Parachat Behoukotaï 4 Juin 2016 כ"ז אייר תשע"ו |
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Une attirance naturelle pour l’étude de la Torah
Rabbi David Hanania Pinto
« Si vous vous conduisez selon Mes lois, si vous gardez Mes préceptes et les exécutez. » (Vayikra 26:3)
Littéralement, le verset précité se traduit par : « Si vous marchez dans Mes lois », et nous pouvons nous interroger sur cette formulation particulière. Le verbe « écouter » ou « observer » n’aurait-il pas été plus approprié dans ce contexte ? Quel élément supplémentaire le verbe « marcher » inclut-il dans ce contexte des lois divines ?
Le doux chantre d’Israël s’exclame : « J’ai médité sur mes voies, et ramené mes pas vers Tes statuts. » (Téhilim 119:59) Il désirait ainsi signifier que, bien qu’il prévît, à plusieurs reprises, de se diriger vers divers endroits, ses pieds le menaient toujours finalement vers la même destination, la maison d’étude. Cette réflexion du roi David ne manque de nous surprendre : n’est-ce pas l’esprit de l’homme, dont le siège est au niveau du cerveau, qui détermine l’acte à exécuter et l’indique aux membres du corps ? Ainsi, lorsqu’on désire rejoindre un lieu, c’est notre cerveau qui, par le biais des pensées qui y circulent, ordonne aux pieds de marcher dans une certaine direction. Est-il donc possible que le roi d’Israël se laissât conduire par ses pieds, phénomène a priori contraire à la nature et à la logique ?
Si les membres du corps reçoivent et exécutent les instructions du cerveau, celui-ci est d’autre part également soumis à leur influence – en dépit de leur éloignement physique.
Ainsi donc, les pieds ont un certain pouvoir décisionnel et peuvent prendre des initiatives contraires à la volonté de l’homme – telle qu’elle se trouve exprimée par son cerveau. C’est dans ce sens que nous entendons parfois des personnes dire, à diverses occasions, que leurs pieds sont lourds et leur semblent comme collés au sol, bien qu’elles sachent qu’elles vont bientôt devoir se lever et poursuivre leurs activités. De même, il peut arriver qu’un homme ait envie d’aller à un lieu de débauche, et que ses pieds l’en empêchent et le dirigent vers une autre direction.
Dès lors, nous comprenons mieux le sens de la déclaration du roi David. Il est possible qu’en se travaillant, un homme parvienne à un niveau tel que même ses pieds se sont élevés et sanctifiés. C’est bien ce qui lui arriva : ses pieds l’assistaient dans son service divin et ne lui permettaient pas de se diriger vers une autre destination que la maison d’étude, de sorte qu’il était perpétuellement plongé dans la Torah et ne se laissait pas distraire par les vanités de ce monde.
Par conséquent, s’il nous semble que seul notre cerveau détermine nos pas et notre conduite, il n’en est rien, puisque nos pieds ont une certaine indépendance et peuvent, si nous nous sommes élevés, nous diriger vers la bonne voie. Cette faculté dont sont dotés les pieds est à notre avantage, en cela qu’ils ont le pouvoir de nous préserver du péché.
A présent, revenons à notre verset : « Si vous marchez dans Mes lois ». Il signifie que nous nous serons tant et si bien sanctifiés que même nos pieds auront profité de cette élévation et nous dirigeront spontanément vers des lieux d’étude, nous engageant à nous plonger dans les profondeurs de la Torah. Quel encouragement, pour nous, que de savoir que non seulement notre esprit nous incitera à étudier la Torah, mais aussi nos pieds, qui nous conduiront naturellement vers la bonne voie et éviteront attentivement les “virages dangereux” !
Ainsi donc, lorsqu’un homme habitue son corps à accomplir les mitsvot, ses différents membres s’y accoutument tant avec le temps qu’ils cherchent eux-mêmes à en exécuter constamment. C’est pourquoi, les pieds du roi David avaient si bien été éduqués à le conduire vers l’accomplissement de mitsvot qu’ils ressentaient, si l’on peut dire, un plaisir autonome à les respecter et étaient naturellement attirés vers la maison d’étude. C’est donc bien dans ce sens que nous devons comprendre l’incipit de Be’houkotaï, « si vous marchez dans Mes lois » : vous aurez tant conditionné vos pieds, et votre corps en général, à se plier à la volonté divine qu’ils se dirigeront eux-mêmes naturellement vers cet objectif, telle une seconde nature.
