Parachat Va'éra 28 Janvier 2017 א' שבט תשע"ז |
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L’asservissement, une préparation nécessaire à la délivrance
Rabbi David Hanania Pinto
« Et enfin, J’ai entendu les gémissements des enfants d’Israël, asservis par les Egyptiens, et Je Me suis souvenu de Mon alliance. » (Chémot 6:5)
Nous pouvons nous demander pourquoi le Saint béni soit-Il désirait que Ses enfants soient rabaissés à la condition d’esclaves avant qu’Il n’en fasse Son peuple de prédilection. En outre, pour quelle raison fallait-il qu’ils soient asservis en Egypte, où ils tombèrent jusqu’au quarante-neuvième degré d’impureté, dans ce pays qui en représentait le summum, plutôt que dans tout autre, puisque le décret ne désignait aucun pays en particulier – « dans une terre étrangère » ? De même, pourquoi durent-ils endurer de si grandes souffrances physiques comme morales – travaux forcés, terribles décrets contre leurs enfants, jetés dans le fleuve, écrasés entre les briques et sacrifiés pour se baigner dans leur sang ? Pourquoi D.ieu n’a-t-Il pas choisi de les asservir dans un endroit moins cruel ?
De fait, la finalité de la sortie d’Egypte était de faire des enfants d’Israël de fidèles serviteurs de l’Eternel, se pliant à Sa volonté d’un cœur entier. Toutefois, le Créateur savait qu’ils n’étaient pas encore prêts à Le servir, n’étant pas animés de telles dispositions. Seul un asservissement d’une cruauté extrême était à même de leur faire courber l’échine, suite à quoi Il pourrait les délivrer et les prendre comme peuple. C’est pourquoi, s’Il les avait exilés dans un pays plus accueillant, voire bienveillant, à leur égard, ils n’auraient pas pu devenir par la suite de fidèles serviteurs obéissant à Sa parole. D’ailleurs, une fois que ce but de l’asservissement fut atteint, le Roi des rois survint pour les libérer.
Et les enfants d’Israël eurent effectivement le mérite de devenir les serviteurs de l’Eternel, objets de Sa gloire, comme il est dit : « Car c’est à Moi que les Israélites appartiennent comme esclaves ; ce sont Mes serfs à Moi, qui les ai tirés du pays d’Egypte. » (Vayikra 25:55)
Cependant, il existe un autre type d’asservissement, dont Paro est le prototype. Il s’agit de celui qui est asservi à ses propres désirs, à ses pulsions physiques et ses vices. Imbu au plus haut point de lui-même, Paro allait jusqu’à dire : « Mon fleuve est à moi, c’est moi qui me le suis fait ! » (Yé’hezkel 29:3) Il se croyait même supérieur à D.ieu, comme il le laissa entendre : « Quel est cet Eternel dont je dois écouter la parole (…) ? Je ne connais point l’Eternel, et certes je ne renverrai point Israël. » (Chémot 5:2)
Bien qu’il semblât au départ que la chance lui souriait et qu’il était parvenu à étendre sa domination sur tous, D.ieu le détrompa vite en nous démontrant l’amertume du sort réservé à celui qui se soustrait à Son joug pour se faire esclave de ce vain monde. En effet, Il finit par lui administrer, ainsi qu’à son peuple, de nombreuses plaies, redoutables et affligeantes.
Malheureusement, certains d’entre nous semblent ne pas encore être sortis d’Egypte, puisqu’ils sont pris, du matin au soir, dans une course effrénée à l’argent. Ils ne se donnent même pas le temps de manger correctement, négligeant leurs besoins physiques et leur santé. Ils n’ont pas non plus de vie de famille, leurs proches leur étant presque étrangers, tant leur esprit est plongé dans les affaires. Ces individus doivent savoir que le jour viendra où, ayant rejoint leur destination finale, ils devront comparaître devant le tribunal céleste. Aussi, ont-ils tout intérêt à modifier leur conduite avant qu’il ne soit trop tard et qu’ils ne connaissent le même sort que Paro qui, placé au sommet du monde, fut soudain précipité dans de profonds abîmes.
