Parachat Ki Tissa 27 Février 2016 18 Adar א 5776 |
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Ce qui a provoqué la fabrication du Veau d’Or
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
« Et maintenant, va, conduis ce peuple où Je t’ai dit ; Mon envoyé marchera devant toi et le jour où Je sévirai, Je leur demanderai compte de leur faute » (Chemot 32, 34).
Rachi écrit : « Il n’est pas de punition qui frappe Israël sans contenir une part de punition pour le Veau d’or. »
Or cette histoire suscite l’étonnement. Comment est-ce que les bnei Israël, qui se trouvaient à peu près un mois après le don de la Torah, et étaient encore sous le mont Sinaï, l’endroit tellement sacré où la Torah avait été donnée, ont pu fauter au point de fabriquer ce Veau ?
Ce qui est encore plus surprenant est que leur désir de faire le Veau ait été si violent qu’ils ont tué ‘Hour, qui s’était placé en travers du chemin dans une tentative de les empêcher de fauter, et qu’ils ont même menacé de mort Aharon s’il ne coopérait pas. C’est extrêmement difficile à comprendre.
Les Sages (Chemot Rabba 42, 6) expliquent que la fabrication du Veau ne provient pas de la masse du peuple d’Israël, mais du « erev rav », les Egyptiens qui s’étaient joints à Israël pour sortir d’Egypte. Simplement, cela aussi demande à être expliqué, car dans ce cas, quelle est la faute des bnei Israël, pour que jusqu’à aujourd’hui nous ayons à souffrir de cette terrible faute ?
Il faut encore demander, à propos de l’explication des Sages selon laquelle c’est le ramassis d’étrangers qui a fait le Veau, comment ils ont pu oser, étant donné qu’eux aussi avaient participé à l’événement du don de la Torah !
Il faut poser un grand principe dans le service divin. Souvent, un juif aspire à se rattacher à D. ou à faire une mitsva, mais dans son enthousiasme, il oublie les limites de la halakha et les transgresse. Par exemple, quelqu’un qui veut de toute son âme se lever pour prier au moment du lever du soleil et participer à un mynian « vatikin », lorsqu’il arrive à la synagogue, pourra souvent bousculer les autres fidèles pour atteindre sa place plus rapidement et pouvoir prier dans les temps. Ou alors quand il se réveille, en se levant il ne veille pas à ne pas faire de bruit et il réveille sa femme et ses enfants, transgressant ainsi l’interdiction de voler du sommeil. On peut encore donner pour exemple quelqu’un qui veut donner de la tsedaka à un pauvre et se met à lui demander devant tout le monde d’où il vient et toutes sortes d’autres questions, sans réfléchir au fait qu’il lui fait honte en public, tout cela à cause de son grand désir de donner de la tsedaka.
Représentons-nous ce qu’aurait dit le roi, si quelqu’un s’était frayé un chemin pour le voir, en bousculant des gens sous ses yeux mêmes. Cela le fâcherait certainement beaucoup, malgré la bonne intention qui était de le voir, car il est indigne de bousculer les gens et de leur marcher sur les pieds.
De même, lorsque nous voulons servir D., il faut faire très attention et veiller à rester à l’intérieur des limites de la halakha, afin de ne surtout pas commettre des fautes dans notre désir de nous rapprocher de Lui. Ce serait une « mitsva au moyen d’une faute », qui n’est pas acceptable par D. C’est en cela qu’ont trébuché Nadav et Avihou, qui voulaient se rapprocher de Hachem et ont transgressé la halakha en offrant « un feu étranger qu’Il n’avait pas ordonné » (Vayikra 10, 1), ce qui leur a valu la mort.
Quant au « erev rav », ils voulaient de toutes leurs forces se rapprocher de Hachem, et lorsque Moché était avec eux, ils sentaient qu’ils pouvaient se rattacher à Lui par son intermédiaire, mais lorsqu’il est monté aux cieux et que leur cœur brûlait du désir de se joindre à Hachem, ils ont cherché un moyen rapide de ressentir ce lien. Ils avaient l’habitude en Egypte qu’on se rattache à un dieu par un intermédiaire, qui est l’idole, c’est pourquoi ils ont brûlé du désir de fabriquer le Veau. On voit donc qu’avec de bonnes intentions, ils ont commis une faute excessivement grave, une véritable idolâtrie.
