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paracha de la semaine

Chabbat Hol Hamoêd Soukot

22 Octobre 2016

20 Tichri 5777

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 18:30 19:35 20:22
Lyon 18:26 19:28 20:11
Marseille 18:27 19:27 19:14
Ra'anana 17:43 18:38 19:14

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La soucca : à l’ombre de la foi

Rabbi David Hanania Pinto

Dans la Torah, cette célébration est ainsi présentée : « Vous la fêterez, cette fête du Seigneur, sept jours chaque année (…). Vous demeurerez dans les souccot durant sept jours ; tout citoyen en Israël demeurera dans les souccot, afin que vos générations sachent que J’ai donné des souccot pour demeurer aux enfants d’Israël quand Je les ai faits sortir du pays d’Egypte, Moi, l’Eternel, votre D. ! » (Vayikra 23:41-43)

Et nos Maîtres de commenter (Soucca 2a) : « Pendant tous ces sept jours, la Torah t’ordonne de quitter ta demeure fixe pour t’installer dans un logement provisoire. » De quel logis précaire s’agit-il ? De la soucca, appelée dans le Zohar : « l’ombre de la foi ». Cette ombre qui enveloppe et protège l’homme, est peut-être aussi, comme le pensait Rabbi Eliezer (ibid. 11a), un souvenir des nuées de gloire dont le Tout-Puissant entoura les enfants d’Israël à leur sortie d’Egypte.

D’emblée, plusieurs points nous interpellent :

Après que le texte indique : « Vous demeurerez dans les souccot durant sept jours » – d’où l’obligation de résider dans la soucca pendant une telle durée –, pourquoi insister en précisant : « tout citoyen en Israël demeurera dans les souccot » ?

Que signifie le surnom : « à l’ombre de la foi », donné à cette fête par le Zohar ?

Parfois, nous trouvons dans la Torah le terme « Souccot » sous sa forme défective, parfois sous sa forme pleine (avec le vav). Quel sens attribuer à ces différences ?

Pour commencer, il convient de souligner combien cette fête est un effet de l’infinie bonté de D. puisque, placée au cœur du mois de Tichri, après celles de Roch Hachana et Yom Kippour, où tous méritent d’opérer une authentique techouva devant D. et de se purifier de toutes leurs fautes et péchés, elle permet de rester dans l’élan de progression spirituelle enclenchée en ce début d’année.

En effet, les Jours Redoutables correspondent à une impulsion, un éveil d’en Haut, qui vient, selon le schéma consacré (Zohar I 86b, 88a), en réponse à un éveil d’en bas, aux efforts de l’homme. La volonté de progrès de l’homme est alors très forte, en cette période où tous tremblent à l’idée du jugement, jugement de vie et de mort auquel nul n’échappe, tous défilant comme des brebis devant le Créateur, emplis d’appréhension.

Mais, dès que la séance est levée, l’homme, débarrassé de toute scorie, purifié de toute impureté, a besoin d’urgence d’une protection supplémentaire, indispensable afin de ne pas retomber dans les filets du mauvais penchant. Car, du fait du niveau élevé auquel il se trouve à présent, il est en grand danger, constituant une cible de choix pour le Satan, dont la force est proportionnelle à la stature de l’homme (cf. Soucca 52a). Aussi redouble-t-il de ruses pour le faire trébucher. C’est donc la raison pour laquelle, dès la fin de Yom Kippour, il nous est demandé, de l’avis de tous les décisionnaires (Rama Ora’h ‘Haïm 624:5), de nous atteler à la construction de la soucca, afin que ce mérite nous protège.

Autrement dit, une fois que l’homme s’est débarrassé de toute trace de mal et que son intériorité est pure et immaculée, il doit immédiatement barrer la route au mauvais penchant en « comblant le vide » par un surcroît de pureté et de sainteté. Le début du verset : « Vous prendrez, au premier jour, du fruit de l’arbre hadar, des branches de palmier, des rameaux de l’arbre avoth et des saules de rivière ; et vous vous réjouirez, en présence de l’Eternel, votre D., pendant sept jours » (Vayikra 23:40) est d’ailleurs expliqué en ce sens. Le « premier jour » est « premier » en cela que, du point de vue des péchés, le compteur est à zéro (Tan’houma Vayikra 22), et c’est pourquoi il faut prendre garde de ne pas recommencer à pécher mais, au contraire, se consacrer immédiatement à l’observance des mitsvot.

