Parachat Vayétsé 10 Décembre 2016 י כסלו תשע"ז |
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Yaakov Avinou consacra tous les jours de sa vie à des occupations saintes
Rabbi David Hanania Pinto
« Yaakov se réveilla de son sommeil. » (Béréchit 28:16)
Nos Sages (Midrach Rabba 69:7) interprètent ainsi le verset : Rabbi Yo’hanan a dit qu’il ne faut pas lire michnato, de son sommeil, mais mimichnato, de son étude. Yaakov, qui était le pilier de la Torah, passa toute son existence à servir D.ieu dans la sainteté et la pureté. Même lorsqu’il s’arrêtait d’étudier pour assumer des besoins matériels, dans ces moments-là également, son âme restait complètement attachée au Créateur et à la Torah. Quand il mangeait, c’était pour donner des forces à son corps, de sorte à pouvoir accomplir son service divin. Ainsi, il ne dormait pas pour le plaisir, mais pour reprendre des forces afin de continuer à étudier avec encore plus de vigueur. Toutes ces actions faisaient donc, pour lui, partie intégrante de l’étude. C’est pourquoi lorsqu’il se réveilla de son sommeil, c’était comme s’il se réveillait de son étude.
Durant toute sa vie, Yaakov Avinou suivit le même chemin. Il resta continuellement dans la tente de la Torah, comme le décrit le verset : « Yaakov était un homme intègre, qui vivait dans les tentes ». Avant d’arriver à l’endroit où il s’endormit, il étudia durant quatorze ans dans la Yéchiva de Chem et Ever. Il y servit le Créateur sans s’interrompre, sans dormir. Au moment décrit dans notre incipit, quand il prit un peu de repos, il atteignit, dans son sommeil, des niveaux spirituels extrêmement élevés. En effet, le Tout-Puissant lui montra toutes les générations futures, et ce qui leur adviendrait durant les différents exils. Ceci confirme l’explication de Rabbi Yo’hanan citée plus haut. Yaakov Avinou consacra tous les jours de sa vie à des occupations saintes, que ce soit lorsqu’il étudiait ou lorsqu’il dormait. Il resta attaché au Créateur, et s’entretint constamment de Torah.
La manière de vivre de nos ancêtres représente pour nous le modèle à suivre. Nous devons nous en inspirer pour apprendre à gérer notre vie. Certaines personnes se comportent comme Yaakov Avinou, quand elles se trouvent au Beth Haknesset. Elles sont conscientes de l’existence du Tout-Puissant, et veillent à y respecter Torah et mitsvot. Mais dès qu’elles en sortent et se tournent vers leurs activités personnelles, elles oublient aussitôt l’existence du Créateur, et rejettent le joug de la Torah. A ce moment-là, elles ressemblent, que D.ieu nous en préserve, à Essav l’impie. De même, quand elles se retrouvent à table, elles se conduisent avec licence, donnant libre cours à leurs envies et s’adonnant à tous les plaisirs de la bouche. Elles oublient de prononcer les bénédictions sur la nourriture.
Ce comportement, dans lequel ne se trouve plus aucune trace de sainteté, est aux antipodes de celui adopté par Yaakov Avinou. D.ieu était constamment présent à son esprit, en vertu du verset (Michlé 3:6) : « Dans toutes tes voies, songe à Lui (…) » Même ses actions matérielles étaient accomplies en l’honneur de D.ieu. On compare la table de celui qui adopte une telle conduite à un mizbéa’h. Lorsqu’il se nourrit, ou satisfait d’autres besoins matériels, ces actes lui sont comptés comme des mitsvot pour lesquelles il sera récompensé. Quand Yaakov Avinou s’adonnait à des occupations profanes, c’est comme s’il continuait à étudier la Torah.
A présent, nous pouvons répondre à ceux qui prétendent étudier la Torah et accomplir les mitsvot, mais ne pas ressentir la douceur de celles-ci et une proximité particulière avec le Créateur. C’est que, bien qu’ils étudient, ils ne fournissent pas assez d’efforts dans ce domaine, ne se donnent pas la peine, par exemple, d’essayer de comprendre une souguia en profondeur. Car le fait de « se tuer à la tâche » pour étudier la Torah montre un amour pour celle-ci. Et l’amour de la Torah éveille en l’homme le désir de s’attacher au Créateur et d’accomplir Ses commandements. C’est la garantie d’être toujours attiré par la Torah, car plus il investit d’efforts dans son étude, plus il en découvrira la douceur.
