Parachat Vayéchèv 24 Décembre 2016 כ"ד כסלו תשע"ז |
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Une exigence de perfection
Rabbi David Hanania Pinto
Au début de la section de Vayéchev, il est écrit : « Yaakov s’installa » (Béréchit 37:1), et Rachi de commenter : « Yaakov aspirait à demeurer paisiblement, et un tourment lui survint par le biais de Yossef. Quand les Tsaddikim aspirent à demeurer en paix, le Saint béni soit-Il dit : “Les Tsaddikim ne se contentent donc pas de ce qui leur est réservé dans le monde à venir, ils voudraient encore la paix dans ce monde-ci !” »
En quoi le fait que Yaakov demanda à vivre en paix constitue-t-il une faute ? Yaakov Avinou était un combattant valeureux de la Torah. A son sujet, il est écrit (Béréchit 25:27) : « Yaakov était un homme intègre, qui vivait dans les tentes », dans les tentes de la Torah. Il dédia toute sa vie à l’étude de celle-ci. Alors pourquoi lui reprocha-t-on de vouloir un peu de tranquillité ?
La seule aspiration de Yaakov à demeurer en paix peut-elle être considérée comme suffisante pour qu’il mérite de tels tourments au sujet de son fils Yossef, sur lequel il pleura durant vingt-deux ans ?
Pour nous permettre de répondre, penchons-nous sur les paroles de nos Sages (Yébamot, 121b) au sujet du verset des Téhilim (50:3) : « (…) autour de Lui gronde la tempête ». Ces derniers nous enseignent que le Saint béni soit-Il tient rigueur aux justes pour une faute de l’épaisseur d’un cheveu. Pourquoi D.ieu est-Il aussi pointilleux dans Sa manière de juger les Tsaddikim ?
Je me souviens qu’au Maroc, on vendait des montres ordinaires au poids. Du fait de leur simplicité, on les vendait comme on aurait vendu des fruits et des légumes, pour un prix dérisoire. A l’inverse, il existe des montres luxueuses qui peuvent atteindre des valeurs très élevées.
Un jour, un homme riche me fit un présent de valeur. Avant de me le remettre, il me précisa : « Il y a dans ce grand paquet un cadeau luxueux pour votre honneur, Rav. »
Lorsque je défis le papier cadeau, j’en découvris un second, puis un troisième… Chaque emballage était lui-même d’une grande valeur. J’arrivai enfin à une petite boîte dans laquelle se trouvait une montre Cartier qui devait valoir des dizaines de milliers de dollars ! A cause de son prix, je ne pensais pas la porter. Je ne voulais pas que les gens se demandent comment j’avais pu acquérir un objet de ce prix. En effet, un homme doit faire attention de ne pas éveiller des soupçons chez autrui. C’est pourquoi je demandai à mon visiteur s’il avait un moyen d’estimer le prix de cette montre, et de bien vouloir faire don de cette somme à nos institutions et aux étudiants en Torah.
En réalité, ces deux montres, l’ordinaire et celle de luxe, donnent la même heure. Les deux ont la même utilité, pourtant il existe une différence abyssale entre elles. La montre de luxe vaut bien plus cher que la simple, en raison de la firme qui l’a fabriquée. Plus la marque de la montre est connue, la compagnie réputée pour sa qualité, plus sa valeur augmente. Si elle est fabriquée par une société quelconque, inconnue, les coûts de production sont moindres, de même que son prix de marché.
Tout dépend donc de l’artisan qui fabrique la montre. Sa notoriété lui donne de la valeur.
En outre, plus la montre a de valeur, plus l’artisan est intéressé à ce qu’elle donne l’heure juste, sans avance ni retard, et ne soit pas fragile. Sinon, quelle différence aurait-elle avec une montre ordinaire ? Le coût élevé de la montre l’oblige à être d’une précision implacable.
Cette image nous permet de comprendre la rigueur que D.ieu exige des Tsaddikim. Ces justes ont été sanctifiés par le Créateur. Et à mesure qu’ils grandissent en Torah et en crainte du Ciel, leur Concepteur devient plus exigeant quant à la précision de leurs actes, qui doivent être irréprochables, tout comme le fabriquant de montres de luxe l’est à l’égard de ses produits. C’est par leur précision que l’on reconnaît leur qualité et leur importance.
