La Paracha de la semaine en format PDF

la Paracha en PDF

paracha de la semaine

Parachat Bemidbar

11 Juin 2016

ה' סיון תשע"ו

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 21h35* 23h00 00h37
Lyon 21h11* 22h29 23h43
Marseille 21h00* 22h13 23h15
Ra'anana 19h28 20h30 21h15
(*) L'on allumera selon l'heure de sa communauté

Acceuil ARCHIVES

Le campement des tribus par drapeau

Rabbi David Hanania Pinto

« Rangés chacun sous une bannière distincte, d’après leurs tribus paternelles, ainsi camperont les enfants d’Israël ; c’est en face et autour de la Tente d’assignation qu’ils seront campés. » (Bamidbar 2:2)

Le Midrach Tan’houma nous rapporte le dialogue qui se tint entre le Saint béni soit-Il et Moché au sujet du campement des tribus autour du tabernacle. D.ieu donna à ce dernier l’instruction de faire camper chaque tribu sous sa bannière, ce à quoi il objecta que le fait d’imposer à chacune, désignée par son propre drapeau, un emplacement particulier risquait de susciter des querelles au sein du peuple, les uns étant plus proches du tabernacle que les autres. Et l’Eternel de répondre que, de même que le patriarche Yaakov avait, avant sa mort, transmis à ses fils l’ordre dans lequel ils transporteraient son cercueil, ainsi devaient-ils à présent camper autour du tabernacle.

Le Ari, zal, affirme (Péri Ets ’Haïm, la prière, introduction) qu’il existe douze portes célestes accueillant les prières, en parallèle à ce nombre de tribus, chacune d’elle représentant l’une de ces portes, qui correspondent chacune à un noussa’h particulier (version donnée de la prière, différente selon la communauté d’origine) – aussi n’est-il pas souhaitable de changer le noussa’h dont on a hérité. Si l’on comprend aisément la logique selon laquelle chaque tribu devait avoir une place fixe autour du tabernacle, de même qu’elle possède sa propre porte dans le ciel, il est plus difficile d’appréhender la nécessité d’un drapeau distinct sous lequel elle devait camper.

Il semble que le Saint béni soit-Il désirait à la fois que les enfants d’Israël soient proches de Sa Présence – ce pour quoi Il ordonna qu’ils campent tous autour du tabernacle – et que la paix règne parmi eux. Par conséquent, en dépit de l’emplacement respectif des tribus, plus ou moins proche du tabernacle, il incombait à chacune de considérer les autres comme plus grandes qu’elle. Même celles qui bénéficiaient d’une plus grande proximité de la Présence divine, devaient attribuer ce privilège à une décision de l’Eternel et non à leur propre grandeur. Un travail personnel était donc exigé de tout individu, travail qui lui permettrait de découvrir la spécificité de l’autre et de l’estimer davantage que lui-même. D’ailleurs, le terme déguel (drapeau), à rapprocher du terme gadelout (grandeur), souligne justement cette fonction propre aux drapeaux, celle de rappeler à l’homme la valeur de son prochain, conception positive qui constitue la véritable grandeur et mène à la solidarité.…

Pour en revenir au Midrach cité en préambule, Moché craignait que la place de choix de certaines tribus par rapport à d’autres ne crée un climat de haine. Le Saint béni soit-Il le rassura alors en lui affirmant que cette situation serait au contraire très profitable, puisque chaque tribu s’exercerait à voir l’autre dans sa différence et à considérer celle-ci comme un atout. Ainsi, celui qui serait plus proche du tabernacle estimerait son prochain, plus éloigné, davantage que lui-même, tandis que ce dernier aspirerait à l’égaler dans sa proximité de la Présence divine.

Déceler la grandeur d’autrui est primordial, car celui qui, aveuglé par sa suffisance, n’y parvient pas, ne pourra pas non plus appréhender celle du Créateur. Les tribus les plus proches du tabernacle devaient se travailler davantage pour intégrer cette conception et ressentir, en dépit de la situation apparente, la prééminence des autres ; seulement alors méritaient-elles d’être réellement proches de la Présence divine.