LA VOIE TRACÉE
Etre reconnaissant
« Rav, pourquoi l’année qui s’est écoulée n’a-t-elle pas été bonne pour moi ? J’ai pourtant accompli Torah et mitsvot, et courageusement fait face à de nombreuses épreuves. Pourquoi, dans ce cas, ai-je perdu mon travail, ainsi que toute ma fortune ? » vint un jour me demander un homme.
« Comment peux-tu prétendre que tu as passé une mauvaise année, alors que tu es vivant et en bonne santé ? répliquai-je. Grâce à D.ieu, tu respires la vie et la santé. Cela, en soi, ne suffit-il pas à qualifier une année de bonne ? Cette année, de nombreux jeunes sont morts, tandis que toi et les tiens, vous êtes vivants et en bonne santé. Ce n’est que dans le cas où tu réussis financièrement qu’une année mérite d’être qualifiée de bonne, selon toi ?! »
Il garda le silence et je poursuivis : « Tu as oublié les millions de fois où le Saint béni soit-Il t’a sauvé la vie et celle de ta famille. Peut-être que si tu avais mérité la fortune, l’attribut de rigueur t’aurait accusé pour une certaine faute, et tu serais tombé malade ou même mort, que D.ieu préserve. « N’es-tu pas conscient de la grande bonté qu’Il t’a témoignée en changeant la punition de mort contre la banqueroute ? Pourquoi prétends-tu avoir passé une mauvaise année ? Une telle pensée est de l’ingratitude pure et simple. »
Mon interlocuteur fut touché par mes paroles, qui lui dessillèrent les yeux sur les grandes bontés du Créateur, Qui lui accordait de nouveau la vie chaque jour et avait déversé Sa colère sur les biens matériels, plutôt que de S’en prendre directement à lui, à sa santé ou à celle de ses proches.
Un jour, un autre Juif me fit part du fait qu’il ne priait qu’une fois par semaine.
« Est-ce que vous n’êtes Juif qu’un seul jour par semaine ? Et est-ce que le Créateur n’est bon envers vous qu’une fois par semaine ? » m’étonnai-je.
Touché par ma réplique et par son message sous-jacent, il reconnut son erreur : « Vous avez raison. Je n’y avais pas pensé. Je suis Juif toute la semaine, et Il me prodigue Ses bienfaits chaque jour de la semaine, et c’est pourquoi je dois prier et Le louer chaque jour. »
Cette anecdote prouve que parfois, les gens ne réalisent pas tout le bien que D.ieu leur fait heure après heure, et c’est pourquoi ils ne sont pas suffisamment reconnaissants envers Lui.
Mais s’ils y réfléchissent davantage et regardent autour d’eux, ils ne pourront manquer de s’apercevoir de tout le bien qui les entoure et ils en arriveront à se répandre en louanges devant le Créateur.
CHEMIRAT HALACHONE
Il ne faut pas perdre de vue le principe en vertu duquel « Dieu défend l’opprimé ». De même, Rabbi Yéhouda a dit au nom de Rabbi Yossi ben Néhouraï : « Le Saint béni soit-Il demande toujours compte du sang des persécutés à leurs persécuteurs. » On en déduira combien l’homme doit éviter d’être de ceux qui prêtent la main à la discorde en persécutant l’une des parties en présence, car au final, D.ieu leur en demandera des comptes. Pire, au lieu de recueillir les lauriers de la victoire comme ils l’escomptaient, ils récolteront finalement la honte puisqu’ils seront punis par la lèpre ou la pauvreté. Par contre, celui qui évite toute dispute est honoré de tous.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Eternel, ma force, mon appui (…) » (Yirmyahou 16:19 et suivants)
Lien avec la paracha : Dans la haftara est évoqué le thème de la punition que le Saint béni soit-Il amènera sur les enfants d’Israël s’ils n’accomplissent pas la Torah, en parallèle aux malédictions évoquées dans la paracha à leur encontre en cas de non-respect des lois de la Torah.
AU PARFUM DES MINHAGUIM
Le Chabbat, on ne met pas les téfillin.
La raison en est que, de même que la mitsva des téfillin et celle de la brit mila, le Chabbat fait partie des mitsvot qui sont qualifiées de ot – signe entre le Créateur et les enfants d’Israël, témoignant que ceux-ci en sont les serviteurs.
