Parachat EKEV 27 Août 2016 כ"ג אב תשע"ו |
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Internet, ou l’idole des temps modernes
Rabbi David Hanania Pinto
« Et tu ne dois pas apporter une abomination dans ta demeure, tu serais anathème comme elle : déteste-la, repousse-la avec horreur, elle est vouée à l’anathème. » (Dévarim 7:26)
Moché ordonna aux enfants d’Israël, avant son entrée en Terre Sainte, d’éradiquer complètement les statues des peuples y habitant, car elles sont une abomination et doivent être mises en anathème, comme il est écrit dans le verset cité ci-dessus. Notons, cependant, qu’il ne suffisait pas qu’ils les exterminent, mais qu’ils devaient ressentir, à leur égard, une véritable aversion. Cela nous enseigne la gravité que D.ieu prête à la faute de servir des dieux étrangers.
Bien que, par le passé, cette pratique fût répandue dans presque le monde entier, au fil du temps, l’avancée technologique et le modernisme aidant, elle a progressivement disparu et ne se trouve aujourd’hui que chez de rares peuplades vivant de manière archaïque. Mais ne nous leurrons pas : l’idolâtrie n’a pas vraiment disparu de la surface de la terre. Car si aujourd’hui, il n’est plus question de paganisme à proprement parler, il existe une autre forme d’idolâtrie, fruit de la modernité et du progrès, qui fait tomber un grand nombre de personnes dans ses rets.
Je veux parler d’Internet, qui, en dépit de tous les bons éléments qu’il renferme, provoque d’immenses dégâts. On ne peut renier l’efficacité de cet outil qui permet, en tapant sur quelques touches, d’avoir accès à un nombre d’informations illimité. Au lieu de se déplacer, il suffit d’un clavier et d’une souris pour qu’un monde en miniature se concentre sur notre écran. Aussi, en raison de son efficacité et de sa présence dans de très nombreux foyers ou lieux de travail, il a commencé à être utilisé pour transmettre des cours de Torah. Si, jusqu’à présent, il se trouvait des personnes qui avaient des difficultés à se rendre à un cours de Torah, par manque de temps, avec le progrès technologique et la disponibilité des moyens de communication, la tâche leur est rendue plus facile. Dès qu’elles ont du temps libre, elles peuvent immédiatement se connecter à un cours et se renforcer en crainte du Ciel.
Encore une fois, je ne désire pas nier ou minimiser l’efficacité de cet instrument, qui est parfois une aide réelle. Mais, dans une même mesure, on ne peut se voiler la face devant l’ampleur du danger qu’il recèle. Etant donné que je suis en contact permanent avec la communauté et reçois un nombre considérable de personnes venant me confier leurs soucis, je connais parfaitement le danger que représente Internet, en particulier pour les couples et l’éducation des jeunes. J’ai même entendu des histoires d’adultes qui se sont laissé happer par Internet. Ils pensaient que leur maturité les mettait à l’abri des dangers de la Toile et ont fait l’erreur de ne pas mettre de filtre lorsqu’ils travaillaient sur leur ordinateur, si bien qu’ils sont tombés dans ce piège.
L’idolâtrie d’aujourd’hui est, comme nous l’avons dit, Internet. Cet outil expose l’homme aux images les plus indécentes sans que personne ne puisse l’en protéger. Comment rester indifférent au péril qui se tient au seuil des maisons juives, cet outil abominable ayant trouvé sa place dans bon nombre de foyers ? De plus, le fait qu’il leur apporte parfois une aide non négligeable empêche ses utilisateurs d’y déceler une quelconque menace. Je me souviens qu’un jour, des parents se sont présentés à moi en pleurant parce que leurs quatre enfants passaient tout leur temps sur Internet au point d’avoir perdu l’envie de s’investir dans leurs études. Malgré la tristesse de cette situation, je leur adressai des reproches, les accusant d’en être responsables. Car ils auraient dû percevoir le danger à temps et empêcher leurs enfants d’utiliser cet outil destructeur. Nous voyons que même parmi le public non-religieux, en France comme dans le reste de l’Europe, un appel d’urgence a été lancé pour protéger les jeunes de cet instrument qui les attire et leur fait perdre toute valeur morale.
