La Paracha de la semaine en format PDF

la Paracha en PDF

paracha de la semaine

Parachat Yitro

30 Janvier 2016

20 Chevat 5776

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 17h24 18h35 19h22
Lyon 17h23 18h32 19h15
Marseille 17h27 18h32 19h15

Acceuil ARCHIVES

Le mérite de Yitro

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

« Yitro, prêtre de Midian, beau-père de Moché, entendit tout ce que D. avait fait pour Moché et pour Israël Son peuple, car Hachem avait fait sortir Israël d’Egypte » (Chemot 18, 1).

Cette paracha , qui traite du don de la Torah, ne s’appelle pas « parachat Moché », du nom de celui qui a donné la Torah aux bnei Israël, mais « parachat Yitro » ou « parachat HaTorah », ou tout au moins « parachat bnei Israël » du nom de ceux qui ont reçu la Torah de D., mais elle porte le nom d’Yitro. Il faut examiner en quoi Yitro a mérité que cette paracha importante, qui parle du don de la Torah, porte justement son nom.

On peut répondre à cela qu’Yitro a nécessairement eu de nombreux mérites qui lui ont valu que son nom s’attache à cette paracha, qui contient le don de la Torah et tous les préparatifs qui l’ont précédé. Comme on le sait, Yitro était prêtre de Midian et idolâtre, mais lorsqu’il a entendu les grands miracles de Hachem dans le monde, il a délaissé toute la richesse et le pouvoir pour venir s’abriter sous les ailes de la Chekhina.

Tout un chacun a une certaine raison de vouloir délaisser les vanités terrestres pour s’attacher au Roi du monde. Comme le dit le verset (Yéchayah 1, 3) : « Le bœuf connaît son possesseur et l’âne la mangeoire de son maître » – même des bêtes comme le bœuf et l’âne, de niveau inférieur à l’homme, ont la faculté de distinguer et de savoir qui sont leurs maîtres, et qui leur donne leur nourriture et les fait vivre sur terre. De même, dans le cœur du juif s’éveille parfois une étincelle le rattachant au Créateur, Qui lui accorde la vie à chaque instant.

De même que les meubles témoignent du menuisier qui les a construits et que le vêtement témoigne du tailleur qui les a cousus, le monde témoigne du Créateur, et lorsque Yitro a pris conscience des immenses miracles de Hachem, il n’en est pas resté là mais a cherché un moyen de se rapprocher de Lui. Il est dit « Yitro entendit », ce qui implique qu’il a ouvert les oreilles et le cœur pour entendre la parole de D.

A cause de ce qu’il avait entendu, à la suite de quoi il était venu, il a mérité que cette paracha porte son nom, bien qu’elle traite du don de la Torah, alors qu’elle aurait dû porter le nom de Moché grâce à qui elle avait été donnée, ou des bnei Israël qui l’avaient reçue.

La grandeur d’Yitro surpassait celle du peuple d’Israël, car ce dernier était sorti d’Egypte à la hâte, on les avait fait sortir rapidement et malgré eux pendant la nuit, même la pâte du pain n’avait pas encore eu le temps de monter. Et même si les bnei Israël ne l’avaient pas souhaité, Hachem les aurait tout de même délivrés, parce que c’était un décret : ils devaient avoir été réduits en esclavage pendant quatre cents ans, puis sortir avec de grands biens. Alors qu’Yitro est venu de son plein gré, en toute liberté, et non parce qu’on l’y avait obligé, pour s’abriter sous les ailes de la Chekhina. Il a également quitté le statut social élevé de prêtre de Midian, en abandonnant derrière lui toute la richesse et les honneurs, pour suivre D. dans le désert, dans une terre inculte. Quant aux bnei Israël, lorsqu’ils sont sortis d’Egypte, ils sont passés de l’esclavage à la liberté. Ils étaient même plongés dans les quarante-neuf portes de l’impureté. Ils n’ont pas suivi D. parce qu’ils désiraient s’attacher à Lui, mais parce qu’ils n’en pouvaient plus de l’esclavage, c’est pourquoi ils ont accepté de suivre Moché dans le désert.