A travers la capitulation humiliante d’un Paro tant redouté de tous, le Créateur désirait montrer à Ses enfants la fin réservée à celui qui choisit d’être le serviteur de son mauvais penchant. Ceci leur servirait de leçon et leur permettrait de devenir Ses fidèles serviteurs.
Puissions-nous avoir le mérite de servir le Saint béni soit-Il fidèlement, d’un cœur entier et dans la joie, et de faire Sa fierté ! Amen.
LA VOIE TRACEE
Une prière bâclée
Je remarquai une fois, à la synagogue, un Juif arrivé très en retard qui récitait sa prière à la hâte. Après cela, il se dirigea précipitamment vers la sortie.
Je l’arrêtai dans sa course, puis le réprimandai pour sa prière bâclée. « Est-ce que cela s’appelle une prière ? » lui demandai-je.
« Mais je n’ai pas le choix, me répondit-il, je dois courir téléphoner à quelqu’un concernant une certaine affaire qui pourrait me rapporter gros… »
En l’entendant, je me dis que ce comportement n’était pas sans rappeler celui de Lot, qui voulait bien être proche d’Avraham tant que cela n’empiétait pas sur ses désirs matériels.
Cet homme était venu à la synagogue, certes, mais en voyant que la prière retarderait la réalisation de ses ambitions matérielles, il la délaissa aussitôt pour se consacrer à celles-ci.
Il ne comprit pas que seule la prière pouvait lui permettre de voir ses affaires couronnées de succès. S’il l’avait réalisé, il aurait consacré son temps à prier le Tout-Puissant et aurait ainsi accumulé des mérites supplémentaires lui apportant la réussite dans ses affaires.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Ainsi parle l’Eternel : “Le ciel est Mon trône (…)” » (Yéchaya 66)
Lien avec la paracha : Roch ‘Hodech Tévet tombe ce Chabbat. D’où le lien avec ce verset de la haftara : « Et il arrivera constamment, à chaque néoménie, à chaque Chabbat, que toute chair viendra se prosterner devant Moi ».
PAROLES DE TSADDIKIM
« Voici les souches de leur famille paternelle. Fils de Réouven (…) Fils de Chimon (…) Et voici les noms des fils de Lévi (…) » (Chémot 6:14-16)
Le Chla Hakadoch demande : pourquoi ne dit-on « les noms des fils » qu’au sujet de ceux de Lévi ?
Et d’expliquer que cette tribu n’allait pas être asservie en Egypte. Conscient de cela, Lévi voulut toutefois compatir à la détresse de ses frères. Que fit-il alors ? Il donna à ses enfants des noms évoquant l’exil : Guerchom, en rappel à leur statut d’étrangers (guer), Kehat, car ils n’avaient rien à se mettre sous la dent (chinéhem kéhot), et Mérari, car on rendit leur vie amère (mar).
Et le Chla d’en déduire notre obligation de partager la peine de la communauté, même si nous ne sommes pas directement touchés. Le Très-Haut nous en montre d’ailleurs l’exemple à travers les mots « Je serai qui Je serai », promesse qu’Il sera aux côtés de Ses enfants dans l’exil égyptien comme Il le sera lors des suivants.
Le Saba de Slobodka, Rabbi Nathan Tsvi Finkel, de mémoire bénie, inculquait à ses élèves la vertu de compatir à détresse d’autrui. Durant la guerre, la situation économique était si critique que tous souffraient de la faim.
La pauvreté qui régnait était indescriptible. Comme l’atteste l’un de ses élèves, Rabbi Yaakov Its’hak Roderman, « les chaussures des étudiants de Yechiva étaient faites de chiffons usés, assemblés à l’aide de colle, tandis que mes habits avaient été cousus à partir de vulgaires sacs de pommes de terre… »
Or, ce dernier parvint un jour à économiser la moitié de son misérable budget pour s’acheter un nouveau talith katan dans le but d’accomplir au mieux cette mitsva. Heureux du sacrifice qu’il avait fait pour cet achat, il le montra au Saba, pensant qu’il l’en féliciterait. Cependant, ce dernier, désireux de déraciner cette pieuse satisfaction et de la remplacer par le souci d’autrui, ne fit que le gronder :
« Qu’as-tu donc fait ? Si tu étais réellement prêt à renoncer à tes propres besoins, tu aurais dû donner cet argent à un autre Juif pour qu’il s’achète à manger ! »
CHEMIRAT HALACHONE
Demander si les propos prononcés auront une utilité
Celui qui désire être acquitté de tout péché concernant l’écoute de la médisance se comportera ainsi : si quelqu’un s’apprête à lui parler d’un tiers et qu’il s’agit vraisemblablement de calomnies, il lui demandera, dès le départ, si ces propos risquent de le concerner dans l’avenir ou s’il sera en mesure de trouver une solution, par exemple en réprimandant la personne en question.