Or, chaque jour, l’homme fait appel à deux de ces signes, à travers la brit mila inscrite en lui ainsi que la pose des téfillin. Le Chabbat également, deux de ces signes sont présents – le saint jour et la brit mila –, sans qu’il soit nécessaire de mettre les téfillin.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
Fixer des moments pour l’étude
« Si vous vous conduisez selon Mes lois, si vous gardez Mes préceptes et les exécutez. » (Vayikra 26:3)
« Lorsqu’un homme conclut l’étude d’un traité, c’est une mitsva de célébrer cela par un repas », indique le Rama (Yoré Déa 246:26). Le Shakh précise au nom du Maharchal que même celui qui n’a pas terminé d’étudier le traité doit participer à la célébration. Car quiconque participe à un siyoum, c’est comme s’il avait lui-même étudié tout le traité, même si tel n’est pas le cas.
Nous pouvons nous interroger sur l’obligation que nous avons de marquer par un repas la fin de l’étude d’un ou de plusieurs traités. Le but sous-jacent de cet ordre semble être de permettre à tous ceux qui participent à cette réjouissance d’être impressionnés par le sérieux de cet homme parvenu, grâce à une grande persévérance, à étudier un traité entier page après page. Certains se joignent à l’étude universelle du Daf Hayomi, dans le cadre de laquelle une même page du Talmud est étudiée dans le monde entier. Lorsque, au terme d’un tel cycle d’étude, on participe au siyoum de l’ensemble de la Guémara, il est impossible de ne pas être envahi par l’immense joie de celui qui, après sept années de constance infaillible, l’a achevé. Face à cette joie inégalable, un sentiment d’émulation nous envahit – au point qu’on éprouve parfois même de la peine de ne pas avoir eu soi-même cette détermination dans l’étude. Or, lorsque le Saint béni soit-Il constate la volonté sincère de tout Juif d’étudier lui aussi la Torah et de pouvoir célébrer l’achèvement d’un traité, Il considère qu’il l’a réellement fait.
Nous pouvons nous demander si la participation d’un homme à un siyoum lui sera toujours considérée comme l’étude effective du traité en question, ou si le privilège que représente ce “raccourci” ne lui sera accordé qu’une fois. En effet, si, après avoir une première fois éprouvé de la peine de ne pas avoir achevé l’étude de la Guémara, il participe à nouveau sept ans plus tard à ce siyoum, alors qu’il n’a pas profité de cette seconde occasion pour l’étudier lui-même, il n’est pas évident que sa seule participation lui sera comptée au même titre que l’étude. Le Saint béni soit-Il, qui « scrute les reins et les cœurs », déterminera alors si cet individu a eu un réel empêchement durant ces années et, le cas échéant, ne lui tiendra pas rigueur pour son manque d’investissement personnel et considérera une fois de plus cette participation comme s’il avait lui-même terminé l’étude de l’ensemble des traités.
Il est connu que la seconde question posée à l’homme au tribunal céleste est : « As-tu fixé des moments pour l’étude de la Torah ? » (Chabbat 31a) Heureux celui qui pourra répondre par l’affirmative, et malheur à celui qui, ne sachant que répondre, sera couvert de honte ! Les personnes qui participent à l’étude universelle du Daf Hayomi font sans doute partie de celles qui, avec dévotion, réservent une plage horaire à l’étude, soit au petit matin, soit en soirée, après une longue journée de travail. Heureuses soient-elles d’être parvenues à se plier à l’injonction du verset : « Si vous vous conduisez selon Mes lois » !
ENTRE LES LIGNES
Un signe rassurant
« Je vous accorderai les pluies en leur temps » (Vayikra 26:3)
Première explication : la nuit.
A l’époque d’Hérode, la pluie tombait la nuit, et le matin, le vent dispersait les nuages. Le soleil brillait alors de tout son éclat et la terre séchait. Les ouvriers se rendaient ainsi à leur travail, conscients que leur Père céleste agréait leurs actes.
Autre explication : la nuit de Chabbat.
A l’époque de Chimon ben Chéta’h et de la reine Salomé, il pleuvait toutes les nuits de Chabbat, si bien que les plantations atteignaient des proportions exceptionnelles : les épis de blé étaient de la taille de reins, les grains d’orge avaient celle d’olives et les lentilles, de pièces d’or. Les Sages en mirent de côté pour que les générations à venir réalisent les conséquences de la faute, comme il est dit : « Ce sont vos fautes qui ont dérangé le cours de ces lois, vos péchés qui vous ont privé de ces bienfaits. » (Yirmyahou 5:25)
(Vayikra Rabba)
Garder en mémoire
« Et Je Me ressouviendrai de Mon alliance avec Yaakov, Mon alliance aussi avec Its’hak, Mon alliance aussi avec Avraham, Je M’en souviendrai, et la terre aussi, Je M’en souviendrai. » (Vayikra 26:42)
Pour Its’hak, la notion de souvenir n’est pas répétée, car celui-ci est évoqué en permanence devant le Saint béni soit-Il, sans qu’il soit nécessaire de le préciser.