Par conséquent, on comprend maintenant pourquoi Yitro a mérité que cette paracha porte son nom : c’est qu’il est venu vers D. de son plein gré et a cherché à suivre Ses voies, d’autant plus qu’il était goy et n’avait aucun devoir de se convertir ni de prendre sur lui toutes les mitsvot. Malgré tout, il n’est pas resté indifférent à la nouvelle des miracles et des merveilles de Hachem au moment de la sortie d’Egypte et du séjour dans le désert, c’est pourquoi il est venu s’abriter sous les ailes de la Chekhina. C’est là toute la grandeur d’Yitro.

J’ai aussi pensé qu’il était supérieur aux bnei Israël parce que ceux-ci avaient vu de leurs yeux les miracles de Hachem dans toute leur évolution, alors qu’Yitro en avait seulement entendu parler, et n’avait vu que la division de la mer. Il a pourtant décidé de suivre Hachem. Habituellement, une rumeur n’est pas comparable avec un fait constaté de visu, et pourtant Yitro a intériorisé ce qu’il avait entendu et cela l’a mené à agir, parce qu’il s’est représenté le miracle comme s’il y avait lui-même participé. Il a utilisé la faculté de l’imagination pour les besoins du service de Hachem, et cette aptitude lui a procuré la possibilité de ressentir et de vivre les miracles de la sortie d’Egypte et ceux du désert comme s’il y avait participé en personne. C’est pourquoi même en se contentant d’avoir écouté, il a eu la force d’abandonner son statut de prêtre de Midian pour s’attacher à D. et à Sa Torah.

Quiconque passe par un processus de techouva ressemble à un bébé qui vient de naître, parce que les pensées du bébé sont pures, il est propre de toute faute. Les Sages ont dit (Chabbat 119b) : « Le monde ne subsiste que grâce au souffle des petits enfants. » Cela signifie que les petits enfants ont un niveau plus élevé que les tsaddikim, car ils méritent de maintenir le monde à l’existence.

Je me souviens que dans mon enfance, on parlait à la maison de certains tsaddikim dont le souvenir est gravé dans mon cœur pour toujours, et l’impression produite par leurs actes élevés m’a toujours accompagné. Le cœur d’un enfant est pur de toute pensée interdite, c’est pourquoi il a la possibilité d’absorber et d’entendre des choses élevées, qui l’accompagneront pendant toutes ses années sur terre.

Je me souviens que lorsque j’étais enfant, mon père avait l’habitude de proclamer en toute occasion l’expression « beezrat Hachem » (avec l’aide de D.) en hébreu. La mélodie chaleureuse de ces mots continue à jouer en moi comme un écho dans ma tête, parce que la puissance de ce qu’on entend est immense, et si on entend quelque chose à un âge très jeune, cette force est encore beaucoup plus considérable. De même, je me souviens que parfois il soupirait de douleur et disait : « il n’y a plus d’hommes de foi », mais ensuite il se ravisait, annulait ce qu’il avait dit et disait : non, non. Il y a des hommes de foi, ils continuent à vivre et à faire vivre le monde, et il se levait immédiatement en se renforçant comme un lion pour servir le Créateur, afin de prouver à tous que « ils viennent avec la force de leurs actes ».

Et du cheminement d’Yitro qui constitue une introduction au don de la Torah, nous apprenons combien est grande la force de l’écoute, qui a le pouvoir de transformer des mondes et de faire sortir l’homme de l’obscurité vers la lumière et de l’esclavage vers la délivrance.

SUR LA PENTE ASCENDANTE

Une expérience impressionnante

L’une des fois où je recevais le public dans le bâtiment de nos institutions en France, quelqu’un est venu me voir et a demandé à entrer dans mon bureau. Ce juif était marié avec une non-juive et il n’avait aucun lien avec le judaïsme. Je lui ai demandé d’attendre un peu jusqu’à ce que je puisse le recevoir.