De ce fait, immédiatement après Yom Kippour, l’homme doit se lancer dans la construction de la soucca, afin de faire résider la Présence divine en son sein, cette « cabane » s’apparentant en cela à un Temple en miniature, dans l’esprit du verset : « et J’ai été pour eux un sanctuaire » – dimension vécue par l’homme qui en est digne. Ainsi, il nous incombe d’entreprendre, après Yom Kippour, l’érection de ce réceptacle de la Présence divine, de cette résidence de D. dans les mondes inférieurs.

A cet égard, même si la fête de Souccot à proprement parler ne démarre que le quinze Tichri, l’empressement de l’homme, son ardeur à la tâche de cette construction et ses efforts déployés dans les différents préparatifs de la fête font partie intégrante de la mitsva elle-même, en vertu du principe : « D. considère la bonne volonté comme l’acte lui-même » (Kiddouchin 40a). Par ce mérite, l’homme bénéficie d’un flux de sainteté – non pas, au sens restreint, la sainteté attachée au seul accomplissement de cette mitsva, mais la lumière particulière liée à la racine de celle-ci – l’installation de la Présence divine dans son cœur.

En outre, l’individu affairé à l’édification de sa soucca doit être animé d’une foi inébranlable, convaincu que cette construction s’apparente aux nuées de gloire qui entouraient les enfants d’Israël dans le désert, les protégeant des bêtes féroces et de tout danger (cf. Yalkout Chimoni Bechala’h 228). De même qu’alors, D. les plaça sous le couvert de ces nuées, à l’abri du chaud, du froid et de tout mal, leur permettant ainsi de ressentir la réalité divine avec une grande acuité, ainsi doit-on vivre cette mitsva de soucca : la Présence divine y réside, elle nous place à l’abri de toute nuisance – et du Satan – et une grande lumière l’enveloppe.

Dès lors, la notion d’ « ombre de la foi » trouve tout son sens. En d’autres termes, à la mesure de la conviction de l’homme, de la manière dont il identifie sa soucca à ces nuées de gloire protectrices que le Tout-Puissant déploya autour des enfants d’Israël dans le désert, il mérite, dans sa soucca personnelle, la résidence de la Présence divine et la protection contre les flèches du Satan. De ce point de vue, la soucca est assimilable à une lumière enveloppant l’homme.

A l’instar d’un nuage qui éclipse le soleil, la soucca, dans laquelle repose la Présence divine, par le pouvoir de la foi pure, aveugle le mauvais penchant et protège l’homme de ses séductions.

Le vécu dans la soucca est par ailleurs pétri de foi. Quitter sa demeure pour s’installer dans cette habitation de fortune, visitée, tour à tour, par les sept ouchpizin, ces saints invités (Zohar III 103a), demande en effet une bonne dose de foi, ne serait-ce que pour être intimement convaincu que ces « bergers » du peuple juif nous honorent réellement de leur visite, même s’ils restent invisibles à nos yeux de chair. De fait, nous ne pouvons prétendre à ce privilège que si nous le méritons vraiment.

SUR LA PENTE ASCENDANTE

En souvenir de la sortie d’Egypte

Pendant la fête de Soukot d’une certaine année, alors que je marchais dans la rue dans la direction de la yéchiva avec les quatre espèces à la main, j’ai rencontré mon voisin non-juif. Il m’a arrêté pour me poser une question :

« J’ai vu aujourd’hui beaucoup de gens qui marchaient comme vous avec des plantes à la main, qu’est-ce que c’est que ces plantes ? Qu’est-ce que vous leur trouvez pour prendre justement celles-là en main ? »

« Ce sont les quatre espèces », lui ai-je répondu.

« Qu’est-ce que c’est que les quatre espèces ? » m’a demandé mon voisin.

Je lui ai expliqué brièvement que ce sont la palme, le cédrat, la myrte et les feuilles de saule que D. nous a ordonné de prendre pendant la fête de Soukot.