Pour Yaakov, le terme אף (« aussi ») est omis, car sa descendance est sans tâche.
Pourquoi Yaakov est-il mentionné en premier ? Parce qu’il a rencontré des difficultés dans l’éducation de ses enfants et parce que les enfants d’Israël sont appelés d’après lui (Israël est en effet son deuxième nom).
[Dans le Zohar III, p. 30a, est rapporté le commentaire de Rabbi ‘Hiya sur le verset « Un feu continuel sera entretenu sur l’autel, il ne devra point s’éteindre » (Vayikra 6:6) : il s’agit du brasier d’Its’hak, qui brûle éternellement.]
(Midrach Agada)
Les patriarches et la Terre sainte
« Et Je Me ressouviendrai de Mon alliance avec Yaakov, Mon alliance aussi avec Its’hak, Mon alliance aussi avec Avraham, Je M’en souviendrai, et la terre aussi, Je M’en souviendrai. » (Vayikra 26:42)
Pourquoi le texte évoque-t-il le mérite de nos patriarches sur le même plan que la Terre sainte ?
Rabbi Chimon ben Lakich propose une parabole : un roi avait trois fils, élevés par une gouvernante. Lorsque le roi s’informait du bien-être de ses enfants, il disait : « Demandez-moi des nouvelles de la gouvernante. » De même, le Saint béni soit-Il évoque le mérite des patriarches en même temps que celui de la terre, dans le verset « Et Je Me ressouviendrai de Mon alliance avec Yaakov, Mon alliance aussi avec Its’hak, Mon alliance aussi avec Avraham, Je M’en souviendrai, et la terre aussi, Je M’en souviendrai. »
(Yalkout Chimoni)
L’ÉDUCATION
Nous avons jusque-là évoqué un certain nombre de bases de l’éducation, et notamment la chaleur et l’affection que nous devons témoigner à nos enfants de la naissance jusqu’à l’âge adulte – une période relativement longue. Mais nous voudrions à présent regarder quelque milliers d’années en arrière, pour nous inspirer de l’éducation reçue par le plus sages des hommes, telle qu’il nous la décrit (Michlé 4:3-4)
« Lorsque j’étais, moi aussi, un enfant au regard de mon père, un fils tendrement et uniquement aimé par ma mère, il m’instruisait en me disant : Que ton cœur s’attache à mes paroles ; garde mes préceptes et tu vivras ! »
Dans son enfance, nous révèle Chelomo Hamélekh, il était entouré de parents aimants se souciant de son développement et de ses besoins, comme « un fils tendrement et uniquement aimé de sa mère ». C’est justement ce climat privilégié qui lui permit d’enregistrer les paroles de son père, se souciant de sa vie spirituelle : « Que ton cœur s’attache à mes paroles ; garde mes préceptes et tu vivras ! »
Or, si l’on parcourt le livre de Michlé, on remarquera que, sous différentes formes, ce message est récurrent, avec un dénominateur commun : les ordres concernant la vie spirituelle émanent toujours de Celui qui se soucie de l’homme et lui accorde la vie.
Il s’agit en fait de l’important et spécifique mérite des parents, mérite irremplaçable. Les parents mettent leurs enfants au monde et les éduquent matériellement et spirituellement. Ce sont eux qui déversent sur eux leur chaleur et leur amour sans limites, et les enfants sont bien conscients du fait que leur vie se développe par le pouvoir de leurs parents, par leur don.
L’enfant se trouve en processus de formation et de croissance, physiquement et moralement. Il commence à acquérir son expérience de la vie et ajoute sans cesse des sentiments et des opinions nouvelles. Quiconque participe de ce processus de croissance de l’enfant a le pouvoir de l’orienter dans la même mesure que l’éducateur contribue à son développement psychique.
Dans sa lettre sur l’éducation des enfants, le Gaon de Vilna demandait à sa femme de veiller constamment à leur santé et à leur alimentation pour qu’ils ne manquent de rien. Il semblerait que cette instruction soit directement liée à l’éducation, car ce souci du matériel ouvre la porte à l’influence spirituelle.