Si l’autre lui répond par l’affirmative, il lui sera permis d’écouter ses propos, mais sans y croire, jusqu’à ce qu’il en vérifie l’authenticité. Mais s’il comprend de sa réponse que rien d’utile n’en ressortira ou qu’il s’agit d’inventions stimulées par la haine, il n’aura même pas le droit d’écouter.
DANS LA SALLE DU TRESOR
Rabbi David Hanania Pinto
La fierté aveugle l’homme
« Et Moi, J’endurcirai le cœur de Paro, et Je multiplierai Mes signes et Mes prodiges dans le pays d’Egypte. » (Chémot 7:3)
Rachi explique : « “Et Moi, J’endurcirai” : parce qu’il a été impie et s’est dressé contre Moi. De plus, Je sais pertinemment que les nations du monde n’éprouvent pas de satisfaction à revenir à Moi, aussi est-il bon que son cœur s’endurcisse de sorte que Je multiplie Mes signes contre lui (…) Et cependant, pour les cinq premières plaies, il n’est pas dit “l’Eternel endurcit le cœur de Paro”, mais “le cœur de Paro s’endurcit”. »
Lorsque D.ieu constata que Paro endurcissait son cœur, Il le lui endurcit encore davantage. Toutefois, au départ, il s’entêtait de son propre chef : malgré les nombreuses plaies qui le frappèrent et la vérité cinglante des paroles de Moché qui s’accomplissaient les unes après les autres, il persista dans son impiété.
Mais où trouvait-il la force de camper sur ses positions, refusant de libérer le peuple juif, quitte à supporter des plaies si éprouvantes ?
La réponse se trouve dans sa fierté phénoménale, mère de tous les vices.
Car celui qui est animé d’un tel vice n’est pas en mesure de percevoir les messages qui lui sont adressés, fussent-ils porteurs de la vérité. Même si on le place face à celle-ci, il est tant imbu de lui-même qu’il y demeure aveugle, la niant automatiquement.
A l’inverse, l’homme humble est le meilleur réceptacle pour toutes les autres vertus. Prêtant une oreille attentive à son prochain, il est prêt à écouter son point de vue. Si ce dernier a raison, qu’il soit plus grand ou plus petit que lui, il l’acceptera et reconnaîtra sa propre erreur.
Paro n’en fut pas capable, son arrogance l’empêchant d’admettre la vérité. D’où son obstination, qui lui coûta si cher.
A MEDITER
Les Sages de toutes les générations ont jugé très important d’éduquer les enfants, dès leur plus jeune âge, à répondre Amen à chaque bérakha qu’ils entendent, comme le souligne l’ouvrage Kiyoum Hatorah (5:41) :
« Le père qui apprend à son fils à répondre Amen et Amen yéhé chemé rabba, à réciter les bénédictions posément, et ancre dans son cœur la conscience qu’il s’adresse à D.ieu ainsi que la émouna, observe la mitsva positive de la Torah “et vous ferez savoir à vos enfants et aux enfants de vos enfants”. »
Citons à cet égard ces belles lignes du Chla (Kitsour Chla, traité Chevouot) :
« Nos Maîtres ont affirmé : “l’étude n’est pas l’essentiel, mais plutôt l’action” (Avot 1:17). Cela signifie que nous devons les habituer à accomplir de bonnes actions, ancrer dans leur cœur la crainte du Ciel, bien leur expliquer ce qu’est la foi en D.ieu et en Ses mitsvot afin qu’ils craignent Sa parole, leur apprendre l’interdiction de profiter de ce monde sans prononcer de bénédiction avant comme après, et leur enseigner l’obligation de répondre Amen yéhé chemé rabba et Amen à toute bérakha. Il va sans dire que tout enseignant qui fait cela sera considérablement récompensé. »
En nous basant sur les témoignages de Grands de notre peuple, nous pouvons déduire que depuis déjà très longtemps, un accent particulier a été mis sur ce sujet. Ainsi, le ‘Hafets ‘Haïm rapporte dans son ouvrage ‘Homot Hadat (‘hatimat hasséfer 2) :
« Il existe une bonne coutume, sur laquelle le monde entier repose, selon laquelle le chef de la communauté amène tous les jeunes enfants à la synagogue afin qu’ils répondent Amen, Amen yéhé chemé rabba et la kédoucha de leur voix douce. C’est ce que faisait le Baal Chem Tov dans sa jeunesse : il rassemblait tous les petits enfants pour leur faire répondre Amen. »
Il faut beaucoup s’investir dans ce domaine.