Un jour, alors que je marchais en compagnie d’un nanti, je le vis soudain se baisser pour ramasser une pièce qu’il avait aperçue sur le sol. Je le questionnai sur son comportement étrange, et il me raconta que, dans sa jeunesse, ces petites pièces avaient tant de valeur pour lui qu’il ne pouvait les négliger jusqu’à ce jour, bien qu’il fût désormais riche. Ceci corrobore l’enseignement de nos Sages : « la loi pour une pièce est la même que celle pour cent », car de chaque pièce, on peut en gagner cent. De l’importance de chaque petite pièce, nous pouvons déduire, a fortiori, celle de chaque homme. Tout Juif recèle une valeur inestimable ; il nous est interdit de le mépriser, et il nous incombe au contraire de l’estimer au plus haut point.

Telle était justement la vertu par laquelle les enfants d’Israël se distinguaient lors de leur traversée du désert : chacun mettait en valeur les qualités de son prochain. Ceux qui étaient plus proches du tabernacle attribuaient ce privilège à la décision divine, et non à leur propre mérite, et considéraient les membres des autres tribus comme plus grands qu’eux, tandis que ces derniers les vénéraient et aspiraient à mériter eux aussi une telle proximité de la Présence divine.

CHEMIRAT HALACHONE

Le respect des parents

Même si la personne qui sème la discorde est un proche, voire même son père, il faut faire très attention à ne pas lui témoigner de respect, de crainte d’être entraîné dans la dispute.

Même si son père ordonne de se mêler à cela, il ne faudra pas l’écouter, comme c’est le cas concernant toute mitsva, y compris d’ordre rabbinique. En effet, le fils comme le père sont soumis à l’obligation suprême d’honorer le Créateur, à plus forte raison concernant la grave faute de la discorde.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « Il arrivera que la multitude des enfants d’Israël égalera le sable de la mer qu’on ne peut ni mesurer, ni compter (…) » (Hochéa 2:1)

Lien avec la paracha : Dans la haftara, le prophète Hochéa annonce que le nombre des enfants d’Israël va croître comme le sable de la mer, que l’on ne peut compter, ce qui nous renvoie au thème du recensement évoqué dans la paracha.

LA VOIE TRACÉE

Médecin de toute chair

Le docteur Elyahou Bismuth, mon médecin personnel, me raconta qu’un jour, il croisa un collègue qui se confia à lui : il était atteint de la maladie que l’on redoute tant dans l’une de ses versions les plus rares et redoutables.

Mon médecin était bien conscient que face à un mal si grave, seule la prière pourrait le sauver, et c’est pourquoi il lui demanda s’il mettait les tefillin. L’autre lui répondit par la négative. Docteur Bismuth lui promit alors que s’il s’engageait à les mettre tous les jours, il prierait pour qu’il guérisse de cette maladie terrible. Par le mérite du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto, il pourrait s’en sortir. Son ami accepta.

La nuit suivante, Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal apparut en rêve au docteur Bismuth et lui promit que son ami guérirait par ce qu’il avait pris sur lui de se renforcer dans l’accomplissement de la mitsva des tefillin. D’ailleurs, il se sentait déjà mieux. A la fin, le Tsaddik lui demanda d’aller dès à présent annoncer la bonne nouvelle à son ami.

A son réveil, docteur Bismuth se hâta de suivre les consignes du Tsaddik. Après qu’il lui eut annoncé la bonne nouvelle, ce dernier fit l’aveu suivant : « Je ne croyais pas en D.ieu et en la Torah jusque-là, mais à présent que je ressens réellement cette amélioration et que je comprends que c’est par le mérite de mon élan de téchouva, j’ai foi en l’existence de D.ieu et dans le pouvoir des Tsaddikim. »

Après un certain temps, lorsque ce médecin consulta l’un des plus grands spécialistes dans le domaine de cette maladie, les résultats des examens prouvèrent de façon incontestable que toute trace de l’affection si rare avait disparu comme s’il n’avait jamais été malade. Le grand professeur pour lequel il était impossible que son patient puisse guérir un jour fut stupéfait par ce prodige et quand il entendit le « traitement » qu’il avait suivi, son éblouissement ne connut pas de bornes. Un vrai kiddouch Hachem.

AU PARFUM DES MINHAGUIM

La fête de Chavouot a ni plus ni moins que six noms – celui-ci étant le plus connu.