Par cette attente, je voulais le pousser à ressentir l’atmosphère de piété et de Torah qui régnait à ce moment-là dans le beit hamidrach et à s’étonner de la voix de la Torah qui éclatait dans le hall de la yéchiva. J’espérais l’impressionner au point de provoquer un quelconque changement bénéfique.

Quand il est ensuite entré dans mon bureau, on voyait que l’étude de la Torah dans le hall de la yéchiva lui avait vraiment fait l’impression que j’avais espérée, et il m’a dit avec émotion : « Rabbi, je n’avais jamais de ma vie eu une expérience pareille. Je n’avais jamais vu des garçons si jeunes assis par paires à côté de leur ami, entièrement plongés uniquement dans la Torah, ils l’étudient avec un grand enthousiasme et ils ont le visage illuminé, mes yeux ont contemplé un spectacle impressionnant. »

Quand j’ai entendu ces paroles qui venaient du cœur, je me suis dit qu’à présent, il allait modifier quelque chose dans son comportement. Mais à mon grand regret, quand il est sorti de mon bureau, je l’ai vu enlever immédiatement la kipa et la mettre dans la poche de son pantalon, et toute cette émotion qu’il avait ressentie auparavant avait disparu comme si elle n’avait jamais existé.

Quand j’ai vu cela, cela m’a beaucoup étonné. Comment était-il possible que la grande impression dont ce juif avait témoigné n’ait opéré en lui absolument aucun changement ? Comment cela se pouvait-il que quelques minutes après avoir été si enthousiasmé par l’étude de la Torah, il revienne à la vie ordinaire comme si de rien n’était ?

Mais à la réflexion, je me suis dit que c’était parce qu’il n’y avait en lui aucune volonté de faire des efforts ni d’introduire un véritable changement dans sa vie.

Dans les moments d’émerveillement qui l’avaient traversé, il avait reconnu que la Torah est une chose belle et respectable, et il se trouvait devant un choix difficile. Son âme balançait entre la voie de la Torah qui demande des efforts et une autre voie plus facile. Malheureusement, le mauvais penchant a décidé en lui disant : « La Torah n’est pas pour toi, elle est peut-être bonne pour de jeunes garçons à la yéchiva, mais pour toi il vaut mieux rester comme tu es sans rien changer et sans faire d’efforts du tout. » C’est cela que lui a dit le mauvais penchant, et c’est pourquoi l’émotion qu’il avait ressenti devant la yéchiva ne l’avait pas poussé à faire quoi que ce soit de bon.

En revanche, il est dit sur Yitro : « Yitro prêtre de Midian a entendu tout ce qu’a fait D. pour Moché et Son peuple Israël, car Hachem a fait sortir Israël de l’Egypte » (Chemot 18, 1), et Rachi explique qu’il a entendu le miracle de la déchirure de la mer et les miracles de la guerre d’Amalek, alors il a choisi de se joindre au peuple d’Israël. C’est-à-dire que les miracles qui ont été faits aux bnei Israël en Egypte, dans le désert et sur la mer lui ont fait une grande impression, et cette impression l’a poussé à vouloir quitter l’idolâtrie et tous les honneurs et la grandeur qui étaient siens en tant que prêtre de Midian. A la place de tout cela, il a choisi de se joindre au peuple d’Israël et à son D., et il a pris sur lui le joug du Royaume des cieux.

Il faut savoir que celui qui a mérité que du Ciel on l’aide à atteindre une émotion spirituelle doit se mettre immédiatement à étudier la Torah, ou tout au moins il doit prendre sur lui de venir étudier, car tant que son cœur est chaud de l’enthousiasme qu’il a ressenti envers la Torah, il peut évoluer favorablement, comme dans le verset « goûtez et voyez que Hachem est bon, heureux est l’homme qui s’abrite de Lui » (Téhilim 34, 9).

Mais quelqu’un qui ne donne pas suite à cet amour de la Torah dans son cœur, son âme se refroidira immédiatement, et malheureusement des cas semblables se produisent tous les jours.