On doit toujours réfléchir, avant de faire une mitsva, à ce qu’elle va entraîner, pour qu’elle n’aille pas par malheur avoir des conséquences néfastes, comme il s’est produit lorsqu’ils ont fait le Veau. On connaît l’adage « la fin de l’acte est dans l’esprit du début » : de même qu’avant de conclure une affaire financière on réfléchit longtemps aux résultats, il faut en faire autant dans l’accomplissement des mitsvot.
La raison pour laquelle les bnei Israël ont été punis bien que ce soit seulement les étrangers qui aient fait le Veau est qu’ils sont restés en silence pour voir si cette initiative allait réussir ou non, au lieu de les réprimander de cette terrible conduite. Ils n’ont pas protesté et n’ont rien empêché, c’est pourquoi ils ont été punis.
Les commentateurs écrivent que les tsaddikim vont au gan Eden en passant par le Guéhénom. Il est surprenant qu’ils doivent passer par le Guéhénom, alors que la récompense les attend au Gan Eden ! La raison en est qu’on veut leur montrer plusieurs impies qui, si on les avait réprimandés, se seraient repentis, ou auraient tout au moins évité une partie de leurs fautes. En effet, il nous incombe de nous préoccuper des fautes des autres et de les leur reprocher doucement et délicatement. Un jour s’est présenté à moi quelqu’un qui était sur le point d’épouser une non-juive. Je lui ai dit que c’était une faute extrêmement grave. Cet homme m’a répondu : il est écrit dans la Torah « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », et que donc il aimait cette femme, alors pourquoi ne l’épouserait-il pas ? J’ai pensé à quel point il était loin, pour ne voir aucune différence entre un juif et un goy, mais que quoi qu’il en soit, on devait essayer de le sauver de cette faute.
Le Veau était une idole, et il faut savoir que l’idolâtrie est une chose qui a également cours chez nous. Par exemple, il y a des pères qui font lever tôt leurs enfants pour qu’ils aillent à l’école laïque des non-juifs, ils les réveillent sans pitié de bon matin pour qu’ils aillent étudier des matières profanes et scientifiques, mais lorsqu’arrive le Chabbat, bien que le moment de la prière soit venu, ils ont pitié de leurs enfants et les laissent dormir encore. Peu leur importe qu’ils soient en retard à la prière. C’est une idolâtrie, d’attribuer à des sciences profanes une importance plus considérable qu’à la prière et à l’étude de la Torah. Il faut faire très attention, car le mauvais penchant se trouve avec l’homme pendant toute la journée et toutes les années. Les Sages ont dit (Avot 2, 4) : « Ne crois pas en toi-même jusqu’au jour de ta mort. » Et le ‘Hovot HaLevavot écrit qu’il y a quelqu’un qui accompagne l’homme pendant toute sa vie, et qui est le mauvais penchant.
SUR LA PENTE ASCENDANTE
Goûtez et voyez comme est bon Hachem
L’un de mes élèves était dans son passé un homme d’affaires prospère en France, qui consacrait tout son temps et toutes ses heures à ses affaires. Quand je lui ai demandé de donner une heure par jour de son temps précieux pour goûter à la douceur de la sainte Torah, il m’a répondu qu’il était trop occupé pour avoir le temps d’étudier.
Mais je n’étais pas satisfait.
Comme je connaissais mon élève, je savais son très grand intérêt pour tout ce qui touchait au sport et aux jeux. Je savais aussi que lorsqu’il y avait un match de football particulièrement important, il se libérait de toutes ses obligations pour se concentrer entièrement sur ce qui se passait dans le match, ce qui voulait dire qu’il avait la possibilité de se libérer un peu en cas de nécessité absolue, c’est pourquoi j’ai essayé d’obtenir de lui un accord de se fixer une heure d’étude par semaine.
Il a essayé de refuser, mais j’ai persisté à de nombreuses reprises, jusqu’à ce qu’en fin de compte il cède à mon insistance répétée et accepte de consacrer une heure de son temps. Lorsqu’il l’a fait, il a senti que cette étude lui faisait du bien.
Mais au bout de peu de temps, il a senti que plus il étudiait, plus sa soif de savoir et de comprendre les paroles de la Torah augmentait, au point qu’au bout de peu de temps, il a ajouté quelques heures à son étude, et en est arrivé à étudier la Torah pendant une demi-journée.