L’une des explications de ce nom est que le Saint béni soit-Il béni soit-Il a juré de ne pas nous échanger contre un autre peuple, tandis que, de notre côté, nous Lui avons juré fidélité – il s’agit donc de chevouot – « serments », qui s’écrit comme le nom de cette fête.

Celui-ci fait en outre allusion au fait que pour recevoir la Torah, nous comptons sept semaines, en parallèle aux chiva nékiim, les sept jours précédant l’immersion de la femme dans un mikvé, si importants dans la vie d’un couple. Cela fait allusion au fait que la Torah ne fut donnée qu’à l’issue de ce processus de purification de sept semaines.

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto Chlita

La Torah, ancrée dans le cœur de tout Juif

« Faites le relevé de toute la communauté des enfants d’Israël, selon leurs familles et leurs maisons paternelles, au moyen d’un recensement nominal de tous les mâles, comptés par tête. » (Bamidbar 1:2)

Nous pouvons nous demander pour quelle raison le Saint béni soit-Il demanda à Moché d’établir le compte des enfants d’Israël, alors qu’Il le connaissait pertinemment. De fait, par le biais de ce recensement, le Créateur désirait faire savoir publiquement que chaque Juif a son importance propre, en cela qu’il est intrinsèquement lié à la Torah, reçue au Sinaï. Ce dénombrement a donc la dimension d’une proclamation, adressée à tout Juif, selon laquelle il fait partie du peuple élu qui s’est distingué des autres par son acceptation de la Torah. Tout Juif, fût-il éloigné voire même coupé de la Torah, reste pourtant juif, et même si on le convertit mille fois au christianisme et lui inculque nuit et jour cette religion – à D.ieu ne plaise –, ce sera toujours du sang juif qui coulera dans ses veines, et son appartenance au peuple chéri de l’Eternel ne pourra jamais être annihilée.

La spécificité des Juifs par rapport aux autres nations réside en effet dans cet héritage ancré au plus profond de leur cœur, la Torah. Même si celle-ci n’apparaît pas toujours extérieurement de manière évidente, elle vibre pourtant invariablement au plus profond de nous, en vertu du verset : « Ta Torah a pénétré jusqu’au fond de mes entrailles. » (Psaumes 40, 9) D’ailleurs, qui sait quand cette Torah, au départ dissimulée dans les tréfonds du cœur du Juif, rejaillira soudain pour témoigner haut et fort son appartenance au peuple de prédilection ?

La Guémara (‘Haguiga 3a) rapporte l’histoire de deux élèves de Rabbi qui étaient muets, mais qui, en dépit de leur handicap, assistaient quotidiennement à son cours dans la maison d’étude. Lorsque Rabbi constata leur exceptionnelle assiduité et leur désir ardent d’étudier la Torah, il pria l’Eternel pour qu’Il leur accorde la guérison et qu’ils recouvrent la parole. Sa prière fut agréée par le Très-Haut, et ces deux élèves se mirent miraculeusement à parler. Leur grande érudition en Torah devint alors manifeste à leurs compagnons d’étude, puisque, en dépit de leurs limitations, ils avaient absorbé avec avidité les enseignements de leur maître, n’en perdant pas un seul mot.

S’il s’agit là d’un miracle incontestable, nous pouvons néanmoins en déduire une édifiante leçon de morale : ces élèves aspiraient tant à progresser en Torah qu’ils parvinrent à surmonter leurs limitations physiques et, contre toute logique, comprirent et intégrèrent l’enseignement de leur maître. Une question surgit alors : si ces hommes étaient animés d’un si grand amour pour la Torah, pourquoi, au lieu de les créer muets, D.ieu ne les a-t-Il pas directement créés sains, d’autant plus qu’Il les a ensuite guéris ?