Voici ce qu’ajoute l’Admour de Toldot Aharon zatsal, auteur du Divré Emouna :
« Autrefois, dans les générations passées, on priait avec un si grand enthousiasme qu’il n’était pas nécessaire d’insister auprès des enfants sur l’importance de la prière, car ils étaient naturellement influencés par celle de leurs pères. Mais de nos jours, où la prière est malheureusement récitée avec plus de froideur, il nous incombe d’investir beaucoup d’énergie et de bien surveiller que nos enfants prient, car sans cet investissement dans ce domaine, nos enfants pourraient complètement oublier ce qu’est la prière, à D.ieu ne plaise. »
« La surveillance, ajoute l’Admour, englobe plusieurs choses : veiller à ce que les enfants ne ratent pas de prières, ne prient pas trop vite, ne discutent pas pendant la répétition du ministre officiant et répondent Amen et Amen yéhé chemé rabba à voix haute et avec ferveur. »
« Dès que l’enfant commence à parler », nous recommandent nos Sages…
Rappelons ici cette sainte habitude de Rabbénou Israël Abou’hatséra, surnommé Baba Salé – puisse son mérite nous protéger : dès que les jeunes enfants arrivaient à prononcer une bérakha entièrement, il y répondait Amen, et dès qu’un enfant savait parler, il l’éduquait à répondre Amen à la fin de chaque bérakha.
DES HOMMES DE FOI
Lorsque le Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto n’avait que douze ans et était déjà orphelin de père et de mère, un terrible tremblement de terre secoua la ville d’Agadir. Le port, qui était la principale source de revenus des habitants, fut détruit. Il en fut construit un nouveau à Mogador, ce qui amena la famille Pinto à s’y installer.
La famille Pinto était l’une des nombreuses familles juives à avoir repris son bâton de pèlerin pour migrer vers cette ville. Là, ils purent gagner convenablement leur vie.
Ce flot de familles déplacées reçut une aide substantielle du riche Rav Guédalia Yaakov. Il adressa Rabbi ‘Haïm Pinto, tout jeune à l’époque, à son proche parent, Rabbi Méir Pinto, qui était le second du Consul français à Mogador.
Rabbi Méir Pinto le reçut chaleureusement. Il le fit entrer à la Yéchiva du Gaon Rabbi Yaakov Bibas, qui présidait alors le Tribunal Rabbinique de Mogador, afin qu’il progresse dans l’étude de la Torah.
Lorsqu’éclata la guerre entre la France et le Portugal, Rabbi ‘Haïm fut pris de force et enfermé au sommet d’une tour surplombant la mer. Les Portugais pensaient qu’en tant qu’homme de D.ieu, juste et auteur de miracles, il serait en mesure de les protéger s’il siégeait dans le poste de cette tour, d’où il pourrait apercevoir les ennemis cherchant à les envahir.
C’est ainsi qu’il fut contraint de rester très longtemps enfermé dans cette tour. Ce laps de temps passé, le gouvernement décida soudain de le faire sortir, mais pour le mettre à mort publiquement, au centre de la ville, de sorte que ce spectacle inspire la peur à tous.