LA VOIE TRACÉE
Le remède miracle
Voici un fait vécu par mon secrétaire, qui m’accompagne fidèlement dans tous mes déplacements. Cette fois-ci, alors que nous nous apprêtions à nous envoler vers Israël, il se souvint subitement, environ une heure avant l’embarquement, qu’il avait oublié chez lui ses médicaments contre le cholestérol.
Du fait qu’ils ne peuvent être délivrés que sur ordonnance, cet oubli le contraria grandement, car il ne pourrait plus les prendre jusqu’à son retour, et cette interruption de quelques jours dans son traitement risquait de s’avérer très néfaste.
Cependant, il ne lui restait pas suffisamment de temps pour rentrer chez lui chercher les comprimés oubliés. Il était toujours plongé dans ses pensées, se demandant d’où viendrait le salut, lorsqu’il aperçut soudain face à lui M. Tsion Sebban, homme de valeur qui sert le Créateur dans la joie et à l’enthousiasme très communicatif.
Content de rencontrer mon secrétaire, il eut tôt fait de remarquer son visage inquiet et lui demanda ce qui le perturbait et en quoi il pourrait l’aider.
Le secrétaire, qui n’avait pas encore trouvé de solution concrète à son problème, le lui détailla.
« Quel est le problème ? lui demanda-t-il. Je n’ai qu’à te donner une pièce d’un euro, que tu avaleras en lieu et place de ton comprimé ! » suggéra-t-il avec humour.
Mon secrétaire, très tendu, n’était pas d’humeur à la plaisanterie. « Je ne crois pas que ce soit le moment de rire », lui fit-il remarquer.
« Mais si, je vais te donner une pièce », poursuivit Tsion sans se démonter. Aussitôt, joignant le geste à la parole, il introduisit sa main dans sa poche et en sortit de la menue monnaie qu’il lui tendit.
Mon accompagnateur regarda la main de Tsion tendue vers lui, et sa stupéfaction ne connut plus de bornes lorsqu’il aperçut, entre les pièces, un comprimé tel que ceux qu’il prend régulièrement !!! Pétrifié, il s’empara aussitôt du comprimé.
A la lecture de ce récit, il est impossible de ne pas admettre qu’il constitue un remarquable exemple d’intervention divine, ici au profit de mon secrétaire. Personne, dans le foyer de M. Sebban, ne souffrait de problème de cholestérol, et c’est pourquoi la présence d’un tel comprimé dans sa poche tenait tout bonnement du miracle.
Par ailleurs, lui-même en ignorait la présence jusque-là. En outre, il est vraiment prodigieux que, parmi les milliers de voyageurs de l’aéroport, ils se soient rencontrés, que mon secrétaire lui ait confié ses soucis et que, pour lui faire une blague afin de lui changer les idées, M. Sebban ait mis la main dans sa poche, pour en sortir le comprimé !
Cela nous enseigne qu’il n’y a pas de hasard dans le monde. Chaque pilule, chaque fait, est dirigé d’en Haut de façon prodigieuse, et « nul ne peut remuer le petit doigt ici-bas, sans que cela n’ait été décidé en Haut » (‘Houlin 7b).
CHEMIRAT HALACHONE
Emprisonné pour médisance
D’après ce que nous ont enseigné nos Sages, Yossef n’a travaillé qu’un an dans la maison de Putifar, alors qu’il fut emprisonné durant douze ans (il partit de la maison de son père lorsqu’il avait dix-sept ans et en avait trente lorsqu’il se tint devant Paro).
Il est rapporté dans le Midrach qu’il n’aurait dû rester que dix ans en prison, pour avoir dit de la médisance sur ses dix frères. Or, pour avoir dit à l’échanson : « si tu te souviens de moi… parle de moi… », il fut décrété qu’il y passerait deux années supplémentaires.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Ainsi parle l’Eternel : à cause du triple (…) » (Amos 2)
Lien avec la paracha : nous trouvons dans la haftara une allusion à la vente de Yossef, comme il est écrit : « parce qu’ils vendent le juste pour de l’argent », vente qui est également décrite dans la paracha.