Avec l’aide du Ciel, il a mérité plusieurs fois de donner des explications aux questions posées par les Richonim et les A’haronim avec profondeur, et il a accompli dans sa vie le verset « Goûtez et voyez que Hachem est bon, heureux est l’homme qui s’abrite en Lui » (Téhilim 34, 9).
Un cours quotidien englobe le monde entier
Il m’est arrivé que se présente à moi quelqu’un qui m’a annoncé d’un air joyeux : « Rabbi, dans quelques jours, avec l’aide de D., je vais faire un siyoum ! »
A la vérité, cet homme n’avait pas l’air de quelqu’un qui fréquente le beit hamidrach ni qui étudie la Torah régulièrement, c’est pourquoi j’ai commencé par me dire qu’il voulait probablement dire par là qu’il allait organiser un siyoum de michnayot, ou un siyoum d’un petit traité.
Mais il m’a de nouveau étonné. Il a ajouté d’un visage rayonnant qu’il allait terminer tout le Talmud !
Je me suis immédiatement dépêché de m’enquérir auprès de lui de la façon dont il avait mérité de terminer tout le Talmud, ce qui n’est pas du tout une chose facile.
Voici ce qu’il m’a répondu :
« Rabbi, bien que je sois un homme d’affaires occupé par le commerce jour et nuit, et bien que j’aie souvent besoin de voyager d’un pays à l’autre, parce que mes affaires s’étendent sur le monde entier, malgré tout cela, je me suis fixé un certain cours de Torah auquel je participe tous les jours.
« Et comme il arrive souvent que le cours se déroule loin de l’endroit où je me trouve, et parfois à des heures tout à fait différentes, dans ces cas-là je me relie par téléphone à celui qui donne le cours et j’écoute le cours par téléphone au loin, dans quelque pays que je me trouve, et parfois même de l’avion.
« Cela exige parfois de moi de m’abstenir de mes heures de sommeil à cause du décalage horaire, mais malgré tout cela je ne renonce jamais à écouter le cours du jour ! De cette façon, j’ai réussi à terminer l’étude de tout le Talmud ! »
C’est ce que m’a raconté cet homme d’affaires.
Et j’ai appris de lui une grande leçon : quand on considère la Torah comme un cadeau précieux, qu’on place l’étude en tête de ses priorités et qu’on se fixe des temps d’étude sans aucun compromis, alors le Saint, béni soit-Il voit cette volonté puissante d’écouter la voix de la Torah même au loin, alors Il aide, et ainsi le juif mérite de terminer l’étude de tout le Talmud.
HOMMES DE FOI
Histoires des justes de la famille Pinto
Lorsque le tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto se trouvait dans une situation financière difficile, il empruntait des sommes d’argent pour pouvoir accomplir la mitsva de tsedaka envers les nécessiteux. Et quand cela allait mieux, il remboursait ces prêts.
Une fois, il emprunta une grosse somme d’argent à un vendeur de poulets du nom de ‘Hassan Zafrani. Mais quand arriva l’échéance, il n’avait pas de quoi rendre cet argent.
Le prêteur, qui n’était pas juif, menaça le Rav : « Si vous ne me rendez pas l’argent que je vous ai prêté, je n’hésiterai pas à vous tuer ! »
A cette époque, le tsaddik était encore jeune, ne connaissait pas ses pouvoirs de sainteté, et dans son innocence il se dit que le goy allait effectivement le tuer s’il ne lui rendait pas l’argent.
Il demanda au goy de venir avec lui au cimetière, et là de l’attendre à la porte, jusqu’à ce qu’il revienne avec l’argent en main. Celui-ci accompagna effectivement Rabbi ‘Haïm, et quand ils arrivèrent au cimetière, Rabbi ‘Haïm s’approcha de la tombe de sa grand-mère la rabbanit Myriam, épouse de son saint grand-père Rabbi ‘Haïm le grand, pour prier sur sa tombe. Il pria avec des larmes, appela sa grand-mère et dit : « Lève-toi et vois ton petit-fils, qui n’a pas de quoi rembourser sa dette ! »
Quand il eut terminé ses supplications, il vit en face de lui une femme richement vêtue à l’aspect noble.
