Parachat BO 4 Février 2017 ח' שבט תשע"ז |
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Séparer la lumière de l’obscurité
Rabbi David Hanania Pinto
« Et d’épaisses ténèbres couvrirent tout le pays d’Egypte durant trois jours. » (Chémot 10:22)
Rachi écrit : « Et pourquoi D.ieu les a-t-Il frappés de la plaie des ténèbres ? C’est qu’il y avait en Israël, dans cette génération, des impies qui ne voulaient pas quitter l’Egypte. Ils sont morts pendant les trois jours de ténèbres, afin que les Egyptiens ne les voient pas tomber et ne disent : “Eux aussi sont frappés comme nous !” Et puis les Hébreux ont pu pénétrer dans leurs maisons et y repérer leurs objets de valeur ; ainsi, lorsqu’ils sortiraient d’Egypte, leur demanderaient de les leur prêter, et que les Egyptiens répondraient qu’ils n’avaient rien, ils leur diraient : “J’ai vu cela chez toi, à tel endroit.” »
Ces explications soulèvent néanmoins des difficultés. Si le but de cette plaie était d’exécuter les mécréants du peuple juif, était-ce le seul moyen de le faire ? Et si cette obscurité totale permit certes de dissimuler ce fait des Egyptiens, il semble évident qu’une fois celle-ci dissipée, ils en eurent connaissance, remarquant qu’un grand nombre d’Hébreux avaient disparu. Aussi quel intérêt y avait-il à cacher ce qui allait être su ?
La seconde raison avancée par Rachi est, elle aussi, étonnante. En effet, pourquoi le Saint béni soit-Il tenait-Il tant à ce que Ses enfants quittent l’Egypte avec un tel butin ? De même, à l’heure où ces derniers étaient sur le point d’être enfin soustraits au terrible joug égyptien, ils ne convoitaient certainement pas l’or et l’argent, leur seul désir étant de retrouver enfin leur liberté.
En réalité, les dix plaies ne visaient pas uniquement à punir Pharaon et son peuple d’avoir asservi les enfants d’Israël si durement, mais également à transmettre un message édifiant à ces derniers. Tout d’abord, la puissance de ces plaies et les miracles qui les accompagnaient leur démontrèrent clairement la réalité divine, comme il est dit « et vous saurez que Je suis l’Eternel ». Ils reconnurent ainsi la toute-puissance et l’unicité du Créateur, au joug duquel ils voulurent se soumettre, prêts à observer Sa Torah et Ses mitsvot d’un cœur entier.
En outre, ces plaies donnèrent à nos ancêtres une illustration du sort amer réservé à celui qui s’obstine à aller à l’encontre de la volonté divine. En effet, la plaie de la grêle était si pénible que Paro succomba. Il demanda à Moché de prier pour qu’elle cesse. La grêle cessa alors, mais, plutôt que de tirer leçon de ce qui s’était passé, voilà que Paro endurcit à nouveau son cœur. D.ieu se vit alors contraint de le frapper d’une autre plaie afin qu’il revienne à de meilleures dispositions et se soumette à Lui. Sans nul doute, les enfants d’Israël, qui assistèrent aux revirements successifs de leur tortionnaire, y virent la stupidité d’un impie, leçon dont ils se rappelleraient toute leur vie. A peine quelques heures après avoir courbé l’échine et proclamé haut et fort « l’Eternel est juste », dès que la plaie cessa de le frapper, il recommença à se rebeller contre Lui.
Malheureusement, il existe de nos jours des personnes qui suivent la voie de Paro. Lorsqu’elles sont en proie à l’adversité, elles se tournent vers le Saint béni soit-Il, invoquant le salut et Lui promettant de s’améliorer. Cependant, à peine tirées de leur détresse, elles oublient leurs engagements et font marche-arrière, abandonnant Torah et mitsvot. Cette conduite hypocrite et inconsistante n’est-elle pas à rapprocher de celle du tyran égyptien?
C’est bien la triste vérité. D’ailleurs, celui qui jouit d’un miracle a tendance à s’exclamer « l’Eternel est juste », alors qu’au fond de lui-même, aucun changement réel ne s’est opéré. C’est ce qui explique que peu de temps après, il retourne à ses mauvaises habitudes, pensant « qui est l’Eternel pour que j’écoute Sa voix ? ».
Ainsi donc, face au spectacle d’un souverain fallacieux qui dut endurer un coup après l’autre, les enfants d’Israël réalisèrent combien cette voie est dangereuse et à quel point il est préférable de se rapprocher sincèrement de l’Eternel et de Lui être inconditionnellement fidèles.