Nous devons être conscients du fait qu’Internet rompt le lien qui nous rattache au Créateur. Car dès lors que D.ieu voit la débauche et le manque de pudeur, Il se retire, comme il est dit (Dévarim 23:15) : « Ton camp doit donc être saint. Il ne faut pas que D.ieu voie chez toi une chose impudique, car Il se retirerait d’avec toi. » Pour mériter que la Présence divine réside en lui, l’homme doit au préalable débarrasser son foyer de cet instrument abominable. Ayant libéré son cœur de ces images indécentes, il pourra alors gravir les quarante-huit niveaux d’acquisition de la Torah, allusion aux quarante-huit solives du tabernacle, et s’attacher ainsi à son Créateur.
De même qu’à l’époque, D.ieu pria Moché d’ordonner aux enfants d’Israël de détruire les statues et de détester ce culte, nous devons prendre conscience que, de nos jours également, il nous incombe de nous débarrasser de cet outil d’idolâtrie qu’est Internet. Celui qui veut se purifier reçoit une aide céleste (Chabbat 104a). Par conséquent, il est certain que si D.ieu constate chez quelqu’un le désir de se rapprocher de Lui et se séparer de ce dangereux instrument, Il l’assistera pour qu’il y parvienne. Que par le mérite de cette décision, il soit couvert de bénédictions, de sainteté et de pureté ! Que tous ses descendants lui apportent satisfaction et que la paix règne dans son foyer !
LA VOIE TRACÉE
En un instant
Au cours de l’un de mes passages à New York, je reçus un proche parent qui était autrefois à la tête d’une imposante fortune de centaines de millions de dollars.
Voulant s’enrichir sur le compte de son père, son fils lui avait fait signer toutes sortes de documents. Etant presque âgé de quatre-vingts ans, le signataire n’en avait pas bien compris le contenu et avait malheureusement fait confiance à son fils. Les manœuvres de ce dernier mirent ses affaires en mauvaise posture, si bien qu’il reçut une convocation à un procès qui allait s’étaler sur une durée de trois ans.
A l’issue de celui-ci, il perdit tous ses biens. Cet homme, qui avait compté parmi les plus grosses fortunes de la mégalopole, notamment dans l’immobilier, se retrouva du jour au lendemain dans le dénuement le plus total.
Lors de notre rencontre, il me demanda si j’avais eu vent de son revers de fortune, ce que je lui confirmai. Voilà un homme qui avait consacré toute son existence à accumuler encore et toujours plus de biens, et qui, à quatre-vingts ans, avait tout perdu en un instant. Cette situation me fit penser à la célèbre sentence de Rabbi Yéhouda Hanassi : « Il en est qui acquièrent leur Monde [futur] en un instant. » (Avoda Zara 10b) La réalité nous prouve que, de même, certains perdent leur monde présent en un instant. Un jour, ils sont immensément riches, et le lendemain, ils n’ont plus rien.
« Est-ce qu’il a été décrété que je devrais attendre jusqu’à l’âge de 80 ans pour devenir pauvre ? » me demanda-t-il – douloureuse question, qui coupa le fil de mes pensées. « J’ai investi toute ma vie dans ma fortune et fait construire des synagogues, des écoles et autres édifices, donné généreusement la tsédaka aux pauvres, et voilà que je dépends moi-même des bontés d’autrui pour me procurer mon pain quotidien. Toute une vie perdue à cause d’une bêtise. »
Ce constat désenchanté me fit beaucoup de peine et j’ignorais comment le consoler. Mais toujours est-il que j’en tirai une leçon personnelle : de même que cet homme avait vu toute l’œuvre de sa vie s’effondrer à cause d’un petit acte imprudent, nous devons prendre garde de ne pas perdre tout ce que nous faisons et œuvrons dans ce monde dans le domaine spirituel à cause d’actes inconsidérés.
AU PARFUM DES MINHAGUIM
Celui qui envoie une lettre à un ami, au mois d’Elloul, lui souhaite de mériter d’être inscrit pour une bonne année.
Ceci est allusivement évoqué dans le verset « et ils s’informèrent (vayichalou) mutuellement de leur bien-être » (Chémot 18:7), dont les initiales de chaque mot forment le nom Elloul. Le terme vayichalou peut en outre signifier demander, mais aussi souhaiter, comme c’est le cas dans le verset « Il est une chose que je demande au Seigneur, que je réclame instamment » (Téhilim 27:4).