Il a profité de l’occasion pour se lancer dans une discussion sur le judaïsme, en continuant à poser des questions :

« Tous les ans, je vous entends chanter et jouer à l’intérieur de cette maison que vous avez construite dehors. Est-ce que vous construisez une maison comme ça tous les ans ? Qu’est-ce que cela représente ? »

J’ai tout de suite compris que la question du voisin portait sur la souka, c’est pourquoi j’ai commencé à lui expliquer de quoi il retournait, et je lui ai dit qu’il y avait de nombreuses années, nous étions sortis d’Egypte.

« D’Egypte ? C’était quand ? » Il était surpris de ne pas se rappeler que moi et ma famille venions d’Egypte.

« C’était il y a quelques milliers d’années », ai-je répondu.

Il a éclaté de rire et m’a demandé : « Et alors, qu’est-ce qui s’est passé ? »

Je lui ai expliqué que pendant quarante ans nous avions marché dans le désert.

Le voisin s’est de nouveau étonné et a demandé : « Pourquoi dans le désert ? Le jour il y fait très chaud, et la nuit il y fait très froid. »

Mais je lui ai expliqué que D. nous avait entourés de nuées de gloire qui nous protégeaient du froid, de la chaleur, des bêtes féroces et des autres difficultés du chemin, c’est pourquoi nous fêtions la fête de Soukot, en souvenir de ces nuées de gloire qui nous avaient protégés lorsque nous marchions dans le grand et terrible désert.

« Et vous voulez me dire que vous croyez à tout cela ? » m’a demandé le goy.

« Naturellement », ai-je répondu, « parce que je crois que le Créateur du monde nous a fait sortir d’Egypte, nous a menés dans le désert, nous a donné la Torah et nous a fait entrer en Erets Israël. C’est à cause de tout cela que je célèbre la fête de Soukot. »

Le voisin s’est séparé de moi paisiblement, et je me suis dit qu’il ne pourrait jamais comprendre notre foi dans Hachem et toutes les merveilleuses fêtes que nous avons, qui sont en fait un souvenir de ces miracles et merveilles qui ont été faits à nos ancêtres pendant toute l’histoire, parce qu’un non-juif n’a aucune notion de l’histoire.

Le peuple juif est le seul peuple qui a survécu pendant tant d’années malgré toutes les épreuves qu’il a subies. Dans toutes les générations, les juifs ont senti qu’ils étaient les enfants de leurs ancêtres et qu’ils continuaient à marcher dans leurs voies.

C’est cela notre grandeur en tant que peuple éternel, nous continuons à conserver cette même histoire et à la transmettre aux générations suivantes, pour que nos descendants connaissent eux aussi le grand privilège d’appartenir au peuple élu et le transmettent à leur tour à leurs enfants après eux jusqu’à la fin de toutes les générations. En effet, un peuple qui a un passé a également un avenir.

HOMMES DE FOI

Histoires des justes de la famille Pinto

Dans l’un des voyages de notre maître le gaon et tsaddik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita à Mogador, avec sa famille, pour prier sur la tombe de Rabbi ‘Haïm Pinto, Rabbi Mordekhaï Knafo, chez qui il descend quand il se trouve au Maroc, était près de lui.

Il s’est aperçu que Rabbi Mordekhaï se donnait du mal dans la prière et frappait de sa main sur la tombe, avec d’abondantes larmes, en pleurant et en suppliant Rabbi ‘Haïm Pinto de se présenter devant Hachem et de prier pour lui en faveur d’un garçon de Strasbourg qui était très malade et se trouvait sans connaissance.

Rabbi Mordekhaï priait de tout son cœur, et il ajouta : « Je veux que dans une semaine ce garçon soit totalement guéri et se lève. »

Ce garçon, comme on le dit à notre maître, se trouvait depuis trois mois sans connaissance, avec le foie et les reins en mauvais état, au point que les médecins désespéraient complètement.

« J’ai regardé ce que faisait Reb Mordekhaï Knafo, raconte notre maître, et je lui ai demandé de cesser de frapper la tombe du tsaddik, mais il a continué avec une grande émotion, et m’a dit : « Si, je vais l’obliger ! »

Ce qui s’est passé après la prière était étonnant. Cette semaine-là, le garçon a ouvert les yeux, au point que même les médecins ont été stupéfiés de ce grand miracle qu’ils constataient.

Notre maître a terminé cette histoire en disant :

« Ce que moi je n’ai pas osé faire, frapper la tombe de mon grand-père, ce ba’al habayit l’a fait simplement et innocemment, et il a immédiatement été exaucé.