LA VOIE TRACEE
Qui rend la vue aux aveugles
M. Diamond, un Juif new yorkais, me confia qu’il avait perdu la vue suite à une affection ayant touché ses yeux. Il avait eu beau consulter les plus grands experts, jusque-là on n’avait trouvé aucun remède à son mal.
« Est-ce que vous mettez les téfillin tous les jours ? lui demandai-je.
Il me répondit par la négative. Je lui citai alors les différents passages de notre Torah sur la mitsva des tsitsit et celle des téfillin : « L’Eternel parla à Moché en ces termes : Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur de se faire des franges aux coins de leurs vêtements, dans toutes leurs générations, et d’ajouter à la frange de chaque coin un cordon d’azur. Cela formera pour vous des franges dont la vue vous rappellera tous les commandements de l’Eternel, afin que vous les exécutiez et ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux, qui vous entraînent à l’infidélité » (Bamidbar 15:37-39) ; « Tu les attacheras comme symbole sur ton bras et les porteras en fronteau entre tes yeux. » (Dévarim 6:8)
J’expliquai alors à M. Diamond que le Saint béni soit-Il nous a ordonné d’accomplir deux mitsvot qui ont le pouvoir de nous protéger de tout mal : les tsitsit et les téfillin. En voyant là où je voulais en venir, M. Diamond éclata de rire et répliqua : « Rav Pinto, je suis né en Israël puis je suis venu vivre aux Etats-Unis. Grâce à D.ieu, je ne manque de rien et mon seul souci est cette maladie. Or, quel lien y a-t-il entre la mitsva des tefillin et mes yeux qui ne voient plus ? Est-ce que le fait de mettre les tefillin va, comme un tour de passe-passe, me rendre la vue ?
– Supposons qu’un spécialiste vous recommande de prendre un onguent à base de plantes et d’en mettre entre les yeux ou à un autre endroit du corps, est-ce que vous l’écouteriez ? Cela ne fait aucun doute ! Vous vous conformeriez à ses prescriptions sans discuter ; aussi, pourquoi ne pas suivre mon conseil en me considérant comme votre médecin de l’esprit ?
La Torah est un élixir de vie, qui a le pouvoir de guérir l’homme de toute maladie. Si le Saint béni soit-Il nous a ordonné de mettre les téfillin tous les jours, il est certain que ce geste a une portée particulière, protégeant l’homme de toutes sortes de maux.
Le Ben Ich ‘Haï rapporte que les téfillin ont le pouvoir de renforcer la foi de l’homme en D.ieu. Ils aident également les yeux et le cerveau à ne pas se laisser entraîner par le cœur en recherchant les plaisirs matériels. Si les téfillin font office de ségoula spirituelle, il est évident qu’il en est de même dans le domaine matériel, et qu’ils peuvent vous apporter la guérison. »
M. Diamond prit très au sérieux mes paroles et après les avoir intériorisées, il s’acheta une paire de téfillin, qu’il se mit à porter tous les jours.
Une semaine passa et un beau matin, en ouvrant les yeux, M. Diamond s’aperçut qu’il voyait sa femme en train de préparer un café à la cuisine. Il se leva vite de son lit et se mit à marcher vers elle sans s’aider de son habituelle canne.
En le voyant déambuler seul dans la maison, sa femme s’étonna : « Que fais-tu sans ta canne ? Tu veux tomber de bon matin ?! »
Tout aussi abasourdi qu’elle, M. Diamond lui expliqua qu’il avait recouvré la vue. Un vrai miracle.
Il est certain que c’est le mérite des téfillin qui permit à M. Diamond de guérir de manière si extraordinaire. En constatant qu’il se dévouait au quotidien pour la mitsva des téfillin, le Maître du monde lui rendit la vue.
PAROLES DE TSADDIKIM
Veiller à respecter autrui
« Tous ces courtisans qui t’entourent descendront jusqu’à moi. » (Chémot 11:8)
Rachi, citant les mots de la Guémara (Zévakhim 102a), « il a été respectueux envers le roi », explique qu’en réalité, c’est Paro lui-même qui est finalement descendu pour aller le trouver dans la nuit et lui a dit : « levez-vous, sortez du milieu de mon peuple ». Mais Moché n’a pas voulu lui dire dès le début « tu descendras vers moi et tu t’inclineras devant moi ». De même, nos Maîtres expliquent au sujet du verset « Il leur donna des ordres pour les enfants d’Israël et pour Paro, roi d’Egypte » que le Saint béni soit-Il leur a enjoint de témoigner des honneurs à Paro en tant que roi, bien qu’il méritât Sa punition.