Par miracle, il échappa à ce sort tragique, miracle qui fut une source d’inspiration pour Rabbi ‘Haïm Zafrani qui en composa un merveilleux poème intitulé « mon cœur est chaud en moi ». En voici un petit extrait :
« L’ennemi leva la main sur lui, pour le frapper avec cruauté, mais sa main fut comme asséchée, bloquée ; de sa place il ne bougea pas, il fut arrêté, emprisonné, car il cherchait à exterminer, l’homme de D.ieu, le saint Rabbi ‘Haïm Pinto. »
Le 26 Elloul de l’année 1845 (5605), la flamme s’éteignit et l’âme sainte de Rabbi ‘Haïm rejoignit le Trône Céleste.
Rabbi ‘Haïm fut enterré dans l’ancien cimetière de Mogador. Avant qu’il ne quittât ce monde, il avait ordonné à ses fils de ne pas construire de stèle sur son tombeau et de ne pas y graver de louanges, mais uniquement son nom.
Suivant le conseil des Rabbanim de la ville, ils décidèrent de porter les mentions suivantes qui figurent jusqu’à ce jour sur sa tombe :
« Tombe du saint Rabbi, un bastion de force, la plus grande autorité, célèbre pour ses miracles, notre maître Rabbi ‘Haïm Pinto, que son souvenir nous protège, qui rendit son âme le 26 Elloul de l’année 1845 (5605), puisse-t-il reposer en paix. »
Il y a quelques années, M. Chimon Lévy, un habitant d’Agadir, a fait construire un somptueux abri au-dessus du tombeau du Tsaddik.
Le Tsaddik laissa derrière lui quatre fils :
Rabbi Yéhouda, plus connu sous le nom de Rabbi Hadan, Rabbi Yossef, Rabbi Yochiyahou et Rabbi Chaoul, que leur sainte mémoire soit une bénédiction. Tous étaient réputés pour leur sagesse, leur aptitude à susciter des prodiges, leur grandeur en Torah et en crainte du Ciel, leur sainteté et leur pureté.
EN PERSPECTIVE
Honorer même un simple Juif
Lorsque D.ieu confia à Moché la mission de libérer le peuple juif d’Egypte, Il lui ordonna de témoigner du respect à Paro, en tant que roi. Les marques d’honneur constituent la base des relations interhumaines et sont la clé d’une vie heureuse.
Les Grands de notre peuple se distinguent particulièrement dans cette vertu, se conduisant respectueusement aussi bien envers leurs pairs, leurs élèves que vis-à-vis de tout homme.
Ainsi, les disciples de Rav Yéhouda Tsadaka, Roch Yéchiva de « Porat Yossef », ont été marqués par la noblesse de leur maître, qui savait conquérir leurs cœurs par le respect et l’amour qu’il leur témoignait. Par exemple, quand un jeune étudiant venait discuter avec lui, il se levait devant lui, comme s’il s’agissait d’un homme âgé. Lorsqu’il lui arrivait de voyager en voiture avec ses élèves, il leur cédait la place la plus confortable, précisant qu’il honorait ainsi leur Torah…
De même, on raconte au sujet de Rav Moché Chemouel Chapira, Roch Yéchiva de « Beer Yaakov », qu’il était tellement plongé dans l’étude de la Guémara qu’il fallait rester quelques minutes à côté de lui jusqu’à ce qu’il remarque qu’on l’attendait.
A une certaine occasion, un émissaire chargé de ramasser de l’argent fit son apparition dans la Yéchiva au milieu d’une session d’étude.
Après que celui-ci eut patienté quelque temps, Rav Chapira se rendit soudain compte de sa présence. Il le reçut alors avec enthousiasme, comme s’il l’attendait depuis longtemps, le saluant chaleureusement et l’enlaçant avec affection.
Notre homme, surpris et confus, pensait que le Rav était si absorbé par son étude qu’il l’avait pris pour un important Roch Yéchiva. Aussi s’excusa-t-il en balbutiant : « Je ne suis qu’un simple Juif… »
Mais Rav Chapira l’interrompit en s’écriant : « Sais-tu ce que cela signifie d’être un Juif ? Je vais te le montrer en me levant en ton honneur ! » Ce qu’il fit, tout en lui donnant une chaleureuse poignée de main. Très touché, l’émissaire quitta la salle d’étude le visage rayonnant de joie.