La clé de cette énigme se trouve dans le verset : « Il a révélé Ses paroles à Jacob, Ses statuts et Ses lois de justice à Israël » (Téhilim 147:19), qui souligne que la racine du peuple juif est très ancienne, puisqu’elle date du temps de Yaakov Avinou. La Torah, au départ donnée à nos patriarches, fut ensuite léguée au peuple juif au pied du mont Sinaï, et c’est elle qui continue à être transmise à travers la chaîne des générations. Répondons à nos précédentes interrogations à la lumière de cette donnée : le Saint béni soit-Il a vraisemblablement créé ces hommes muets afin de nous enseigner que la Torah est ancrée au plus profond de tout Juif. Le fait qu’en ayant simplement écouté les enseignements de leur maître sans avoir pu les réviser, à cause de leur mutisme, leur ait suffi pour progresser et devenir de grands sages, atteste en effet que la Torah était déjà inscrite en eux.

La Torah étant enracinée dans l’âme du Juif, aucun handicap ne peut l’empêcher de l’étudier et d’en appréhender les secrets. De ce fait, l’Eternel a finalement guéri ces élèves afin de démontrer que chacun est capable d’étudier, la Torah étant profondément fixée dans le cœur de chaque Juif, que ce soit apparent ou non. Ces miraculés qui, au départ, ne pouvaient donner à leur entourage l’impression de comprendre les enseignements de Rabbi, révélèrent, une fois guéris, l’exceptionnel niveau qu’ils avaient atteint, témoignant ainsi leur richesse intérieure en Torah.

ENTRE LES LIGNES

Une parfaite égalité

« Or, voici les noms des hommes qui vous assisteront : pour la tribu de Réouven, Elitsour, fils de Chédéour (…) ; pour Naftali, A’hira fils d’Enan. » (Bamidbar 1:5-15)

On notera que les tribus sont à chaque fois énumérées dans un ordre différent, afin de nous enseigner que toutes sont égales aux yeux du Créateur.

(Léka’h Tov)

Une noble lignée

« Les bné Israël obéirent : tout ce que l’Eternel avait ordonné à Moché, ils s’y conformèrent. » (Bamidbar 1:54)

Chers sont les drapeaux devant le Très-Haut, puisqu’Il a écrit : « tout ce que l’Eternel avait ordonné à Moché ». De même qu’ils se conformèrent à tous les ordres de l’Eternel concernant le tabernacle, chaque tribu campa sous une bannière distincte et se déplaça d’un bloc.

Le texte souligne ici l’empressement des enfants d’Israël à exécuter ces prescriptions du Créateur sans le moindre retard.

Mais où était Aharon ? [Plus haut, il est mentionné (ibid. verset 17) : « Moché et Aharon s’adjoignirent ces hommes, désignés par leurs noms. »]

Rabbi Yéhochoua ben Rabbi Né’hémia et Rabbi Lévi bar ’Hita affirment au nom de Rabbi ’Hiya bar Abba : « Lorsque Aharon établit la filiation des tribus, celles-ci le raillèrent : Avant de te soucier de notre filiation, soucie-toi de celle de ton fils Elazar ; n’est-il pas marié à la fille de Poutiel ?! » [cf. Chémot (5:25) : Quant à Elazar, fils d’Aharon, il choisit pour femme une des filles de Poutiel (…) »]

En voyant que les bné Israël avaient tendance à le mépriser, le Saint béni soit-Il fit précéder l’honneur d’Aharon à celui de Moché, comme il est dit, peu après (ibid. 3:1) : « Suivent les générations d’Aharon et de Moché (…) ».

(Bamidbar Rabba)

Accroître la récompense

« Fais le dénombrement des enfants de Lévi (…), tous les mâles, depuis l’âge d’un mois (…) » (Bamidbar 3:15)

Pourquoi si jeunes ? Des nourrissons ayant eux-mêmes besoin qu’on les garde étaient-ils capables de garder la Tente d’Assignation ? Pourquoi les recenser à partir d’un mois ?

Rav Houna Hacohen répond au nom de Rav Chemouel bar Zéira, que c’était pour décupler leur récompense. Pourquoi ? Car ils ne participaient au service du sanctuaire qu’après l’âge de trente ans, aussi les recensait-on depuis l’âge d’un mois, afin de les récompenser dès ce moment.

(Bamidbar Rabba)

De bons voisins

« Pour ceux qui stationnaient à la face orientale du tabernacle, devant la Tente d’Assignation, au levant, c’étaient Moché, Aharon et ses fils (…) » (Bamidbar 3:38)

Comment leurs campements étaient-ils installés ?