LA VOIE TRACÉE
Une berakha parfaite
M. Gabi Chemouel fait partie des inconditionnels de la hilloula du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal, qui a toujours lieu le 26 Elloul au Maroc. Depuis de longues années, son épouse et lui se répandaient en prières pour avoir le mérite de serrer dans leurs bras leur propre enfant.
Une fois, M. Chemouel éclata en sanglots sur la tombe du Tsaddik, priant comme il ne l’avait jamais fait pour que le Créateur l’exauce. Dans sa peine, il se tapa la tête contre la tombe, en criant : « Elaka déRabbi ‘Haïm, Anéni ! Elaka déRabbi ‘Haïm, Anéni ! » (« D.ieu de Rabbi ‘Haïm, exauce-moi ! »)
Témoins de la scène, de simples Juifs qui se trouvaient à côté de lui le saisirent à bras le corps pour l’empêcher de continuer et tentèrent de l’apaiser : « Ne pleure pas ! Ne pleure pas ! L’année prochaine, à la hilloula, tu auras un fils ! Amen ! »
Me tenant de côté, j’avais également assisté à l’échange et, entendant la promesse de ces simples Juifs, qui étaient loin d’être des « hommes de Torah », je répondis également « Amen », après quoi je pris à part M. Chemouel et lui indiquai un certain nombre de points sur lesquels il devrait travailler afin de donner à la berakha un réceptacle pour qu’elle se concrétise.
Il s’engagea à fournir des efforts dans les domaines mentionnés et sortit du cimetière rasséréné, plein de confiance dans le pouvoir de la berakha qu’il avait reçue. « J’ai reçu la promesse que j’aurai un fils dans l’année », se répétait-il, et il sentait qu’on lui avait ôté une pierre du cœur.
Un an plus tard, nous avons de nouveau fait le déplacement à l’occasion de la hilloula, qui devait avoir lieu un motsaé Chabbat. Aussi avons-nous passé le Chabbat précédent à Essaouira, à proximité du tombeau du Tsaddik.
Le Chabbat après-midi, aux alentours de deux heures, je me trouvais en présence de quelques uns des participants, au nombre desquels M. Chemouel.
« Alors, quoi de neuf ? As-tu des bonnes nouvelles à partager avec nous ? lui demandai-je.
– Oui, grâce à D.ieu et par le mérite du Tsaddik, ma femme est enceinte. La bénédiction que l’on m’a faite l’année dernière s’est donc accomplie, à un détail près.
– Lequel ?
– On m’avait souhaité d’être déjà père à cette hilloula. Ma femme se rapproche de son terme, mais elle n’a pas encore accouché et la berakha ne se sera entièrement réalisée qu’après cela.
– Et qu’est-ce qui te dit que la berakha ne s’est pas entièrement réalisée ? repris-je. Peut-être a-t-elle déjà accouché dans la nuit d’hier, sans que tu le saches, à moins qu’elle accouche aujourd’hui, pendant la journée du Chabbat !
– C’est fort improbable : je l’ai eue au téléphone peu avant l’entrée du Chabbat, et elle m’a dit qu’elle n’avait aucune contraction.
– A ce moment-là, elle ne sentait rien, mais il n’empêche qu’elle pourrait très bien être en train d’accoucher maintenant, pendant que nous discutons. »
Gabi restait sceptique. Après tout, le terme de sa femme n’était prévu que pour Roch Hachana. Cependant, nous nous sommes accordés à dire que si, en dépit des prévisions, elle accouchait pendant Chabbat, cela serait un grand kiddouch Hachem, une remarquable démonstration de force du Tsaddik.
A l’issue du Chabbat, au plus fort de la hilloula, c’est un M. Chemouel hystérique qui fit une entrée très remarquée, criant devant tout le monde : « Elaka déRabbi ‘Haïm Pinto ! Elaka déRabbi ‘Haïm Pinto ! »
Interloqués par cette irruption soudaine, tous lui demandèrent : « Qu’est-ce qu’il y a ? Que s’est-il passé ? »
Rayonnant de bonheur, il raconta à la ronde que sa femme avait accouché le Chabbat après-midi, à deux heures.
C’est ainsi que la berakha que lui avaient donnée les autres participants exactement un an auparavant s’était pleinement accomplie : le jour de la hilloula, il était déjà papa, et ce, par le mérite du Tsaddik !
