le liquide se dresse comme une digue », celles qui arrivaient en coulant se sont dressées comme une digue.
Troisièmement, comme nous l’avons dit, toute l’eau ne s’est pas divisée, pour qu’ils n’aient pas besoin de descendre dans les profondeurs de la mer, et la partie qui ne s’était pas divisée s’est figée et est devenue comme de la terre, ce qui correspond à « l’abîme se fige ». Avant la division, l’intérieur de la mer s’était figé, et il est resté à l’intérieur et au-dessus de l’eau qui n’était ni figée ni divisée. La raison pour laquelle il est écrit « les abîmes » au pluriel (Chemot Rabba 24, 1) est que la mer s’est divisée en douze parties, et dans chacun des endroits qui s’était divisé, l’abîme s’est figé, et tous ensemble constituent « les abîmes ».
LES CHEMINS DE LA FOI
Etudes sur la droiture dans les midot
La « chirat hayam », passage central de notre paracha, termine presque le total des plaies qui se sont abattues sur le peuple égyptien, en « mesure pour mesure » de la souffrance des bnei Israël pendant leur séjour en Egypte. Une partie des plaies est venue punir les Egyptiens à cause de la cruauté de leur conduite envers les bnei Israël dans les faits, et une partie est venue comme « salaire » pour la souffrance et l’oppression que les Egyptiens leur ont infligées.
La leçon qu’on en tire concerne le rapport honnête et respectueux que nous avons l’ordre d’entretenir avec le prochain, avec politesse et courtoisie. Lorsqu’on n’est pas d’accord avec lui, il faut néanmoins le respecter et ne pas lui faire de peine, ni en actions ni en paroles, comme la Torah nous l’a enjoint : « Ne vous blessez pas l’un l’autre » (Vayikra 25, 17).
Cette interdiction comporte toute peine que l’on fait à autrui. Voici les exemples que donne la Guemara : « Si c’est un ba’al techouva, ne lui dis pas : souviens-toi de ce que tu faisais autrefois. Si c’est un enfant de convertis, ne lui dis pas : souviens-toi de ce qu’ont fait tes ancêtres, si c’est un converti qui veut étudier la Torah, ne lui dis pas : la bouche qui a mangé des aliments interdits et des insectes vient étudier la Torah, qui a été donnée de la bouche du Saint, béni soit-Il ? S’il subit des malheurs, s’il est atteint d’une maladie grave ou s’il a enterré ses enfants, ne lui dis pas, comme ses amis ont dit à Iyov : Ta piété n'est-elle pas pour te donner confiance ? L'intégrité de ta conduite n'est-elle pas ton espoir ? Souviens-toi : est-il un innocent qui ait succombé ? » » (Baba Metsia 58a)
Une vexation courante consiste à demander à quelqu’un des détails sur sa marchandise alors qu’on n’a aucune intention de l’acheter, ou bien de vouloir acheter une marchandise quand on sait pertinemment que l’interlocuteur ne la possède pas, il est alors peiné de ne pas pouvoir vendre, ou de poser une question à quelqu’un alors qu’on sait qu’il ne connaît pas la réponse.
L’interdiction de faire de la peine à quelqu’un est grave, ainsi qu’il est dit : « Tu craindras ton D. », ce qui est une chose « gardée secrète ». En effet, on peut faire le même acte, soit totalement innocemment, et alors cela ne fait pas partie de l’interdiction, soit avec l’intention de vexer l’autre, et alors c’est inclus dans l’interdiction.
Qu’est-ce que je suis, un goy ?
« Bonjour Monsieur ! » C’est ainsi que Rabbi Baroukh Ber Leibowitz zatsal s’est adressé en polonais à l’ouvrier qui sortait de chez lui. Celui-ci a ri et a répondu au Rav. Lorsque le Rav est rentré dans la maison, il a demandé à l’un des habitants de lui expliquer pourquoi cet ouvrier avait ri en entendant son salut. On lui expliqua qu’il avait ri parce que le Rav l’avait salué de la même façon qu’on salue un goy, alors qu’il était juif et qu’on pouvait le saluer comme c’était l’habitude entre juifs.