Les Léviim campaient autour du tabernacle – Moché, Aharon et ses fils, à l’est, comme il est dit dans le verset précité.

Près des ces Tsaddikim se trouvaient les campements de Yéhouda, Issakhar et Zévouloun.

« Heureux le Tsaddik ! Heureux son entourage ! » en déduisent nos Sages. On voit en effet que ces trois tribus physiquement proches de Moché et d’Aharon se distinguèrent dans la Torah. Au sujet de la première d’entre elles, il est écrit : « Le sceptre n’échappera pas à Yéhouda, ni l’autorité à sa descendance » (Béréchit 49:10) et « Yéhouda est Mon sceptre » (Téhilim 60:9). Concernant Issakhar, on peut lire : « Des gens d’Issakhar, experts en la connaissance des temps pour décider de la conduite à tenir par Israël, il vint deux cents chefs, auxquels obéissaient tous leurs frères » (Divré Hayamim I 12:33) – il s’agit des deux cents dirigeants du Sanhédrin qui sortirent des rangs de cette tribu. Quant aux descendants de Zévouloun, ils devinrent tous de grands Sages.

Par contre, au sud du tabernacle se trouvaient les descendants de Kéhat, de la tribu de Lévi, et, à leurs côtés, les tribus de Réouven, Chimon et Gad. A leur égard a été énoncée la sentence suivante : « Malheur à l’impie ! Malheur à ses voisins ! » En effet, c’étaient les voisins de Kora’h et de ses adeptes, qui furent emportés avec lui dans le feu de la discorde et en firent également les frais, comme il est dit (Bamidbar 16:32) : « La terre ouvrit son sein et les dévora, eux et leurs maisons, et tous les gens de Kora’h (…) ».

(Yalkout Chimoni)

DE LA PLUME DU RAV

Piyout pour la fête de Chavouot, composé par le Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal

סימן: חיים חזק

אִמְרֵי אֵ-ל מַה נִמְרְצוּ, מֵעֵינֵיכֶם אַל יָלִיזוּ

הִתְקוֹשְׁשׁוּ וָקוֹשׁוּ, אַל תֶּחֶטְאוּ וְתִּרְגָּזוּ, וְתָמִיד פָּנָיו בַּקְּשׁוּ.

דִּרְשׁוּ ה' וְעוּזוֹ:

חֶלְאַת זוֹהֲמַת נָחָשׁ, הָסִירוּ וְהִטַּהֲרוּ

עֲשׂוּ מַעֲשֵׂה פִּנְחָס, אֲשֶׁר קִנֵּא לְשֵׁם יוֹצְרוֹ

עוּרוּ הַיְשֵׁנִים וְהָקִיצוּ, וּבִנוּ בוֹעֲרִים עַם זוּ.

דִּרְשׁוּ ה' וְעוּזוֹ:

יָצַר אָדָם בְּחָכְמָה, אַרְבַּע יְסוֹדוֹת בּוֹ חִבַּר מוֹתָרוֹ מִבְּהֵמָה

הֵן פִּיהוּ הַמְדַבֵּר, גּוֹבֵר עֲלֵיהֶם תָּמִיד כְּחֶפְצוֹ, מִפָּנָיו חָלוּ וְרָגְזוּ.

דִּרְשׁוּ ה' וְעוּזוֹ:

יְקָרָה מִפְּנִינִים, תּוֹרַת אֱמֶת אֲשֶׁר נָתַן, בָּהּ יִכָּנְעוּ הַזּוֹנִים

אַחַר יִצְרָם אֲשֶׁר נָתַן, יוּתַּן לַטֶּבַח וְכָל נִיצוֹצוֹ, אַנְשֵׁי צָבָא אִישׁ לֹא בָּזְזוּ.

דִּרְשׁוּ ה' וְעוּזוֹ:

מָה אָנוּ מָה חַיֵּינוּ, כִּי אָדָם לַהֶבֶל דָּמָה,

אִם רְצוֹן אֵ-ל עָשִׂינוּ, הֲלֹא יֵשׁ לוֹ דִין קְדִימָה

כַּמָּה רַב טוּבוֹ, מִי בָא עַד קִצּוֹ, עֵינָיִם אוֹתוֹ כֹּל חָזוּ.