CHEMIRAT HALACHONE
Une bonne utilisation
Le fait d’entendre est en soi une bonne chose, comme il est dit : « (…) écoutez et votre âme renaîtra (…) » (Yéchaya 55:3) Il est dit également (Michlé 15:31) : « Prêter une oreille attentive aux instructions salutaires, c’est mériter de vivre parmi les sages. » Grâce à la faculté d’écoute, l’homme peut se rendre quitte de mitsvot comme s’il les avait accomplies lui-même, par exemple celle de la lecture de la Méguila, du chofar, du kiddouch ou du birkat hamazone. Une seule personne accomplit la mitsva, tandis que toutes les autres écoutent et se rendent quittes.
L’évènement de Matan Torah était basé sur la faculté d’écoute, qui, dans ce cas, fut utilisée pour le bien. Inversement, lorsqu’elle est mal utilisée, elle a également un grand impact sur l’âme de l’homme, mais négatif. Nos Sages (Kétouvot 5b) ont dit : « Un homme ne doit pas écouter de propos futiles, car ils mutilent les membres. »
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Oui, Mon peuple se complaît dans sa rébellion contre Moi (…) » (Hochéa 11:7)
Dans les communautés ashkénazes : « Yaakov s’était réfugié sur le territoire d’Aram (…) » (Hochéa 12:13)
Lien avec la paracha de la semaine : dans la haftara, il est dit que Yaakov saisit le talon de son frère Essav, comme il est écrit : « Dès le sein maternel, il supplanta son frère (…) », tandis qu’un des sujets de la paracha est la fuite de Yaakov devant Essav.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
Yaakov Avinou : fondement de la construction du monde
« Léa avait les yeux faibles ; Ra’hel était belle de taille et belle de visage. » (Béréchit 29:17)
Le Gaon Rabbi Aharon Kotler a écrit dans son ouvrage Michnat Aharon : « Les gens ordinaires ne comprennent pas cette paracha correctement. La Torah raconte que Ra’hel était “belle de taille et belle de visage”, et que “Yaakov conçut de l’amour pour Ra’hel”. Les gens qui ne comprennent pas pensent que se mêlent ici des sentiments personnels et égoïstes. Le fait de dire que Yaakov aima Ra’hel pour sa beauté est une déformation du texte, et porte atteinte à l’honneur de Yaakov Avinou, l’élu des patriarches, qui eut le mérite d’avoir son image gravée sur le kissé hakavod.
« Il est exact que Ra’hel Iménou était belle d’aspect. Mais le verset fait également allusion à ses qualités spirituelles. Elle était “belle de taille” par l’éminence de ses traits de caractère et “belle de visage” par sa pudeur et sa sainteté.
« Quand Ra’hel introduisit sa sœur Léa dans la chambre de Yaakov, de peur que celle-ci ne ressente de la honte, elle lui transmit les signes qu’elle avait définis avec Yaakov. Elle alla même jusqu’à accepter de ne pas épouser Yaakov, l’essentiel étant que sa sœur ne fût pas humiliée. Son âme était pure et ses traits de caractère remarquables. Quand Yaakov se rendit compte de ses sublimes qualités morales et de sa sagesse, il désira ardemment l’épouser. Son comportement diffère radicalement de ceux qui choisissent leur épouse en fonction de sa beauté ou pour son argent, et ne vérifient même pas ses valeurs morales.
« Chelomo Hamélekh (Michlé 31:30) a dit : “Mensonge que la grâce, vanité que la beauté ! La femme qui craint l’Eternel est seule digne de louanges.” L’homme doit vérifier soigneusement si sa future épouse craint le Ciel, et est dotée de bonnes qualités et de dérekh érets. Yaakov Avinou trouva des qualités élevées chez Ra’hel, et c’est pourquoi il l’aima, il aima sa réserve et ses bons traits de caractère. Aussi demanda-t-il à Lavan de lui donner sept ans de travail afin qu’il dispose de suffisamment de temps pour se préparer mentalement et mérite de l’épouser.
A MÉDITER
Dans notre paracha, on trouve une allusion au fait de répondre Amen après une bénédiction.