CHEMIRAT HALACHONE
Il faut faire très attention de ne pas juger négativement notre peuple, ce qui est une faute extrêmement grave. C’est une idée que l’on retrouve dans Pessa’him (87a) à propos du verset « Ne dénigre pas le serviteur auprès de son maître » (Michlé 30:10), suivi de « Ah ! la génération où l’on maudit son père, où l’on n’a pas de bénédiction pour sa mère ! » (ibid., verset suivant).
Et ce, pour souligner que même une génération où l’on maudit son père et s’abstient de bénir sa mère ne devra pas être dénoncée à son Maître – à savoir le Saint béni soit-Il.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Tsion avait dit (…) » (Yéchayahou 49:14 et suivants)
Lien avec le Chabbat : Cette haftara fait partie de celles lues au cours des sept Chabbatot de consolation suivant Ticha Béav. Elle contient des chapitres de consolation ainsi que d’autres sur la foi en D.ieu et dans Sa Torah.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
Comment acquérir Torah et crainte du Ciel
« Et maintenant, ô Israël ! ce que l’Eternel, ton D.ieu, te demande uniquement, c’est de craindre l’Eternel (…) » (Dévarim 10:12)
Moché laisse entendre par là que lorsque D.ieu exige que nous Le craignions, il s’agit d’une petite exigence et non d’une demande dépassant nos capacités. Affirmation pour le moins étonnante, étant donné que nous savons combien la crainte du Ciel est difficile à acquérir.
En fait, dans l’absolu, elle n’est pas si difficile à intégrer. Mais il existe une multitude d’obstacles qui nous empêchent d’accomplir convenablement notre service divin, entravant également l’acquisition de cette vertu. Le plus important d’entre eux est le fait que nous vivons dans une ambiance de confusion, dans laquelle personne ne sait plus distinguer le bien du mal, ou ce qui est droit de ce qui ne l’est pas. Lorsqu’un homme ne s’attache pas qu’à la Torah, mais apprécie également les futilités de ce monde, elle ne peut lui apporter le soutien optimal pour acquérir la crainte du Ciel dont il a besoin afin de lutter contre le mauvais penchant.
Mon ancêtre, Rabbi Yochiyahou Pinto zatsal employa le terme kessef, argent, dans tous les titres de ses ouvrages. Quand on lui en demanda un jour la raison, il répondit qu’il désirait transmettre un enseignement fondamental pour réussir dans la Torah. En effet, nous savons que tout le monde a une inclination pour l’argent, et quand bien même une personne en possède beaucoup, elle n’est pas tranquille. Elle recherche constamment les moyens d’en gagner davantage.
Ainsi, pour réussir dans l’étude de la Torah, il nous incombe au préalable d’en connaître la valeur et l’importance. Ensuite, il nous faut « prendre » tous nos désirs pour les satisfactions de ce monde, ainsi que tous nos efforts investis dans la matérialité et les orienter uniquement vers la Torah, au point de pouvoir dire de soi-même : « mon âme soupirait (nikhssefa) et languissait [après elle] ». Nikhssefa est de la même famille que kessef, nous enseignant qu’un homme doit orienter toute son attirance pour l’argent vers la Torah. Dès lors qu’il saura estimer cette dernière à sa juste valeur, il pourra réussir dans son étude. De même, lorsqu’il comprendra qu’il lui faut renoncer aux agréments de ce monde, il méritera d’assimiler son étude, comme nos Sages l’ont expliqué : « La Torah n’est acquise que par celui qui se sacrifie pour elle. »
ENTRE LES LIGNES
Un investissement pour l’avenir
« (…) l’Eternel, votre D.ieu, sera fidèle au pacte de bienveillance qu’Il a juré à vos pères » (Dévarim 7:12)
Tout ce que les enfants d’Israël consomment dans ce monde découle du pouvoir des berakhot que leur a données Bilam, mais celles des patriarches et des prophètes leur sont réservées pour les Temps futurs.
On peut illustrer cela par l’image d’un orphelin élevé chez un homme qui le nourrissait, jusqu’à l’âge où il lui apprit un art. « A présent, déclara le jeune, je peux être nourri et blanchi à mon propre compte ! »
« Sache, lui répondit l’homme qui l’avait recueilli, qu’une seule cruche d’eau que tu m’as remplie et un seul arbre que tu m’as préparé sont suffisants pour que je te nourrisse et blanchisse, mais ta vraie rétribution, bien plus importante, t’est gardée de côté ! »
De même, tout ce que les enfants d’Israël reçoivent dans ce monde provient des souffrances qu’ils endurent, mais leur véritable récompense est engrangée pour les Temps futurs.
(Yalkout Chimoni)
L’avenir, entre nos mains
« (…) qui est constamment sous l’œil du Seigneur, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin » (Dévarim 11:12)
Parfois, c’est pour le bien, parfois, pour le mal.
Pour le bien, comment ? Dans le cas où les enfants d’Israël entrent, à Roch Hachana, dans la catégorie de réchaïm et qu’une faible quantité de pluie est décrétée, même s’ils font téchouva, il est impossible de leur en ajouter, le décret ayant déjà été pris. Mais la Terre Sainte étant « constamment sous l’œil du Seigneur, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin », Il les fait tomber au bon moment et leur envoie la berakha.
Pour le mal, comment ? Dans la configuration inverse : si, au moment de Roch Hachana, les enfants d’Israël étaient méritants, si bien qu’il a été décrété qu’une importante quantité de pluies allait tomber au cours de l’année, en cas de revirement dans leur comportement, il est impossible de revenir sur ce décret. Par contre, Il peut toujours les faire tomber à « contretemps », et non au moment où la terre en a besoin. Tel est le sens du principe « constamment sous l’œil du Seigneur, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin » : dès Roch Hachana, la quantité de vent, de nuages, de pluie, d’humidité est décidée pour l’année à venir [mais leur caractère peut ensuite être modifié au cours de l’année en fonction du comportement des habitants de la Terre Sainte].
(Pessikta Zoutrata)
Les miracles – tous par l’eau
« Ecoute, Israël : tu franchis maintenant le Jourdain » (Dévarim 9:1)
D’après la Halakha, si l’on boit pour étancher sa soif, on récite « baroukh (…) chéhakol nihya bidvaro ». Rabbi Tarfon disait [également, après avoir terminé de boire] « boré néfachot rabot vé’hesronan ». « Voyez donc tous les miracles qu’a faits le Saint béni soit-Il à Israël, soulignent les Sages ; Il ne les a faits que par l’eau. Cela commença en Egypte, avec le Nil. Comme le note Rabbi Its’hak, les Egyptiens et Israël allaient boire de l’eau du fleuve – l’Egyptien buvait du sang, et Israël, de l’eau. De même, lorsque les Hébreux quittèrent cette terre, tous les miracles passèrent par l’eau.
« Quand ils arrivèrent à Mara, après être sortis vivants de la mer, et constatèrent l’amertume de l’eau qui s’y trouvait, ils bénéficièrent d’un miracle.
« Il y eut également le miracle avec le rocher ainsi qu’avec le puits, et ils récitèrent la chira. »
Moché leur dit : « Sachez que tous les miracles que le Saint béni soit-Il a faits en votre faveur, Il ne les a accomplis que par l’eau ; de même, quand vous traverserez le Jourdain au moment d’hériter la Terre Sainte, vous bénéficierez de miracles avec les eaux du fleuve. »
(Midrach Rabba)
L’ÉDUCATION
La période de ben hazemanim constitue un véritable test pour les parents, en cette période où ils accueillent leurs fils de retour de la Yéchiva. Risquent alors de surgir des défis éducatifs pouvant hypothéquer l’avenir spirituel de leurs fils.
Dans le numéro précédent, nous avons évoqué dans la même rubrique un thème important : la sainteté de la pensée et du regard, thème que nous allons reprendre cette semaine en l’illustrant par des paroles et des anecdotes de nos Sages.
Dans l’ouvrage Yéchouot Malko est expliquée la question de Yéhouda dans Béréchit (38:21) « Où est la prostituée qui se tient à Einayim ? ». Celle-ci revenait en fait à demander quelle est la source à partir de laquelle on peut s’attirer un flux de sainteté et de pureté ou, à D.ieu ne plaise, d’impureté. La réponse se trouve dans le nom einayim, qui désigne également les yeux. Lorsqu’on les utilise pour regarder avec humilité, amour et sincérité, on s’attire un flux de sainteté et de pureté. Par contre, si on les utilise pour contempler des endroits impurs, on attire sur soi un esprit d’impureté.
Mais pourquoi une telle force au niveau du regard ? Du fait que l’âme remplit l’ensemble du corps, les yeux constituant en quelque sorte ses fenêtres, ceux-ci ont le pouvoir d’entraîner le bien comme le mal.
Le Gaon Rabbi Yéhouda Adès chelita, Roch Yéchiva de Kol Yaakov, fut à l’occasion introduit auprès du Gaon Rabbi Méir Abou’hatséra zatsal, avant le début du zeman, la session d’étude à la Yéchiva. Il en profita pour lui poser la question suivante : « Que dire aux ba’hourim pour qu’ils réussissent dans l’étude ? » « Qu’ils gardent leurs yeux et leur langue, c’est le secret de la réussite », lui répondit le kabbaliste.
Le domaine public, à notre époque, représente un danger spirituel incommensurable, avec des épreuves et des dangers si nombreux et variés. Ceux-ci se présentent sous toutes sortes de formes, et nous avons l’obligation absolue de rester sur nos gardes et parfois même de sacrifier des choses qui nous sont chères ainsi que certaines jouissances matérielles sur l’autel de la sainteté de la maison et de la pureté de l’éducation de nos enfants. Il faut alors mettre l’accent sur le fait que nous agissons ainsi pour préserver la sainteté et la pureté entre les murs de notre maison et au-dehors.
Afin d’illustrer l’impact d’une seule vision néfaste, nous allons citer ici une anecdote, tirée de l’ouvrage Alénou Léchabéa’h, liée au Gaon Rav Chemouel Wozner zatsal.
Un notable américain eut l’idée, à l’approche de la bar mitsva de son fils, de lui offrir un cadeau de valeur : ils iraient en Israël, chez le Rav Wozner, qui mettrait pour la première fois ses téfillin au bar mitsva.
Le jeune garçon était très ému à l’idée de ce cadeau spirituel et se prépara bien à l’idée de ce voyage en Israël. Son père ajouta que le Rav Wozner lui avait précisé de le rappeler, quelques jours avant la date de leur départ, pour confirmer le rendez-vous, afin qu’ils ne fassent pas le déplacement pour rien.
Les billets, d’une valeur de près de 2000 dollars, avaient déjà été achetés, et, une semaine avant la date du vol, voilà donc notre homme en train de composer le numéro du Rav Wozner, se réjouissant d’avance à l’approche du grand moment. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’à l’autre bout du fil, l’auteur du Chévèt Halévi lui fit part d’un changement de dernière minute : « J’ai décidé, tout compte fait, qu’il valait mieux que vous ne veniez pas me voir à Bné Brak ! » annonça-t-il de but en blanc.
« Pourquoi ce revirement soudain ? demanda le père stupéfait. Mon fils s’y prépare mentalement depuis tant de temps !
– Il existe, certes, expliqua le Gadol, une notion, la première fois qu’un enfant met les tefillin, qu’il le fasse auprès d’un Rav, mais avez-vous réfléchi au nombre de choses néfastes que votre fils risque de voir au cours du long voyage des Etats-Unis en Israël ? Est-ce que ces dommages en valent la peine ? »
Le père désespéré tenta d’invoquer la grosse déception que ne manquerait pas de ressentir son fils, mais, et c’était à prévoir, toutes ses explications et ses arguments furent vains. « Rien au monde ne peut justifier les torts que risquent de causer à un enfant des visions interdites », trancha le Rav.
Mais que faire des deux billets d’avion qui lui avaient coûté 2000 dollars ? lui demanda le père, encore sous le choc.
« Achetez un beau cadre dans lequel vous placerez ces deux billets, lui suggéra le Gadol. Inscrivez-y en haut, comme titre, en gros caractères : « Nous avons sacrifié ces deux billets d’avion, d’une valeur de 2000 dollars, afin que notre cher fils ne voie pas de choses interdites » !
Quelle plus belle illustration des dangers qui nous guettent pendant les périodes de vacances, ainsi que des sacrifices que nous devons être prêts à faire pour ne pas déchoir !