LA HAPHTARA DE LA SEMAINE

« L’année de la mort du roi Ouziyahou » (Yéchayah 6)

Le rapport avec la paracha :

La haphtara décrit le dévoilement de la Chekhina au Temple de Jérusalem, de même que dans la paracha est décrit le dévoilement de la Chekhina aux yeux de tout Israël au moment du don de la Torah au Sinaï.

« Ecoutez attentivement sans comprendre et voyez attentivement sans saisir » (Yéchayah 6, 9)

D’abord « écoutez », même si vous ne comprenez pas.

« Et voyez », même si vous ne saisissez pas.

En effet, si quelqu’un écoute et voit, il y a lieu d’espérer qu’il méritera petit à petit de comprendre et de savoir, au point que « son cœur comprenne et qu’il se repente et soit guéri ».

Mais si a priori on ne désire pas écouter ce qui vous est dit et voir ce qu’on vous montre, il n’y a aucun espoir qu’on comprenne jamais et qu’on s’améliore.

(« Malbim »)

« Ecoutez attentivement sans comprendre et voyez attentivement sans saisir » (Yéchayah 6, 9)

Ecoutez attentivement les paroles de Hachem et n’essayez pas d’en comprendre à tout prix la raison.

Le désir de connaître la raison des mitsvot risque de mener à la négliger si l’on ne la découvre pas.

Mais en réalité, aucune raison ne peut être considérée comme la seule base de la mitsva, c’est la volonté de Hachem qui décide.

(« Ahavat Yéhonathan)

GARDE TA LANGUE

Sept conditions

Quand on voit quelqu’un qui cause du tort à autrui, et qu’on sait clairement qu’il n’a pas réparé ses actes, par exemple en rendant l’argent ou en demandant pardon à l’intéressé, il est permis à celui qui l’a vu de le raconter à d’autres pour protéger celui qui a subi ce tort. Il y a sept conditions à cela : 1. Avoir vu soi-même ou le savoir clairement ; 2. Etre certain qu’il s’agit effectivement d’un tort interdit par le din ; 3. Avoir commencé par réprimander le fautif ; 4. Ne pas exagérer la faute ; 5. Avoir l’intention d’être utile ; 6. Ne pas avoir d’autre moyen d’arriver à ce résultat utile ; 7. Ne pas causer un tort plus grand que celui qui est mérité en accord avec le din.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

« Yitro, le beau-père de Moché, offrit un holocauste et d’autres sacrifices à D., et Aharon et tous les Anciens d’Israël vinrent partager le repas du beau-père de Moché devant D. » (Chemot 18, 12).

Quand Yitro se joint au peuple juif, il veut faire quelque chose pour la communauté d’Israël, c’est pourquoi il organise en l’honneur des Anciens et des grands de la génération un festin royal. Les versets disent que le Saint, béni soit-Il a également participé à ce repas.

La Torah nous raconte cette histoire parce qu’elle désire nous enseigner que même lorsqu’on mange un repas parce que c’est nécessaire pour vivre, on doit savoir que Hachem Se trouve aussi présent et voit tout ce que nous faisons. C’est pourquoi il faut manger délicatement et être conscient que D. Se trouve là dans tout ce que nous faisons.

Il m’est arrivé que quelqu’un vienne me trouver alors qu’il était évident qu’il avait très faim. Quand je m’en suis aperçu, j’ai demandé à l’un de mes proches qu’il veuille bien aller acheter pour mon invité quelque chose à manger pour se restaurer. Au bout de peu de temps, cet envoyé est revenu avec en main un grand « chouarma ». J’ai dit à l’invité qu’il était convié à se laver les mains et à manger, et une fois qu’il se serait restauré nous poursuivrions la conversation.

Je lui ai aussi montré que je sortais de la pièce pour qu’il puisse manger tranquillement sans avoir honte devant moi, en disant que je reviendrais dans dix minutes.