LA HAPHTARA DE LA SEMAINE

« Il arrivera en ce jour » (Yé’hezkel 38 et 39)

Le rapport avec la fête de Soukot : la haphtara raconte la guerre de Gog et Magog, et nos maîtres nous ont transmis la tradition selon laquelle cette guerre se déroulera à Soukot.

 « Il arrivera en ce jour, lorsque Gog viendra dans le pays d’Israël parole de Hachem D., Ma colère Me montera à la tête » (38, 18).

Il faut comprendre : Les Sages ont dit dans le Midrach (Vayikra Rabba 11, 7) que le mot « véhaya » (il arrivera) dénote toujours la joie. Or ici, le verset commence par « véhaya », qui dénote la joie, et se termine par « Ma colère Me montera à la tête ». Comment ces deux choses sont-elles compatibles, la joie, et la colère de Hachem ?

Il faut dire que la joie sera due à la grande sanctification du Nom de D. dans le monde entier. Tout le monde reconnaîtra la vérité, ainsi qu’il est écrit (verset 23) : « Je serai magnifié, sanctifié et reconnu aux yeux de nombreux peuples, et ils sauront que Je suis Hachem », c’est pourquoi la joie sera immense, car le monde entier arrivera au but final, qui est de reconnaître le Créateur du monde.

La fin du verset, « Ma colère Me montera à la tête », n’a pas de rapport avec la joie, car la colère sera contre Gog lorsqu’il viendra lutter contre Israël, et ce n’est pas la même chose que pour un homme, chez qui la joie et la colère sont incompatibles. Chez le Créateur du monde, il est possible qu’il y ait les deux choses en même temps, car Il n’a ni corps ni apparence de corps, et tout cela est uniquement une façon de parler pour nous faire saisir de quoi il s’agit.

(« Torat HaParachah »)

« Je serai jugé avec lui par la peste et par le sang ? Je lancerai des pluies torrentielles, des grêlons de feu et du soufre sur lui et sur ses légions et sur les nombreux peuples qui l’accompagnent » (Yé’hezkel 38, 22).

Les « grêlons de feu » (avenei algabish) sont des pierres de grêle qui brillent comme des pierres précieuses qui s’appellent « gabish ».

Nos Maîtres ont dit : « al gav ich » (littéralement : sur le dos d’un homme), des pierres de grêle qui avaient commencé à tomber sur l’Egypte et étaient restées en l’air, « sur le dos » de l’homme Moché qui avait prié pour qu’elles arrêtent de tomber, ainsi qu’il est dit (Chemot 5) : « elle ne s’est pas épanchée sur la terre », la grêle n’est pas arrivée jusqu’à terre.

(« Rachi »)

« Je serai jugé avec lui par la peste et par le sang. Je lancerai des pluies torrentielles, des grêlons de feu et du soufre. » (Yé’hezkel 38, 22)

« Je ferai justice de lui » : le début du jugement sera par la peste et le sang, qui sont des choses naturelles et ordinaires, que l’on peut attribuer au hasard et à la nature, car pendant une guerre il est versé beaucoup de sang, et la peste se répand à cause de tous les cadavres.

Il est dit là-dessus « Je serai jugé » au passif, comme s’Il passait en jugement avec eux, car on niera encore la présence de Sa grande main, et ensuite « Je lancerai des pluies torrentielles, des grêlons de feu et du soufre », ce sont des châtiments célestes et miraculeux, qui manifestent aux yeux de tous que c’est le doigt de D.

Et alors « Je serai magnifié », on reconnaîtra que Je suis grand et que tout provient de Moi, que Je suis saint – séparé de la nature – et que Je m’élève au-dessus d’elle par des signes et des miracles, c’est pourquoi « Je Me manifesterai aux yeux de nombreux peuples, et ils sauront que Je suis Hachem. »

(« Malbim »)

GARDE TA LANGUE

On leur fait plus confiance

Il est interdit à un homme seul de dire du lachon hara, et à plus forte raison à deux personnes, parce qu’on aura plus confiance en elles. Il est interdit d’accepter et de croire des paroles de lachon hara, et le châtiment de celui qui accepte est plus grand que pour celui qui raconte, même s’il ne dit pas explicitement qu’il y croit.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

La souka de David qui est tombée

Dans le birkat hamazon de la fête de Soukot, nous disons « Le miséricordieux nous redressera la souka de David qui est tombée. » De quoi est-il question ?