דִּרְשׁוּ ה' וְעוּזוֹ:

חַסְדְּךָ וְצִדְקָתְךָ, מְשֹׁךְ אֵ-ל חַי לְיִשְׁרֵי לֵב

זְמַן קֵץ מְשִׁיחֶךָ, דָּרַשְׁתִּי אוֹתוֹ בְּכָל לֵב

עוֹלָם קַנָּא וְנוֹקֵם קָצְצוּ, אֲזַי חֲסִידִים יַעֲלֹזוּ.

דִרְשׁוּ ה' וְעוּזוֹ:

ZOOM SUR UNE FÊTE

La veillée de Chavouot

Des millions de personnes de par le monde aimeraient tant recevoir ne serait-ce qu’une seule berakha du Maître du monde. Elles seraient prêtes à fournir des efforts et à se sacrifier pour avoir le mérite de figurer sur la liste des heureux inscrits dans le « Registre des souvenirs » (Séfer Hazikhronot) du Créateur. Il est évident que d’avoir le mérite de recevoir la berakha de manière pleinement consciente n’est pas une petite chose. Mais que dire lorsqu’il s’agit de recevoir non pas une berakha, mais un faisceau de berakhot, au nombre de 70 ?!

A l’issue de ce Chabbat, cette possibilité va nous être donnée avec la veillée de Chavouot, minhag universellement répandu dans le monde juif.

Quelle est la récompense de ceux qui restent éveillés pour étudier la Torah en cette nuit ?

Voici ce qu’indique le Zohar (introduction au premier volume, p. 8a) :

« Tous ceux qui récitent le Tikoun [compilation de textes de la Torah écrite et orale] et se réjouissent en cette nuit seront inscrits dans le Séfer Hazikhronot, et le Saint béni soit-Il les bénira de 70 berakhot et [les coiffera] de couronnes du Monde d’en Haut. A leur endroit s’applique le verset (Malakhi 3:16) “Cependant les adorateurs de l’Eternel s’exhortèrent mutuellement : l’Eternel écouta et entendit, et un registre de souvenir fut dressé devant Lui en faveur de ceux qui craignent l’Eternel et qui respectent Son Nom.” »

On relèvera par ailleurs, dans l’ouvrage Minhagué haAri zal, également appelé Ptoura Déaba, la promesse selon laquelle quiconque ne dort pas, même un instant, en cette nuit entièrement consacrée à la Torah est assuré de terminer son année et d’être épargné, au cours de celle-ci, de tout mal. Cette idée est corroborée par Rabbi Chimon bar Yo’haï dans l’introduction de Béréchit. C’est en fait toute l’orientation de la vie de l’homme en cette année qui en dépend, car s’il ne dort absolument pas, il est certain qu’il ne mourra pas dans le courant de cette année. Voilà pourquoi cette coutume d’étudier toute la nuit de Chavouot s’est répandue dans notre peuple.

Ajoutons, au passage, que dans de nombreuses communautés, on évite au maximum de parler de sujets sans rapport avec l’étude, et ce, jusqu’à après la Kédoucha du kéter de la prière de Moussaf. C’est une ségoula particulière, basée sur les écrits du Ari zal, pour échapper à une mort en état de karèt, de retranchement, mot formé en hébreu, des mêmes lettres que kéter.

Une séance de rattrapage

La raison de cette coutume d’étudier pendant toute la nuit de Chavouot est expliquée dans les Pirké déRabbi Eliézer : alors que la Torah allait leur être donnée quelques heures plus tard, les enfants d’Israël passèrent la nuit à dormir, en cette période où les nuits sont courtes et si douces, au point que le Saint béni soit-Il dut les réveiller par le tonnerre et les éclairs qui précédèrent le don de la Torah. C’est en vue de réparer ce manquement que nos Sages ont instauré cette veillée d’étude, avec son tikoun jusqu’au petit matin, où on lit dans la Torah les Dix Commandements, comme si on les recevait au mont Sinaï.