« Pourquoi pleurez-vous ? » demanda la femme au tsaddik. Rabbi ‘Haïm lui raconta sa grande peine, due à la dette qu’il avait envers le goy qui l’attendait en ce moment à la porte du cimetière, alors qu’il n’avait pas de quoi le payer. La femme anonyme sortit de sa poche un fichu rouge, dans lequel elle mit une belle somme d’argent qu’elle avait sur elle, puis elle disparut immédiatement, sans laisser de traces. Rabbi ‘Haïm palpa l’argent dans sa main, en s’émerveillant de la grandeur du miracle qui venait de lui être fait. Il sortit trouver le vendeur de poulets, ‘Hassan, qui l’attendait à la porte du cimetière, et lui paya la totalité de la dette.
Quand Rabbi ‘Haïm rentra chez son père, le gaon et tsaddik Rabbi Hadan zatsoukal, qui était mourant à cette époque-là, et qu’il lui raconta le miracle qui lui était arrivé au cimetière, celui-ci lui dit avec le reste de ses forces : « Sache, mon fils, que cette femme n’était autre que ta grand-mère, Madame Myriam, qui a vu ta peine, et quand tu lui as dit : « Lève-toi et vois ton fils », elle est descendue vers toi du monde de vérité pour te sauver. »
Quand quelqu’un accomplit l’injonction d’être droit envers D., il mérite de voir littéralement l’aide du Ciel, et il réussira dans tout ce qu’il fera.
[« Chenot ‘Haïm »]
LA HAPHTARA DE LA SEMAINE
« Akhav envoya des ordres » (I Melakhim 18, 20)
Le rapport avec la paracha :
La haphtara parle du prophète Eliahou, lorsqu’il a réprimandé le peuple qui pratiquait l’idolâtrie et oscillait entre les deux parties, ce qui rappelle la paracha, où Moché réprimande le peuple d’avoir fabriqué le Veau d’Or.
« Jusqu’à quand oscillerez-vous entre les deux parties ? Si Hachem est D., suivez-Le, et si c’est le Ba’al, suivez-le. » (I Melakhim 8, 21)
Lorsqu’une lutte est engagée entre la foi et l’incroyance, tout juif doit adopter une attitude claire, d’un côté ou de l’autre.
Il doit savoir à quel camp il appartient et qui il soutient. Là, il n’y a aucune place à des compromis ni à une voie médiane. Là, il est impossible de se rendre quitte dans deux directions opposées, mais nous devons exprimer clairement si nous appartenons aux serviteurs de D. ou aux fidèles du Ba’al. Ceux qui oscillent entre les deux sont plus dangereux dans cette lutte que ceux qui servent le Ba’al ouvertement.
C’est pourquoi lorsque Yérovam ben Nevat part en guerre ouverte contre le Temple, place deux veaux d’or à Béthel et tue même ceux qui montent en pèlerinage à Jérusalem, ce n’est pas à son époque que l’exil arrive, mais à l’époque d’Hochéa ben Beeri, qui est celui qui a enlevé les gardes placées par Yérovam sur les routes, en disant : qu’on aille là où on désire, à Béthel ou à Jérusalem. Il a adopté une attitude intermédiaire en soutenant les deux partis en même temps, et c’est justement à son époque que le roi Shalmanassar d’Assyrie est venu et a exilé beaucoup de bnei Israël.
(« Netsa’h Israël »)
GARDE TA LANGUE
Dans les conditions suivantes
Il n’est permis de dire du lachon hara sur celui qui cause du tort à d’autres qu’à condition d’avoir commencé par le réprimander. Et si l’on sait qu’il n’acceptera pas la réprimande, on peut raconter sans réprimander, mais on le fera devant trois personnes ou plus, pour ne pas avoir l’air de se cacher de la personne concernée, comme si on avait l’intention de le flatter en sa présence et de lui faire des reproches dans son dos. De plus, cela servira à éviter qu’on vous soupçonne de mentir, car on n’a pas l’habitude de mentir devant de nombreuses personnes.
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
La cause de la faute du Veau d’Or
Cette paracha inclut la faute du Veau d’Or. Avant cette faute, la Torah a placé le passage sur le demi-chékel, la cuve, l’huile d’onction et l’encens, les ustensiles du Sanctuaire, la table, l’autel et le reste des vêtements sacerdotaux. Il faut comprendre pourquoi elle a placé tout cela avant la faute du Veau d’Or.