Deux minutes ne s’étaient pas écoulées que je me suis rappelé que je lui avais offert seulement à manger, sans ajouter de boisson, c’est pourquoi je suis rentré dans la pièce pour lui donner quelque chose à boire. A mon grand effarement, j’ai vu cet homme, qui était quelqu’un de respectable qui avait de l’argent, penché sur la nourriture avec une sauce épaisse qui dégoulinait de sa bouche, comme s’il se trouvait dans une guerre quelconque, en accord avec l’adage populaire « l’heure de manger, c’est l’heure de la guerre ». J’ai été très perturbé pour lui de l’avoir surpris dans cet état avilissant.

Voici qu’ici, Yitro organise un repas pour les grands et les Anciens de la génération avec la participation du Saint, béni soit-Il, parce qu’il a voulu enseigner au monde que même lorsqu’on mange, on doit se rappeler qu’on est un fils de roi et se conduire en conséquence. Et le Saint, béni soit-Il de Son côté a participé au repas, parce qu’il avait vu le désir positif d’Yitro de se joindre au peuple juif et de faire profiter les talmidei ‘hakhamim de son argent.

A ce repas préparé par Yitro ont participé Moché et Aharon, et la Chekhina était aussi avec eux. Elle a participé parce que Yitro avait offert un holocauste et d’autres sacrifices à D. et qu’il avait abandonné toutes les idoles pour n’offrir de sacrifices qu’à Hachem, ce qui a éveillé la stricte justice, car Yitro n’avait pas vu les miracles mais seulement entendu, alors que les bnei Israël, bien qu’ils aient vu les miracles, il n’est pas certain qu’ils seraient venus, c’est pourquoi le verset parle de « Elokim », le Nom qui dénote la stricte justice.

A LA SOURCE

« Yitro, beau-père de Moché, offrit un holocauste et d’autres sacrifices (zeva’him) à D. » (18, 12)

Pourquoi Yitro a-t-il apporté un holocauste et d’autres sacrifices ?

Rabbi Avraham Sabba, dans son livre « Tsror HaMor », écrit que l’holocauste vient racheter les pensées du cœur qui étaient venues à Yitro avant qu’il sache ce qu’il en était. Et les zeva’him sont les chelamim, qui viennent faire la paix (chalom) avec D.

Nos Sages ont dit que les initiales des mots « Ola ouzeva’him lElokim » forment le mot « ol » (joug).

Cela vient nous enseigner qu’il a pris sur lui le joug de la Torah, le joug des mitsvot, et le joug du Royaume des cieux. Il est rentré dans la tradition de l’alliance de la circoncision, de la tevila et de l’aspersion du sang, ce qui est considéré comme la totalité des sacrifices. Comme il est écrit dans le Midrach Hanéélam : « Fais-Moi un autel de terre », c’est celui qui circoncit son fils. Il est dit « terre » parce qu’il est souhaitable de mettre le prépuce dans un ustensile en argile qui s’appelle « l’autel de terre ». Et c’est considéré comme si l’on avait offert tous les sacrifices.

« Moché choisit des hommes de mérite entre tout Israël » (18, 25).

Il y a une difficulté : Yitro avait proposé à Moché : « Toi, choisis entre tout le peuple des hommes de mérite craignant D. » Alors pourquoi Moché n’a-t-il choisi que « des hommes de mérite » ?

Rabbi Eliahou ‘Haïm Meizel, Av Beit Din de Lodz, en donne pour raison que les Sages ont dit dans le Midrach que pour les tsaddikim, la manne descendait vraiment à l’entrée de leur tente, et d’après cela on savait clairement qui étaient les tsaddikim parmi les bnei Israël.

Seulement les Sages ont également dit que pour ceux qui étaient faibles physiquement, la manne descendait à l’entrée de leur demeure, si bien qu’on ne pouvait dans ce cas pas savoir qui étaient ceux qui « craignaient D. ».

C’est pourquoi Moché a préféré des « hommes de valeur », des gens sains physiquement, parmi ceux pour qui la manne tombait à l’entrée de leur demeure, et c’étaient nécessairement à la fois des tsaddikim et des hommes pieux.

« Honore ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent » (20, 12).