Quand Rabbi Baroukh a entendu cela, il a été ébranlé et il est sorti trouver l’ouvrier. Il l’a supplié de le pardonner de l’avoir pris pour un goy. L’ouvrier lui a répondu qu’il lui pardonnait totalement et que le Rav ne devait pas se faire du souci pour cela. Mais le Rav s’est mis à lui expliquer la différence entre un juif et un goy, et combien il est vexant de s’adresser à un juif comme si c’était un goy. Après cette longue explication détaillée, l’ouvrier a compris pourquoi le Rav craignait tellement de l’avoir froissé, et il a lui dit qu’il lui pardonnait de tout cœur. Le Rav a expliqué à sa famille qu’il craignait que si l’ouvrier ne comprenait pas en quoi il avait été offensé, son pardon ne pouvait pas être total, c’est pourquoi il avait pris la peine de lui expliquer combien c’était grave, afin que son pardon soit véritable.
Pour qu’il n’ait pas honte
La famille du tsaddik Rabbi Méïr ‘Hadach zatsal, le machguia’h de la yéchiva de ‘Hevron, a fait diverses hypothèses concernant la demande du Rav qu’on sorte de sa chambre. Environ une demi-heure auparavant, avec l’entrée du médecin dans sa chambre pour une prise de sang, le Rav hospitalisé a alors demandé à tous ceux qui étaient dans sa chambre d’attendre au dehors jusqu’à ce qu’on ait prélevé l’échantillon de sang.
Il était clair pour tout le monde que cette demande avait un rapport avec la prise de sang, car quelques heures auparavant, quand le Rav avait eu besoin qu’on la lui fasse, il n’avait nullement tenté de faire sortir ceux qui étaient présents. Une fois rentrés dans la chambre, il lui ont demandé ce que cela signifiait, mais le Rav a absolument refusé de s’expliquer.
Quelques mois plus tard, lorsque quelqu’un de la famille a de nouveau évoqué cet incident devant le Rav, il a accepté d’expliquer ce qu’avait signifié sa demande :
« Le médecin qui est venu prélever mon sang est un spécialiste qui a de grandes connaissances, mais en tout ce qui concerne une prise de sang, il n’est pas tellement doué et il ne trouve pas facilement la veine. J’avais donc peur que la présence de nombreuses personnes autour de lui à un moment où il ne réussissait pas risque de lui faire honte et de lui causer de la peine, c’est pourquoi j’ai demandé à tous ceux qui étaient présents d’attendre dehors jusqu’à ce qu’il ait terminé.
HOMMES DE FOI
Histoires des justes de la famille Pinto
Les gabaïm qui étaient au service du tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto n’étaient pas fixes dans cet emploi, parce que de nombreux juifs voulaient servir le tsaddik, c’est pourquoi les gabaïm changeaient très souvent. Les uns partaient et les autres venaient. Il y avait à cela deux raisons principales :
La première était que le tsaddik refusait d’utiliser pendant longtemps les services d’un juif sans le payer ou le dédommager d’une autre manière (même si c’était un riche qui le servait, il veillait à lui rendre un service quelconque).
La deuxième provenait de ce que le tsaddik craignait qu’après s’être habitué à la même personne pour l’aider, il en viendrait peut-être à la respecter moins par habitude, c’est pourquoi il préférait changer continuellement de gabaïm et de chamachim.
Naturellement, de nombreux juifs voulaient mériter de servir le tsaddik, d’être témoin de ses grandes actions et de profiter de son ombre et de ses immenses mérites, au point qu’ils attendaient leur tour pendant des jours et des mois.
Nous avons une tradition selon laquelle quiconque a servi le tsaddik a mérité de beaucoup s’enrichir. C’est aussi ce dont a témoigné notre maître Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita. Il a dit : « Je connais de nombreux juifs qui se sont enrichis grâce à cela, et leurs fils se sont aussi beaucoup enrichis. »
On raconte qu’une fois, quelqu’un du nom d’O’hana l’a servi pendant une longue période. Un jour, Rabbi ‘Haïm l’a appelé et lui a dit : Cela suffit ! Le moment est venu d’arrêter.
Il lui a donné une somme d’argent modeste à la fin de son travail, tout en mettant l’accent sur sa bénédiction : « Ne vous en faites pas pour votre avenir, avec cette petite somme vous allez vous enrichir. »
Notre maître chelita a témoigné :
« Comme je l’ai entendu de gens qui disent la vérité, M. O’hana est devenu très riche et il a aussi mérité la longévité. »