Le Gaon Rabbi Eliahou Raata dit une fois devant le public :
« Sachez que le fait de répondre Amen a une influence très bénéfique sur la personne, aussi bien matérielle que spirituelle, et éloigne les maladies de son foyer. Chacun d’entre nous doit réfléchir à ce qui est plus important pour lui : préférons-nous aller chercher l’aide des médecins ou répondre Amen à haute voix, qui est une ségoula merveilleuse pour être épargné de tous ces maux et produire de grandes délivrances dans tous les domaines ? »
Dans l’ouvrage Méorot Hadaf Hayomi (Békhorot 43a), il est rapporté au nom du Gaon Rabbi Its’hak Zilberstein : « Comme nous le savons, il a été fixé que nous devons prononcer cent bénédictions par jour afin d’échapper à ce nombre de malédictions décrites dans la Torah. S’il en est ainsi, nous pouvons dire que nous devons répondre quatre-vingt dix Amen par jour pour être épargnés des quatre-vingt dix défauts comptabilisés par le Rambam (Halikhot Biat Mikdach 8 :1), qui invalident le Cohen. Certains s’appuient sur le fait que la valeur numérique du mot hamoum, le défaut, est la même que celle du mot Amen. »
Faire descendre l’abondance du ciel
La Rabbanite Meïzlich, qui insiste beaucoup sur ce sujet important, raconte :
« A la maison, mon père, l’Admour de Babov zatsal, qui habitait New York, avait l’habitude de fêter également Pourim le 15 Adar, afin de réjouir les Juifs habitant Erets Israël.
« Une année, la fête battait son plein. On servit à mon père du brandy, et il prononça la bénédiction chéhakol. Puis, il voulut dire la bénédiction finale boré néfachot. Le Machguia’h de la Yéchiva se tenait à ses côtés. Il était marié depuis huit ans, et n’avait toujours pas d’enfant. Il sentit que ce moment était propice, c’est pourquoi il répondit Amen avec ferveur à la bénédiction du Rabbi, tout en pensant au sens des mots boré néfachot. C’était tout ce qu’il désirait : avoir le mérite de “créer des âmes”.
« Un des gabbaïm se trouvait également présent. Il n’avait qu’un seul garçon, et désirait en avoir d’autres. “Je voudrais répondre moi aussi”, dit-il. Mon père ferma les yeux et déclara : “La bénédiction boré néfachot est formulée au pluriel.” Le gabbaï et le Machguia’h s’écrièrent à l’unisson : « Amen ! » Dix mois s’écoulèrent. L’épouse du Machguia’h donna naissance, après neuf ans d’attente, à une fille. Quant à l’épouse du gabbaï, elle eut un fils. Vingt ans plus tard, ces deux enfants se marièrent ensemble. »
« Il est écrit (Yéchaya 26:2) : “Ouvrez les portes, pour que puisse entrer le peuple juste, gardien de la loyauté (chomer émounim).” Le fait de répondre Amen renferme le pouvoir d’ouvrir les portes du Gan Eden, et d’amener la bénédiction sur le monde. Il est tout simplement extraordinaire de constater comment un mot si petit peut produire des effets si gigantesques ! »
DE LA TORAH D’ÉLIAHOU HANAVI
« L’ordonnance de D.ieu est pure et elle éclaire les yeux. La crainte de l’Eternel est pure et elle subsistera éternellement. Les jugements de D.ieu sont vérité et sont tous justes. Ils sont plus enviables que l’or, même que l’or fin, et plus doux que le miel, que celui qui découle des rayons. » Aussi quand D.ieu voit les hommes abandonner Sa Torah, cherche-t-Il à détruire le monde. C’est ce que dit le verset (Téhilim 29:1) : « Célébrez l’Eternel, ô fils de D.ieu ! » et fils de D.ieu signifie ici les anges qui sont du service direct de D.ieu. Comment, dit D.ieu, J’ai multiplié les hommes autant que les oiseaux des cieux et que les poissons de la mer et ils n’accomplissent plus Ma volonté ! Je détournerai Ma face d’eux.