PAROLES DE TSADDIKIM
Modim dérabbanan
« [Ses frères] le prirent en haine, et ne purent se résoudre à lui parler amicalement. » (Béréchit 37:4)
Du récit de leur honte, nous dit Rachi, nous apprenons quelque chose à leur avantage : ce qui sortait de leur bouche n’allait pas à l’encontre de ce qu’ils avaient dans leur cœur.
Nos Sages ont déclaré qu’un étudiant en Torah dont l’intériorité diffère de ce qu’il montre à l’extérieur ne peut être considéré comme un érudit. Certains disent : « il est appelé odieux » (Yoma, 72b). D’autres ont dit qu’une des trois choses que le Tout-Puissant exècre, c’est celui dont les paroles contredisent les pensées (Pessa’him, 113b).
Dans n’importe quel domaine, un érudit ne doit prononcer que des paroles justes, même si une inexactitude n’occasionnerait aucune perte à celui qui les écoute. La Guémara précise (Baba Metsia, 21b) : « Un Talmid ‘Hakham ne modifie jamais ses paroles. »
Rabbi Chelomo Zalman Auerbakh n’économisait aucun effort dans sa recherche de la vérité. Il ne considérait pas comme dégradant le fait d’avouer ses erreurs. Voici un épisode raconté par Rabbi Moché Méir Yadler, l’auteur du Méor Hachabbat, qui en est l’illustration :
« Dans une de mes lettres, je fis remarquer à Rabbi Chlomo Zalman Auerbakh qu’il avait écrit quelque chose sur un certain sujet qui différait de ce qui est rapporté dans le Mordékhi. Quelques jours plus tard, je reçus sa réponse rédigée sans faux-fuyant : “Je reconnais sans honte que je me suis trompé, car il est écrit textuellement le contraire.” »
Dans le même ordre d’idées, on raconte au sujet de Rabbi Salman Moutsafi qu’il eut un jour un échange de vues mouvementé avec d’autres sages de ses amis, sur l’explication d’un texte du Zohar. Chaque participant à la discussion amenait des preuves à l’appui de ses dires.
Lorsque Rabbi Salman Moutsafi reconnut que l’explication d’un de ses amis était juste, il en conçut une joie immense. Il ne cessa de lui répéter : « Merci infiniment de m’avoir fait accéder à la vérité. Grâce à toi, j’ai compris ce texte ! »
Le lendemain soir, Rabbi Salman s’adressa de nouveau à ce même érudit : « Tu ne peux pas t’imaginer quel bonheur je ressens d’avoir compris le texte d’hier. Merci beaucoup ! »
A MÉDITER
La lecture des sections du livre de Béréchit éveille en nous l’envie de ressembler à nos patriarches, et de faire partie de ceux qui se demandent : « Quand mes actions ressembleront-elles à celles de mes ancêtres ? » Ce livre nous décrit la vie remarquable des Avot, qu’ils consacrèrent entièrement au service divin et à l’élévation spirituelle, jusqu’à atteindre des niveaux extrêmement élevés et une grande proximité avec le Créateur.
Il est extraordinaire de constater qu’en répondant Amen comme il se doit, chacun d’entre nous peut mériter la même longévité que nos ancêtres, longévité qui, outre son sens premier, démontre une perfection spirituelle, comme elle est décrite dans la Midrach : « que tous ses jours soient bons. »
Durant l’été 5739, deux Avrékhim proches de l’Admour de Sandz, Rav Aharon Krieger et Rav Moché Né’hamia Schtreibel, décédèrent prématurément, dans des circonstances tragiques.
Ce fut une lourde perte pour le monde religieux en général et pour la communauté de Sandz de Natanya en particulier. Tout le monde attendait l’avis de l’Admour quant à la raison de ce drame. Mais il resta muet.