Rav ‘Haïm Kanievsky chelita écrit dans son ouvrage Or’hot Yocher :
« Il est connu que celui qui honore les autres sera honoré de tous, alors que dans le cas contraire, il sera humilié, comme cela est souligné dans Avot : “Qui est digne d’honneurs ? Celui qui en témoigne à autrui.” »
Rav Ye’hezkel Avramsky zatsal mettait un point d’honneur à respecter tout le monde. Lorsque des gens s’attardaient chez lui jusque tard dans la nuit et qu’il souhaitait rejoindre son lit, il ne les congédiait pas explicitement, ni même allusivement. Mais il commençait à réciter le Chéma sur une douce mélodie, et les personnes présentes comprenaient d’elles-mêmes qu’il était temps qu’elles se retirent. Elles lui souhaitaient alors « bonne nuit », tandis que le Rav leur répondait d’un signe de tête et avec un visage particulièrement rayonnant.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Communication adressée par l’Eternel (…) » (Yirmiyahou 46)
Lien avec la paracha : la haftara évoque la punition infligée à Paro et la capitulation de l’Egypte, sujet que l’on retrouve dans la paracha, qui décrit les trois dernières plaies subies par une Egypte dévastée.
DANS LA SALLE DU TRESOR
Rabbi David Hanania Pinto Chlita
Etre accompagné par D.ieu
« L’Eternel dit à Moché : “Viens chez Paro ; car Moi-même J’ai appesanti son cœur (…) ” » (Chémot 10:1)
La paracha s’ouvre par les mots « Viens chez Paro » plutôt que « Va chez Paro », comme il est écrit dans la paracha précédente. Les commentateurs n’ont pas manqué de relever cette différence, et le Zohar explique (II 34a) que l’Eternel signifiait ainsi à Moché de venir avec Lui afin qu’ils se rendent ensemble chez Paro. Moché craignait en effet d’y aller seul, aussi le Tout-Puissant lui promit-Il de l’y accompagner. S’il était écrit « va », cela aurait voulu dire que Moché devait s’y rendre seul et que D.ieu le protégerait de loin ; c’est pourquoi la Torah a employé le verbe « venir » de sorte à souligner qu’Il irait avec lui.
Toutefois, cette explication n’est pas sans poser de difficultés. En effet, l’Eternel se trouve en tout lieu, donc comment affirmer qu’Il n’accompagna Moché auprès de Paro que lorsqu’il est précisé « viens » ? Dans le cas contraire, Moché s’y rendait-il réellement seul ? Le Créateur est pourtant omniprésent !
En réalité, on peut distinguer plusieurs niveaux de dévoilement de l’Eternel dans le monde. Il existe celui qui se manifeste à l’égard de l’ensemble des hommes, sur lesquels D.ieu exerce Sa Providence à tout instant, subvenant à leurs besoins et leur procurant un gagne-pain. Cette Providence est telle que « l’homme ne remue son doigt ici-bas que s’il en a été décrété ainsi en haut ». Quiconque médite sur les œuvres de la Création ne peut qu’y déceler clairement le doigt divin, à l’origine de ses moindres détails.
Dans le Talmud de Jérusalem (Chévouot 9), il est rapporté qu’après un séjour de treize ans dans une grotte, des signes de moisissure apparurent sur le corps de Rabbi Chimon bar Yo’haï, aussi décida-t-il d’en sortir. Il s’assit à l’entrée de la grotte et y aperçut un chasseur qui étendait ses filets pour attraper des oiseaux. Puis, il entendit une voix céleste dire : « sauve-toi », grâce à quoi un oiseau passant près de là échappa au piège. Il se dit : « L’oiseau n’est épargné que grâce au Ciel, combien plus l’homme ! » Autrement dit, il comprit qu’il pouvait sortir de la grotte sans craindre de se faire arrêter, ce qu’il fit. Ceci nous démontre que le Saint béni soit-Il veille à tout instant sur chacune de Ses créatures, et que tout est le résultat d’un décret céleste. C’est ainsi que le Très-Haut exerce Sa Providence sur l’ensemble des êtres vivants.