Rabeinou Be’hayé cite ce qu’a écrit Rabbeinou Saadia Gaon : la raison pour laquelle la Torah a fixé comme récompense de ce respect la longévité est que parfois, les pères vivent avec leurs fils pendant très longtemps, ces pères deviennent une charge pour leurs fils, et cette mitsva leur pèse. C’est pourquoi la récompense en est « afin que tes jours se prolongent », c’est-à-dire que tu dois les honorer et vivre avec eux. Et s’il t’arrive de regretter qu’ils soient en vie, sache que c’est ta vie même que tu regrettes.

La vie dans la paracha

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Le troisième mois de la sortie des bnei Israël du pays d’Egypte » (19, 1).

Du fait de Son amour pour Israël et la profondeur de Son désir de lui donner Sa fiancée, à savoir la Torah, on comprend mal pourquoi Hachem a retardé ce don jusqu’au troisième mois, car un des signes de l’amour est de ne pas retarder l’accomplissement de son désir. Si c’est à cause du chemin, même pour Eliezer le serviteur d’Avraham, la route s’est miraculeusement raccourcie lorsqu’il est parti chercher une épouse pour Yitz’hak. Alors à plus forte raison pour un mariage aussi élevé, la terre aurait dû se contracter, et le ciel aussi si besoin était.

C’est pourquoi le Saint, béni soit-Il est venu donner une raison : il ne s’agissait pas de Son peu de désir, mais il fallait préparer le fiancé. En effet, les bnei Israël n’en étaient pas dignes, du fait qu’ils venaient d’un pays impur et étaient comme une femme nida, ils devaient compter sept semaines de purification comparable aux sept jours de pureté de la femme, et c’est cela « de la sortie des bnei Israël », la raison de leur sortie du pays d’Egypte était ce qui retardait jusqu’au troisième mois.

La preuve en est que lorsque les jours de purification ont pris fin, ils sont arrivés le jour même où ils étaient partis, c’est cela « ce jour-là », le même jour.

LES CHEMINS DE LA FOI

Etudes sur la droiture dans les midot

Dans le traité Baba Batra (91a), la Guemara raconte l’histoire suivante :

« Rabba bar Rav Houna a dit au nom de Rav : Boaz a fait cent-vingt repas de fête à ses fils, ainsi qu’il est dit : « Il avait trente fils et trente filles. Il maria ces dernières à l’extérieur et amena des épouses de l’extérieur pour ses fils » (Choftim 12, 9). Pour chacun, il a fait deux repas, l’un chez son père et l’autre chez son beau-père, et dans aucun il n’a invité Manoa’h. Il a dit : Il n’a pas d’enfant, comment pourrais-je lui rendre ? »

Le Maharcha souligne que la raison pour laquelle Boaz n’a pas invité Manoa’h ne provenait pas d’une mauvaise intention. C’était l’habitude que l’invité amène un cadeau de mariage, et la valeur du cadeau obligeait celui qui le recevait à rendre à celui qui donnait en fonction quand celui-ci avait un mariage. Boaz savait qu’il ne pourrait pas rendre à Manoa’h cent-vingt cadeaux, parce que celui-ci n’avait pas d’enfant, donc il ne ferait jamais aucun mariage. C’est pourquoi il ne voulait pas recevoir de cadeau gratuitement, si bien qu’il n’a pas invité Manoa’h à ses fêtes. Qu’est-ce qui est arrivé à Boaz en « récompense » de ce calcul logique, qui était apparemment pour l’amour du Ciel ?

La Guemara raconte : « Et tous sont morts de son vivant » ! Tous les soixante enfants de Boaz sont morts de son vivant. Quel redoutable malheur pour un père d’enterrer tous ses enfants !

A cause de quoi ? Parce qu’il n’avait pas invité une personne au mariage de ses enfants !

Ce sont des choses terribles ! Boaz était de la tribu de Yéhouda et vivait à Beit Lékhem. Manoa’h était de la tribu de Dan et vivait à Tsara. Avec les moyens de communication et de déplacements de l’époque, c’est une grande distance, et il est possible que Manoa’h n’ait même pas entendu parler de tous ces mariages. Et naturellement, tous les festins ne se sont pas déroulés sous ses fenêtres, comme pour lui pincer le cœur ! Mais même cela n’a pas eu d’influence.

Le fait que Manoa’h n’ait pas vraiment été un parent de Boaz, la pureté de l’intention de Boaz, qui ne voulait pas recevoir de cadeau gratuitement, ainsi que la distance entre leurs lieux d’habitation, tout cela n’a servi à rien à Boaz.

Il a été obligé de payer le prix élevé d’enterrer tous ses soixante enfants, parce qu’il n’avait pas invité Manoa’h à ses fêtes de famille, et ainsi il lui a fait de la peine. Combien il est grave de faire de la peine, même sans paroles ni actes !

A notre époque, beaucoup de gens ont toutes sortes de calculs pour chaque invitation à une bar mitsva ou un mariage. Est-ce que nous réfléchissons à ce qui pourrait arriver à cause de l’absence d’une seule invitation ?

Une belle affaire…

La joie se lisait sur le visage des nombreux invités qui étaient venus au mariage. L’un des enfants du grand de la génération, le gaon Rabbi David Bekher, le plus grand Rav de Turquie, allait se marier, et ceux qui étaient présents se réjouissaient de la joie de leur Rav bien-aimé.

Le mariage avait lieu dans une ville éloignée de celle où il vivait, et le tsaddik se mit en route plusieurs heures avant la ‘houpa avec une carriole et des chevaux, comme c’était l’habitude à cette époque, mais pour une raison quelconque, cela prit plus de temps que prévu.

Rabbi David regarda sa montre, et quand il s’aperçut qu’il y avait encore une grande distance à parcourir et que l’heure de la ‘houpa approchait, il se fit du souci de ce que les invités étaient déjà arrivés et qu’on les obligeait à attendre. C’est pourquoi il supplia le cocher d’aller plus vite, mais bien que ce dernier, de son côté, ait fouetté les chevaux autant qu’il était possible, cela ne servit à rien. Le voyage continua à se dérouler relativement lentement.

Un certain temps s’écoula, et Rabbi David perdit quelque peu patience. En un moment de faiblesse, il lança à l’adresse du cocher la phrase suivante : « Espèce d’idiot ! Est-ce que tu ne pourrais pas activer un peu tes chevaux ? »… et le cocher se mit effectivement à fouetter les chevaux encore davantage, et au bout d’un certain temps, ils arrivèrent enfin à l’endroit du mariage. Rabbi David se dépêcha de descendre de la carriole, paya au cocher ce qui lui était dû, rentra accueillir les invités, et la cérémonie commença.

Mais immédiatement après la fin de la ‘houpa, Rabbi David se mit à s’enquérir avec inquiétude : « Où est le cocher ? Où est le cocher ? » C’était une question surprenante, mais Rabbi David refusa de donner fût-ce un seul mot d’explication. Quand il s’aperçut que le cocher avait déjà quitté les lieux et était parti, il commanda immédiatement une autre carriole, y monta, et demanda au deuxième cocher de poursuivre le premier.

Cette course se poursuivit pendant quelques heures, et en fin de compte elle fut couronnée de succès. Le cocher qui avait conduit Rabbi David de sa ville jusqu’à celle du mariage avait été localisé. A présent, on allait comprendre pourquoi il était indispensable pour le tsaddik de retrouver ce cocher rapidement. Dès qu’il le vit, il descendit de sa voiture, se tint devant lui, il baissa la tête en s’inclinant, et l’interpella : « Je vous en prie, mon cher juif, pardonnez-moi de vous avoir insulté quand je vous ai appelé « espèce d’idiot ! » »

Incroyablement, le cocher ne se dépêcha pas de pardonner, mais répondit avec entêtement : « C’est bien beau de me demander pardon, mais moi, je ne vous pardonne pas ! »

Rabbi David manifesta sa tristesse et son étonnement : « Pourquoi ne me pardonnez-vous pas ? Je regrette de vous avoir parlé ainsi, et vous-même vous avez vu que j’étais tellement pressé et que je voulais tellement arriver au mariage sans retard ! » Mais le cocher s’obstina et déclara : « Je ne pardonne pas ! »

Même devant tant d’opiniâtreté, Rabbi David ne renonça pas. D’un ton conciliant, il s’adressa de nouveau au cocher en lui proposant : « Je suis prêt à vous dédommager financièrement, à condition que vous me pardonniez ! », mais le cocher ne se laissa pas fléchir.