Puisque nous touchons à ce point, nous allons nous permettre de dévier quelque peu de notre thème central, à savoir la capacité de donner, pour évoquer une importante remarque que le Steipeler zatsal avait l’habitude de faire : « Autrefois, en Diaspora, on vivait dans de petits villages, dans une pauvreté extrême, si bien qu’on était habitué à ne pas pouvoir obtenir tout ce qu’on voulait. Lorsqu’ils rentraient de l’école, les enfants n’avaient souvent rien à manger chez eux, et étaient accoutumés à souffrir de la faim. Même lorsqu’il y avait à manger, il s’agissait de nourriture simple. Les fruits étaient un luxe hors de portée des gens. Il était très rare de recevoir des vêtements neufs. Mais la pauvreté et les souffrances ont des effets positifs sur l’éducation. Quand il arrivait qu’une personne adulte n’ait pas quelque chose qu’elle aurait voulu, elle y était habituée depuis l’enfance, sans que cela la perturbe outre-mesure.
« De nos jours, c’est tout le contraire : l’enfant est habitué, depuis son plus jeune âge, à obtenir tout ce qu’il désire ; de la nourriture, il en a en abondance, fruits, friandises… Il ne connaît pas la privation. Il est habillé comme un prince, recevant sans cesse de nouveaux vêtements.
« Par contre, dans le domaine spirituel, c’est loin d’être la profusion, et l’éducation des enfants est complètement négligée. Le père part au travail et n’a pas le temps de s’occuper de ses enfants. Quand il rentre à la maison, il est fatigué et nerveux, et n’est pas disposé à parler avec ses enfants afin de les éduquer, de les guider. Les enfants grandissent donc sans éducation.
« Autre effet pervers de ce mode de vie : une fois qu’ils grandissent, quand quelque chose ne va pas exactement comme ils le voudraient, ils sont nerveux et amers, pouvant même en arriver à la dépression.
« De la nourriture et des vêtements, les parents peuvent leur en donner à volonté, mais la satisfaction de réussir, ils ne le peuvent pas. Quand l’enfant n’a pas de succès à l’école, que d’autres élèves le dépassent, la jalousie le dévore. Lui qui était habitué à recevoir tout ce qu’il voulait se retrouve soudain frustré, face à quelque chose que ses parents ne peuvent lui fournir. Cela peut le mener à une crise profonde.
« Il en irait tout autrement s’il était vacciné, habitué depuis son enfance au fait qu’on ne peut pas tout avoir. Dans ce cas, les aléas de l’existence ne l’affecteraient pas aussi durement. En outre, quand on est habitué à un mode de vie humble et limité, tout ce qui est un peu mieux que l’ordinaire donne lieu à une grande joie, si bien qu’on est toujours content. »
DES HOMMES DE FOI
Il y a environ vingt ans, un homme participa à la célébration de la hilloula du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto et, à travers des pleurs déchirants, raconta à l’assemblée son histoire poignante :
Des examens médicaux récents avaient révélé qu’il était atteint d’un cancer généralisé, que D.ieu en préserve. Les médecins ne lui donnaient pas plus de six mois à vivre et lui avaient dit : « Vous n’avez plus rien à faire. Il n’y a aucun remède à votre mal. Profitez donc de la vie pendant les six mois qui vous restent. »
Les participants à la hilloula l’encouragèrent en lui disant : « Ici repose le grand médecin, Rabbi ‘Haïm Pinto. Priez D.ieu pour que par le mérite du Tsaddik, vous guérissiez. »
Le malade répondit avec amertume : « Tous les grands médecins ne peuvent rien pour moi. S’il en est ainsi, que va pouvoir faire un tombeau ? »
« Alors, pourquoi êtes-vous venu ? » lui demandèrent-ils. Il répondit avec franchise : « J’ai entendu dire qu’il y avait une hilloula et un repas, alors j’ai voulu y prendre part. »
Les pèlerins insistèrent : « Si vous êtes arrivé jusqu’à cet endroit si saint, c’est un signe du Ciel que D.ieu vous a entrouvert la porte de la guérison. »
Quelques personnes l’allongèrent sur la tombe et le bénirent : « Que l’on se rencontre, avec l’aide de D.ieu, l’année prochaine, lorsque vous serez entièrement guéri ! »
Six mois passèrent et le malade retourna chez le médecin. « Vous êtes encore vivant ? Comment est-ce possible ? s’étonna le praticien. Venez, nous allons refaire des examens. » Il lui fit un bilan général et effectivement, ne trouva plus aucune trace de cette redoutable maladie.
Cette histoire a été racontée par son protagoniste lui-même, la nuit de la hilloula du Tsaddik, Moché Aharon Pinto, le 5 Elloul 2004 (5764). Des centaines de personnes l’ont entendue, et beaucoup d’entre elles versèrent avec lui des larmes de joie et d’émotion devant ce véritable miracle.