J’ai pensé qu’il y a une grande différence entre quelque chose qui est détruit et quelque chose qui est tombé. Comme on le sait, le Temple n’a pas été détruit, et bien que nous parlions de la « destruction » (‘hourban) du Temple, il est seulement tombé, comme lorsque nous disons que « la couronne de notre tête est tombée » : une couronne qui est tombée, on peut toujours la relever et la remettre sur la tête.

Il en va de même du Temple. Certes, les non-juifs ont vu que le Temple avait été détruit, mais c’était une chute en vue d’une remontée. En effet, le Temple est monté au ciel, et c’est simplement pour tromper la vue des non-juifs que le Saint, béni soit-Il leur a montré qu’il avait été détruit et brûlé, mais en réalité il était simplement tombé.

C’est ce que nous disons : le Saint, béni soit-Il nous relèvera la souka de David qui était tombée. Qu’est-ce que c’est que la souka de David ? On sait que le roi David voulait construire le Temple, et voulait qu’il porte son nom, ainsi qu’il est dit (Téhilim 30, 1) : « Psaume, chant de l’inauguration du Temple de David ». Pourtant le Saint, béni soit-Il lui a dit que ce ne serait pas lui qui construirait le Temple, mais son fils Chelomo (II Chemouël 7, 13).

C’est donc ce que désigne la souka de David : c’est une allusion au Temple, qui est tombé mais n’a pas été détruit. Lorsqu’il est tombé, la Chekhina est également tombée, et c’est là-dessus que nous demandons sans cesse qu’elle soit relevée de la poussière et que Hachem nous relève rapidement le Troisième Temple, qu’il soit construit et édifié rapidement et de nos jours. Alors nous pourrons servir Hachem comme autrefois, lorsque nous avions le Temple.

C’est pourquoi c’est justement à Soukot que nous demandons que le Saint, béni soit-Il nous relève la souka de David qui est tombée, car la souka fait allusion à la Chekhina, le mot souka ayant la même valeur numérique que deux des Noms divins, le Tétragramme et Adnout. Lorsque nous demandons qu’Il nous relève la souka de David qui est tombée, c’est la souka que le roi David a commencé à construire et que le roi Chelomo a inaugurée en Tichri, puisse le Saint, béni soit-Il la relever rapidement.

C’est ce que signifie « la couronne de notre tête est tombée » : la couronne des bnei Israël est le Temple qui est tombé. Nous demandons qu’il soit relevé et reconstruit, et que nous méritions la véritable souka, qui est le Troisième Temple, puisse-t-il être construit rapidement et de nos jours, Amen.

A LA SOURCE

On sait qui est innocent

Le loulav que nous prenons le premier jour est un signe que nous sommes sortis victorieux du jugement de Yom Kippour. C’est ce que dit le verset : « Qu’en même temps les arbres de la forêt résonnent joyeusement à l’approche de Hachem ! Car il vient pour juger la terre. » De qui le verset parle-t-il ? Des bnei Israël et des nations du monde, que le Saint béni soit-Il juge à Yom Kippour. Les deux rentrent en jugement, et nous ne savons pas qui est vainqueur. Le Saint béni soit-Il dit : « Prenez vos loulavim en main, et tout le monde saura que vous avez gagné le procès. » Cela ressemble à deux personnes qui rentrent pour être jugées devant le roi, et les gens ne savaient pas qui est le vainqueur. Celui qui sort avec un bâton blanc ou une pomme à la main, on sait qu’il est sorti innocent de devant le roi.

(Da’at Zekenim)

Se renforcer dans le service de D.

D’après le sens direct, le sens de la mitsva est que cette fête est une fête de l’engrangement de la moisson, c’est une époque de joie. Le Saint béni soit-Il a voulu nous donner des mérites pour que notre joie soit parfaite, une joie à la fois matérielle et spirituelle que nous méritons par les mitsvot. Il a choisi les quatre espèces qui représentent tous les membres de l’homme, car tout notre travail spirituel dépend de la pensée, la parole et l’action.