Cette introduction décrit la perfection de l’homme et sa structure spirituelle, de la façon suivante :
Le demi-chékel – le pauvre et le riche doivent donner la même somme, un demi-chékel. Ainsi ils s’uniront et formeront à eux deux un chékel, ce qui fait partie des bases de la conduite que nous ont montrée les Sages : partager le fardeau d’autrui.
La cuve – qui était faite des miroirs des femmes (hamarot hatsovot), qui leur avaient servi à éveiller le désir de leur mari en Egypte. On pouvait en dire « Je laverai mes mains dans la propreté » (Téhilim 26, 6), c’est-à-dire la sainteté. Cela évoque les miroirs dans lesquels on se regarde. De même qu’il faut être propre extérieurement, il faut être saint, propre et pur pour avoir l’air d’être asservi à Hachem et de faire entièrement partie de Son armée. C’est cela les miroirs « tsovot », mot de la même famille que « tsava », l’armée, du Ciel.
L’huile d’onction – C’est un supplément de sainteté, pour nous enseigner qu’il incombe à l’homme de s’éloigner de l’impureté. C’est l’huile par lequel le cohen était oint et qui le protégeait des forces impures.
Un jour, lors d’un voyage en avion, j’ai senti que je n’arrivais pas à réfléchir, et je me suis demandé quelle pouvait en être la raison. Alors, je me suis aperçu que mon voisin, assis à côté de moi, me touchait un peu et qu’il était plongé dans un livre impur. J’ai fait attention à ne pas le toucher, car même un contact avec l’impureté peut causer des dégâts, de même que lorsqu’une femme est nida, le moindre petit contact est interdit.
L’encens – qui a une bonne odeur, allusion à la bonne renommée que l’on doit s’efforcer d’acquérir. Comme le dit le roi Chelomo (Kohélet (7, 1) : « Une bonne renommée vaut plus que de la bonne huile. »
La table – On y place le pain de proposition, qui fait allusion à l’homme. De même que la table reçoit tout ce que l’on place dessus, ainsi l’homme doit exécuter toute mitsva qui se présente à lui. Quand il mange des choses qui se trouvent sur la table, il ne doit les considérer que comme un façon de servir D.
L’autel – Offrir des sacrifices est une allusion au dévouement total.
Quelqu’un m’a raconté qu’il travaillait dur pour nourrir ses douze enfants, du matin jusqu’au soir. Il ne lui restait pour dormir que de trois heures à sept heures du matin. Je lui ai demandé ce qu’il faisait de minuit, lorsqu’il rentrait à la maison, jusqu’à trois heures du matin. Il m’a répondu que pendant ce temps-là, il étudiait la Torah, puisqu’il n’avait pas le temps de le faire pendant la journée. C’est un exemple véritable de dévouement pour la Torah.
La menora – Source de la sagesse de la Torah.
Les vêtements sacerdotaux – Allusion à la « robe des rabbanim » dont on se couvre dans le monde à venir.
On voit que l’homme est comme un petit temple, qui correspond à la tente d’assignation. Tous les détails du Sanctuaire correspondent aux membres de l’homme, et les ustensiles du Sanctuaire sont les qualités que D. a gravées en l’homme. Les poutres sont les jambes de l’homme, et ainsi de suite. Il faut préserver la sainteté du Sanctuaire, et quand on ne remplit pas toutes les conditions posées par la Torah, on tombe dans la faute du Veau d’Or. Il ne s’agit pas seulement de ce que les bnei Israël ont fait dans le désert : tout désir et attachement aux vanités de ce monde est semblable à ce Veau.
Au cours de l’un de mes voyages, je suis passé dans l’avion et j’ai vu un juif que je connaissais très bien qui regardait l’écran où se déroulait un film. Je lui ai touché l’épaule et il s’est immédiatement repris, honteux de sa conduite. Je lui ai dit qu’il me rappelait ce qu’a dit le saint Tanna Rabbi Yo’hanan ben Zakaï à ses disciples avant sa mort : « que la crainte du Ciel soit égale à la crainte des hommes ». Ceux-ci lui ont répondu : « Pas plus que cela ? » Il leur a dit : « Ce serait magnifique si la crainte du ciel égalait au moins la crainte des hommes » (Berakhot 28b). Vous avez peur de moi, mais vous n’avez pas peur de Hachem.
Ensuite ma fille, qui voyageait avec moi, m’a demandé pourquoi je lui avais fait honte, et je lui ai répondu qu’il valait mieux qu’il ait un peu honte en ce monde-ci plutôt que de subir une grande honte dans le monde à venir.