« Célébrez Sa gloire et Sa puissance. Rendez hommage au Nom glorieux de l’Eternel (…) » (Téhilim 29:1-2) La gloire, ici, indique la Torah, comme on apprend de ce verset (Yéchaya 42:12) : « Qu’ils rendent hommage à l’Eternel, qu’ils proclament Sa gloire dans les îles » et de celui-ci également : « Rendez hommage à l’Eternel votre D.ieu » (Yirmiya 13:16)
« Prosternez-vous devant l’Eternel dans Son superbe sanctuaire. » (Téhilim 29:2) Nous déduisons une prescription de ce verset : c’est que l’on ne doit pas commencer la prière qui se fait debout (Amida), avant d’avoir lu, par exemple, une règle de Torah ou même un seul verset ; voilà ce qu’indique cette phrase : « Prosternez-vous devant l’Eternel dans Son superbe sanctuaire. »
« La voix de l’Eternel retentit sur les eaux. » (Téhilim 29:3) Or, les eaux font toujours allusion à la Torah, et ceci veut dire donc, comme les Rabbins l’ont déjà expliqué, que les docteurs de la Torah doivent bien prendre garde aux enseignements qu’ils font ; ils pourraient, en effet, conseiller quelque règle qui ne serait pas prescrite par le Loi et cela entrainerait pour eux la perte de la vie. Ensuite, leurs disciples, suivant leurs traces, pourraient également commettre la même faute et, à D.ieu ne plaise, s’attireraient le même châtiment. Une profanation du Nom divin serait la conséquence d’une pareille faute.
« Le D.ieu de gloire tonne, l’Eternel – sur les grandes eaux. » (Téhilim 29:3) Ceci, a dit D.ieu, se rapporte à la Torah que je vois ai versée abondamment comme on verse du lait et de l’huile dans des vases ; ils ne font pas de bruit pendant leur transvasement, voilà pourquoi il est dit : « Le D.ieu de gloire tonne, l’Eternel – sur les grandes eaux. »
« La voix de l’Eternel [éclate] avec force, la voix de l’Eternel, avec majesté. » (Téhilim 29:4) Ce verset concerne les enfants d’Israël n’accomplissant pas la volonté divine. Un roi, en effet, avait en supposition, plusieurs fils qui étaient très versés dans toutes les parties de la Bible et de la Loi orale, ainsi que même dans le commerce. Il épouse une autre femme, mais pauvre, qui lui donne également des fils. Il élève ces derniers dans les études religieuses en leur faisant donner une bonne éducation. Mais après plusieurs années d’espoir et d’attente, il s’aperçoit qu’ils n’avaient jamais rien appris et qu’ils ne savent donc rien. « Pour qui donc, leur dit-il, ai-je bâti ces palais, pour qui ai-je fait l’acquisition de ces campagnes, ai-je planté ces vignes ? »
Tels seraient les enfants d’Israël devant leur Père céleste, quand ils n’accomplissent pas les commandements de la Torah, et c’est ce qu’expriment ces paroles : « La voix de l’Eternel [éclate] avec force, la voix de l’Eternel, avec majesté. »
« La voix de l’Eternel brise les cèdres. » (Téhilim 29:5) On entend par ces derniers ceux qui, ici-bas, se démêlent très bien dans leurs affaires, dans leur négoce et dans tout métier en général, mais ne se préoccupent guère de la Torah. On les compare avec raison aux cèdres, car ces arbres ne donnent aucun fruit, et ces hommes également qui n’ont aucune pratique de la Loi divine, ne produiront rien. Donc, toute personne qui n’observe pas la Loi est comme un cèdre ; ce verset l’atteste : « Et c’est moi pourtant qui ai détruit pour eux l’Amorréen, dont la stature égalait celle des cèdres. » (Amos 2:9)
Il est dit encore : « Et c’est l’Eternel qui met en pièces les cèdres du Liban. » (Téhilim 29:5) Ceci vise les enfants d’Israël qui vécurent à l’époque du premier Temple et qui tout en étant cependant savants ne retournèrent pas à D.ieu et n’observèrent point la Torah. Aussi est-il bien dit à leur sujet : « Et c’est l’Eternel qui met en pièces les cèdres du Liban. »
« (…) Qui les fait bondir comme des jeunes taureaux, le Liban et le Chirion comme des jeunes buffles. » (Téhilim 29:6) Nos sages ont vu dans ce verset comme un avertissement contre ceux qui n’acceptent pas avec soumission les châtiments divins. Ils seront doublement punis. Supposez, en effet, qu’un homme ait une vache rebelle ; pour la dompter, il ne manquerait pas de l’attacher bien solidement, d’augment, s’il le faut, jusqu’à dix, jusqu’à cinquante coudées la longueur des cordes à employer. De même, le prophète a dit d’Israël : « Les gens d’Israël sont indociles comme une vache rebelle. » (Hochéa 4:16)
Les docteurs de la Loi ont dit : est-ce que les tourments infligés à l’homme ne sont pas le fruit des ses péchés ? Oui, certes, car ce sont ses actions coupables qui lui causent ses douleurs. Lui-même, par ses propres fautes, se condamne à se faire retrancher de ce monde-ci et de l’autre. D.ieu a parlé ainsi aux enfants d’Israël : si vous désirez apprendre Mes voies, rappelez-vous l’histoire de vos pères dans le désert, quoiqu’ils eussent vécu dans la pratique continuelle de la Loi, lorsqu’ils eurent proféré de méchantes paroles, Je les frappai immédiatement.