Voyant qu’il persistait dans son refus, Rabbi David s’écria : « Eh bien, dites-moi vous-même ce que vous voulez ? Que faut-il pour que vous acceptiez de me pardonner ? » et le cocher répondit sans aucune gêne : « Je vous pardonnerai si vous me donnez la moitié de votre monde à venir ! » Ni plus ni moins…

Rabbi David n’hésita pas un seul instant : « Qu’il en soit ainsi ! » répondit-il. « Je vous donne la moitié de mon monde à venir. Et maintenant, veuillez me pardonner ! » Et finalement le cocher accepta de se consoler et le pardonna totalement…

Cela nous enseigne jusqu’où va le devoir de respecter l’honneur du prochain, et combien il est grave d’y porter atteinte, au point qu’il vaut mieux renoncer à la moitié du monde à venir d’un grand tsaddik comme Rabbi David pour mériter le pardon d’un cocher qui s’est senti insulté ! Sages, veillez à vos paroles…

Ainsi, l’« affaire » fut conclue. Une affaire qui nous enseigne la valeur du pardon d’avoir causé de la peine à un juif…

HOMMES DE FOI

Histoires des justes de la famille Pinto

Un jour arriva le tour de Rabbi Yéhochoua Dérhy de servir le tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto le petit, que son mérite nous protège (Rabbi Yéhochoua a mérité de vivre longtemps, et notre maître chelita a entendu de sa bouche l’histoire suivante.)

Alors que Rabbi ‘Haïm lui avait déjà annoncé qu’il allait le servir pendant quelques jours, arriva tout à coup un juif riche qui était de nature violente, et il demanda à Yéhochoua :

« Je voudrais maintenant servir le Rav. Vous allez donc rester chez vous et je vais servir le Rav. »

L’intéressé s’étonna :

« Il y a longtemps que j’attends de servir le Rav, et vous venez tout à coup pour vouloir me prendre ce grand mérite ! »

Le riche lui répondit agressivement :

« Si vous ne me laissez pas servir le Rav, vous allez recevoir des coups sérieux. »

Rabbi Yéhochoua craignit ces menaces, et n’ayant pas le choix, il accepta.

Le lendemain, le riche revint vers Rabbi Yéhochoua pour lui demander pardon. « Je ne peux pas servir le Rav, c’est un travail très difficile », dit-il.

« Pourquoi ? » demanda Rabbi Yéhochoua. Le riche lui raconta la véritable raison :

« Quand j’ai commencé à servir le Rav, il m’a demandé : Pourquoi voulez-vous me servir, est-ce pour connaître beaucoup de gens ou pour pouvoir manger beaucoup (comme on le sait, Rabbi ‘Haïm rentrait dans de nombreuses maisons pour ramasser de la tsedaka pour les pauvres, et partout on lui offrait des gâteaux. Rabbi ‘Haïm en goûtait un petit peu, et il ordonnait à son chamach de manger le reste). » Je lui ai répondu que je ne voulais rien manger du tout.

Pendant toute la journée, le riche avait eu toutes sortes de difficultés, et il était très fatigué. Or toute cette fatigue venait de Hachem, parce qu’il avait pris la place de quelqu’un d’autre. La nuit, Rabbi ‘Haïm lui dit : « Hachem vous a donné la richesse pour que vous le serviez, et pas pour être violent et rejeter quelqu’un d’autre. Rentrez chez vous et n’osez plus revenir pour me servir, en prenant la place d’un autre. »

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan