Parachat Vayelekh - Chabbat Chouva 8 Octobre 2016 ו' תשרי תשע"ז |
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Renforcer la paix avec le Créateur
Rabbi David Hanania Pinto
« Moché alla ensuite adresser les paroles suivantes à tout Israël (…) » (Dévarim 31:1)
La section de Vayélèkh est lue lors du Chabbat Chouva, jour visant à susciter en l’homme un éveil vis-à-vis de Dieu, ainsi qu’un repentir total de toutes ses fautes – la fréquentation de lieux interdits ou l’accomplissement d’actes défendus par la Torah. Le Chabbat Chouva, l’homme doit se rappeler qu’il ne faut pas récriminer contre le Saint béni soit-Il pour différents évènements vécus au cours de l’année passée. Si de telles pensées surgissent, la réponse au pourquoi de ces épreuves doit spontanément lui venir à l’esprit : si des malheurs ou des souffrances se sont abattus sur lui, c’est qu’il les méritait.
Il convient, à ce titre, de s’inspirer de nos patriarches qui n’ont jamais posé de questions au Créateur, en dépit de toutes les occasions qui se présentèrent. Loin de remettre en cause la Providence divine, ils acceptèrent les décisions divines avec un amour sans faille, conscients que tout vient du Créateur, qui ne vise que notre bien, même si notre perception limitée ne nous permet pas toujours d’en être conscients (cf. Chémot Rabba 6:4). C’est cet état d’esprit qui permit aux patriarches de se sanctifier, de s’élever, de se dépasser.
Le Chabbat Chouva doit son nom à la haftara qu’on y lit, avec la célèbre invite : « Reviens (chouva), Israël, jusqu’à (ad) l’Eternel, ton D.ieu ; car tu n’es tombé que par ton péché. » (Hochéa 14:2) L’insistance de la locution « jusqu’à » souligne qu’il ne faut pas s’arrêter à mi-chemin, mais pousser sa démarche de remise en question jusqu’au bout, jusqu’à parvenir au niveau de l’impératif « connais (da) l’Eternel, ton Dieu », comme le suggère l’identité de lettres de ces deux mots. Ainsi, le repentir va aboutir à une conscience claire que tout ce que Dieu nous envoie ne vise que notre bien.
Il faut en outre savoir que, lors de ce Chabbat qui suit Roch Hachana, se ravivent de nouveau les lumières des sept jours de la Création, qui étaient présentes dans le monde lors du premier Chabbat de l’Histoire. Comme on le sait, le Saint béni soit-Il créa l’homme le vendredi, l’anniversaire de ce jour étant célébré à Roch Hachana (Yalkout Chimoni, Chémot 782). Il introduisit alors Adam dans le jardin d’Eden et l’avertit de ne pas consommer le fruit de l’arbre de la connaissance. Celui-ci se laissa toutefois tenter par sa femme, faute qui eut pour conséquence son expulsion du jardin d’Eden. S’ensuivit, pour le premier homme, un Chabbat de repentir, comme en témoigne sa récitation de la célèbre louange : « Psaume. Cantique pour le jour du Chabbat. Il est bien de rendre grâce à l’Eternel (…) » (Téhilim 92:1-2 ; cf. Pirké deRabbi Eliezer, 18). Face à ces regrets sincères et cette prise de conscience de la grandeur du Chabbat, avant-goût du monde futur, le Saint béni soit-Il lui pardonna son péché.
Ainsi, en dépit de sa faute vis-à-vis du Très-Haut, Adam jouit de Son pardon, pour avoir regretté son geste et s’être totalement repenti devant Lui. Le premier homme nous fit ainsi une démonstration du repentir à l’œuvre. Dans la pratique, il faut donc reconnaître son péché, le confesser, et « se réconcilier » avec le Créateur. Car c’est justement en se rapprochant de Lui qu’on a le mérite de voir toutes nos fautes pardonnées.
Notons, par ailleurs, que pour mériter la protection permanente du Créateur, Sa sauvegarde contre les créatures malfaisantes, il faut établir la concorde avec Lui lors du Chabbat Chouva, concorde qui influera sur nous tout au long de l’année. Ce jour a un pouvoir particulier et est extrêmement élevé, en cela que l’essence et la finalité du Chabbat sont précisément le chalom (la paix), que nous souhaitons à nos amis et connaissances en les gratifiant alors d’un cordial « Chabbat chalom ». Si chaque Chabbat contient cette dimension, celui-ci a, plus que tous, le potentiel d’apporter la paix sur le monde entier, lorsque l’homme le met à profit pour se repentir sincèrement.
Pourquoi le Saint béni soit-Il créa-t-Il l’homme seulement le vendredi et non auparavant ? Son but était qu’il s’aperçoive ainsi de Sa bonté, qui résidait dans le fait d’avoir conçu à son intention un univers aussi merveilleux. D’ailleurs, si Adam avait réalisé la perfection de ce monde, il est certain qu’il n’aurait pas fauté. Le sixième jour de la Création, lors duquel Adam fit son apparition, fait par ailleurs allusion au 6 Sivan, jour du don de la Torah (cf. Chabbat, 88a ; Rachi ad loc.). Ceci constitue un rappel à l’humanité tout entière, quant au fait que l’univers ne peut subsister que grâce à la Torah – comme l’évoque le verset « Si Mon pacte avec le jour et la nuit pouvait ne plus subsister, si Je cessais de fixer des lois au ciel et à la terre » (Yirmyahou 33:25) –, donnée au peuple d’Israël… le sixième jour du mois de Sivan. Autrement dit, comme il est expliqué dans la Guémara (Nédarim, 32a), la Torah doit être étudiée et commentée jour et nuit, sans quoi le monde ne peut subsister.
LA VOIE TRACÉE
Torah contre tremblement de terre
Il y a de nombreuses années, eut lieu un grave tremblement de terre au Mexique, qui causa des milliers de morts. Les blessés se comptaient par centaines de milliers.
Dans un grand immeuble commercial, était régulièrement organisé un cours de Torah, suivi de la prière de min’ha.
Après cette terrible catastrophe, l’organisateur du cours quotidien qui se tenait dans son propre bureau me raconta que, lors du tremblement de terre, tout le quartier, situé non loin de l’épicentre, ainsi que l’immeuble lui-même avaient été détruits, mis à part son bureau ! Ce lieu où se déroulait chaque jour le cours était resté intact, comme si rien n’était arrivé.
Beaucoup de personnes se pressèrent pour voir ce puissant miracle, à l’origine d’un grand kiddouch Hachem.
Il est certain que ce bureau resta indemne par le mérite de ces Juifs qui, chaque jour, interrompaient leurs différentes activités pour venir écouter des paroles de Torah et prier en minyan. Cette abnégation dont ils faisaient preuve pour la Torah et les mitsvot s’imprima dans les murs du bureau, et c’est ce qui permit d’empêcher leur effondrement lorsque la terre se mit à trembler.
Exile-toi dans un lieu de Torah
Il y a de nombreuses années, je me rendis dans une certaine communauté, à l’étranger, où manquait un séfer Torah à l’usage de ses membres. Je fis donc tout mon possible pour les aider à réunir la somme nécessaire à cette acquisition. Quand, enfin, tout fut réglé, la communauté se réjouit grandement.
Cette ville était par ailleurs connue pour son manque de tsniout et l’ambiance de débauche qui y régnait, et c’est pourquoi je conseillai à un certain nombre de ses habitants, qui étaient en contact avec moi, de déménager. De fait, plusieurs jeunes hommes qui quittèrent cette ville, se renforcèrent dans l’observance de la Torah et des mitsvot, et fondèrent des foyers juifs dignes de ce nom.
A la suite de ce vent de téchouva, une femme se présenta à moi pour me dire qu’elle voulait également aller s’installer, avec sa famille, dans un endroit plus favorable à une progression en Torah : ils habitaient juste en face de la plage, et dans la synagogue où priait son mari, il n’y avait pas de minyan bien structuré. Ils désiraient donc déménager également la synagogue qui se trouvait dans leur immeuble, et sollicitaient pour ce faire mon aide et mes conseils.
Cet élan d’éveil me réjouit au plus haut point et je leur recommandai d’évacuer d’abord les personnes et les meubles, ensuite le Beth Haknesset, et en dernier lieu, le séfer Torah que je leur avais offert.
On procéda dans l’ordre indiqué : les gens sortirent, la synagogue fut vidée, puis le séfer Torah. A peine celui-ci avait-il été sorti que le bâtiment s’écroula sur lui-même !
Du Ciel, on avait voulu montrer à ces Juifs que seul le mérite de la Torah avait jusque-là protégé cet immeuble de l’effondrement et les avait sauvés.
Une convertie bien décidée à n’épouser qu’un véritable homme de Torah assista à l’évènement. Elle ne manquait pas de prétendants très éloignés de cet idéal, et c’est certainement pour la conforter dans sa volonté et dans la religion qu’elle avait choisie qu’on lui permit d’en être témoin.
CHEMIRAT HALACHONE
Comme de l’idolâtrie
L’homme doit veiller à ne pas se réjouir de la défaite et de l’outrage subis par son prochain, comme il est écrit (Michlé 24:17-19) : « Lorsque ton ennemi tombe, ne te réjouis point ; s’il succombe, que ton cœur ne jubile pas ! L’Eternel verrait cela d’un mauvais œil, et Il détournerait de lui Sa colère. » Ce genre de faute éveille la rigueur divine à l’égard de son auteur. Elle détient un pouvoir extrêmement destructif, à l’instar de l’idolâtrie. Aussi, au lieu de se réjouir du mauvais sort de l’autre, l’homme portera un regard sur sa propre personne, car d’après ses fautes et ses manques, il devrait également subir honte et déshonneur. Cependant, le Saint béni soit-Il a pitié de lui par le mérite de ses ancêtres.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Reviens, Israël. » (Hochéa 14 ; Mikha 7)
Lien avec la paracha : cette haftara, dans laquelle il est question de téchouva, est lue entre Roch Hachana et Yom Kippour, période propice au repentir.
AU PARFUM DES MINHAGUIM
Au cours de la prière de Néïla à Yom Kippour, on répète sept fois le verset : « L’Eternel est D.ieu. »
Deux raisons justifient cette pratique : la première est d’accompagner la Chekhina qui s’élève au-delà des sept firmaments. La deuxième est que le fait de répéter sept fois ces mots annule 903 maladies.
DANS LA SALLE DU TRESOR
Rabbi David Hanania Pinto Chlita
Notre obligation de mettre à profit ce Chabbat spécial
Au sujet de Yom Kippour, il est dit (Vayikra 16:30) : « Car en ce jour, on fera propitiation sur vous afin de vous purifier ; vous serez purs de tous vos péchés devant l’Eternel. »
D.ieu promet que celui qui se repent verra toutes ses fautes effacées. Cependant, cela ne concerne que les fautes commises envers D.ieu. Pour celles commises envers autrui, Yom Kippour ne les répare pas, tant que l’auteur de la faute ne se réconcilie pas avec sa victime (cf. Yoma, 85b).
Ceci nous montre la grandeur du Tout-Puissant qui n’hésite pas à renoncer à l’honneur qui Lui est dû et pardonne les fautes à Son égard. En revanche, Il considère l’honneur de Ses créatures comme étant très important, aussi même Yom Kippour ne peut effacer les fautes interhumaines. L’homme doit d’abord s’amender véritablement, apaiser l’offensé et obtenir son pardon sincère. Ce n’est qu’ensuite qu’il méritera que ses fautes soient effacées et ne constituent plus une accusation.
Comme ces personnes qui se repentent sont admirables ! Elles le sont tant qu’à leur sujet, il est dit (Berakhot, 34b) : « A l’endroit où se tiennent les baalé téchouva, même les grands Tsaddikim ne peuvent se tenir. » Les repentis méritent d’atteindre un tel niveau car ils laissent de côté leur fierté et reconnaissent leurs erreurs. En outre, ils ne les ont pas seulement avouées, mais ont cherché également à les réparer.
Parfois, lorsque nous avons offensé notre ami ou pris quelque chose qui ne nous appartient pas, il nous est difficile d’avouer notre faute à la victime. Nous avons honte de montrer que nous sommes descendus à un niveau si bas. Mais si nous surmontons notre gêne et allons tout de même avouer notre faute, nous atteignons un niveau tel que même les Tsaddikim ne peuvent atteindre.
Aussi utilisons à bon escient ce moment privilégié qu’est le Chabbat Chouva, qui bénéficie de l’éclairage particulier des sept jours de la Création, pour revenir vers notre Créateur.
ENTRE LES LIGNES
Quand Israël était jeune
« (…) en présence de tout Israël : sois fort et vaillant ! » (Dévarim 31:7)
Au même moment, le pouvoir de Moché se renforça et il encouragea Yéhochoua devant le peuple, comme il est dit : « Alors Moché appela Yéhochoua et lui dit en présence de tout Israël : sois fort et vaillant ! »
Il lui dit : ce peuple que je te remets, ce ne sont encore que des chevreaux, ce sont encore des enfants. Ne sois pas rigoureux avec eux et ne t’emporte pas contre eux pour chaque chose qu’ils feront. Car le Maître du monde Lui-même ne leur tient pas rigueur pour tous leurs actes. Il dit même (Hochéa 11:1) : « Quand Israël était jeune, je l’avais pris en affection. »
(Sifri Dévarim)
Un rassemblement sans trompette
« Faites réunir autour de moi tous les anciens de vos tribus (…) » (Dévarim 31:28)
Rabbi Yéhochoua de Sakhnine au nom de Rabbi Lévi : Deux trompettes utilisées du temps de Moché ont été dissimulées. A un endroit, il est écrit (Bamidbar 10:3) : « Quand on en sonnera, se réunira auprès de toi (…) ». Et à un autre (Dévarim 31 :28) : « Faites réunir autour de moi tous les anciens de vos tribus (…) » Où sont donc les trompettes dont il était question ? En fait, elles avaient déjà été dissimulées du temps de Moché.
Le Saint béni soit-Il a dit : Il va mourir et ses enfants continueront à faire entendre le son des trompettes ? Non, ils ne sonneront pas [et, pour s’en assurer, les trompettes seront déjà dissimulées du vivant de Moché], car « il n’est point de pouvoir contre le jour de la mort » (Kohélet 8:8).
Rabbi Eliézer a dit au nom de Rabbi Simon : D.ieu a donné un grand honneur à Moché quand Il lui dit : « Fais-toi deux trompettes d’argent » –, pour toi et non pour Yéhochoua.
(Kohélet Rabba)
La faute d’Adam Harichone
« Voici que tes jours approchent de leur terme » (Dévarim 31:14)
Rabbi Lévi dit : à quoi cela ressemble-t-il ? A une femme enceinte se trouvant en prison et qui y donne naissance à un fils. L’enfant grandit. Un jour, le roi vint à passer devant la prison. C’est alors que le garçon se met à crier à son encontre : « Mon maître, le roi, pourquoi suis-je emprisonné ? » Le roi lui répond : « A cause de la faute de ta mère. »
Moché a tenu un discours similaire : « Maître du monde, il existe trente-six fautes punies par le retranchement. Si l’homme en transgresse une, il mérite la mort. En ai-je transgressé une ? Pourquoi as-Tu décidé que je devais mourir ? »
D.ieu lui répondit : « C’est à cause de la faute du premier homme que tu dois mourir, car il a amené la mort dans le monde. ».
« Voici (hen) que tes jours approchent de leur terme » : que veut dire hen ? Ce terme évoque la faute de celui à propos duquel on emploie ce mot, dans le verset de Béréchit (3:22) : « Voici l’homme devenu comme l’un de nous », autrement celle d’Adam.
(Midrach Rabba)
ZOOM SUR UNE PÉRIODE
ELLOUL
A l’aube de la nouvelle année, la notion de renouvellement se manifeste, outre dans l’intériorité de l’homme, également dans son aspect extérieur. En effet, nombreux sont ceux qui achètent de nouveaux vêtements en vue de la nouvelle année et des fêtes. Il convient de rappeler l’importance de soumettre les nouveaux vêtements au contrôle de chaatnez avant Roch Hachana et Yom Kippour.
Dans l’ouvrage « Maguen Avraham » du Maguid de Trisk (Parachat Ki Tétsé), il est rapporté que « le jour précédant Roch Hachana et Yom Kippour (…), les enfants d’Israël devront se repentir, prendre la résolution d’étudier la Torah et d’accomplir les 613 mitsvot, et ne pas se vêtir de chaatnez. Grâce à cela, ils attireront sur eux de bonnes protections, et leur seront évités tous les mauvais décrets. Du Ciel, on fermera la bouche des accusateurs. A Roch Hachana, les faveurs divines s’éveilleront à leur égard, et tous les accusateurs se transformeront en défenseurs, suivant le principe : “retire un accusateur et remplace-le par un défenseur”. Le peuple d’Israël sera alors inscrit et scellé dans le livre de la vie, rapidement et de nos jours, Amen. »
Dans son ouvrage « Chalmé Tsibour », le Gaon Rabbi Yaakov Algazi insiste sur l’importance de ce sujet. Il écrit : « Le fait de prier en étant vêtu de chaatnez, même involontairement, est ce qui empêche le plus les prières d’être reçues. » Le Tsla’h ajoute (Drouché HaTsla’h, drouch 8:6) ce terrible avertissement : « Les prières de celui qui porte du chaatnez ne serait-ce qu’un jour ne sont pas entendues pendant quarante jours ! »
Un costume imperméable à la sensibilité
L’histoire suivante se déroula à la Yéchiva de Mir lorsqu’elle se trouvait à Changaï, durant la deuxième guerre mondiale. Nous étions en pleine prière de Yom Kippour. Les locaux étaient bondés, le son des prières et du repentir s’élevait jusque dans les cieux, comme il convenait en ce jour grand et redoutable, quand tout à coup, un des étudiants se leva et quitta précipitamment la salle. Un instant plus tard, il revint revêtu de son vieux manteau, à la place du costume flambant neuf qu’il portait quelques minutes auparavant. Changer de vêtements le jour de Kippour ? Pour quelle raison ? Ce curieux spectacle éveilla la curiosité de plus d’un, mais personne, en ce jour si spécial, n’osa lui en demander la raison. Ils attendirent patiemment la fin de la fête.
La réponse simple que le jeune homme donna surprit ses auditeurs : « J’ai senti que je ne parvenais pas à prier. Je n’arrivais pas à éveiller les sentiments qu’il convient d’avoir en ce jour saint. J’ai essayé par de nombreux moyens de me réveiller. J’ai étudié des ouvrages de moussar. Je me suis efforcé pendant la prière, mais en vain, de penser à la sainteté du jour et à la crainte du jugement. Mais c’était comme si mon cœur s’était durci telle une pierre. Je ne ressentais aucun éveil, aucun sentiment. Tous mes amis qui priaient avaient le visage inondé de sainteté. Moi seul me trouvais à part, différent. Je n’ai pas cessé de me demander : “Pourquoi suis-je lésé ?” »
« C’est alors que, sans aucune raison apparente, je me suis souvenu que le chaatnez empêche les prières d’être acceptées. Dans l’ouvrage “Hatsioni”, il est rapporté que le chaatnez fait allusion à deux attributs du Ciel qui accusent le peuple juif et que D.ieu a séparés pour en neutraliser l’action. Celui qui revêt du chaatnez les rassemble de nouveau et brouille les prières du peuple d’Israël. Il est dit également que l’ange, qui noue des liens avec le Créateur, n’accepte pas la prière de celui qui porte du chaatnez en même temps que celles des autres, car pour lui, il ressemble à un idolâtre. C’est alors que cette pensée a jailli dans mon esprit : peut-être que tout est lié au nouveau costume que j’ai acheté pour les fêtes, et que là se trouve la solution à mon problème. Pourtant, je l’avais donné au tailleur pour qu’il le vérifie et il l’avait certifié cachère.
« Je me levai et sortis de la pièce. Je retirai mon costume et mis à la place mon vieux manteau que j’avais rapporté de Lituanie. Et chose extraordinaire, une nouvelle lumière s’alluma en moi. Soudain, des sources intarissables de sentiments et de larmes se sont ouvertes. Je parvins de nouveau à prier. Mon cœur de pierre fondit comme de la cire sous l’effet de ce réveil et de l’émotion, comme il sied au jour du jugement, saint et redoutable. »
Après Yom Kippour, le costume fut de nouveau soumis à l’examen d’un spécialiste, qui y trouva des fibres du mélange interdit. Il était fort possible que le tailleur qui avait procédé au premier contrôle n’était pas au courant des derniers progrès mondiaux en matière de filage. Il n’avait pas pensé que des fils de lin pouvaient se dissimuler à l’intérieur de fils de laine, qu’on ne pouvait distinguer en raison de leur petitesse, et de la manière si spéciale dont ils étaient travaillés.