C’est ce qu’exprime le verset : « La voix de l’Eternel fait jaillir des flammes ardentes ; la voix de l’Eternel fait trembler le désert, l’Eternel fait trembler le désert de Kadech. » (Téhilim 29:7) D.ieu consola ensuite Son peuple : Mes fils, leur dit-Il, Je jure par Mon Trône de gloire que Je récompenserai même jusqu’aux plus jeunes enfants qui fréquentent les écoles religieuses, pourvu toutefois qu’ils se tiennent éloignés du péché. Tout homme, n’aurait-il jamais appris que les premiers éléments de la morale et de la Loi, aura également sa récompense s’il méconnaît le péché. Bien plus, même si quelqu’un n’a jamais pu étudier ni la Loi écrite, ni la Loi orale, Je le récompenserai également, s’il assiste assidûment, matin et soir, à la synagogue ou à l’école religieuse, et s’il lit le Chéma Israël en l’honneur de Mon Nom sublime, tout en s’abstenant de pécher.
DES HOMMES DE FOI
Notre Maître chelita évoque souvent l’extraordinaire pouvoir du Tsaddik le jour de sa hilloula. Rav Yéhouda Leib Raskin zatsal, un envoyé du Rabbi de Loubavitch, qui vécut et œuvra au Maroc pendant quarante-cinq ans, insistait lui aussi sur ce point quand il voyait l’immense foule qui, chaque année, venait se recueillir sur le tombeau du Tsaddik, le 26 Elloul.
La hilloula met en exergue la foi pure des participants. Nous y voyons des personnes instruites, riches et respectables, dont la vie ne tourne qu’autour de la matérialité, qui, dès leur arrivée sur le tombeau du Tsaddik, vivent un revirement total. Durant la hilloula, elles font abstraction du matériel pour ne plus s’attacher qu’au côté spirituel, prouvant ainsi leur attachement à de profondes valeurs. Face au tombeau, elles réalisent que c’est là leur ultime destination. Lorsqu’elles repartent à la fin de la hilloula, elles aspirent à atteindre de hauts niveaux de spiritualité et de sainteté.
C’est alors que le mauvais penchant se met à l’œuvre et essaie de leur faire oublier tous les sentiments ressentis durant la hilloula. Elles doivent aussitôt engager le combat, dans l’esprit du verset : « Quand tu iras en guerre contre tes ennemis et que tu leur feras des prisonniers (…) ». Cela signifie qu’il leur incombe de tout faire pour dominer cette tendance au mal avant qu’elle ne les emprisonne. Seule la Torah peut leur permettre de sortir vainqueurs de cette lutte inégale. Le mauvais penchant en a conscience, et c’est pourquoi il multiplie les tentatives pour faire trébucher l’homme dans ce domaine.
Le mauvais penchant sait que le moment va venir où l’enthousiasme des débuts va s’amenuiser. Il attend patiemment son heure de gloire. Aussi la guerre doit-elle être permanente. L’homme doit toujours chercher à s’élever, pour ne pas perdre cet élan de spiritualité acquis lors de la hilloula.
Ces jours d’exceptionnelle élévation dans la Torah et les mitsvot constituent une formidable expérience. Chacun y puise des réserves de sainteté, qu’il devra chercher à accroître, jour après jour, à l’instar du verset : « Un feu continuel sera entretenu sur l’autel, il ne devra pas s’éteindre. »
Toutefois, cette lutte est difficile. Sans l’aide du Tout-Puissant, l’homme ne peut dominer le mauvais penchant. C’est pourquoi il est dit : « L’Eternel, ton D.ieu, les livrera en ton pouvoir. » Cette assistance lui permettra de conserver sa sainteté, et de poursuivre éternellement son ascension spirituelle.