L’etrog ressemble au cœur, dont dépend toute la pensée, le saule ressemble aux yeux qui conduisent à la faute, la myrte ressemble aux lèvres qui sont la source de la parole, et la palme ressemble à la colonne vertébrale, qui est la construction de tout le corps de l’homme.

Lorsque l’homme regarde les quatre espèces, il peut concentrer sa pensée sur son travail intérieur sans s’enorgueillir de l’abondance de sa moisson et sans chercher à suivre là où l’entraînent son cœur et ses yeux.

(Ta’amei HaMitsvot du Radbaz)

Tous mes os diront

Il faut expliquer ces quatre espèces comme une allusion aux quatre parties du corps qui forment l’essentiel du fonctionnement de l’homme, que ce soit pour toutes les mitsvot ou pour toutes les fautes, et qui sont les yeux, le cœur et les lèvres, car beaucoup de mitsvot, et aussi beaucoup de fautes, dépendent de la parole. La colonne vertébrale est l’essentiel du corps, et la force qui est en lui provient du cerveau : l’etrog ressemble au cœur, la palme ressemble à la colonne vertébrale, la myrte aux yeux et la feuille de saule aux lèvres. Tout cela signifie que lorsque l’homme tombe dans des fautes par ces quatre membres-là, il en trouve le rachat par ces quatre espèces, car toute faute trouve un rachat quand on fait une mitsva correspondante. Sur cette mitsva, les Sages ont dit dans Tan’houma « Tous mes os diront, Hachem, qui est comme Toi », etc.

(Séder Hayom)

Une seule unité, sans séparation

L’essentiel de cette mitsva et sa signification profonde est de proclamer l’unité du Nom de D. de tout son cœur et de toute son âme, et d’être entièrement dévoué à son Père du Ciel. De même que le loulav réunit toutes les feuilles qui le composent, et que tout devient une seule unité sans séparation, de même l’homme doit unir ses opinions et ses pensées et tourner le tout vers un seul point, sans laisser sa pensée errer d’un côté et de l’autre.

On peut trouver cette idée dans la palme, et aussi dans les autres composants. Le tsadik est comparé au palmier pour nous dire que ne s’appelle tsadik que celui dont le cœur est entièrement unifié dans toutes ses parties.

(Séder Hayom)

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Ils le condamneront à payer cent pièces d’argent » (Devarim 22, 19).

C’est une allusion aux cent bénédictions qu’il faut dire tous les jours. Comme l’ont expliqué les Sages (Tan’houma 308, 12) sur le verset « Et maintenant, Israël, qu’est-ce que (mah) Hachem ton D. demande » : ne lis pas « mah » (qu’est-ce que) mais « mea » (cent).

Ce verset concerne quelqu’un qui s’est repenti, comme l’ont dit les Sages : le mot « véata » (et maintenant) concerne toujours la techouva, ainsi qu’il est écrit (10, 12) : « Et maintenant, Israël, qu’est-ce que Hachem ton D. demande », etc. Il faut s’efforcer d’arriver à ce compte.

LES CHEMINS DE LA FOI

Etudes sur la droiture dans les midot

Un invité se trouva chez le gaon Rabbi ‘Haïm Ozer zatsal, le Rav de Vilna, le soir de la fête de Soukot. Rabbi ‘Haïm Ozer ordonna de lui préparer un repas dans la souka, mais à cause du temps très froid, il décida que lui-même mangerait dans la maison. Il estimait être dispensé de la mitsva de souka parce que c’était une souffrance.

L’invité se rendit seul à la souka pour y manger, mais voici que peu de temps après, quelques instants plus tard, comme le raconte le livre « Moadim OuZemanim », Rabbi ‘Haïm Ozer revint à la souka pour manger avec son invité. Celui-ci s’étonna : le Rav lui-même n’avait-il pas décidé qu’il était dispensé de la mitsva de souka parce que c’était une souffrance, alors pourquoi maintenant avait-il changé d’avis ?