A LA SOURCE
« Ils dirent : voici ton dieu Israël, qui t’a fait sortir du pays d’Egypte » (32, 4).
En vérité, comment est-il possible de dire d’un veau qui vient juste d’être fabriqué qu’il « t’a fait sortir du pays d’Egypte » ? Est-ce qu’il a fait sortir le peuple d’Israël d’Egypte ?
D’après le Midrach, le peuple d’Israël a tardé en sortant d’Egypte, parce qu’il ne trouvait pas le cercueil de Yossef, qui avait fait jurer aux bnei Israël qu’ils le prendraient avec eux en sortant d’Egypte, or les Egyptiens l’avaient plongé dans le Nil.
Qu’a fait Moché ?
Il a écrit un nom sacré sur une tablette en or, le cercueil a flotté à la surface, et Moché l’a pris.
A la lumière de ces détails, Rabbi Mena’hem Azaria de Pano explique qu’au moment où Moché tardait à redescendre de la montagne, le peuple d’Israël a lancé cette tablette d’or dans le feu, et a dit d’elle « voici ton dieu Israël », c’est-à-dire que c’est le Nom sacré « qui t’a fait sortir du pays d’Egypte », grâce auquel la sortie d’Egypte a été rendue possible, mais les bnei Israël ne niaient pas le fait que c’est le Saint, béni soit-Il Qui les avait fait sortir d’Egypte.
« Il dit : ce n’est pas le bruit d’un chant de victoire ni un cri faible, j’entends un bruit affligeant » (32, 18).
Qu’est-ce que c’est que « un cri faible » ?
Le Maharil Diskin explique qu’au moment de la faute du Veau d’Or, on n’a pas entendu de voix peu nombreuses s’affligeant de l’abomination qui avait été commise, comme à Sdom, où il n’y avait pas dix tsaddikim, qui auraient pourtant suffi à protéger toute la ville. « J’entends un bruit affligeant », tout le monde criait à l’unisson, et personne ne faisait de reproches.
« On craignait de s’approcher de lui » (34, 30).
Le saint Chla indique l’enseignement des Sages, qui ont appris de là combien grande est la puissance de la faute :
Avant d’avoir péché, ils voyaient la face de la Chekhina sans reculer, et maintenant ils ne pouvaient pas regarder le visage de l’intermédiaire.
La leçon morale à en tirer est que l’homme doit veiller à se purifier et à se sanctifier de l’impureté des fautes pour s’écarter du mal, et se sanctifier par la sainteté et la pureté pour faire le bien, à son plus grand avantage.
LA VIE DANS LA PARACHA
A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar
« Et maintenant, laisse-Moi » (32, 10).
Sur le mot « Et maintenant », les Sages ont dit (Chemot Rabba 42, 6) que l’acceptation du ramassis d’Egyptiens (« erev rav ») provenait de Moché, Hachem n’ayant pas été d’accord, mais Il avait accepté de faire ce que Moché désirait. C’est pourquoi il est dit « ton peuple a détruit » – c’est le « erev rav ».
Dans les mots « et maintenant », il y a une allusion au fait qu’on doit se repentir d’un acte malhonnête, et peut-être que cela réparera la chose dans l’avenir, comme l’ont dit les Sages (Yébamot 24b) : à l’époque du Machia’h on n’accepte plus les convertis, et c’est Moché qui sera le sauveur et réparera la chose.
LES CHEMINS DE LA FOI
Etudes sur la droiture dans les midot
Le niveau le plus haut de l’homme lorsqu’il s’agit de vaincre ses défauts est d’arriver à une situation où il ressent une joie infinie et un grand plaisir d’avoir surmonté quelque chose, et de ne rien répondre du tout à ses détracteurs, ou alors de s’efforcer de se dissimuler et de ne rien raconter de ses bonnes actions.
Lorsqu’on en arrive à un niveau de ce genre, où la plus grande joie est de vaincre ses instincts, c’est un signe clair que cette victoire est réelle, elle n’est pas là pour faire impression extérieurement ou pour chercher à ce qu’on vous respecte.
Chacun d’entre nous qui a un jour réussi à vaincre l’un de ses défauts peut raconter la joie extrême qui est entrée dans son cœur à ce moment-là. Il peut aussi raconter qu’il n’y a rien qui vaille cette joie-là, et qu’aucun autre plaisir ne peut concurrencer cette sainteté qui pénètre jusqu’au plus profond du cœur et le délivre de toute oppression.