Toutefois, il existe un degré supérieur de Providence auquel tout Juif doit aspirer – celui de ressentir que le Créateur est constamment à ses côtés, dans l’esprit du verset « l’Eternel est à ta droite comme ton ombre tutélaire » (Téhilim 121:5). Il s’agit de percevoir clairement, dans toute situation, y compris dans les moments de détresse, que notre Père céleste nous accompagne, à l’instar du roi David qui affirma : « Dussé-je suivre la sombre vallée de la mort, je ne craindrais aucun mal, car Tu serais avec moi. » (ibid. 23:4) C’est le plus sublime niveau de crainte de D.ieu, que tout ben alia devrait viser. Tel était justement le souhait de notre maître Moché : que l’Eternel l’accompagne chez Paro, c’est-à-dire qu’il puisse parvenir au niveau de ressentir Sa Présence à ses côtés telle une ombre – requête qui fut exaucée sous forme de promesse divine.
A MEDITER
Dans les biographies des Grands de notre peuple au cours des générations, on retrouve immanquablement l’importance qu’ils accordaient au fait de répondre Amen aux bénédictions, point qu’ils se soucièrent de transmettre aux générations suivantes. Nous allons citer un certain nombre d’anecdotes qui nous permettront de nous renforcer dans ce domaine.
Le Machguia’h de Ponievitz, Rav Ye’hezkel Lévinstein zatsal, avait l’habitude de venir à la Yechiva une heure avant le début de la prière de Cha’harit. Un des étudiants avait été désigné pour réciter devant lui, chaque jour, toutes les bérakhot du matin afin qu’il puisse y répondre Amen (Amoud Hayira Vehaavoda p. 67).
On raconte que Rav Nathan Wachtfogel zatsal faisait extrêmement attention que ses bénédictions soient conclues par un Amen. Ainsi, il avait l’habitude de réciter celles du matin à voix haute et veillait à ce que quelqu’un puisse y répondre Amen. Lorsqu’il arrivait à la dernière, « qui pratique de réels bienfaits à Son peuple Israël », il élevait encore davantage la voix. Lorsqu’on l’interrogea une fois à ce sujet, il répondit que cette bénédiction inclut toutes les autres (Lékèt Réchimot Béinyané Téfila p. 205).
Rav Steinman chelita, qui ne cesse de sensibiliser le public à l’importance de répondre Amen, a expliqué, dans l’une de ses interventions, que dans ce monde, nous ne sommes pas en mesure de comprendre combien cela est primordial, de réaliser que cette mitsva vaut des milliards. Pourtant, dans le monde futur, chaque Amen prononcé par l’homme lui sera d’un grand secours, tandis que chaque Amen perdu lui causera un cruel manque.
« Autrefois, les Juifs étaient très scrupuleux dans ce domaine. Ils recherchaient les opportunités de répondre le plus possible d’Amen, au point qu’ils allaient les uns chez les autres afin d’écouter les bénédictions de chacun et d’y répondre. Certains ont l’habitude de réciter les bérakhot du matin à voix haute, de sorte à permettre aux autres fidèles d’y répondre Amen. Il s’agit d’une coutume très louable, car on donne ainsi du mérite au grand nombre. » (Kovets Kol Hatorah 57:108)
Comment le ‘hatan fut choisi
Une très belle histoire est rapportée dans le Kovets Mayanot Hassim’ha au sujet de l’un des petit-fils de l’auteur du Tiféret Chelomo, qui se rendit auprès de Rabbi Chelomké de Zvil zatsal pour lui demander comment trouver un bon parti pour sa fille qui avait atteint l’âge de se marier. L’Admour lui dit d’aller prier à l’oratoire du quartier Beit Israël, où il remarquerait un jeune homme récitant les bénédictions du matin devant un autre fidèle y répondant Amen ; ce ba’hour était destiné à sa fille. Les paroles de l’Admour se réalisèrent.
Autres coutumes des tsaddikim
L’Admour de Tsanz zatsal, auteur du Chéfa ‘Haïm, avait l’habitude de distribuer à sa table des fruits aux enfants, même les plus jeunes, qui devaient prononcer la bénédiction devant lui pour qu’il y réponde Amen. Cette pratique sainte était partie intégrante de son service divin.
L’auteur du Darké Halakha, Rav Chmerler chelita, raconte qu’un Chabbat, alors que le Rabbi, très souffrant, était alité, il était si faible qu’il ne distribua de restes à aucun de ses fidèles. Pourtant, il s’efforça de donner des fruits aux enfants et de répondre Amen à leurs bérakhot pendant une longue heure, refusant de renoncer à cette coutume qui lui était si chère.