Il répondit à son invité :Vous avez raison, il est vrai que je souffre, et c’est pourquoi je suis dispensé du devoir de la mitsva de souka, mais il me reste l’obligation des autres mitsvot, et maintenant je dois accomplir la mitsva de l’hospitalité. Sans aucun doute, c’est une mitsva pour moi de manger avec vous dans la souka. Je ne suis donc pas dispensé, et nous allons y manger ensemble. Voici la célèbre citation de cet événement : « Il est vrai que je suis dispensé de la mitsva de souka, mais pas de la mitsva de l’hospitalité. »

Le propos principal de cette histoire est qu’au début, Rabbi ‘Haïm Ozer avait décidé qu’il était dispensé de la mitsva de souka. Mais après avoir réfléchi encore, il avait changé d’avis et s’était dit que malgré cette dispense, il n’était pas exempté de la mitsva de l’hospitalité. Que s’était-il passé dans son esprit pendant ces quelques minutes ? Comment se fait-il qu’il ait changé d’avis si rapidement ?

Plus encore : Comment est-il possible qu’il ne lui soit pas venu à l’esprit dès le début qu’il y avait là une question à cause de l’hospitalité ? Il est certain que pendant ces instants-là de réflexion, il avait parcouru dans sa tête toute la Torah, et avait traversé toutes les halakhot qui concernaient les rapports avec le prochain.

Le principe qu’il faut apprendre de cette histoire est que les lois du moussar d’hier ne s’appliquent pas nécessairement à la situation d’aujourd’hui. Rabbi Israël de Salant avait déjà souligné que l’acquisition des bonnes midot est un combat quotidien. L’étude du moussar est quelque chose de constant, parce que la vie se compose d’événements fluctuants. Ainsi, il est possible d’apprendre de tout ce qui a été dit plus haut que même une grande personnalité comme Rabbi ‘Haïm Ozer devait peser en pensée ce qui concernait les midot.

Le sentiment personnel trouve une expression forte dans les écrits du Ram’hal, Rabbi Moché ‘Haïm Luzzato zatsal. Dans son livre « Messilat Yécharim » (Chapitre 20), il l’exprime très clairement :

« En vérité, on ne peut réussir à trouver cet équilibre qu’au moyen de trois choses : que le cœur soit entièrement droit, que toute l’intention soit de donner de la satisfaction à Hachem et rien d’autre, et qu’on examine ses actes très attentivement en s’efforçant de les adapter à ce but. Après tout cela, on fera confiance à Hachem pour le reste.

« Et cela nous enseigne que celui qui veut véritablement être pieux doit peser tous ses actes en fonction des conséquences qui en découleront, et en fonction des circonstances qui les accompagnent, selon l’époque, la société, le sujet en question et le lieu. Si s’abstenir entraîne plus de sanctification du Nom de D. et de satisfaction qu’Il aura de cet acte – on s’abstiendra totalement, et si un acte paraît bon mais que ses conséquences ou que les circonstances soient mauvaises, alors qu’un autre acte paraît mauvais mais a des conséquences positives, tout doit être fonction des conséquences finales qui en découlent véritablement, et c’est seulement un cœur attentif et une pensée clairvoyante qui peuvent en juger. »

Un cœur attentif

Voici un excellent exemple des descriptions du Ram’hal sur « un cœur attentif et une pensée clairvoyante », tel qu’on peut l’apprendre d’une histoire racontée par le Rav Kook zatsal :

Quand Rav Moché Leib Cha’hor zatsal s’est rendu chez le Rav Kook zatsal entre Yom Kippour et la fête de Soukot, il a aperçu un menuisier qui réinstallait les bambous selon la halakha (dans la souka du beit hamidrach du Rav il y avait un skhakh permanent toute l’année), alors qu’il n’arrangeait pas les montants de bois sur lesquels reposaient les bambous.

Le Rav Cha’hor s’est adressé au Rav Kook pour attirer son attention là-dessus, puis il a ajouté que le Ba’h (dans Tour Ora’h ‘Haïm 622) se montrait sévère sur ce point en accord avec le Sire de Coucy.

Le Rav Kook répéta par cœur tout ce que disait le Ba’h, et termina en disant : « La halakha a été tranchée en accord avec le Ba’al HaÏtour, selon qui « étant donné qu’on a enlevé les planches, le bois qui reste n’a plus le statut de skhakh invalide », comme l’a expliqué le Mordekhi au nom du Ri, « quand on a fait une action sur les planches, c’est considéré comme si on avait fait une action sur les montants aussi. » Donc là où il y a un risque de porter atteinte au corps d’un juif, ce n’est pas le lieu de se montrer sévère. »

C’est ce que dit le Ram’hal : « un cœur attentif et une pensée clairvoyante. »

 

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