Dans un recueil sorti à la mémoire du gaon et tsaddik Rabbi Guedalia Eiser zatsal, il est raconté qu’à Lodz en Pologne vivait un juif commerçant, ‘hassid de Gour, très pieux, qui considérait son travail comme accessoire et sa Torah comme l’essentiel. Ce commerçant réussissait dans ses affaires, mais à une certaine époque des voleurs pénétraient toutes les nuits dans sa boutique au centre de la ville et lui causaient de lourdes pertes.
Cet homme en souffrait beaucoup, et il essayait d’attraper les voleurs, mais sans succès. Ni lui ni la police locale ne réussissaient à mettre la main sur les fautifs.
Ce commerçant juif avait un fils assidu dans l’étude qui en voyant la peine de son père décida de l’aider à attraper les voleurs. Il entreprit de dormir dans la boutique toutes les nuits, et ainsi d’attraper les voleurs la main dans le sac. Ce fils convainquit également son ami d’arriver à la boutique à 4 heures du matin pour qu’ils puissent étudier ensemble jusqu’à l’heure de la prière de cha’harit. L’ami accepta.
Ainsi, les deux garçons étudiaient toutes les nuits jusqu’au lever du soleil, et alors ils partaient à la synagogue pour prier cha’harit dès le lever du soleil, se trouvant les premiers arrivés à la prière.
Une nuit, alors qu’ils étaient plongés dans une souguia particulièrement difficile et se donnaient du mal, lorsque arriva le moment de partir à la prière, les choses ne leur étaient pas encore suffisamment claires, et ils furent obligés de poursuivre leur étude pendant encore quelque temps. Lorsqu’ils regardèrent leur montre et virent qu’il était tard, ils se dépêchèrent pour attraper le mynian vatikin et prier avec eux.
L’un des fidèles, lorsqu’il vit les garçons arriver en retard, les réprimanda durement en disant : « Garçons, vous avez dormi jusqu’à maintenant ? Ah ! Vous ne savez pas que pour arriver à la prière à l’heure, il faut se lever plus tôt ? »
Les deux garçons restèrent assis en silence, ou plus exactement ils se tenaient debout en silence, sans réagir par un seul mot, bien qu’ils aient eu largement de quoi répondre, s’ils l’avaient voulu, par exemple : « Est-ce que vous avez le droit de venir vous plaindre de nous ? Vous avez dormi dans votre lit toute la nuit, alors que nous sommes restés à étudier sans arrêt. Qui êtes-vous pour nous faire la morale ? »
Mais comme on l’a dit, les deux garçons se turent et ne réagirent absolument pas.
Le nom de l’ami qui était venu étudier avec le fils du propriétaire de la boutique était Rabbi Guedalia Eiser zatsal, celui qui a fini par se faire connaître comme une personnalité spirituelle de grande envergure, qui a été pendant de nombreuses années le machguia’h de la yéchivat « ‘Hidouchei HaRim » et a formé de nombreux élèves.
Dans le livre sur sa vie, il est raconté que beaucoup plus tard, lorsque Rabbi Guedalia a reconstitué cet événement devant ses élèves, il a ajouté pour eux : « Croyez-moi, je n’ai pas eu de plus grand plaisir que d’avoir fermé ma bouche et de ne pas avoir répondu à ce juif qui me grondait. » Il semble qu’une telle joie pour avoir lutté contre son instinct procure ensuite un grand plaisir dans l’étude de la Torah, car Rabbi Guedalia a encore raconté à ses élèves que lorsqu’il étudiait à Lodz, beaucoup cherchaient le livre « Sdei ‘Hemed » et n’arrivaient pas à le trouver. Quand le livre est finalement arrivé à Lodz, le désir de ceux qui étudiaient était si grand qu’ils divisèrent le livre en quatre parties, pour que quatre garçons puissent l’étudier en même temps sans avoir besoin d’attendre longtemps jusqu’à ce qu’un autre ait terminé son étude.
Cette histoire, souligne Rav Zilberstein chelita dans son livre « Barkhi Nafchi », est chère au Créateur du monde, parce qu’elle prouve la grande affection pour les paroles de Torah qui existait chez les élèves, une affection qui provenait entre autres de la formation du caractère.