La semaine suivant le drame, l’Admour commença son cours par l’explication que voici : « “A cette vue, le Seigneur s’est indigné ; ainsi outragé par Ses fils, par Ses filles, Il a dit : Je veux leur dérober Ma face, Je verrai ce que sera leur avenir ; car c’est un peuple aux voies obliques, des enfants sans loyauté.” (Dévarim 32:19-20) Il est rapporté dans le Sifri : « Rabbi Doustaï ben Yéhouda dit : il ne faut pas lire banim lo émoun bam, “des enfants sans loyauté”, mais banim lo Amen bam, “des enfants sans Amen”, des enfants qui n’ont pas voulu répondre Amen quand les Néviim les ont bénis. »
« Amen, lança le Rabbi comme un cri du cœur, ce sont les initiales d’Aharon, Moché Né’hémia ! Parce que nous n’avons pas veillé à répondre Amen, ces chers Avrékhim nous ont été repris ! »
Réveiller la force du Amen
Pour finir, voici une très belle idée rapportée au nom de Rabbi David Abou’hatséra chelita :
Chaque matin, nous disons dans les bénédictions de la Torah : « Véniyé ana’hnou vétséétsaénou vétséétsaé tséétsaénou koulanou iodé chemékha ». Pourquoi n’employons-nous pas l’expression zarénou vézéra zarénou, qui semble plus appropriée ?
Dès le début de la journée, nous aspirons à avoir le mérite de répondre Amen. Mais comme un homme ne doit pas répondre à ses propres bénédictions et que parfois, lorsqu’il se lève de bonne heure pour aller étudier la Torah, personne ne se trouve à ses côtés pour lui donner la possibilité de répondre à ses bénédictions, les Sages de la Grande Assemblée ont institué l’emploi de l’expression tséétsaénou vétséétsaé, car elle contient plusieurs fois le mot tsé qui a la même valeur numérique que le mot Amen. En le prononçant, on éveille le pouvoir et le mérite de répondre Amen.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
Le jeu de la toupie et les intrigues des Grecs
Comme nous le savons, à l’époque de la domination grecque, la plupart des Juifs suivirent les traces des Grecs, qui parvinrent presqu’au but qu’ils s’étaient fixé : leur faire oublier la Torah. En effet, il ne restait plus qu’une poignée d’hommes fidèles à D.ieu et à Ses préceptes. Cela semble toutefois difficile à comprendre. Comment concevoir qu’à une époque où le peuple d’Israël eut le mérite de voir les Cohanim et les Léviim accomplir leur service dans le Beth Hamikdach, à Jérusalem, et d’assister aux dix miracles qui s’y déroulaient, autant de Juifs s’hellénisèrent et suivirent la voie de ces impies ?
Pour le comprendre, observons quelle fut la tactique employée par les Grecs. Ils n’attaquèrent pas les Juifs de front en leur demandant d’abandonner complètement l’observance du Chabbat ou d’autres mitsvot importantes et fondamentales. Ils les abordèrent en leur donnant de petits conseils, anodins en apparence, en leur disant des paroles sans importance, dans lesquelles les Juifs ne voyaient a priori aucun mal. Ils leur conseillèrent de fréquenter leurs centres de mise en forme et de pratiquer encore d’autres activités sportives qui ne contenaient aucune forme de débauche.
Les parents qui ne mesurèrent pas la profondeur du piège qu’on leur tendait, envoyèrent tranquillement leurs enfants dans ces endroits. A première vue, il n’y avait rien de mauvais à cela.
Mais s’il était juste que le sport lui-même n’était pas interdit, ils auraient dû se renseigner sur le moniteur qui l’enseignait à leurs enfants. De même, auraient-ils dû s’informer sur l’entourage dans lequel il se pratiquait. Etait-il conforme aux principes de Torah et à la pureté prônée dans le peuple d’Israël ? Quand l’instructeur est un Grec impie, aux traits de caractère abjects et aux principes douteux, il est évident qu’il va inculquer ses idées erronées aux enfants et exercer sur eux une mauvaise influence, qui risque de leur ôter toute estime pour la Torah et les valeurs auxquelles ils ont été éduqués.
C’est là l’essence même de la toupie avec laquelle nous jouons à ‘Hanoucca. Elle vient nous rappeler comment les Grecs ont, en quelque sorte, fait « tourner » la manière dont les Juifs percevaient le monde et les ont détournés du bon chemin. De la même manière, la toupie commence à tourner sur un point précis, puis finit sa course à un autre.
Les Grecs ont commencé par aborder les Juifs en leur parlant de sujets sans importance, et ont emmené leurs enfants pratiquer diverses activités, en apparence innocentes. De la sorte, ils ont introduit en eux des principes non-conformes aux valeurs du Judaïsme. Les Juifs ordinaires n’ont pas senti le piège qu’on leur tendait, et n’ont pas interféré dans les projets des Grecs. Ils se disaient : « Qu’y a-t-il de mal, nos enfants sont petits … » Finalement, ils se sont retrouvés dans une situation où ils durent sacrifier leur vie pour pouvoir respecter la Torah. Cependant, par le biais de leurs enfants, les Grecs réussirent à éteindre toute étincelle de Judaïsme et à éliminer tout attachement aux mitsvot.
DE LA TORAH D’ÉLIAHOU HANAVI
Pour quelle raison Moché mérita-t-il d’avoir sa figure resplendissante durant toute sa vie, ce que le Saint béni soit-Il n’a réservé aux justes que dans l’autre monde ? C’est parce qu’il avait à souci tout ce qui se rapportait à la gloire de D.ieu béni soit-Il, et à celle d’Israël. Toute sa vie, il ne s’occupait et ne méditait que de rapprocher les enfants d’Israël de leur Père céleste. En voici une preuve. Lorsque les enfants d’Israël avaient été dans le désert et avaient péché envers D.ieu, le Créateur dit à Moché :
« Et maintenant, laisse-Moi. Ma colère va s’embraser contre eux et Je les anéantirai : quant à toi, Je te ferai devenir une grande nation. » (Chémot 32:10) Moché comprit aussitôt que c’était une bonne occasion de faire revenir D.ieu sur Sa décision.
Aussi voyons-nous après : « Moché supplia alors l’Eternel son D.ieu et Lui dit : “Pourquoi D.ieu, Ta colère s’enflammerait-elle contre Ton peuple que Tu as fait sortir par une grande puissance et avec une main forte ? Pourquoi les Egyptiens diraient-ils, etc ? Souviens-Toi d’Avraham, d’Its’hak et de Yaakov. » (Ibid.) D.ieu exauça rapidement sa prière : « Alors, l’Eternel révoqua le malheur qu’Il avait voulu infliger à Son peuple. » (Ibid.)
Moché avait dit à D.ieu : Maître de l’univers, Tu es juste et bon, mais je sais que ce sont les lois de Ta justice qui poursuivent les êtres de l’univers et tout ce que Tes mains y ont créé. Permets-moi d’aller rejoindre mes frères : je les punirai tous en les tuant le même jour, s’ils ont tous adoré le veau d’or.
Moché descendit aussitôt de devant D.ieu et : « Il prit le veau qu’ils avaient fait, le fit fondre, le réduisit en poudre fine ; il jeta cette poudre qu’il jeta sur la surface des eaux qu’il fit boire aux enfants d’Israël… Moché se tint à la porte du camp et dit : Que celui qui est pour l’Eternel vienne à moi ! Il leur dit : Ainsi m’a parlé l’Eternel, le D.ieu d’Israël, que chacun tue son frère, son ami, son voisin, etc. En ce jour-là, il y eut environ trois mille hommes du peuple qui périrent. »
Je prends à témoin les cieux et la terre que D.ieu n’avait pas dit à Moché de se tenir à la porte du camp et de dire : « Qui est pour D.ieu ? », ni de commander de s’armer chacun de son épée, et de tuer son frère, son ami, son voisin, et cependant Moché parla au nom de D.ieu, « ainsi m’a dit D.ieu ». Mais c’est qu’il avait fait cette induction, que s’il leur ordonnait en son nom de tuer chacun son frère, son ami, son voisin, les enfants d’Israël lui diraient avec raison : Comment, ne nous as-tu pas enseigné, maître, qu’un tribunal qui prononce une condamnation à mort une seule fois seulement par sept ans, mérite l’épithète de cruel, et tu voudrais mettre à mort trois mille hommes en un seul jour ?
C’est pourquoi Moché avait commandé cela au nom de l’Eternel et leur avait dit : « Ainsi a dit l’Eternel, le D.ieu d’Israël, que chacun prenne son épée, etc. »
Que voyons-nous après ce fait ? Après que Moché eut fait ce commandement au nom de D.ieu, les Lévites l’exécutèrent.
Mais Moché le juste se mit à prier D.ieu de nouveau, et Lui dit : « Maître de l’univers, Tu es juste et bon et toutes Tes œuvres sont faites avec la plus grande droiture. Mais pour trois mille individus qui ont adoré le veau, quoique avec ferveur, ferais-Tu périr six cent mille hommes, âgés tous de vingt ans et au dessus, sans compter ceux de dix-neuf ans, de quinze ans, de dix ans, de deux ans, d’un an, et une multitude d’étrangers et d’esclaves qui se sont ajoutés à eux et qui sont innombrables ?
A ces mots D.ieu fut touché de compassion envers Son peuple, et lui fit grâce.
On a comparé cette belle conduite de Moché à ceci :
Un roi, par exemple, aurait eu son fils aîné rebelle à ses ordres. Il l’aurait livré au chef de sa maison pour le tuer et jeter son cadavre aux bêtes sauvages et aux chiens. Le chef n’aurait pas exécuté l’ordre de son maître. Il aurait caché ce fils dans quelque endroit éloigné du palais. Après un mois, un jour que le roi aurait été de bonne humeur, en pleines réjouissances, entouré de ses valets et de toute sa famille, il se serait attristé bien douloureusement de l’absence de son fils aîné, tué sur son ordre. Or, personne ne pouvait connaître mieux que le chef de la maison le motif de cette tristesse. C’est pourquoi celui-ci serait aussitôt parti faire reparaître le fils, et l’aurait fait revenir devant son père. En récompense de cette belle action le roi aurait donné à son serviteur la plus belle couronne qu’il aurait eue sous la main, et la lui aurait placée sur la tête.
Ainsi se dévoua le sage Moché, par ses prières. A quatre ou cinq reprises, il sauva de leur perte les enfants d’Israël ; aussi reçut-il la plus belle couronne, celle que les enfants d’Israël avaient méritée pour eux et pour tous leurs descendants, quand ils avaient accepté avec empressement la Torah en répondant : « Tout ce que D.ieu nous a dit, nous le ferons et nous le comprendrons. » (Chémot 24:7)
Cette couronne sera l’ornement perpétuel de la tête de Moché, comme il est dit : « Et les enfants d’Israël voyaient le visage de Moché rayonnant. » (Ibid. 34:35) Que l’on ne croit pas que Moché, par sa mort, perdit l’éclat de son visage, qui était sa couronne. N’est-il pas écrit : « Et il ne se leva plus en Israël de prophète comme Moché, qui ait connu D.ieu face à face » (Dévarim 34:10) ? On en déduit que de même que D.ieu est éternel, Moché, après sa mort, conserva le rayonnement de son visage, puisqu’il avait vu D.ieu, et ce verset l’atteste : « Et Moché était âgé de cent vingt ans ; sa vue ne s’était pas obscurcie et la fraîcheur de son teint s’était conservée. » (Ibid.)
DES HOMMES DE FOI
Vraiment incroyable !
Durant la hilloula de Rabbi ‘Haïm Pinto, une femme raconta aux participants son histoire bouleversante :
Une année auparavant, on lui avait découvert un grave problème aux yeux, qui était susceptible de la rendre complètement aveugle. Elle alla consulter un ophtalmologue réputé, qui diagnostiqua la nécessité d’une lourde opération.
Elle avait très peur de prendre cette décision. Elle raconta à son auditoire qu’elle se rendit sur la tombe de Rabbi ‘Haïm Pinto pour obtenir une bénédiction de notre Maître chelita. Rabbi David lui demanda de commencer à accomplir les mitsvot et, grâce à cela, le mérite du Tsaddik la protègerait et elle guérirait.
Elle obéit et prit cette résolution, fermement convaincue que le mérite du Tsaddik l’aiderait à guérir. Le jour de l’opération, le médecin procéda à un ultime examen. Incroyable : dès qu’il commença, il lui déclara qu’elle n’avait absolument pas besoin d’opération ! Un tel bouleversement de situation était, d’après les lois de la nature, vraiment impossible !
Notre Maître chelita, qui était présent à la hilloula et entendit cette histoire, nous fit part des réflexions qu’elle lui avait inspirées : « Nous voyons donc que D.ieu peut modifier l’ordre de la Création. Tous les malheurs qui s’abattent sur un homme ne sont là que pour l’amener à se repentir. Et quand il fait téchouva, D.ieu lui retire toutes ses épreuves et ses souffrances d’une manière surnaturelle. »