EN PERSPECTIVE
La mère du prophète Chemouel, Hanna, est une figure emblématique de la foi en D.ieu et dans les Sages. On raconte, à cet égard, que lorsque le Rav de Brisk zatsal, lisant ce passage du livre de Chemouel, arrivait à la bénédiction reçue par cette dernière d’Héli Hacohen, qui lui promit qu’elle aurait un enfant, au verset « et sa physionomie ne fut plus la même », il éclatait en sanglots.
Mais à quel moment ce verset-là est-il dit ?
Aussitôt après qu’Héli lui eut promis que l’année suivante, elle donnerait naissance à un garçon.
Durant dix-neuf ans, Hanna endura de nombreuses souffrances, jusqu’au jour où elle entendit cette promesse de la bouche du Cohen. Or, le texte témoigne que dès cet instant, sa physionomie changea, toute trace de tristesse ayant disparu de son visage.
Et pourtant, avait-elle déjà eu le mérite de voir cet enfant auquel elle donnerait jour ?
Non.
Mais, du fait que Héli le lui avait promis, Hanna y crut de tout son cœur au point qu’elle eut le sentiment de serrer déjà ce bébé dans ses bras. C’est à ce sublime degré d’émouna que Hanna se hissa, ce que le prophète jugea opportun de souligner à travers les mots « et sa physionomie ne fut plus la même ».
DES HOMMES DE FOI
Pendant sa jeunesse
On raconte que lorsque le Tsaddik Rabbi ‘Haïm arriva à Mogador, au Beth Haknesset de Rabbi Méir Ben Attar, il n’était qu’un jeune garçon de douze ans, orphelin de père et de mère. Fatigué du voyage, tenaillé par la faim et la soif, il n’avait même pas un morceau de pain ou de l’eau dans son sac.
Alors qu’il était assis dans la synagogue, le sommeil l’assaillit. Petit à petit, sa tête s’inclina et il s’endormit.
Pendant ce temps, le riche Rabbi Méir Pinto, un des notables de la ville de Mogador, dormait, confortablement installé dans son lit. C’est alors que lui vinrent en rêve deux Tsaddikim : le vénéré Rabbi Chelomo Pinto, le père de Rabbi ‘Haïm, et Rabbi Moché Tahuni.
Tous deux lui reprochèrent de dormir paisiblement dans un lit, dans sa chambre, tandis que le jeune ‘Haïm Pinto s’était assoupi dans la synagogue, affamé et assoiffé.
« Sache, lui dirent-ils, qu’il est encore jeune, mais lorsqu’il sera plus âgé, une grande lumière jaillira de lui. A présent, lève-toi et va immédiatement le chercher. Ramène-le chez toi et engage un maître pour lui enseigner la Torah. »
Les deux Tsaddikim apparurent également dans les songes de Rabbi ‘Haïm. Ils l’avertirent que quelques instants plus tard, Rabbi Méir Pinto allait venir et qu’il devrait le suivre chez lui et y apprendre la Torah. Afin d’authentifier ce rêve, ils le réveillèrent et lui apparurent. Puis, ils le bénirent et lui serrèrent la main pour lui dire au revoir.
Rabbi Méir Pinto se réveilla et se hâta vers la synagogue pour y chercher le jeune garçon. En arrivant, il frappa à la porte.
« Qui est-ce ? demanda Rabbi ‘Haïm.
- C’est moi, Méir Pinto », répondit-il.
Rabbi ‘Haïm demanda :
« Récitez ce passage des Psaumes “Que la bienveillance de l’Eternel, notre D.ieu (…)”. Je saurai ainsi que vous êtes bien celui que vous dites et non un envoyé du Satan. » (Il est connu de ceux qui sont versés dans la Kabbale que les créatures malfaisantes sont effrayées lorsqu’elles entendent ces versets.)
Rabbi Méir Pinto s’exécuta. Rabbi ‘Haïm le fit entrer et lui raconta que son défunt père, Rabbi Chelomo, lui était apparu, alors qu’il était réveillé, et lui avait tout annoncé.
Rabbi Méir Pinto fut saisi de tremblements en entendant ces paroles. Il ramena Rabbi ‘Haïm chez lui et, dès lors, subvint à tous ses besoins, aussi bien matériels que spirituels. Tous les jours, il l’accompagnait chez Rabbi Yaakov Bibas, auprès duquel il étudia jusqu’à devenir un grand du peuple d’Israël.