La voix de la Chékhina

Afin de donner une idée de l’ampleur du tikoun, de la réparation opérée par l’étude de la Torah dans les sphères supérieures, nous allons citer le témoignage du Rav Chelomo Alkabetz zatsal, auteur du fameux chant de Chabbath « Lékha Dodi », récité par toutes les communautés du monde, le vendredi soir. Il nous retrace l’expérience qu’il a vécue alors qu’il se trouvait, en Diaspora, dans le même groupe de Sages que Rabbi Yossef Caro zatsal, auteur du Choul’han Aroukh, lors de la veillée d’étude de Chavouot :

 « Sachez que nous avions projeté, le ’Hassid [Rabbi Yossef Caro], moi son serviteur [Rabbi Chelomo Alkabetz] et des amis, de veiller ensemble la nuit de Chavouot. D.ieu soit loué, nous sommes parvenus à étudier sans nous arrêter un instant. Voici le séder d’étude, à commencer par la paracha de Béréchit. Nous avons lu les versets avec révérence, suivant la cantillation. Et incroyable mais vrai, lorsque nous avons commencé à étudier la Michna, le Créateur nous a donné le mérite d’entendre une voix s’exprimer par l’organe du ’Hassid, une voix forte et claire. Tous ceux qui étaient dans les parages entendirent cette voix sans la comprendre, voix très agréable qui, d’instant en instant, augmentait d’intensité. Nous tombâmes aussitôt face à terre ; plus personne ne respirait sous l’effet de la peur. Cette voix se mit alors à nous parler :

« Chalom, mes amis, les plus valeureux de tous, mes amis bien-aimés, salut à vous ! Heureux êtes-vous, ainsi que celles qui vous ont donné le jour ! Heureux êtes-vous dans ce monde et dans l’autre, vous qui avez pris sur vous de me couronner en cette nuit ! Car cela fait de longues années que ma face est abaissée sans personne pour me consoler, moi qui étais humiliée dans la poussière, reléguée dans un tas de fumier. Et enfin, vous m’avez restitué ma couronne.

« Renforcez-vous et poursuivez vos efforts, mes bien-aimés, réjouissez-vous dans l’allégresse, et sachez que vous êtes des êtres d’élite : vous avez le mérite de faire partie du palais du Roi du monde. Toute votre Torah et le souffle de vos bouches sont montés jusqu’au Saint béni soit-Il. Combien de cieux et d’espaces vos paroles ont-elles transpercés en montant ! Les anges se sont tus, les séraphins sont restés muets, les créatures saintes se sont tenues immobiles, ainsi que toute la légion d’en Haut et le Saint béni soit-Il, écoutant vos voix.

« Si vous étiez dix, vous vous seriez élevés encore davantage. Mais vous vous êtes tout de même élevés. Heureux votre sort et celui de vos parents, mes amis, qui vous êtes élevés et avez chassé le sommeil de vos yeux toute la nuit ! Par votre intermédiaire et par celui des amis qui se trouvent dans cette grande ville, je me suis élevée en cette nuit. Vous n’êtes pas comme ceux qui, dans leurs lits, se laissent aller au sommeil, qui constitue un soixantième de la mort. Vous, au contraire, vous êtes attachés à D.ieu et Il s’en réjouit.

« Aussi, mes fils, renforcez-vous et réjouissez-vous dans l’amour, la Torah et la crainte de D.ieu. Sachez que si vous pouviez évaluer, dans une infime mesure, la souffrance dans laquelle je me trouve, vous ne pourriez éprouver la moindre joie ou rire à l’idée qu’à cause des fautes, je suis traînée dans la poussière. Mais continuez à vous renforcer, mes chers et valeureux fils, et ne cessez pas d’étudier la Torah, car un fil de grâce est tendu sur vous, et votre Torah est agréée par le Très-Haut. Tenez-vous debout et rehaussez-moi, dites à voix haute, comme à Yom Kippour : Baroukh Chem Kévod Malkhouto Léolam Vaèd ! »

Le Rav Alkabetz rapporta d’autres paroles exaltées qu’ils entendirent au cours de cette nuit « ainsi que de nombreuses promesses. Nous éclatâmes tous en sanglots, sous l’effet combiné de la joie et de la détresse dans laquelle se trouvait, par nos fautes, la Chékhina, qui nous implorait d’une voix dolente. Nous nous sommes renforcés jusqu’au lever du jour sans nous arrêter d’étudier, avec une joie teintée de crainte. »

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan